Je ne possède aucun des personnages de la sérié télévisée.

Un recueil de textes courts sur l'univers de Leverage nous plongeant dans un instant ou une pensée des protagonistes de l'histoire

La journée devait être tranquille. Eliot ayant décidé de refaire la carte de la brasserie et de préparer les plats pour les faire tester à ses amis, sauf que parfois, il suffit de pas grand chose pour que tout change.

Ce texte a été écrit à cause de NuwielNew, oui, elle en porte toute la responsabilité. Elle m'a dit "tu ne peux pas écrire du drama avec une râpe à fromage au milieu", mais si ! Défi relevé !

En espérant que cela vous plaise

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


MAUVAISE CUISINE

Il y avait des jours où rien ne se passait comme c'était censé se dérouler. En déménageant à Portland, l'équipe pensait avoir laissé le plus gros de leurs problèmes derrière eux, sauf qu'Eliot avait un passé assez lourd. Ses problèmes ne se limitaient donc pas aux ennemis qu'ils avaient pu s'attirer depuis quatre ou cinq ans. Il y avait des personnages bien plus effrayants dans son passé. Des types comme Moreau ou des anciens mercenaires pour lesquels sa retraite impromptue faisait penser à de la trahison et puis, bien sûr, il y avait tous les ennemis qu'ils s'étaient fait dans son autre vie.

Le problème était justement là en ce moment. Tout à la conception de sa nouvelle carte pour le restaurant de la brasserie, il n'avait pas levé la tête de son plat lorsqu'un pas lourd s'était fait entendre dans son dos. Ce bruit ne correspondant pas aux pas de ses amis, il s'était contenté de ronchonner.

- Nous ne sommes pas encore ouverts.

- Même pour les très vieux amis ?

Eliot avait sursauté. Cette voix, il la connaissait et elle n'annonçait rien de bon. Automatiquement, il avait pivoté tout en attrapant l'un de ses couteaux de cuisine, mais il lui avait fallu une fraction de seconde de plus que le type en face de lui et il avait été accueilli par un grand coup de poing au visage. Déstabilisé, le jeune homme avait heurté violemment son plan de travail, renversant à peu près tout ce qui se trouvait sur ce dernier, y compris sa préparation, ce qui le mit tout de suite de mauvaise humeur.

En face de lui, un type le dépassant de deux têtes avec une cicatrice à la lèvre et des cheveux blonds coupés en brosse, lui lança un regard mauvais.

- Qu'est-ce que tu croyais Spencer, que tu pourrais disparaître sans régler ta note ?

- Colin, je ne t'avais pas jeté d'un hélicoptère ?

- Ce n'était pas suffisant, tu aurais dû me tuer !

Le couteau toujours à la main, le type fondit sur Eliot. Heureusement, le jeune homme avait eu le temps de se reprendre et il lui bloqua la main pour ne pas se faire transpercer. Toutefois, se retrouver coincé entre la table et la masse de son ennemi n'était pas une situation enviable. Il fallait qu'il se sorte de là rapidement. Rassemblant ses forces, l'ancien mercenaire repoussa son assaillant avant de lui passer un coup de dans le genou qui le fit hurler de douleur. Il en profita donc pour s'extraire de cette position précaire et l'attaqua à son tour. Toutefois, Colin se reprit et les lames de leurs poignards s'entrechoquèrent pendant plusieurs coups avant qu'Eliot ne parvienne à entailler, le torse de son adversaire. Ce dernier porta la main à la fine plaie pendant qu'Eliot lui envoya un léger sourire.

- Tu peux encore partir.

- Oh non Spencer ! Je suis venu te faire payer.

Il y avait tellement de rage et de colère dans ces quelques mots qu'Eliot sentit son inquiétude monter d'un cran. Oh pas pour lui, mais pour ses amis. Si jamais l'un d'eux se pointait, ce dingue serait capable de le tuer et ça, Eliot ne le supporterait pas, pas à cause de lui. Alors, sans lui laisser le temps de se ressaisir, il lui fonça dessus. Colin fut déstabilisé par son attaque et Eliot mit ces quelques secondes à son avantage. Il lui tordit le bras, éloignant la lame de son ennemi et s'apprêtait à le neutraliser, lorsque son regard fut capté par la camionnette d'Hardison en train de se garer qu'il venait d'apercevoir par la fenêtre.

Toutes ses craintes remontèrent d'un coup et il se déconcentra une fraction de seconde. Juste quelques millièmes, mais cela suffit. Colin en profita pour lui donner un coup de poing qui l'étourdit avant de le repousser contre la table et de foncer sur lui. Eliot tenta de se protéger, mais cette fois, le poignard glissa sur son bras et s'enfonça profondément dans son côté gauche. Le jeune homme laissa échapper un cri de douleur pendant que Colin ricana, appuyant plus fort sur le manche pour faire pénétrer toute la lame dans le corps de son adversaire tout en le désarmant de l'autre main. Eliot entendit son poignard tomber sur le sol, mais fut bien incapable de faire un geste pour l'empêcher. La douleur était si violente, qu'il devait déjà lutter contre l'abysse qui tentait de le happer.

- Je te l'avais bien dit Spencer !

Eliot gémit doucement. La douleur, le poids de son adversaire qui l'avait à moitié renversé sur le plan de travail. Il était à deux doigts de perdre connaissance, mais il ne pouvait pas le faire. Hardison allait arriver. Ce malade risquait de s'en prendre à lui. Alors, il serra les dents, tentant de chasser les points noirs devant ses yeux et attrapa le saladier qu'il renversa sur la tête de son adversaire. Colin recula, retirant sa lame de la poitrine de sa victime. Eliot gémit et faillit s'écrouler, mais il se cramponna à la table et parvint à se maintenir sur ses jambes pendant que l'une de ses mains glissa à sa blessure. Il perdait trop de sang, trop vite, il devait le mettre K.O rapidement.

Colin s'essuya les yeux et poussa un cri de rage avant de foncer sur Eliot à demi effondré. Dans un réflexe de survie, le jeune homme empoigna le premier objet qui lui passa sous la main et grimaça en observant sa râpe à fromage. Ce n'était pas réellement ce qu'il aurait voulu, mais au moins il parvint à parer le nouveau coup de lame que tenta de lui porter son adversaire.

- Une râpe ? ça se gâte Spencer, tu vas crever !

Eliot ne pouvait pas vraiment le contredire. S'il se contentait de cette râpe à fromage, il n'irait pas loin, mais c'était déjà mieux que rien. Il fallait juste qu'il trouve une idée et une arme moins ridicule.

- Tu veux me faire une manucure ? Demanda Colin.

Eliot frémit, pensant pour lui-même.

- Je vais te la faire avaler, on va voir qui va se marrer !

Du regard, il chercha quand même une arme plus appropriée. Le souci, c'était que les couteaux étaient soit sur le sol, donc hors de portée pour l'instant, soit dans les tiroirs. Colin tenta de nouveau de le frapper, mais Eliot para une nouvelle fois le coup avec son arme improvisée avant de lui jeter la râpe au visage et de tendre le bras sans s'effondrer pour empoigner un wok, qui ferait sans doute une arme plus efficace.

Le tueur chargea une nouvelle fois. Du wok, Eliot dévia sa lame avant de lui donner un coup le plus violent possible à la tête avec. Coin chancela et Eliot, se redressant un peu le désarma avant de lui asséner deux coups de plus avec le wok. Colin tomba à genoux et encaissa un dernier coup qui l'envoya rouler au sol, inerte. Eliot l'observa quelques secondes avant de lâcher le wok et de se mettre à gémir. La douleur lui coupait les jambes et il tenta de se rattraper au plan de travail, mais il savait qu'il ne tiendrait plus très longtemps.

- Eliot !

A l'appel de son prénom, l'ancien mercenaire tourna la tête vers la porte, croisant le regard inquiet et choqué d'Hardison auquel il tenta de sourire.

- Tout va bien…

Jamais cette phrase n'avait été aussi fausse pourtant. Ses jambes cédèrent et Eliot s'écroula sur le sol.

- Non ! Eliot ! Hurla Hardison en courant vers son ami. Eliot !

Le jeune geek enjamba le désordre et glissa même sur la fameuse râpe à fromage avant de pouvoir se jeter à genoux sur le sol.

- Eliot !

Il glissa un bras sous le corps de son ami, le soulevant doucement pour l'allonger dans ses bras.

- Eliot !

Le regard bleu de ce dernier se posa sur son visage pendant que son corps se mit à trembler.

- Hardison… Fais attention, je ne sais pas si je l'ai assommé pour de bon. Je…

- Chut Eliot. Je pense qu'il a son compte.

- Fais attention, ne reste pas là, je…

Sous l'effet de la douleur, Eliot gémit, incapable de terminer sa phrase. Hardison raffermit sa prise sur lui et tendit le bras sur le plan de travail pour attraper un torchon propre qu'il mit en boule avant de le plaquer sur la blessure de son ami tout en lui parlant.

- Chut… Je te promets que tout va bien. Ça va aller Eliot.

Mais le jeune geek ne savait pas si ces mots étaient pour son ami ou pour lui. Il était terrorisé par la situation… par la douleur d'Eliot, par ses tremblements, par son sang qui s'étalait trop rapidement sur ses doigts, par ses yeux qui luttaient de plus en plus difficilement pour rester ouverts.

- Allez Eliot ! Accroche-toi !

- Hardison, ne reste pas là… S'il se réveille… Murmura du bout des lèvres son ami sombrant de plus en plus dans une semi inconscience douloureuse.

- Non ! Reste avec moi ! Lui répliqua Hardison en manipulant sa tête pour tenter de le forcer à garder les yeux ouverts.

Eliot frémit et s'autorisa un léger sourire quand son regard épuisé accrocha celui de son ami.

- Merci Hardison…

- Merci ? Mais pourquoi ? Lui répliqua ce dernier qui luttait toujours contre son hémorragie.

- Pour tout ça… Cette brasserie… J'ai presque cru que je pouvais oublier le reste et…

Eliot se tut pour tousser. Son corps tremblait de plus en plus. Il était au bout de ses forces. Hardison frémit et glissa ses doigts dans sa poche pour en sortir son smartphone.

- Tu es Eliot Spencer ! Tu as survécu 80 jours dans une prison birmane, tu ne vas pas mourir d'une manière aussi bête. Accroche-toi frère !

Eliot sourit. Il y avait une telle détermination dans sa voix. Il aurait aimé lui obéir, mais il se sentait épuisé. Il avait froid. Ce n'était pas bon signe. C'était justement parce qu'il avait survécu à des situations extrêmes qu'il connaissait son corps et il savait… Il savait qu'il était en train de lâcher. La voix d'Hardison lui hurla des encouragements qu'il entendit comme venant de plus en plus loin avant de s'estomper, avant que le noir ne cède et qu'il perde connaissance dans ses bras. Une dernière pensée lui traversa l'esprit.

- Je suis désolé Hardison…