J'ai oublié mon enfance.

Titre du 22/02/2022 : J'ai oublié mon enfance

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… SnK 3 : Hange : Écrire sur un personnage non binaire ou écrire sur quelqu'un qui mène une expérience

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

Myrcella appréciait toujours de revoir son frère Tommen.

Contrairement à son grand frère Joffrey, celui-ci était gentil avec elle, il n'y avait pas dans ses yeux cette lueur sombre qui la mettait si mal à l'aise avec l'autre blond, et elle aimait discuter avec lui.

Elle aurait juste préféré que cela se déroule dans d'autres circonstances.

En effet, après avoir réalisé qu'elle n'avait jamais quitté la ville de sa naissance de toute sa vie et surtout, qu'elle en était littéralement physiquement incapable, elle avait décidé, une fois sa panique maîtrisée (enfin, plus ou moins, autant qu'elle pouvait l'être, celle-ci restant tapie en elle, prête à ressortir à la moindre occasion), d'examiner tout cela d'un point de vue rationnel.

Peut-être que c'était quelque chose qui ne la touchait qu'elle.

Peut-être que ce n'était que provisoire, qu'un mystère de plus qu'elle devait résoudre au milieu de tous ceux qui lui étaient tombés dessus depuis qu'elle avait demandé à connaître une vérité qu'elle ne parvenait toujours pas à accepter.

Peut-être que si elle restait dans le déni un peu plus longtemps, les choses finiraient par s'arranger d'elles-mêmes.

Ainsi, juste histoire de prouver qu'elle avait raison et qu'ils avaient tous tort, elle avait décidé de mener une petite expérience.

Vérifier auprès des gens de la ville qu'elle connaissait si oui ou non ils étaient partis de Kintzheim par le passé.

Parmi toutes ses connaissances, il devait bien y avoir au moins une personne qui avait quitté la ville, même brièvement.

Pas vrai ?

Et autant commencer avec quelqu'un avec qui elle discutait régulièrement, à savoir son petit frère, ainsi que Margaery Tyrell, sa petite-amie.

Alors qu'en cette fin de dimanche après-midi, ils se trouvaient tous les trois en train de discuter, Myrcella prit soudainement une profonde inspiration ainsi que son courage à deux mains, et posa une question.

« Alors dites-moi, vous avez des projets pour les vacances d'été ?

- Dormir, répondirent en chœur les deux étudiants, et Myrcella éclata de rire, même si le cœur n'y était pas.

- Vous allez partir en voyage histoire de décompresser un peu ?

Tommen haussa les épaules.

- Je ne sais pas encore, on fera peut-être des balades ou du camping, ce genre de chose, mais je pense qu'on ne va pas beaucoup bouger. »

Myrcella sentit un frisson l'envahir.

Ce n'était pas la réponse à laquelle elle s'attendait, et d'une certaine manière c'était celle qu'elle craignait plus que tout.

Parce que, en quelque sorte, si les habitants eux-mêmes n'avaient pas envie de partir, alors en toute logique, ils n'étaient pas prisonniers.

Mais…

Mais s'ils ne voulaient pas partir ou du moins s'ils avaient l'impression de ne pas vouloir s'en aller, et que c'était réellement à cause de la malédiction, alors ils étaient bel et bien des prisonniers, et ils n'en avaient même pas conscience parce qu'ils avaient oublié.

Ça rendait les choses encore pires.

La conversation continua et à aucun moment Tommen ou Margaery n'évoqua l'idée de voyager ailleurs, ne serait-ce que dans une autre ville d'Alsace et Myrcella sentit son malaise s'aggraver de plus en plus.

Est-ce qu'elle avait été comme ça elle aussi, avant que Yara ne la mette face à ce qu'elle pensait être la vérité, avant qu'elle ne lui révèle qu'il était impossible de quitter Kintzheim ?

Est-ce que pour elle aussi, sortir de Kintzheim n'avait jamais été une option, avait toujours été inenvisageable sans même qu'elle n'en ait une seule seconde consciente, est-ce qu'elle était restée endormie pendant si longtemps sans même s'en rendre compte ?

Si oui, oh comme ça se révélait être terrifiant.

« Et sortir de Kintzheim ? Leur proposa-t-elle avec une nonchalance feinte, aller dans une autre ville, une autre région, ou dans un autre pays, ça ne vous tenterait pas ?

En voyant les regards de son frère et de Margaery se poser sur elle et devenir subitement confus, comme s'ils n'y avaient pas pensé une seule seconde, la blonde sentit une main glacée s'enrouler autour de son cœur et eut presque l'impression d'entendre un ricanement moqueur.

Celui de Yara Greyjoy, comme si elle lui lançait un « je te l'avais bien dit, non ? » satisfait et elle se pétrifia.

Depuis qu'elle avait commencé à fouiller, plus elle en apprenait, plus ses certitudes volaient en éclats les unes après les autres.

- Pourquoi pas quand on aura fini nos études, lui répondit Margaery, mais pour l'instant ce n'est pas encore prévu.

À côté d'elle, Tommen approuva, et ni l'un ni l'autre ne sembla réaliser à quel point leur réponse la perturbait.

Ce n'était pas un non, pas une impossibilité, mais elle avait le pressentiment que malgré tout, jamais les deux amoureux ne le feraient, ce voyage hypothétique et imaginaire ne se produirait pas.

Et ce, même s'ils essayaient réellement de le mettre en place.

Cette simple idée l'épouvanta.

Ils étaient apparemment bloqués, piégés, et ce constat lui donna envie de hurler.

Est-ce que c'était vrai ?

Est-ce que c'était réel ?

Si oui, est-ce que…

Est-ce qu'il y avait vraiment une malédiction ?

- Je me posais une question, commença-t-elle, hésitante, est-ce que… est-ce que vous vous souvenez d'un jour que vous avez passé hors de Kintzheim par le passé ? »

La réponse de Tommen et Margaery fut sans appel.

Négative.

Et Myrcella ne put s'empêcher de se demander comment elle avait pu croire une seule seconde qu'il pourrait en être autrement.

§§§§

Les questions et les réponses s'accumulèrent, les unes après les autres, toujours invariablement les mêmes, au point que Myrcella aurait presque pu finir par les prédire à force de l'entendre en boucle sans que rien ne change.

Non.

Non.

Non.

Non.

Non.

Non.

Non.

Non.

Non.

Encore et toujours non.

Non, jamais ils n'avaient quitté la ville de Kintzheim de toute leur vie et non, ils n'avaient pas l'intention de le faire, ou alors plus tard, pas tout de suite, dans un futur plus ou moins proche et surtout indéfini.

Et Myrcella avait le sentiment d'être un volcan à deux doigts d'exploser.

Elle voulait leur crier dessus, leur demander pourquoi, pourquoi ils ne se rendaient compte de rien, pourquoi ça ne leur semblait pas bizarre, elle voulait leur jeter à la figure toute sa rage alors que ce n'était même pas de leur faute.

Et ce n'était pas normal.

Elle allait finir par croire que rien ne l'était dans cette foutue ville.

Et que tout le monde y était complètement aveugle, à part…

Hé bien à part Yara Greyjoy, Stannis Baratheon, Marina Leszczynska et Lancel Lannister, dut-elle reconnaître, bien à contre-cœur.

Personne d'autre ne voyait quoi que ce soit, hormis eux et…

Elle-même.

Et le réveil avait été plutôt brutal à vrai dire, violent et douloureux.

Mais peut-être était-ce pour le mieux finalement.

Comme enlever d'un coup sec un pansement, quelque chose qui faisait mal sur le moment mais qui s'avérait nécessaire.

Elle ne savait pas encore au juste ce qui était vrai ou ce qui ne l'était pas, ce qui était réel et ce qui était mensonger.

En revanche, elle était sûr et certaine d'une chose.

Il fallait absolument qu'elle trouve un moyen pour parler à nouveau avec Yara Greyjoy.

§§§§§

Au cours de la semaine suivante, Myrcella ne put s'empêcher de se figer de surprise en voyant la voiture de sa mère garée juste en face de la sortie de l'université, Cersei l'attendant alors qu'elle sortait de ses cours de la journée.

Dans d'autres circonstances, la jeune femme aurait simplement été heureuse de la voir et de savoir qu'elle n'aurait pas à marcher jusqu'à son appartement (qui certes, ne se trouvait pas très loin de la fac), et elle serait juste montée dans la voiture sans se poser de questions.

Seulement voilà.

Depuis, une myriade de doutes s'étaient implantés dans son esprit et commençaient à grandir, sans qu'elle ne puisse les arrêter et encore moins les faire disparaître, et sa mère était devenue la personne dont elle doutait le plus à Kintzheim.

Sa mère, qui n'était pas venue la chercher à l'école depuis au moins le collège, voire le lycée en poussant un peu et qui avait décidé de le faire comme ça, sur un coup de tête, sans la prévenir, alors que la connaissant, elle aurait dû être en train de travailler à ce moment-là.

Sa mère, accusée d'être celle responsable de leur malheur collectif et que Myrcella arrivait de moins en moins à regarder droit dans les yeux, tant elle craignait que cette dernière ne comprenne qu'elle la soupçonnait en le lisant dans son regard.

Sa mère, dont on disait qu'elle avait des yeux presque partout en ville, et qui avait décidé de venir la chercher comme par hasard au moment même où elle commençait à se poser des questions.

Sa mère, dont l'air amical ne la trompa pas.

Pourtant, elle fit comme si tout allait bien, et lui sourit, alors même qu'elle voulait la secouer en exigeant d'elle la vérité.

Des jours qu'elle n'arrivait plus à fermer l'œil à cause des informations qu'elle avait récoltées, et savoir que c'était peut-être la faute de la mairesse la rendait terriblement amère.

Et il lui semblait de plus en plus évident que rester dans le déni ne l'aiderait pas.

« Salut, dit-elle à sa mère, feignant un enthousiasme qu'elle ne ressentait aucunement, qu'est-ce que tu fais là ?

- Je me disais que ça faisait longtemps qu'on avait pas passé de temps ensemble juste toutes les deux. Comment ça s'est passé les cours ?

- Très bien, lui répondit sa fille, tentant de paraître la moins crispée possible.

Ça n'avait rien de facile ou d'évident, mais il fallait absolument que sa mère ne se doute de rien.

Elle faillit éclater d'un rire douloureux et triste alors que cette pensée la traversait de part en part.

Comment avait-elle pu arriver au point où elle en venait à avoir peur de sa propre mère ?

Pourtant c'était bien le cas, et même si elle parvenait à prouver que cette malédiction n'était pas réelle, elle ne pourrait jamais revenir en arrière, et sa relation avec sa mère avait été gâchée pour toujours, empoisonnée par des doutes, des soupçons et des non-dits dont elle ne savait pas s'ils étaient réels ou non.

- Alors tant mieux, fit Cersei en l'invitant à monter dans sa voiture. »

Durant l'espace d'une seconde, Myrcella se surprit à se demander comment la blonde réagirait si jamais elle lui demandait si elles pouvaient faire une balade en dehors de Kintzheim, si sa réponse serait non ou si pour donner le change, elle essayerait et que la tentative tournerait à l'échec pour une raison ou une autre.

À la place elle ne dit rien.

L'objectif, c'était de ne pas faire de vagues après tout.

Si elle avait eu d'abord peur qu'un silence gênant ne s'installe dans la voiture, Myrcella fut rapidement détrompée quand sa mère commença à lui poser des questions sur sa semaine et à lui raconter ce qu'elle-même avait fait.

Elle ne pouvait s'empêcher d'être ébahie par tant de calme venant d'une femme qui était supposée avoir maudit une ville entière (non deux continents si elle se souvenait bien de ce qu'on lui avait dit) et agissait comme si ce n'était jamais arrivé.

Soit c'était le cas, soit Cersei Lannister était une des meilleures actrices qu'elle avait jamais rencontrées de toute sa vie.

« Tu continues de courir, pas vrai ? D'après ce que j'ai entendu, tu étais hors de la ville il n'y a pas longtemps, non ?

Myrcella fit tout pour ne pas avoir la moindre réaction, mais elle sut à cet instant précis pourquoi sa mère avait voulu la voir et lui parler.

Tout simplement pour lui poser des questions, pour arriver à ce moment.

Elle aurait dû le voir venir, et réaliser que sa mère était en train de confirmer ses doutes était abominablement douloureux.

- Oui, confirma-t-elle, n'ayant rien à cacher, effectivement, pourquoi ?

- Apparemment, tu marchais sur la route, je sais que tu es toujours prudente mais il faut que tu fasses attention, une voiture pourrait surgir d'un seul coup sans que tu ne t'y attendes. »

Ça ce serait vrai si les gens pouvaient entrer ou sortir de la ville, songea sa fille avec une certaine virulence à laquelle elle ne s'attendait pas elle-même.

Elle aurait sans doute dû se sentir soulagée, sa mère ne s'inquiétait que de sa sécurité, en apparence du moins.

Mais sa mère l'avait faite espionner, ou elle avait été vue par quelqu'un, malgré tous ses efforts et cette personne lui avait dit qu'elle s'était retrouvée hors de la ville, alors que c'était une chose qui ne se produisait absolument jamais.

Et alors, la remarque de sa mère lui revint en tête.

Une voiture pourrait surgir.

Sur le moment elle n'y avait pas réfléchi, mais…

Mais durant son expérience et sa tentative de sortie, elle n'avait pas vu la moindre voiture, pas le moindre véhicule entrer et encore moins sortir de la ville.

Rien à part le silence, et les autres bruits de la ville.

Il n'y avait eu personne et qu'il soit tôt n'y changeait rien.

Une preuve de plus à ajouter à un dossier déjà bien trop chargé…

« Je suis passée par là pour changer de mon parcours habituel, prétendit-elle, mais c'était assez décevant, je ne passerai pas par là la prochaine fois, ne t'en fais pas. »

Le regard perçant de Cersei la traversa brièvement et elle pria pour qu'elle croit à ce mensonge.

Elle n'ajouta rien et sentit la peur lui nouer le ventre.

Si même sa propre mère commençait à se méfier d'elle, à la soupçonner, à lui poser des questions, comment était-elle censée réagir ?

Comment était-elle supposée croire une seule seconde qu'elle pouvait être innocente ?

§§§§

En entendant quelqu'un sonner à la porte, Yara fronça les sourcils.

Vu l'heure, ce n'était probablement pas Stannis, et Lancel se trouvait actuellement avec Marina, et les habitants de la maison n'auraient pas sonné, alors qui…

Se levant, elle ne tarda pas à découvrir de qui il s'agissait en ouvrant la porte.

Myrcella Lannister.

Son regard dépité fut la seule chose qui l'empêcha de lui envoyer un sourire triomphant, se doutant bien de la raison de sa visite.

« Je… commença la lionne, se demandant sans doute si elle avait réellement bien fait de venir. Je pense qu'il faudrait qu'on parle. De toute urgence.

Un léger sourire satisfait apparut malgré elle sur le visage de son interlocutrice.

- Je pense que oui, en effet. »

A suivre…