J'ai passé un mois… compliqué. Aucune idée de comment j'ai réussi à sortir ce chapitre au beau milieu du bordel du monde XD.

Et j'ai prit un plaisir fou à l'écrire. Là aussi, aucune idée du pourquoi ou du comment ni même de si c'est un bon chapitre ou pas, juste, j'ai adoré l'écrire. Hâte, fort hâte que Kam soit là plus souvent parce que nom de dieu que j'aime l'écrire !

Je vous laisse avec le nouveau chapitre, en espérant qu'il vous plaise et qu'en dépit de la longueur de l'histoire et du schmilblick (et la rareté des lemons, aussi XD), cette histoire reste une lecture fun et sympa ^^. Je suis bien entendu preneuse de toutes remarques et suggestions, vous êtes, après tout, les meilleurs placés pour ça et si vous avez une envie ou une requête, ce sera avec un immense plaisir ^^ !

HA SI, QUESTION : dans mes cartons de projet pour après/parallèle, j'ai un omegaverse BakuDeku, un AU MadMax Fury Road BaduDeku, une histoire demonShinsouxBakugo , un oneshot KatsukiXKaminari, entre autre. Y'a un truc qui vous intéresse plus que d'autre, un ordre préçis, des idées ? Bref, dites-moi tout, s'il vous plait XD !

Merci d'être là, merci de vos lectures et de vos reviews ! Des milliards de câlins et de thé brûlant à vous – et à mes Lecteurs de l'Ombre, of course !


Chapitre 8 : « On est deux beaux connards aujourd'hui. »

De l'autre côté du comptoir, Eij l'interrogea d'un froncement de nez, passé bien loin au-dessus des boucles d'Izuku qui se redressa d'un bond :

« Merde ! »

« J'ai rien dit ! » se défendit instinctivement Kacchan, levant les mains pour affirmer toute son innocence, à mille lieux de l'idée d'Izuku qui instilla une volute de panique dans sa voix :

« Ta jambe ! »

« Ben quoi ? »

« Kacchan, ta jambe ! »

L'adrénaline rendait l'incompréhension du blond et d'Eijirô insupportable, il abandonna son portable sur le canapé et rejoignit Kacchan au moment où celui-ci soulevait d'une main son pantacourt, tandis qu'Eijirô se penchait assez par-dessus la table pour que tous les trois voient à l'exacte même seconde le bout de mollet du blond dépassant du bandage. Cicatrisé.

« Qu'est-ce que… C'est quoi ce bordel ? » chuchota Kacchan, alors qu'Eijirô crachait à son tour un « putain » si incongru et choquant dans sa bouche qu'Izuku lui jeta un regard anxieux, pour découvrir qu'il venait de vieillir de dix ans.

Il ne voulait même pas songer à la culpabilité que son homme se mangeait en pleine face, son esprit déjà saturé de la probabilité que ça soit réel, que c'était bien ce qu'il pensait que c'était. Et si c'était vraiment bien ça, ils étaient vraiment, mais vraiment dans la merde.

« Combien de temps Eij avait mis pour guérir, le soir de l'attaque ? » demanda sourdement Kacchan, son esprit sur le même le cheminement de pensée qu'eux et Izuku souffla, mortifié :

« Une nuit… »

« Ça veut rien dire ! » cracha le blond, l'agressivité en bouclier au creux de sa phrase, comme pour mieux réfuter le phénomène sur lequel aucun d'entre eux n'avaient la moindre prise, si c'était bel et bien ce qu'il pensait. Le regard furibond de Kacchan se fixa sur Eij, oscillant un instant entre colère et supplique, avant que cette dernière ne l'emporte :

« Eij, dis-moi que ça veut rien dire ! »

« Kat, je suis pas le plus... »

« T'as cicatrisé en combien de temps exactement ? » l'interrompit leur meilleur ami, avec tant d'angoisse qu'Izuku tenta stupidement d'enrayer la panique qui leur bouffait la gorge, uniquement pour la resserrer davantage :

« Il a été mordu le soir à vingt-et-une heures et son épaule était cicatrisée le lendemain. Vers huit ou neuf heures… »

Et sa phrase mourut dans sa gorge, incapable de sortir une suite qui n'aurait de toute façon aucun sens, vu le désespoir croissant qui menaçait d'ignition le pantacourt du blond entre ses doigts. Son esprit ne lui fit pas la grâce de s'arrêter et s'enroula autour des faits et des certitudes, celles qui indiquaient que Kacchan cicatrisé signifiait Kacchan loup-garou et comment ils faisaient pour expliquer ça à Kam et le dissimuler et le garder en sécurité, LES garder en sécurité et gérer les transformations, ils savaient même pas comment ces trucs fonctionnaient chez Eij, le processus serait peut-être différent chez Kacchan et y avait-il des différences entre les loups-garous et devaient-ils…

« Stop, tous les deux ! »

Il ne s'était même pas rendu compte qu'il mordillait son pouce, mais abandonna la peau déjà bien amochée, un peu prit au dépourvu par le ton si apaisant du roux, qui faisait le tour pour les rejoindre. Son homme glissa sa paume brûlante sur sa nuque, en une caresse lente sur laquelle il calqua son inspiration, laissant la compression dans ses poumons refluer. Avec une douceur à faire fondre l'univers, Eij tendit sa main libre jusqu'à Kacchan, remonta son avant-bras jusqu'à caler sa paume au creux de son coude, serrant juste ce qu'il fallait pour attraper son regard.

« Pas de panique avant qu'on voit les dégâts, d'accord ? »

Rien qu'à la trop grande fermeté de sa voix et au farouche éclat dans son sourire un brin trop assuré, Izuku savait qu'Eijirô déployait des trésors de maîtrise de soi pour les rassurer. Auxquels ils furent tous les deux sensibles, à en croire la manière dont les épaules de Kacchan se relâchèrent, un tout petit peu.

Rassuré sur son état, Eijirô s'accroupit en face de son meilleur ami, lui ôta délicatement les doigts du pantalon sans tenir compte du filet de fumée qui s'en dégageait et remonta son regard jusqu'à croiser celui de Kacchan :

« Je vais t'enlever ton bandage, ok ? »

Il attendit d'avoir en réponse un hochement de tête et avec soin, retira le système d'attache de la bande de gaze avant de la dérouler avec mille précautions qui mirent les nerfs d'Izuku en pelote, jusqu'à ce qu'il réalise que son mec faisait cela pour éviter d'arracher des morceaux de plaies, au cas où des croûtes auraient séché dans la gaze. Inutile au possible, parce que plus le pansement glissait entre les doigts du roux, plus il révélait une peau vallonnée d'une cicatrice certes impressionnante, mais saine. Parfaitement refermée.

Ils évaluèrent la chose une poignée de seconde avec un silence absolu, puis Kacchan laissa échapper de la voix la plus misérable qui soit, avec un couinement en prime :

« Je vais devenir un chien ! »

« Kat non ! » s'écria Eijirô, recouvert par la rectification « Un loup, pas un chien » très pince-sans-rire d'Izuku, qui mit le feu aux poudres immédiatement en propulsant Kacchan à la limite de l'hystérie en une fraction de seconde :

« C'est moi qui vais devoir me taper la fourrure et la bave, je choisis comment j'appelle ça ! »

« On sait même pas si c'est vraiment ça ! »

« Tu vois beaucoup d'autres options à l'agenda ?! »

« C'est peut-être un effet de la salive d'Eij ? Un truc cicatrisant ? »

« Parce que t'as cicatrisé plus vite après vos galipettes zoophiles, peut-être ?! »

« Hé ! » ronfla Eij, dévoilant une fraction de seconde un éclat de croc à l'attention de Kacchan, assorti d'un froncement de sourcil des plus rébarbatifs, aussitôt oubliés dans le sifflement du blond :

« Reconnais-le, j'ai le même putain de problème de bave qu'Eij ! »

Il appuya d'un mouvement sec du menton, alors qu'il palpait violemment sa cicatrice de ses mains, enfonçait les doigts dans les reliefs de chair à la recherche d'un point de douleur, d'une déchirure, d'une plaie oubliée pour se prouver qu'il ne venait pas de cicatriser un truc pareil en une nuit.

« Arrête Kacchan, ça sert à rien de te faire saigner, ça ne changera rien. »

« Je rouvre ce truc pour voir si ça fonctionne pour de vrai ! »

« Mais tu verras rien ! C'est rapide, mais quand même pas visible à l'œil nu ! »

« Ça démange. » glissa Eij, très doucement et devant le silence interrogatif d'Izuku et Kacchan, il continua d'une voix peu assurée : « On voit rien, mais ça démange, dans la chair. Quand ça cicatrise. »

Kacchan resta une seconde immobile avec un retroussement des lèvres qui fit hurler Izuku alors qu'il ouvrait la bouche :

« Non ! »

« Eij, griffe-moi ! »

« Tu déconnes ? »

« Je déconne zéro, griffe-moi au sang, qu'on voit si ça marche pour de vrai ou si c'est juste un truc chelou ! »

« Y'a peut-être d'autres moyens ! » tenta Izuku en vérifiant d'un coup d'œil si les couteaux étaient bien rangés sur le plan de travail, vérification futile au possible compte tenu de la dangerosité inhérente à Kacchan. S'il souhaitait s'ouvrir la peau, il était capable de se dépiauter à l'aide de ses dents sans problème aucun, sans nul doute la raison pour laquelle Eijirô considéra très sérieusement l'option.

« Une petite griffure ? »

« Mais amour, ça va pas ? Tu vas pas l'amocher encore plus pour vérifier ! En plus, dans cet état de panique, tu vas surréagir et tes analyses seront biaisées, tu le sais très bien ! » lança-t-il à Kacchan, l'obligeant à se ranger à son opinion avec un grondement fâché, sans que ça l'empêche de continuer : « Que tu le veuilles ou non, en l'état actuel des choses, on peut rien faire d'autre que d'attendre pour voir si tu te transformes ou pas ! »

Et rien que l'idée d'attendre une dizaine, voir quinzaine, de jours pour voir si son meilleur ami se transformait à son tour lui nouait l'estomac d'un stress à deux doigts de le faire vomir, aussi la gueulante magistrale de Kacchan, mélange de cris furieux et de jurons assez épicés pour brûler jusqu'aux oreilles d'Eijirô, le fit soupirer, épuisé. Le roux tenta de glisser des excuses entre deux insultes, tandis qu'Izuku fit l'inventaire des arguments qu'il allait devoir déployer pour rallier les deux autres à sa cause et qui disparut dans le ting discret de son portable.

Merde, Kam.

Laissant le blond s'égosiller, il récupéra son portable aussi discrètement que possible, ouvrit la messagerie en grimaçant :

« Midobro, tout va bien ? »

« Le taff, rien de méchant. Je décale l'heure du traiteur et on se retrouve d'ici une heure ? »

Il n'attendit même pas la réponse pour composer le numéro du pâtissier, fuyant un instant le salon où il n'aurait même pas pu placer trois mots tant Kacchan gueulait. Le temps d'expliquer de manière lapidaire au pauvre employé qu'il décalait, on en était à « je refuse de finir avec une queue en pompon ! » entre deux « bâtard d'enculé » qui ne s'adressaient à personne d'autre que l'univers. Re-ting.

« Ça roule, mais tu me devras des cuillerées supplémentaires pour m'avoir raccroché au nez ! »

« Tkt, on va tellement manger qu'on dormira sur place. »

« Midobro qui dit tkt, que devient le monde ? »

« Moque-toi tient ! Comme si c'était pas ta responsabilité. »

« Ma plus belle réussite. Avec l'électrostimulation. »

Le smiley à la langue moqueuse tira un sourire à Izuku alors qu'il revenait dans le salon désormais un peu plus calme, momentanément rassuré sur l'état d'esprit de Kam. Au moins, ils allaient pouvoir parler de tout ça et il aurait été prêt à parier que rien que le fait de lui avouer que ce qui posait souci, c'était de la reconnaissance sociale, ça devait pas mal soulager le platine. Il n'aurait pas parié une décharge électrique, mais pas loin tout de même.

« C'était Kam ? »

À quoi bon mentir ? Il acquiesça sans louper la légère grimace d'Eijirô par-dessus l'épaule de Kacchan. Un brin réprobateur, si Izuku se fiait à son expression, sans qu'il ait la moindre idée de ce qui lui déplaisait.

« Faut que je m'isole. » déclara Kacchan avec un aplomb inébranlable, si soudain qu'Izuku fronça les sourcils, perplexe :

« Pourquoi ? »

« Pour ma propre sécurité mais surtout pour celle de Kam. »

« Eij ne m'a pas attaqué, même en loup. »

« Sauf qu'on a aucune idée de comment moi, je vais réagir en loup ! J'ai un sale caractère et un mec que j'entraîne depuis des années à électrocuter d'abord et poser des questions ensuite, donc on va éviter les soucis et prendre les devants. Et je me vois mal expliquer les effets secondaires à Kam. »

Logique imparable qu'il ne tenta même pas de mettre à l'épreuve, Kam était tout aussi observateur que lui, mais bien plus prompt à la méfiance, ce qui formait une combinaison on ne peut plus explosive si Kacchan se transformait effectivement en loup. Aurait-il les mêmes effets pré-transformation ? Odorat décuplé, appétit crevant le plafond, hyper-possessivité, des pics de sensibilité auditive…

« Kat, » entama doucement Eijirô, si délicat que ça interrompit net les pérégrinations mentales d'Izuku, face à son homme cherchant ses mots avec application. « Tu réalises que... tu ne vas pas pouvoir continuer à lui cacher ça, si c'est vraiment le cas ? »

« Et pourquoi pas ? » rebiffa Kacchan, sa mauvaise foi si épaisse dans sa voix qu'Izuku eut l'impression de la voir dégouliner sur le plancher, napper le sol du soupir d'Eij.

« Parce que ce ne sont pas des effets secondaires qu'on peut facilement cacher. Tu vas bouffer pour trois, renifler partout et arracher des tiroirs ou démonter des objets parce que tu ne maîtriseras pas ta force. Qu'une alarme de bagnole s'enclenche et tu vas hurler à la mort. Et je veux même pas imaginer les alarmes incendies que Kam déclenche au moins une fois par semaine chez vous, avec ses rollers. »

« Raison de plus pour m'isoler ! »

« Mais après ? Si tu es bien devenu un... un loup-garou, comme moi, t'es coincé dans cet état. Comme moi. » ajouta le roux avec une amertume propre à propulser la main d'Izuku sur son bras et rectifier, en une tentative d'apaisement :

« Au moins jusqu'à ce qu'on trouve un remède. »

« Si on en trouve un, Deku. En attendant, s'il vous plaît, est-ce qu'on peut repousser la fin de mon couple au moment où on serait genre... sûrs et certains que je me transforme en truc de trois mètres avec de la bave et des poils et des griffes ? »

« Pourquoi la fin de ton couple ? » interrogea Izuku, obligé d'expliciter suite au regard noir lancé par le blond. « Ça n'aura pas d'influence, je pense, je suis sûr que Kam s'en foutrait que tu aies… un souci de pilosité ? »

« Ba bien sûr, on arrive déjà pas à régler nos soucis de couple, mais en prime faudrait que je lui impose de vivre avec un loup-garou ! »

« Ç'a des tas de bons côtés, tu sais. Et je suis sûr que le nœud gênera pas du tout Kam ! » ajouta-t-il, étourdiment. Le « quoi ? » perplexe de Kacchan se perdit dans l'exclamation d'Eijirô, catastrophé :

« Ha non ! On parle pas de ça ! »

« De quoi tu veux pas parler le porc-épique, y'a quoi d'autre ENCORE dans ce putain de loup ?! »

« C'est pas important, t'occupe. »

« Et c'est pas constant ! »

« Tu n'aides pas du tout, amour... »

« Mais c'est vrai ! Enfin, pas aussi prononcé et... »

« Si vous me dites pas immédiatement de quoi vous parlez, j'incendie votre baraque. Je plaisante zéro. » menaça leur meilleur ami, dents dévoilés en un rictus d'intimidation qui les fit échanger un regard, évaluer d'un coup d'œil la probabilité que l'un d'eux se dévoue pour expliciter à Kacchan. Devant l'impassibilité têtue d'Eij, Izuku tendit son poing avec un soupir et trois mouvements de poignet plus tard, le shifumi lui attribua la glorieuse tâche d'expliciter le concept du « nœud » à un Kacchan à deux doigts de l'étouffement de rage :

« Un QUOI ? »

« Un nœud. T'as jamais lu d'omegaverse ? » s'amusa Izuku, ravi malgré lui de savoir que Kacchan ne saurait jamais le culot qu'il avait de poser cette question quand tout son savoir en la matière tenait de Kam - et de ses propres expériences interdites au moins de dix-huit ans avec son monstre personnel.

« Mais, c'est-à-dire, un nœud ? Où ça exactement ? »

Le regard pis qu'éloquent du vert en direction de l'entrejambe de son mec eut un effet magistral sur Kacchan, dont le visage perdit toutes couleurs alors que son âme quittait très visiblement son corps.

« Vous me charriez ? C'est ça ? C'est ça ? »

« Ben... »

« Eij, descend ton froc ! »

« Certainement pas ! » hurla Eijirô, bondissant en arrière pour tenter d'échapper au plongeon de Kacchan sur son pantalon, jappant une protestation indignée quand les mains du blond agrippèrent élastique à sa taille pour tirer dessus.

« Vous voulez que je vous laisse ? »

« Toi, tu bouges pas ! Aide-moi ! »

« Faudrait savoir, je bouge pas ou je t'aide ? Et à faire quoi, d'ailleurs, à te déshabiller ou à t'enfuir ? » glissa Izuku, à deux doigts d'éclater de rire. Sans doute la tension, le stress, la fatigue, un peu tout ce bordel, qui faisait qu'en dépit des circonstances ou en raison d'elles, il prit un malin plaisir à adresser à Eijirô son sourire le plus faussement innocent, absolument pas rebuté par l'éclat franchement agacé dans sa voix :

« Amour ! »

« À mon avis, plus vite tu le laisses voir, plus t'as de chance de conserver ton pantalon intact ! »

« Hors de question que tu examines ma queue enfin ! »

« C'est pas comme si je l'avais jamais vu ! Allez Eij, steuplait ! » gueula Kacchan, tentant de faufiler ses mains dans le pantalon pour le descendre alors que le roux se reculait violemment, tirant à son tour sur les poignets de son meilleur ami dans l'espoir de le faire lâcher.

Izuku abandonna l'idée même de les raisonner en les voyant basculer de l'autre côté du canapé en une masse de cris de protestation et de miniexplosions, agrémenté d'une flopée de grondement qui ne faisaient qu'enrager davantage Kacchan. Il était cependant très facile de deviner que le roux perdait haut la patte la bagarre, rien qu'à l'ouïe, par peur de blesser la furie blonde qui s'échinait à tout prix à voir les dégâts de ses propres yeux. Le vert se permit uniquement un bref « On crame pas le canapé, merci ! » en voyant un filet de fumée émerger de l'autre côté et tint sa langue quand le grognement d'Eij s'accompagna d'un claquement réprobateur des crocs, préférant reprendre son portable sans s'occuper davantage de la lutte.

Il était en train de vérifier les informations concernant le traiteur et le rendez-vous quand le soupir dépité d'Eijirô lui indiqua que Kacchan était enfin parvenu à ses fins, dans un silence médusé :

« Et ça grossit ?! »

« J'peux me rebrailler, merde ? »

« Oui, mais est-ce que ça grossit ? »

« Évidemment, tu te doutes bien qu'en cas d'érection, ça gonfle en même temps ! »

« Merde… Mais ça rentre ? »

« Où ? »

« Dans Deku. »

« Hey ! On arrête de parler de notre vie sexuelle, Kacchan ! »

« Je pose juste des questions parce que ça risque de me concerner d'assez prêt, si tu vois ce que je veux dire ! »

« On fait tous des sacrifices dans l'affaire, » régla Eij d'un ton sec, refermant sa braguette en abandonnant Kacchan éparpillé sur le sol du salon. « Moi, j'ai dû montrer ma queue alors, tu es gentil, tu réponds à Katsuki, mon amour. »

Izuku se retient de justesse de jurer, de toute façon battu d'avance par la logique d'Eijirô si ce n'était par la légère colère sourdant dans son ton faussement taquin et il cracha, rouge écarlate :

« Si tu dois absolument tout savoir, oui, ça rentre ! Ça prend du temps et pas mal de précaution, mais ça rentre. T'es sûr que tu veux pas être là à la prochaine session baise ? »

« J'me tâte, repose-moi la question quand on sera sûr que j'ai le même genre de sextoy intégré qu'Eij ! »

Le ton oscillait parfaitement entre désespoir et plaisanterie, tirant à Izuku un gloussement qu'il n'essaya même pas de dissimuler le temps que Kacchan se remette sur pied avec un grognement d'inconfort - même en jouant, Eij restait bien plus puissant que lui. Il les rejoignit dans l'espace cuisine, vaguement dans ses réflexions, au moment où le roux essayait de contenir son agacement pour demander, une tension dans la voix :

« On fait quoi, maintenant ? »

« Vous, ce que vous voulez, moi, je dois filer ou je vais être putain d'en retard. »

« T'es vraiment obligé d'y aller ? »

« Un peu, maintenant qu'on a tout décalé ! » siffla Izuku, glissant porte-monnaie et bouteille d'eau dans sa sacoche, tout pour fuir le regard irrité du roux, présentement en train de lui brûler la nuque de toute sa réprobation. « Et puis, j'ai quand même promis à Kam de venir, je vais pas lui faire faux bond à la dernière minute. »

« Ouais enfin vu les circonstances, tu pourrais renoncer à ton aprem glandouille quand même. »

« Glandouille ? » répéta Izuku, ébahi du ton acide du roux et de l'injustice criante du reproche. Ok, ils allaient s'empiffrer de gâteaux et ça aurait été mentir que de prétendre qu'il n'y aurait pas au moins deux fous rires, minimum, mais c'est pas comme s'il allait réellement glander, à se ronger les sangs pour Kacchan tout en essayant d'aider son couple MAIS en mentant comme un arracheur de dent à Kam !

La moutarde lui monta au nez et sans la fatigue mêlée d'angoisse de la dernière demi-heure, sûr et certain que son esprit lui aurait fait remarquer qu'il ne s'agissait que d'une des sautes d'humeurs récurrentes d'Eij, rien de sérieux. Sauf que ça commençait à le gaver mignon, de prendre sur lui sans que personne lui fasse la courtoisie de lui rendre la pareille :

« Tu plaisantes, j'espère ? T'es pas réellement en train de suggérer que je pars m'amuser alors que je vais aider Kam ? »

« Je sais pas, tu te sens visé ? »

Kacchan tenta un « Les gars... », passé si loin au-dessus de leurs têtes qu'il aurait tout aussi bien pu rester silencieux. Izuku laissa tomber sa sacoche sur le sol, plus pour éparpiller une bribe de son agacement dans le geste que par réelle envie de manifester davantage ce dernier, de toute façon bien trop visible dans l'aggravation de son ton, premier signal d'une vraie colère chez lui :

« Mais c'est quoi ton problème, putain ? »

« Mon problème, c'est que tu foutes le camp alors qu'on est dans la merde ! On a plus urgent que de régler les états d'âmes de Kam, sans vouloir l'offenser. »

« C'est facile de dire ça, il est pas là pour se défendre ! Et c'est pas comme si ça allait être facile, de passer l'aprem à lui mentir constamment ! »

« Et bah tu n'as qu'à pas y aller, Izuku, si ça t'emmerde tant. » siffla Eij, l'ironie lui rebiquant les lèvres en un simulacre de dévoilement de croc que seule une retenue farouche l'empêchait de claquer. Sans aucun effet sur son homme, lequel interrompit net le « Eijirô... » inquiet de Kacchan, de plus en plus rapetissé entre eux :

« Ce qui m'emmerde, c'est ton attitude de parfait connard ! »

« Oh parce que « JE » suis un connard parce que je trouve juste que c'est pas le moment de s'occuper de gâteaux alors qu'on a un second loup-garou sur les bras ?! »

Le ton de reproche lui rampa sous la peau, littéralement, tirant chaque nerf de son corps déjà saturé de tension à l'enrager et avant qu'il n'ait pu seulement songer à peser trente secondes ce que cette fureur lui faufilait dans la gorge, Izuku cracha, lèvre retroussée de colère :

« Oui, je vais m'occuper de gâteau parce que t'as peut-être oublié que c'est qu'un prétexte pour passer du temps avec Kam, Kam que tu as complètement délaissé et qui est censé être ton meilleur ami autant que le mien ! On a une vie, en dehors de nous et Kam est l'une des personnes les plus importantes au monde ! Ça fait des jours qu'on lui ment et qu'on le fout de côté, des semaines qu'il se prend des excuses de merde en pleine face et que son couple fiche le camp parce qu'il voit très bien qu'il y a un problème et que personne ne lui dit rien ! Alors oui, je vais aller m'occuper de gâteau pour passer du temps avec mon meilleur ami, qui en a tout aussi besoin que toi ou Kacchan ! Là, maintenant, tout de suite parce que j'ai rendez-vous avec lui et merde si ça te plaît pas ! Et je te signale que cette situation, hein, on y est jusqu'au cou à cause de toi et de ta morsure à la con ! »

Merde. Oh merde, merde, merde… Un froid mortel s'infiltra en lui alors qu'il réalisait sa connerie et le choc se répercuta dans le regard d'Eijirô, en face de lui, illuminé un instant d'une bribe d'étincelles vertes que sa colère avait soufflées sur eux. Tout son être se coinça dans sa gorge, imprimant dans sa chair la douleur qu'il avait causée à son amoureux, l'homme pour qui il aurait détruit le monde et à qui il venait de foutre une lame en plein ventre, appuyant pile sur la plaie qu'il était censé panser. Il eut envie de hurler. De pleurer. Les deux à la fois et immédiatement, si possible.

« Heu, Izuku... » commença Kacchan, hésitant, mais considérant manifestement qu'il n'avait pas trop le choix, vu l'état de ses meilleurs amis, sans que le vert ne lui laisse le temps d'enchaîner.

« Eij, je suis désolé, je sais pas ce qui m'a prit, je voulais pas... »

En une fraction de seconde, Eij lui vola les clés sur le comptoir, se dirigea vers la porte d'entrée sans s'arrêter quand son fiancé l'appela une fois de plus et s'enfuit dans l'escalier sous le regard consterné d'Izuku. Le bruit sec de la porte souligna son soupir désespéré, suivit d'une claque à l'arrière du crâne :

« Aoutch ! »

« Tu l'as pas volé, celle-là ! »

« Mais... »

« Mais ta gueule, en fait ! Tu fermes ta gueule et tu m'écoutes parce que c'est le moment où je te renvoie l'ascenseur comme le meilleur des meilleurs amis que je suis ! » gueula le blond, à peine entendu par Izuku aux yeux toujours fixés sur la porte qui avait englouti son amoureux.

Il avait accusé Eij d'être responsable, de la plus horrible des manières et avec une cruauté infinie, en face de leur meilleur ami. Il n'avait pas envie d'écouter Kacchan ni même de parler ou de respirer, au mieux, il tolérait l'idée de s'enfouir sous sa couette en attendant l'univers savait quoi, mais juste cesser d'exister et arrêter son esprit qui ne cessait d'étoiler ses propres paroles encore et encore. Mais jamais Kacchan ne lui permettrait de s'enfuir à son tour comme ça et en dépit de la tristesse menaçant déborder sur ses joues, il se mordit la langue, attendit la suite en priant pour que ça ne soit pas trop douloureux :

« Je me fous de m'isoler dix jours ou de devoir me coltiner un problème de pilosité canine à vie, mais je veux plus jamais t'entendre refourguer ça dans la gueule d'Eij de la sorte ! »

« Kacchan, je... »

« Ah ! J'ai pas dit que tu pouvais l'ouvrir ! C'était la dernière fois que tu sors un truc pareil à Boule de poils, ok ? On est d'accord là-dessus ? »

« Mais je... »

« Mais je te demande pas de répondre ! Tu opines du chef et c'est tout ! »

« Mais... »

« Mais. Ta. Gueule. Capiche ? »

Capiche, capiche, Izuku opina de la tête en essayant désespérément de ne surtout pas pleurer, la gorge poncée au verre qui semblait crisser à chaque contraction de muscle et il aurait souhaité pouvoir arrêter de respirer, tant ça bloquait en nœud dur.

« Bien ! Maintenant, tu me fous la culpabilité que tu as à la poubelle ! T'étais énervé et stressé et t'as sorti une connerie, ça arrive à n'importe quel être humain. »

D'accord, là, il ne pouvait pas laisser passer, capiche ou pas :

« Et c'est toi qui dis ça ! »

« La prochaine fois que tu m'interromps de la sorte pour un sarcasme à la con, je te promets de te la casser pour de vrai, ta figurine d'All Might, exprès ! Bon, je disais, » reprit-il après une pause de trente seconde destinée à entendre dans le silence renfrogné d'Izuku une suite d'excuse habituelle. « T'es stressé, tu prends sur toi la responsabilité de la morsure parce que tu t'imagines que tu aurais dû savoir comment gérer ça. Par je sais pas quel miracle, d'ailleurs, mais on s'en fout : tu arrêtes ça de suite. Ni toi ni Eij n'êtes responsables de ce qui se passe. Ok ? »

Les mots se frayèrent un chemin dans le brouillard de culpabilité et malgré lui, une esquisse de sourire, avec un reniflement amusé et dégouttant de larmes retenues :

« Quoi ? »

« Rien, c'est à peu près le même discours que j'ai sorti à Eij ce matin. Donc je trouve ça drôle qu'on prenne chacun tout sur nous, à chaque fois. »

Les prunelles vermillon le dévisagèrent une seconde, une seule, avant que Kacchan n'ouvre la bouche pour un sermon de plus, s'il en croyait le froncement de sourcils réprobateur, avant de se raviser subitement :

« Izuku. C'est pas grave. Il t'aime, il sait bien que tu le pensais pas une seule seconde. »

Le problème avec Kacchan et Kam, c'est qu'ils le connaissaient assez bien pour toujours frapper pile là où il y avait une faille et bien sûr, la voix douce de son meilleur ami explosa la retenue qu'Izuku tenait à bras le corps :

« Mais Kacchan, t'as entendu ce que je lui ai sorti ?! Il en a failli en pleuré ce matin, de t'avoir mordu et on en a longuement discuté, je lui ai dit que c'était pas de sa faute et qu'il ne devait pas, qu'il ne pouvait pas s'en vouloir pour ça et là, je... Je lui ai dit tout le contraire, je lui ai foutu ma colère dans la gueule en lui disant qu'en fait, si, c'était complètement de sa faute alors qu'il est paniqué depuis hier et il s'en veut, si tu savais comme il s'en veut, il a presque peur de me toucher à cause de ça et moi, moi j'ai... »

Le blond l'attira d'un geste rapide contre lui, étouffa la suite de sa diatribe sans queue ni tête, mais dégoulinante de culpabilité, d'un « Viens ici. » bourru. Le genre de ton qui avait le don d'apaiser immédiatement, ne serait-ce qu'un peu, surtout couplé à la chaleur de Kacchan, qui l'étreignait à lui faire mal, l'obligeant à enfouir son visage contre le t-shirt de son meilleur ami. Inspirer dans le câlin sa chaleur épicée de caramel brûlé, qui fit courir une onde de détente dans son organisme.

Ayant vraisemblablement décidé que lui parler ne ferait que réactiver le flot de parole catastrophé, Kacchan se contenta de le serrer, fort, de passer une de ses mains dans son dos en un mouvement lent, qui le fit sourire contre le tissu. Le blond le lui avait emprunté en l'observant consoler Kam, lui qui préférait d'ordinaire de brève accolade, mais avant fini par comprendre que son mec avait besoin d'autre chose. Izuku laissa son esprit vagabonder un instant sur ce souvenir, le regard aiguisé de Kacchan sur la silhouette de Kam dans ses bras et puis le léger pouffement de son meilleur ami contre lui le ramena au présent :

« Quoi ? »

« On est deux beaux connards aujourd'hui. Entre ton « c'est ta faute » et mon merveilleux « chiant et casse-couille » à mon mec. »

« Putain, on a merdé... » souffla Izuku, la déception née de sa propre réaction lui abaissant les épaules entre les bras de Kacchan.

« On a déconné sévère, ouais... Mais tu sais quoi ? »

« Mmm ? »

« On va réparer tout ça. Toi, tu vas aller voir mon homme, tu vas passer un super aprem avec lui où pour une fois, il va pouvoir profiter pour de vrai d'un de ses meilleurs amis. Tu vas le rassurer, lui dire que je l'aime et tous ces trucs que tu sais si bien sortir. Moi, je me charge d'Eij. »

« Tu vas lui dire que je l'aime et tous les discours romantiques que tu sais si bien sortir ? » taquina le vert, certain que Kacchan sentait son sourire à ses intonations et amusé de l'entendre grogner subrepticement dans ses boucles :

« Même pas en rêve. Je vais monter le retrouver sur le toit, partager une clope et une fois qu'il sera calme, lui rappeler que votre plus grande force, c'est de vous connaître si bien que vous savez que vous n'avez pas un gramme de méchanceté en vous. Que c'était un stupide accident parce que vous êtes tous les deux sur les nerfs. »

« Tu fais la même, mais sans la clope ? »

« Te fatigue même pas, je le laisserai tirer tout mon paquet si ça permet de l'apaiser. Y compris le paquet de rechange sur lequel il a bavouillé la dernière fois ! »

« Kacchan ? »

« Mmm ? »

« Merci. »

« Ta gueule. »

Avant qu'il n'ait pu se dégager en douceur du câlin, le nez de Kacchan remonta le long de ses boucles, jusqu'à ce que le blond cale son menton en haut de son crâne, assez lourdement pour l'empêcher de bouger. En prime du mouvement, un léger raidissement dans la posture de son meilleur ami l'avertit qu'il cherchait soigneusement ses mots.

« Izuku... Faut que je te demande un truc et tu vas pas aimer. »

« Ça fait deux fois en moins d'une semaine que tu me dis ça, je te préviens, si ça continue, je saute par la fenêtre. »

« Est-ce que tu veux bien m'accompagner, pour mon... isolement ? Quarantaine ? »

« Lors de tes vacances forcées. » rectifia vertement Izuku, déterminé à ne pas donner un aspect médical en plus à tout le bordel. « Vu à quel point on a bousillé nos mecs, je suis pas certain que ça soit une bonne idée et en plus c'est pas forcément nécessaire, Eij peut t'accompagner ou te rejoindre pour aider si jamais y'a une transformation mais... »

« Il faut que ça soit toi qui viennes. S'il te plaît. »

Ah.

« On a aucune idée de comment Eij peut réagir face à un autre loup-garou et pour être tout à fait honnête avec toi, je crois que j'ai déjà récolté bien assez de morsure comme ça. Aucune envie qu'il m'arrache la tête en prime. Et je supporterais pas d'attendre dix jours seul, je vais devenir cinglé. »

L'amitié de Kacchan lui faisait bien sûr passer sous silence l'évidence : Izuku était bien plus observateur, nécessité absolue dans cette circonstance. Sans compter qu'Eij allait sans nul doute tirer une tête de six pieds de long si jamais un seul symptôme apparaissait, plombant leurs humeurs par sa culpabilité et ses excuses à foison. Et peut-être, il disait bien peut-être, une préférence personnelle dans ses meilleurs amis, que Kacchan n'aurait jamais seulement oser énoncer.

Il retient de justesse le soupir fatigué qui menaçait s'échapper, se reprit :

« Je te laisse t'occuper de la réservation de l'hôtel, la seule chose que je demande, c'est qu'il y ait une cuisine pour que tu me fasses des petits-déjeuners tous les matins. »

« Tu crois pas que t'exagères un tout petit peu là ? »

« C'est ça ou je commande Mcdo. »

« T'auras tes putains de petit-dej, sac à merde, maintenant prends ta veste et fous le camp, t'as mon mec à aller réconforter pendant que je m'occupe de Boule de poils ! »


Il était en retard, tellement en retard, drastiquement en retard, la clé ne voulait pas rentrer dans cette maudite serrure et Izuku dût s'y prendre à trois reprises avant qu'enfin, elle tourne, lançant le moteur et la radio par la même occasion, emplissant son ouïe d'une musique pop à la con qui chassa enfin l'écho de leur dispute et de la légère panique dans la voix de Kacchan.

Comment ils allaient survivre dix jours coincés dans un logement à guetter le moindre signe chelou sur le blond sans devenir complètement fous d'angoisse, mystère et boule de gomme. Et il voulait même pas imaginer la réaction de Kam quand il apprendrait que son mec partait en voyage d'affaire le lendemain d'une dispute carabinée.

Il refourgua tout ça dans un coin de son esprit, salua d'un geste de la main le garagiste qui le regardait chelou après l'avoir vu arriver, ébouriffé et à deux doigts de trembler, pour récupérer leur voiture. Et par le fait que son client était si pressé qu'il avait payé sans prendre le temps de vérifier le travail effectué pour la réparation d'un « acte de voyou jamais vu auparavant », selon le garagiste. Le cœur d'Izuku se contracta un brin en songeant au voyou en question, trois mètres de haut et une crinière qui aurait rendu jaloux le mulet de cet homme, à qui il venait de balancer une phrase d'une méchanceté sans nom et il respira un bon coup avant de sortir du garage, tant bien que mal.

Fou comme il faisait flou d'humidité, en cette journée ensoleillée.

Et fou comme les gens avaient décidé de ne surtout pas lui rendre la vie facile, entre le connard qui lui grilla une priorité et le groupe de maternelle qui, reconnaissant son visage à cause de sa fenêtre baissée, s'immobilisa purement et simplement en plein milieu du passage piéton. L'air aussi intelligent que des poissons rouges.

Trois feux rouges plus loin, il était pire que drastiquement en retard et il se résolut à enfreindre un peu plus la loi pour envoyer un sms à Kam, tant pis s'il était au volant. Il se penchait en désespoir de cause sur son sac qui traînait par terre au milieu d'un tas de trucs inconnus au bataillon – Chiffon ? T-shirt oublié ? Canette de coca ? - et s'interrompit en captant un mouvement dans son champ de vision périphérique. Très loin au-dessus du bitume, à lui tirer un sourire amusé : il n'était pas le seul à enfreindre la loi.

Sur les lignes à haute-tension qui sillonnaient la ville, au sommet des rames de métro, la silhouette fine de Kam semait un éclair horizontal dans le ciel bleu, talonnée par les arcs électriques crépitants de ses rollers posés sur les fils d'alimentation.

Son meilleur ami avait une maîtrise presque irréelle de l'exercice, sautant de ligne en ligne avec une précision et un rythme parfait, capable de traverser la ville en une poignée de minute à la simple force électrique de ses rollers. D'un rapide coup d'œil, Izuku calcula la trajectoire la plus probable de Kam, en fonction de leur destination et fit une queue de poisson magistrale pour se placer sur la voie la plus à droite, qui collait à la ligne de métro qu'emprunterait Kam dans une dizaine de secondes et s'y arrêter au beau milieu.

Il attendit à peine que le platine ait posé un pied sur les câbles électriques pour klaxonner au mépris du code de la route et réitérer jusqu'à voir son meilleur ami ralentir et reconnaître la bagnole.

« Quelle esbroufe... » s'amusa Izuku en le voyant bondir sur le toit de l'immeuble le plus proche, le touchant à peine vu la force accumulée dans ses rollers, glisser sur la toiture en arrachant quelques tuiles au passage et achever sa descente d'une très élégante cabriole qui déchira au passage un pan de tissus du pare-soleil d'un magasin.

« Hé damoiseau, t'es charmant, j'te dépose quelque part ? »

Kam explosa de rire en ouvrant la portière, se pencha sur Izuku pour lui déposer un baiser sur la joue, ignorant royal les klaxons derrière eux et divers appels de phare.

« Vite alors, j'ai mon meilleur ami qui m'attend et franc, ça se fait pas de tromper ses meilleurs amis. »

« Petit con ! En plus j'ai dû faire au moins deux infractions au code de la route pour te récupérer ! »

« Trois, t'as oublié les warnings en attendant que je monte. Allez, roule, ou tu vas finir par passer aux infos pour obstruction de trafic ! »

« Et merde ! » siffla Izuku en constatant qu'effectivement, il bloquait la voie sans warnings, enclencha sa 1er et remit tout ce petit monde en route en s'excusant d'une main tremblante à la voiture derrière lui.

« Avant que tu ne m'engueules sur quoi que ce soit, non, je n'ai pas fait ça depuis la maison, j'ai juste… prit le train en marche alors que j'ai réalisé que j'allais être en retard ! »

« Tu mens tellement que t'as le nez qui dépasse du pare-brise ! Et attache-toi bordel ! »

« Faux, je mens pas ! J'ai juste pas précisé à quel moment j'ai pris le train en marche. »

« T'es parti en retard. »

Ce n'était pas une question et Kam, tout en regardant avec un froncement de sourcil interrogatif son meilleur ami à deux doigts d'oublier de s'arrêter au feu rouge, souffla :

« Peut-être. »

« Tu sais que si je t'engueule, c'est pas pour mon plaisir personnel ? Pour le moment les gens te trouvent cool et fun quand tu fais ça, mais le jour où ton dossier va tomber entre les pattes d'un politicien qui voudra faire un peu de comédie, tu vas déguster sévère ! »

« Toi, t'as vu Katsuki y'a pas longtemps. »

« Pourquoi tu dis ça ? »

« Ça fait déjà deux fois que tu dis des grossièretés. »

« J'ai pas besoin de Kacchan pour dire des gros mots, merci bien ! »

« Et tu viens de griller une deuxième priorité depuis que tu m'as récupéré. Y'a un problème ? »

« À part la préparation d'un mariage stressant comme pas possible, un taff qui bouffe chaque minute de libre de mon existence, mon meilleur ami qui balance des saloperies à mon autre meilleur ami et le fait qu'on soit tous les deux terriblement en retard pour ce maudit traiteur ? Oh et le fait que mon mec me déteste en prime ? Pff, j'vois pas de quoi tu parles - Hé ba dépasse-moi sans prévenir toi, j'te dirais rien ! »

La voiture qui venait de les klaxonner les dépassa à toutes berzingue, chose guère étonnante quand on considérait que pour s'éviter de griller feu ou priorité, Izuku avait réduit sa vitesse à celle d'une tortue. Il se réfréna de justesse d'adresser un doigt d'honneur à la conductrice, somme toute dans son bon droit et se força à détendre sa prise sur le volant.

« De quoi ? »

« Quoi, « de quoi » ? »

« Comment ça « mon mec me déteste » ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »

« Rien, on s'est pris la tête sur une connerie, comme dirait mon meilleur ami. »

Sa tentative de diversion par une blague ne fit que froncer davantage les sourcils de Kam, à qui il osa à peine jeter un coup d'œil en s'engageant devant la boutique d'accueil du traiteur où, miracle des miracles, il restait une place pour eux. Ils étaient pires qu'en retard, mais ils étaient arrivés et c'était déjà un exploit en soi.

La main de Kam s'abattit sur la sienne avant qu'il ne puisse l'enlever du volant, assorti de l'expression la plus courroucée du répertoire du platine :

« Ok, c'est quoi le problème ? »

« Rien, y'a rien, je suis juste sur les nerfs, c'est à cause du taff que je réagis comme ça, je suis désolé, j'ai dû me dépatouiller avec le boulot et ils voulaient absolument que je prenne une autre patrouille aujourd'hui, même si j'avais déjà posé ma journée et tout ça, ç'a tout mélangé et ... »

« Izuku, t'as l'air épuisé. »

Son prénom dans la bouche de Kam après celle de Kacchan et la manière douce dont il le lui fit remarquer, sa main fermement cadenassée sur la sienne pour être sûr qu'il lui répondrait, balaya en une fraction de seconde toute sa résolution. Izuku n'eut même pas le temps de réfléchir trente secondes :

« Juste avant de partir, j'ai dit un truc dégueulasse à Eij. Je peux pas te dire exactement quoi ni pourquoi, il voudrait vraiment pas que je le dise, même à toi. Mais disons que... il a fait un truc affreux. C'était vraiment pas de sa faute et c'était pas sa responsabilité, mais il l'a fait par accident et tu connais Eij... »

« Il s'en veut comme s'il avait détruit le monde ou provoqué une énième guerre internationale, je connais, oui. Comme s'il était capable. Bref, continue ? »

Pas sûr que Kam affiche un tel air serein s'il savait que l'accident en question avait de très fortes chances d'avoir transformé son amoureux en loup-garou, mais avant que son esprit ne reboucle dessus, Izuku suivit tout bêtement l'ordre de son meilleur ami :

« Ce qu'il a fait... Nous met dans une situation délicate. Et comme il s'en veut, j'ai passé la matinée à lui répéter sur tous les tons que c'était pas de sa faute, qu'on allait dealer avec la situation, qu'on pouvait le faire et qu'il devait pas s'en vouloir de ça puisque c'était pas de sa faute ! »

« Oh non. Laisse-moi deviner. Tu lui as dit que c'était de sa faute par agacement quelques heures après ? » soupira Kam, sa main libre pinçant l'arrête de son nez avec toute sa perspicacité légendaire. Qu'Izuku aurait voulu inventée, mais il ne put que hocher la tête misérablement :

« Et si... »

« Mais enfin… Vous avez quoi aujourd'hui, toi et Katsuki ? »

« Je sais pas… J'étais agacé qu'il me reproche de partir te voir alors que je le laissais dealer avec la situation en question et c'est monté super vite et avant que je réfléchisse j'ai sorti ma connerie... »

« Et il a fait quoi Eij après ? »

« Il est parti sur le toit. »

« En crocs ? »

« En crocs. »

« Bon. Il était moyennement fâché du coup. C'est pas si mal. »

L'humour de Kam tomba à plat, quelque part dans la brusque humidité au coin du regard du vert, à moins que ça n'ait été dans la contracture dans la gorge d'Izuku. Il n'allait pas survivre à cette journée, en fait.

Kam réagit aussitôt, l'attira à lui en glissant sa main dans ses boucles, si facilement tactile qu'une partie de la tension d'Izuku s'évapora dans son odeur acidulée, la vivacité de ses gestes et la manière qu'il avait de caler son nez juste contre sa tempe. Ça faisait un rythme rapide, sa respiration contre la joue d'Izuku, accordé à la légère tension du corps du platine, trop agité pour rester immobile bien longtemps, mais qui faisait un effort démesuré, par amitié. Bien trop doux pour la fragilité du vert :

« Je vais vraiment pleurer si tu continues ce câlin, je te préviens. »

« M'en cogne. »

« Pas moi, je peux pas arriver chez le traiteur avec les yeux rouges et de la morve partout ! »

« Midobro, on va pas aller chez le traiteur alors que t'es dans un état pareil, à deux doigts de pleurer ! Y'a des fois, faut savoir dire non dans la vie. »

« Hé ba je te dis non, on va pas tout annuler alors qu'on est sur le parking juste parce que je suis triste de ma propre connerie. »

« Tu me fatigues presque autant que Katsuki. »

« Hey ! »

« Sérieux, c'est possible que vous preniez soin de vous trente secondes avant de vous en prendre à vos mecs ? Mmm ? »

« Je suis désolé, j'étais censé te remonter le moral et ça me faisait tellement plaisir de partager ça avec toi et je gâche tout avec mes soucis de merde. »

« Un grand homme m'a dit un jour : « Et à quoi serviraient les meilleurs amis, sans ça », ? » lui sourit Kam, son sourire attendri de pouvoir lui ressortir son propre dicton perceptible rien qu'au plissement de sa joue contre la pommette d'Izuku. Petit con.

« Tu le sais, que je t'aime ? »

« Alors ça veut dire oui pour le plan à quatre ? »

Izuku explosa de rire, incapable de retenir le fou rire si incongru qu'il n'en était que plus délicieux, s'agrippant à Kam d'une main pour sentir davantage contre lui le platine glousser de sa connerie, absolument pas désolé d'avoir obtenu un tel résultat. Il bafouilla un « Mais ! Kam ! » entre deux quintes d'hilarité, chacune de ses protestations renvoyant une nouvelle vague de rire dans l'habitacle et dieu, ce qu'il en avait besoin, de se lâcher ainsi cinq minuscules minutes où tous ses problèmes fondaient dans le rire de Kam.

« Oh merde... » finit-il par souffler, la voix presque rauque d'avoir tant ri, essuyant les larmes menaçant couler au coin de ses yeux, « J'en avais besoin de ça... Merci. »

« Tout le plaisir était pour moi. » lui rétorqua Kam, froncement de nez pour faire davantage pétiller son regard, sourire attendri quelque part dans sa grimace comique et puis, il fallut bien revenir à la réalité :

« Bon. On va les goûter, ces gâteaux ? »

« Attends, bouge pas. J'ai une idée. »

« Dans quelle limite le « bouge pas » ? Je te rappelle qu'on a rendez-vous depuis... déjà un quart d'heure ! » constata Izuku d'un rapide coup d'œil sur l'horloge numérique de la bagnole, qui lui faisait quand même le cadeau de ne pas afficher son rappel pour le traiteur. Une chance qu'il n'ait pas vérifié son portable depuis qu'il avait récupéré Kam.

« Pose pas de question, quand je dis « bouge pas », tu bouges pas. Quoi que, je rectifie: viens à ma place et bouge pas du siège passager jusqu'à mon retour. »

« Tu vas faire quoi ? »

« T'occupes ! »

Kam descendit de la voiture en une chute maîtrisée plutôt qu'une vraie sortie, le menaça de l'index :

« Pas bouger ! »

Izuku haussa un sourcil en le voyant s'engouffrer dans la boutique avec une détermination visible à son port de tête, à la limite de l'altier, qui le fit sourire malgré lui. Kam et ses idées farfelues au possible, imprévisible et pétri de tant de bonne volonté, ça devrait être interdit, d'être aussi gentil. En attendant, il se conforta au plan du platine, se cala dans le siège passager en s'octroyant le luxe de poser les pieds sur le tableau de bord, après tout c'était SA bagnole et attendit patiemment.


« Je reconnais bien volontiers : t'as eu la meilleure idée du monde. »

« Ha. Tu vois ? »

« Ha je doutais pas que ça allait être phénoménal, mais là, chapeau bas. »

« J'ai droit à la médaille du meilleur témoin et garçon d'honneur ? »

« Suffirait que tu pousses le bouchon un tout petit peu plus loin et je t'épouse à la place d'Eij ! »

« Et dire que tu veux toujours pas dire oui au plan à quatre. » soupira Kam, faussement dramatique en déposant sur sa langue une lichette de mousse au litchi, qui le fit faire la grimace immédiatement :

« Nul ! Zéro sur dix. »

« Kam, t'es censé manger ça et le gâteau en même temps ! »

Avec un soupçon de mauvaise foi digne d'une diva, Kam reprit mousse et gâteau, une composition douteuse au possible qui n'avait pu être choisie par Eij que dans le but de les faire tourner en rond, parce que litchi, chocolat blanc et « soupçon de menthe », ça sonnait bien plus comme une blague qu'autre chose. Izuku n'avait même pas eu envie de tenter et fit toute confiance à Kam quand celui-ci cracha « Toujours nul ! » pour classer définitivement le gâteau dans la boite des « recalés ». Juste à côté de « Ok-tiers », très différente de « à voir » et fort proche de « seconde bouchée exigée ». Pour le moment, il n'y avait rien du tout dans la boite censée accueillir leur sélection, mais ils s'en foutaient : y'avait encore une vingtaine de gâteau à tester.

En dessous d'eux, Tokyo scintillait en dépit de la lumière encore forte, l'après-midi tirait seulement sur sa fin et le ciel commençait à peine à se colorer d'orange poudré et rose layette, un mélange chelou, mais tellement doux. Et le bruit de la ville formait une étrange bulle de silence, où tous les vrombissements de circulations, feux rouges, transports en commun et éventuelles sirènes se fondaient dans un même son, annihilant tout ce qui ne relevait pas d'eux. L'avantage des toits, surtout ceux d'un bâtiment désaffecté en bordure de ville.

Quand il avait vu Kam ressortir de la boutique, suivit d'un, deux, puis trois employés du traiteur aux uniformes impeccablement repassés, il avait douté fortement de l'idée de son meilleur ami devant les hommes tous chargés d'un empilement de boite en carton tenant en équilibre par rien de moins qu'un miracle. Qu'ils réitérèrent en fourrant tout ça dans le coffre sans se départir de leur air professionnel et guindé au possible, aggravant davantage la perplexité d'Izuku :

« Heu… Kam ? C'est normal ça ? »

« Tout à fait ! Messieurs, merci ! Bon après-midi ! » et Kam s'était faufilé derrière le volant avant même d'avoir fini de les congédier, démarrant aussitôt d'une marche arrière bien trop rapide pour s'extirper du parking, alors qu'Izuku se raccrochait frénétiquement à la poignée de sa portière :

« Elle sort du garage, va doucement ! »

« J'ai jamais eu d'accident en presque dix ans de conduite, alors fait pas chier Midobro ! »

« Et la barrière emboutie l'année dernière ? »

« C'est elle qui était sur ma route ! »

« On va où ? Et ils ont foutu quoi dans le coffre ? Les gâteaux ? »

« Tu poses trop de question, tais-toi ! »

Il avait accepté de suivre l'idée de Kam jusqu'au bout alors bien sûr, il l'avait laissé les conduire à la périphérie de Tokyo, musique à fond pour l'empêcher de poser la moindre question. Le platine s'était engouffré à pleine vitesse dans le parking abandonné, l'avait foutu manu militari hors de la voiture et fourgué autant de paquet que possible dans les bras pour amener tous les gâteaux jusqu'au sommet de l'immeuble. Il avait presque réussi à ne rien faire tomber et ils s'étaient assis à même le sol rappé, avec une bouteille d'eau pour les mains poisseuses et l'immensité du ciel rien que pour eux.

Et la vue valait chaque putain des quarante milliards de marches qu'ils s'étaient tapés.

« Il est pas bon celui-là. » relança Izuku en poussant tout de même le dessert incriminé vers son meilleur ami, qui considéra la chose avec le nez froncé de sérieux qui lui faisait une moue adorable :

« C'est quoi ? »

« Ils ont mis du poivre avec de la fraise ! »

« Mais Midobro, ça se fait. Katsuki en met parfois, dans les desserts. »

« Ça se fait chez les autres, mais pas à mon dessert de mariage ! Hé, Kacchan m'a déjà fait manger des fraises aux poivres ? » rajouta-t-il, sourcils froncés, le silence de Kam ne lui disant rien du tout. De même que son sourire en coin, alors qu'il mâchonnait un bout de gâteau en faisant mine de regarder le coucher de soleil qui s'annonçait.

« Kam. Réponds-moi. »

« Tu devrais goûter celui-là, il est pas mal, c'est que du chocolat et une touche de... »

Izuku l'interrompit en se penchant par-dessus la boite de « Ok-tiers » pour étaler un doigt de coulis de framboise sur la pointe de son nez, continuant dans son mouvement jusqu'à la joue pour compléter le tableau et les piaillements de protestation de Kam :

« Arrête ! C'est dégueulasse ! »

« Oooh, un petit peu de framboise sur le nez et on ronchonne ? »

« Je t'en foutrais de la framboise, moi ! »

Vif comme un chat, Kam glissa une main sur sa nuque pour l'empêcher de reculer quand il lui colla son nez plein de coulis sur la tronche, faisant hurler de rire Izuku en sentant le sirop sucré empoisser sa peau. Impossible de ne pas contre-attaquer, ne serait-ce que pour entendre encore une fois le rire de son meilleur ami se répercuter contre le béton usé et les sons de la ville, en dessous d'eux : il piocha dans le premier gâteau à portée de main pour étaler derechef un truc qu'il supposait être de la mangue - ou de l'orange, peut-être - sur le front de Kam, prit un fou rire en le voyant loucher comme s'il pouvait constater les dégâts.

« Tu perds pas grand-chose, ça semble pas terrible ! »

La langue de Kam arriva à remonter jusqu'au bout de son nez pour attraper un brin de coulis, goûté aussitôt et jugé plus vite encore :

« Si le truc que j'ai sur le front est du même acabit, je tente même pas ! »

Par pitié pour sa colo et la gueulante que lui passerait Kacchan s'il rentrait le front craquelé de miette d'orange, Izuku fit de son mieux pour ôter les morceaux et parachever son œuvre d'un passage de doigts mouillés avec leur unique bouteille. L'impression de nettoyer un gosse, avec l'option tortillage dans les règles et ronchonnements :

« Au fait, rappelle-moi pourquoi on doit tester des gâteaux si c'est Kat qui vous fait votre pièce montée ? »

« Il a déjà fait des essais ? »

« Six. J'en peux plus de goûter ces variations autour de la framboise et du chocolat, à un moment, je vais craquer et je vais lui dire que je peux plus. C'est ça, ou je dégobille sur votre pièce montée le jour J. »

« Mmm j'adorerais voir les titres peoples du jour : « Le témoin de Deku vomit sur le gâteau de mariage ! », « Il déclare : c'était plus fort que moi » ! »

« Yerk, comme si j'avais besoin de ça. Je sais pas comment ils ont fait, mais ces petits cons de paparazzi ont flairé les disputes entre moi et Katsuki. »

« Oh merde... »

« Mmm. J'ai eu droit à un rang d'honneur en sortant de chez moi. Voulaient savoir pourquoi on ne nous voyait plus autant ensemble, pourquoi Kat partait si tôt le matin et le meilleur, le dernier : si j'avais déjà un appart en vue pour mon déménagement. »

D'où le retard et les rollers. Tant pour rattraper le premier que pour éliminer une partie de la tension avec les seconds avant de le rejoindre.

Izuku s'essuya les mains sur son pantalon, au diable les vêtement sales vu la situation et se décala jusqu'à coller sa hanche contre celle de Kam, pouvoir poser sa tête sur son épaule. Il se perdit avec lui dans les dernières lueurs du soleil, dans les sous-tons des nuages de plus en plus flous à cause de la nuit rongeant le monde. La chaleur se faisait la malle, aussi, le faisant frissonner de ce changement et regretter de ne pas avoir pris une veste comme Kam.

« Bouge pas. »

Le platine ôta son bras de sa manche, la donna à Izuku et se mussa encore plus contre lui, passant sa main désormais libre dans son dos et une de ses jambes sous la cuisse du vert pour qu'ils arrivent à tenir à deux dans son espèce de veste oversized. Izuku se laissa couler dans ce câlin, gravant tout ce qu'il pouvait dans sa mémoire : la chaleur de Kam, sa respiration, le goût des gâteaux encore sur sa langue, les frissons le long de ses jambes, le scintillement de la ville sous eux et le soin qu'il mit à choisir ses mots :

« Kam, ce sont des connards en quête d'un scoop. Ils ne définissent pas votre relation ou le sérieux de votre relation. Et je sais que tu le sais, » ajoutât-il en sentant son meilleur ami inspirer contre lui. « Je dis pas que tu le sais pas. Et c'est... une chose de savoir, une autre de le ressentir. Tu vis ça à longueur de journée et beaucoup de ton taff se fait sur les réseaux sociaux, au contraire de Kacchan qui paye quelqu'un d'autre pour le faire. C'est pas comme si tu pouvais filtrer tout le monde. C'est normal de ressentir de telles angoisses et je pense qu'à ta place, je serais dans le même état que toi. Voir pire parce que je le tournerais mille fois dans ma tête. »

« Qui te dit que je le tourne pas mille fois dans ma tête ? »

« Déconne pas Kam, personne peut autant tourner les trucs dans sa tête que moi. »

Le léger sourire de Kam, contre son front, le fit redémarrer en redoublant de précaution - et avec une légère pensée pour Kacchan :

« Je sais que tu vas pas aimer ce que je vais te dire, mais va falloir que t'en parles à Kacchan. Il peut pas imaginer l'angoisse que ça te fout. Et à quel point t'as besoin que socialement, on vous accepte comme un couple sérieux et non pas une passade. »

« Même en lui disant, il comprendrait pas. »

« Tu peux pas savoir avant d'avoir tenté. »

Et il se faisait un putain de devoir que Kacchan comprenne, il lui avait déjà expliqué la chose de long en large et en travers, mais s'il devait assister par audio à la conversation via l'oreillette de Kacchan, il dégainerait son meilleur costume de Cyrano pour débrouiller le schmilblick.

« J'ai pas envie. »

« Je sais… Et moi non plus, j'ai pas envie de devoir aller affronter Eij alors que je lui ai fait un mal de chien et que je vais devoir me confronter à cette douleur. Et à la perte de confiance que j'ai créée. »

« Ça va aller. Eij est une crème, toi t'es la personne la plus gentille qu'on connaisse, ça va aller. Je te fais confiance. »

« Et moi je te fais confiance pour en parler à Kacchan. Ce soir ? »

« Oh Midobro, t'en demandes un peu beaucoup là... »

« Ce soir, où je dors chez vous pour fuir Eij. »

« C'est quoi ce chantage de merde ? »

« Je sais pas, ça marche ou pas ? »

Kam garda le silence, sa main libre tortillant un fil échappé de son jean, là où une ancienne chute avait effiloché le rude tissu, donnant un air grunge au platine qui serait mieux allé sur Kacchan. Du bout des doigts, Izuku glissa sa main contre la déchirure, échangeant ses doigts avec le fil torturé, remâchant l'idée de passer la nuit chez Kam et Kacchan.

Idée à moitié sérieuse, parce que ça le tentait sacrément, de repousser la conversation à demain, quand son corps aurait enquillé une nuit de sommeil et qu'il n'aurait plus la sensation d'être à deux doigts de pleurer dès qu'il revoyait la tête qu'Eij avait fait quand il lui avait refourgué la responsabilité de la situation dans la gueule. Il avait déjà une dizaine d'introductions de prêtes pour cette discussion, aucune qui convenait et une envie folle furieuse de pouvoir se nicher dans les bras de son homme. Tout en sachant qu'il n'en avait pas le droit.

« C'est bien pour te faire plaisir... » capitula Kam, en soupirant, une fatigue lasse dans le pli de son bras, contre Izuku. Qu'il dégagea comme il put pour tendre son petit doigt au vert, souriant de ses sourcils froncés :

« Si je jure pas, tu vas me le demander d'ici deux minutes. Et comme ça, je suis sûr que tu vas aller voir Eij et pas te terrer sur notre divan ! »

« Oh, je vois. Tu veux pas de moi chez vous, très bien ! »

Sa plaisanterie lui valut un coup d'épaule, rendu bien plus rude par le froid mordant, mais il se saisit du petit doigt de Kam avec un rire dans la gorge, ravi de revoir l'ombre d'un vrai sourire sur les lèvres de son meilleur ami. Lequel s'agrandit franchement quand il sursauta légèrement, électrocuté par la promesse sur le petit doigt avec un jappement surpris :

« Quoi ? T'as dit non pour le plan à quatre, il faut bien que j'essaie l'électrostimulation ! »

« Je vais même pas relever. » et il mit tout son talent d'acteur pour paraître le plus dramatiquement outré possible, royalement ignoré par Kam qui piochait un reste de gâteau à moitié saccagé par leur fausse bagarre pour l'enfourner d'un coup - et faire la grimace. C'était pas une très bonne pioche.

« La boite « recalés » ? »

« Yep. Dégueulasse. »

« D'ailleurs, on a pas du tout rempli la boite « Ok », c'est un échec complet ! Qu'est-ce qu'on va faire ? »

« Changer de traiteur. » décréta Kam, pince-sans-rire au possible avec son air sérieux alors qu'il léchait la paume de sa main pour faire disparaître les dernières traces de sucre glace, insensible au gloussement que sa remarque tira à Izuku :

« Ok, mais tu me jures sur le petit doigt qu'on revient tester ici ! »

« Deal. »

Pour la deuxième fois, Kam lui tendit son petit doigt, beaucoup plus joyeusement cela dit et il le crocheta du sien en se promettant de faire au moins trois autres traiteurs, rien que pour le plaisir de passer encore des fins d'aprem comme celle-là.

« Il se fait tard... »

« Mmm. On rentre affronter nos soucis ? »

« Tu n'exiges rien de moins que des excuses absolues et à genoux de la part de Kacchan, c'est compris ? »

« Uniquement si tu fais pareil pour Eij, à genoux et absolues ! »

« Je suis pas certain que ça marche… Même à genoux et absolues et le croix de bois, croix de fer et tutti quanti. »

Il savait, il SAVAIT que Kam allait sortir une connerie, ça se voyait à ses yeux pétillant d'une étincelle de malice qui lui remontait jusqu'aux commissures des lèvres, à deux secondes de vibrer d'excitation tant il se marrait d'avance de sa vanne, mais il n'eut tout de même pas la rapidité nécessaire pour crier « Kam non ! » avant que ce dernier lâche, absolument mort de rire :

« Sinon, une pipe, ça marche toujours ! »


C'est parti ^^ !

Akane29 : Mille bonjours ^^ ! Merci ! Ravie que ça t'ai plut et j'espère que ce chapitre-ci aussi ? Merci pour ta review et tes lectures ^^ !

Omiya : Holaaaaa ^^ ! Rah merci pour ta review héhéhé ! Oui en général j'essaie de poster à peu près une fois par mois, à quelques jours près XD. Je suis si heureuse que Kam te plaise ! J'espère que dans ce chapitre aussi, il t'aura plu ? ILS ONT ENFIN MANGÉ LES GÂTEAUX (avec le twist d'aller se faire ça en mode urbex, of course XD) ! Oui le lemon s'est fait un CHTI peu latté les dents mais as a treat, y'en aura un au prochain (a treat pour moi, on est d'accord XD). Alors, cette gambette de Katsuki, ça allait XD ? Merci à toi pour ta review, ça fait toujours super chaud au coeur de revoir ton pseudo et de savoir que tu aimes toujours ^^. Merci merci !

Milie : Bonjour ma Lectrice de l'Ombre adorée ^^ ! Je suis navrée de te faire mentir sur les commentaires, du coup - non, je mens comme une arracheuse de dent XD, ça me fait extrêmement plaisir de savoir que c'est également un plaisir pour toi d'échanger sur la fic et tout ^^. Je suis on ne peut plus d'accord sur le côté convivial (à vrai dire, c'est pour moi le fondement des fandoms, le partage et l'échange sur une passion commune donc j'adore le fait de pouvoir le faire ici et de rencontrer des gens bienveillants et adorables ^^. Un peu triste de pas avoir de lien plus constant, genre un tumblr ou un discord d'ailleurs XD). MERCI POUR LE PRECEDENT CHAPITRE ! J'espère du coup que celui-ci était bien aussi, je croise les doigts ! Haha, je lui dirais, promis XD. J'espère réussir à amener le truc assez smooth pour Katsuki, j'ai si hâte du prochain chapitre (la malédiction des auteurs, que d'avoir toujours envie d'écrire plus loin XD).

ALORS.

Il se trouve que nous sommes sur l'exacte même longueur d'onde en ce qui concerne nos deux couples et les sous-entendus. La même. Sauf que j'irais plus loin que des sous entendusXD. Shhh on le garde entre nous XD.

Toujours un immense plaisir que de te lire, merci infiniment pour ton com, je les adore ! En espérant que ce chapitre t'ait plu et au prochain ^^ !

Gabakaho : Hahahaha XD ! J'espère que le fait de le savoir n'a rien enlevé au plaisir de lire ce qui se passait ! Et un plaisir qui m'a fait exploser de rire au taff, de recevoir la notif de review avec le "C'ÉTAIT SÛR" en en-tête XD. j'adore. Katsuki est pas brillant brillant dans le chapitre précédent mais il va se rattraper (il a de quoi progresser une lichette).

Merci infiniment pour ton com, merci merci ! J'espère que c'était tout autant un plaisir de lire ce chapitre-ci et au prochain ^^ !

ViMiKi: Bonjour bonjour ! C'est un très joli compliment, je trouve, que de savoir qu'apprécier cette fic soit surprenant pour toi XD. Et merci immensiment pour le scénario "pris au sérieux", c'est vrai que vu mes statistiques sur cette fic, je me rends bien compte que ça plait pas autant que The Manly Bottom et c'est très encourageant et rassurant de savoir qu'au moins, ça plait aux lecteurs (juste pas les mêmes XD).

Merci merci merci pour ta review ! Je croise les doigts que ce chapitre-ci t'ait tout autant plus et au prochain ^^ ! Prends soin de toi aussi !

Bluestars14 : COUCOU ! MAIS JE LE SAVAIS ! Je le savais que t'y passes un temps fou, ELLES SONT SI LONGUES tes reviews ma pauvre XD. Je dis ça mais je les adore alorsXD. Oooh c'est adorable pour le fait de se laisser emporter par l'histoire, merciii !

Haaaa on voit clairement mes inspirations politiques, avec le précédent chapitre et comment je charge à mort les organisations administratives et gouvernementales XD. Qui a dit que les fic étaient dépolitisées XD ?

Je me suis éclaté à écrire le début de lemon et le changement d'ambiance et les petites discussions autour (je les aime ces pignoufs d'amour xD). OF COURSE le lemon a du être remis à plus tard (ô rage, ô désespoir XD) MAIS ça arrive (ouais j'en peux plus, ça fait mille ans que j'en ai pas écrit XD).

KAM DESERVE BETTER ! Je sais, je sais, c'est moi qui écrit, je SAIS mais j'ai le coeur qui saigne pour Kam, il mérite tout l'amour du monde ! Je suis navrée de te dire que non, hélas, pas de truc plus détaillé pour la soirée roulage de pelle. Mais ce sera LARGEMENT compensé, promis juré craché XD.

Listen, Katsuki est pas stupide, non mais disons UN PEU BORNE AUX ENTOURNURES mais ça va aller, il va y arriver XD

Aaaaw que tu es douuuce ! J'espère que ce chapitre aussi aura été un rayon de soleil de fin mars, pour annoncer le printemps et le retour du soleil ^^ ! Merciiiii ! (Fanfiction je sais pas ce qu'il fout avec les notifs T-T).

Merci merci merci pour ta review ! Des bisous et prends soin de toi !