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Malédiction.
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Armando Dippet, le directeur, marchait en tête d'un pas pressé, arborant un enthousiasme évident à l'idée de guider Tom Riddle à travers les dédales familiers du château. Harry suivait, sa main fermement agrippée à celle de Tom, qu'il traînait presque derrière eux. Il sentait la résistance dans la poigne de Tom, comme si le sorcier ne voulait pas avancer. Il avait l'impression étrange d'être devenu ce parent qui forçait son enfant capricieux et récalcitrant à le suivre.
Dippet, sans se retourner, ponctuait le trajet d'anecdotes sur les hauts faits de Poudlard, comme s'il cherchait à impressionner Tom. Cependant, l'attention de ce dernier semblait ailleurs, comme s'il était plongé dans ses pensées, et il ne fit pas une seule fois l'effort de montrer qu'il avait entendu.
Harry jetait régulièrement des regards furtifs à Tom, tentant de déchiffrer les expressions inscrites sur son visage. Le contraste entre la froideur de ses yeux et la poigne ferme de sa main éveillait en lui une inquiétude croissante. C'était comme avoir enclenché une bombe sans savoir exactement quand elle exploserait.
Alors qu'ils repassaient devant la salle de Défenses contre les forces du mal, Tom se figea brusquement, forçant Harry à faire de même. Un changement imperceptible se dessina sur son visage : une subtile lueur de haine.
« Quelque chose ne va pas ? », demanda Dippet, ignorant la tension autour d'eux.
Tom leva lentement sa baguette, les yeux fixés sur la porte de la salle de classe, et un murmure presque inaudible franchit ses lèvres alors qu'il lançait le sort.
Harry, réalisant ce qui se passait, fit un geste hésitant, tendant la main vers lui dans une tentative désespérée d'arrêter le cours des événements : « Attends... » tenta-t-il, mais ses paroles n'atteignirent pas le sorcier.
Une onde d'énergie noire, presque liquide, se répandit silencieusement dans la salle de classe avant de se dissiper tout aussi rapidement qu'elle était apparue. Une odeur lourde et rance flotta quelques secondes dans les airs et Harry ressentit un léger malaise l'envahir.
Dippet, alerté par la scène, accourut avec empressement ; il avait lui aussi vu Tom lancer le sort et ses yeux étaient maintenant écarquillés de surprise et d'incompréhension.
Tom esquissa un sourire carnassier : « C'est un cadeau de bienvenue. Pour le nouveau professeur. »
Et Dippet fut enchanté. « Ho ! Monsieur Riddle ! Quelle bonté d'âme ! C'est tellement généreux à vous ! Je savais que tout ceci n'était qu'un gigantesque malentendu ! » déclara-t-il, ravi.
Harry, médusé par la réaction du directeur, le regarda avec incrédulité. Il se demanda intérieurement si le vieil homme était naïf, sénile, ou tout simplement complètement crétin. Même un élève de première année (ou pire, un Moldu !) aurait pu reconnaître une malédiction dans le sortilège lancé par Tom.
Le groupe reprit sa marche vers les cachots et Harry, sidéré, ne pouvait s'empêcher de se demander s'il était le seul à vraiment voir à quel point la situation venait de déraper. Il lâcha enfin la main de Tom et se pencha légèrement vers lui : « Par Merlin. Qu'est-ce que vous avez lancé ? » chuchota-t-il.
L'humeur de Tom semblait s'être drastiquement améliorée et il arbora un sourire satisfait : « Vous ne m'écoutez donc pas, Monsieur Potter ? Je vous l'ai dit. C'est un cadeau. Un cadeau que Dumbledore ne pourra pas me rendre... à moins de m'embaucher, bien entendu. »
Harry releva des yeux consternés sur lui : « Vous avez maudit le poste... » Ce n'était pas une question, mais plutôt une affirmation et Tom lui adressa un regard amusé : « Je ne savais pas que vous maîtrisiez les sortilèges sombres... vous êtes de plus en plus intéressant. Vous pourriez même prendre la place du Directeur, à la vitesse où vont les choses. »
Harry ne sut pas trop s'il s'agissait d'un compliment ou une insulte à peine voilée. Préférant ne pas s'attarder sur la remarque, il le rabroua d'un ton ferme : « Lord Gaunt. Vous ne pouvez pas lancer une malédiction à chaque fois que vous êtes contrarié ! »
Tom lui offrit un regard hautain et il récupéra la main d'Harry dans la sienne : « Bien sûr que si, je peux. »
Et Harry sentit une fatigue infinie l'envahir.
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