Écrit par HateWeasel

375. Avant la tempête.

Warwick Academy ; l'un des meilleurs établissements scolaires du Royaume-Uni, en dehors de ce que l'on appelle "l'enseignement supérieur". En plus de cela, cependant, il s'agit aussi, malheureusement, du terrain de jeu de diverses créatures surnaturelles, bien que la majorité des élèves et du personnel l'ignore. Et ainsi, les préparations du soixante dix-huitième festival annuel d'Halloween de Warwick débutèrent.

Chaque année, les cours étaient annulés pendant une semaine entière étant donné que les élèves devaient participer à l'organisation de l'événement. Si le nom d'un élève n'était sur aucune feuille d'inscription, alors il avait un zéro pour l'ensemble du projet. Il y avait des projets spécifiques qui demandaient de nombreux membres, et d'autres moins, mais tous devaient donner un coup de main. Tandis que les Sept débattaient sur l'activité à laquelle ils voulaient participer, le duo de démons savait exactement où il devait s'inscrire. Ils seraient dans l'équipe de la sécurité, accompagnés d'agents de H.E.L.L.S.I.N.G déguisés en volontaires. Les agents portaient un badge spécial sur la brassière de leur uniforme de sécurité et lorsque le Phantomhive reçut le sien, il fronça les sourcils.

- Et dire que je dois porter un badge Hellsing... dit-il en tenant l'uniforme plié dans ses mains.

Ils avaient été conçu par un élève de l'école, Kristopherson Miles, qui, pour être franc, n'était pas très content de cette modification, mais il en comprenait la raison.

Ciel, d'un autre côté, comprenait la raison, mais il se sentait tout de même indigné. Le chef de la maison Phantomhive devait porter l'écusson d'une autre maison ? Quelle humiliation ! Il descendait d'une longue lignée de nobles, contrairement aux Hellsing, et il était un ancien Comte ; il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir rétrogradé. Son bien-aimé, cependant, trouvait son mécontentement amusant, et il lâcha un petit gloussement.

- Bah, on est sous les ordres d'Integra, non ? demanda-t-il alors qu'ils marchaient dans le couloir vide pour mettre lesdits uniformes. Au moins, tu ne portes pas un t-shirt avec son visage dessus.

- N'en parle même pas... répondit le bleuté, frissonnant.

- Oh ? Je crois que j'ai trouvé quoi t'offrir pour ton anniversaire~! plaisanta Alois.

- Tu es horrible... soupira Ciel, jetant un œil au grand sourire de l'autre garçon.

- Mais tu m'aimes.

- Je sais, et je suppose que je suis coincé avec toi, plaisanta le Phantomhive, recevant un coup de coude de la part de son amant.

Il sourit, mais il arrêta bien vite en se rappelant de leur tâche.

- J'espère qu'Integra envoie une aide correcte, dit-il.

- Elle va probablement envoyer Charlotte et Amélie, répondit Alois. Peut-être Heiny, aussi.

- Nous allons avoir besoin d'eux, au vu du nombre de personnes qui va venir ici...

- Relax, Cielinou. Tout ira bien, dit le blond d'un ton rassurant. On est le Chien de Garde et l'Araignée ! On gère.

- Nous avons eu du mal dans le métro, ceci dit... répondit Ciel.

- C'est parce qu'on ne savait pas ce que cette chose était, ou comment la tuer ! On a appris depuis ! insista le blond. Savoir, c'est une demi victoire !

- Alors quelle est la véritable victoire ?

- L'autre moitié. Réfléchis, Ciel.

- Je ne suis toujours pas convaincu... dit le Phantomhive.

Il s'arrêta pour regarder par la fenêtre les élèves en bas. Quelque part parmi eux se trouvaient leurs amis, ne se doutant aucunement du danger dans lequel ils se trouvaient.

Il y avait un doute dans son esprit, une chose que Ciel n'appréciait pas. Il était faible face au quatrième démon, et "l'Annie", comme Alois les appelait, s'avérait être tout aussi coriace. Il y avait plus de vingt créatures pareilles dans la nature, et ce n'était qu'une faible estimation. Si elles attaquaient le festival toutes en même temps, serait-il capable de les arrêter ? Pourrait-il protéger tout le monde ?

C'était un dilemme auquel le garçon n'était pas habitué. D'ordinaire, il se fichait de qui vivait ou mourrait, mais maintenant, les choses étaient différentes. Il devait protéger Alois et les Sept Sensationnels. Il devait protéger Warwick, également. Maintenant, il comprenait à quel point il fallait être fort pour avoir un cœur, mais il se demandait s'il possédait réellement la force nécessaire pour accomplir son devoir. L'incertitude dans son esprit le décontenançait, et il hésitait à poursuivre sa vengeance.

C'était évident sur son visage, et ce malgré l'imperceptibilité de son expression. Il y avait de l'inquiétude, du doute, deux choses qui ne définissaient pas le comportement standard de "Ciel Phantomhive" ; ainsi que le regard presque en transe qu'il fit par la fenêtre en réfléchissant. Il fut ramené à la réalité par la sensation d'une main sur le bas de son dos. Le garçon se tourna vers le côté et vit la menace blonde là, ses yeux bleus pâles pleins d'inquiétude.

- Tout va bien se passer, dit doucement Alois. Nous sommes forts, et H.E.L.L.S.I.N.G aussi. Si quelqu'un doit se faire du soucis, c'est bien ces saletés de Black Annis !

- J'espère que tu as raison... répondit Ciel.

- Oh, très certainement, dit le blond. J'ai cherché comment combattre des gens qui portent des armures, et ça devrait s'appliquer ici, aussi. Tu vois les trous que cette chose avait dans son armure au niveau des jointures ?

- Tu suggères que nous attaquions là ? demanda le bleuté.

- Exactement ! répondit Alois. Avec ton épée, tu peux vraiment t'approcher et la planter dans les ouvertures, comme tu le ferais contre un chevalier. Tu peux probablement faire un effet de levier et en retirer, aussi.

- Bonne idée, dit le Phantomhive avec un petit sourire, infectant le blond avec un peu de bonheur à son tour. Qu'est-ce que je ferai sans toi ?

- Tu serais sans doute un vieil ermite sans cœur, dit simplement le Macken avec un haussement d'épaules.

- Oh, c'est vrai, j'avais oublié, songea son bien-aimé en regardant l'autre garçon. Que vas-tu faire durant l'attaque, toi ? Tu n'as pas d'épée...

- J'ai mon flingue, dit le blond. J'ai aussi demandé une petite faveur à Dafydd. Mais ne sois pas jaloux.

- Comme si j'allais être jaloux d'une mauvaise copie d'Harry Potter...

- Mais tu l'étais.

- Qu'importe, dit Ciel, ce qui amusa l'autre garçon.

Il marqua une pause, croisa les bras avec l'uniforme dans ses mains contre son torse.

- Fais juste attention... ajouta-t-il en regardant à nouveau par la fenêtre.

Son partenaire fut pris de court par ce geste un instant, mais il sourit aussitôt tendrement. Il prit le menton du Phantomhive dans sa main, forçant le garçon à lui refaire face.

- Ne t'inquiète pas pour moi, dit-il. Je ne vais nulle part. On va botter le cul de ces mecs, et ensuite on passera à la prochaine enquête, comme d'habitude.

- Mais et si ce démon revient ? demanda Ciel, ses inquiétudes refaisant surface.

- Tu le tues ; tu le fais disparaître du plan de l'existence. Efface toutes preuves de son existence de la surface de la Terre, répondit le blond. Tu ne vas pas le laisser blesser qui que ce soit, parce que tu es Ciel putain de Phantomhive, et Ciel Phantomhive se sert toujours de ses pouvoirs et de ses tours pour gagner. Tu as peut-être perdu la bataille, mais maintenant que tu sais de quoi cette chose est capable, tu remporteras la guerre. Ensuite, nous nous retrouverons, je te féliciterai, on constatera les dégâts, on rentrera chez nous, et on se galochera un peu ; ou du moins j'espère juste qu'on pourra faire cette dernière partie.

Aussi étrange qu'était le choix de tournure de phrase du blond, il réussit tout de même d'une manière ou d'une autre à rassurer quelque peu l'esprit de Ciel. La peur de la perte était toujours en lui, mais si l'histoire se répétait, la chance était de son côté. Un sourire se dessina sur le visage du Phantomhive une fois de plus alors qu'il bougea de manière à tenir l'uniforme de sécurité d'une main pour tenir la joue du Macken dans la paume de l'autre.

- Promis ? demanda-t-il doucement, rapprochant leurs nez ensemble.

- Yes, my lord, répondit Alois avant de réduire la distance entre eux et de poser sa main sur le torse de l'autre garçon.

Ils soufflèrent tous les deux en s'embrassant ; bien que ce soit simple, ne basculant jamais dans le côté "inapproprié", ils avaient l'impression d'avoir besoin de chaque seconde de cet instant. Tant de tension fut soulagée avec un simple geste, mais ce ne fut pas long. Les garçons faillirent entrechoquer leurs dents par accident lorsqu'ils entendirent la voix tonitruante d'un certain professeur.

- Ça suffit ! Gardez cela hors de l'école ! ordonna Monsieur Irons d'une voix forte, faisant sursauter le duo de démons qui dut se séparer. La politique de l'école sur les démonstrations d'affection s'applique toujours à vous. Que vous soyez de la sécurité ou non, cela m'est égal.

Ciel et Alois regardaient les yeux grands ouverts l'homme à l'air sévère, un rougissement habillant chacun de leurs visages. Les seules personnes qui les avaient déjà surpris en train de s'embrasser étaient les autres membres de la maison Phantomhive, et le reste des Sept Sensationnels. Jamais auparavant s'étaient-ils fait prendre par quelqu'un qui détenait un tant soit peu d'autorité sur eux, alors c'était clairement une surprise. Les garçons se regardèrent, puis ils revinrent à leur enseignant.

- Heheh... Pardon, monsieur... dit Alois en offrant un sourire nerveux.

- Ne vous déconcentrez pas, tous les deux ! reprit l'homme. Nous avons beaucoup à faire, et si nous voulons nous assurer que personne ne meurt cette semaine, nous devons rester vigilant.

- Une minute, vous êtes impliqué aussi, Irons ? demanda le blond en levant un sourcils tout en inclinant la tête.

- Je dois l'être, répondit Monsieur Irons. C'est mon travail de protéger les élèves. Maintenant, dépêchez-vous ! Vous êtes tous les deux en charge de toute cette mission !

- Vous avez raison. Toutes mes excuses, dit Ciel. Des agents de H.E.L.L.S.I.N.G sont-ils déjà arrivés ?

- Si c'est le cas, ils sont en civils, répondit l'homme. Je n'ai vu aucun de leurs uniformes. Je vous dirai si j'en vois, cela dit.

- Merci. Nous allons continuer nos préparations, dit le bleuté en offrant un léger hochement de tête avant de se retourner pour partir, suivit par le Macken.

D'une certaine manière, leurs mains se retrouvèrent entremêlées, comme par instinct. Monsieur Irons ricana en voyant cela.

- Les enfants.