Eeeeeeeeeeeeeeeet ….
JOYEUX OCTOBRE !
Mois favori adoré, ça y est, les feuilles roussissent et y'a des marrons partout et de la pluie à s'en remplir l'âme, bon dieu que j'aime l'AUTOMNE !
Maintenant que j'ai déclamé ma flamme à ma saison adorée, revenons à nos loups : petit chapitre de transition tranquille (tellement tranquille que j'ai réussi à caser « oklm » dedans avec ZÉRO honte), MAIS épicé comme je les aime, voila voila XD.
J'ai voulu commencer à étoffer un peu Kacchan et Kam, leur donner déjà plus de poids et surtout donner un vague aperçu du fonctionnement de leur quatuor.
Pour tous ceux qui ont lu The Manly Bottoms : j'ai pas pu résister. Kacchan et les friperies, c'est à jamais dans mon esprit, cœur sur lui forever.
J'espère fort que ce chapitre vous plaira, qu'il sera à la hauteur, que vous passerez une super lecture ! Je remercie tout particulièrement tous ceux qui mettent en favoris, en alerte et qui review, on ne vous dira jamais assez merci et à quel point vous êtes un retour ô combien adoré et apprécié. Merci merci merci, je vous souhaite des cookies, de la musique folle furieuse et que votre tasse de thé ne refroidisse jamais.
Disclaimer : C'est du monster-fucker. Pour les monster-lovers. Et je prends bien trop mon temps pour développer l'histoire, j'ai envie d'écrire un Eij-loup qui ravage Izuku depuis DES MOIS.
Chapitre 3 : « Ha ça, fallait y penser avant de faire le con. »
« En vrai, on devrait les brûler. »
« Touche à cette blouse et je t'étripe. » menaça Izuku, nez retroussé tout en escamotant ladite blouse dans le placard du bas du dressing, ronchon comme pas possible, pendant Eijirô engloutissait sa troisième banane dans la cuisine. Sans que ça ait le moindre effet sur son appétit.
« Il va bientôt falloir qu'on emprunte du fric rien que pour te nourrir... »
« T'exagères. » souffla le roux, la moitié de sa banane tendue vers lui pour partager, geste ô combien étonnant compte tenu de sa possessivité exacerbée. Izuku haussa un sourcil :
« Tu partages ta bouffe toi maintenant ? »
« Ça veut dire quoi ça ? »
« Que ça fait une semaine que tu grognes dès que j'essaie de mettre de la sauce dans ton assiette. » persifla Izuku, mais il récupéra quand même la moitié de fruit qui lui avait été royalement réservée.
Une nuit blanche et une fuite d'hôpital lui avaient cloué les membres de fatigue, la migraine lui massacrait les tempes et il n'avait qu'une envie, celle de fermer les yeux pour une nuit de 24h, qu'il combattit vaille que vaille pour mâchonner son fruit. Si la banane n'allait guère caler son organisme, c'était toujours mieux que le jeun imposé depuis la veille. Il observa d'un air dubitatif Eijirô enchaîner sur un quignon de pain beurré et une vague idée se faufila en lui :
« Tu crois pas que si t'as tout le temps faim, c'est que t'as pas ce qu'il te faut ? »
« C'est-à-dire ? »
« Si on part du principe que tu es désormais autant loup qu'humain, tu devrais pas manger autant de sucre. »
« Mais quand je suis humain, je suis humain, non ? »
« Tu vomis quand tu manges du chocolat, je te rappelle. »
« Et après ? »
« Et le chocolat, c'est dangereux pour les canidés. Moi, je pense que ton organisme a trop pris du loup pour que certaines caractéristiques restent, même sous ta forme humaine. »
L'ouïe trop sensible, la truffe surdéveloppée, l'appétit et une sacrée manie de garde, pour commencer. Eijirô considéra un instant son pain beurré avant de froncer le nez, guère enchanté de la perspective.
« Mais je vais pas ronger des os ou manger des croquettes ! »
« Bien sûr que non ! Mais peut-être un régime calé sur celui des chiens de travail… Riz ou pâte, légume, huile… »
« Jamais de la vie. »
« Je ferais des recherches. »
« Non. »
« Ben tu paieras tes courses et tu nettoieras toutes tes régurgitations. »
« Peut-être une seule recherche, une seule. »
« Je rechercherais ce que j'ai à rechercher et nique. »
Eijirô releva le museau de son bout de pain et un sourire d'une tendresse que toute la fatigue du monde n'aurait pu dissimuler faillit rougir les pommettes d'Izuku.
« Quoi ? »
« Rien. T'es sexy quand t'es autoritaire. »
« Mais, amour... »
« Je sais, je sais, tout est sexy avec moi, ba oui, mais tu es sexy, voila, on a refait le tour, allez, bouge ton cul et viens, j'ai besoin d'au moins neuf heures de sommeil avec le nez dans tes cheveux ! »
«Donne-m'en dix et je m'estime un homme comblé !» renchéri Izuku en se levant du tabouret haut, direction la chambre et le lit, le fabuleux, merveilleux lit, le divin lit même, auquel il voua séance tenant un culte à faire pâlir toutes les religions du monde.
Sans même se donner la peine de se déshabiller, il s'affala avec la grâce d'un phoque sur les draps, rattrapa son oreiller d'une main pour se caler tandis qu'Eijirô enfonçait le matelas d'un bon cinq centimètres en se vautrant dessus. Avant de se retourner, une fois, deux fois, tirer sur les draps avec un grondement, soupirer à trois reprises et finir par se redresser d'un bond :
« Eijirô Kirishima, je suis un homme fatigué, qui voudrait dormir... » gronda Izuku, à bout de patience.
« Mais le lit est pas bien fait ! »
« On s'en fout, mets-toi dessus et dors, par pitié ! »
Peine perdue. Eijirô le redressa délicatement pour l'enlever du lit et se mettre à tirer sur les draps de manière méthodique. Il fallut encore une poignée de seconde maussade à Izuku pour réaliser qu'il ne s'agissait pas de maniaquerie, mais d'un de ces fameux effets canins, au vu des reniflements déterminés d'Eijirô pour vérifier le lit toutes les trente secondes.
Un peu plus réveillé et absolument fasciné, il le regarda modeler littéralement couette et draps pour former un recoin plus confortable du côté opposé à la porte, s'échiner à coller les oreillers de telle sorte qu'aucun espace ne soit plus décelable au milieu et finir son œuvre en repoussant le lit jusqu'au mur après avoir ôté la table de chevet qui le gênait.
« Là. Mieux. »
C'était le lit le plus mal fait du monde, mais Izuku checka mentalement les points communs d'une tanière, où leur espace de sommeil avait été écarté le plus possible de l'entrée, le lit littéralement glué au mur et doté d'un espace central aplati. Il allait devoir faire attention ou dans deux mois, ils dormaient dans une grotte que le loup aurait creusé à même la roche dans le premier parc urbain du coin.
« Tu crois pas que t'en fais un peu trop ? C'était déjà confortable, non ? » tenta-t-il, avec des pincettes que le regard de chien battu d'Eijirô fit immédiatement rétropédaler. « Mais c'est vrai que le petit renflement va bien mieux nous caler ! Et les oreillers sont mieux disposés. Merci mon cœur. »
Pour un peu, il manquait juste la queue qui remue pour qu'Eijirô devienne une image vivante d'un labrador content. Devant tant de joie, Izuku ravala définitivement ses remarques en se promettant de ne plus jamais redire quoi que ce soit sur les aménagements de lit de son homme et grimpa à sa place, aussitôt repoussé par son amoureux jusqu'au mur, niché contre le pli de la couette dans son dos pour lui épargner le froid du ciment.
Ha oui, protéger la meute… songea le vert en voyant Eijirô l'enlacer, dos à la porte et il n'eut même pas le temps de sourire de sa déduction que le sommeil le faucha sur place, nez dans le cou du roux et le menton de ce dernier enfoui dans ses boucles, le rythme un brin trop rapide de son cœur rythmant ses rêves.
Une poignée de seconde plus tard, il faillit pleurer de douleur lorsqu'une sonnerie stridente interrompit un rêve flou à base de galop de loup et d'odeur de fourrure, qui ne devait pas tellement être imaginée s'il en croyait la chaleur douce contre laquelle il était niché. Il sentit la fourrure disparaître instantanément alors que la respiration d'Eij s'accélérait et Izuku couina, se laissa recouler immédiatement dans le sommeil sitôt la dernière note de la sonnerie éteinte. Re-grommela à la deuxième salve. Non, il se levait pas. Jamais. Il lui manquait au minimum quatre heures de sommeil et un petit déjeuner avant qu'il n'envisage le monde comme existant.
Le brusque froid que laissa Eijirô, dans son dos, le fit gémir de mal-être, douleur des douleurs que cette saloperie de courant d'air sur sa peau, qui le réveilla juste assez pour qu'il entende Eijirô marmonner un « Allô ? » endormi. Aussitôt submergé par une gueulante :
« Dis donc Porc-Épic, t'as pas l'impression d'avoir loupé un truc, là ?! »
« Salut Kats... » balbutia Eijirô, déchaînant derechef Kacchan qui avait très visiblement assez dormi au vu de l'énergie qu'il déployait dans sa voix :
« Salut ?! C'est tout ce que tu me trouves à me dire ? »
« Pourquoi tu dis ça ? »
« Tu m'as posé un lapin ducon, t'étais censé être là à 14h ! »
« Il est quelle heure ? »
« 14h30 ! »
« Ha. »
Ils avaient effectivement dormi bien plus qu'une minute, sans changer quoi que ce soit niveau fatigue, songea Izuku avec un calcul rapide des heures. De l'autre côté du téléphone, ce fut une explosion de cris ulcérés assaisonnés d'une flopée d'insultes pas piquées des hannetons, avec coulis de cris de gremlin en supplément et malgré lui, Izuku sourit dans l'oreiller en entendant Eijirô commencer une litanie d'excuses inutiles. Quand Kacchan gueulait, il gueulait. Fallait le laisser faire.
Son propre portable sonna sur la table de chevet et il chercha de la main à l'éteindre avant de se rappeler qu'en raison des aménagements du roux, il ne disposait plus de table de chevet. Tant pis, il rappellerait la personne avec ses plus plates excuses après avoir fini sa nuit. Il était habitué aux gueulantes de Kacchan, au son de la voix d'Eijirô, il pouvait se rendormir facile et enquiller au moins deux à trois heures en plus, bonheur parfait.
Son portable lui claqua le front avec une violence démesurée et il se redressa d'un bond en glapissant, sous les excuses répétées de son mec :
« Pardon, pardon, pardon, j'ai pas fait exprès, j'ai mal visé, je suis désolé ! »
« T'as rien visé du tout Porc-épic ! T'as OUBLIÉ ! »
« Je parlais à Izuku... »
« ET EN PLUS TU M'IGNORES ?! »
Le portable d'Izuku sonna derechef, affichant le selfie de Kaminari, yeux plissés, bouche mordue et les doigts en flingue sous le menton, le décidant à décrocher en dépit de son fou rire étouffé in extremis :
« Salut Kam ! »
« Fous ton mec dehors Midobro, ça fait dix minutes de Katsuki menace de le tuer s'il arrive en retard ! J'ai vingt sms à la minute et j'en peux plus de mes notifications ! »
« T'as qu'à les désactiver. »
« Déjà essayé, il m'a appelé dans la minute en voyant que je ne répondais pas, alors par pitié sauve mon portable et mon couple et dis à Eij de se grouiller le cul ! »
« Kacchan a déjà appelé. »
« Ha bon ?! Quand ? »
Izuku haussa un sourcil en regrettant que Kaminari ne puisse le voir et le regard fixé sur son mec balbutiant des « désolé, j'ai pas oublié, j'ai été retardé » qui ne faisait qu'énerver le blond à l'autre bout du fil, il s'amusa :
« Depuis environ deux minutes. »
« Il a dépassé quel niveau ? »
« Mmm, je dirais qu'on en est à la première phase d'excuse. »
« Ah. Encore un petit quart d'heure alors. »
« Yep. »
« Bon, tu veux qu'on aille boire un verre pendant qu'ils font du shopping ? »
« Si ça implique d'être en dehors de mon lit d'ici dix minutes, je refuse. »
« Alleeeeez, teuplait, Kats m'a interdit de venir et tu sais bien que quand on m'interdit un truc, je veux le faire plus que tout au monde. »
Oui, lui et son « ne touche pas au gâteau dans le frigo » s'en souvenaient parfaitement bien, même s'il était sûr et certain que Kam s'en souvenait mieux que lui, puisqu'il avait passé l'après-midi à récurer ledit frigo dans lequel il avait pulvérisé le gâteau. Censé être pour l'anniversaire d'Ochako. Une catastrophe. Et puisque que Kacchan avait expressément requit qu'il ne vienne pas...
« J'enfile des fringues et j'arrive. Ho, je voulais te faire goûter les pâtisseries du nouveau café près de chez nous, ça te va ? »
« Depuis quand ça me va pas, des desserts ? » persifla le blond, sans tenir compte du gloussement amusé d'Izuku, infiniment reconnaissant de l'habilité diabolique de son ami à dérider les humeurs et dénouer les tensions, comme par magie.
« On se rejoint au coin de ma rue ? »
« Je suis là d'ici… Dix minutes maximum. »
« Dix minutes ? En utilisant le métro ? »
« Dix minutes. »
Izuku abandonna, s'il voulait se manger une amende pour usage intempestif de son alter, c'était son problème. Ça l'empêcherait zéro de profiter de ses desserts et des sms déconfits d'Eijirô traîné dans les friperies les plus miteuses du quartier par un Kacchan hystérique à l'idée de trouver un pull de Noël en plein printemps.
« Ça marche. Et Kam, par pitié, ne crame pas les câbles de la ligne cette fois ! »
« Je t'emmerde Midobro ! » cracha Kaminari avec un sourire qui s'entendait à travers le combiné, une fraction de seconde avant de raccrocher au nez d'Izuku.
Le corps en vrac et des cernes qui ne devaient rien avoir à envier à celles de Shinsô, le vert se leva pour se débarbouiller en vitesse dans la salle de bain, changea de fringues en bâillant. Un décrochage de mâchoire plus tard, il préparait un t-shirt et un jean pour Eijirô, désormais passé à la phase « je promets la lune pour que tu arrêtes de gueuler », en l'occurrence jurer-cracher de rejoindre Kacchan dans moins de cinq minutes.
« T'as conscience que c'est infaisable ? » souligna Izuku, main tendue pour lui donner le t-shirt, sitôt que le roux raccrocha, après une nouvelle flopée d'excuses soignées.
« Faisable ou non, j'ai pas le choix ! Si je suis pas là-bas dans cinq minutes, il me dépiaute vivant ! »
« Mmm… Dis-lui que je t'ai retardé par une suite sans fin de câlin et galipette ! Au fait, tu dois aller faire quoi avec Kacchan ? »
C'était par pur plaisir de le voir chouiner et se plaindre du tour des friperies qu'il demandait. Impatient d'entendre son mec ronchonner dans sa barbe sur « les vieilleries de merde » de Kacchan, il attendit une réponse d'Eijirô tandis qu'il bataillait une bonne dizaine de secondes pour extirper du fond du placard sa chaussette manquante, un truc All Might orné d'un trou à deux doigts d'effilocher le reste de la chaussette. Le roux fuya son regard en bredouillant :
« Oh heu… des magasins… des trucs à acheter... »
« Des magasins ? »
« Oui, des magasins... » réitéra Eij en essayant de ne pas y toucher et d'achever la conversation dans la même phrase, avec la mine de qui est profondément occupé à lacer sa chaussure. Qu'il les enfile avant le t-shirt était un mystère d'illogisme dont Izuku avait abandonné la résolution depuis perpet, mais il se pencha sur les chaussures de son homme pour lui prendre le lacet des mains et glisser, les doigts sur le laçage :
« Eij, je sais quand tu me caches des choses et là, tu me caches quelque chose, alors vas-y, crache le morceau. »
« Tu dis rien à Kam. »
« Je dis rien à Kam. »
« Tu promets, tu jures et tu re-jures ? »
« Sur le petit doigt et tutti quanti. »
« On va faire les bijouteries. »
« Pourq... » ça se bloqua dans la gorge une fois que la déduction eut fait le tour de son esprit et il dévisagea Eijirô si vite qu'il entendit son cou craquer sous le mouvement. Douloureusement, même. « Sérieusement ? »
« Tu dis rien à Kam, t'as promis-juré-craché ! »
« Évidemment que je vais rien lui dire ! » chuchota Izuku comme si Kaminari pouvait déjà l'entendre et il se reprit aussitôt. « Je ne suis pas bête ! »
« Je sais, mais c'est quand même un gros secret, alors fais gaffe s'il te plaît, Katsuki va m'arracher la tête s'il découvre que je t'ai tout dit. »
« Kacchan sait bien que tu es incapable de garder un secret, c'est déjà un miracle que je n'ai pas vu que tu cachais un truc avant. Tient, c'est vrai ça... Tu le sais depuis quand ? »
« Hier soir. Il m'a envoyé un sms alors que je venais de finir ma douche. »
« Ha, ba voila. Le loup étant arrivé juste après, j'ai pas pu voir ton superbe jeu d'acteur ! » taquina Izuku, ravalant la légère acidité qui nappait ses mots et qui n'était pas destinée à son mec. Lequel ne vit rien du froid infime, de la maîtrise un peu trop appuyée de sa voix et du ton, sans compter le choix soigneux des mots, trop absorbé à trouver par quel côté enfiler son t-shirt.
« Exactement. Et j'ai complètement oublié de mettre un réveil tout à l'heure ! T'es prêt ? »
« Yep. Je t'accompagne au coin de la rue ? »
« Le temps de mettre un peu de gel et j'arrive. »
Les mains sur les clés, Izuku tourna et retourna les petits objets de métal entre ses doigts, son esprit retournant de la même manière l'idée coupante que Kacchan avait choisi Eijirô plutôt que lui pour l'accompagner, qu'il avait eu plus confiance en Eijirô qu'en lui. Au point de ne même pas lui dire qu'il comptait se fiancer avec Kaminari. Lui. Son meilleur ami.
D'une brusque inspiration, il chassa le froid mordant de la pensée, verrouilla tout ça au fin fond de son esprit et plaqua son meilleur sourire sur ses joues. Il démêlerait ça avec Kacchan, sans doute. Et il en profiterait pour lui demander pourquoi cette brusque décision alors que cela faisait plus d'un an qu'il refusait fermement toute allusion au mariage de la part de Kam. Peut-être.
Pour le moment, il avait un Kaminari à distraire et des desserts à lui faire découvrir, si son loup-garou de fiancé voulait bien enfin sortir de la salle de bain de laquelle sortit brusquement une exclamation dépitée.
« Ho… Ho non... »
Merde. Il avait oublié.
« Je sais mon cœur, je suis désolé, vraiment. »
« C'était mon t-shirt préféré. »
Bon, le plan, c'était de submerger Kam de sucreries délicieuses et rattraper les récits de missions auxquelles il n'avait pas pu assister. Le distraire tout l'après-midi. Ne pas penser une seule seconde à ce que faisaient Kacchan et Eijirô, pas une.
Pourtant, en rattrapant Kam échevelé par son trajet en roller, il se surprit à sourire bêtement dans les bras du blond. Malgré la peine que ça lui faisait que d'avoir été mis à l'écart par Kacchan et de l'avoir appris de manière si détournée, il était ravi de pouvoir mettre la main à la pâte en distrayant son meilleur ami. Il aurait donné une bonne douzaine d'années pour pouvoir voir son sourire au moment où il réaliserait que Kacchan était sérieux.
« Midobro, tu m'écrases ! »
« Pardon, pardon ! Je suis crevé, j'ai pas fait gaffe... »
« Ça se voit. Vous avez fait des galipettes toute la nuit encore ? »
« J'aurais préféré, Eij était malade. » renifla Izuku, en se notant mentalement de rappeler à Eijirô que c'était désormais leur alibi, avant de remarquer la très légère fumée autour des rollers, amusé en dépit de ses sourcils froncés pour mieux faire la morale :
« Tu vas te faire gauler un de ces jours. »
« Pff, ça fait partie de mon charme, alors me fait pas tes gros yeux ! Ça marche sur Kats, pas sur moi ! »
Et sans plus de cérémonie, Kam lui fila une pichenette sur le nez pour le faire cesser de plisser les sourcils tout en entamant un récit sans queue ni tête sur les dernières nouvelles de leurs amis, de Sero qui s'était déniché une nouvelle passion pour un obscur jeu vidéo aux tentatives désespérées de Mina pour maîtriser l'art du thé que Momo tentait d'inculper à sa petite amie.
« Un désastre ! La pauvre, elle a appelé Kats à deux doigts de la crise de nerf parce qu'elle ne se souvenait plus la différence entre macha et sencha. »
« Il a dû être ravi. » commenta Izuku, bras tendu pour lui tenir la porte du café où le blond s'engouffra sans cesser son flot de parole une seconde, sous le regard effaré du serveur qui ne l'avait pas vu reprendre son souffle le temps qu'ils arrivent au comptoir.
« Ha, ba à deux heures du matin, j'étais ravi aussi, tu penses bien ! »
« Bonjour, on peut se poser dans un coin, s'il vous plaît ? » et devant l'approbation énergique du serveur, sans doute impatient de voir le débit de parole impressionnant foutre le camp, il décida d'abréger ses souffrances et de commander direct. « Kam ? Tu veux quoi ? »
Pour le coup, Kaminari s'arrêta deux secondes et examina la carte affichée au-dessus du serveur d'un œil expert, un froncement de sourcil infime pour seul avertissement du minutieux travail d'analyse en cours, puis claqua, royal :
« Je vais vous prendre un smoothie au kiwi avec option fraise et un moelleux au chocolat avec supplément coulis de noisette et chocolat chaud. Et pour mon ami, un smoothie pomme-cannelle et un cheesecake aux fruits rouges, merci ! »
« Je croyais que c'était à moi de te faire découvrir les desserts, pas l'inverse... »
« Ba tu me fais découvrir le café, je commande, voila ! Allez, viens, on va s'installer ! »
Il avait peut-être été ambitieux, en se portant volontaire pour occuper Kaminari, au vu de la migraine en train de broyer ses tempes face à l'énergie du blond, ce qui ne l'empêcha pas de le remercier, mi-figue mi-raisin, une fois assis. Sans réussir à tromper son monde :
« T'as vraiment une gueule affreuse. »
« C'est gracieux, merci ! »
« T'inquiète, ça change rien à ta sexytude. »
« Ma sexytude ? » reprit Izuku, amusé, alors que le serveur, visiblement très empressé d'être débarrassé d'eux, déposait devant eux leur commande où la part de gâteau de Kaminari dégoulinait de chocolat fondu, presque débordant hors de son assiette qui prenait pourtant une place conséquente sur la table. Humer l'odeur du chocolat aiguisa subitement son appétit et lui rappela qu'il n'avait ingurgité qu'une moitié de banane depuis près de 18h, n'en déplaise à son mal de tête.
« Yep. T'es hot Midobro. Mon offre de threesome tient toujours, tu sais ? » taquina Kam en piochant une portion si large de son dessert qu'il arrosa la moitié de la table avec son chocolat fondu, sous le regard dépité d'Izuku. Lequel nettoya aussitôt, bien éduqué par la maniaquerie de Kacchan à dissimuler ce genre de trucs avant que ça ne soit remarqué.
« Un plan à quatre, je dis pas, parce que ça m'étonnerait fortement qu'Eij me laisse m'amuser avec vous sans se ramener dans les trois secondes. »
« Deal. On se fait ça à la prochaine soirée raclette. »
Amusé, Izuku enfourna une bouchée de son cheesecake, correct ma foi, même si la faim creusant son estomac faillit le faire engloutir la pâtisserie d'un coup, uniquement refréné par la boite de Doliprane que jeta Kam sur la table, sous son nez :
« J'ai une si sale gueule que ça ? »
« Et bien pire. Avale, avant que tu tournes de l'œil. »
« Je te la ressortirais pendant le plan à quatre, celle-là ! » taquina-t-il, ravi de sentir le coup de pieds de Kam sur son mollet accompagner son sourire. Et tant pis pour le bleu qu'il allait se manger.
En croisant les doigts pour que le médicament fasse effet rapidement, il se força à avaler deux comprimés, grimaça en sentant le dernier racler sa gorge et déposer un film poudreux qui envahit sa bouche d'un goût dégueulasse. Pour faire passer, pas d'autre alternative que le smoothie d'une couleur... cheloue.
« Wahou... »
« Mm ? » fit Izuku sans y prêter plus d'attention, car c'était une tuerie en dépit de l'aspect peu engageant, ils avaient réussi le tour de force de créer une non-homogénéité du goût, les petites pointes de cannelle piquaient la langue de temps à autre pour rehausser la pomme. Il était d'ailleurs en train de laper une de ces fameuses pointes de cannelle quand Kam tourna son portable vers lui et sur l'écran, la silhouette pixelisée d'un loup gigantesque sur le toit de l'hôpital le fit recracher par le nez sa lampée de smoothie.
« Yerk ! Izuku ! C'est dégoûtant ! »
« Mer - koff, koff...ci de t'in - koff..quiéter ! » toussa le vert. La gorge encombrée de smoothie, il toussa encore, essaya vainement de désencombrer ses bronches. Il cracha une seconde gorgée de fruits mixés sur la table, avec une bonne quantité de salive sous les yeux dégoûtés de Kaminari. Amusés, aussi.
Il fallut encore une bonne minute de toux continue avant d'arriver à respirer correctement, tandis que Kam nettoyait charitablement la table, tout en lui tendant une serviette en papier pour qu'il puisse se débarbouiller.
« Hé ba, si j'avais su que tu avais les nerfs si sensibles, je ne t'aurais pas choisi comme partenaire pour la dernière mission d'infiltration ! »
« Ça n'a rien à voir ! Cette mission a été un succès ! Là, j'ai été surpris, c'est tout, je m'attendais à un meme, pas à une... vidéo horrifique ? C'est quoi, le teaser d'un nouveau film ? »
« Tu déconnes ? Avec cette qualité de merde ? C'est une vidéo prise depuis l'immeuble à côté de l'hôpital ! »
« D'un... chien ? »
« T'as vu la taille ? C'est un loup géant ! »
« Enfin Kam, c'est un montage, tu crois pas sincèrement qu'un truc pareil est réel ? »
« Et pourquoi pas ? Ce serait trop cool, non ? »
« Comment ça, trop cool ? Si ce machin est réel, c'est sans doute un vilain et ça va encore être pour notre pomme, donc non, trop cool, certainement pas. »
« Alors petit un, un loup géant, c'est toujours cool et petit deux, moi ça me dérangerait pas de me battre contre lui. Un remake de Princess Mononoké ! »
« Sauf qu'on serait du côté des méchants, dans ce cas-là. »
« C'est vrai... On peut peut-être l'apprivoiser ? Oh, l'avoir comme partenaire dans les missions, comme on aurait la classe ! »
« Kam, c'est un montage, je te dis. À tous les coups, c'est rien qu'un montage de merde pour faire un peu de buzz. Combien de vue ? »
« Déjà plus de deux cent mille ... »
« Tu vois ? C'est sans doute quelqu'un qui a flairé le bon filon et qui s'y connaît assez en effets spéciaux pour créer un truc potable. »
« Dommage... J'aurais adoré qu'il soit vrai... »
« T'as déjà Prince Carnage à la maison, ça te suffit pas ? » taquina Izuku, avec le plaisir de voir Kaminari prendre un fou rire et le laisser relâcher la tension monstrueuse qui lui nouait les épaules, rien qu'un brin pour continuer de sourire, plaisanter, discuter, comme si rien n'était arrivé d'autre qu'une discussion légère sur un buzz à la con.
Par miracle, on ne l'apercevait pas sur la vidéo, de toute façon de trop mauvaise qualité et prise de trop loin pour qu'on distingue plus que la forme du loup et ses mouvements, aucune trace de ses boucles vertes ou d'une seconde silhouette. Mais on voyait très distinctement, sur le tweet que Kaminari lui remontra pour le plaisir, le loup entrer tant bien que mal dans l'escalier de service.
Rien que pour être sûr, des employés de la commission de surveillance du quartier allaient vérifier les bandes de l'hôpital, en libre accès pour les autorités. Et ils allaient bien voir que les caméras avaient bougés - avaient été bougées, pour être plus précis.
Ils étaient dans la merde.
« Midobro ? Ça va pas ? »
« Ho si. Si, si. Juste un peu de smoothie coincé dans le nez. »
Le mensonge passa comme une lettre à la poste, Kam lui proposa juste gentiment de piocher dans sa part de gâteau au chocolat pour le réconforter, ce qu'il ne se priva pas de faire rien que pour voir le blond piauler devant la grosseur de la portion prélevée. C'était presque trop facile, de jouer le rôle d'Izuku-serein, sans autres soucis que de protéger son cheesecake des assauts vengeurs de Kam, n'eut été la culpabilité qui lui mordait les entrailles.
Ils n'avaient pas réussi à être assez discret et une vidéo tournait sur le net, le monde avait une preuve tangible de l'existence d'Eijirô-loup. Ils étaient dans une galère nationale qu'il refusait d'envisager. Et comme si ça ne suffisait pas, il était en train de mentir doublement à son meilleur ami, en étant là uniquement pour le distraire de l'achat d'une bague de fiançailles par son mec et en lui dissimulant que le loup géant qu'il trouvait trop cool, c'était Eijirô. Qui accompagnait ledit mec pour ladite bague. Il n'allait plus pouvoir se regarder dans un miroir pendant au moins deux ans.
« Tu sais quoi ? Prends tout. »
« Mais Midobro, je vais pas... » et avant que le pauvre Kam ne réussisse à finir sa phrase, rouge de confusion, Izuku interpella le serveur :
« Je peux vous commander tous les desserts ? S'il vous plaît ? »
« Jamais de la vie on arrivera à tout manger ! » chuchota le blond, sans réussir à dissimuler le sourire d'enfant ravi qui lui mangeait les joues, à rendre malade de jalousie le soleil. Izuku haussa les épaules et comprit presque immédiatement pourquoi manger avec Kam était l'activité préférée d'Eijirô quand il vit les paillettes dans les yeux lorsqu'il claqua :
« Et ? Ça nous empêche pas d'essayer ! »
Ils essayèrent, pour sûr. Ils arrivèrent à dézinguer les flans aux goûts de fruits trop sucrés, calèrent une première fois devant le moelleux aux fraises couvert de crème fraîche, firent une pause bien méritée en sirotant deux thés pour agrémenter l'histoire rocambolesque de Kam, un compte rendu de sa dernière mission farfelue. Izuku n'aurait jamais cru un tel truc venant de n'importe quelle autre personne, mais Kam avait le don de tordre les probabilités et de rendre probable l'impossible.
Aussi l'écouta-t-il, entre deux fous rires et autant de cuillerées du fondant au chocolat un peu trop épais, lui raconter sa chute dans un buisson de ronce alors qu'il tentait d'intercepter un vilain avec une super-vitesse. À la fin, Izuku pleurait presque de rire alors que Kaminari lui démontrait, preuve à l'appui, les cicatrices en forme de barbelure sur sa hanche qu'il avait rapporté de l'incident. Izuku lui montra sa propre cicatrice fraîchement récoltée, un grillage enfoncé au cours d'un combat dans son mollet, retaillant une partie de sa peau en un damier de relief qui gardait une légère couleur rougeâtre.
« Dégoûtant » décréta le blond avant de lui voler la dernière gorgée de son smoothie et de sauter du coq à l'âne en lui demandant des nouvelles des préparatifs du mariage. D'ordinaire, Izuku évitait de nourrir l'obsession de Kam pour tout ce qui avait du blanc et des cloches, histoire de lui épargner un crève-cœur, mais compte tenu des circonstances, il se fit un plaisir de sortir son tel pour solliciter son avis sur l'ébauche du plan de table.
Ils étaient en train de prendre le meilleur fou rire de l'après-midi en s'imaginant la tête horrifiée d'Inko face à la drague lourde et donc comique de Sero quand le portable d'Izuku fit « ding », aussitôt suivi d'un très excité « Eij t'a envoyé un sms ! ».
« J'ai vu Kam, j'ai vu, par contre, toi tu as pas checké ton tel depuis deux heures, Kacchan risque de ronchonner. »
L'air catastrophé de Kaminari le fit sourire, amusé malgré l'évidente panique de son meilleur ami, mais toute cette bonne humeur foutu le camp dans ses chaussettes quand son écran afficha « SOS » à côté de deux appels manqués, suivi presque tout de suite d'un « Décroche ! ».
Un milliard de scénarios passa immédiatement devant les yeux d'Izuku, de la transformation en loup au beau milieu d'une rue à la morsure d'un malpoli, en passant par un aveu claire et net auprès de Kacchan. Ce qui ne serait pas un si mauvais scénario, d'ailleurs. Ou peut-être qu'Eijirô avait cassé une vitrine de bijouterie en la heurtant par mégarde et ils devaient rembourser les dégâts.
« Kam, je... je vais pisser ! »
« Sérieux ? Y'a mieux comme excuse pour sexter, je t'ai pourtant mieux éduqué que ça ! »
« KAM ! N'importe quoi ! »
Il l'aurait tué, s'il ne lui avait pas envié viscéralement son insouciance. Assorti de sa meilleure grimace de réprobation, Izuku lui abandonna le dernier dessert et fila vers les toilettes, seul endroit où il pouvait, en chuchotant, préserver une lichette de discrétion. Gueuler en pleine rue n'était absolument pas envisageable et le temps qu'il trouve un coin tranquille, l'urgence aurait été gérée d'une manière ou d'une autre. Il aurait pu grimper au sommet de l'immeuble, cela dit, mais il n'y songea qu'en refermant le verrou de la porte des toilettes et foutu pour foutu, il appela Eij dans la foulée en quémandant à l'univers un problème pas trop grave. Du style indigestion de chocolat, peut-être ?
« Amour ?! »
Paniqué comme Eijirô l'était, à deux doigts de lui défoncer l'oreillette Bluetooth, c'était certainement pas une indigestion de chocolat. Et merde.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu es où ? »
« Dans une brasserie, Katsuki nous commande des bières, mais c'est pas important, j'ai un problème ! »
« Je m'en serais douté, vu ton sms ! Tu vas bien ? Kacchan aussi ? »
« Ça va, on a rien mais je... enfin... J'ai problème ! »
« Mais explique enfin ?! »
«J'ai la trique.»
Izuku resta une seconde bouche bée, dans un état de néant personnifié où sa raison s'évapora quelque part entre deux respirations hachées, le cerveau vide de tout. Le temps que monte un truc de ses entrailles, une fureur à concasser ses côtes, née de sa précédente panique et il cracha, avec plus de venin dans la voix que Kacchan lorsqu'ils salissaient sa baraque de trace de boue :
« C'est ça ton urgence ?! Une trique ? Tu te fous de moi ?! »
« Mais amour... »
« Je vais te transformer en descente de lit ! Tu m'entends ?! » chuchota Izuku, si ulcéré qu'il avait l'impression d'avoir de l'écume aux coins des lèvres. Une minuscule partie de lui savait bien qu'il aurait dû le prendre à la rigolade, mais dans ces circonstances, il avait les nerfs en pelote. Saloperie de loup de merde, comme aurait dit Kam.
« Izuku, c'est pas ça le souci ! »
« Je t'écoute, c'est quoi donc le souci si c'est pas la trique, comme tu viens de me le dire ? » ronchonna de plus belle le vert en se pinçant l'arrête du nez. Il allait crever d'une crise cardiaque avant la fin de la semaine. Ou de surtension artérielle.
« Le problème, c'est le... le... comment dire... »
« Le ? »
« Ben... le t...truc ? Le... enfin... Oh, merde, regarde ce que je viens de t'envoyer, j'ai aucune idée de comment dire ! »
Sans chercher à comprendre, Izuku appuya sur la notification, laissant le tel passer l'appel en arrière-plan pour afficher la photo d'Eijirô, un truc un brin flouté par la mauvaise lumière des toilettes de la brasserie.
Ah.
Effectivement.
« Oh putain... »
« Je saiiiiiis... » couina Eijirô de l'autre côté de l'oreillette et pour le coup, Izuku comprenait beaucoup mieux le SOS, l'empressement, la légère panique et surtout, surtout l'absence de qualificatif pour ce qu'il voyait. Parce qu'il n'avait pas de descriptif, présentement. Et c'était quand même assez rare qu'il se trouve à court de vocabulaire.
« J'ai aucune idée de ce que c'est. »
« Amour ! Me dit pas ça ! Tu sais tout, tu dois bien savoir ! »
« Ha ouais, mais là... là, je sèche mon cœur... »
« Nooooooooon... » gémit le roux, sans que cela change la situation d'un iota : Izuku n'avait aucune idée de ce qu'était le truc qui gonflait légèrement la base de la queue d'Eijirô sur la photo. Quelque part, il n'avait aucune envie de savoir, mais son cerveau entama immédiatement une analyse visuelle, par pure habitude : ce n'était certainement pas un problème de couilles, toujours à leur place et qui avaient même eu la courtoisie de ne pas changer de taille. Le « nœud » n'avait pas de rougeur particulière ni de changements de texture, ce qui laissait à penser que quoi que ce soit, c'était complètement accepté par l'organisme d'Eijirô. D'ailleurs, c'était partie intégrante de l'organisme, si l'on en croyait la courbe très organique et les reliefs presque... naturels. C'était juste une boule large. Normal.
« C'est absolument pas normal et en même temps, ça parait pas si anormal que ça... Ça te fait mal ? »
« Non, pas vraiment... »
« T'as touché, pour voir ? »
Micro-silence de l'autre côté, le temps qu'Eijirô s'exécute et Izuku aurait parié que le son très discrètement haché, dans son oreille, n'était rien d'autre qu'un soupir de plaisir étouffé, lequel lui retroussa le nez d'agacement :
« Je t'ai demandé de vérifier si t'avais mal, pas de te branler Eij ! »
« C'est très étrange... Un peu comme le reste, mais en plus... intense ? C'est sensible, en tout cas... » répliqua le roux, un brin absent. Pourquoi absent, le vert ne voulait pas le savoir, ni laisser l'idée tendancieuse que les doigts d'Eij s'attardaient toujours sur sa queue envahir son cerveau.
« Vu ta trique ça m'aurait étonné que ça ne soit pas sensible ! Et ça vient d'apparaître ? »
« Oui... Avec la trique... »
« Je peux savoir comment tu as eu la trique dans une brasserie ? »
Grommellements indistincts de l'autre côté de la ligne, qui le fit répéter sa question avec un brin d'amusement et l'espoir fou que maintenant que cette espèce d'effet secondaire d'alter touchait à sa virilité, Eij allait enfin accepter d'aller voir un spécialiste. Aussi la réponse sèche et sincère le prit tellement au dépourvu dans ses réflexions qu'il faillit s'étouffer de surprise en entendant Eijirô lui répondre :
« Pensé à toi. »
« Ha ! Mmm... quelle sorte de pensée ? »
« Amour... »
« Quoi ? » fit semblant de ne pas comprendre Izuku, laissant couler le grognement qu'il avait entendu dans le surnom amoureux et qui n'avait certainement pas aidé son esprit à conserver une attention purement scientifique sur le sujet. « Je demande, simple question, d'homme curieux, pour une démarche scientifique ! »
« La même démarche scientifique que quand tu t'es intéressé à ma queue de loup-garou ? »
Œil pour œil, dent pour dent. Pour le coup, il rougit subitement et remercia l'univers de ne pas être en face-time car jamais Eijirô ne lui aurait laissé oublier ce fard monumental. Il s'efforça de ne pas penser à la très légère onde de désir au creux de son ventre, infime rien du tout né du souvenir d'un ascenseur trop étroit, pour renifler dédaigneusement à l'attention de son tel :
« Rien à voir. »
« Tu m'en diras tant. Ça t'excite pas du tout, le fait de te faire prendre par un loup-garou géant ? »
Le désir lui gela les reins, tant la morsure fut forte, à deux doigts de hacher sa respiration d'une hésitation. Il ne savait pas exactement ce qui, de la voix un brin trop grave ou de l'idée instillée par cette dernière, l'excitait ainsi, mais plutôt se couper la langue que d'avouer. Muscles bandés dans une vaine tentative de contrôler la moindre variation de son souffle, Izuku obligea sa voix à conserver un ton uni et lisse qui dût sans doute le trahir bien plus que tous les gémissements du monde :
« Je vois très bien ce que tu essaies de faire et ça ne marchera pas, Eijirô ! »
« Ha ouais ? »
Ce ton-là, dans la bouche de son homme, il ne l'aimait pas du tout. Une menace type attaque nucléaire et évacuation immédiate, avec l'option frisson de terreur dans les reins, absolument pas rassuré par le minuscule " ting " à son oreille qui n'augurait rien de bon. Et la vidéo sur son écran, qui dévoilait la bosse monstrueuse dans le caleçon rouge pétant de son mec, lui arracha un glapissement surpris. Réitéré quand Eijirô passa les doigts sous le tissu pour libérer son excitation, sans hésitation ni gêne, faisant déjà courir ses doigts dessus.
« T'es malade ? Tu m'appelles pour une urgence et tu... tu... »
« Tant que j'ai pas mal, je peux bien tester deux ou trois trucs. »
« Mal ou pas mal, faut qu'on aille consulter ! Avant de te mettre à te tripoter comme un ado pour essayer de m'exciter ! »
« Ba alors ? T'as dit que ça marcherait pas, tu t'en fous non ? »
Oui, bien sûr, il s'en fichait complètement, de la queue d'Eijirô entre ses doigts, se caressant sans honte aucune devant son tel, rien que pour son fiancé, il en avait rien à foutre, de la vision hypnotique du frisson qui parcourut l'érection, si facilement invisible pour qui n'avait pas les yeux rivés sur cette dernière. Il s'inquiétait uniquement du problème... médical que représentait le nœud sur la queue de son fiancé, rien que de l'inquiétude. Il s'en contrefoutait carrément, de la légère accélération dans la respiration du roux, une poignée de seconde avant qu'un gémissement étouffé au creux de son oreille n'envoie un spasme de désir mordre ses reins.
« Rien à foutre. »
« Ha ? » et le putain de halètement, infime, sur la fin de l'intonation, était indécence pure. Izuku ferma les yeux une fraction de seconde, dérisoire tentative de juguler l'excitation qui commençait à déformer sévère son jean, inspira en chuchotant :
« Arrête ! C'est n'importe quoi, t'es dans un lieu public ! Et moi aussi ! »
« Ça t'a jamais... mm-dérangé ? »
Le rouge lui monta derechef aux joues, déjà cramoisies, sans qu'il puisse détacher son regard du pouce d'Eijirô, remontant le long de son excitation avec une lenteur à rendre cinglé. Le nœud à la base de sa queue sembla se contracter subitement, aussitôt suivi d'un gémissement un brin trop fort pour les circonstances, mais excitant en diable. Le jean d'Izuku acheva de rapetisser mystérieusement sur lui et l'inconfort de son propre désir engoncé dans la matière le fit grogner de frustration.
« Toujours rien à foutre ? »
Maudit soit-il, avec sa fausse taquinerie aguicheuse et sa putain de voix éraillée de désir, collée à son ouïe par la magie des oreillettes. Oh, il y avait un truc à exploiter là... Peut-être qu'il se vengerait en lui retournant la monnaie de sa pièce quand Eij ferait des courses ?
La plainte sourde de son fiancé effaça ses plans de vengeance comme par magie, ramenant de force son attention sur l'écran où les doigts d'Eijirô enserraient le nœud dans une caresse lente, calculée à souhait pour lui tirer un son de pur plaisir. Bien trop pour ses nerfs qui le firent gémir, un truc infime suffisant pour faire sourire son mec dans sa question :
« On apprécie, mon cœur ? »
Oui et pas qu'un peu, putain, il se serait damné plutôt que de détourner les yeux de l'écran, où s'étalait toute son irresponsabilité mêlée de perversion. Il aurait dû supplier Eij d'aller consulter, appuyer tous ses arguments par cette subite apparition sur son érection et trouver les mots adéquats pour le raisonner, pas gémir comme un ado aux hormones en folie. Est-ce que les loups-garous irradiaient des phéromones pour exciter leurs partenaires, au mépris de la raison ? L'idée était si prodigieuse d'implication que son esprit déconnecta pour une poignée de seconde, focalisé sur le concept absolument fascinant, qui aurait au moins expliqué son état actuel.
Il n'était cependant pas sûr qu'il faille une quelconque explication, parce que les sons de son oreillette, mélange savoureux de gémissement et halètements légers, auraient suffi à le consumer de désir en n'importe quelle circonstance. Désir qui lui broya les reins quand Eijirô souffla, comme s'il se tenait à ses côtés :
« Touche-toi. »
« Non ! » piaula Izuku, un reste de convention sociale lui imprimant un peu plus encore la honte sur ses taches de rousseur, pourtant si excité qu'il était à deux doigts de se tortiller dans tous les sens pour tirer ne serait-ce qu'une infime friction de ses fringues. Putain, dans des chiottes d'un café, avec Kam qui l'attendait ! Il n'avait aucune race, aucun putain de respect ! Et lui n'était pas mieux, parce que la simple idée de lui obéir aurait presque suffi à le faire gémir pour de bon. Il ferma dans les yeux dans l'espoir d'y trouver assez de force pour arrêter tout ça, ne récolta qu'un claquement de langue agacé de son mec face à son refus.
« Touche-toi. » réitéra Eij et dans sa voix, indubitablement, un fond de grondement.
Izuku failli couiner en entendant le son rocailleux se répercuter le long de sa colonne vertébrale, qui décora son dos d'un frisson et sa queue d'une vague de plaisir. Il était tout bonnement incapable de résister, incapable de ne pas glisser la main dans son jean déboutonné à l'arrache alors que la seule chose dont son corps avait encore plus envie, c'était de sentir les crocs d'Eijirô sur son cou et ses griffes sur sa taille et... merde. Il était vraiment pire qu'excité par le concept du loup-garou. Saloperie.
Il enfouit tout ça biiiiiien loin au fond de son esprit, pour le moment embrumé de plaisir alors que la paume de sa main lui semblait si froide, contre la chaleur de sa queue, si froide qu'il cracha sur ses doigts pour tenter d'y remédier et gémit quand la caresse humide lui vrilla les reins de plaisir.
« Hé ba voila... c'était pas si compliqué... » ronronna le roux à son oreille, satisfait.
S'il gardait les yeux clos, il pouvait s'accrocher à ce sens et imaginer encore un peu que son fiancé se trouvait à seulement un pas de lui, à glisser ses ordres sans jamais le toucher pour le laisser crever un peu plus d'impatience. Le soupir de plaisir qui lui échappa entraîna un rire moqueur à souhait, mordillant son excitation à le faire gémir plus encore :
« On est dans un lieu public, c'est n'importe quoi... » singea Eijirô, qui s'amusait décidément beaucoup trop et en dépit de sa crédibilité proche de zéro dans sa situation, Izuku lui rétorqua :
« Ta gueule. »
« Ha ouais ? » réitéra le roux, du même ton type attaque nucléaire pour hérisser un peu plus les boucles d'Izuku, déjà mise à mal par son excitation et sa queue au creux de ses doigts lubrifiés de salive, du même grondement sourd à retourner son cœur de désir alors qu'il entendait des crocs scintiller dans l'ordre de son fiancé :
« Allume ta putain de caméra, que je m'amuse autant que toi. »
Il y avait un temps pour tenter de raisonner Eijirô et un temps pour obéir sans broncher. Particulièrement quand on entendait des crocs dans ses phrases. De sa main libre, il enclencha la caméra sur son appel, maudissant la lumière trop crue des toilettes qui mettait un peu trop en relief le rouge de ses joues. Et qui offrit à Eij une vue imprenable sur sa bouche ouverte par une plainte de plaisir au fur et à mesure que ses doigts passaient et repassaient sur l'extrémité de sa queue.
« T'apprécie vraiment, à ce que je vois. Descend ton jean et ton boxer. »
« N... Non, Eij, s'il te plaît... »
« Ha ça, fallait y penser avant de faire le con. Descend tes fringues ou je te les déchire dès que tu rentres à l'appart. »
C'était uniquement parce qu'il adorait ce t-shirt, et que le jean était le seul encore propre qu'il avait, qu'il le fit glisser sur ses cuisses, uniquement pour ça et absolument pas parce que l'excitation de se retrouver débraillé sous le regard de son homme était suffisante pour lui tirer un geignement. Et il était obligé de retourner son regard à Eij, s'il voulait voir son mec se branler sur son tel, c'était rien que pour cette raison qu'il baissa la tête vers la caméra, pas dans l'idée revancharde de laisser son air perdu et son rouge aux joues achever de rendre le roux fou de désir. Pas du tout.
« T'es putain de sex, comme ça... »
Suivi d'un gémissement des familles, tordant un peu plus le souffle d'Izuku en lui faisant accélérer le mouvement de ses doigts autour de sa queue. Sur les talons du plaisir qui lui retournait le ventre, la tension annonciatrice d'un orgasme commença à nouer ses nerfs d'impatience, remontant le long de sa gorge pour un soupir haché qui retint la respiration d'Eijirô, une fraction de seconde, avant qu'il ne glisse :
« C'est quoi qui t'excite le plus, te branler ou l'idée que je te prenne une fois transformé ? »
C'était vicieux, tellement vicieux d'allier à ce ton moqueur un vocabulaire cru, si choquant dans la bouche d'Eijirô qu'il en devenait aguichant au possible. Ce dont le roux était parfaitement conscient, puisqu'il enchaîna sans tenir compte du long gémissement d'Izuku :
« Je parierais sur ma queue de loup-garou, mmm ? »
Incapable de se contrôler, la brusque crispation de ses doigts sur son érection envoya dans sa gorge une plainte à deux doigts du miaulement, en dépit de sa lèvre mordue pour empêcher le son de lui échapper. Le petit rire moqueur d'Eij s'épica d'un halètement de plaisir et Izuku failli mourir d'entendre son fiancé se branler sur le son de sa propre excitation. L'adrénaline, le désir, tout ça.
En attendant, avec une rapidité surprenante qu'il imputait à la situation et à la peur de se faire attraper, parfait pour pimenter la jouissance lui montant dans les reins, il sentait l'orgasme à deux doigts de lui ravager le corps. À deux mouvements de poignets, pour être exact, qu'il ralentit un peu, histoire de profiter encore un peu des sons dans l'oreillette, de la sensation frustrante et pourtant tellement plaisante de ses propres doigts sur son excitation.
« Eij, je... »
« Je sais. »
Insupportable de morgue, incroyable comme le cul gommait la personnalité joyeuse et adorable de son mec pour n'y laisser qu'une montagne de sadisme rehaussée d'un aplomb à toutes épreuves. Destructrice pour son cœur, qui s'affola désespérément de plaisir. La tension de son bas-ventre étira ses nerfs d'une brûlure trop intense, bien trop intense et Izuku ferma les yeux sous la sensation.
Sans crier gare, terriblement à propos et en sachant pertinemment ce qu'il faisait, Eijirô grogna au creux de son oreille. Un son purement animal où s'esquissaient crocs, griffes et taille gigantesque, un grognement prodigieux qui éclata le nœud de jouissance niché dans ses reins. L'orgasme claqua en un spasme de plaisir aveuglant, rien qu'une fraction de seconde où le monde disparut dans le rauque du grondement du loup-garou et la plainte de plaisir d'Eijirô.
Le plaisir, presque trop violent, s'attarda en frisson à la limite du désagréable, alors qu'il tentait tant bien que mal de ne pas perdre une miette du spectacle qu'offrait Eijirô sur son écran. Ça aurait été dommage, de louper la manière dont la main de son mec parcourait sa queue, presque fébrile, érotique à en crever. Dix ans de sa vie pour lécher doigts et érection d'un seul geste.
Le nœud semblait avoir... presque doublé de volume, sans que ça paraisse douloureux ni gêner Eijirô en quoi que ce soit. Au contraire, vu ses mouvements qui s'attardaient sur la base de sa queue, enserrée dans la paume de sa main à laquelle s'ajoutait, de temps en temps, la pression des doigts. Le rythme du souffle malmené du roux se calquait sur les allers-retours qu'il effectuait sur le nœud, inspirations mâchurées de plaisir lorsqu'il y attardait toute sa main. Sexy en diable. À se demander l'effet que ça aurait, de s'empaler sur la queue d'Eijirô jusqu'à être assis sur ses cuisses, queue et nœud en lui.
Izuku rougit furieusement, l'idée suffisamment excitante pour raviver son désir pourtant largement érodé par l'orgasme qui venait de lui bouffer les reins. Merde, merde et re-merde. Autant pour ses fantasmes. Dont un nouveau se débloqua à l'instant où le long gémissement étouffé d'Eijirô envoya une décharge d'adrénaline dans son corps malmené. Et définitivement détruit de voir le spasme de plaisir sur le corps de son mec, alors qu'Eij jouissait sous une pression calculée du bout de ses doigts à la base du nœud, distillant le long de sa nuque le plus beau son qu'Izuku eut jamais entendu.
Avec l'impression que son cœur battait à mille à l'heure et que jamais il n'arriverait à gommer le rouge de ses joues ni l'engourdissement du plaisir de son organisme, le vert eu un sourire amusé avant de remarquer un détail qui n'en était pas, sur l'écran. Qu'Eijirô souligna d'un ton dépité :
« Oups. »
« La vaaache... » siffla Izuku, impressionné par la quantité ahurissante de sperme dans la main d'Eij que même la qualité discutable de l'appel ne dissimulait pas. Ça lui coula entre les doigts, dégoulinant sur le sol en filet épais, bien plus épais que la normale et il y eut un silence méditatif avant que le vert ne lance :
« Hé ba, bon nettoyage, mon amour... »
« Petit con, comme si c'était pas de ta faute ! »
« Pff, ma faute ? Qui a décidé de se branler dans les chiottes ?! »
« Qui m'a foutu la trique ? »
Ça tenait pas debout pour trois sous, mais il était peut-être plus prudent de faire une marche arrière. Izuku biaisa avec une aisance un brin insolente, marmonnant en toute innocence :
« C'est peut-être l'action du nœud qui fait que y'a autant de... de sperme... Un truc en rapport avec la production ? Mais dans ce cas-là, pourquoi cet emplacement... »
« C'est ça, change de sujet. Tu perds rien pour attendre. »
« Mais tu veux pas que je m'excuse parce que t'as eu la trique en pensant à moi, quand même ? »
« Pourquoi pas ? »
« Ben parce que je suis pas désolé du tout que ça t'excite de penser à moi ! » rit Izuku, le souffle encore court de son orgasme. Le juron salé de son fiancé agrandit encore son sourire, c'était terriblement bon, de pouvoir rire d'une bêtise, d'un acte aussi con que de se branler dans des toilettes d'établissements publics.
« Attends un peu qu'on rentre, on verra bien qui rira le dernier une fois que je t'aurais culbuté sur le canapé. »
« Oh, Monsieur le grand méchant loup, j'ai peur ! »
« Espèce de... » commença Eijirô, puis un étouffé « Monsieur ? Tout va bien ? » de l'autre côté de sa porte l'interrompit net, laissant le champ libre à Izuku pour presser son avantage :
« Bon nettoyage, je t'aime ! »
Et il raccrocha au nez du roux. Il allait payer sa blague et ce geste au centuple, mais il regrettait zéro, il avait même putain de hâte de sentir pour de vrai le souffle excité d'Eijirô contre sa peau, ses mains sur lui et la chaleur de leurs corps à la place de ce stupide écran de portable et s'il devait finir le cul écorché après sa culbute sur le canapé, il prenait le risque. Plutôt six fois qu'une.
En attendant ce qui s'annonçait comme une baise dans les règles de l'art, il fit une toilette de chat, raclant ongles et paumes dans le lavabo en grimaçant à la vue de ses pommettes. Y passer de l'eau ne fit que ressortir le contraste entre la rougeur des joues et la pâleur du reste de sa peau, maudit soit l'hiver qui avait éradiqué tout le bronzage susceptible de noyer un peu ses rougissements. Tant pis. Il se contenta de mouiller boucle et frimousse sans se faire d'illusion.
Bien sûr, Kam avait un sourire entendu sur les lèvres lorsqu'il lui demanda, l'air de ne pas y toucher, si tout allait bien. En d'autres circonstances, il lui aurait rétorqué une petite pique, avec un clin d'œil pour tout avouer sans rien dire, mais il préféra biaiser et mentir - une fois de plus :
« Nan, rien c'est... » et puis, merde, au pire, il se prenait une vanne dans la gueule, rien de pire. « Juste Eij qui voulait discuter d'un photomontage - non, pas le loup géant - et qui n'était pas à l'aise avec. C'était un... enfin un mec qui avait la trique, mais la base de sa queue était enflée. Chelou. Et puis... après, on a dérivé, tu nous connais. »
« Ha, comme un knot. »
« Un quoi ? »
Des années qu'il avait apprit que quand Kam tapait comme ça sur son clavier, avec une expression mi-fière, mi-concentrée, ça n'augurait rien de bon et c'est sourcils froncés qu'il se pencha sur le dessin que lui montrait le blond. Ça ressemblait effectivement à ce qu'il venait de voir sur la queue de son mec. Indubitablement même et le soulagement que c'était une chose connue du monde humain ne suffit pas à le rassurer assez pour qu'il ne plisse pas le nez derechef.
« Un knot. »
« Qu'est-ce que c'est que ce truc ? »
« Je crois qu'on pourrait dire un nœud, si on voulait faire une traduction approximative... » se perdit en réflexion Kam, sans percevoir la légère lueur amusée dans les yeux d'Izuku en entendant ce terme déjà familier, par la force des choses.
« Mais... c'est quoi le principe ? »
« Hé bien, l'idée, c'est que la base de la queue gonfle pendant le rapport, ou dès érection, ça dépend, et qu'une fois que la personne a éjaculé, elle reste « coincée » dans son ou sa partenaire. Histoire de maximiser la fertilité. »
« Je veux même pas savoir d'où tu as entendu parler de l'existence d'un tel concept. »
« Je lis des fanfics, tu sais. Et c'est courant dans l'omegaverse. »
« De quoi ? »
« Izuku, mon petit, tu es trop chaste pour que je t'explique. »
« Non mais hé, ho, je ne te permets pas ! Puis, tu viens de me montrer une queue au garde-à-vous sur ton tel, tu crois vraiment que tu peux me claquer un « tu es trop chaste » ? »
« Un dessin, ça va, c'était juste un doujin ! »
« Pff, comme si j'étais chaste... Avec Eijirô... Nous, chastes ? »
« Te vexe pas Midobro, je doute simplement que t'ais fait autre chose que du vanille, Eij est très... comment dire... Eij fait trop gentleman pour taper dans le bdsm ou le kinky. »
S'il n'avait pas un tant soit peu de maîtrise de lui, Izuku lui aurait volontiers rétorquer que le si gentleman Eijirô venait de se branler dans les toilettes d'une brasserie, oklm, et que lui-même avait brièvement - mais très sérieusement - envisagé baiser avec un loup-garou. Inspiration, expiration, meilleur jeu d'acteur faussement vexé :
« On a des menottes, je te signale, Môsieur. »
« Et un fouet ? »
« Vous avez un fouet ? »
« J'ai pas dit ce qu'on avait ou pas, je t'ai demandé ce que vous avez, vous. » tourna Kam, fin sourire aux lèvres.
« Peut-être. »
« Ça veut dire non, ça. »
« Ça veut dire peut-être, peut-être que oui, peut-être que non. » protesta Izuku, tout en sachant pertinemment que le fouet se trouvait pas loin des menottes, et d'un tas d'autres trucs qu'il se garda bien d'évoquer, parce qu'Eijirô avait une peur stupide que Kacchan se moque. Ce qui permettait de calmer sa propre peur stupide de recevoir des textos de Kam à 7 heures du matin avec des liens pour des sextoys farfelus et autres accessoires si le blond savait ce qu'ils faisaient réellement dans leurs parties de jambe en l'air.
« Donc, l'omegaverse ? »
« Cours toujours. Après Kats va m'engueuler d'avoir perverti son meilleur ami. »
« Kacchan lit des trucs pareils ? »
« Tu sais très bien ce que mon mec lit, j'en suis à mon troisième roman à l'eau de rose du mois, raconté de long, en larme et en travers. Et franchement, ils pourraient évoluer un peu sur les scénarios, c'est toujours les mêmes ! »
« C'est le principe en général, d'avoir les mêmes scénarios et archétypes dans un courant littéraire. »
« Te fous pas de ma gueule Midobro, on verra si tu fais toujours autant le fier ce soir quand Kats t'aura expliqué par le menu sa dernière trouvaille ! »
« Ce soir ? »
« T'as pas vu le sms ? On vous invite à dîner. »
Non, il n'avait pas vu, la faute à la queue de son mec, mais faute de pouvoir expliquer, il se contenta de vérifier d'un rapide coup d'œil l'invitation, effectivement arrivée alors qu'il se branlait dans les toilettes du café et suivit alors qu'il l'ouvrait d'un sms d'alerte à lui glacer le sang : « Réunion de Pro-héros, QG, 18h. Individu potentiellement dangereux en liberté. Pro-héros en alerte, svp. ».
Avec une certitude absolue, Izuku sut que c'était pour Eij. C'était à cause de cette saleté de vidéo, vérifiée par les services de sécurité et informatique, sans doute certifiée authentique, qui avait mis en alerte les chefs. Il en aurait parié chemise et main droite, tout en souhaitant se tromper désespérément parce qu'avec les pro-héros sur le coup, ils n'avaient guère de chance de dissimuler encore longtemps l'existence du loup-garou.
« Ah, ba, tu auras ton résumé de livre après la réunion ! » conclu joyeusement Kam, à mille lieux de se douter du kilo de plomb qui venait de s'installer confortablement au creux de la gorge de son meilleur ami.
De toute façon, ils n'avaient pas le choix, ils allaient devoir se pointer à la réunion avec la bouche en cœur et leurs plus belles expressions faussement étonnées sur la truffe pour voir de quoi il retournait exactement. Génial.
Et impossible après ça d'orienter à nouveau la conversation sur le putain de nœud dont Kam savait tant de choses ! C'était vraiment une fin de journée pou-rrie, songea Izuku en acceptant la dernière gorgée de thé du blond, plus pour lui faire plaisir que par réelle envie. Il allait pas googler «omegaverse fanfic» comme le dernier des curieux quand même, si ?
Hé ba si.
C'est parti ^^ !
Omiya : OOOOOH MERCIIII ! Je suis si heureuse que ça t'ai fait rire le coup de l'ascenseur XD ! J'avoue avoir a-do-ré l'écrire ! La scène de l'escalier était aussi bien fun, imaginer l'immense Eijirô en chiot apeuré m'a fait tripper. MAIS QUE C'EST GENTIL ! Merci infiniment, tu peux pas imaginer à quel point ça me fait plaisir et je trouve ça incroyable que ma manière d'écrire soit appréciée ! Merci merci ! J'espère que ce chapitre-ci était bien, que ça t'a autant plu que le précédent ^^ !
Bluestars14 : J'espère que tu vas bien ^^ !
