Octobre est fini… Je ne suis que tristesse et tristitude.
Et on remarquera que mon timing est IM-PE-CCA-BLE, un mois pile entre deux chapitre, pas un jour de moins ni de plus, qui dit mieux ? (Ça durera SI PAS XD).
Bref, chapitre des familles où j'ai réussi à caser le prélude d'un smut, l'avancement de l'histoire et l'approfondissement du couple Kacchan/Kam, là aussi, qui dit mieux ? Le prochaine chapitre, le prochain chapitre dit mieux, je le sais, il est quasi tout écrit, c'est que du cul XD.
Encore une fois, merci infiniment pour vos reviews et retours, c'est tellement précieux et fun de pouvoir échanger et partager sur mes conneries ! Je vous souhaite à tous des chocolats chauds du tonnerre et les meilleures chaussettes en pilou-pilou ! Saupoudrés de mes plus sincères remerciements, je vous serais éternellement reconnaissante !
Je croise si fort les doigts que ce chapitre vous plaira !
Disclaimer : C'est du monster-fucker. Pour les monster-lovers, ceux qui aiment les crocs, les griffes et les langues de dix centimètres (entre autres joyeusetés !)
Chapitre 4 : « Ça baise pas dans l'escalier, MON CUL ! »
Les sourcils froncés d'Aizawa-sensei, ça ne lui disait rien du tout. Pas plus que l'infime tension dans la ligne des épaules de son ancien professeur, remarquable uniquement lorsqu'il se penchait un peu plus sur la table recouverte de dossiers épais comme son mollet.
Il y avait assez de monde pour remplir complètement la salle la plus large du QG de quartier, même en comptant les 5 à 20 % d'absents, selon les statistiques des réunions convoquées d'urgence, et ça non plus, Izuku n'aimait pas du tout. Par pitié, faites que cela soit pour un nouveau super-vilain ou une évasion grande échelle ou un cataclysme à venir, un truc con qui nécessitait une coordination irréprochable.
Pour la première fois de sa vie, il était mal à l'aise, entouré d'autant de Pro-héro et la nausée qu'il ressentait devant les uniformes bariolés le secouait presque autant que de savoir que son mec était désormais un loup-garou. C'étaient leurs collègues, leurs amis, jamais il n'aurait dû en avoir peur et pourtant, il se surprit à se triturer l'intérieur des joues anxieusement, calculant les probabilités de s'en sortir si Eij était démasqué dans la minute, ajoutant l'effet de choc et la psychologie de Kacchan et Kam dans la balance – sans doute aucun de leur côté, sans même y réfléchir.
Et tout ça devenait vraiment trop dérangeant. Merde, comme aurait dit Kacchan.
Pour se distraire, le temps que le meeting commence, il se laissa emporter par le babillage joyeux de Kam avec son voisin de droite, une pauvre femme qui le rencontrait pour la première fois et qui avait l'air déroutée du débit de parole du blond. En face d'eux, Kacchan et Eijirô, arrivés une dizaine de minutes en retard, se tenaient attentifs comme des généraux, nez en l'air et air concentré sur le museau. Ne manquait que l'uniforme et on se serait cru en briefing de mission.
« Pro-héros, je n'irai pas par quatre chemins, nous sommes ici en raison d'une vidéo prise ce matin même aux abords de l'hôpital, je suis certain que vous voyez de laquelle je parle. »
Il avait vraiment putain de pas de chance.
L'employé qui s'avança pour la présentation, nouveau venu dans l'agence, avait une petite voix méprisante et un ton hautain qui lui attira immédiatement les inimités de toute la salle, sans qu'il paraisse s'en rendre compte le moins du monde. Un cadre bureaucrate, jugea Izuku en détaillant ses mains immaculées et son phrasé très choisi, carriériste au possible. La moue dédaigneuse de Kacchan en face de lui le conforta dans ses opinions, qu'il remisa en voyant l'Employé-relou s'éclaircir la gorge et entamer un laïus qui sentait le par-cœur :
« Ce matin aux alentours de 7 h 23, une vidéo amateur a été postée sur twitter par un étudiant qui réside dans l'immeuble voisin à l'hôpital. »
Sur l'écran gigantesque derrière Aizawa-sensei, la vidéo s'étala sur toute la largeur du mur, écornant les yeux tant c'était tremblant et de mauvaise qualité. Dans un silence circonspect, l'ensemble des Pro-héros la regardèrent défiler une à deux fois, le temps de déclencher une vague de grimaces dubitatives qu'Aizawa-sensei effaça d'un seul mouvement d'épaules :
« On l'a vérifié. Elle est authentique. »
Izuku n'eut pas besoin de regarder Kaminari pour savoir qu'il était en train d'afficher son meilleur sourire triomphant à côté de lui et eut-il voulu l'ignorer que le coup de coude féroce du blond l'en aurait empêché.
« J'avais raison ! » souffla Kam, sans remarquer l'air réprobateur d'Employé-relou devant le peu de sérieux. Le type voulut sans doute faire une remarque, se heurta aux regards furibonds d'Eijirô et Izuku couplés au léger sourire carnassier de Kacchan, de mauvais aloi, mais parfait pour faire passer le message et ravala ses mots. Pour enchaîner avec le plus grand sérieux :
« Compte tenu de la véracité des images et de la cible... sensible de la bête, nos équipes ont pris soin de vérifier les systèmes de surveillance de l'hôpital, afin de dissiper tout doute. »
« Et laissez-moi deviner : pas de trace d'une oreille poilue ? » nargua Kacchan, toujours grande gueule.
« Non. Et non seulement il n'y avait aucune trace du loup, mais en prime, on a trouvé ça, sur la boucle de vidéosurveillance de l'hôpital. »
Avec la sensation d'avoir les mâchoires concassées tant il les cadenassait, Izuku vit s'afficher la vision d'une des caméras, celle du dernier étage si ses souvenirs étaient exacts. Celle-là même qu'il avait bougé en premier, juste du bout des doigts, pour la remonter légèrement et permettre à Eijirô-loup de passer en dessous sans se faire voir. Et bien entendu, c'était cet infime mouvement qu'ils passaient en boucle, pour mieux le souligner, comme si le doigt pointé de Présentateur-relou sur l'écran n'était pas suffisant.
« Après analyse, seules cinq caméras ont été bougées. C'est peu, mais beaucoup trop pour croire à un hasard. Même si personne n'a vu ledit loup dans l'hôpital, ce qui pourrait impliquer un changement de taille ou de forme de la part de l'animal en cours de route. »
« Comment vous savez qu'il s'est bien baladé dans l'hôpital ? » s'enquit une Pro-héro toute de rose vêtue, au nez aquilin et sourcils froncés, « Après tout, il peut très bien être entré et ressorti ? »
Sans prendre la peine de répondre, Présentateur-relou appuya sur sa zappette de poche et dans la salle, ce fut la même exclamation surprise, pour les dizaines de pro-héros présents. Celle d'Izuku, un peu à contre-temps, parce que la cage d'ascenseur défoncée et proprement éviscérée lui amenaient bien d'autres questions, fort inquiétantes celles-là.
Ils n'avaient jamais massacré l'ascenseur ainsi. Certes, froissé la porte, d'accord, déchiqueté le plafond pour sortir et oui, il est possible que les murs aient été également amochés dans l'affaire. Mais rien de comparable avec l'espèce d'explosion qui avait éventré la cabine à l'écran. Même le mur encadrant l'ouverture de l'ascenseur en avait pris pour son grade, à grand renfort de griffures artistiquement disposées, creusant ciment et papiers peints. En une fraction de seconde, deux idées au goût de certitude lui glacèrent la nuque : ces bâtards avaient forcé les dégâts pour manipuler l'opinion des Pro-héro. Et c'était peut-être pas la première fois.
Ne pas regarder Eijirô. Ne surtout pas regarder Eijirô qui devait être arrivé aux mêmes conclusions que lui. Ne rien afficher d'autre qu'un air intéressé, poli, sérieux, comme tout héros qui se respecte, prenant soigneusement note des consignes, sans laisser paraître la peur qui lui bouffait le cœur, sans même échanger un regard avec son petit ami parce que de l'autre côté de la table, il y avait Kacchan. Kacchan qui les connaissait par cœur tous les deux, sur le bout des doigts et qui aurait décelé au moindre changement d'attitude qu'il y avait un souci.
« Comme vous pouvez le constater, la force est considérable et l'acharnement... méticuleux. Sans doute coincé dans l'ascenseur, le loup l'a... efficacement ouvert pour en sortir. Au mépris des dégâts matériels ou humains possibles. »
« Des blessés ? »
« Aucun. À vrai dire, personne ne l'a vu, ce loup. Sans la vidéo, nous nous serions retrouvés avec la cabine d'ascenseur brisée, sans autres explications. »
« De tout l'hôpital ? Pas un patient ni un gardien pour le voir ? » renchéri la Pro-héro rose, semblant ne pas y croire. Comme une bonne partie de leurs collègues, au vu de leurs airs perplexes guère convaincus suite au hochement de tête affirmatif de l'homme.
« Rien qu'un journaliste qui a rameuté le service de sécurité pour l'ascenseur : il prétendait y avoir vu Red Riot et Deku en… mauvaise posture à l'intérieur. Mais il est fort connu pour ses racontars et contes à dormir debout. »
« En mauvaise posture ? » demanda Kam, amusé au possible, dévisageant Eijirô qu'il savait plus prompt à rougir sous la gêne. Son côté gentleman, sans doute.
« Je peux vous garantir que je n'ai jamais fait quoi que ce soit de répréhensible dans un ascenseur. » ronchonna le roux, tout exprès pince-sans-rire pour détendre l'atmosphère.
« À part le bloquer quand tu en as marre du déménagement. » se moqua gentiment Izuku, achevant la gentille comédie du couple se taquinant, si naturelle qu'une salve de rire balaya la salle pour la parer d'une ambiance bon enfant.
« La parole de ce journaliste étant très peu fiable, nous n'avons même pas creusé le sujet. »
« Et rappelez-nous pourquoi il n'y a pas des veilleurs ou des gardes de sécurités ? » re-glissa Izuku, ajoutant un air concerné et vaguement inquiet à sa question, fluide comme pas possible.
En face, Eij le regarda un bref instant, un plissement affirmatif aux lèvres qu'il décrypta sans mal : pourquoi ramener le sujet dans la conversation ? Mais ne pas le faire aurait été suspect, particulièrement de sa part, après tout, il était connu pour soulever les problèmes au fur et à mesure des cas et il était évident que la question d'une surveillance poussée de l'établissement se posait à ce moment précis. Grimace de Présentateur-relou, aggravée par l'aboiement amusé de Kacchan :
« Les assurances, j'imagine, qui paient grassement pour la tranquillité de leurs clients ? »
« Le règlement ne l'autorise pas... »
« Vous avez rendu ça public ? Parce que je peux vous garantir que ça va vous changer le règlement en une journée. »
« Ce n'est pas tellement la question... »
« Vous avez tenté de faire des prélèvements ADN ? » lança alors un autre collègue, fluet et si discret qu'on en oubliait sa présence. Alter de dissimulation par réfraction de la lumière, se souvient Izuku, très intéressant, mais il reprit fermement son esprit en main en attendant la réponse :
« Bien sûr. On n'a rien retrouvé, que de l'ADN de patients, plus ou moins récents. Autrement dit, la moitié d'entre vous. »
Bien sûr. Eij et lui étaient venus consulter le médecin spécialiste, quelques jours avant, leurs noms devaient apparaître sur les registres des derniers patients et fournir ainsi l'alibi parfait pour expliquer pourquoi leurs ADN se trouvaient là. Et ça signifiait également qu'Eijirô, loup ou humain, gardait la même identité génétique. Intéressant.
« Nous n'avons donc aucun indice, outre la vidéo. Cependant, au regard de ses actes et surtout, du lieu dans lequel l'individu a été aperçu, un mandat d'alerte et d'arrestation sont lancés à son encontre. Nous vous recommandons la plus grande prudence pour le capturer et le remettre aux autorités compétentes : sa force est considérable, bien supérieure à un loup normal, toute proportion de taille gardée.
Nous avons pris la liberté de vous constituer des dossiers avec les maigres éléments que nous ayons, le plus détaillé possible, que vous pourrez consulter chez vous, avant votre prochaine mission où il est attendu de vous une vigilance constante. »
Avec une mine sérieuse étudiée, Izuku évalua le dossier placé devant lui, l'ouvrit sans prendre la peine d'attendre l'autorisation. Être Pro-héro bien placé avait ses avantages, être l'héritier d'All Might ses privilèges.
Ils avaient agrandi plusieurs images de la vidéo, essayé d'en améliorer la qualité, avec un succès relatif : on voyait très bien la forme du loup, moins bouillie de pixel, mais sans pour autant pouvoir afficher des détails comme les variations de couleurs au creux de sa fourrure, la position exacte de ses oreilles. Ni sa propre présence. Invisible à chaque fois.
« Si on met de côté sa dangerosité, pourquoi nous convoquer tous ? C'est un simple alter de transformation, rien qu'on ne puisse gérer individuellement. Ou alors, vous mettez la grande gueule de Dynamight sur le cas, qu'on soit tranquille. »
« Hé, ma grande gueule t'emmerde. » grogna Kacchan à l'attention du pro-héro qui venait de l'insulter avec un sourire tranquille, uniquement réfréné par un bref contact de Kam sous la table.
« Parce qu'il s'agit d'un alter se transmettant. »
Pour le coup, ça réduisit tout le monde à un silence circonspect, vaguement inquiet, dans lequel Izuku put noyer son très mauvais pré-sentiment qu'il allait détester la suite.
« En fait, il serait plus exact de dire un alter de contamination. Pour avoir reçu divers témoignages au fil des années, dont vous trouverez des comptes-rendus détaillés dans votre dossier, nous sommes parvenus à la conclusion qu'il s'agit en fait d'un alter que le détenteur peut transmettre, sans toutefois le perdre ! C'est une chance inespérée qu'il ressurgisse : la dernière mention de cet alter remonte à déjà huit ans. »
« C'est possible ? » s'étrangla Eijirô, la sincérité parfaitement jouée et l'incrédulité au dosage parfait pour que Présentateur-relou, ravi de son effet, hoche fièrement la tête :
« Ce serait un cas très intéressant. On pense aussi que cet alter se superposerait à l'alter déjà existant chez la personne infectée. Fascinant. Ce qui explique la nécessité de capturer le loup géant vivant, à tout prix, il nous le faut le plus en forme possible pour les expériences. »
« Les expériences ? » reprit le pro-héro discret, au grand soulagement d'Izuku qui aurait été contraint de poser la question, sans cela.
« Oui, une batterie de test et d'expérience pour comprendre le fonctionnement de l'alter et ses implications sur le corps humain. Prélèvement génétique, tests d'endurance, force, analyses sanguines... »
Il n'y tient plus et lança un regard en coin à Eijirô, qui le lui rendait par-dessus la table. Une fraction de seconde où il accrocha les prunelles de son homme en y décelant toute la peur panique qu'il camouflait de son mieux, avant qu'il ne secoue sa crinière rousse en balayant d'un rire une vanne de Kaminari :
« Et comment on fait pour vous le ramener le temps que vous jouiez aux vétérinaires avec ? On s'équipe d'un os géant pour vous le retrouver ? »
« Sans aller jusque-là, il serait fortement apprécié que vous... privilégiez ce cas... dans la mesure du possible. »
Ce n'était pas un ordre, mais presque. L'unique chose qui maintenant Izuku à flot, c'était le fait que pas un mouvement n'ait été fait à l'attention d'Eijirô, qu'aucun soupçon ne pesait sur le roux ou sur lui. Pour le moment tout du moins. Et que l'instinct d'Eij, humain ou loup, avait été putain de fabuleux en refusant vertement toute visite chez un médecin ou une consultation qui l'aurait directement envoyé dans les pattes d'équipes médicales prêtes pour une batterie de test dont la légalité restait à discuter.
« On aura une prime ? »
« Ça peut se négocier. » plaisanta subrepticement Présentateur-relou, avec un succès mitigé qui obligea Aizawa-sensei à reprendre le fil, pour conclure :
« Ouvrez l'œil, appelez si besoin et bonne soirée. »
C'était un congé sec, à l'image de leur ancien professeur, qui n'étonna personne sauf Présentateur-relou et fit immédiatement exploser Kam :
« J'avais PUTAIN de raison ! Tu me dois un truc ! »
« On n'avait rien parié Kam, je refuse de te laisser choisir une fois encore le prochain film sous prétexte que t'avais raison pour une vidéo ! »
« Et pourquoi pas ? »
« Parce que ça fait déjà trois fois qu'on regarde Shrek depuis le début de l'année et j'en peux plus. » siffla Kacchan, en train d'empiler leurs dossiers en récoltant d'autorité celui d'Izuku, tandis qu'Eijirô pouffait.
« C'est un chef-d'œuvre ET un classique, bande d'ignare ! »
« Je suis d'accord avec Kam. »
« Hé ba bravo Porc-épique, tu viens de gagner la corvée de patate pour la tortilla de ce soir, allez, bougez vos culs, j'en ai marre de rester dans cette putain de pièce ! »
Avec Kacchan en guise de bélier, sortir de la pièce bondée prit à peine une poignée de secondes durant lesquelles Izuku enregistra les visages alentours, du mieux qu'il pouvait : mieux valait savoir qui était à leurs trousses ou pas. Et rien que l'idée lui déposa un kilo de plomb supplémentaire dans l'estomac, où ils avaient merdé pour qu'il commence à se méfier à ce point de pro-héro ?
Juste derrière lui, Eij lui effleura le poignet, très discrètement, il résista à l'envie de lui saisir la main pour serrer fort, y récupérer un peu de rationalité, un peu de réconfort, tout en ayant la certitude que jamais il ne laisserait personne taillader son homme pour un alter de loup de merde.
Si ça impliquait entraîner Eij en secret, se renseigner seul, faire face à ce problème à deux et rien qu'à deux, ça lui allait parfaitement. En parlant de renseignement, il allait devoir se passer de notes, les risques qu'un fichier informatique ou un carnet se retrouve entre de mauvaises mains étaient bien trop élevés pour qu'il prenne le risque et d'ailleurs, ne devait-il pas effacer les recherches déjà effectuées sur les régimes canins ? Non, ça pourrait paraître suspect, au pire, il pouvait très bien prétexter qu'ils cherchaient à adopter un chien…
« Hé le nerd, t'as l'intention de monter un jour ou tu prends racine ? »
« De quoi ? »
« Monte dans la voiture, mon cœur. » soupira Eijirô, lui gardant la portière ouverte depuis sans doute déjà deux minutes, vu son air lassé. Izuku se cala à l'avant à côté de Kacchan, laissant bien volontiers toute la banquette arrière à Kam et Eijirô en pleine conversation sur leurs derniers scores à Mario kart et se mit à faire liste sur liste mentale. Comment protéger leur baraque, comment rendre leurs portables intraçables, quels livres emprunter ou quels logiciels demander à Sero pour rendre ses recherches invisibles, tant et plus qu'il en avait le tournis lorsque Kacchan claqua des doigts devant son nez :
« La terre appelle Izuku, est-ce que quelqu'un est là ? »
« J'ai le droit de méditer de temps en temps ! »
« Tu méditais pas, tu zonais. Ça ira, sur le principe, qu'on finisse le moelleux au chocolat ? Il date d'hier, mais il est toujours bon. Je crois... »
« Alors là, on se fiche complètement de ce qu'on mange, du moment que c'est avec vous ! Et tu le sais bien. T'as un truc sur la conscience, pour être si prévenant ? »
Il voulait juste le taquiner, comme à leurs habitudes, mais il réalisa une fraction de seconde après que sa plaisanterie soit partie qu'on pouvait très bien la prendre comme un reproche. En voyant le regard en coin que lui glissa le blond, avec une pointe d'appréhension qui indiquait clairement qu'il avait bien lu autre chose qu'une taquinerie dans sa phrase, il faillit s'excuser. Presque. Merde à la fin, Kacchan avait bien choisi de lui mentir et de lui cacher des trucs, il avait totalement le droit d'envoyer une remarque à double sens !
Mais son meilleur ami conserva un silence méticuleux jusqu'à ce qu'il gare la voiture dans l'allée à côté leur immeuble, bien plus petit et biscornu que celui d'Eij et Izuku, silence qui aurait été fort inconfortable sans les éclats de rires d'Eij et Kam. Izuku chercha vainement comment alléger un peu l'ambiance, se creusa désespérément la cervelle sur une diversion naturelle qu'il finit par trouver alors que Kacchan enfilait ses chaussons dans le minuscule hall de leur appart, étrangement silencieux :
« Ba ? Et Prince Carnage ? »
« Prince Carnage, il est chez le véto, parce que « quelqu'un » a trouvé amusant de foutre du colorant alimentaire dans ses croquettes et qu'il chie vert depuis déjà une semaine ! » gueula Kacchan, sautant à pieds joints sur l'occasion, tandis que le « quelqu'un » haussait les épaules, sourire malicieux aux lèvres lorsqu'il chuchota à Izuku :
« T'aurais dû voir la gueule de Kats quand il a remarqué... »
« C'est putain de pas drôle, Pikachu ! » gronda Kacchan, démentant la dureté de ses paroles en attirant Kam à lui pour lui foutre d'office les mains sous l'eau qu'il venait de régler à la bonne température, sortant savon et torchon à son attention.
Izuku prit son temps pour ranger ses chaussures, récupérer ses chaussons et ceux d'Eij dans le petit meuble prévu à cet effet, savourant comme toujours l'odeur de cire à bois qui embaumait l'appart de leurs meilleurs amis, avec une touche de curcuma, poivre et fumée en sous-ton. Une odeur réconfortante, emplie de fous rire et thé qui commença à dénouer la tension de son dos. Un peu.
Avec une familiarité pêchée dans les années passées chez les uns ou chez les autres, Eijirô récupéra les patates dans un placard et s'attabla directement pour les éplucher, déclenchant un piaulement de la part de Kacchan :
« ET BA VAS-Y, SANS TE LAVER LES MAINS EN PLUS ! »
« Mais c'est des patates, y'a la peau. »
« ET TU CROIS QUE T'ENLÈVES QUOI, LÀ ?! »
Étranglé de fou rire, Kam passa œufs et plat à Izuku tout juste arrivé dans la cuisine, qui le laissa bien volontiers casser les œufs rien que pour lui garder ce plaisir chaotique - et un brin suicidaire - de foutre une lichette de blanc sur le visage cramoisi de l'outrage de Kacchan. Blanc d'œuf qui passa de transparent à opaque en quelques secondes et fit exploser de rire le trio, au grand dam de Kacchan ronchonnant :
« Tiens, lis-nous ce putain de dossier au lieu de foutre des saloperies partout ! »
Pour le coup, la grimace échappa à Izuku, qu'il dissimula en faisant mine d'être dégoûté du blanc d'œuf sur sa main, jappant un « yerk yerk » pour détourner l'attention d'Eijirô, subitement un brin plus pâle. Tout ça passa heureusement inaperçu dans le bordel que fit Kam pour aller chercher un des dossiers et l'ouvrir enfin pour leur déclamer les maigres informations qu'on leur avait refilées.
Le blond prit un malin plaisir à adopter une voix différente pour chacun des témoins évoqués, baryton ou haut perché, avec accents s'il vous plaît, qui faisait hurler de rire Eij et Kacchan. Occupé à touiller les œufs, Izuku oublia la prestation de son meilleur ami pour se concentrer sur la teneur des témoignages et c'était affligeant. Entre le pauvre type qui jurait que son frère avait bu du sang tous les soirs de pleines lunes pendant trois ans et l'imbécile qui s'était dévoué pour inventer un témoignage larmoyant sur comment feu sa fille avait dévoré sa petite-fille, ils leur avaient concocté une fable du plus mauvais goût.
Putain, ils voulaient vraiment mettre la main sur le loup-garou.
Alors qu'il écoutait l'un des derniers témoignages, une femme âgée qui jurait avoir vu son mari se transformer en loup géant devant elle avant de disparaître dans la nuit, il sentit l'index de Kacchan lui tapoter avec insistance le poignet pour attirer son attention. Discrètement, Izuku le vit signer « Ça va ? T'as l'air bizarre ? », assorti d'une petite mine inquiète, la même qu'il avait lorsqu'ils étaient malades et qu'il prétendait n'en avoir rien à foutre tout en leur concoctant un bouillon chaud et des smoothies pleins de vitamine.
La meilleure défense, c'était l'attaque, n'est-ce pas et plutôt que de s'emberlificoter dans des excuses bidons que Kacchan lèverait en un battement de cœur, il se décala légèrement pour cacher une de ses mains à Kam :
« Pourquoi tu m'as rien dit ? »
Il n'était pas à la moitié de sa phrase, signée avec l'expérience des années, que Kacchan écarquillait les yeux de surprise avant de jeter un regard paniqué vers son mec, toujours plongé dans sa lecture. Message reçu.
« On mange ? » s'empressa de balayer le blond, bien rapide pour être complètement honnête. Si Eij lui fit la courtoisie de ne rien dire, soi-disant trop occupé à mettre la table, Kam fit un aller-retour insistant entre son mec et Izuku.
« Je peux prendre ton pain ? » lança Eijirô, déjà attablé et le moment dans lequel Izuku aurait pu rassurer son meilleur ami d'un sourire, d'une plaisanterie ou d'un simple froncement de nez disparu, Kam s'obligeant à sourire pour tendre ledit bout de pain. Encore un truc à régler, qu'il ajouta à sa pile de problème dont il doutait fortement que son mec soit le plus compliqué à gérer et remisa cette dernière loin très loin dans son esprit pour se concentrer sur la tortilla. Divine, comme toujours.
Au deuxième service, Eij commença doucettement à lorgner sérieusement sur l'assiette de Kam tandis que Kacchan expliquait de long, en large et en travers son dernier roman lu à Izuku. S'efforçant de ne pas croiser le regard de Kam pour ne pas éclater de rire, le vert écouta religieusement sans pouvoir empêcher un sourire de retrousser la commissure de ses lèvres, tant et plus que le blond explosa :
« Putain, pourquoi tu te marres ?! »
« Je me marre pas. »
« Si, tu te marres, tu fais quoi là avec ta bouche si tu te marres pas ? »
« Laisse, Midobro est ravi de savoir, n'est-ce pas Midobro ? » renchéri Kam, tout sourire. Izuku laissa échapper un gloussement aigu propre à froncer derechef les sourcils de Kacchan alors que Kam reniflait de rire dans sa serviette, désespéré d'entendre son homme ronchonner de plus belle :
« Non, Midobro se fout de ma gueule, là. »
« Mais non, j'écoute ! Il se passe quoi après ? »
« Tu suis pas Midobro, après ils baisent, comme dans tous les bouquins ! » glissa Kam, incapable de se retenir.
« Faux, après y'a un quiproquo, suivit d'une scène où ils racontent tout à leurs meilleurs amis respectifs, après y'a explication ET APRES, y'a baise ! » rectifia le vert, rien que pour le plaisir de voir Kam hurler de rire et ça valait bien la tape sèche que Kacchan lui fila à l'arrière du crâne.
« Allez Kats, tu sais bien qu'ils te font marcher. » essaya Eij, son ton apaisant démenti par le sourire qu'il arborait, où ses crocs étaient un tout petit peu trop effilés et trop disproportionnés pour ses mâchoires. La faim, peut-être ? Ou le relâchement de l'angoisse ?
« Vous irez vous faire foutre pour votre prochain repas ! »
« Boarf, j'ai fait les patates et eux l'omelette, on saura se débrouiller. »
La taquinerie du roux fut de trop pour Izuku, qui éclata en un fou rire douloureux d'intensité, pleurant littéralement devant la mine de trahison outrée de Kacchan. Et voir Eij mordre dans son morceau de pain avec un air de petit con, sans cesser de regarder Kacchan s'étouffer de rage, était absolument parfait, dévastateur pour ses abdos contractés par son fou rire.
Encore occupé à juguler ce dernier, il entendit vaguement deux sonneries avant de réaliser qu'il s'agissait du portable de Kam et non du sien, l'obligeant à tapoter le bras du blond pour attirer son attention. D'un bond, leur pile électrique adorée était débout, portable en main et un rictus agacé remplaça la fausse colère de Kacchan :
« Hé, tu décroches pas chaton, c'est ta mère, tu vas encore en avoir pour mille ans ! »
« Désolé, elle me tue si je réponds pas ! » s'excusa Kam, plus pour Izuku et Eij d'ailleurs, décrochant en même temps qu'il filait dans le salon pour les laisser tranquilles.
« Elle te tue, elle te tue, mon cul… Tu veux plutôt savoir les derniers dramas du dîner de famille ! HEY ! TON PUTAIN DE DESSERT ! »
Riant sous cape, Izuku le regarda suivre son mec, assiette à la main sans cuillère aucune et il se retint de hurler pour capter son attention. Les appareils auditifs traînaient depuis deux heures sur le comptoir, ça n'aurait servi à rien à part emmerder Eij et Kam, tant pis, il s'extirpa de sa chaise pour déposer un baiser sur la joue d'Eij et récupérer une cuillère dans le tiroir derrière lui.
L'appart mal foutu de leurs amis l'obligea à repartir dans le couloir et dépasser deux placards pour arriver jusqu'au salon, la plupart du temps inutilisé vu son emplacement, mais parfait lorsqu'il fallait s'isoler ou comploter en secret, à condition de refermer derrière soi. Ou pour récolter les derniers dramas du dîner de famille.
Il prit soin de ne pas faire de bruit, par peur de déranger le coup de fil de Kam et à travers l'entrebâillement de la porte, vola sans le vouloir le baiser adorable de tendresse que Kacchan déposa sur le front de Kam. L'air bourru de Kacchan avait quasiment disparu sous un sourire doux quand il vit son mec fermer les yeux sous le baiser, comme un chat, avant de le remercier d'un hochement de tête pour le dessert, dont il engouffra une bouchée en se pâmant littéralement, tant c'était bon.
La discrétion de Kacchan par rapport à son couple était absolue, en dépit d'une certaine souplesse due au statut de meilleurs amis d'Eij et Izuku, qui en connaissaient très bien les limites, que le vert évita en s'éclipsant sur la pointe des pieds. Tant pis pour la cuillère. Kam n'en avait pas besoin.
« Qu'ils sont ado… Ha. Ha, ba bien. » ronchonna-t-il en s'apercevant être seul dans la cuisine, Eijirô mystérieusement disparu dans le court laps de temps durant lequel ils étaient tous parti. Ainsi que le pain, aux abonnés absents sur la table.
Soupirant, Izuku ouvrit le frigo pour y chaparder le paquet de jambon repéré plus tôt, en échange de la petite cuillère qu'il laissa sur la vitre glacée, et il monta l'escalier menant au premier étage, sans avoir à y grimper complètement : caché juste après l'angle, Eijirô se figea en le voyant apparaître, la bouche gonflée du pain volé qu'il dévorait à grandes bouchées précipitées.
« Je me disais bien que je te trouverais là. »
Le roux déglutit la quantité monstrueuse de mie qu'il avait dans la bouche et se lécha le coin de la lèvre d'une langue pas tout à fait humaine avant de chuchoter d'un air perdu :
« J'ai faim, putain, si tu savais. »
« Je m'en suis douté quand je t'ai vu lorgner sur l'assiette de Kam. Tiens. »
« Du jambon ? »
« Des protéines. Ça te calera plus que le pain, normalement, mais tu peux combiner les deux, je pense... »
Précision absolument inutile au vu de l'empressement d'Eijirô à déchiqueter ce qui restait du pain en deux pour y fourrer les six tranches de jambon et croquer dedans d'un air béat. Le même que Kam et son gâteau.
« Hé, vas-y doucement, t'étouffe pas ! » siffla Izuku devant la rapidité - record - à laquelle le sandwich disparaissait et Eij renifla entre deux bouchées qui auraient à elles seules suffit à nourrir un bambin :
« J'me 'é'êche a'ant qu'ils re'iennent. »
« T'as bien deux minutes, ils passent un moment rien que tous les deux.D'ailleurs, je suis désolé, j'ai pas trouvé mieux sur le coup que le paquet de jambon... »
« C'est parfait. »
« Le mieux aurait été des œufs... C'est le meilleur ratio masse-protéine, on t'en aurait fait gober cinq ou huit et ç'aurait pu suffire à te caler. »
« On a déjà mangé des œufs avec la tortilla, ça n'a pas suffi. Et puis, j'ai une tête à gober des œufs crus, moi ? »
« T'as tort. » puis, en essayant de ne pas trop sourire pour que son air je-sais-tout ait l'effet escompté pour sa taquinerie, « C'est excellent pour la fourrure. »
Le nez engouffré dans le sandwich, Eij lui décrocha un regard furibond qui manqua le faire exploser de rire tant le roux semblait outré de sa suggestion. Le dernier morceau pain-jambon finit entre les crocs d'Eijirô sans être mâché, à se demander comment son estomac pouvait supporter d'enquiller une telle quantité de bouffe à digérer sans qu'elle ait été auparavant mâchouillée. Il refusait de l'emmener chez le véto s'il se faisait une indigestion.
« C'est moi ou plus le temps passe et moins tu respectes mon côté loup ? »
« Tu poses pas la bonne question mon cœur. »
« Et c'est quoi la bonne question ? » se prêta bien volontiers au jeu son homme, faisant une étrange toilette de chat en se pourléchant les babines et le bout des mains, comme s'il nettoyait le dessous de griffe pour l'instant inexistante.
« Demande-moi plutôt si plus le temps passe et plus j'ai envie de me faire baiser par ton côté loup. »
La langue un brin trop longue eut un temps d'infime hésitation, avant d'achever de lécher l'index d'Eijirô d'une manière pas tout à fait adaptée à la vanne. Et la lumière dans les yeux du roux, elle n'était pas chaste non plus.
« Dans ce cas... »
Oh, ce sourire en coin, canaille à souhait, à crever d'envie de l'embrasser et de dévorer chaque parcelle de sa peau, tandis que le roux enfouissait son nez dans son cou pour le chatouiller en y soufflant, entre deux baisers éclairs sur sa peau hérissée de frisson et Izuku se mit à glousser sous les chatouilles, comme un collégien.
Trois secondes plus tard, l'immensité mi-Eij mi-loup lui rentrait ses gloussements dans la gorge d'une langue avide, occupée à imprégner la peau de son cou d'un désir fulgurant. Chaque circonvolution de la langue au creux de ses frissons délavait toute raison de son esprit, n'y laissant que cette envie que le roux ne s'arrête jamais de dévorer gorge et plaintes de plaisir, crispant ses mains sur la fourrure qui échappait du col du t-shirt. Oubliés Kam et Kacchan, oubliée la tortilla, oubliée la décence.
Par un miracle inexpliqué et dont il n'avait sûrement pas conscience lui-même, Eij avait stoppé sa transformation à mi-chemin, mélange encore plus bâtard que d'ordinaire, où les oreilles s'étaient faites minuscules et la mâchoire plus camuse, la truffe presque ronde, mais les crocs gardaient leur tranchant, légères piqûres de rappel lorsque la pointe d'une canine accrochait sa peau, juste avant que la langue n'efface la douleur d'une caresse.
Les mains d'Eij se glissèrent sur sa taille, si chaudes qu'elles semblaient incendier sa peau à travers son t-shirt, s'élargissant tant et plus qu'elles finirent par enserrer son corps d'une poigne inhumainement large, si avides qu'Izuku sentit le bout des griffes s'enfoncer dans son dos pour assurer sa prise. Ça faisait des lignes de chaleur piquantes sur sa peau, agrémentant le creux de sa colonne d'infimes traces et sa gorge d'une plainte sourde, dont l'écho fut dégusté d'un coup de langue. Celle-ci remonta le long de son menton, traça habilement le contour de sa mâchoire de sa pointe puis balaya ses lèvres si délicatement qu'il ne sentit que le souffle brûlant d'Eijirô sur ses lèvres entrouvertes. Torture raffinée, quoiqu'incomparable avec le bout des crocs courant sur sa gorge offerte, raclant son désir à même ses gémissements qu'une main immense étouffa d'un coup.
Derrière sa muselière improvisée qui lui recouvrait bien la moitié du visage, il jeta un regard outré au loup de l'avoir bâillonné de la sorte. D'un retroussement des babines, sans un son, Eij dévoila ses crocs en un avertissement silencieux et Izuku sentit un spasme douloureux le long de son érection, affreusement embrassé de l'effet qu'une rangée de canine prêtes à mordre avait sur lui.
Le bout de la truffe au-dessus de lui huma l'air, ainsi qu'un paquet d'information dont Izuku se serait bien passé, même s'il doutait que la bosse dans son jean soit si discrète que ça. Léger froncement du museau pour lui ordonner le silence et lentement, Eij ôta sa main en laissant ses griffes effleurer la joue du vert, s'amusant au passage de la légère rougeur en train de s'installer sous les taches de rousseur, Izuku le voyait dans ses yeux. Grand con poilu.
Comme s'il l'avait entendu, la main d'Eij attrapa sa gorge pour le plaquer contre le mur d'un seul mouvement, si parfaitement dosé que seul le bruit de ses omoplates contre le plâtre résonna, le reste de son gémissement mort-né contre la paume du loup. Le sang pulsa le long de sa gorge et au creux de ses tempes, flouant légèrement sa vision, juste ce qu'il fallait pour que son organisme se teigne d'un désir à lui tordre l'âme. Merde de merde, c'était trop bon.
Sur son menton, Eij remonta son pouce jusqu'à ses lèvres, y glissa le bout d'une griffe en douceur pour ne pas le griffer puis fermement, lui ouvrit les mâchoires, cadenassant sa bouche ouverte du pouce posé sur ses dents, la pointe de la griffe effleurant la courbe de sa langue.
Avec une certitude absolue pour ce qui allait suivre, Izuku tira la langue et laissa Eijirô lui pencher un brin la tête en arrière en le tirant par la gorge, seul point d'ancrage, avant que ne s'ouvre sa gueule juste au-dessus de lui. Le loup eut presque un sourire satisfait, de ce qu'il pouvait en voir, entre son excitation propre à lui brouiller l'esprit, l'absence de sang dans ce dernier et une vision des plus sommaires, juste avant que sa langue gigantesque, enduite de salive, ne laisse dégouliner cette dernière dans la bouche ouverte d'Izuku.
Se faire cracher dessus ou dedans n'était pas nouveau, le côté vulgaire de la chose l'avait toujours excité, mais c'était sans comparaison aucune avec le sentiment d'humiliation qui goutta sur son menton avec les filets de bave d'Eijirô, bien trop importants pour que sa bouche puisse les contenir. Ça coula sur sa gorge et sur les doigts du roux, marbrant leurs peaux du même frisson de plaisir.
Izuku faillit gémir derechef en sentant la langue revenir sur sa gorge, léchée avec une habilité redoutable dans les interstices que laissaient les doigts d'Eijirô, puis elle rattrapa un peu de salive goutté sur sa main, la remonta jusqu'à ses lèvres. Sans autre avertissement, la pression sur sa gorge s'atténua une lichette, trois fois rien, juste assez pour laisser passer l'air dans sa gorge. Ou autre chose.
Le regard planté dans celui d'Eij en dépit de la brume qui voilait ses prunelles, Izuku déglutit, avala le liquide brûlant. Si épais qu'il obstrua sa gorge une fraction de seconde en l'étouffant, l'obligeant à chercher un air que la langue d'Eijirô lui refusa, trop occupée à s'enrouler autour de la sienne et à électriser chaque nerf de son corps. Seul un soupir lui échappa, minuscule son entre les crocs du roux, ridicule à souhait, mais terriblement efficace, s'il en croyait la bosse qui se pressait contre son ventre.
Izuku remonta subrepticement ses mains jusque-là inutiles et les haussa le long de l'érection contre lui, obligé malgré son excitation d'être impressionné de la taille qu'il apprécia à travers le jean. Jean au bout de sa vie, d'ailleurs, il avait moins bien supporté cette demi-transformation que le t-shirt d'Eij mais présentement, il s'en foutait, la minuscule pression de ses paumes sur la queue du roux avait envoyé un ronronnement de plaisir contre leurs langues.
Sans désormais aucun autre but dans la vie que d'entendre à nouveau ce son, Izuku recommença sa caresse, ravi de sentir un frisson sur sa gorge quand Eij s'y raccrocha pour retenir un grondement. Le loup-garou recula juste assez pour croiser son regard et froncer sourcils et truffe pour manifester son mécontentement, et c'était une expression si, si « Eijienne », qu'Izuku eu l'impression de l'entendre murmurer dans le noir.
Arrête.
Certainement pas. Un sourire de petit con emprunté à Kacchan sur les lèvres, il réitéra une fois, deux fois, savoura l'accroc dans le souffle de son fiancé qui lui retourna le sang de désir, et puis la patience du loup arriva à son terme. Avec un claquement de dents agacé, Eijirô se redressa d'un coup et emporta Izuku dans le mouvement, le soulevant jusqu'à lui sans aucun effort, en prenant soin de ne pas le blesser.
Décollé du sol par la seule force d'un bras, Izuku se sentait aussi frêle qu'un chaton soulevé par la peau du cou, à défaut que cette main-là enserrait l'entièreté de sa gorge et de sa vie, à la disposition entière d'Eijirô. Et ça le détruisait d'excitation, tout bonnement, l'idée folle qu'un mouvement de croc ou de muscle pouvait l'anéantir, qu'il n'avait aucun pouvoir dans l'affaire, qu'il n'avait pas d'autre choix que de subir le bon plaisir de son mec. Il le savait bien, cette saloperie, il s'en amusait autant qu'il savourait, un infime sourire entre les crocs qui poinçonnaient son désir en trace de dent sur ses lèvres.
Un bref éclat de métal se glissa entre leurs langues, assorti d'une brûlure sur la lèvre d'Izuku, secrètement ravi que les dents du loup aient marqué sa bouche d'une morsure assez forte pour percer la peau. Eij réitéra aussitôt, avec un grondement satisfait en sentant l'odeur plus prononcée du sang. Le tressaillement de douleur d'Izuku, incapable de protester autrement, lui fit à peine desserrer les mâchoires, apparemment obnubilé par l'idée de le marquer autant de fois qu'il le pouvait. D'un rapide mouvement de la main, Izuku tapota quatre fois exactement le poignet du loup, réalisant un peu trop tard la bêtise de faire un safeword à un loup géant qui n'avait peut-être pas emporté tous les souvenirs d'Eijirô dans la transformation.
Heureusement, il comprit aussitôt le signal, relâcha sa lèvre avec un très léger couinement plaintif. Désolé, Eij remonta un genou entre ses jambes et l'assit littéralement sur sa cuisse, en un équilibre mal pratique qu'il n'aurait certainement pas gardé si les mains d'Eijirô n'avaient pas retrouvé leur place sur sa taille pour l'attirer contre lui. Tout en prenant soin de frotter son entrejambe tout le long de la cuisse du loup et sans bâillon, Izuku ne put que gémir sous la caresse bien trop rugueuse, bien trop brève et infiniment trop frustrante.
Son halètement déçu fut récompensé d'un baiser léger et le museau d'Eij glissa de nouveau le long de sa mâchoire jusqu'au cou, mordillant et léchant tour à tour la peau bientôt rouge d'autant d'attention. Lèvre mordue dans l'espoir douloureux d'atténuer ses soupirs de plaisir, Izuku abandonna le peu de lucidité encore présente et d'un roulement de hanche, se frotta dans vergogne contre la hanche d'Eijirô.
« ET ÇA FOUT LE CAMP POUR BAISER DANS LES ESCALIERS EN ME LAISSANT LA VAISSELLE ! »
Eijirô rapetissa si vite qu'Izuku faillit se casser la gueule, surpris au possible du changement et il se fit rattraper in extremis par son mec, rouge pivoine, au moins autant que ses cheveux. Devant son embarras, il prit sur lui pour gueuler en retour, en priant pour que son sourire ne s'entende pas trop :
« Ça baise pas dans les escaliers ! »
« Prends-moi pour une truffe tant que t'y es ! Et le gémissement, il est là pour décorer ?! »
« Mais, Kacch... »
« Kacchan que dalle, ramène ton cul, habillé ou pas et vient m'aider pour cette putain de vaisselle ! »
Il renifla d'amusement avant que les lèvres d'Eijirô se posent une dernière fois sur les siennes, douceur infinie où il tenta de diluer son excitation absolument pas refroidie par l'intervention de Kacchan. Merci le putain de loup-garou de lui avoir foutu la trique du siècle et qui se paya le luxe de lui chuchoter :
« Ce soir, toi et moi, on détruit le canapé. »
« Deal. » gloussa Izuku en s'occupant vivement de mettre un peu d'ordre dans la coiffure lâche d'Eijirô, gommant du bout des doigts l'épi rebelle que la fourrure avait laissé au creux des mèches rousses.
« Prêt ? » murmura-t-il, regrettant que la luminosité ne permette pas de signer pour plus de discrétion, comme si ça allait changer quoi que ce soit à la réaction de Kacchan quand ils allaient se pointer dans la cuisine, souffle court et joues rouges, passablement débraillés.
Bien sûr, ça ne loupa pas.
« Ça baise pas dans l'escalier, MON CUL ! »
« Mais Kacchan... »
« T'as l'air de sortir d'un footing petit con, me prend pas pour une bille, hein ! Pas de baise ici ! »
« Ce serait pas la première fois. »
« De quoi ?! » rugit Kacchan, faisant sursauter au passage Kam qui se ramenait avec la gueule tartinée de chocolat qu'il tenta d'effacer discrètement sur le torchon le plus proche. Ce qui ne l'empêcha pas de sortir une espèce de gargouillis outré avec autant de surprise que d'amusement dans la voix :
« Midobro et Eij ont baisé chez nous ? »
« Allez « chaton », viens, on va jouer ! » coupa court Eijirô avant de balancer sans aucune précaution ni cérémonie le blond sur son épaule, remontant les escaliers sans tenir compte de piaillements faussement fâchés de Kam. Izuku plissa le nez d'agacement face à tout ce bruit et cette agitation complètement inutile, puisque le blond était absolument ravi de se faire kidnapper ainsi pour du mario kart et échapper à la vaisselle, lui aussi, il aurait bien… Il se prit le torchon en pleine poire, parfaitement lancé par Kacchan et sans lui laisser le temps de faire la moindre remarque, son meilleur ami renifla :
« Arrête de faire ton jaloux, Eij est pas qu'à toi. Maintenant, viens ici et rince ça. »
« Oui papaaaa. » singea Izuku et ce fut sans doute pour cette mauvaise blague que la première casserole que le blond lui tendit fut si emplie d'eau mousseuse qu'il en finit trempé.
Une bataille d'eau citronnée et quelques jurons plus tard, ils avaient retrouvé le rythme, se complétant si facilement après toutes ces années à faire cette même corvée à l'internat ou lors de leur première colocation, même si l'évier de cette époque était si petit qu'Izuku se perchait sur le frigo pour essuyer la vaisselle que Kacchan lui tendait. Deux assiettes et trois casseroles, toute la richesse de leur placard, le temps de se faire un nom et de gravir à la loyale les marches de leur métier.
« Bon. »
« Mmm ? » répondit distraitement Izuku, en pilote automatique, occupé à se rappeler à quel point ça lui manquait viscéralement, les soirées à refaire le monde autour d'un plat qui refroidissait plus vite qu'ils ne le mangeaient.
« C'était quoi, votre regard, lors de la réunion ? »
Bordel de merde, il le savait, il savait que Kacchan allait le voir, pourquoi il ne s'était pas écouté lui-même en gardant sa grande gueule vissée sur le rapport, mais non, bien sûr, il avait fallu qu'il échange un coup d'œil avec Eij, bien entendu ! L'esprit à mille à l'heure, il biaisa plus abruptement que jamais, avec un mince espoir de réussite :
« Quel regard ? »
« Quand on a parlé des expériences à faire sur le loup géant. »
« Ha ? Je me souviens pas… Je sais que j'ai pensé que c'était pas... pas extraordinaire comme méthode, mais je ne me rappelle pas avoir fait un regard particulier avec Eij. »
« Pas extraordinaire, c'est-à-dire ? »
« Hé bien... si c'est vraiment un civil ou un héros sous l'effet d'un alter, ce serait quand même extrêmement traumatisant de se retrouver barder d'expériences et de tests médicaux. Même éthiquement, ce n'est pas très clair, puisqu'ils ont pas précisé s'ils allaient requérir son consentement. »
Kacchan réfléchit un instant où Izuku en profita pour relâcher l'infime respiration qui s'était bloquée au niveau du sternum lorsqu'il avait lancé sa diversion, soulagé de le voir mordre à l'appât ainsi. Il prit un soin particulier à attendre la réponse sans mine particulière, faisant semblant d'être extrêmement occupé à laver son couvert.
« C'est vrai que... enfin, c'est un peu chelou. »
« Personnellement, j'aime pas tellement ces manières. Je me suis pas engagé pour servir de... de tortionnaire. Je sais pas trop si je livrerai le loup, si ça me tombait dessus. »
« Pfff, toi ? T'es bien trop droit dans tes bottes et respectueux de la loi pour outrepasser les ordres ! »
Izuku fit appel à la moindre miette de self contrôle disponible dans son corps pour empêcher les commissures de ses lèvres de trembler, fermement accroché à l'idée de ne surtout, SURTOUT pas penser à tout ce qu'il faisait qui outrepassait les ordres. Et il était pas près de s'arrêter.
La mousse glissante faillit lui faire casser un des verres à eau, heureusement rattrapé in extremis avant qu'il ne touche le fond de l'évier, sous l'œil réprobateur de Kacchan. Un peu trop réprobateur d'ailleurs, et le blond gardait un silence un brin trop lourd après sa vanne. Izuku se creusa les méninges pour en trouver la raison et finit par la trouver dans la très légère obstination du blond à ne pas croiser son regard tout en étant hyper-attentif au moindre de ses mouvements. Ha. Bon. Kam et Eij étaient en haut, ils venaient de commencer leur tournoi, ils en avaient bien pour une bonne demi-heure...
De toute façon, il fallait bien qu'il crève l'abcès un jour ou l'autre.
« Alors, pourquoi tu m'as pas dit ? »
C'était sorti tout seul, avec un brin trop de reproche peut-être, en tout cas assez pour qu'il voie une stupéfaction douloureuse sur le visage de Kacchan, le torchon en suspens au-dessus de l'évier.
« T'es fâché ? »
C'était bien lui, de toujours raisonner en colère, comme si la palette des émotions ne se résumaient qu'à ça, comme si tout ce qui était négatif n'aboutissaient qu'à la rage et avec un mouvement d'humeur, Izuku rectifia tout en empilant brusquement la vaisselle sous l'eau chaude :
« Non, je suis pas fâché, je suis peiné ! Oui, ça me fait de la peine que mon meilleur ami n'ait pas daigné me dire qu'il allait se fiancer ! »
« Shhh ! »
« Je chuchote, je te signale ! Ils sont à l'étage et avec le bruit de la vaisselle, pas de raison qu'ils entendent ! Ils n'ont pas encore de super-ouïe ! »
« Écoute, je suis désolé... »
« Laisse. T'as pas besoin de t'excuser. T'as préféré le dire et le faire avec Eij, oui ça me fait de la peine, non je ne t'en veux pas et non je ne suis pas fâché, je suis juste… triste. Et je pense que j'ai le droit, c'est pas comme si mon meilleur ami avait choisi quelqu'un d'autre pour... »
« Izuku ! » l'interrompit brusquement Kacchan et ce haussement de ton, lui si précautionneux à l'idée d'alerter Kam et Eij, arrêta net le vert. Il daigna relever les yeux de sa pile d'assiette pour croiser le regard sérieux du blond, espérant dissimuler de son mieux la blessure d'amitié qui menaçait faire trembler ses lèvres, sans se faire d'illusion. La légère inspiration de son meilleur ami, avant qu'il ne se lance, suffit à l'assurer qu'il avait tout à fait relevé la meurtrissure, une sincérité absolue se faufilant à travers ses phrases :
« Je l'ai dit à Eij parce que je savais qu'il allait te le dire. Parce que vous vous dites toujours tout et qu'on a toujours fonctionné ainsi, je dis un truc à l'un et je suis sûr que dix minutes après l'autre le sait. Je suis allé avec lui parce que je savais que Kam allait vous appeler pour passer du temps avec vous et qu'entre toi et Eij, tu es le seul capable de passer l'aprem avec mon mec en étant normal. Je savais que tu n'allais pas cracher le morceau et je sais très bien que tu peux jouer la comédie comme personne. Voilà tout. »
Une pause, le temps de déposer avec précaution un verre élégamment travaillé comme il n'y en avait que chez Kacchan et Kaminari, puis il soupira franchement avant d'ajouter, à mots soigneusement choisis :
« Maintenant, oui, clairement j'aurais préféré que tu sois là. Si j'avais pu, j'aurais voulu que vous soyez là tous les deux et qu'on puisse faire ça tous les trois. Tu m'as manqué cet aprem et Eij a dû me convaincre deux fois de ne pas t'envoyer de photo pour te demander ton avis ! »
« T'aurais pu… J'aurais préféré, en tout cas. »
« Avec Kam en face de toi et son besoin de stimulation constant qui fait qu'il regarde sans le vouloir toutes les notifications ? »
Il soupesa un instant avant de se rappeler Kam et son enthousiasmé « Eij t'a envoyé un sms ! » au beau milieu de leurs smoothies et il acquiesça. Faire une surprise à Kaminari relevait du miracle.
« Je vois… Je comprends. Ça reste un peu peinant, mais je comprends. »
Il aurait sans doute fait pareil, à la place de Kacchan. En fait, quand même bien il enrageait de se l'avouer, parce que c'était se renier le droit d'être triste, il aurait absolument fait pareil, à ceci près qu'il n'aurait même pas averti Eijirô de ce qu'ils allaient faire avant de l'avoir rejoint dans la rue commerçante.
« Ce qui expliquait ton humeur de chien au téléphone. »
« Sans doute. »
C'était bien faible, comme sourire, mais ça suffisait largement. Izuku joua un instant avec l'idée de lui présenter des excuses, décida de ne pas appuyer davantage sur le sujet, histoire de préserver la fragile amélioration de l'ambiance. De toute façon, sans Kam ou Eij pour assouplir tout ça, il ne pouvait guère faire mieux. Il voulut passer les couverts au blond sans que celui-ci réagisse. Un peu trop louche pour la conversation actuelle et Izuku leva les yeux de son torchon vers l'air méditatif de Kacchan, visiblement occupé à remâcher une phrase assez acide pour qu'il en pince les lèvres. Pas bon ça. Vraiment pas bon.
« Et puis... » entama précautionneusement le blond, avec une hésitation infime au creux des iris, le genre d'hésitation qui inquiéta immédiatement Izuku. « J'ai eu peur que tu m'en dissuades. »
« Pourquoi tu aurais peur que je te dissuade de te fiancer ? »
« Parce que. »
La douceur de la phrase était plus inquiétante que tous les cris du monde, pour qui connaissait Kacchan et personne ne le connaissait mieux qu'Izuku, avec leurs pléthores de souvenirs d'enfance mâtinées de haine et d'amitié nichés en lui. Il aurait pu écrire à l'avance toutes les réactions du blond, il lui suffisait d'un coup d'œil pour savoir ce qu'il avait en tête, de manière si précise qu'en combat à deux, ils étaient imparables et le vert n'eut qu'à le dévisager une fraction de seconde pour qu'un doute affreux l'étreigne. Il avait beau savoir qu'il avait raison, il n'arriva pas à étouffer tout à fait l'espoir irrationnel de se tromper dans son intonation :
« T'en as pas envie. »
Kacchan détourna les yeux pour fuir son regard, littéralement et c'était un aveu plus criant que son « Non. » sec et à peine audible, qui faillit faire hurler Izuku.
« Pourquoi tu le fais, si tu veux pas ?! » jeta-t-il avec toute la maîtrise possible du monde dans le ton de sa voix, tout pour laisser ça comme une simple conversation de vaisselle sans le moindre éclat qui puisse attirer l'attention d'Eijirô et Kaminari à l'étage.
« Parce que lui, il en a envie, voilà. »
« Et après ?! »
« Ben ça vaut bien que je me force un peu, non ? Ça fait un an qu'il attend que ça ! »
« Tu déconnes ou quoi ? Tu veux vraiment commencer un mariage comme ça ? Sur un mensonge ? »
« Je vais pas continuer à lui refuser ça toute notre vie ! »
« Et tu veux faire quoi ? L'épouser et lui en vouloir toute votre vie ? » persifla Izuku, une rage pour le coup justifié au coin du cœur face à la stupidité évidente de son meilleur ami, qui renifla :
« Eij a dit que ça n'avait rien changé pour vous... »
« Parce qu'on en avait envie tous les deux ! Tu vas faire quoi quand Kaminari va commencer à planifier ? À organiser tout ça ? À te demander de choisir entre deux fleuristes et te faire essayer des traiteurs que tu trouveras à coup sûr moins doué que toi en cuisine ? »
« Y'a de meilleurs traiteurs... »
« Je vais te gifler si tu continues de faire le con ! Merde Kacchan, tu l'aimes ! »
« Oui et je veux pas le perdre ! »
L'assiette entre les mains de Kacchan explosa, bribe de porcelaine à travers la cuisine dont Izuku s'écarta d'un bond avec un jappement surpris. Sur les doigts du blond, un filet de sang perla, ourlant certaines de ses plus imposantes cicatrices et sans réfléchir, Izuku ouvrit le robinet en lui enjoignant de mettre les mains sous le jet d'eau.
« Ça va ? »
« Oui, oui, très bien, une maladresse ! » gueula-t-il à Eijirô, en priant de toute son âme pour que son mec garde Kaminari en haut. Tout pour qu'il ne voie pas Kacchan aussi défait, avec la tristesse au bord des iris tout prête à dégouliner sur ses joues et le voir aussi bouleversé à l'idée de perdre son amoureux lui retourna le cœur.
Délicatement, il ôta les éclats d'assiette des doigts du blond, autant pour aider que pour lui laisser le temps de digérer un peu le rush d'émotion qui était en train de vider ses pommettes de la moindre goutte de sang, comme si tout s'écoulait entre les paumes d'Izuku pour disparaître dans l'évier. De légères pressions d'un torchon relativement propre, si l'on oubliait la traînée de chocolat dû à l'essuyage subreptice du museau de Kam, Izuku tenta d'essuyer l'eau sans rouvrir les minuscules plaies et murmura, désolé :
« Je peux pas te laisser faire ça Kacchan. Pas à Kam. Et certainement pas à toi. » et sa voix trembla en voyant le blond baisser le nez, comme un gamin prit en faute. Son cœur se serra devant la crispation des mains de Kacchan sur le torchon et se sentit comme le dernier des connards. D'abord leur mentir pour Eijirô et maintenant ça ...
« Maintenant, tu sais pourquoi je voulais pas te dire... »
« Kacchan, je suis désolé mais… je peux… Je peux pas te laisser faire ça. Je peux pas te regarder vous condamner à vivre un truc de merde, voir possiblement foutre votre couple par terre, sans rien faire. »
« Mais il me reste quoi ? On se prend la tête presque tous les jours dessus. Tous les jours Izuku, c'est pas rien, putain. »
« Pourquoi vous nous en avez pas parlé ? »
« Ben tient, parce que vous, vous venez nous voir quand vous avez des problèmes de couple vous ? Il a fallu que je te cuisine un aprèm entier la dernière fois ! Tout ça pour que tu finisses par me cracher enfin que tu ne savais pas comment demander à Eij de jeter ses crocs, alors qu'il t'avait fait promettre de ne jamais lui demander de jeter ses crocs. Alors venir vous voir pour ça ? »
« Oui, pour en parler ! »
« Mais à quoi ça aurait servi ? »
« Oh, je sais pas Kacchan, peut-être qu'on aurait pu déterminer exactement qu'est-ce qui fait que tu n'as pas envie de te marier ! Ou pourquoi c'est si important pour Kam ! Et trouver un putain de terrain d'entente ! »
« Y'a rien à comprendre, j'aime pas ça, je veux pas, lui oui, point à la ligne ! »
La moutarde lui monta au nez, en même temps qu'une impatience agacée, ce qui résultat en un mélange détonnant, littéralement, puisqu'il aboya à voix basse au nez de Kacchan :
« Tu n'aimes pas ça parce que tu as peur de t'engager et de ne pas tenir la distance, tu as peur de décevoir les gens sur le long terme, tu as peur, même après plus de quatre ans, que Kam réalise à quel point tu es quelqu'un de « mauvais ». » et les guillemets qu'il traça étaient plus lourds que les marques laissées par ses mots au creux du regard de Kacchan.
« Et tu n'arrives toujours pas à croire qu'il t'aime pour qui tu es ! Et lui, lui il a peur, même après quatre ans, que tu te foutes de sa gueule, que tu ne sois pas sérieux, que tu ne prennes pas votre relation au sérieux parce que tu es trop occupé à devenir le pro-héro numéro un ! Il a désespérément besoin de pouvoir dire, publiquement, dans un langage social que tout le monde comprend, que le Grand Lord Murder Explosion Dynamight premier du nom l'aime, LUI. Lui Kaminari que personne ne prend jamais au sérieux. Parce que c'est dans son caractère de repousser tout le négatif du monde par des blagues et de ne jamais se plaindre, jamais froncer les sourcils, jamais gueuler.
Tu devrais le voir parfois, dans nos sorties de groupes, quand il veut évoquer un de ses problèmes, personne ne l'écoute ! Sero, qui l'adore pourtant, lui a même claqué une fois que « ça va, t'as qu'à sortir une blague et ça passera » alors que Kam venait nous expliquer que son manager était à la limite du harcèlement avec lui. Et je te parle même pas des interviews où on te demande quand tu vas trouver « l'amour, le vrai », des articles de classement des nanas qui seraient « mieux pour toi ». Y'a même des prognostiques sur la date de votre rupture ! Des paris ! Comment veux-tu qu'après ça, il n'ait pas désespérément besoin de voir que TOI, son amoureux, TU le prennes au sérieux et que le monde entier le prenne au sérieux ? Et avec tout ce que je viens de dire, tu crois pas qu'on peut trouver un putain de compromis ?! »
Sa tirade lui racla la gorge d'une bile amère, quand le silence choqué de son meilleur ami lui fit réaliser la dureté de ce qu'il venait de sortir. Il l'aurait frappé que Kacchan n'aurait pas eu l'air plus stupéfait, plus meurtri. Izuku chercha vainement comment rattraper ça, comment effacer ses phrases et surtout, comment faire disparaître l'expression du blond, gommer le pli de ses lèvres qui menaçait trembler, sans rien réussir à trouver comme inspiration dans le silence de la cuisine.
« Kacchan ? »
Aucune réponse visuelle et auditive, ça carburait sec dans l'esprit de Kacchan, ça se voyait à son immobilité totale et au rythme quasi-absent de la respiration, encore trente secondes et il faisait de l'apnée.
« Tu le penses vraiment ? »
« Heu... de quoi ? »
« Qu'il croit que je ne suis pas sérieux ? »
« Heu... C'est que... Kacchan, tu sais, j'étais énervé et... Et j'ai pas forcément... Enfin je veux dire que... »
« Ho, ta gueule. T'as la meilleure analyse de nous quatre, donc oui, ou non, Kam a peur que je ne sois pas sérieux à propos de nous ? »
Il y avait un temps pour les conversations polies et tergiverser agréablement sur un sujet pour s'éviter un faux pas social, et un temps pour répondre honnêtement à son meilleur ami à deux doigts de la crise d'apoplexie.
« Oui. » Et il enchaîna immédiatement avant que Kacchan ne l'interrompe. « Tu es... peu démonstratif, de base, mais encore moins en public. Tu ne lui tiens jamais la main, pas un baiser, pas même un sourire spécial rien qu'à lui. Encore, Eij et moi on vous voit avoir ce genre d'interaction parce qu'on est vos meilleurs amis et encore, même avec nous, tu restes distant avec lui. »
« C'est juste... je... je considère juste que ce qu'on a n'appartient qu'à nous. Je veux pas que les autres y touchent. »
« Kacchan, je sais. Je sais très bien. Et Kam aussi. Mais il a besoin de quelque chose de plus tangible face à ses angoisses et à sa certitude de ne pas être assez bien pour toi. Un truc tangible que tout le monde puisse comprendre. D'où le mariage. »
« D'où le mariage. » reprit Kacchan, avec déjà l'esprit à mille à l'heure sur le concept, à tourner et retourner l'idée, les implications et Izuku anticipa d'un coup :
« Va pas te mettre en tête que c'est de ta faute, hein ! Ou que tu aurais dû le voir avant ! C'est bon, t'as pas su, t'as pas vu, t'as demandé à tes meilleurs amis et à l'aide d'avis extérieurs logiques et rationnels, tu as pris le problème à bras le corps et maintenant, comme le Kacchan que je connais et qui est le plus fort de l'univers, tu vas régler le problème. »
À l'étage, ça gueulait sévère, la faute à une partie perdue par Kam dont la déception tranchait dans le silence un peu inconfortable, à ne pas savoir sur quel pied danser, de la cuisine, mais au moins, un sourire déformait un peu le coin des lèvres de Kacchan.
« Le plus fort de l'univers ? Avant Eij ? »
« Le plus fort Kacchan de l'univers, cherche pas à me brouiller avec mon fiancé, toi, je te vois d'ici. » renifla Izuku avec dédain, une pichenette de son index mouillé à l'attention du blond pour lui arroser le bout du nez et effacer ce rictus de merde, qui s'évanouit bel et bien dans un sourire plus doux, plus chaud, à tous les coups attendri. Rare, chez Kacchan.
« Qu'est-ce je ferais sans tes coups de pied au cul ? »
« Des conneries. Comme toujours. »
« Sérieux Izuku. Merci. »
« Je t'en prie. Tout le plaisir est pour moi. Et puis… Désormais, tu me dois ma pièce montée, tu peux plus dire non. »
Sa taquinerie eut l'effet escompté, Kacchan leva bras et yeux au ciel en gueulant comme un putois, un torrent d'insultes salées à souhait qu'Izuku accueillit sereinement, absolument assuré au vu de la virulence des jurons que Kacchan se chargerait effectivement de leur pièce montée. Qu'il ait jusqu'à présent refuser juste pour le plaisir de voir Izuku le supplier et argumenter n'enlevait rien au plaisir de le voir jurer à qui mieux mieux.
« Heu, qu'est-ce qui se passe ? » lança Kam, tout juste redescendu et son ton d'une curiosité trop policée pour être sincère, mais Izuku mit cela sur le compte de sa récente défaite, ainsi que de l'ampleur exagéré de la gueulante de Kacchan et il balaya d'un reste de fou rire :
« Rien, ton homme vient d'accepter de faire notre pièce montée, tu penses bien qu'il gueule. Il a réussi à résister trois mois, un exploit ! »
« Ha, enfin ! T'as sorti quel argument ? »
« Un vieux truc d'adolescence... » biaisa Izuku.
Impossible de balancer les tenants et aboutissants de la conversation, même si sa réponse sonnait comme un putain de mensonge grossier. Tant pis. Il lui expliquerait une fois que Kacchan aurait arrêté ses conneries et entamé une sérieuse conversation avec son mec, actuellement en train de lui retourner un regard interrogateur.
« Je m'en fous de l'argument que tu as utilisé, du moment que Kats s'en charge, ça me va. Merci Kats ! »
« Ta gueule ! Prends ton mec et cassez-vous détruire votre putain de canapé ! »
« Mais... »
« Je suis malentendant, pas sourd ! »
Le torchon passa cette fois juste au-dessus de sa tête, parce qu'il s'était baissé juste à temps pour le voir heurter Eij au niveau du menton, s'accrochant dans les dents du roux qui crachota de dégoût et Izuku fila avant que Kacchan ne se mette à hurler en voyant le trou que les dents d'Eij venaient de faire dans son torchon neuf.
C'est parti ^^ !
Akane : Haaaa merciii ! Je suis ravie que ça te plaise ! Eij en loup-garou, est-ce c'est pas une des idées les plus fun du monde XD ? Of course que Eij va prendre Izuku en loup, OF COURSE ! Mmm j'en dirais pas plus pour le foursome XP. Merci beaucoup pour le petit compliment sur The Manly Bottoms, merci ! (Un petit truc est, possiblement, en écriture, shhh). Merci pour tes reviews, ça fait plaisir ^^ !
Omiya : LYHZBDGF MERCIII ! L'honneur d'être lue au taff, je meurs ! Merci ! Prince Carnage garde son pseudo-mystère pour ce chapitre mais tu saura tout au prochain ! J'ose espérer réussir à faire un foursome digne de ce nom mais j'avoue, pour le moment, je trouille un peu XD. Denki est vraiment mon préferé à écrire, il est SI FUN ! Le canapé… well le canapé verra des choses, bichette XD. Merci infiniment, c'est adorable, merci merci ! Je sais que c'est très long un unique chapitre par mois, j'aimerais faire plus mais entre mes autres projets écritures, le fait que je ne me focalise jamais sur un seul chapitre pour conserver l'inspiration et pas me lasser, le boulot, mes dessins, les emmerdes de la vie… je suis pas le rythme XD. Désolée…
Merci beaucoup pour The Manly Bottoms, ça me fait extrêmement plaisir de savoir qu'elle est relue et autant apprécié, c'est un honneur ! Et une grande joie ! Comme évoqué auprès d'Akane, un petit truc est en cours d'écriture à ce sujet-là ("petit" c'est relatif XD) et j'espère que ce sera à la hauteur ! Une des meilleures KiriKatsuDeku, hola, c'est beaucoup, je suis pas certaine que ça mérite mais merci ! Merci ! J'espère que ce chapitre-ci t'aura plu, en attendant la suite et que ton mois d'Ocotbre était fantabuleux !
Bluestars14 : Coucou ! J'étais simplement inquiète de ne pas te voir mais me voilà soulagée ! Ouf ! Ça m'a l'air bien compliqué pour te connecter à internet désormais XD.
Je comprends tout à fait que le côté loup-garou freine, c'est vrai que ça peut rebuter. Toutes reviews aident DE OUF à comprendre et à échanger, c'est toujours un plaisir de te lire et d'avoir tes retours tout au long des fics et depuis, ma foi, déjà un an XD !
Raaah que je suis contente que les chapitres t'aient plu ! C'est beau l'amour, comme tu dis XD. Ils sont trop forts et trop choupi, voila tout ! L'hôpital était bien fun à écrire (surtout les escaliers, un ré-gal !), un peu galère de retranscrire exactement ce que j'avais en tête mais ça a l'air d'avoir plu, ou tout du moins de pas avoir trop déçu, donc je suis heureuse !
Haaaa, Bakugo dans toute sa splendeur ! Et dans toutes ses guelantes XD. Mmm le moment d'amoureux avant la demande, c'est pas pour tout de suite, comme tu as pui voir avec ce chapitre-ci XD. Mais ne t'en fais pas, ça va aller. Ha ba faut googler les trucs hein pour savoir, c'est pas comme si on pouvait chercher ça dans un bouquin XD. Le plan à quatre est prévu ! J'espère que j'arriverais à le rendre bien, c'est quand même un excercice de haute-voltige et je voudrais être certaine que ça rende BIEN !
Merci pour ta review, ça m'a fait super plaisir et c'est toujours génial de te lire ! Merci beaucoup beaucoup BEAUCOUP ! j'espère vraiment que ce chapitre t'aura plu ^^!
Oloreandil : Tmtc t'es le.a meilleur.e ! D'une DOUCEUR ! Des milliards de plaids tout doux et de bonbon haribo sur toi ! MERCI !
