Salut tout le monde !
J'ai pensé vous faire plaisir en postant celui-ci avec un peu d'avance. C'est une « peluche » pour la Saint Valentin 😉 Bonne lecture à tous et encore merci de me suivre !
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Jour 27
La forêt était silencieuse et sublime sous son épais manteau blanc. Quelques traces laissaient deviner la présence de nombreuses espèces.
Jack se baissa pour ramasser l'animal pris au collet dans son piège. Il le libéra, rangea la bête dans sa besace en cuir et replaça l'appât dans les herbes.
Il avait fait une bonne chasse. Son sac était plein.
En relevant ses pièges, Jack avait également noté la présence d'oiseaux assez gros, entre le faisan et le coq de bruyère. Les bêtes étaient craintives et s'envolaient au moindre bruit, mais, lorsqu'elles chantaient, elles étaient moins vigilantes. Il avait réussi à en approcher une à moins de cinq mètres. Le lendemain, il prendrait un Zat avec lui et tenterait d'en attraper une.
La neige craquait doucement sous ses bottes tandis qu'il prenait le sentier qui le ramènerait à la route. Le temps était froid et humide les nuages moutonneux rasaient les cimes des arbres. Le souffle de Jack formait un halo de buée à chacune de ses expirations. Le Colonel était heureux d'avoir pris des gants.
Jack prit la direction du village en songeant au silence tendu qui régnait à la maison depuis trois jours. Depuis qu'il avait décidé de dormir dans la seconde chambre, Sam avait opté pour une posture froide et distante. Professionnelle. La douce communion des premiers jours était loin. En fait, ils s'évitaient le plus possible.
Jack se levait à l'aube, avalait un café et filait s'atteler aux travaux de la ferme. Il nourrissait leurs animaux, récupérait les œufs et procédait à la traite de la chèvre. Puis, il vérifiait toutes les clôtures et faisait de menues réparations. Ensuite, il filait au village où il y avait toujours du travail pour aider un des fermiers.
Après le déjeuner qu'il prenait le plus souvent chez Laira, il filait relever ses pièges et profitait d'un moment de balade en forêt, seul.
Lorsqu'il rentrait le soir, il aidait à la préparation du dîner puis, s'asseyait dans le fauteuil et sculptait de petits objets utiles dans le bois, devant le feu. Le repas avalé, Sam disparaissait dans la chambre avec son cahier et sa tablette et le Colonel ne la revoyait souvent pas jusqu'au lendemain.
Jack soupira et entra dans le village en saluant les villageois. Il frappa deux coups secs à la porte de Laira et la jeune femme lui ouvrit.
Un sourire lumineux et doux éclaira son visage lorsqu'elle le vit.
– Bonjour, Jack. Entrez. La chasse a été bonne ?
– Excellente !
Il déposa deux lapins sur la table. Les bêtes étaient plus musclées et plus grosses que les lapins qu'on trouvait sur la Terre, avec des oreilles plus courtes et légèrement plus rondes. Mais, leur chair était très savoureuse.
– Magnifique ! Je demanderai à Garan de les préparer pour le repas de demain. Voulez-vous boire quelque chose, Jack ? lui proposa-t-elle pour le garder plus longtemps.
Jack accepta de bonne grâce une tasse du café local. Laira y rajoutait une autre plante qui rendait le goût moins amer mais, elle avait refusé en riant de lui donner la recette, prétextant qu'il n'aurait plus de raison de venir la voir.
Ils s'assirent face à face autour de la table et discutèrent tranquillement.
– Je ne sais pas comment faire avec ce problème d'école, commença Laira.
– Qu'est-ce qui ne va pas ? Elle a été abîmée par la pluie de météorites ?
– Oh non ! Le bâtiment est intact. C'est plutôt que nous n'avons plus d'enseignante. Elle faisait partie de ceux qui ont passé la Porte avec vos amis…
La voix de Laira s'éteignit lorsqu'elle aperçut l'ombre passer sur le visage de Jack. Il était toujours difficile de parler avec lui de ce qu'il avait perdu. Malgré tous ses efforts, elle n'était pas encore arrivée à lui faire oublier son monde. Il était en deuil de sa terre, de ses amis, de tout ce qu'il avait laissé de l'autre côté du grand anneau.
Voyant que l'homme s'était perdu dans ses pensées, elle posa doucement sa main sur son avant-bras, au-dessus de son poignet. Le regard de Jack s'éclaircit et revint se poser sur elle, à son écoute.
– Et personne ne peut faire la classe à sa place ?
– La plupart de ceux qui restent sont de simples fermiers.
– Et vous ? s'étonna-t-il.
– Je pourrais mais, cela demande beaucoup de temps et je dois déjà m'occuper du village.
Jack réfléchit un instant avant de demander :
– De combien d'enfants parlons-nous ?
– Une dizaine. Les autres sont partis avec leurs familles.
– Je vais en parler à Carter, peut-être qu'elle pourra vous aider quelques jours par semaine, si je parviens à la sortir de ses bricolages.
– Est-ce qu'elle se porte mieux ?
– Oui, elle est tout à fait guérie à présent. Je ne sais pas ce que nous aurions fait sans l'aide de Glenda.
Laira sourit. Sa main n'avait pas quitté le bras de Jack, lequel ne semblait pas s'en préoccuper.
– Oh, j'allais oublier ! Est-ce que je pourrais solliciter votre aide pour organiser la fête des Lumières ?
– Une fête ? demanda-t-il avec un sourire amusé.
– Oui, Chaque année, nous fêtons le jour où la nuit est la plus courte. C'est un moyen de célébrer le retour de la belle saison et le début des semences.
– Ah… Mais, je ne suis pas très doué pour gérer les événements de ce genre… Vous savez, moi et l'intendance…
Elle eut un rire joyeux et moqueur et sa paume serra davantage le bras de Jack. Ce dernier sembla réaliser enfin le contact prolongé et bougea, l'air de rien, pour se dégager doucement.
Laira ne parut pas s'offusquer. Après tout, il n'était pas parti et ne lui avait rien dit. Elle poursuivit donc :
– Non, je m'occupe de l'organisation mais, j'aurais besoin de bras pour installer la salle. Vous savez, mettre en place les tables, les chaises, accrocher la décoration…
– Pas de problème. Je vous aiderai bien volontiers. Quand est-ce qu'elle a lieu votre petite sauterie ?
Laira rayonnait littéralement.
Elle était jolie, avec ses boucles sauvages et ses yeux clairs.
Et manifestement, il lui plaisait… Sam avait raison.
– Dans dix jours.
Jack se leva et tapa dans ses mains pour signaler son accord :
– Parfait. Vous me direz ce que je dois faire ! Bon, je vais rentrer. Carter va se demander où je suis passé.
C'était faux. En général, elle était la tête dans son nouveau projet et ne s'apercevait même pas de son retour.
La femme n'insista pas et lui adressa un doux sourire :
– Portez-vous bien, Jack. À demain.
– A demain, Laira.
Il renfila sa veste et ses gants, passa sa besace en bandoulière autour de son torse et quitta la maison chaude et accueillante de Laira.
Sur le chemin du retour, il soupira lourdement.
Si seulement les choses pouvaient être aussi simples avec Sam…
Jack poussa la porte de la maison alors que les premiers flocons tourbillonnaient autour de lui.
Après avoir donné un bref coup contre le bois, il entra et se figea sur le seuil devant la vue qui s'offrait à lui.
Sam se lavait. La lueur de la bougie qu'elle avait déposée sur un tabouret près de la baignoire éclairait la scène et projetait une délicate ombre chinoise sur le paravent de toile qui la dissimulait. Elle était debout dans le bac et frottait ses bras avec un linge humide. Jack ne put détacher son regard ébloui de ses courbes soyeuses : ses seins, ses hanches, ses longues jambes fuselées.
Dieu, elle était vraiment magnifique…
– Y a quelqu'un ? appela-t-elle soudain avec inquiétude en tournant la tête vers la porte toujours ouverte dans son dos.
Elle ne semblait pas se rendre compte qu'il pouvait apercevoir sa silhouette de là où il était.
– C'est moi, Sam, dit-il en refermant rapidement pour garder la chaleur. J'ai eu du succès avec mes pièges. Ce soir, c'est lapin aux pommes de terre !
– Mmm !
Bon sang !
Son murmure de plaisir descendit directement dans son aine, créant une morsure brûlante dans ses veines.
Il adorerait la faire gémir ainsi sous ses mains et sa bouche… Bon sang, Jack ! Non ! Mais à quoi tu penses, vieux !
– Il recommence à neiger, annonça-t-il en se ressaisissant.
– Zut ! J'ai oublié de rentrer les poules…
– C'est, bon. Je m'en occupe.
Il ressortit aussitôt, remerciant silencieusement l'air glacial qui lui permit de se calmer instantanément. Il rassembla les volailles et ferma le poulailler avant de rentrer la chèvre dans l'espace aménagé pour elle dans la grange, au chaud.
Tout au fond, caché derrière des draps, se trouvait l'atelier de Sam. Elle y passait le plus clair de son temps et lui avait fait défense d'y entrer.
Jack hésita à braver l'interdit, poussé par la curiosité mais, leurs relations étaient déjà assez tendues comme ça. Avec un soupir résigné, il donna à manger à la chèvre avant de regagner la maison.
Sam terminait de se rhabiller derrière le paravent.
Jack inspira et détourna la tête de la vision. Il ôta sa veste, ses bottes humides et fila à la cuisine.
Sam émergea au bout de quelques minutes, les pointes de ses cheveux encore un peu humides et ondulantes.
– Alors, votre projet, ça avance ? demanda Jack pour meubler le silence.
– Je pense que j'aurai bientôt terminé.
Sa voix était enjouée comme toujours lorsqu'elle parlait de science.
– Vous ne me direz pas ce que c'est, n'est-ce pas ? s'amusa-t-il à la taquiner.
Cela devait faire la trentième fois qu'il lui posait la question mais, elle prenait un malin plaisir à garder le secret. Il avait même essayé de lui piquer son cahier quand elle était dehors pour voir les plans mais, c'était si complexe qu'il n'avait pas pu déterminer le but de l'objet.
– Non ! répondit-elle d'un air mutin.
Pour la première fois depuis des jours, elle semblait relâcher un peu la tension qui l'habitait. Jack s'accrocha à l'idée de la garder dans cet état d'esprit et poursuivit :
– Au fait, ils cherchent une institutrice au village. Il y a une dizaine d'enfants qui sont privés d'école depuis la pluie de feu. Je me suis dit que si vous aviez le temps, cela vous intéresserait peut-être de leur faire cours quelques heures par semaine…
Sam fit une moue tandis qu'elle réfléchissait. Il connaissait déjà sa réponse mais, il adorait la regarder quand elle était comme ça. Il pouvait jurer qu'il voyait tourner ses méninges dans sa tête. Il la contempla donc en silence, un demi-sourire soulevant le coin de ses lèvres jusqu'à ce qu'elle réponde :
– Oui, je pense que je pourrai le faire. Enfin, je peux toujours essayer… Quel âge ont-ils ?
Cette fois, ce fut au tour de Jack de faire la moue : il n'avait pas un seul instant pensé à poser la question !
Sam devina la raison de son embarras évident et éclata d'un doux rire.
Dieu… Il avait l'impression que cela faisait des lustres qu'il ne l'avait pas entendu rire ainsi… C'était si bon !
– Eh bien, je pense que je franchirai ce pont quand il se présentera, s'amusa-t-elle à répondre.
– Je suppose, oui, répondit Jack en s'installant pour dépecer et vider les bêtes avant de les faire cuire.
Il savait que Sam détestait cette opération et il prenait donc en charge la tâche sans broncher pendant qu'elle épluchait les légumes. Pour la première fois depuis qu'elle avait été malade, le silence n'était pas pesant. Il était juste confortable.
O'Neill mit les peaux de côté. Demain, il les déposerait chez Léandro. L'homme s'y connaissait dans l'art de tanner et les lui achetait un bon prix.
Une fois sa tâche terminée, Jack attrapa un plat et découpa le lapin en morceaux. Puis, il récupéra les légumes et assembla le tout pour la cuisson.
Une bonne odeur se répandit rapidement dans la maison.
Jack profita que Sam surveillait le plat pour aller se laver. Il ôta sa chemise et son pantalon et se glissa dans l'eau encore chaude. Pour la première fois, l'idée que Sam se trouvait au même endroit quelques minutes plus tôt, baignant son corps nu dans la même eau lui vint à l'esprit. Et bon sang, il trouvait ça incroyablement érotique… Il se demanda si elle contemplait sa silhouette à travers le paravent avec le même désir qui l'avait étreint à sa vue un peu plus tôt.
Probablement pas… Elle lui tournait certainement le dos, comme elle le faisait toujours…
Avec un soupir, il se résigna à se laver en écartant de son esprit les images d'une Sam nue et désirable qui viendrait se blottir entre ses bras.
De l'autre côté du paravent, Sam regardait l'homme, debout dans la baignoire. Ses yeux glissèrent avec gourmandise de ses larges épaules à ses hanches étroites. Elle frissonna en sentant une chaleur liquide envahir son bas-ventre. Elle serra nerveusement ses cuisses l'une contre l'autre pour atténuer la douleur du désir et se détourna en étouffant un gémissement.
Elle voulait tellement qu'il la regarde, qu'il la touche que s'en était pitoyable…
Pour s'occuper l'esprit, elle remua les pommes de terre dans le plat et mit la table. Le repas était presque prêt.
Le parfum de savon et l'odeur de cèdre de sa peau assaillit Sam lorsque Jack se pencha derrière elle pour ramasser le torchon qu'elle avait fait tomber. Elle pivota et se retrouva nez à nez avec lui. Il était près. Trop près. Ses lèvres à quelques centimètres des siennes. Si elle se hissait sur la pointe des pieds, elle pourrait les embrasser. Sam retint son souffle le temps qu'il recule avec un raclement de gorge. Il ne s'était pas rasé depuis plusieurs jours. Un chaume sombre recouvrait ses joues, lui donnant un côté sexy et un peu dangereux…
Sam se détourna vers la cheminée, espérant que la chaleur qui s'en dégageait dissimule la rougeur de ses joues.
SJSJSJSJSJSJ
Jour 29
Jack rentra du village avec une certaine lassitude. Le froid humide lui causait des douleurs importantes aux genoux et il avait le dos courbatu à force de travailler à planter des piquets de clôture pour aider une famille en difficulté. Le mari s'était blessé à la jambe et ne pouvait plus entretenir les enclos. Alors, Jack avait proposé son aide et la famille le payait généreusement en lait et en fromage de ses vaches.
En arrivant devant la maison, O'Neill aperçut une échelle, appuyée sur le flanc ouest de la demeure. Au sommet, perchée à près de cinq mètres de haut se trouvait Sam, en treillis et tee-shirt noir. Craignant de la faire sursauter et tomber, il alourdit son pas et racla ses semelles sur les gravillons pour faire savoir qu'il arrivait.
Fidèle à sa formation, Carter tourna aussitôt la tête, sur le qui-vive.
– Carter ? appela-t-il d'une voix de commandement qu'il n'avait pas utilisé depuis des semaines.
Sam sursauta et se raidit immédiatement :
– Je descends, mon Colonel.
Elle grimaça. Le grade était sorti tout seul.
Jack ne sembla pas s'en apercevoir, trop inquiet de la savoir sur ce perchoir instable. Il saisit le bas de l'échelle pour la maintenir le temps que la jeune femme descende en sécurité.
– Bon sang, Sam, qu'est-ce qui vous prend de grimper aussi haut alors que vous êtes seule à la maison ? Et si vous étiez tombée ? gronda-t-il alors qu'elle posait enfin pied à terre.
Sam sembla confuse :
– Je ne risquais rien. J'ai fait très attention…
– Sam…
Un soupçon de menace gronda dans sa voix.
Il était fâché. Très fâché. Et Sam ne comprenait vraiment pas pourquoi.
Bon sang, elle savait ce qu'elle faisait ! Ce n'était pas pire que d'affronter Apophis ou Hathor !
– Je ne m'en remettrai pas si vous étiez encore blessée… soupira-t-il finalement en baissant les yeux. Et qu'est-ce que vous fabriquiez là-haut d'abord ? ajouta-t-il d'une voix plus douce.
Sam esquissa un sourire : il avait simplement eu peur. Avec le recul, elle pouvait comprendre ce sentiment.
– Je fixais les panneaux solaires sur le toit.
– Des panneaux solaires ?
– Oui. J'ai fabriqué un chauffe-eau solaire…
Jack écarquilla les yeux. Sam vit l'étonnement puis l'admiration se succéder sur son visage.
Alors c'était ça qu'elle fabriquait durant tout ce temps… songea-t-il.
Elle lui fit signe de la suivre à l'intérieur de la maison.
Elle avait installé un système de tuyaux et de robinetterie rudimentaires qui alimentaient la baignoire et la cuisine. Avec un sourire, elle ouvrit le robinet situé au-dessus de l'évier et l'eau coula. Quelques secondes plus tard, elle lui demanda de passer sa main dessous le filet d'eau. C'était chaud.
– Incroyable ! lâcha Jack.
– J'ai dû cannibaliser ce qui restait du MALP pour les circuits électriques mais, ça fonctionne. Je pense que je pourrais même en créer d'autres pour alimenter un éclairage de toutes les pièces.
Jack lui offrit un sourire taquin et murmura :
– La bougie a aussi son charme…
Sam repensa à la vision de sa silhouette massive derrière le paravent deux jours plus tôt, éclairée par la lueur d'une chandelle.
Ouais, la bougie avait certains avantages…
– Mais, c'est vraiment génial, en tout cas. Excellent travail, Sam !
– Merci…
O'Neill s'assit lourdement à la table et Sam lui jeta un regard oblique. L'excitation de lui faire enfin partager son projet fut vite effacée par le sentiment que quelque chose n'allait pas.
– Est-ce que tout va bien ? questionna-t-elle.
Il leva la tête vers elle.
De fines rides soulignaient ses yeux chocolat dans lesquels le feu jetait des éclats d'or fugitifs. Sa bouche était un trait fin et crispé. Il avait mal. Pourtant, sous son regard inquisiteur, il carra les épaules et fit un effort pour se redresser.
– Ouais. La pêche, Carter. Mes foutus genoux n'aiment pas le temps humide, c'est tout, plaisanta-t-il.
– Glenda m'a laissé des huiles pour soigner les bobos du quotidien. J'en ai une qui soulage les articulations. Je peux vous en donner si vous voulez.
Jack passa machinalement sa main dans ses cheveux, ses doigts se prenant dans les mèches à présent vraiment trop longues sur sa nuque.
– Je veux bien, j'en mettrai un peu avant de me coucher.
Sam hocha la tête et ajouta :
– Et je peux peut-être vous couper les cheveux aussi. Ils ont l'air de vous gêner à présent…
Jack lui jeta un coup d'œil surpris, vérifiant si elle plaisantait ou si l'offre était sérieuse.
Elle lui avait dit qu'elle aimait le voir avec les cheveux un peu plus longs mais, là il commençait à ressembler à un épouvantail. Il souffla donc :
– J'aimerais bien, oui. Si cela ne vous dérange pas…
Sans sourciller, Sam tira une chaise devant l'évier et proposa :
– Installez-vous ici. Je vais chercher les ciseaux.
Elle revint quelques instants plus tard avec la paire de ciseaux de la trousse de secours et deux serviettes. Elle roula la plus petite et la disposa au bord de l'évier en gré pour adoucir le contact sous le cou et déposa la seconde, plus grande, sur les épaules de l'homme. Elle prit soin de rentrer le bord dans son col de chemise pour protéger le vêtement. Puis, elle ouvrit le robinet et fit couler l'eau sur ses doigts jusqu'à ce qu'elle soit à la bonne température.
– Allez-y, penchez la tête en arrière, offrit-elle.
Il obéit et posa sa nuque sur la serviette pliée.
Sam fit couler doucement l'eau tiède sur sa tête, prenant garde de ne pas lui en mettre sur le visage. C'était très agréable. Jack se détendit et ferma les yeux tandis que la jeune femme lui lavait les cheveux. Elle le rinça, glissant avec douceur ses doigts entre les mèches pour en ôter la mousse puis, le frictionna avec la serviette pour ôter l'excédent d'eau.
Jack se redressa avant d'écarter la chaise du bord de l'évier afin de donner à Sam un peu de liberté de mouvement.
Sans un mot, elle se positionna dans son dos, rajusta la position de la serviette et demanda en faisant courir le peigne pour démêler ses cheveux :
– Vous les voulez courts comment ?
– Comme vous pouvez… Mais, ils sont vraiment trop long dans le cou là…
Elle fredonna tandis qu'elle passait ses doigts dans les mèches et effleurait sa nuque du bout des ongles.
Jack sentit un frisson délicieux glisser le long de sa colonne vertébrale. Il passa machinalement la main sur sa barbe qui commençait à le gratter.
– Je peux vous raser aussi pendant que j'y suis, souffla Sam.
– Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, Carter… souffla Jack.
Cela semblait flirter un peu trop avec les limites…
Mais Sam leva roula les yeux et les leva au ciel dans un geste adorablement insolent.
– Je vous assure que je ne vais pas vous trancher la gorge ! ajouta-t-elle en riant. Et puis, je suppose que vous avez un rasoir à main ?
En temps normal, Jack lui aurait fait remarquer son insubordination flagrante avec une remarque taquine mais, il préféra laisser passer. Il avait suffisamment de mal à canaliser les fantasmes qui jaillissaient sans cesse dans sa tête.
– Ouais, j'en ai toujours un ou deux dans mon paquetage.
Il se tut un instant puis demanda :
– Vous avez déjà fait ça ? Raser un homme, je veux dire, s'étrangla-t-il.
Sam gloussa et cela rappela avec netteté à O'Neill pourquoi il lui avait interdit de faire ça depuis leur séjour en Antarctique. L'effet de son rire sur son corps était toujours aussi immédiat.
– Assez souvent en fait, répondit-elle sans paraître s'apercevoir du trouble du Colonel. Après la mort de ma mère, mon père était souvent absent. Je crois qu'il ne supportait plus d'être dans une maison où elle n'était plus…
Il y eut un moment de silence. La voix de Sam était nostalgique, empreinte d'une tristesse sourde et Jack se reprocha de lui avoir rappelé de mauvais souvenirs. Il allait l'interrompre et changer de conversation lorsqu'elle reprit, comme si elle réalisait qu'elle s'était perdue trop loin dans les méandres de ses souvenirs :
– Mon frère et moi avons appris à nous débrouiller seuls. Alors, j'ai commencé à lui couper les cheveux et à l'aider à se raser. C'était plus simple que d'aller au coiffeur je suppose.
– Ah… Et il coupait les vôtres ?
– Non, j'avais les cheveux longs à l'époque.
L'image d'une autre Sam aux cheveux longs envahit l'esprit de Jack. Il se demanda si Carter ne portait les cheveux courts qu'à cause de la règlementation de l'Armée de l'Air… Il fut tenté de lui poser la question mais, il renonça. Il ne voulait pas évoquer son Double de l'univers alternatif et encore moins lui rappelé des moments douloureux de son adolescence.
Le cliquetis léger des ciseaux se fit entendre et les mèches commencèrent à tomber en pluie légère sur le sol. Une fois l'arrière terminé, Sam contourna Jack et vint se positionner face à lui. Elle l'observa un instant, évaluant sans doute comment l'approcher pour couper le devant sans forcer son espace personnel.
Jack la regarda. Il était détendu, les mains posées sur ses cuisses, les coins de la serviette pendant sur sa chemise au col ouvert. La voyant hésiter, il écarta plus largement les jambes, invitant tacitement la jeune femme à avancer. Sam sourit et fit un pas en avant. Ses genoux se calèrent entre les cuisses de Jack et l'homme lutta pour empêcher ses mains de se refermer à l'arrière de ses jambes fuselées.
Sam inspira lentement, se concentrant sur la tâche à accomplir plutôt que sur la chaleur qui rayonnait de Jack et qui allumait un brasier dans son ventre. Elle en profita pour glisser ses doigts dans les cheveux qui tombaient sur son front en mèches désordonnées. Ils étaient incroyablement doux et parsemés de fils d'argent sur les tempes. Jack ferma les paupières sous la caresse.
Sans un mot, Sam saisit le peigne puis les ciseaux et recommença à couper.
Lorsqu'elle eut terminé, elle recula pour vérifier son travail. Apparemment satisfaite, elle murmura :
– Ne bougez pas…
Jack la regarda aller jusqu'à la salle de bain et revenir avec le petit miroir qui pendait au mur.
Elle lui montra son reflet avec un sourire incertain, guettant manifestement sa réaction avec une soudaine inquiétude.
La coupe était propre et nette, moins stricte que ce qu'il obtenait à la base mais, agréable à porter. Elle avait pris soin de couper plus court sur la nuque que sur le dessus ce qui donnait un bel ensemble.
– C'est super ! merci, Sam !
Carter lui adressa un sourire, soulagée que la coupe lui plaise. Puis, elle lui fit signe de ne pas bouger et retourna à la salle de bain, chercher son rasoir et le savon à barbe.
Elle posa les instruments sur le plan de travail, à côté de l'évier et remplit un récipient d'eau claire. Sam commença par dégrossir la barbe aux ciseaux. Puis, armée d'un linge humide et chaud, elle se glissa à nouveau entre les cuisses de Jack et murmura :
– Penchez un peu la tête en arrière, s'il vous plaît.
Il inspira longuement et obéit, essayant de ne pas penser que la femme qu'il désirait plus que tout était si proche de lui qu'il pouvait sentir le parfum de sa peau et la chaleur de son corps pressé contre ses jambes.
Elle déposa le linge sur le bas de son visage, assouplissant le chaume qui recouvrait son menton et ses joues. Puis, elle fit mousser le savon, l'étalant en couvrant toute la barbe.
Durant les premières secondes, Jack sentit ses mains fines trembler légèrement et il fut tenter de lui dire de laisser tomber. Mais, bientôt, il l'entendit soupirer doucement et ses gestes se firent plus sûrs et plus doux. Un rapide coup d'œil vers le visage de la jeune femme lui apprit que son souffle était un peu plus rapide et qu'une délicate rougeur descendait sur son cou.
Le cœur de Jack frappa dans sa poitrine.
Sam se pencha un peu en avant pour attraper le rasoir posé sur l'évier et, dans le mouvement, elle fut légèrement déséquilibrée. Elle se rattrapa en posant sa paume droite sur l'épaule du Colonel tandis que les deux mains de Jack se refermaient sur sa taille pour la stabiliser. La cuisse de Sam avança légèrement, effleurant l'aine déjà tendue de Jack. Au contact, Sam recula doucement, la rougeur s'étalant délicieusement sur sa peau.
– Désolée… souffla-t-elle.
Sa voix était trop rauque pour être normale et Jack sentit son érection frémir en réponse. Il était impossible qu'elle n'ait pas perçu son excitation contre sa cuisse. Il libéra ses hanches et grogna :
– Pas grave, Sam. Tout va bien.
Il croisa son regard et nota ses yeux légèrement écarquillés par la surprise et ses lèvres à peine entrouvertes sur un souffle. Avec une brève inspiration pour retrouver ses esprits, Carter baissa les yeux, brisant la connexion.
Elle attaqua le rasage, progressant avec soin et prudence, de haut en bas, par petites touches, rinçant régulièrement la lame à l'eau froide.
Jack ferma les yeux, laissant les sensations intenses l'envahir totalement : la douceur de sa main qui tendait la peau avant le passage de la lame, le parfum de fruits de ses cheveux, la chaleur de son souffle qui courait sur sa joue. C'était un moment incroyablement tendre et intime.
Basculant sa tête un peu plus en arrière, Sam fit glisser la lame sous sa mâchoire et dans son cou. Elle songea un instant à ce qu'elle ressentirait si elle embrassait sa gorge, goûtait sa peau et sentait son pouls battre sous ses lèvres. Elle frissonna de désir, l'esprit soudain envahi d'images et du son qu'il ferait tandis qu'elle déposerait une ligne de baiser brûlants de son oreille à sa clavicule qu'elle apercevait dans le creux de sa chemise.
Jack sentit Sam se tortiller contre lui. Il lui jeta un coup d'œil intrigué et la vit discrètement serrer ses jambes l'une contre l'autre, comme pour soulager une sensation d'inconfort… ou d'excitation… O'Neill déglutit lourdement et remonta lentement ses mains en direction des hanches de la jeune femme. Il avait besoin de savoir s'il rêvait ou non l'effet qu'il lui faisait.
Sam sentit la chaleur des paumes du Colonel remonter le long de ses cuisses en un geste caressant avant de se refermer solidement sur ses hanches. Elle aurait dû s'écarter mais, le besoin de lui était si puissant qu'elle était réduite à un noyau de désir palpitant.
Elle laissa échapper un léger halètement qui envoya un éclair de désir dans le cœur de Jack. Elle ferma les yeux une seconde avant de continuer de le raser. Le mouvement du rasoir sur ses joues avait quelque chose d'hypnotique et de sensuel qui permettait à Sam de caresser son Commandant, sans culpabilité ni complexe.
La dernière ligne de mousse disparut et Sam émergea de sa rêverie érotique.
Récupérant le linge humide, elle essuya le menton et les joues désormais imberbes de Jack, apaisant le feu du rasoir.
Il lui fallut une seconde supplémentaire pour reculer, s'arrachant à regret aux mains de l'homme.
– Voilà, c'est terminé, annonça-t-elle.
– Merci.
Il ne se faisait pas confiance pour prononcer de phrase plus longue, encore aux prises avec un désir qu'il avait du mal à masquer.
Sam hocha doucement la tête et pivota vers l'évier pour reprendre le contrôle de ses émotions.
Jack disparut dans la salle de bain, le temps de ranger le miroir et le matériel. Lorsqu'il revint, tous deux avaient retrouvé leur sang-froid.
Ils mangèrent en tête-à-tête, bavardant pour combler le silence puis allèrent rapidement se coucher.
Une fois seuls, chacun dans son lit, Sam et Jack fixèrent le plafond en se demandant s'il y avait en définitive une petite chance que leurs désirs secrets soient partagés.
Jack mit longtemps avant de trouver le sommeil et lorsqu'il le fit enfin, ce fut pour rêver de son magnifique Second, incroyablement nue, blottie contre lui. Le murmure du halètement de Sam emplit ses songes au point d'éveiller Jack en sursaut, tremblant d'un désir brûlant que seule une douche froide put apaiser.
A suivre…
Si vous êtes nombreux à le demander, il y aura peut-être un autre chapitre ce week-end
A très vite !
