CHAPITRE 6 : Retour au quartier général

Hermione s'était mise à son aise, sur le canapé devant la cheminée, pour poursuivre l'étude des notes de Severus jusqu'à ce qu'elle distingue, à l'extérieur, le bruit caractéristique du transplannage. Avry se matérialisa à ses côtés, attendant lui aussi de voir son maître franchir le seuil de la maison. Prudente, la jeune femme s'était saisie de sa baguette et demeurait prête à agir.

La porte s'ouvrit et elle ne distingua pas grand chose mais, la voix qui lui parvint, elle, elle la reconnue aussitôt.

— Hermione, Avry, j'espère que vous passez une bonne soirée ?

L'elfe se mis à la disposition de son maître alors qu'Hermione avança de quelques pas vers l'entrée.

— Maître, vous ne voulez pas que je vous débarrasse de vos affaires ? questionna l'elfe.

— Non, ce ne sera pas nécessaire, je crois qu'Hermione et moi sortons ce soir, dit-il en posant son regard sur elle.

Il avait vu les balises prêtes déposées sur la table. Avry avait apporté l'Ombre du Phoenix le matin même.

Severus étudia la jeune femme qui avait tressé ses cheveux. Une longue natte était ramenée sur son épaule droite. Sa posture, elle aussi, avait changé, elle n'avait plus rien avoir avec celle des jours précédents.

— Vous semblez rétablie. Comment vous sentez-vous ?

— Plus aucune douleur comme vous l'aviez prévu. Et de votre côté ?

— La routine, répondit-il sombrement.

— Cela ne doit pas être facile. Toutes ces années passées à supporter cela, sans que personne ne sache...

Les mots avaient franchit la bouche de la jeune femme tout naturellement et elle s'en voulu lorsqu'elle sentit Severus se crisper.

— C'est mon devoir.

Severus redevenait distant mais Hermione pouvait comprendre cela. Il n'avait que faire de sa compassion et surtout, il ne voulait pas qu'elle le prenne en pitié car, malgré tout, il demeurait un homme fier.

A vrai dire, Hermione ressentait plutôt de l'admiration mais elle gardait cela pour elle.

— Je ne sais pas si j'aurais pu tenir dans de telles conditions.

— On ne se prépare pas à ce genre de vie, on la subit. Faites tout pour éviter cela, lui enjoignit-il serieusement.

Il semblait fatigué, ses yeux n'avaient pas leur éclat habituel et la jeune femme sentait qu'il se retenait d'être plus cassant encore. Merlin seul savait ce qui avait pu se passer durant ces dernières heures.

— Je me suis procuré tout ce dont nous aurons besoin pour travailler, poursuivit-il sentant certainement l'inquiétude chez elle.

Hermione aurait voulu lui demander s'il allait bien, trouver les mots pour l'atteindre, le réconforter, lui faire comprendre qu'elle le soutenait mais elle savait que ce n'était pas ce qu'il voulait, qu'agir ainsi lui rendrait les choses encore plus difficile.

— Parfait ! Alors, il temps pour moi de contacter l'Ombre.

HG-SS

Leur escapade nocturne resta très professionnelle, Severus était sur ses gardes, veillant à leur anonymat et à leur sécurité. L'enjeu ne permettait aucune distraction, leurs échanges étaient donc restreints au stricte minimum. Une fois les trois balises déposées dans des endroits quelques peu insolites et en faisant preuve d'une vigilance exacerbée, ils retournèrent au cottage. Il ne restait plus qu'à attendre la réponse codée qui indiquerait à Hermione le lieu de rendez-vous.

— Une fois le code reçu vous disposez d'une fenêtre de six heures pour vous rendre sur les lieux c'est bien ça ?

— C'est exact.

— Et d'ici combien de temps pensez-vous obtenir une réponse ?

— Au cours des deux prochaines heures si tout va pour le mieux.

— Dans ce cas, je vais retourner au château sans plus attendre.

— Déjà ? s'étonna-t-elle.

— Oui, il est important que je reste au contact des autres, plus j'en saurai sur leurs activités des prochains jours mieux ce sera pour nous. Le moindre petit détail peut avoir son importance ce n'est vraiment pas le moment pour moi de passer à côté.

Le principal était dit, il allait partir et elle ne savait que dire pour le retenir mais contre toute attente c'est lui qui reprit la parole, abaissant momentanément son masque d'espion.

— Hermione, je suis vraiment content que vous ayez retrouvé votre mobilité.

— C'est grâce à vos bons soins.

— Vous vous en sortez dans l'étude de la potion et du sortilège ?

— Oui, vos notes me servent beaucoup. Il y a malgré tout quelques passages qui demeurent abstraits pour moi, surtout pour ce qui touche à la magie noire comme vous pouvez vous en douter.

— L'important est que vous saisissiez les tenants et les aboutissants, pour le reste je vous guiderai.

— Vous ne voulez pas boire une tasse de thé avant de repartir ?

— Ce serait avec plaisir mais nous devons restez concentré sur nos objectifs respectifs pour le moment et puis, pour ne rien vous cacher, IL a réclamer ma présence à ses côtés cette nuit alors, je ne dois pas tarder.

— Oh, je vois.

Cela expliquait sa mine sombre. Et elle qui lui proposait un thé comme s'il avait le temps de se distraire.

Que pouvait-elle dire, lui souhaiter bon courage ? Lui dire de faire attention ? Lui demander plus de détails ?

— Vous n'avez pas besoin de dire quoique ce soit, la prit-il de court.

— Ni vous de me ménager dans ce cas.

— Je ne vous ménage pas. Ne vous inquiétez pas pour moi, contentez-vous de convaincre Minerva et Kingsley et de m'aider à mettre fin à tout cela.

HG SS

Hermione reçu une réponse de la résistance moins d'une heure après que Severus soit reparti et se rendit donc, seule, un peu avant l'aube, au point de rendez-vous. C'était un terrain de jeu pour enfants dans un quartier moldu aux abords de Londres. Une fois sur place, elle se plia à la procédure et aux tests de reconnaissance et de bonne foi qu'elle passa sans problème. Ensuite, on l'escorta par plusieurs porte-au-loin successifs jusqu'au QG. Ce dernier se situait dans une zone montagneuse entourée par des kilomètres de forêt. A vrai dire, il se trouvait à l'intérieur même d'une montagne, c'était un bunker version sorcier. Il avait été construit comme une immense pyramide avec tout un réseau de galeries magiques qui permettaient de circuler dans l'ensemble de la forteresse.

Comment les opposants à Voldemort s'étaient-ils retrouvés là ? Le mal dominait et un élan jamais vu de solidarité entre toutes les espèces s'était organisé. Physiques différents, modes de vie différents, magies différentes, croyances différentes, façons de communiquer différentes mais un seul et même ennemi qui venait détruire vos espérances, tuer des êtres chers, voler l'avenir de vos enfants ou encore les richesses de votre peuple, de vos terres... Cela créait des liens.

La résistance elle même n'était pas composée uniquement de sorciers même si ceux-ci restaient majoritaires. Bien sûr il y avait des sang-purs, des sang-mêlés et même quelques nés-moldus mais s'y trouvaient également des cracmols, des lycanthropes, des métamorphes, des nains, des géants, des elfes et toutes sortes d'autres créatures encore... Toutes les bonnes volontés étaient acceptées et c'était ainsi qu'un immense réseau clandestin avait vu le jour. Minerva avait contracté, au nom de Dumbledore, plusieurs alliances, dont une avec les gardiens de cette montagne, de petits êtres à l'allure raffinée, très farouches mais dotés d'un grand sens de l'honneur et qui possédaient, pour particularité magique, de percevoir et de lire les auras. Ces créatures très indépendantes et taciturnes jouaient pour eux un rôle de sentinelle et leur permettait de voir les ténèbres s'approcher de loin.

De nombreuses galeries serpentaient à l'intérieur de la montagne et également sous celle-ci. Le QG avait ainsi été découpé en plusieurs zones, la magie permettant des agrandissements et des aménagements qui défiaient toute logique. Ainsi, du sommet jusqu'à la base de la pyramide, on pouvait trouver une zone de protection/défense tournée vers l'organisation interne, une zone d'habitation constituée d'une multitude d'appartements privés pour les plus chanceux ou de dortoirs, une zone de vie commune où l'on trouvait un réfectoire, différentes boutiques, une zone d'apprentissage où des cours étaient régulièrement dispensés. Il y avait aussi une zone de transit destinée à filtrer les entrées et les sorties et enfin, une zone militaire tournée vers les opérations extérieures dans laquelle on pouvait trouver divers locaux comme des salles de réunions, de travail, d'entraînement ou encore une infirmerie et des geôles...

A peine arrivée sur place, en zone de transit, que deux personnes se jetèrent quasiment sur la jeune femme. En l'occurence, il s'agissait de Gabrielle et Ashley.

— Hermione, tu es vivante et en un seul morceau, c'est formidable ! s'exclama Ash en la serrant dans ses bras.

— Tout ce temps qui s'est écoulé sans aucun signe de ta part, nous commencions à perdre espoir tu sais, enchaîna Gabrielle les larmes aux yeux.

— Où étais-tu tout ce temps ? Comment as-tu échappé à Barton et ses hommes ?

— Raconte-nous ce qui s'est passé ? Tu sais qu'il a été tué ce soir là au moins ?

— Je suis désolée, je n'ai pas le temps de répondre à vos questions pour le moment, cela va devoir attendre, je dois m'entretenir d'urgence avec Minerva et Kingsley, c'est de la plus haute importance !

— Évidemment. Vas-y alors, ils t'attendent pour un debriefing de toute façon, lui précisa Gabrielle.

Hermione les laissa et se rendit sans plus attendre dans la salle de réunion, sous les regards curieux et les chuchotements des personnes présentes.

— Ma chère Hermione, l'accueillit chaleureusement Minerva. Je n'ai pas douté un instant de vous revoir.

— Merci Professeur. Il est bon d'être de retour.

— J'ai cru comprendre que tu avais des nouvelles importantes, si tu nous en disais plus, enchaîna Kingsley attentif tout en lui proposant de s'asseoir.

Mais à peine s'étaient-ils installés autour de la grande table qui servait habituellement aux réunions du conseil restreint de l'Ombre que la porte s'ouvrit avec fracas et que Ron fit son entrée.

— C'est donc vrai, tu es de retour ! fit-il l'air un peu hagard.

— Oui, Ronald, fit Hermione en se levant pour répondre à son étreinte.

Il avait les cheveux mi-longs et une barbe d'environ trois jours, il avait adopté ce nouveau look depuis la création de la résistance. Et cela n'avait pas été pour déplaire à la jeune femme qui avait vite apprécicié cette allure plus mature et viril. Hélas, son handicap récent avait rapidement ternie l'évolution du jeune homme vers un comportement plus adulte pour une attitude rageuse. Il n'avait plus grand chose du gamin un peu gauche qu'il avait été, il avait grandit comme eux tous mais il était devenu amer suite à sa blessure. Il avait l'air fatigué et lorsque les yeux de la jeune femme se portèrent sur sa jambe et sur la canne qui ne le quittait plus, elle se rappela combien la situation s'était dégradée et comme il payait chaque jour le fait de l'avoir protégé d'un maléfice qui lui était destiné.

— Tu m'as manqué, chuchota-t-il à son oreille.

— Je comptais bien sûr passer te voir, ainsi que Ginny et les autres avant de repartir.

— Repartir ? s'étonna-t-il.

— Oui, il s'est passé plusieurs choses importantes, je m'apprêtais à faire mon rapport.

— Bien, fit-il en se reculant, sa démarche bancale.

Il tira une chaise et prit place.

— Euh, Ron, je suis désolée mais tu ne peux pas rester. Ce que je m'apprête à dire, ne dois l'être qu'en présence de nos deux dirigeants.

— Voyons Hermione, c'est moi et je fais parti du conseil, s'étonna-t-il.

— Ce n'est pas la question Ron, insista-elle à contre-coeur, ce sont des informations sensibles, je préférerais donc que tu sortes.

— Il n'en est pas question, en quoi ma présence serait-elle un problème ! Que vas-tu leur dire que tu ne me révéleras pas ensuite de toute façon ? fit-il moitié rieur comme s'il ne la pensait pas du tout sérieuse.

— Pas cette fois Ron, lui intima-t-elle durement pour qu'il cesse de se méprendre.

— Je...

— Ronald, vous feriez mieux de sortir, intervint Minerva à son tour.

— Alors ça non, je ne crois pas ! Hermione, que se passe-t-il ?! Tu as appris quelque chose d'important, je le vois. Tu ne peux pas me laisser à l'écart ! fit-il accusateur cette fois.

— Je suis désolé Ron, j'ai promis à ma source de ne divulguer ces infos qu'à Minerva et Kingsley. Tu dois rester à l'écart pour le moment.

— Mais c'est...

— S'il te plaît. Je passerai te voir dès que j'en aurai terminé ici.

— Bien, si c'est vraiment ce que tu souhaites... abdiqua-t-il contrarié.

Il était douloureux pour la jeune femme de le mettre à l'écart mais elle n'avait pas le choix.

— On en reparlera tout à l'heure, rétorqua-t-il mécontent. Je vais prévenir Ginny que tu es de retour et je t'attendrai à la cafétéria de l'hôpital.

Ron parti, elle commença son récit sans plus attendre.

— Un précieux allié s'est révélé à moi. Barton est mort sous mes yeux, tué de sa main. Sans lui, je n'aurais pas survécu.

— Qui est-il ? Nous le connaissons ? interrogea Kingsley avide.

— Oui, il s'agit de Severus Snape, laissa-t-elle tomber posément.

Les yeux de Kinsgley s'agrandir d'un coup alors que Minerva se figea dans l'expectative.

Autant dire qu'elle ne se fit pas prier pour poursuivre ses explications.

— C'est lui qui a tué Barton me sauvant ainsi la vie. J'étais gravement blessée, il m'a remise sur pieds. Il n'est pas le traître que nous pensions, en réalité, on peut considérer qu'il a toujours été de notre côté. C'est Dumbledore lui-même qui a exigé de lui qu'il le tue ce soir là pour renforcer sa place auprès de Voldemort, tout était prévu entre eux. Severus était lié par un serment inviolable à Narcissa Malfoy afin d'exécuter la tâche qu'avait confié Voldemort à son fils s'il s'en montrait incapable, à savoir tuer Dumbledore. Le directeur était au courant de ce serment et il était mourant c'est pourquoi il a agit de la sorte, il voulait que sa mort serve à quelque chose. Il avait également confié des informations capitales au professeur Snape concernant Harry et la prophétie.

Kingsley s'apprêtait à intervenir mais elle le devança.

— Je sais ce que vous allez me demander, quelles preuves ais-je de cela ? Tout d'abord, sachez que je ne me suis pas montrée très réceptive au récit de Severus au premier abord. Je ne lui ai pas rendue la tâche facile, ça non, mais il a réussi à me convaincre et pour ce faire, il n'a pas eu d'autre choix que de me laisser voir certains de ses souvenirs. Il m'a donné ainsi force de détails prouvant ses dires.

Hermione n'avait pas manqué leurs regards surpris lorsqu'elle avait employé le prénom de son ancien professeur.

— Nous ne demandons qu'à vous croire Hermione mais il est un maître en légilimencie. Qui nous dit qu'il ne vous manipule pas ou qu'il n'a pas pu créer ces souvenirs de toutes pièces ? Il maîtrise nombre de techniques et de sortilèges qui nous dépassent...

— J'en suis bien consciente mais je peux vous garantir qu'il dit vrai, insista-t-elle. Rassurez-vous, je comprends vos interrogations et je me soumettrai à tous les examens que vous jugerez utiles. Mais, je peux vous assurer que ce que j'ai vu, ce que j'ai ressenti, son comportement, sans compter le fait qu'il m'a bel et bien sauvé la vie et que tout ce qu'il a évoqué s'est parfaitement imbriqué dans la réalité que vous et moi connaissons... Il est très fort, je vous l'accorde mais personne ne saurait tout faire concorder à ce point.

— Severus. C'est incroyable, je n'osais plus y croire... laissa tomber Minerva.

— Ce n'est pas tout, il y a plus incroyable !

Hermione les regarda tour à tour droit dans les yeux s'assurant de capter toute leur attention, avant de leur annoncer la nouvelle.

— Harry n'est pas mort.

— Quoi ?! Que viens-tu de dire ? s'exclama Kingsley alors que Minerva portait la main gauche à sa poitrine sous le choc.

— Harry est vivant.

Elle leur raconta alors tout ce qu'elle avait appris. Comment Severus et Harry avaient collaboré ensemble, comment ils avaient prévu de duper Voldemort, comment Dumbledore les avait chacun préparer à cette lourde tâche et bien entendu, elle en vint à la mission qui leur incombait maintenant à Severus et elle.

Minerva et Kinglsey étaient eux aussi plus que chamboulés d'apprendre une telle nouvelle. Si Minerva avait une totale confiance en elle et lui disait d'écouter son instinct et d'agir en son âme et conscience, ce n'était pas le cas de Kingsley qui se montrait plus réservé et plus prudent face à ces nouveaux faits. Il voulu plus de détails et il fit vérifier certaines des informations que lui avait transmis Severus par ses hommes. Il demanda aussi expressément à deux langues de plombs de les rejoindre et de vérifier une nouvelle fois qu'elle n'avait pas été torturée et n'était sous l'emprise d'aucun sortilège. Une fois rassuré, il se rangea à l'avis de Minerva et accepta que la jeune femme se lance dans cette mission.

— Je savais bien qu'Albus ne s'était pas trompé en lui faisant confiance. Severus a toujours eu quelque chose... je ne sais pas... et puis, lorsque nous nous sommes combattus dans la grande salle ce jour là, j'ai bien senti qu'il se retenait, commenta Minerva. C'est inespéré, cela nous ouvre de nouvelles perspectives. Si vous réussissez à ramener Harry, un nouvel espoir naîtra.

— Dis-nous ce dont tu as besoin pour cette mission, nous nous en occuperons, enchaîna Kingsley. Néanmoins, sache que si cela s'avère être un piège, nous ne pourrons pas engager nos troupes pour te sortir de là. Si tu acceptes de suivre Snape, tu le fais à tes risques et périls Hermione car nous ne pouvons pas prendre le risque de nous engager dans cette voie et que celle-ci nous condamne tous.

— Je comprends parfaitement et ma décision reste la même.

HG-SS

Après avoir réglé certains points de détails avec Minerva et Kingsley, Hermione rejoignit Ron à la cafétéria de l'hôpital, il n'avait toujours pas encaissé le fait d'avoir été mis à l'écart. Elle commanda deux cafés longs, pour Ginny et elle. Ron était déjà servi et elle était persuadée qu'il avait ajouté de l'alcool à sa boisson comme il avait coutume de le faire ces derniers temps, il s'était même mis à porter une flasque en permanence sur lui. Ce n'était pas une solution à son problème loin de là, Ginny et elle l'avait pourtant sermonné à ce sujet à plusieurs reprises, sans succès.

Une dizaine de minutes s'écoulèrent sans que Ron ne lui adresse véritablement un mot, il se contentait de bougonner et hausser les épaules. Heureusement, Ginny ne tarda pas à se montrer. Elle espérait que son maître d'apprentissage, le médicomage Bloom, ne l'avait pas réprimandée pour s'octroyer cette pause car, de ce que lui en avait dit Ginny, il était très stricte. Hermione était néanmoins heureuse que Gin soit occupée et autant investie dans son travail. En effet, depuis un an environ, alors qu'elle s'était comme figée dans un état second suite à la mort d'Harry et de Fred aussi, Ginny avait fini par reprendre ses esprits et retrouver sa volonté de se battre et de vivre. Son frère blessé, elle s'était décidé à devenir médicomage. Elle avait toujours aimé venir en aide aux autres. C'était une réelle vocation.

Une jeune femme élancée, une longue chevelure rousse tressée dans son dos la serra fort dans ses bras. Elle portait une tenue de médicomage classique si ce n'était le signe distinctif des apprentis, deux bandes violettes à la hauteur des épaules.

— Hermione ! Je suis si heureuse que tu sois en vie. Tu m'as fait peur tu sais. Quand Ash et Gaby nous ont raconté... J'ai bien cru que tu avais fini entre les pattes de cet abominable chasseur de primes, comme Colin... Comment t'en es-tu sortie, tu as été blessée ? Si tu savais comme je rageais de me savoir ici impuissante à cette idée !

— Ginny, je suis si heureuse de te voir.

Elle s'embrassèrent chaleureusement.

— Je vais bien mais je suis désolée je...

— mais je ne dois rien dire à personne ? l'interrompit Ron amer.

— Non, tu te trompes Ron, ce n'est pas ce que j'allais dire. Je suis désolée de t'avoir fait peur Gin, j'aurais aimé pouvoir te prévenir plus tôt mais cela m'était impossible. Je détiens des informations importantes et qui doivent restées confidentielles pour l'instant, Ron a du mal à le comprendre.

Ce dernier se renfrogna davantage. Ginny semblait plus compréhensive même si Hermione voyait bien quelle se posait des questions. Elle avait vraiment envie de leur en dire plus mais elle se devait de ne pas le faire.

— J'ai bien fait face à Barton et j'ai failli ne pas en réchapper, on m'est venu en aide, un allié dont l'identité ne peut pas vous être dévoilée pour l'instant. Il m'a sauvé, soigné et m'a apprit certaines choses sur nos ennemis. Je vais devoir le rejoindre pendant quelques temps. Il y a quelque chose d'essentiel que je dois l'aider à accomplir, quelque chose qui en vaut vraiment la peine. Minerva et Kingsley m'ont donné leur feu vert. Je suis désolée de devoir vous garder ainsi dans l'ignorance mais c'est impératif et je vous garantis que si tout se passe bien, les choses s'amélioreront grandement pour nous tous ici.

— Que de mystère, commenta Ron une nouvelle fois.

— Ron, l'asticota Ginny.

— Tss. Si tu supportes l'idée qu'Hermione s'en aille sans que nous en sachions plus et ce, pour une mission dangereuse avec un soit-disant allié qui sort de je ne sais où, tant mieux, mais moi cela ne me suffit pas !

— Et moi je dis que tu ferais mieux de profiter de sa présence avec nous au lieu de te braquer de la sorte ! Tu le regretteras une fois qu'elle sera partie, comme tu regrettes la plupart du temps de te comporter ainsi.

— Harry lui, n'aurait pas accepté si facilement, rétorqua-t-il avec colère.

Le sourire de Ginny s'estompa et ses yeux se voilèrent suite à cette remarque. Ron avait réussi a gâcher ce moment.

— Tu vois Hermione c'est de ta faute tout ça ! l'accusa-t-il vainement en prenant conscience de l'impact de sa réflexion sur sa sœur. Tu n'as qu'à partir faire cette mission ultra secrète et continuer à croire que tu vas réussir à changer nos misérables vies, termina-t-il en se levant dans l'intention de partir.

Hermione se leva à son tour et attrapa sa main libre, l'obligeant à se retourner.

— Attends Ron ! Où vas-tu ? Tu ne peux pas partir comme ça ?!

Elle le vit crisper les mâchoires alors qu'il se retrouvait en appui sur la jambe qui le faisait souffrir.

— Et pourquoi pas ?! Je suis visiblement trop curieux et mon opinion ne semble guère compter à tes yeux mais, je te comprends, que faire de l'avis d'un infirme ?!

— Ron, arrête, s'il te plaît, tu dis n'importe quoi ! Rien ne me ferait plus plaisir que de t'avoir à mes côtés.

— Tu en es sûr ? Tu as trouvé un nouveau partenaire apparemment, fit-il méprisant.

— Je t'ai attendu Ron, je t'ai soutenu pendant des mois ! Nous devons tous nous battre pour continuer à vivre dans ces conditions, blessés ou non, mais ça tu ne le vois pas !

— Peut-être que je fuis la situation dans laquelle je me trouve mais c'est mon droit tout comme c'est le tient de fuir en mettant sans cesse ta vie en danger !

— Je ne mets pas sans cesse ma vie en danger. Et laisse moi te dire que tu n'aides pas Gin en agissant de la sorte et qu'Harry ne serait pas fier de toi !

— Lâche moi Hermione, tu n'es pas ma mère, fit-il d'un ton lugubre en se dégageant cette fois.

Il se figea un instant.

— J'ai fait des efforts mais rien ne s'arrange alors je me suis fais une raison c'est tout. Nous nous battons depuis que nous nous sommes rencontrés, depuis notre première année à Poudlard et voilà où cela nous a mené.

La jeune femme ressentie tout son désespoir et sa détresse et cela lui fit mal. En plus, il y avait là comme un double discours, pouvant se rapporter à leur lutte commune contre le mal et leurs difficultés à être ensemble, à former un vrai couple.

— Je tente tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider et Gin aussi, tu n'as pas le droit de nous repousser de la sorte. Les choses peuvent être différentes Ron mais cela ne tient avant tout qu'à toi, tu ne peux pas me reprocher de continuer à avancer. Tu dois trouver un moyen de...

— C'est si facile à dire pour toi, tu ne sais pas ce que c'est ! Toi tu as toujours été la plus forte d'entre nous. Tu veux que je te dise Hermione, les choses pourraient être différentes c'est vrai, tu as raison. Elles le seraient, si je n'avais pas pris ce foutu maléfice à ta place !

Il lui lança un dernier regard, froid, puis s'en alla.

Il fallu quelques minutes à Hermione pour encaisser ces paroles d'une grande violence. Puis, elle se forca a prendre une grande inspiration et les chassa de son esprit. C'était dans ce genre de moment qu'il ne fallait pas fléchir et contenir les émotions qui menaçaient de la submerger. Surtout quand cela appuyait où cela faisait le plus mal. Elle rapprocha sa chaise de celle de Ginny qui était restée muette tout au long de leur échange.

— Ca va ? lui demanda-t-elle en passant un bras sur ses épaules et en collant sa tête à la sienne dans un geste affectueux.

— Je ne supporte plus ce genre de conflit. Comment pouvons-nous en arriver là ? Nous sommes en vie, tant n'ont pas cette chance.

— C'est dur, je sais. Parfois, je me dis que les choses sont plus difficiles pour ceux qui restent. Ron est dans une mauvaise passe.

— Ce n'est plus juste une mauvaise passe Hermione, il a changé.

— Nous avons tous changé.

— Je suis désolée qu'il t'ait parlé ainsi.

— Il est en colère et il en dit plus qu'il n'en pense en réalité nous le savons bien toutes les deux. Il ne sait sans doute pas comment agir autrement et malheureusement nous ne pouvons pas le faire à sa place.

— Depuis qu'il a appris ta disparition c'est comme si tous les efforts qu'il avait fourni jusqu'ici c'étaient évanouis. Il se laisse aspirer par cette noirceur qui le ronge.

— Oui, j'ai vu. Je crois qu'il a surtout peur que tout ce que nous entreprenons ne conduise qu'à plus de douleur.

— Cela va trop loin, il a arrêté de prendre le traitement que nous avons mis au point et il refuse que nous continuions nos recherches pour sa jambe. Je ne comprends pas. En quoi arrêter de se battre améliorera quoique ce soit ?!

— Je partage ton désarroi Gin mais nous avons fait ce que nous pouvions, il doit lui même trouver la force de se battre. Je pense que nous avons tous un rôle à jouer si nous le souhaitons vraiment et qu'il y a plusieurs manières de contribuer à cette lutte contre les ténèbres. Ron doit trouver à quoi se raccrocher. Bien sûr, certaines personnes sont trop lâches mais, ce n'est certainement pas le cas de Ron. Il est capable de remonter la pente par lui même j'en suis persuadée.

— Oui, on a parfois besoin de se perdre pour mieux se retrouver, je le sais bien.

Elles se sourirent mutuellement.

— Pour le moment, c'est à nous de nous montrer fortes et de ne pas nous laisser entraîner dans sa dépression, dit fermement Hermione.

A cet instant, se retenir de dire la vérité à son amie était une véritable torture pour elle. Elle se sentait mal.

— Cette mission dont tu parles, je sens qu'elle est particulière.

— Oui. Ce sera quitte ou double.

— Et si tu ne reviens pas ?

— Si je ne reviens pas ? Hermione pris ses mains dans les siennes et mis le plus de conviction possible dans ses paroles. Si je ne reviens pas, alors tu devras te montrer forte, encore plus forte que tu ne l'as déjà été jusqu'ici. Tu ne devras pas abandonner. Jamais. Tu m'entends ? Tu devras tout mettre en œuvre pour vivre le mieux possible et tenter de trouver un peu de bonheur même si c'est difficile.

— Ron a peut-être raison sur un point. Pourquoi serait-ce à toi de prendre ce risque ?

— C'est mon choix Gin. Me battre, défendre mes convictions et ceux en qui je crois. C'est ce que je veux. C'est ce que j'ai toujours fait et c'est ce que je continuerai à faire tant que je le pourrai.