Il fait chaud, j'en ai marre, je veux de l'automne, rien que de l'automne et ses pluies, le brouillard du matin et le piquant du vent…

Putain, j'ai hâte d'octobre.

Je croise les doigts pour que ce chapitre vous plaise, au moins une lichette ! C'est un peu difficile de retrouver une qualité d'écriture convenable à mes yeux… Mais au final, c'est toujours passionnant de se retrouver face à un challenge et j'apprécie me dépasser ! Donc j'espère que vous vous faites pas trop chier en attendant XD.

Sur ce, très bonne lecture, bon courage pour cette rentrée scolaire ou pas ^^ !

Disclaimer : C'est du monster-fucker. Je le redis, je le redirais toujours.


Chapitre 2 : «Eij… Eij, me dit pas que... »

« Tout ça, c'est bien beau, mais là, on est coincés… »

Eijirô plissa le museau, oreilles un brin rejetées en arrière et paupières à moitié fermées, comme s'il réfléchissait intensément, avant de se mettre à se gratter consciencieusement derrière l'une de ses oreilles.

« Tu ne m'aides pas du tout, amour. » soupira Izuku, le regard fixé sur le parking de l'hôpital dans l'espoir d'y dénicher un petit miracle.

Rejoindre le complexe hospitalier avait été un quasi-jeux d'enfant : leur appart se trouvait pas loin du Sumida, longé par un chemin un peu isolé et mal-éclairé absolument parfait pour emmener un humanoïde-loup quelque part en toute discrétion. Il avait bien eu une frayeur quand un promeneur très tardif - ou très matinal - s'était pointé, mais il avait fort heureusement choisi un autre chemin avant de les croiser et Eijirô n'avait pas bronché.

Arriver dans le quartier, easy-peasy lemon squeezie, comme aurait dit Kaminari. Se faufiler jusqu'à la ruelle adjacente de l'hôpital ne leur avait demandé qu'un brin de timing pour ne pas se faire attraper par une joggeuse résolument matinale. En revanche, accéder à l'intérieur de l'hôpital était une autre affaire sur laquelle Izuku bloquait résolument depuis déjà dix minutes, sans aucune idée de génie.

Sa notoriété lui interdisait de se pointer tout simplement à l'accueil avec sa boule de poil géante sans irrémédiablement attirer une attention démesurée sur son compagnon et l'univers savait à quel point Eijirô détesterait voir son alternatif-loup dans tous les magazines people pour les trois prochains mois à venir, sans compter les milliards de questions dans toutes ses interviews à venir. Il voulait même pas imaginer les réactions des fans sur internet.

Rentrer en secret, donc. Bien, bien, bien. Facile à faire, si l'on omettait les dizaines de caméras de surveillance rien que pour les bâtiments hospitaliers et le quartier bardé d'appart étudiants bien trop prompts à dégainer leurs portables, sans compter les trois journalistes qui zonaient continuellement autour de l'hôpital dans l'espoir d'obtenir de bons clichés des héros mâchurés en sortie de mission.

Le van crasseux du début du parking pourrait offrir une bonne cachette provisoire, mais il n'était pas certain que leurs masses combinées puissent se cacher derrière en toute tranquillité et même si c'était le cas, où aller ensuite ? Derrière la voiture blanche plus loin ? Même accroupi, Eijirô ne tiendrait jamais. Le seul autre véhicule assez large pour le dissimuler, c'était une ambulance, garée de l'autre côté du parking et juste à côté d'une porte de service potentiellement utilisable pour infiltrer l'hôpital, sauf que jusqu'à l'ambulance, en raison de l'heure matinale, il n'y avait guère d'autres véhicules. Traverser le parking, même pas en rêve, donc.

Il aurait bien voulu passer à l'agence pour récupérer deux trois gadgets de Mei mais l'idée de croiser des collègues, ou pire, des journalistes, l'en avait dissuadé. Enfer et damnation.

« Si tu as une idée brillante, c'est le moment de la balancer. »

Le museau d'Eijirô pointa le haut du mur au-dessus d'eux et Izuku releva un sourcil, dubitatif.

« Le toit ? Mais on va se faire remarquer en trente secondes. Et si je peux grimper facilement, tu fais comment toi ? Tu montes l'échelle de secours sur les quatre étages avec tes grosses pattes ? »

Reniflement dédaigneux de la part du loup, qui considéra vraisemblablement la discussion comme close et laissa Izuku retourner mentalement l'histoire du van et du parking, en allant pour sa part inspecter un sac abandonné. Plus proche du bout de tissus que d'un vrai sac, d'ailleurs.

Putain, être bloqués à cent mètres de l'hôpital, c'était rageant, il ne pouvait pas laisser Eijirô ainsi et il allait bientôt devoir reconsidérer son refus absolu d'exposer son compagnon à la fureur médiatique. Mieux valait un bad buzz qu'un effet secondaire d'alter qui s'éternisait. Et il devait bien avouer qu'il commençait à en avoir ras la casquette de la force surhumaine de son mec : si encore un seul de leur placard se retrouvait sur le sol à cause d'un mouvement trop brusque d'Eijirô, il hurlait.

« À moins que je ne sorte le spécialiste pour qu'il vienne t'examiner ici ? »

Un seul regard en direction d'Eijirô, qui reniflait désormais avec conviction un container de poubelle, le dissuada avec toute sa chance et l'absence de réflexion du loup, il allait revenir dans une ruelle vide et entendrait parler aux infos du soir du loup exceptionnellement gros tué par les forces de l'ordre. Hors de question.

« Je peux éventuellement l'appelééé-éééééé hooo, tu fais quoi là ?! » piaula Izuku en perdant l'équilibre, la faute à la tête d'Eijirô se faufilant entre ses jambes jusqu'à le soulever complètement. « Tu fous quoi ? Eij ?! »

Le loup s'ébroua légèrement pour assurer sa position, roulant des épaules l'une après l'autre pour installer Izuku sur son encolure même, les jambes juste derrière ses clavicules et avant que le vert ne réalise qu'il se trouvait assis à califourchon sur le dos de son géant de loup de fiancé, ce dernier sauta.

Un bond prodigieux. Sans élan ni préparation, Eijirô atteignit la moitié de l'immeuble, là où ses pattes avant s'enfoncèrent dans le mur comme dans du beurre, arrimant loup et passager à la paroi verticale sur laquelle il continua de courir comme si ne rien n'était. Il remonta jusqu'en haut du bâtiment en une poignée de seconde durant lesquelles Izuku peina à réaliser ce qu'ils étaient en train de faire, son esprit focalisé sur l'idée de bien s'accrocher à l'échine de son mec pour ne pas tomber. Ce qui était une idée particulièrement bonne lorsque Eijirô hissa sa carcasse sur le toit en un unique mouvement fluide, pas du tout gêné par la gravité et le poids mort que représentait Izuku.

La traversée du toit, une course si rapide que le monde semblait flouté autour d'Izuku, noya l'esprit du vert sous un flot de réflexions analytiques n'ayant absolument rien à faire là, mais qu'il n'arrivait pas à endiguer : les pattes d'Eijirô le propulsaient effectivement à une vitesse ahurissante, diablement efficaces et son étrange anatomie lui offrait une capacité de détente totale de sa colonne vertébrale. Une machine de course redoutable.

La queue en balancier, Eijirô franchi le vide entre leur immeuble et celui d'à côté sans avoir l'air plus dérangé que s'il venait de passer du salon au bureau et son corps se courba en douceur, sans ralentir sa course. Le loup gravi avec la même facilité le haut bâtiment adjacent, laissant derrière lui une traînée de briques éraflées, gravées de ses griffes et de la vélocité de son déplacement.

Passer par les toits, une idée de génie avec la vitesse d'Eijirô dans la balance, qu'il aurait dû prendre en compte. Une vague culpabilité fronça les taches de rousseur quand il songea qu'il considérait jusqu'à présent le loup comme tout juste assez intelligent pour ne pas manger le plastique enveloppant les petites brioches. Sauf que là, qu'Eijirô suive un plan réfléchi était une évidence, au vu de sa trajectoire calculée qui les amenait à toute berzingue vers le bâtiment haut le plus proche de l'hôpital, parfait pour...

Izuku blêmit, maudissant sa lenteur d'esprit et tapota frénétiquement l'épaule poilue devant sa jambe :

« STOP ! On peut pas sauter cette distance ! Eij ! Ça fait au moins une centaine de mètres, même pour toi, c'est trop loin, stop, stop, arr... »

Sa dernière syllabe lui rentra dans la gorge sous l'embardée d'Eijirô, qui sauta au-dessus du vide. Une centaine de mètres à tout casser, sans rien sous les pattes du loup qu'une étendue de route et de parking. Sans l'assurance que son alter le sauverait aisément en cas de chute, Izuku aurait été terrifié de ce saut improbable, mais il se cramponna à la fourrure de son fiancé en serrant un brin les cuisses pour assurer son assiette et ne pas faire vaciller leur centre de gravité. C'était surréaliste. Complètement surréaliste et improbable et ça battait haut la main la transformation d'Eijirô dans la catégorie du n'importe quoi.

Eijirô retroussa ses pattes aux abords du toit de l'hôpital en les rassemblant sous lui, technique de chat pour amortir le contrecoup de l'atterrissage, assez violent en dépit de cette précaution pour que le choc se répercute le long des os du loup jusqu'aux jambes d'Izuku. Mal préparé, il heurta l'échine d'Eijirô trop brusquement, vidant ses poumons sous l'impact.

« Ho merde... Je l'avais pas vu venir celle-là. Tu peux sauter combien ? »

Les oreilles d'Eijirô se couchèrent brièvement avant de repointer vers l'avant et Izuku haussa les épaules :

« Évidemment. Sache que si tu restes sous cette forme, je vais te faire passer au moins une vingtaine de tests pour savoir tout ce que tu peux faire. »

Le grognement du loup se passait de traduction, de même que l'infime tressaillement dans la fourrure qui le fit sourire. Avec une grattouille derrière les oreilles, il descendit précautionneusement du dos d'Eijirô, évaluant par habitude la distance qu'ils venaient de sauter depuis l'immeuble surplombant le complexe hôtelier. Ce qui lui rappela au passage que ledit immeuble renfermait une foule d'habitants dont les rares éveillés avaient une petite probabilité d'être à leurs fenêtres et d'avoir donc peut-être vu un loup géant sauter de leur toit jusqu'à l'hôpital. Sans parler du bruit des pattes sur les bâtiments.

« Allez, grouille ! »

Il y avait une porte, il y avait toujours une porte, déjà par précaution de sécurité et pour des raisons de maintenance, même sur le haut de ce bâtiment-ci, qui n'était pas celui qui accueillait la plateforme atterrissage d'hélicoptère pour les urgences. Izuku trouva vite la porte d'entrée, dûment fermée, mais un coup rapide du poing enduit d'énergie sur la poignée fit sauter le verrou instantanément.

Si l'escalier déglingué qui menait au dernier étage du bâtiment était aussi engageant qu'un décor de film d'horreur, au moins il n'y avait pas de caméra de sécurité, ni de système d'alerte – une faille majeure dans le système de sécurité de l'hôpital, un peu incompréhensible compte tenu du type de patient accueilli. Mais il allait pas s'en plaindre.

Et les marches glissaient beaucoup, ronchonna Izuku en descendant précautionneusement, pour réaliser à mi-parcours qu'Eijirô ne l'avait pas suivi.

« Ba alors ? Tu viens ? »

Gémissement angoissé devant la porte, le loup se couchant jusqu'à avoir le museau au ras de la première marche, avec toute la tristesse du monde dans les yeux et Izuku essaya désespérément de ne pas laisser le défaitisme envahir son être à la vue de ce nouveau problème.

« Viens Eij, il faut qu'on y aille. » et devant le néant de réponse, il enchaîna « Enfin, tu sais bien qu'on doit entrer là-dedans, il faut qu'on aille voir le médecin. Tu te rappelles ? »

Qu'Eijirô soit capable de concevoir un plan avec des calculs de vitesse, de distance et de capacités physiques personnelles, pour les amener en un seul morceau sur le toit du bâtiment, en dépit d'un saut d'une centaine de mètres dans le vide, et que pourtant il bloque sur un simple escalier, ça dépassait sa logique. C'était quoi, des éclairs de génie durant lesquels il récupérait un brin son intelligence et sa compréhension humaine ?

Ou alors, il était victime de crise de régression canine et fallait que ça tombe là, maintenant.

« Eij, allez, viens. Descends mon cœur. »

Le loup émit une suite de plainte entrecoupée de reniflement, se redressa pour poser une patte sur la marche et se raviser immédiatement, petit tour sur place et recouchage malheureux avec couinement.

« Tu peux le faire, c'est rien qu'un petit escalier, tu vas pas avoir peur d'un escalier alors que tu fais trois mètres de haut, quand même ? »

Le regard de chien battu d'Eijirô failli le faire remonter pour lui faire un câlin – si tant est que le mot câlin puisse s'appliquer à un affalement dans les règles de l'art sur sa fourrure – histoire de le rassurer un peu, mais il fallait absolument qu'il le fasse descendre.

« Eij, mon amour, tu peux le faire. Vas-y, essaie, rien qu'une patte sur la première marche, allez mon cœur. » commença Izuku, en une litanie qu'il espérait suffisamment imbibée d'amour et de douceur pour faire bouger la grosse bestiole.

Eij tournoya, examina la marche, se remit sur ses pattes et envisagea la première marche, renifla attentivement cette dernière, re-gémit de tristesse, fit deux tours sur lui-même et enfin, enfin, posa la patte dessus, attentif comme s'il venait de marcher sur une mine.

« C'est bien ! Super, t'as fait le plus dur ! »

Le loup resta immobile une bonne minute, à sans doute tenter de déterminer s'il était en train de se faire empoisonner par cette maudite marche, puis tenta de déposer délicatement sa seconde patte. Toujours pas d'empoisonnement ni d'électrification et une flopée d'encouragement de la part d'Izuku le fit descendre les marches précautionneusement, oreilles couchées en arrière, raide comme la justice.

« Bravo amour ! Tu vois, c'était pas si terrible, t'es pas mourru. »

Et il n'avait pas perdu sa susceptibilité, vu le froncement de museau qui dévoila les crocs en guise d'avertissement. Heureusement pour eux, la porte s'ouvrait directement sur le service du dernier étage, auquel Izuku jeta un coup d'œil pour vérifier qu'à une heure si matinale, il n'y avait bien personne dans les couloirs. Une rapide vérification visuelle lui confirma que les caméras étaient bien toutes braquées sur les portes des salles, selon les réglementations en vigueur des assurances et en longeant le mur, ils seraient invisibles. S'effaçant pour laisser passer Eijirô, Izuku se dirigea immédiatement vers l'ascenseur, seul moyen direct d'atteindre le second étage où se trouvait le bureau du spécialiste. Une fois là-bas, ils n'auraient pas le choix que de rentrer par effraction et attendre sa venue. Et pas de caméra non plus, puisque tout le monde tenait pour acquis qu'aucun vilain ne tenterait de passer par les ascenseurs ou escaliers.

« De ma vie, plus jamais je fais remarquer l'absurdité des lois des assurances en matière de vidéosurveillance ! »

Si l'escalier avait été compliqué à passer, l'ascenseur, ce fut un non définitif. Eijirô regarda attentivement la petite cabine, jeta un regard de pur jugement à Izuku et s'assit, queue repliée sur les pattes, dans une posture qui n'avait rien de confortable si l'on en croyait sa colonne vertébrale toute tordue. L'inconvénient de son échine gigantesque et de ses épaules larges, sur un modèle humain.

« Si je pouvais te faire passer ailleurs, je le ferais, je te le jure. Je te le jure sur ma figurine d'All Might la plus précieuse. Mais il faut bien qu'on aille au deuxième et prendre les escaliers, c'est prendre le risque de tomber sur du personnel sans avoir de cachette à portée de patte. Donc, il faut qu'on prenne l'ascenseur, d'accord ? »

Le loup émit un borborygme de « pas d'accord » à deux doigts de retrousser au ciel les yeux d'Izuku, mais il se reprit à temps pour voir sa bestiole se relever et se diriger avec détermination vers la double porte des escaliers, qu'il poussa d'un coup de museau décidé.

« Eij, non, non, non, non, nooooon…. » chuchota Izuku sur ses talons, comme s'il pouvait arrêter la masse d'un petit « non » et le cœur à mille à l'heure d'anxiété, il suivit Eijirô en le maudissant. Un petit escalier de service discret, ça, non, il avait fallu cinq minutes de cajolerie et encouragement pour que Môssieur pose ses pattes dessus, mais alors le grand escalier où tout le monde passait tout le temps, là, pas de problème ! Môssieur y allait de son plein gré !

« Tu m'auras tout fait faire. » pesta le vert et il passa devant le loup pour vérifier si la grande cage d'escalier était vide.

Le fait qu'il n'y ait rien à l'horizon ne calma pas du tout son appréhension, le moindre grincement de la rembarre en fer, le plus petit couinement des coussinets du loup lui mettait les nerfs en pelote. En dépit du calme évident des escaliers, il pressa Eijirô pour les deux étages qu'ils arrivèrent à descendre avant qu'un claquement de porte les immobilise. Deux infirmiers remontaient du deuxième étage en discutaillant sur l'opération chirurgicale - sur une jambe broyée par un chien, ironie mordante - à laquelle ils devaient se rendre. Au dernier palier de l'hôpital, bien entendu. Et merde.

Eijirô s'engouffra dans l'étage le plus proche sur la pointe des pattes, qu'il savait rendre étonnement silencieuses tout à coup, et trente secondes après avoir passé la double porte, Izuku réalisa qu'ils avaient sans doute fait une belle bêtise en se précipitant tête la première dans le service de rétablissement, qui grouillait déjà de famille et amis en visite. Il était même pas six heures du matin, qu'est-ce que les gens foutaient ici ? Le loup fit une espèce d'embardée sur le côté pour fuir le petit groupe blablatant au bout du couloir, passa devant les portes des ascenseurs de l'étage et fila vers l'allée voisine.

Izuku ne se donna même pas la peine d'établir un itinéraire mental, ils n'arriveraient jamais à traverser le service sans se cogner dans quelqu'un. Il appuya sur le bouton d'appel de l'ascenseur en regardant Eijirô rétropédaler une fois de plus, vu que de ce côté aussi, on se dirigeait vers eux.

Mine penaude sur le museau, le loup revint vers Izuku en émettant une suite de petit gémissement court, comme un appel qui se transforma en grondement avec le « ting » de la porte d'ascenseur, dents à moitié dévoilées et sourcils froncés :

« On a pas le temps, rentre ! » chuchota Izuku, poussant le loup dans la cabine immédiatement remplie par le corps gigantesque dont la taille l'obligeait à se courber pour rentrer convenablement. Même ainsi, ses épaules saillaient douloureusement et il ne restait aucun espace disponible pour Izuku, qui dut se coller au ventre de son fiancé pour arriver à rentrer dans l'habitacle. Il se tortilla contre la fourrure pour glisser une main sous le bras d'Eijirô et essaya désespérément d'appuyer sur un numéro d'étage. Enfoncé par le poing massif d'Eijirô une seconde après.

« Merci ! » haleta le vert, poumons compressés par la masse de muscle, regrettant la minceur de ses quinze ans.

L'ascenseur entama une descente hasardeuse, fit très péniblement un étage en grinçant-couinant pendant qu'Izuku se shootait à l'odeur de framboise de son mec, qui avait imprégné chaque centimètre de fourrure d'une manière enivrante, puis il y eu un crissement plus fort que les autres, un vacillement et l'habitacle s'immobilisa.

Au-dessus d'eux, le petit panneau « surcharge » s'alluma.

« Il manquait plus que ça... Attends, attends… tu pèses autant que… sept adultes ? »

Eijirô grogna avec un tortillement qui n'eut d'autre effet que de faire trembler toute la carlingue du bordel, alors qu'Izuku calculait que la masse de son mec ne collait pas avec sa musculature, ce qui signifiait qu'il avait une densité plus forte. Fascinant.

Et ça ne les sortait absolument pas de là, au passage.

Appuyer sur le bouton d'appel pour se faire attraper, à deux étages de leur destination, non merci. Izuku se dévissa le coup pour apercevoir, entre les oreilles d'Eijirô, la trappe de sécurité du plafond, particulièrement bien verrouillée sur ce modèle de ce qu'il en voyait. Peut-être qu'il pouvait l'atteindre, en escaladant à moitié le loup... Les pieds sur ses cuisses, il devrait pouvoir attraper la poignée. Sauf que les cuisses du loup, elles étaient au niveau de sa taille et dans un espace si compressé, il allait avoir besoin d'aide :

« Tu peux me soulever ? Pour que je mette mes pieds là ? »

Il s'était attendu à une main, un bras pour toute aide, même un léger abaissement d'une des jambes d'Eijirô pour qu'il arrive à y mettre un pied, mais la bête se pencha pour attraper du bout des crocs son t-shirt, au niveau de sa nuque, avec une délicatesse qu'il n'aurait jamais envisagée et le soulever de sorte qu'il puisse poser un genou sur la cuisse du loup. Surprenant, mais tant que ça marchait, il prenait.

« Merci ! »

Il avait l'air fin, comme ça, une grenouille prise dans les poils d'un chat, mais la trappe n'était plus si loin et il aurait sans doute pu faire une tentative pour l'attraper si son mouvement ne l'avait pas collé contre une partie anatomique relativement gênante d'Eijirô. Vraisemblablement réveillée.

« Eij… Eij, me dit pas que... »

Si. Si, si. Et à l'aune de sa poussée de croissance mémorable, s'il en croyait les contours qui se dessinaient contre lui.

Par réflexe, il dévisagea le loup, sûr et certain d'y voir un étonnement innocent sur le museau d'Eijirô et complètement désarçonné d'y retrouver un sourire qu'il connaissait bien et une lueur aguicheuse, taquine, dans les iris. Saloperie, à être toujours partant pour une partie de jambe en l'air. Eijirô profita de la situation sans honte aucune, frottant sa queue sur le t-shirt de son homme d'un très léger mouvement de reins et le déplacement de ses habits éveilla une curiosité monstrueuse chez Izuku. Curiosité purement scientifique, cela va de soi, tout était purement scientifique, du coup d'œil qu'il jeta vers le bas au rougissement furieux de son visage.

Misère de misère.

Il ferma les yeux avec encore plus de rouge aux joues, si c'était possible et tenta de faire le vide dans son esprit pour ne surtout pas penser à la posture dans laquelle ils se trouvaient, ni au désir si explicite d'Eijirô et encore moins à la taille conséquente dudit désir contre lui.

Et en même temps… ce serait quand même un challenge intéressant…

Penser à te faire sauter par ton loup-garou de fiancé dans UN ASCENSEUR D'HÔPITAL PUBLIC ?! MAIS ÇA VA PAS BIEN !

« Amour, amour, amour, stop, hein, on va mettre un frein là, je veux bien reconsidérer les baisers avec la langue et tout, mais la baise en elle-même, non, je tiens à mon cul, d'accord ? Tu veux bien arrêter de me regarder comme si t'allait me manger, on va … »

Le monde devient subitement blanc et noir, agrémenté d'une loupiote rouge qui gravait sur ses rétines « surcharge » à chaque fois que les lumières de l'ascenseur s'éteignaient d'un coup pour se rallumer une fraction de seconde après.

Sonné par les flashs, il réalisa une poignée de secondes après que les néons de l'ascenseur avaient décidé de transformer la cabine en kaléidoscope, à coup de clignotement furieux. À une heure si matinale, ça arrachait la cornée et une pulsation de migraine broya presque immédiatement ses tempes. Yeux et nez plissés devant l'agression, il grimaça alors que contre lui, un craquement envoya un haut-le-cœur dans sa gorge.

Sans comparaison aucune avec sa réaction, Eijirô se tordit brusquement, contorsion violente qui envoya Izuku contre le métal de l'ascenseur en lui compressant les poumons et la patte d'Eijirô fichée dans son épaule l'empêcha de respirer correctement. Il aurait été sans doute avisé, voir nécessaire de rassurer le loup, si celui-ci lui en avait laissé l'occasion. Eijirô se démenait comme un fou furieux dans l'espace minuscule, grognant sans s'arrêter autrement que pour gémir de douleur ou de mal-être, raclant les parois de sa masse énorme et secouant la structure de ses plaintes, un miracle qu'il ne le griffait pas au passage de la même manière qu'il éraflait le métal et d'un coup, Izuku réalisa qu'il pouvait mieux respirer, il y avait plus de place dans l'habitacle. Parce qu'Eijirô rapetissait.

Entre deux aveuglements, il observa avec sidération les membres du loup raccourcir, retrouver des articulations purement humaines, ses mâchoires se recroqueviller en même temps que ses narines s'ourlaient pour former un nez humain. La fourrure disparue, comme si chaque poil rétrécissait à un rythme effréné, ne laissant qu'une tignasse rousse ébouriffée et la queue fit de même, les derniers vestiges de griffe disparurent dans ses ongles. En une poignée de seconde, Eijirô retrouva taille humaine, nu comme un vers. Les crocs s'amenuisèrent, perdirent du tranchant, redevinrent des dents que recouvrirent bientôt les lèvres au dessin si familier, avec cette même cicatrice adorée qu'Izuku suivi des yeux jusqu'à la joue et enfin, enfin, les prunelles à taille normale de son homme, qui n'exprimaient qu'une surprise au-delà des mots.

Sans doute la même qui ouvrait la bouche d'Izuku en un « oh » muet. Tellement choqué que sa remarque lui échappa :

« Et t'es sensible aux flashs de lumière, intéressant… »

« Mon cœur ? »

Il n'avait pas réalisé à quel point Eijirô, le vrai Eij, lui avait manqué, viscéralement, jusqu'à ce moment précis. La voix un brin rauque et le timide sourire du roux lui firent monter les larmes aux yeux de soulagement et se précipiter sur lui, sans se soucier du « aoutch » de protestation quand son câlin un peu brutal envoya Eijirô heurter la paroi derrière eux.

« Je suis tellement, tellement, mais tellement heureux que tu sois revenu ! Merci, oh merci ! Je t'aime ! » bafouilla Izuku, le nez dans le cou d'Eijirô à inspirer cette stupide odeur de framboise mâtinée de chaleur humaine, purement humaine, à se shooter de la sensation des mains du roux sur lui et de ses lèvres sur sa peau. Bien humains, tout ça, rien qu'humain.

« Moi aussi mon cœur, moi aussi… Est-ce que... »

« Chut ! Tais-toi ! Laisse-moi deux minutes, par pitié. »

Izuku ignora royalement la légère moue amusée qu'il sentit contre sa peau, préférant se noyer dans l'étreinte du roux où il pouvait aisément diluer les grognements du loup et ses coups de truffe dans les battements de cœur de son fiancé.

« Tu n'es pas obligé de me serrer comme si j'allais partir, tu sais ? »

« Ta gueule. On sait jamais. »

« Mmm, quelqu'un est ronchon. »

« « Quelqu'un » a passé la nuit avec toi bloqué dans la peau d'un énorme loup alors oui, « quelqu'un » est un peu ronchon ! »

« D'un loup ? »

Il se recula une lichette pour observer le froncement de sourcils d'Eijirô, continua un peu plus prudemment :

« Tu ne te souviens de rien ? »

« Pas tellement… C'est un peu flou… Je me souviens d'avoir vomi des brioches, de m'être… balader ? Je crois ? Enfin, un truc avec des arbres. De l'affreuse odeur de désinfectant et de javel. »

« Rien d'autre ? »

Eijirô hocha négativement le menton, visiblement en train de farfouiller une mémoire qui lui faisait défaut et il en extirpa difficilement un fragment :

« Une course sur les toits ? Mais ça n'a aucun sens, je devais rêver... »

« Mmm... ça en a plus que tu ne le crois. »

« C'est-à-dire, « coincé » en loup ? »

« Hemmm... transformé en loup, plutôt. De trois mètres de haut. De grandes dents. Beaucoup de poils. »

« Pendant combien de temps ? »

« Je dirais… Depuis hier soir, presque dix-huit heures... »

« Et on est ? »

« Le lendemain, pas encore six heures. »

Là, il accusa le coup, un vacillement d'assurance et de son équilibre, en dépit de toute la douceur qu'Izuku déployait, tout en sachant pertinemment que cela ne servirait à rien. Il ne pouvait pas protéger Eij de la réalité de sa transformation, mais il tenta de parer au plus pragmatique pour offrir un semblant de rationalité :

« Je… je suis désolé, je n'ai pas pensé à te prendre des habits de rechange. J'étais si obnubilé par la nécessité de t'amener à l'hôpital que j'ai pas songé que l'effet secondaire pouvait s'annuler d'un coup. »

« Mais j'étais habillé en sortant de la douche. » protesta Eijirô et Izuku nota mentalement que c'était là que son esprit en était resté, nonobstant les bribes de souvenirs de loup que sa mémoire gardait.

« Je sais… Disons que tes fringues ont pas aimé ta brusque poussée de croissance. » déclara-t-il, l'air de ne pas y toucher, pour ne pas avouer à Eijirô que son t-shirt préféré gisait en lambeaux sur le sol de la salle de bain. « Tiens, on va partager. »

Il ôta son sweat dans l'espoir d'en habiller Eijirô, sans grand succès. Avait-on idée d'avoir de si grosses cuisses, aussi ? Tant pis, il aurait froid, il sacrifia son propre t-shirt pour le nouer bon gré mal gré autour de la taille d'Eijirô, complétant le sweat pour lui offrir un simili pagne. S'il n'avait aucune utilité en termes de conservation de température corporelle, ça avait au moins le mérite de préserver sa dignité.

« Voilà. C'est pas du grand art et Kacchan te tuerait de te promener dans autre chose que des fringues de marques, mais au moins, tu es décent. »

« Merci... Je... Comment… comment on est arrivé là sans se faire prendre ? On est bien à l'hôpital, n'est-ce pas ? »

« Oui, coincé dans un ascenseur, d'ailleurs. Y'a un chemin qui longe le Sumida jusqu'à l'hôpital. Et comme on habite à deux pas du fleuve... Tu savais que t'es intenable, en loup ? » biaisa Izuku pour tenter de faire disparaître l'angoisse des yeux d'Eijirô, en vain et il s'en voulut de sa plaisanterie maladroite, qu'il tenta de rattraper aussitôt :

« Mon cœur, c'est pas grave, tu vas bien, d'accord ? Tu es vivant et en bonne santé, c'est tout ce qui compte, pour le reste, on va trouver une solution. »

« Une solution à quoi ? Mon amnésie ou ma transformation en loup de trois mètres ? »

« À tout ça. »

« Et si y'a pas de solution ? »

« Il y a toujours une solution. On trouve toujours une solution, ou un antidote, ne t'en fais pas. »

« Et si ça recommence ? Si je me retransforme ? »

« Hé bien comme cette nuit, on attend que tu redeviennes humain en espérant que tu ne manges pas de chocolat. »

« Mais si je pouvais plus redevenir humain après ? Plus jamais ? » souffla Eijirô, dans un filet de voix concassée par cette idée abominable, une éventualité bien trop vaste de panique pour que l'esprit du roux puisse l'appréhender pleinement. Un froid polaire mordit le cœur d'Izuku, tétanisé par cette possibilité qu'il n'avait pas voulu envisager une seule seconde la nuit précédente, désormais obligé de la considérer, ne serait-ce que pour rassurer son fiancé :

« Eij, je... »

Le bruit de la porte de l'ascenseur s'ouvrant lui passa au-dessus, trop occupé à chercher les mots adéquats pour juguler la terreur d'Eijirô, mais il fut incapable de ne pas entendre le hoquet de surprise émanant du couloir.

En face des portes, visiblement surpris dans son attente paisible de l'ascenseur, un homme les dévisageait avec stupeur, détaillant son torse nu, la taille d'Eijirô engoncée dans le t-shirt et le sweat, et plus que le badge à son cou, ce fut le sourire ravi de qui venait de trouver une proie qui permit à Izuku reconnaître un des fameux journalistes résident du quartier. Pianotant sur son téléphone pour sa plus grande horreur.

Avant même que son esprit ne réagisse, la sueur froide de son échine envoya immédiatement une décharge de pur pouvoir au creux de sa paume, déployant un fouet d'énergie pour attraper le portable. Il le rapatria dans la cage d'un geste brusque, instinctif, tandis que son autre main crépitante d'étincelles vertes saisissait le linteau de la porte d'ascenseur pour le refermer sur eux, les bloquant définitivement - et une seconde fois - à l'intérieur, vu le gondolement de la tôle.

Dans le bref instant de silence où seuls les battements frénétiques de leurs cœurs résonnèrent, il y eut un incrédule « Mon portable... » de l'autre côté des portes suivi d'une pause.

Qu'est-ce qu'il foutait là ?! Pourquoi l'ascenseur n'avait-il pas averti qu'il se remettait en service ? Qu'ils pouvaient sortir depuis le départ ? Izuku eut vaguement l'idée que le système avait dû automatiquement se débloquer suite à la réduction du poids d'Eijirô, bien entendu, mais sans daigner envoyer le moindre signal sonore pour indiquer sa remise en route et il maudit l'univers et les dieux dans la foulée.

Il plaqua son oreille contre le métal pour essayer de percevoir les sons, fermant les yeux de concentration. Si tout était flou, la faute aux grincements des câbles de l'ascenseur et bruit de fond de l'hôpital, le juron du journaliste fut très clair, de même que sa volte-face furieuse vers ce qu'Izuku imaginait être les escaliers pour le rez-de-chaussée et possiblement, l'équipe de maintenance de l'établissement.

« Il nous a vus ? »

« Oui. »

« Pris en photo ? »

« Non, j'ai eu son portable avant. On a intérêt à filer d'ici en vitesse si je veux pas me faire traîner au tribunal ! »

« Y'aura pas tes empreintes sur son portable, tu ne risques rien. » fit machinalement le roux, l'entraînement professionnel si bien ancré qu'il réagissait par pur automatisme.

« Non, mais elles sont sur la porte ! »

Eijirô haussa les épaules, presque désabusé et il tendit une main rigidifiée par son alter pour la poser sur les traces de doigts d'Izuku imprimées dans le métal. Sa main s'enfonça comme dans du beurre dans la surface, ponçant la porte grâce aux éraflures inhérentes à son alter, avec une aisance impressionnante et il ôta sa paume du linteau tandis qu'Izuku écarquillait les yeux, médusé :

« Tu… tu y es allé un peu fort, non ? »

« J'ai pas forcé… Tu as vu, j'ai juste posé ma main et appuyé légèrement, j'ai pas forcé… » protesta Eijirô, choqué au-delà des mots, sa main fautive tenue éloignée de lui comme s'il pouvait la détacher, réfuter le fait qu'elle venait de broyer du métal avec une aisance déconcertante. La force surhumaine n'avait jamais fait partie de son alter, il était certes résistant au-delà des mots, fort comme un bœuf et tout aussi imposant, mais il aurait dû, en toute logique, peiner pour effacer les traces d'Izuku. Au moins un peu.

Le vert ne savait même plus quoi dire pour tenter d'apaiser Eijirô, qui enchaînait réalisation sur réalisation, sur un fond de peur panique difficilement maîtrisable et c'est le cœur serré, mais sans surprise aucune qu'il entendit un gargouillement haché échapper à son fiancé. Aussitôt suivie d'une inspiration bien trop précipitée et d'un râle de peur.

En hyper-ventilation en moins d'une minute, le roux vacilla, sa respiration si mise à mal par sa panique qu'il s'en étouffait à moitié, refermant ses mains sur le poignet d'Izuku avec désespoir.

Eij était victime de crise de ce genre depuis des années, suite à un accident de travail où il s'était retrouvé prisonnier de son propre corps à cause d'un villain. Cette saloperie poussait les alter à leurs paroxysmes, sans aucun contrôle de la part des individus et il s'était retrouvé coincé dans son organisme, sans pouvoir bouger ni rien, pendant presque trois longues heures. En dépit de son entraînement, la peur d'être immobilisé sans que son corps réponde, durant des heures et sans savoir quand cela s'arrêterait, avait dramatiquement angoissé Eijirô, déclenchant sa première crise de panique. Il lui avait fallu des mois avant de recommencer à faire appel à son alter, par peur de se retrouver une fois de plus immobilisé et si les nombreuses thérapies qu'il avait suivies lui avaient assuré un socle stable pour réagir, parfois, le logiciel mental merdait.

Et là, il avait toutes les bonnes raisons du monde de paniquer. C'est pas tous les jours qu'on se réveillait dans un ascenseur d'hôpital complètement nu, avec son fiancé qui balançait qu'on venait de passer la nuit en loup-garou sans qu'aucun souvenir ne reste.

En dépit de son envie irrépressible de le prendre dans ses bras pour le calmer, Izuku savait qu'il fallait au contraire lui laisser de l'espace pour respirer, reprendre un rythme cohérent avec douceur et éviter de l'oppresser par sa simple présence. Il s'obligea à rester immobile, se permettant uniquement de caresser les mains d'Eijirô de son pouce, délicatement, maudissant sa formation qui lui interdisait de faire le moindre geste supplémentaire.

« Eij, mon cœur, tout va bien. Je suis là, on est ensemble, je ne te lâcherai pas, on va trouver ce qui se passe et résoudre le souci. On va rentrer à la maison, en sécurité et on va voir comment faire, d'accord ? » et l'absence de réponse, même visuelle, le fit reprendre de plus belle. « C'est pas grave pour la porte, c'est pas grave pour le journaliste et l'hôpital, quoi qu'il se passe, c'est pas grave. Je reste avec toi et on va s'en sortir. Tu m'entends ? »

N'entendait rien du tout, comment aurait-il pu, avec le souffle si malmené que c'était un miracle qu'il ne se soit pas encore évanoui par manque d'oxygène ?

« Je te promets qu'on va réussir à trouver une solution ! Tout va bien se passer. Tu peux essayer la technique de la psy ? Te mettre debout sur un pied en regardant au loin ? »

L'effort si visible que fit Eij pour se redresser et avec toutes les peines du monde, enlever un de ses pieds du sol, brisa le cœur d'Izuku. Il aurait mille fois préféré que cette situation lui tombe dessus plutôt que de voir son amoureux dans cet état-là. Et la technique de la psy, censée activer son cervelet pour court-circuiter le système de la respiration, ne marchait pas du tout. Ça n'allait pas, ça empirait, à cause de lui ou du petit espace de l'ascenseur, aucune idée, mais ça empirait visiblement, les muscles des bras d'Eijirô se tendaient sous l'effet de l'angoisse, il n'arrivait pas à déglutir et le roux repoussa violemment le sol de ses pieds, dans l'espoir de se dégager.

« Eijirô, tu es en sécurité, tu es dans un ascenseur et on va sortir de là, ok ? Tu peux tenir jusqu'à ce que je te fasse sortir ? »

Minuscule hochement de tête prouvant qu'il l'entendait et sans se poser la moindre question sur le journaliste ou la destruction de bien publique, Izuku se tourna vers la porte avec la ferme intention de la défoncer proprement.

Le gargouillis derrière lui fit tourner la tête avec violence, la main pas encore sur le métal, immobilisé par la giclée de sang sur le menton et le torse d'Eijirô.

« Eij ? »

« Pas… Pas bien... »

Sa colonne craqua, étira ses cotes en les brisant d'un même mouvement et les épaules brusquement agrandies se recouvrirent de zébrures de fourrures. Tout son corps grossit d'un coup, les muscles menaçant faire éclater la peau distendue qui se para de vergeture en une fraction de seconde, aussitôt soignées par la capacité de guérison prodigieuse.

Un cri de pure terreur écorcha les nerfs d'Izuku alors que la voix d'Eijirô, moitié humaine, moitié cri animal, s'imprimait dans son âme au fer rouge, échappée d'une bouche aux mâchoires distendues où la peau, encore trop humaine, était trop étirée pour recouvrir les gencives ensanglantées de la soudaine pousse des crocs.

C'était comme si le loup tentait de se débarrasser d'une peau trop étroite pour lui, à laquelle Eijirô s'accrochait désespérément et si le retour du roux en humain avait été impressionnant et douloureux, la forme canine d'Eijirô n'avait pas les angoisses de son lui humain, qui rendaient cauchemardesque cette nouvelle mutation Parce qu'Eijirô savait très bien ce qu'il se passait, il n'y avait besoin d'aucune parole pour que ses yeux écarquillés de panique et étoilés de sang crient sa panique.

Et Izuku ne pouvait pas rester immobile. Ç'eut été le regarder se noyer sans bouger un orteil, le voir mourir sans prendre la peine de tendre les bras. Impensable. Inimaginable. Impossible. Au mépris de sa sécurité et sans y réfléchir à deux fois, il lâcha la porte pour emprisonner les joues d'Eijirô au creux de ses mains, nonobstant le grondement furieux contre lui et l'embrassa.

Goût de sang sur ses lèvres, assorti du souffle brûlant du loup et d'un hoquet surpris, en une accalmie incongrue dont il profita pour se rapprocher encore, se pressant contre le torse moitié-nu, moitié-poilu. Il sentit le corps d'Eijirô se détendre, rien qu'un peu, rien qu'un infime relâchement dans lequel il s'engouffra :

« Reste avec moi... » souffla-t-il entre les crocs, recollant derechef sa bouche à son homme sans se soucier de la forme qu'il avait.

C'était Eijirô, n'est-ce pas, quelle que soit son apparence, il avait l'odeur de la menthe et de son shampoing, la même cicatrice sur sa lèvre, qu'Izuku embrassa délicatement avant de l'effleurer de sa langue, la même douceur quand il posait les mains ou les pattes sur lui. Que la langue de son fiancé soit bien trop grande lorsqu'elle glissa entre ses lèvres ou que les crocs qui mordillaient délicatement sa propre langue soient capables de la lui arracher sans effort, c'était un détail insignifiant.

Sur son dos, les mains immenses s'accrochèrent à lui d'un spasme, ajoutant des griffures à ses cicatrices avant de s'immobiliser au creux de ses reins, étrangement sages et laissèrent tout loisir à Izuku de fondre sous la caresse délicate de sa langue sur la sienne.

À l'extérieur, les bruits de pas et un appel poli se firent entendre devant leur porte d'ascenseur, qu'il camoufla d'un baiser supplémentaire, d'une énième morsure légère pour retenir la langue d'Eijirô contre lui. Il laissa son fiancé ravager sa bouche du bout des crocs avec une habilité redoutable, à deux doigts de lui faire oublier la situation et sa forme actuelle.

Sous la caresse distraite de son pouce sur les mâchoires d'Eijirô, dont la fourrure semblait s'amenuiser au fur et à mesure qu'il passait et repassait son doigt, il sentit la tension de son amoureux se dissiper, relâcher son emprise sur lui alors qu'il plongeait un peu plus sur ses lèvres en prenant soin d'en explorer chaque recoin. Le museau qui enfonçait son extrémité humide dans sa joue recula, lentement, se retroussant jusqu'à ce qu'un nez bien humain se colle au sien et que la langue d'Eijirô contre la sienne retrouve une taille normale, moins à même de l'étouffer d'un faux mouvement. Izuku déposa un dernier baiser sur la cicatrice adorée, frotta le bout de son nez contre celui du roux et murmura doucement :

« Hey. »

« Hey... » lui retourna Eijirô, raccroché à sa taille comme si cela pouvait effacer le monde autour d'eux.

« Tu te sens mieux ? »

« Mmm. À peu près. »

« On sort d'ici ? »

« Grave. Je rêve de dormir. »

Il avait l'air claqué, en effet, contrecoup émotionnel ou réelle fatigue physique, à moins que ce ne soit les deux entremêlés. Les transformations devaient sans doute exiger une dépense énergétique importante, ce qui pouvait expliquer l'appétit démesuré…

« Arrête. Je le vois dans tes yeux, t'es en train de réfléchir au loup. »

De très bonne grâce, Izuku haussa les épaules pour reconnaître et balayer le sujet du même geste, observa succinctement la porte par-dessus son épaule :

« On ne va pas pouvoir sortir par là. Ils vont l'ouvrir à coups d'outils d'ici quelques minutes.

« On remonte à l'étage du dessus ? »

« Ça peut se tenter. » acquiesça-t-il en se détachant du roux, pour tendre le bras vers la trappe de sécurité, complètement gondolée. « Ha. C'est un problème. »

« De quoi ? »

« Dans ta précédente… transformation… tu as… tu as défoncé la trappe de secours. Impossible de passer par là. »

« Qui te dit que c'était moi ? »

Izuku lui jeta un regard noir sans se laisser prendre au piège de la mauvaise humeur de son homme et suggéra avec le plus de légèreté possible :

« Tu nous découperais le toit de la cabine ? »

« Comment veux-tu que je fasse ça ? C'est toi qui a une force surhumaine, pas moi. »

« Vu ce que tu as fait à la porte, je pense, on peut tenter. »

« C'était un accident. »

« Bien sûr, mais c'est quand même vrai que tu présentes de nouvelles capacités… Et comme avec ton alter, tu ne laisses pas d'empreintes… »

Agacé, Eijirô leva un bras avec la très visible intention de lui prouver qu'il avait tort – et qu'il l'emmerdait relativement mignon, au passage. Sa main accrocha le léger creux de la plaque du bout de ses doigts durcis et sans le moindre effort visible dans le geste, lacéra le métal sur une longueur d'une bonne cinquantaine de centimètres, laissant apparaître les câbles de la cage d'ascenseur et le long couloir vertical. Le roux contempla une seconde son œuvre avec une expression indéchiffrable sur le visage, puis pencha la tête vers Izuku :

« Pas une remarque. »

« Tu m'as entendu dire un truc, toi ? Moi non. »

La minuscule esquisse de sourire valait tout l'or du monde, juste perceptible avant qu'Eijirô ne finisse d'agrandir l'ouverture en deux mouvements de la main, presque nonchalants. Pour lui faciliter la vie, Izuku lui fit la courte échelle, gainant ses jambes de son alter pour supporter le poids de son fiancé le temps qu'il se hisse précautionneusement sur la cabine. Eijirô l'attrapa d'une main et le hissa à son tour en donnant l'impression qu'il ne pesait pas plus lourd qu'un chaton.

Sans se concerter, ils recommencèrent la manœuvre, Izuku surélevant le roux juste assez pour qu'il glisse ses doigts durcis entre les deux portes de l'étage du dessus, faisant céder le mécanisme d'ouverture de la porte presque instantanément. D'une facilité déconcertante.

« On a gaspillé notre potentiel à devenir héros, on aurait dû être des voleurs. » plaisanta Eijirô, à moitié agacé par sa propre blague, le temps qu'il vérifie qu'ils avaient la voie libre pour sortir de la cage d'ascenseur.

« Tu es trop vaniteux pour être un bon voleur. »

« Ça veut dire quoi ça ? » s'offusqua le roux en l'aidant à grimper, là aussi avec tant d'aisance qu'Izuku se demanda subrepticement s'il n'avait pas perdu de la masse musculaire. Non, Kacchan le lui aurait dit, il avait son franc parler pour tout laisser-aller dans les séances de sport.

« Ça veut dire que ton look si travaillé te rend bien trop reconnaissable, mon cœur. »

« Et c'est toi et tes mèches vertes repérables à dix kilomètres qui dit ça ? Allez, bouge-toi ! »

« On fait quoi ? » chuchota Izuku tout en suivant machinalement son fiancé le long du couloir, savourant le retour de ses doigts entrelacés aux siens sans avoir la moindre idée de comment se sortir de ce foutoir.

« On se tire d'ici. Et avant que tu ne fasses la moindre objection, » ajouta Eijirô alors qu'il ouvrait la bouche, de fait pour protester, « j'ai un plan. »

Il les fit entrer dans une pièce étroite à la chaleur humide et aux senteurs de lessives si forte qu'ils en froncèrent le nez, avec sur le côté un alignement de tenue réglementaire d'hôpital, qui incluait des blouses, pantalons, cache-cheveux et masques chirurgicaux. Le déguisement parfait.

« Comment tu savais que... » entama Izuku, avant de s'interrompre face à la disposition étrangement familière de la laverie, même dans le noir, et un vieux truc se réveilla au fin fond de sa mémoire. « C'est là qu'on a ... »

Dans la pénombre, le sourire d'Eijirô brilla subitement et lui confirma qu'en effet, c'était bien dans ce placard-là qu'ils s'étaient retrouvés à baiser, lors d'un séjour commun particulièrement long à l'hôpital où les infirmiers leur avaient interdit toute activité autre que dormir et manger.

Il s'était rouvert une plaie et les côtes froissées d'Eijirô avaient grincé méchamment sous ses coups de reins, mais il était sûr et certain qu'en passant les doigts sur l'étagère au-dessus de la machine à laver, il retrouverait l'empreinte de son orgasme dans le bois concassé par sa main.

« Ta mémoire est vraiment activée que par le cul, c'est incroyable. »

« Je me souviens des bonnes choses, moi ! »

« Tu parles. Le cul et la bouffe, c'est tout ! »

« Ba les bonnes choses ! » renchéri Eijirô en lui tendant une tenue à peu près à sa taille. Un enfer d'attache et de nœuds à faire, il batailla cinq bonnes minutes pour trouver comment ouvrir ce truc et il en profita pour glisser, comme ça au passage :

« Maintenant que tu es de retour et qu'on est plus dans l'ascenseur… Est-ce qu'on ne devrait pas juste attendre le médecin ? »

« Non. »

« Mais Eij... »

« Non, j'ai pas envie qu'on me triture, qu'on me pique, qu'on me fasse des tonnes d'examen, qu'on me demande de me retransformer, qu'on me garde ici en observation pour faire encore plus de tests, je veux rentrer chez nous et dormir toute la journée avec toi ! »

Dans sa diatribe, Izuku décela un grognement sourd, étouffé par les mots et le très léger craquement de la blouse que le roux avait déjà enfilée l'informa qu'il ne faudrait qu'une contrariété de plus pour que crocs, fourrure et taille gigantesque réapparaissent. Marche arrière immédiate.

« D'accord, d'accord, pas de soucis. »

L'important, c'était de ne pas imposer de nouvelles transformations à Eijirô. Ça fonctionnait visiblement aux émotions, peut-être juste qu'un afflux hormonal dû à toute émotion trop forte était susceptible de déclencher le processus. De toute façon, s'il fallait qu'il kidnappe le spécialiste pour un examen à la maison, il le ferait, plutôt six fois qu'une, en attendant, il s'échina à se déguiser en pseudo-infirmer tout en surveillant Eij du coin de l'œil.

Lequel n'avait visiblement aucun souci avec cette maudite blouse, un brin trop étroite pour lui, parfaite pour souligner sa musculature et la coupe laissait échapper une vision délicieuse de son torse, de manière absolument pas correcte pour un professionnel de santé, mais digne d'un acteur porno et tout à fait à son goût.

« Quoi ? »

« Rien. Je me dis juste que je suis content qu'on l'emmène à la maison, cette blouse. T'as jamais songé à jouer au docteur ? » taquina Izuku, profitant de la pénombre pour y camoufler son excitation.

« Et c'est moi qui pense qu'au cul, ben voyons. » maugréa Eijirô en nouant pour lui la multitude de liens liant la tenue ensemble, avant de rentrer manu militari toutes les boucles sous l'espèce de cloche plastique censée retenir les cheveux.

« Attends qu'on rentre à la maison et on verra si tu parles toujours de jouer au docteur avec ma queue dans ta bouche. » souffla-t-il à l'oreille d'Izuku, absolument incongru dans cette situation, délicieusement excitant. Il ferait un jour une thèse sur les relations entre adrénaline et excitation dans la vie des pro-héros, mais pour le moment, il avait un début d'érection à dissimuler et un loup en devenir à rentrer chez eux.

« Et tu garderais la blouse ? »

« Si t'es sage. »

« Depuis quand je ne le suis pas ? » ronchonna Izuku sans qu'Eijirô ne relève, déjà à moitié sorti de la laverie, méconnaissable sous sa charlotte médicale et son masque, lui tendant par habitude une main distraite qu'Izuku saisit de toutes ses forces.


« Bon. Et maintenant ? »

« Maintenant, j'appelle de manière anonyme l'hôpital pour leur expliquer de long en large et en travers que c'est un vrai moulin à vent chez eux et que c'est une honte. »

« Izuku... »

« Mais c'est vrai ! Quand je pense qu'on y reste quand on est blessés ! Et que n'importe qui peut rentrer ?! »

« On est pas n'importe qui. »

« Non, mais on n'a pas non plus les alters les plus utiles pour s'infiltrer et pourtant, on y est bien arrivés. »

« On peut pas leur dire que leur sécurité craint, on va se faire griller. »

« Parle pour toi. Je mets Kacchan sur le coup et personne n'y verra que du feu. »

Un sourire identique sur les lèvres, ils laissèrent un instant le souvenir de leur explosif meilleur ami flotter entre eux, puis Eijirô brisa l'instant d'une question inquiète :

« Et le journaliste ? »

« Mmm ? »

« On dit quoi quand il va dire à tout le monde qu'il nous a vu nus dans l'ascenseur ? »

« Petit un on n'était pas nus, tu étais nu, nuance. Et petit deux… On démentira et puis basta. »

« Ça suffira jamais... »

Bien sûr que non, pas avec l'ascenseur broyé de l'intérieur et les caméras qu'ils avaient subrepticement déviées au fur et à mesure de leur sortie, pour essayer de camoufler leurs traces.

« Que veux-tu qu'on fasse ? À partir du moment où tu as refusé d'aller jusqu'au bureau du médecin, on n'a plus eu le choix. On va continuer de mentir et de dissimuler ça. Il n'y a pas eu de blessés, ni d'incident sur le fonctionnement du service, juste un peu de dommage matériel. Au pire du pire, on ternit nos réputations en prétendant que c'était un jeu sexuel ou une connerie de ce style. »

« Tu crois que j'aurais dû y aller ? »

Izuku soupira, ridicule au possible avec sa blouse ouverte de partout sur son muret, comme un écolier fauché après les cours. Vacilla un instant entre honnêteté brutale et mensonge des familles, réfuta aussitôt la dernière option :

« Oui. Bien sûr. Je veux dire, ça aurait été plus sécuritaire et plus intelligent, mais c'est ton droit absolu de ne pas vouloir qu'on t'examine et qu'on te fasse des tests. Il n'empêche que pour le moment, on est un peu coincés. À part taire tout ça et attendre de voir si ça passe... »

En face d'eux, le soleil commençait à roussir le haut des buildings de Tokyo, sans avoir encore chauffé l'air frais du fleuve qui leur mordait les joues et le nez, et au creux de leurs mollets, à quelques mètres au-dessus de l'eau, un frisson remontait le long de la peau. Ça aurait pu être une sortie romantique, de se retrouver assis à l'aube au bord du Sumida, n'eut été l'air abattu d'Eijirô et la fatigue clouée aux cernes d'Izuku, qui n'avait pas besoin de l'eau sous eux pour les sentir bleuir ses pommettes. Il avait encore l'odeur du loup collée à la peau et le souvenir piquant de ses griffes sur son dos, comme un mauvais rêve effacé par le rose dans le ciel. L'impression que rien n'était jamais arrivé et qu'il n'arriverait plus jamais à dormir dans le même souffle.

« Tu m'en veux ? »

« De quoi ? »

« Ne pas… ne pas être allé voir le spécialiste à l'hôpital. »

« Je sais pas… Enfin… Je trouve ça con, ça, c'est sûr. On était littéralement dans le bâtiment, tu n'étais plus en loup, il aurait juste fallu qu'on attende et on aurait pu avoir des réponses, peut-être. Après, je ne suis pas à ta place, je ne le vis pas ce truc, donc si c'était un "non" absolu, ben c'est un "non" absolu, que veux-tu que je dise ? Je peux pas te forcer à y aller. C'est pas comme si tu pouvais te transformer en un truc de trois mètres de haut avec plus de dent que j'ai de tache de rousseur. »

« T'as peur ? De moi ? »

« Pas peur… Disons que je respecte un peu plus scrupuleusement les limites de toi en loup. Quand tu montres les dents, je retire la main. »

Eijirô resta silencieux, perdu dans des entrelacs de pensées qu'Izuku se garda bien d'interrompre. S'il lui fallait deux jours de plus et une transformation supplémentaire pour se décider à aller voir quelqu'un ou à appeler à l'aide, il laissait faire. Des années avec Kacchan lui avait apprit qu'on ne pouvait guère sauver quelqu'un de soi-même. Juste se tenir là, à côté, la main au creux de la sienne, à attendre qu'Eijirô finisse sa réflexion et soupèse ses options, rien que lui offrir l'assurance qu'il était là et serait là ad vitam aeternam.

« Je pense pas que t'ai si peur que ça. »

« Pourquoi ? »

Un sourire où brille autant de crocs que de dents humaines et Izuku sut qu'il allait le tuer de ses propres mains, misère de misère inclus et gueulements dignes de Kacchan en prime :

« Je me souviens que ça t'a pas déplu, ma queue de loup-garou contre toi. »


C'est parti ^^ !

Omiya : Aaaaaw merci, merci merci ! C'est un vrai soulagement que cela ne t'ai pas déçu, j'espère que celui-là non plus (oui, oui je vais continuer jusqu'à fin de cette fic XD). Merci beaucoup, j'ai prit soin de moi et je continue, et écrire ça aide beaucoup. Merci infiniment et au plaisir de te relire rapidement ^^ !

Bluestars14 : Hello ! Ho quel plaisir de revoir ton nom dans les notifications ! Avant de te répondre, il faut que je t'avoue : j'ai reçu ta review alors que j'envisageais sérieusement d'arrêter cette fic (qui ne plaît pas beaucoup, je crois, en raison de ma baisse de qualité, je suppose et peut-être le fait que le IzukuXEijirô n'est pas aussi populaire que le BakuDeku ou EijxBakugo mais BASTE). Et en voyant ta review, je me suis dis que ce serait con d'arrêter alors que y'avait au moins deux personnes qui seraient tristes de pas avoir la suite, quelque soit cette suite, dont une qui venait de me dire en beaucoup de ligne à quel point elle aimait cette fic. Donc merci. Ta review m'a fait continuer cette fic ^^.

DU COUP : effectivement, été mouvementé pour moi XD. Tout s'est un peu arrangé, même si ça mettra du temps à s'apaiser. J'espère que pour toi aussi, tout s'est résolu ? Les papiers et adresse et tout ça ? Je sais à quel point c'est chiant T-T.

Haha, je suis tellement heureuse que tu ais apprécié Eijirô en loup ! J'ai A-DO-RÉ l'écrire, ce sont mes parties préférées ! J'aime bien leur petit background de couple, ils sont mimi ^^. Chaud bouillant, rien que ça XD ? J'ai bien aimé écrire leur lemon, c'était fun XD. Et j'ai super hâte décrire Kacchan et Kaminari, j'ai déjà quelques sketch de tout ça et je vais adorer le faire. Je sais pas encore si je fais des chapitres de leur point de vue ou pas… A voir…

Raaaah merci merci merci ! MERCI ! Tu peux pas savoir comme ça me fait plaisir et ça me fout toujours le sourire de voir tes reviews et que tu apprécies autant ! MERCI !