Maintenant que Boya n'était plus nécessaire pour nourrir les renardeaux plusieurs fois par jour, il comptait bien en profiter pour quelques excursions qui devenaient indispensables. La première était pour son orphelinat qu'il voulait visiter. Maintenant que Boya allait être père, il voulait "voir" ce que Luo Lin avait créé sur une simple demande en l'air de sa part.
Comme il n'était pas totalement idiot ni suicidaire, il avait prévenus son époux de sa petite balade. QingMing avait accepté à la condition que Boya s'habille comme Anbei Furen le devait. Si Boya devait aller à la Capitale Impériale qui grouillait de membres de JingYun, il ne pouvait prendre le risque d'être reconnus. Pour ça, quelle meilleure protection que de se faire passer pour la digne épouse d'un riche propriétaire ?
Boya avait un peu râlé mais QingMing avait raison. Un lourd frisson d'angoisse était remonté dans le dos du chasseur à l'idée d'être reconnu. Il allait sur le territoire de JingYun. S'il avait confiance en lui et en ses capacités, il n'était pas totalement stupide et suicidaire.
Il ne serait pas seul non plus. Shi Weilan, ses shishen, Luo Lin, son général et une partie de ses hommes l'accompagneraient. Il aurait été plus discret d'ouvrir juste un portail et de l'utiliser pour se faufiler dans l'orphelinat mais politiquement parlant, ça n'aurait pas été une idée lumineuse. Boya voulait que la propriétaire de l'orphelinat existe dans la mémoire et l'imaginaire des habitants de la Capitale Impériale. Que les parents qui voulaient se débarrasser d'un enfant réalisent qu'une autre solution que l'abandon dans la rue, l'infanticide ou la vente de leur progéniture existait.
Alors ils ouvriraient un portail à deux heures de route pour laisser la petite procession se diriger vers la Capitale.
QingMing n'en disait rien mais il n'aimait pas ça. Même si c'était juste pour la journée, il craignait pour la santé de son mari.
"- Si JingYun t'importune, je les détruit. Jusqu'au dernier."
"- Pas avant que je les ai tous fait cramer." Rassura Zhuque.
QingMing était sur la même longueur d'onde que le Dieu Gardien quand il s'agissait de prendre soin de Boya.
Le chasseur aveugle renifla encore.
"- Vous êtes deux brutes sans cervelle." Mais il était à la fois rassuré et soulagé par leur possessivité et leur violence pour le protéger.
L'air de profond contentement de Zhuque et QingMing aurait fait éclater de rire Boya s'il avait pu les voir.
Shi Weilan en remis une couche.
"- Ne vous en faites pas, Seigneur Anbei. Je tuerai sans sommation quiconque voudra approcher Anbei Furen à moins de trois mètres."
"- Vous vous rappelez que je ne suis pas sans défense ?"
"- Bien sûr, Anbei Furen. Mais vous êtes votre propre dernière ligne de défense. Si quelqu'un arrive jusqu'à vous, c'est que tout le reste aura échoué."
Cette idée n'était pas très rassurante ni glorieuse.
Soudain bien sombres, ils restèrent tous silencieux jusqu'à ce que les quatre nouveaux membres du petit groupe osent poser question.
"- Oncle Weilan, si c'est si dangereux, pourquoi est-il permis à Anbei Furen de quitter le Domaine ?"
Le gamin de huit ans avait déjà dans le regard l'étincelle que tous les shi développaient avec le temps. Son cousin du même âge était plus taiseux. Quant à sa sœur et sa cousine, elles analysaient déjà tout ce qui se passait autours d'eux. Deux d'entre eux seraient les gardes du corps / assassin / généraux des deux héritiers qui grandissaient dans le ventre du Seigneur Anbei. Ceux qui ne seraient pas choisi auraient tout le temps pour raffiner encore leurs talents avant la prochaine portée. Il n'y avait pas de jalousie entre eux. Leur devoir était leur Seigneur et les siens. Peu importait le moment où ils commenceraient à tuer pour lui. S'entrainer était déjà le servir.
Weilan eut un large sourire pour ses neveux et nièces. Ils étaient les plus âgés de la nouvelle génération de Shi. Il était très fier d'eux. Déjà, ils s'attachaient à leurs futur maitres comme il se devait. Les Shi étaient des armes entre les doigts de leur Seigneur. Les plus jeunes profiteraient du même avenir que les anciens jusqu'à ce qu'ils succombent aux coups de leurs ennemis.
La rumeur commençait à courir parmi les habitants du Domaine Interne. Tous n'étaient pas des flèches mais le changement de comportement aussi bien de leur Seigneur que la possessivité agressive croissante de Anbei Furen étaient de plus en plus visibles par tous.
Il n'y avait pas cinquante raisons qui pouvait expliquer la passivité de l'un, la possessivité de l'autre ajouté au fait que QingMing laissait de plus en plus la direction des affaires du Domaine à son époux. QingMing était un tranquille mais il n'était pas du genre à abandonner ses responsabilités.
Sauf s'il devait se concentrer sur plus important.
A mesure que les jours passaient, tout le Domaine était de plus en plus persuadé que leur Seigneur attendait enfin un héritier. Il était plus que temps !
Mais personne n'en parlait.
Personne n'en parlerait à découvert tant que le couple régnant n'en parlerait pas. Tous attendaient la confirmation de leurs espoirs avec impatience. Bien sûr, tout un chacun préparait un ou plusieurs cadeaux pour le petit prince ou princesse à venir.
Les artisans de la Capitale purent très vite en tirer les conclusions qui convenaient.
Alors forcément, la rumeur commença à se répandre aussi parmi les habitants.
L'un dans l'autre, il ne fallut par très longtemps avant que tout le monde sache mais que personne n'en parle.
Bienheureux ignorants face à la ferveur populaire, le couple continuait à prendre soin l'un de l'autre pendant que QingMing gagnait chaque jour un peu plus de tour de taille.
Lorsque les renardeaux commencèrent à se battre dans le ventre de leur mère, Boya se mis à passer des heures à observer ici une truffe, là une patte, plus loin un cul qui poussait contre la chair de QingMing comme un parasite étrange et un peu répugnant qui cherchait à sortir du corps de son hôte.
"- Tu es sur que ça ne te fais pas mal ?"
"- A part quand ils décident de sauter à pattes jointes sur mes reins, ça va."
Les deux renardeaux étaient le plus actif en début de nuit. En journée, ils avaient tendance à dormir et ne bougeaient que pour changer de place.
Boya posa sa main sur une petite patte visible contre la peau de son mari. Il avait hâte de tenir ses petits dans ses bras. Comme il ne pouvait pas les voir, il ne pouvait que les toucher dès qu'il le pouvait.
"- Quand est-ce que tu t'en va ?"
"- QingMing…"
"- Plus vite tu seras partir, plus vite tu seras de retour. Et les renardeaux ne vont pas t'attendre."
Boya reposa sa joue sur le torse de son renard. Les chairs déjà souples en temps normal l'étaient de plus en plus et commençaient à prendre une large ampleur. Le chasseur s'était demandé comment leurs renardeaux allaient se nourrir, la réponse était évidente. Ce n'était pas une poitrine féminine que QingMing allait produire mais des mamelles pour nourrir leur progéniture. Et comme pour le reste, Boya ne pourrait rien en voir sauf lorsque Zhuque acceptait de lui prêter ses yeux. C'était injuste.
"- Je partirais dès que Luo Lin aura préparé mon séjour sur place."
"- Combien de temps ?"
"- Deux jours. Trois au grand maximum. Deux nuits au pire."
QingMing se détendit sensiblement. Il avait craint pire.
"- Tu feras attention à toi."
"- Bien évidemment."
Les doigts sur sa joue firent soupirer de plaisir le chasseur. La douceur de QingMing à son égard contrastait souvent avec sa furie lorsqu'ils s'aimaient.
Le démon-renard se reposait grandement sur son mari depuis quelques mois. Avant même sa grossesse, il avait commencé à soulager ses journées grâce à la bonne volonté de Boya. Il n'avait pas été aussi libre depuis bien des millénaires. Cette liberté soudaine retrouvée lui paraissait un cadeau étrange dont il ne savait pas trop quoi faire. Il tenait son Domaine seul dans son poing depuis si longtemps qu'il était encore souvent perplexe quand Boya l'en déchargeait pour qu'il puisse se reposer ou simplement aller courir dans le jardin après quelque lapin comme le renardeau que QingMing n'était plus depuis bien longtemps.
Le Seigneur Démon s'était habitué à la présence de son humain avec une aisance infinie un peu effrayante.
Savoir qu'il allait l'abandonner, même quelques heures, le laissait mal à l'aise. Son état n'y était pas pour rien non plus. Heureusement, QingMing le savait. C'était moins difficile à supporter quand on savait d'où venait un malaise.
"- tu feras bien attention à toi."
"- Bien sur mon renard. Et je ne serais pas seul." Même s'il le voulait, Boya doutait qu'il puisse lui arriver quoi que ce soit.
"- Couac !"
Un peu rassuré, au moins de savoir que Boya serait protégé par Zhuque, Shi Weilan et bien d'autres, QingMing se recroquevilla davantage dans les bras de son mari.
Comment avait-il pu devenir aussi niais par la simple grâce d'être aimé ? Il gloussa.
"- Mon renard ?"
"- rien mon humain. Je suis amoureux comme un gamin."
Boya l'embrassa durement.
"- J'espère bien."
Comme a chaque fois que Boya s'imposait d'une quelconque façon, QingMing se sentit fondre sous ses doigts. La possessivité du chasseur était extensive mais jamais douloureuse. La seule fois ou Boya s'était montré un peu trop intense, il n'avait fallu qu'un mot du Seigneur Démon pour que son mari soit à ses pieds.
Leur relation était-elle saine ? QingMing n'en savait rien. Il était juste satisfait de ce qu'elle était.
Le couple resta confortablement enlacé jusqu'à l'heure du diner que MiChong leur servit sur la pointe des pieds. Comme le reste des shishen, elle n'était pas outrée. Le couple allait parfaitement bien ensemble et les noyait tous de leur contentement.
Luo Lin avait préparé avec une extrême minutie le court séjour d'Anbei Furen à la Capitale Impériale.
Il avait un instant pensé à prendre la feifei de Boya avec eux pour leurs déplacements avant de renoncer. Elle était trop repérable. Ils allaient devoir à la fois se fondre dans la masse mais se faire voir en même temps. La feifei serait trop visible.
Un petit cab a un cheval serait plus discret si jamais ils devaient quitter l'orphelinat. Même si Luo Lin ne voyait pas pourquoi ils sortiraient. Pourtant, il commençait à connaitre son maitre. Boya voudrait sans doute retrouver les rues de sa jeunesse, voir, acheter quelques cadeaux et souvenirs pour QingMing. Il fallait que cette sortie quasi évidente soit prévue.
Il hocha la tête pour lui-même tout en biffant une ligne de plus sur sa liste.
Les soldats qui allaient les accompagner ? Ils étaient prêts, habillé de leurs meilleurs uniformes. Ils avaient refusé de mettre autre chose a la grande irritation du majordome de Boya. De la discrétion enfin ! Mais qu'était la discrétion avec un assassin, un phénix et un démon-ratel ?
Luo Lin leva les bras au ciel.
Ils étaient tous déterminés à lui pourrir la vie n'est ce pas ? Protéger Boya c'était très bien. Être assez discret pour ne pas avoir besoin de le protéger était mieux.
Mais non !
Ils refusaient de ne pas donner à Boya le respect qui convenait à Anbei Furen.
Weilan lui balança une claque dans le dos à lui en décoller les poumons.
"- Cessez donc de vous inquiéter ! Tout va bien se passer." Voulait rassurer l'assassin.
"- Permettez moi de ne pas avoir autant d'enthousiasme que vous. Tellement de choses pourraient mal se passer !" grommelait le majordome. "Il faut être discret."
"- Peuh ! Anbei Furen n'as pas a être discret."
"- Et si JingYun nous repère ?"
"- On les détruit."
"- Shi Weilan…"
"- Couac !"
"- Zhuque est d'accord." L'assassin et le dieu-gardien s'en tapèrent cinq.
Ils étaient des garçons très simple tous les deux. Ce qui était dangereux perdait tout dangerosité avec dix cùn d'acier dans le bide. Ou assez cramé pour faire un barbecue avec ses restes.
Luo Lin soupira une fois de plus.
"- On pourrait au moins changer les uniformes des soldats ?"
"- Et les priver de leur orgueil et de leur distinction ?"
"- c'est juste pour deux jours !"
"- Justement. Ce n'est que deux jours." Insista Weilan avant de coller une autre claque sur l'autre épaule du pauvre majordome. "On est prêt a partir ?"
"- Nous attendons juste Anbei Furen."
QingMing s'accrochait au cou de Boya pour le convaincre de rester. Il était rare que le Seigneur Démon se comporte comme un petit mal élevé.
"- Boyaaa ! Je ne veux pas que tu partes !" Boudait le puissant renard à neuf queues.
"- Je serais de retour demain soir." Soupira Boya.
"- Tu va me manquer. Et pas qu'à moi." Tenta encore le démon qui agitait furieusement ses queues toutes ébouriffées.
Il minaudait, se frottait contre son mari pour le marquer de son odeur dans l'espoir qu'il parviendrait à le faire rester. Ses phéromones étaient tellement sucrées que ceux qui n'étaient pas encore persuadés de la grossesse de leur Seigneur en eurent la certitude absolue.
Boya attrapa les poignets de son mari. Il serra juste assez fort pour faire glapir doucement le renard.
"- QingMing… Soit sage." Pour appuyer sa demande, Boya lui mordit assez fort la gorge pour laisser quelques coupures.
Les neuf queues s'étaient totalement raidies avant de fondre autant que le renard qui se serrait dans les bras de son mari. Plus le temps passait et plus QingMing était avide de la tendresse de son mari. Si Boya voulait s'absenter, c'était maintenant ou jamais. En tout cas, il ne le pourrait plus avant le sevrage des renardeaux.
Un peu à l'écart, les accompagnateurs de Boya avaient pudiquement détourné le regard. Le couple n'avait jamais été modeste. C'était de pire en pire.
"- Anbei Furen. Seigneur Anbei. Il nous faut partir maintenant si nous ne voulons pas arriver après la tombé de la nuit." Avec le décalage horaire, le début d'après-midi du Domaine Intérieur était la fin de journée dans l'Est.
Boya eut toutes les peines du monde à se séparer de QingMing. Malgré ce qu'il en disait, il avait aussi peu envie de le quitter que QingMing de le laisser partir.
Les soldats haussèrent les yeux au ciel. Ha il était dignes les deux Maitres du Domaine du Nord. Dignes du pire livre romantique et sucré comme en lisait les jeunes filles à l'âge où on tombe amoureux de l'amour dix sept fois par jour.
"- Anbei Furen. Nous devons vraiment y aller." Insista Luo Lin.
"- J'arrive, j'arrive." Soupira Boya après un dernier coup de dents dans le coup de QingMing.
Le renard lâcha un petit glapissement de détresse lorsque son mari le lâcha.
"- Seigneur Anbei. Nous vous ramènerons votre époux d'ici deux jours." Insista le jeune Shi alors que le puissant renard geignait comme un renardeau.
Sha ShengShi ouvrit un portail pour la banlieue de la Capitale Impériale. Ce qui avait été un tout petit village bien des décennies plus tôt n'était plus qu'une ruine abandonnée. Les familles qui vivaient là avaient depuis longtemps émigré pour la Capitale à mesure que la ville s'agrandissait. Les maisons en ruine étaient parfaites pour cacher une arrivée par portail.
La petite voiture à cheval passa le portail en dernier. L'animal était un équidé normal. Sans doute acheté pour l'occasion. Il fixait le portail avec suspicion mais finit par le passer lentement. Quant au véhicule, il était d'un bois aussi riche que délicieusement sculpté. La soie qui recouvrait ses fenêtres et l'intérieur étaient riches. Trop riches.
Heureusement que Boya ne voyait rien ou il aurait hurlé.
Déjà, il pesta quand on l'aida à monter à l'intérieur. Mais en délicat Anbei Furen habillé et maquillé pour l'occasion, il se devait de jouer son rôle d'épouse jusqu'au bout.
MiChong n'avait eut le culot de rembourrer ses vêtements. Boya aurait probablement menacé de lui arracher les ailes une par une.
Alors pour se faire plaisir quand même, elle l'avait habillé de robes aussi superbes que simple. Le maquillage de Boya était tout aussi délicat et subtile.
Anbei Furen était digne, riche et délicate. Elle n'avait pas besoin d'être outrancière comme nombre d'épouses utilisées par leur époux pour mettre en avant leur richesse et leur pouvoir. Anbei Furen était l'épouse la plus puissante de l'Empire. Même l'Impératrice ne lui arrivait pas à la cheville.
Anbei Furen n'avait pas besoin de se mettre en avant.
Elle était en avant.
Boya grogna.
Lui, il était juste un chasseur ! la balade était soudain bien moins drôle.
Xie XXXX beugla un peu sans vrai besoin pour que ses hommes se mettent en formation. Boya s'installa confortablement dans sa barquette a roues en gromellant. Il n'avait pas de camériste ni de servante pour l'accompagner. Zhuque s'installa dans son giron. Luo Lin et Zishi Jii prirent les deux dernière place de la pataugeoire roulante qui s'ébranla dès qu'un bruit sourd cogna sur le toit. Shi Weilan s'était installé sur le toit.
Boya n'en montrait rien, mais il se sentait un peu chiffon de rentrer dans le chez lui de son enfance.
Il avait quitté la Capitale Impériale comme esclave aux cheveux courts. Il y revenait comme l'époux protegé et vénéré d'une des dix créatures les plus puissantes de l'Empire. Peut-etre même l'une des trois plus puissantes. Il était marié, bientôt père, protégé et capable de se protéger lui-même. Il n'était plus la créature vaincue, amorphe et résigné qu'il était alors.
Si JingYun venait lui marcher sur les orteils, il les boufferai tout cru maintenant.
Peut-etre…. Peut-etre pouvait-il profiter de sa présence à la Capitale pour envoyer un message a son Shifu ? Le voir ? Le remercier… et He Shouyue. Il fallait qu'il le voit. Il allait lui casser la gueule. Ensuite le finir à coups de pieds, puis ils seraient quittes.
Enfin… Boya disait ca mais… Ironiquement, sans sa trahison, Boya n'aurait rien eut de ce qu'il avait pour l'instant. Ou ca aurait mis bien plus de temps. Il n'irait pas jusqu'à le remercier mais… Allez, il ne le finirait pas a coups de pieds.
Zhuque lui piqua doucement la joue du bec. Si son maitre ne fumait pas le jeune humain qui n'en était pas un, il voulait bien le faire à sa place.
Les doigts de Boya se glissèrent dans les plumes de son shishen. A mesure qu'il le caressait, les pensées homicides du poulet de feu glissaient le long de ses plumes jusqu'à le laisser détendu et apaisé, le mec posé confortablement sur le bras de son maitre.
Luo Lin était bien moins tranquille que Anbei Furen. Il imaginait déjà tout ce qui pourrait mal se passer. La liste lui paraissait sans fin. S'il n'y avait pas eu avec eux assez de soldats pour prendre d'assaut une petite ville, il aurait été très occupé à supplier Boya de ne pas y aller.
La petite carriole avançait tranquillement sur la route de terre. Quelques kilomètres et ils rejoindraient la route pavée qui menait à la Capitale.
Le trajet se fit dans le calme. On les arrêta bien sur à la porte de la Capitale. Autant d'hommes en armes interloquaient les gardes qui n'osèrent pas trop insister pour savoir qui était la dame de qualité protegée par autant de soldats. Ils ne connaissaient pas non plus le chiffre sur leurs vêtements ou les sceaux sur les armes. Qui était la donzelle ? Une maitresse ? une concubine ? une épouse ?
Les habitants aussi étaient curieux. Certains suivaient même la voiture de loin. Où allait-elle ? Le véhicule était si riche… la personne là dedans devait nager dans la soie la plus couteuse.
La voiture s'arreta finalement devant les portes du petit orphelinat. La curiosité des habitants se fit plus forte. L'achat du petit domaine, sa remise en était et les enfants qui y entraient sauvés de la rue était déjà l'attraction du coin depuis des semaines. Mais une telle visite ? C'était forcément la personne responsable de cette œuvre de charité.
Les portes se refermèrent derrière les soldats et la voiture, à la grande tristesse des habitants. Avec les quelques hommes qui étaient restés à l'extérieur pour protéger la porte, ils ne pouvaient même pas venir se coller au battant pour tenter de voir ce qui se passait à l'intérieur.
Une fois la voiture enfin arretée, Shi Weilan sauta du toit. Il retira la marche de l'avant du véhicule pour que les voyageurs puissent en descendre plus facilement.
Boya en descendit le dernier avec l'aide de son shishen. Avec son handicap, c'était l'un des rares evenements qui lui étaient difficile.
Les démons en charge du lieu se précipitèrent pour saluer Anbei Furen qui serra les mâchoires.
"- ne vous prosternez pas !"
"- Anbei Furen…"
"- Je ne reste que jusqu'à demain. Alors vous allez devoir me faire faire rapidement le tour."
Les démons s'inclinèrent devant Anbei Furen avec le plus grand respect.
Boya jeta un coup d'œil à Weilan. Il pouvait retirer son voile ? L'assassin secoua la tête. Quand ils seraient dans les bâtiments.
le chasseur soupira mais obéit.
Il suivit les démon baby-sitter à l'intérieur pour faire le tour du petit domaine, rencontrer les enfants et voir les comptes. Tout tournait avec son argent après tout.
Les hommes de JingYun se recroquevillèrent un peu sur eux-mêmes. Ils avaient fini par louer les deux bâtiments autour de l'orphelinat pour surveiller tranquillement.
He Shouyue était le plus présent pour le clan Yuan. Il était le plus a même de comprendre ce qui se passait puisque de l'autre coté du portail qui s'ouvrait régulièrement, c'était la secte de sa naissance qui récupérait les gamins. Sans compter que si JingYun excellait dans le massacre de démon, le Yin Yang les connaissait davantage dans leur vie de tous les jours.
Là où un chasseur hurlait au meurtre parce qu'un démon montrait les griffes, He Shouyue avait plus d'une fois expliqué que ce n'était qu'un salut ou une contraction physique et nerveuse.
Si le nordiste avait beaucoup appris de ses nouveaux pairs, l'inverse était vrai aussi. Petit à petit, le clan Yuan ne voyait plus forcément un démon comme une machine de meurtre mais aussi comme un atout a utiliser sans remord.
Ce n'était déjà pas si mal comme progression quand on partait d'un temple de tueurs en masse.
"- Il y a du mouvement." Siffla un des chasseurs.
He Shouyue finit de servir le thé. Il s'approcha lui aussi d'une des fenêtres pour voir ce qui se passait.
"- Des visiteurs ?"
"- Une femme visiblement."
"- La bourse derrière l'orphelinat ?"
"- Sans doute."
"- Quel rapport avec le yin yang ?"
He Shouyue haussa les épaules.
"- Je ne…" Il se tue soudain.
"- Gamin ?"
"- Le sceau. Je le connais." Ou à peu près. Il était très proche de celui qu'il connaissait.
"- Un nordiste ?"
"- Pire."
Les chasseurs faillirent aboyer sur He Shouyue. Qu'est ce qu'il voulait dire cet animal ?
"- C'est le sceau du Seigneur Anbei. Ou presque."
"- …. Le Seigneur démon ?"
"- Lui-même. "
Si le Seigneur Démon tournait son intérêt vers la Capitale Impériale…
"- Et la femme ?"
"- Je ne l'ai pas vu."
Le petit groupe se pressa un peu plus contre les persiennes pour observer en silence.
"- … il est marié ton renard ?"
He Shouyue secoua la tête.
"- Pas a ma connaissance. Mais ce genre de choses va très vite dans le nord."
"- … Comment va, vite ?" A part quand une fille se retrouvait enceinte et que la famille du fautif prenait pitié, il fallait en général plusieurs années pour organiser un mariage.
"- Quelques semaines. Souvent moins. Les mariages sont souvent prononcés une fois que la fille est enceinte. Les mariages stériles ne servent à rien dans les Marches." Il haussa les épaules devant l'incrédulité des chasseurs. "Mais le Seigneur Anbei est un célibataire endurci. Peut-être une nouvelle shishen ?" tant qu'il n'aurait pas vu la demoiselle, il ne pouvait rien dire.
Les chasseurs restèrent en silence un long moment. Jusqu'à ce que He Shouyue se redresse un peu lorsque le groupe dans l'orphelinat sortit d'un bâtiment.
"- …. C'est un Shi !"
"- un quoi ?"
"- un Shi. Un membre de la famille Shi. Le Quatrième Général du Seigneur Anbei. Un maitre assassin. Toute la famille sont des assassins. Ils sont fanatiquement fidèle au Seigneur Anbei. Ils tueraient quiconque leur est désigné. Leur propre famille si le Seigneur Anbei en décide ainsi. Qu'un Shi soit ici, à protéger cette demoiselle…" Peut-etre était-elle effectivement l'épouse sur Démon ?
He Shouyue était quand même surpris. Elle paraissait jeune. Sa taille trop fine et le torse plat. Une adolescente ?
Le groupe rentra à nouveau dans un des bâtiments. Celui qui servait de dortoir aux enfants. Il ne fallu pas longtemps avant que tout le monde en ressorte. La demoiselle offrit des gâteaux et des douceurs aux enfants qui s'agitèrent frénétiquement autour de ses jupes pour la remercier. Tant et si bien qu'ils finirent pas arracher le voile de son visage.
"- Par les dieux !" Tous les Yuan s'étaient figés. La donzelle ne remis pas son voile mais l'assassin qui la couvait le fit pour elle. "…. Boya ? Je n'ai pas revé. C'est Boya !"
He Shouyue était aussi incrédule que ses nouveaux frères. C'était bien Boya qu'il venait de voir. Un Boya qui faisait une demoiselle plus séduisante que bien des femmes de qualité. Entre ses vêtements d'une richesse scandaleuse, son maquillage discret, ses bijoux de prix mais délicats et les soldats et serviteurs qui le couvaient…
"- …Qu'est ce que… Ho merde !"
Ils n'étaient pas le seul clan à surveiller. Et si eux avaient reconnu Boya, ils n'étaient pas les seuls.
He Shouyue ne réfléchit pas une seconde. Il ouvrit un portail pour rejoindre Boya pour le prévenir.
