Et bonjour pour un chapitre très spécial, qui trouve parfaitement sa place pour une certaine date et thème de février…
Enfin bref, peu d'action mais beaucoup d'émotion dans cette partie, en espérant qu'elle vous plaira !
Momentanément séparé de ses amis durant leur exploration du jour, Sora a été attaqué par Xigbar ; heureusement il est parvenu à fuir et à se mettre en sécurité sans être trop gravement blessé. Cependant, sa confrontation lui a fait réaliser quelque chose de très important…
Une nouvelle fois, le vaisseau Hautvent se posa dans le hangar central, et trois silhouettes en descendirent. L'Élu sembla hésiter, puis se tourna vers ses amis et déclara :
« Je dois être seul, mais… faites ce que vous voulez en attendant, d'accord les gars ? On se retrouve à la maison de Merlin ! »
Et sur ces mots l'adolescent détala, plantant là ses camarades un peu perturbés par son soudain empressement à vouloir y aller tout seul. Surtout Donald ; il avait déjà du mal à accepter que sa seule explication donnée pour être rentré hier en saignant au point de laisser des taches dans tout le Gummi soit un simple "J'ai croisé un ennemi vraiment agressif mais je vais bien", alors le voir partir comme ça sans prévenir ! S'il avait su ils seraient restés tranquilles au Colisée !
Alors que le canard ruminait son mécontentement, une voix bourrue les appela :
« Eh, Donald, Dingo ! Qu'est-ce qui vous amène ? »
Se retournant vers Cid qui pour une fois n'était pas collé à son ordi mais sous un vaisseau en réparation, le trio se rapprocha :
« Sora voulait venir on sait pas pourquoi et il nous a laissés tout seuls, bougonna le magicien.
- Hum… Ça ferait pas la troisième-quelqu'chose fois que vous revenez ces temps-ci ?
- Au moins la cinquième en une semaine, précisa le chevalier, on vient presque tout les jours du Colisée de l'Olympe…
- Tout les jours ? De ce coin paumé ? » s'étrangla l'homme en sortant de sous son engin.
Ils acquiescèrent, faisant s'écarquiller encore plus les yeux de l'ingénieur qui se redressa et se gratta la nuque, en pleine réflexion :
« Nan mais c'est pas possible, comment vous faites pour faire un trajet pareil sans… Je peux pas vous laissez perdre votre temps comme ça ! Attendez un peu ! »
Et sans vraiment attendre la permission des propriétaires, Cid se rua sous Hautvent et commença à trifouiller divers circuits et blocs.
« Hé ! Touche pas, et d'abord qu'est-ce que tu…
- Je suis ingénieur Gummi et j'ai déjà programmé cette merveille ! Je peux y toucher si je veux ! menaça-t-il le canard d'une clé à molette.
- On sait, mais Sora a passé beaucoup de temps à tout régler, tempéra Dingo inquiet. On voudrait juste…
- Dites où y sont passés vos navigummis ? le coupa sans ménagement l'ingénieur en bidouillant quelque chose.
- Hein ? Ben… vu que les Mondes ne sont plus accessibles comme quand on cherchait les Serrures, ils… je crois qu'ils se sont un peu désintégrés quand on a fermé la Porte des Ténèbres…
- QUOI ! beugla l'informaticien.
- Hé c'est pas notre faute s'ils se sont détruits tout seuls ! » cria à son tour Donald, agacé par le manège de Cid.
L'homme se calma un instant, sembla réfléchir, puis retourna à ses circuits en marmonnant dans sa barbe :
« Bon… je peux pas inventer un navigummi par magie, mais j'dois pouvoir faire un truc… Attendez deux secondes. »
Les deux secondes se changèrent en minutes, tandis que le trio regardait l'ingénieur aller et revenir entre le vaisseau et la remise, trifouillant régulièrement dans les engrenages du Gummi et râlant régulièrement sur le manque de connaissance des propriétaires, juste sous leur nez.
Ce qui ne manquait pas d'agacer Donald ; bon, OK, c'était Cid qui avait fini par les aider avec le vaisseau et leur avait même permis de vraiment l'aménager en un espace de vie durable au lieu de la simple cabine volante qu'elle était durant leur premier périple, et il avait même initié Sora à l'assemblage Gummi ; mais sa manie de s'immiscer dans tout ce qui touchait aux engins spatiaux était franchement énervante !
Finalement après une longue attente, l'ingénieur ferma le capot et se tourna vers le trio, essuyant sa figure pleine de graisse :
« J'ai pu installer un bloc de téléportation, vous pourrez arrêter de traîner entre les Mondes pour rien ! Et comme ça vous irez aussi plus vite pour explorer, par contre ça consomme beaucoup d'énergie alors en abusez pas, OK ?
- On sait comment se servir d'un Gummi, merci ! bougonna le canard en croisant les bras.
- Et on a une excellente source de rire avec nous en cas de panne, t'inquiète pas ! » fit le chien avec un sourire.
Donald comprit qu'il parlait de Sora, et se rappela du même coup qu'ils devaient l'attendre chez Merlin le temps qu'il fasse ses mystérieuses affaires. Laissant l'ingénieur à ses machines, les adultes se ruèrent à la maison de l'enchanteur, tout juste pour voir leur ami revenir des remparts :
« Hé Sora ! Qu'est-ce que tu…
- On rentre. »
Les trois amis restèrent figés devant la réponse brute du garçon. Il avait le regard bas, comme s'il ne voulait pas croiser le leur, et les dépassa pour se rendre au hangar.
« Mais, tu…
- On rentre au Colisée, j'ai dit, » répliqua-t-il d'un ton sec, un tremblement dans la voix.
Le trio se regarda, puis lui emboîta le pas, inquiet ; l'Élu prit les commandes et démarra l'appareil, s'envolant d'une traite vers leur destination qu'ils atteignirent en moins d'une heure grâce aux modifications de Cid. Mais Sora ne les remarqua même pas ; il ne dit pas un mot de tout le voyage, se contentant de serrer la manette d'une main tremblante et crispée. Dès leur arrivée, le garçon quitta prestement la cabine, sous les protestations du magicien qui dû s'occuper d'éteindre l'appareil. Malgré sa colère, le canard était inquiet du comportement de l'adolescent ; lui et le chevalier partirent aussitôt à sa recherche et apprirent de la bouche d'Hercule qu'il s'était enfermé dans leur dortoir dès son arrivée.
Les adultes s'y précipitèrent aussitôt. Au moment de passer la porte, ils entendirent des bruits étranges et tendirent l'oreille.
C'était des pleurs.
De plus en plus inquiets, les deux camarades poussèrent prudemment le battant et jetèrent un coup d'œil dans la pièce, craignant le pire.
Sora était allongé dans son lit, un bras en travers du visage et la main serrée sur sa poitrine, à l'emplacement du cœur. Il sanglotait, murmurant des propos incompréhensibles.
Les trois adultes se regardèrent, peinés, puis entrèrent doucement dans la pièce, essayant de trouver quelque chose qui puisse réconforter leur cher ami. Ils s'approchèrent et virent alors que Sora serrait contre lui le porte-bonheur de Kairi. Alors c'était pour ça…
Aucun d'eux ne savait plus quoi dire.
Alors qu'ils désespéraient de trouver quelque chose qui aiderait leur protégé, un faible murmure s'éleva dans l'air :
« Elle m'aime…
- Hein ? » fit instinctivement Donald, grillant par la même occasion leur entrée discrète.
Le groupe se figea, appréhendant la réaction de Sora suite à leur intrusion ; mais le garçon semblait ne pas les avoir entendus et continua de pleurer en répétant sans cesse les mêmes mots :
« Elle m'aime… elle m'aime… »
Dingo décida alors de s'approcher un peu plus de son ami, et tendit une main pour lui signaler sa présence ; il n'eut même pas besoin de le toucher que l'Élu retira son bras de ses yeux pleins de larmes, tremblant :
« Sora, hésita le capitaine… ça va ?
- Elle m'aime… » répéta-t-il en tremblant.
Ses yeux d'outremer se mirent à briller de joie, alors qu'un tout petit sourire éclairait son visage :
« Kairi m'aime… »
Les trois compagnons s'échangèrent un regard surpris un instant, mais furent soulagés en entendant ces paroles de la part de leur cher ami.
« Félicitations, alors ! fit Dingo avec un sourire compatissant.
- Je suis ravi de l'apprendre, » acquiesça Jiminy d'un air rassuré.
Donald quant à lui sembla vouloir réprimander l'Élu pour les avoir inquiétés, mais se ravisa et lui tapota l'épaule à la place :
« C'est super, Sora ! »
Leur protégé leur sourit en hochant doucement la tête, puis son regard s'embruma encore alors que sa lèvre tremblait comme s'il allait éclater en sanglots :
« Elle m'aime… alors pourquoi je pleure ? Je devrais pas plutôt sourire ? » geint-il la voix brisée par l'émotion.
Ses amis eurent alors un regard attendri, avant que Dingo ne réponde :
« Tu sais Sora, parfois ça fait du bien de pleurer, même quand tout va bien.
- Mais j'ai pas envie de pleurer ! Je suis heureux… Je vous le jure ! pleurnicha le garçon en versant encore des larmes.
- On te croit, Sora ! On te croit, répondit le magicien. Et on est vraiment très heureux pour toi. »
L'adolescent eut comme un gémissement surpris, puis s'assit, renifla et tenta d'essuyer ses grosses larmes, sans succès. Devant sa réaction, ses trois amis vinrent poser leur main sur son épaule ou lui tapoter le dos, compatissants :
« Allez, ça va passer, mouche-toi un bon coup, fit Dingo en lui tendant un mouchoir dans lequel l'Élu souffla bruyamment.
- Était-ce pour cela que tu tenais à revenir quotidiennement au Jardin Radieux ? » demanda Jiminy sur l'épaule du garçon.
Un vigoureux hochement de tête lui répondit, alors que Sora ne semblait pas prêt d'arrêter de pleurer comme une fontaine. Donald lui donna un petit coup de coude, un sourire taquin au bec :
« T'en as mis du temps pour lui dire, gros timide !
- J-Je savais pas trop comment faire ça a-après tout ce qu'il s'est passé…
- C'est pas grave, le plus important est que tu lui ais dit ! le rassura le capitaine. Donald aussi était très timide au début avec Daisy, tu sais ?
- Hé ! »
Tandis que le canard faisait la tête à son ami dénonciateur, un léger hoquet entre le rire et le pleur s'échappa des lèvres de l'adolescent qui essuyait ses larmes. Ses amis reportèrent leur attention sur lui, alors qu'il bredouillait entre deux hoquets :
« J-Je me sens stupide, à p-pleurer com-comme ça alors que t-tout va bien…
- Mais non, l'arrêta Donald en posant une main sur son bras, y'a rien de stupide à pleurer parce qu'on se sent bien !
- Et qui plus est, il est très courageux d'avouer ses sentiments profonds quand on ignore quels sont ceux de l'autre, » renchérit Jiminy.
Sora essuya une dernière fois ses yeux rougis, et regarda ses amis avec un grand sourire tremblant derrière ses grands iris outremer larmoyants.
« …Merci à vous.
- Mais de rien, Sora.
- C'est à ça que servent les amis !
- Tu peux compter sur nous, quoi qu'il arrive ! »
L'Élu fixa tour à tour Jiminy, Dingo et Donald, son sourire encore plus grand, son regard brillant plus fort qu'avant, son cœur empli d'une joie que rien n'avait auparavant égalé.
Kairi l'aimait.
La pensée n'avait cessé d'occuper l'esprit de Sora, et ne s'était toujours pas estompée malgré l'heure tardive. Ses amis ronflaient depuis longtemps déjà, et la lune éclairait doucement leur dortoir, mais rien n'y changeait.
L'Élu était censé dormir, surtout s'il voulait attaquer l'entraînement du lendemain sans tomber de fatigue, mais il n'arrivait pas à fermer l'œil.
Encore et encore, la scène se rejouait dans sa tête, chaque détail se dévoilant sans fin devant ses yeux…
Il était allé directement au QG, déterminé à trouver Kairi. Il avait croisé Lea, qui manifestement n'avait pas très envie de lui parler vu comment il s'était esquivé, et son amie d'enfance était arrivée peu après. L'impulsion occasionnée par son combat de la veille l'avait poussé à entamer une confession, mais les mots s'étaient bloqués net dans sa gorge. Il n'avait pas pu lui dire.
Mais il ne pouvait pas renoncer.
Ne se sentant pas à l'aise ici, entouré de tout ses amis, il avait demandé à la jeune fille de venir avec lui ; enfin, plutôt, si elle voulait "faire un tour" avec lui.
Et à sa surprise, elle avait immédiatement accepté.
Ils étaient alors montés sur les hauteurs, longeant les remparts séparant la ville des reliefs bleutés l'entourant. Au loin, on entendait ça et là les claymores s'activer, preuves de quelques rares Sans-cœurs se manifestant ; Sora priait intensément pour qu'aucune ne s'active dans les parages, près d'eux. Pas maintenant.
Ne sachant que dire pour arriver au sujet tant important, il avait laissé Kairi lui conter ses entraînements quotidiens, prêtant une oreille attentive à ses divagations sur les meubles agressifs de Merlin et les exercices intensifs de Tifa, les cours d'escrime de Léon, les escapades avec Youfie quand ça devenait trop barbant, et les conseils attentionnés d'Aerith, sans oublier l'immanquable glace quotidienne avec Lea.
Le jeune homme n'avait pas pu s'empêcher de grincer silencieusement des dents à la mention de l'apprenti, mais se tut. Son amie sembla néanmoins remarquer sa gêne et lui demanda si quelque chose n'allait pas ; et si ça concernait son partenaire d'entraînement.
L'Élu lui dit juste qu'il espérait que tout se passait bien, et qu'il n'y avait pas de problème. Kairi sembla contrarié par cette réponse, mais répondit néanmoins que ça allait. Elle leva alors les yeux vers le ciel, comme triste :
« …Ça ne fait que quelques jours, mais Riku me manque énormément… »
Le cœur de l'adolescent se serra sans qu'il ne puisse s'en empêcher ; mais il ne sut dire si c'était aussi de tristesse, ou d'irritation d'entendre parler de son meilleur pote à ce moment précis.
« T'en fais pas, il est pas seul, dit-il pour rassurer son amie. Et puis, c'est lui qui a réussi l'Examen de Maîtrise ! Il est super méga fort maintenant ! »
L'espace d'un instant, la jeune fille eut un sourire reconnaissant, mais ses sourcils se froncèrent ensuite :
« …Je suis triste que vous n'ayez pas pu le réussir tout les deux. »
Sora se figea malgré lui : une espèce de regret, mêlé d'irritation et de peine venait de le piquer au cœur, en même temps qu'une sorte de gratitude. Avalant difficilement sa salive, il pressa le pas en essayant de chasser le désagréable sentiment qui lui prenait la poitrine :
« C'est rien, c'est du passé, et… on s'en est sortis tout les deux, c'est le principal. »
Il entendit derrière lui Kairi le rejoindre rapidement après une pause, tandis qu'ils arrivaient à un point de vue sur l'ancienne forteresse. Le panorama des étranges reliefs extérieur replongea l'Élu presque deux ans en arrière, alors qu'il songeait sans trop faire exprès :
« Tu sais… Ma vie a complètement viré de bord quand je suis arrivé ici ; enfin, plus qu'elle ne l'avait déjà été depuis la destruction de notre île.
- …Quoi ? » entendit-il murmurer la jeune fille.
L'adolescent se tourna vers elle, la voyant le fixer de ses yeux doux et froncés. Il leva un bref instant les yeux vers le château du Jardin Radieux, avant qu'il ne disparaisse alors qu'ils pénétraient dans les fortifications, et baissa les yeux pour murmurer, peut-être juste à lui-même :
« En à peine une journée j'ai perdu ma Keyblade, Riku a été possédé par le faux Ansem et j'ai découvert que t'avais toujours été avec moi depuis le début de mon voyage et que tu ne pourrais jamais te réveiller si je te libérai pas. »
Ces derniers mots, Sora se rendit compte qu'il les avait prononcés à regret ; se rappeler sa transformation en Sans-cœur n'était décidément pas la meilleure idée de conversation. Le soupir triste que n'avait pu retenir Kairi en était la preuve. Pressant le pas, il essaya de penser à autre chose, quand il sentit une main légère sur son bras, et leva les yeux pour croiser ceux profonds de la jeune fille :
« Sora, qu'est-ce qui ne va pas ? N'essaye pas de me le cacher, je l'ai bien vu quand on était ensemble avant hier et je sais quand tu ne vas pas. Qu'est-ce qui t'arrive ? »
Qu'est-ce qui m'arrive ? C'était une excellente question.
« Qu'est-ce qui m'arrive ? rit presque l'adolescent en haussant nonchalamment les épaules, devant l'air confus de son amie. C'est marrant, je me demandais exactement la même chose depuis des mois. »
La Princesse écarquilla les yeux, et l'Élu en profita pour se détourner et aller regarder le paysage bleuté à travers les ouvertures dans la muraille, les mains dans les poches.
« En fait… Un peu tout s'est enchaîné quand je t'ai sauvée, dit-il distraitement en fixant la silhouette de la forteresse ténébreuse dans le lointain. Tu m'as ramené des Ténèbres, puis je suis allé arrêter le Sans-cœur de Xehanort et fermer la Porte, j'ai dormi un an pour ensuite passer des mois à parcourir les Mondes pour vous chercher toi et Riku et vous retrouver à Illusiopolis, on a battu Xemnas avant de rentrer…Et à peine rentrés je suis reparti pour l'Examen, j'ai appris que Xemnas et le Sans-cœur de Xehanort étaient pas morts et que je devais devenir le Treizième Chercheur ou je sais pas, j'ai sombré dans le sommeil avec un cœur en miettes, Riku a tout remis en place et il est devenu Maître, et puis il est parti chercher Aqua dans les Ténèbres et moi j'ai… je suis retourné m'entraîner avant qu'on affronte Xehanort pendant que tu apprenais à manier ta Keyblade… »
Sora fit une pause, fixant vaguement le paysage devant lui sans vraiment rien en voir, puis se tourna un peu vers Kairi. Elle n'avait pas bougé, une main sur le cœur et son regard violacé froncé et perdu. Elle devait se demander ce qu'il pouvait bien vouloir dire avec tout ça.
Bravo, t'as juste réussi à la rendre confuse avec tes monologues…
L'Élu baissa les yeux, soupira, avant de se retourner complètement pour s'avancer lentement :
« Puis j'ai failli y passer au temple, avant de rentrer avec toi à la Tour… et de disparaître encore pendant des mois, alors que Roxas était là et que Lea se faisait posséder sans que je puisse aider… En fait, pour tout dire, ça fait un moment que… que je sais plus trop ce qui m'arrive, réellement. Un coup je suis là, un coup je suis plus là, et Xehanort et sa clique en profitent pour vous faire du mal et je peux rien faire… »
L'adolescent s'arrêta à hauteur de son amie, sans pour autant la regarder, alors qu'il la voyait du coin de l'œil froncer encore plus les sourcils, l'air inquiète. S'en faisait-elle autant pour lui ?
Ce n'était pas la question. Il avait commencé à parler de tout ça un peu au hasard, comme s'il voulait juste meubler la conversation avant le grand moment, mais mine de rien il ne trouvait aucun moyen efficace et logique d'amener le sujet qui lui tenait à cœur.
Sortant ses mains de ses poches, il inspira à fond, laissant échapper un presque silencieux murmure :
« En fait… Je sais plus exactement où j'en suis, avec tout ça… et avec moi. Mais… »
Cette fois-ci, il se tourna vers la jeune fille, au regard tendre plus perdu que jamais, et osa soupirer :
« Je sais pas ce qui se passe. Je sais même pas ce qui m'arrive vraiment, ou si je peux y faire quoi que ce soit, mais… Ça fait trop longtemps que ça dure. »
La Princesse pencha la tête, confuse, et sans qu'il ne sache trop pourquoi il leva les mains et lui prit doucement les bras ; elle se figea un bref instant devant son geste, à son désarroi.
Et voilà, tu lui fais peur…
Mais il ne pouvait plus reculer. Il ne pouvait plus faire marche arrière maintenant, après tout ce temps. Le regard encore bas, un peu caché par quelques mèches de sa frange ébouriffée, il murmura, peut-être plus pour lui-même que pour elle :
« Peu importe la suite… Je ne peux plus hésiter. C'est trop tard pour ça. Alors… voilà. »
Il leva alors les yeux vers elle, les plongeant dans les siens couleur bleu marine teinté de violet et de confusion craintive, emplissant son esprit de leur beauté irréelle. Plus le moment de reculer…
Tout aller changer, mais il l'aurait fait. Plus de regrets.
Fermant ses paupières, il s'avança vite et toucha ses lèvres des siennes, juste un bref instant. Comme hésitant finalement, il se retira aussi vite et ouvrit ses yeux pour la voir, une toute dernière fois ; à son contact elle s'était pétrifiée, son regard écarquillé dans une surprise immense et peut-être un peu apeurée.
Elle ne bougeait pas. Alors, mû d'une petite impulsion, comme une dernière insolence avant la fin, il referma ses yeux et posa encore ses lèvres sur les siennes, restant ainsi sans reculer ni s'avancer, attendant l'inévitable réaction en imprimant dans sa mémoire ce court instant qui bientôt ne s'arrêterait que brusquement.
Il resta ainsi immobile, les yeux clos. Le temps lui sembla infini, et il en conservait chaque courte seconde. Car il n'en aurait plus jamais après.
Soudain un mouvement imprévu s'imprima sur ses propres lèvres, comme une tendre pression en retour. Surprit par cet évènement, Sora rouvrit ses yeux pour comprendre ce qui pouvait bien se passer.
Il vit le visage tendre de Kairi tout près du sien, ses propres yeux clos dans une expression totalement détendue et ses lèvres s'appuyant doucement sur les siennes, tandis que ses mains jusqu'alors restées le long de son corps se levaient lentement vers le torse et le col du jeune homme qui l'embrassait, effleurant la chaîne royale suspendue à son cou.
Plus de surprise que de volonté, le garçon recula, rompant le doux contact de leurs lèvres d'un geste tremblant alors que c'était au tour de la jeune fille d'ouvrir ses yeux tendre et étonnés sur lui, comme surprise que cela s'arrête si tôt.
L'adolescent respira fébrilement, bouleversé, son amie fronçant les sourcils inquiète en lui portant le plus beau regard que la terre ait jamais porté :
« Sora…?
- K… Kairi, je… »
« Kairi, je t'aime. Je t'aime, Kairi. »
Les mots étaient sortis, hésitants, apeurés, de la bouche de Sora, alors que deux larmes solitaires partaient, comme traîtresses, de ses yeux d'outremer tremblants. Et c'est là qu'il réalisa.
Il l'avait dit. Il l'avait montré.
Il avait enfin dit à Kairi ses sentiments.
La jeune fille était restée muette à sa déclaration tremblante, semblant presque surprise. Mais bientôt elle lui sourit, de ce sourire à en mourir rien que pour le voir, et entrouvrit ses propres lèvres d'un tendre soupir :
« Sora… »
Soudain une alarme inconnue retentit dans le lointain, poussant les deux jeunes adolescents à se retourner, sursautant. L'adolescente fronça les sourcils, contrariée :
« C'est l'alerte externe, dit-elle. Ils vont bientôt fermer les fortifications. Il faut qu'on rentre. »
Encore sous le choc de la confession et de l'acte, le garçon ne bougea pas, incapable d'assimiler les évènements. Seule la très légère poussée de Kairi sur son bras le fit avancer, alors que ses larmes se tarissaient au vent.
Ils sortirent des fortifications, tandis que l'alarme se taisait enfin, et s'arrêtèrent en vue de la maison de Merlin. Là, Sora ne plus put bouger encore une fois, son cœur battant trop vite pour qu'il parvienne à en compter les battements ; sa main tremblante resta suspendue en l'air lorsque la jeune fille qui ne suivait pas son mouvement continua, avant d'enfin remarquer son arrêt et se tourner vers lui.
Leurs yeux se croisèrent, et Sora crut se noyer dans ceux marine violacés qui le regardaient si affectueusement, si tendrement malgré leur confusion. Il ne voyait plus qu'eux, et le sourire léger qui éclaira ces lèvres roses qu'il avait osé goûter. Soudain une main fine vint lui cacher doucement cette bouche bien dessinée en un geste timide, et il vit le rougissement qui rehaussait à merveille le teint parfait de la jeune fille qui fixait un point au sol, troublée mais pas craintive.
Elle se racla légèrement la gorge, avant de murmurer de la voix la plus belle qui lui soit donné d'entendre sur cette terre :
« Sora, je… On se voit bientôt. »
Et avec un nouveau sourire qui fit chavirer son cœur déjà ravi, la Princesse se recula et détala au loin, faisant un dernier tout petit signe de la main dans sa direction avant de s'échapper de sa vue.
Sora resta figé, pétrifié, bouleversé ; dans sa tête et dans son cœur un millier d'émotions et de pensées se bousculaient et s'entrechoquaient et se battaient sans ordre, le faisant trembler sous le choc.
Elle lui avait sourit. Elle l'avait embrassée en retour. Elle l'avait accepté.
S'il était si choqué, ce n'était pas juste parce qu'il venait d'avouer tout haut et à l'élue de son cœur ses sentiments profonds. C'était parce qu'elle les avait acceptés.
Il avait pensé, avait cru que c'était trop tôt, trop brusque, trop… impossible pour qu'une telle confession passe aussi bien. Il avait tout envisagé, s'était imaginé, préparé, attendu à tout de sa part, du refus ou recul choqué à la gifle pure et simple ; sauf à ça. La tendre acceptation et retour de ses propres sentiments envers elle, à l'instant précis où il les lui dévoilait réellement.
Il ne pouvait y croire. Il sentait encore ses lèvres appuyées sur les siennes, sa main effleurant sa chaîne et sa peau, la chaleur de son corps s'étant rapproché au contact interdit mêlé à l'amour tendre qu'il lui transmettait et qu'elle lui avait rendu si chaleureusement. Son cœur s'était affolé et réchauffé et gonflé et agité et chamboulé et-
Et c'était trop pour lui.
Trop choqué, trop incertain de croire ses propres sens, ses propres souvenirs, l'Élu n'avait pu que rentrer directement au vaisseau, tentant de remettre de l'ordre entre le vrai et le faux et ses espoirs et ses désillusions et…
Et une fois rentré, au calme du dortoir, Sora avait sorti le porte-bonheur comme une réponse sûre à ses questions.
Et il s'était rappelé la douce chaleur du baiser, et les frissons au ventre que le simple et léger contact peau à peau entre les doigts et son cou avait provoqués, et la joie et légèreté qui avait envahi son cœur quand les mots étaient enfin sortis de sa bouche en un flot libérateur. Et il sut que c'était vrai.
Elle l'aimait.
Et là soudain, sans qu'il ne puisse l'empêcher, un lourd torrent de larmes l'avait saisi, alors que ses doutes et ses peurs et ses regrets s'étaient dissipés en cette simple minute où tout avait changé.
Encore maintenant, il sentait le tendre contact des lèvres sur les siennes et les flots de larmes inondant ses joues, tel un brusque mais doux contraste chaud-froid dans son cœur apaisé.
Une partie de lui s'en voulait énormément de n'avoir pas avoir expérimenté cette merveille plus tôt ou d'y avoir mis un terme si vite, mais la voix timide en lui ne cessait de le rassurer que c'était bien, que c'était pas grave et qu'il devait être fier d'y être enfin arrivé. Et encore une autre partie de lui était soudainement devenue très alléchée par ce contact intime et en demandait plus pour assouvir sa faim nouvelle.
Sora se sentait encore trembler : de joie, de surprise, d'impatience, sous le choc ? Il ne le savait pas, mais il s'en fichait.
Oui, il s'en fichait.
Kairi et lui s'étaient enfin avoués leurs sentiments l'un envers l'autre, et c'était tout ce qui comptait.
Maintenant, quoi qu'il puisse se passer, plus rien ne lui faisait peur. Xehanort et sa clique pouvaient bien le menacer, l'attaquer, voire essayer de le changer en l'un des leurs, il s'en fichait ! Ils ne lui faisaient plus peur. Il avait l'amour de Kairi pour lui, et ça lui ferait bien affronter tout les dangers possibles et imaginables.
Même un satyre exigeant pas du tout content de voir son élève star traînasser au lit le lendemain matin.
Sora a réussi ; il a enfin avoué son amour à Kairi, qui lui a rendu ses sentiments d'un tendre baiser…
*Dans le cœur de l'Élu, Roxas s'est enfui en courant avant de s'évanouir au moment du baiser, Xion s'est cachée embarrassée et Ventus a crié d'euphoriques encouragements tandis que Vanitas qui d'abord n'en avait rien à f**tre a soudain très envie d'assommer son cœur d'origine toujours en plein dans ses bruyantes félicitations*
