Bonjour/bonsoir mes petits chats !

D'abord et même si je vous remercie individuellement en répondant à vos reviews, merci infiniment pour vos condoléances et vos gentils mots, vous n'imaginez pas le baume au cœur que ça met. Vous êtes des sucres d'orges, merci merci !

Et oui, oui je suis en retard de quelques jours, milles excuses pour tout le monde MAIS : j'ai triplement écrit, ce mois. Déjà j'ai achevé ce chapitre, j'ai bien débroussaillé le prochain (personne peut deviner ce que j'ai réussi à y glisser, genre PERSONNE, je prends les paris de SUITE, faites péter, je suis prête !) et surtout…

J'ai pu commencer un Baku/Kami dont le premier chapitre est posté en même temps que celui-ci. Si vous avez envie de lire un lemon de 1er fois avec plein de fluff et d'humour (moi j'me fais rire, en tout casXD), je vous invite chaleureusement à aller lire ^^.

Et ça me ferait plaisir.

Ça lui fait plaisir. (Qui a la ref ?)

En attendant, ce chapitre-ci est bien moins chaud que le précédant, hélas, la vie ne peut être faite que de cul, à mon grand damn mais j'espère qu'il vous plaira et que ce moment privilégié entre Izuku et Katsuki vous plaira ^^.

Milles merci à tout ceux qui s'enquiquinent toujours, un an après, à poster des reviews, je vous aime d'amour fou ! Et à ceux qui likent et favorisent et à mes de l'Ombre. Échanger avec vous est un plaisir et un privilège immense.


Chapitre 10 : « Salut beau gosse, tu viens souvent dans le coin ? »

« Alors ? »

« Alors quoi ? »

« Joue pas au con, Deku. »

« Je vois pas de quoi tu parles. »

Le blond ne releva même pas le menton pour lui jeter un regard courroucé par-dessus son assiette de pancake fumante, dont l'odeur aurait fait saliver Izuku à dix kilomètres s'il n'était présentement occupé à mâchouiller son propre petit déjeuner. Divin.

« Continue comme ça et je te fais de la soupe de poireau, demain matin. »

« M'en fout, j'irais au Mcdo. » s'amusa le vert, poussant le vice jusqu'à saucer le sirop d'érable dans son assiette en dépit de la présence de pépite de chocolat dans les pancakes, mélange hasardeux que Kacchan ignora pour la préservation de sa santé mentale. En revanche, son sourire se fit carnassier :

« Y'a pas un Mcdo à quarante kilomètres à la ronde. C'est moi qui aie choisi l'hôtel, andouille, tu crois que j'y aurais pas pensé ? »

À dire vrai, Izuku l'avait anticipé lui aussi et il aurait été extrêmement tentant de dévoiler son jeu – lequel comportait la présence d'une chaîne locale de fast-food qui aurait remplacé allégrement ledit Mcdo – mais il préféra abandonner la partie sur un soupir faussement dramatique. Son meilleur ami se cognait déjà une quarantaine – « vacances forcées » – d'une semaine, il n'allait pas en rajouter et il se plia de bonne grâce au rituel :

« Alors tes pancakes sont fantabuleusement fantastiques et incroyafabulissimeux parce que tu es le meilleur cuisinier du monde et de l'univers infinitésimal. »

« Mieux. »

« Et les chevilles ? Mieux aussi ? »

Kacchan se contenta de hausser les épaules, l'équivalent d'un tirage de langue dans les règles de l'art et son air petit con fit engouffrer une nouvelle bouchée de son mélange à Izuku, rien que pour le faire chier. But atteint illico :

« T'as fini de t'empiffrer ? »

« Tu vois autre chose à faire, ici ? » renifla Izuku en désignant d'un coup de menton éloquent le décor rutilant autour d'eux, si luxueux que ni l'un ni l'autre n'avait osé défaire leurs sacs d'affaires, trop mal à l'aise par la richesse du chalet que Kacchan avait loué pour la semaine.

En revanche, pour la tranquillité, c'était imbattable : il avait réussi à trouver un truc qui tenait plus de la maison d'hôte que de l'hôtel, si reculé à la campagne qu'ils leur avaient fallu deux heures de bagnole pour y arriver. Avec cuisine digne d'un chef professionnel, baignoire qui tenant du jacuzzi, canapé gigantissime assorti d'une bibliothèque qui fit briller les yeux d'Izuku et luxe du luxe, une piscine privative. Quand il avait haussé un sourcil face à tant d'excès, Kacchan s'était rembruni, gêné :

« J'ai pas eu un choix mirobolant… Pour trouver un truc éloigné et tranquille en moins de vingt-quatre heures, j'ai dû lâcher du lest sur mes critères. Y'a qu'un lit, d'ailleurs, mais je dormirais sur le canapé, si tu veux ? »

« Depuis quand ça me gêne de dormir avec toi ? »

« Depuis que je risque de devenir un loup-garou de trois mètres, peut-être ? »

« J'ai fait bien pire que de dormir à côté d'un loup-garou, ces derniers temps… » avait plaisanté Izuku en laissant tomber son sac à côté du canapé, qu'il avait colonisé dans l'instant pour dissimuler les courbatures que la partie de jambe en l'air de la veille lui avait laissé. Tenter de dissimuler, tout du moins :

« Mouais, j'ai vu ça. Tu marches comme quelqu'un qui vient de s'enquiller un marathon de 80 kilomètres. »

« À qui le dis-tu. »

« Mais tu vas survivre, à ce rythme, ou je vais devoir organiser tes funérailles en plus de ton mariage ? »

« T'occupes. »

« Parce que ça me ferait chier de m'être cogné une pièce montée qui sera jamais mangée. »

« Et moi, je te vois arriver à dix kilomètres : non, je te ferais pas de compte-rendu de ma nuit de sexe et non, tu peux pas voir les bleus. »

« T'es pas marrant ! » avait soufflé Kacchan en s'asseyant à côté de lui sur le canapé, si confortable en dépit de son design douteux qu'ils s'y étaient endormis tous les deux au beau milieu de leur film. Ce qui expliquait l'air passablement froissé et un brin pâle du blond ce matin. Heureusement que son égo ne lui aurait jamais permis de commander un petit-déj', quel que soit son état et Izuku l'avait regardé cuisiner un truc digne d'un resto quatre étoiles avec une pincée de jalousie derrière son air ensommeillé. Kam avait une chance folle.

« Et c'est quoi notre programme, dans ces « vacances » ? »

« Honnêtement, je sais pas… Je peux pas accéder aux documents archivés, d'ici, seulement de mes notes et documents enregistrés, et je suis pas hyper certain de trouver une nouveauté dedans… »

« Tu veux que j'écoute les enregistrements ? Pour voir ça d'un œil neuf ? »

« Non. » asséna Izuku avant de réaliser la sécheresse de sa réponse, qu'il détailla aussitôt : « C'est… C'est rien qu'un ramassis de connerie et j'ai pas envie que tu entendes ça, pas dans l'état actuel de la situation, pas avec une semaine à attendre qu'on… que… qu'on sache. Pour toi. Et du coup, je veux pas que tu passes deux aprèm à écouter des gens payés pour raconter de long, en large et en travers à quel point les loups-garous sont des monstres. »

Surtout vu les informations données par Kathy, remarque qu'il passa sous silence. Un sourire discret mangea l'air trop sérieux de Kacchan, en face de lui et Izuku haussa un sourcil interrogatif :

« Rien. T'es mignon à toujours protéger tout le monde, c'est tout. D'abord Eij, puis Kam, puis moi… »

« Kacchan qui me dit que je suis mignon… mais que t'arrive-t-il ? »

« Moque-toi. Tu mérites que je te complimente, après le rabibochage que tu as bricolé hier pour Kam et moi. »

« Mmm, à propos, » relança Izuku en cédant à la gourmandise pour reprendre un des pancakes en rab, initialement destinés au goûter, mais au diable l'avarice. « Ça c'est bien passé, tes excuses absolues et à genoux ? »

« Je me doutais bien que la formulation était de toi. » Petit silence d'une poignée de seconde, où le blond chercha la meilleure manière d'aborder la chose, avant de se jeter à l'eau : « Tu l'as bien briefé, en tout cas : il est rentré comme un roi dans l'appart, les cheveux en vrac à cause de ses rollers, m'a jeté son sac à la gueule en m'annonçant « On en parle, mais d'abord, je veux des excuses absolues et à genoux ! ». Prince Carnage était au bord de la crise de nerf avec tout ce raffut. »

« Alors, à genoux ou pas ? »

Kacchan lui lança un torchon, qu'il se mangea en pleine poire avec un fou rire, mort de voir l'expression si outrée de son meilleur ami, à deux doigts de faire exploser quelque chose.

« Fous-toi de ma gueule tiens ! J'ai fait amende honorable, si tu dois tout savoir ! »

« Donc c'était bien à genoux ? »

« De quoi ? »

« La gâterie. »

« Mais j'ai pas dit que je l'avais sucé, j'ai dit que je m'étais excusé ! Platement et plusieurs fois parce que c'était vraiment méchant, ce que je lui ai balancé. »

« Sans gâterie ? Petit joueur ! » taquina Izuku, alors qu'en face de lui Kacchan verdissait un peu, avec un haut-le-cœur en prime. Un doigt levé pour avertir Izuku que toutes vannes étaient à foutre à la poubelle le temps qu'il récupère, il inspira profondément à plusieurs reprises pour réfréner la nausée, achevant par un mouvement sec du menton à l'attention du vert :

« C'est le fait de parler de cul qui te met dans cet état ? »

« Ta gueule Deku. Je sais pas, je suis barbouillé sa race… Le stress, je pense… »

« Tu veux un Doliprane ? »

« Je voudrais surtout que ça soit fini et que j'ai la certitude de ne pas me transformer régulièrement en boule de poil de trois mètres de haut et pleine de bave ! Mais j'ai comme l'impression que j'aurais pas ce que je souhaite. »

Le ton dégoulinait d'amertume, à napper son assiette et Izuku chercha machinalement un moyen de le rassurer, sans succès. Après tout, c'était tout de même fort de café que de s'imaginer être capable de le réconforter alors qu'il était à moitié responsable de ce qui se passait.

« Arrête. Je t'ai dit que c'était pas de votre faute. »

« J'ai murmuré, c'est ça ? »

« Non, j'te connais, c'est tout. » renifla son meilleur ami avec une ébauche de sourire, un brin incongru dans la pâleur de son visage. Izuku lui adressa un clin d'œil en guise de réponse et attaqua sur le champ, absolument pas décidé à laisser tomber :

« Alors, cette discussion ? »

« Alors on a pas abordé le sujet qui fâche. »

« Et pourquoi pas ? »

« Parce qu'on tourne en rond. »

« Mais encore ? Ha, me fait pas ces yeux-là, c'est toi qui as commencé en m'entraînant dans l'affaire, tu peux pas me foutre à la porte au beau milieu ! Et je sais, je sais, « tu fais chier Deku », maintenant, tu peux m'expliquer et on en parle en adultes raisonnés ? »

« Parce que nous sommes coincés, » entama Kacchan sans réussir à dissimuler son amusement, « on n'a même pas essayé de discuter de ça, on a juste parlé de… de maintenant ? Et même si on est tombé d'accord sur l'idée que je dois lui accorder plus de temps actuellement et prendre du temps pour nous, c'est… enfin, je pense clairement que ce sera pas suffisant sur le long terme. »

« Surtout que ça ne s'attaque pas du tout au problème du « il se sent pas légitime » ! C'est juste… c'est juste pour résoudre le fait qu'actuellement, à cause de nous, tu passes un temps fou avec Eij plutôt qu'avec Kam. »

« Je sais Deku ! Et j'ai… j'ai bien vu qu'encore une fois, tu avais raison. Pour changer. Ça… ça le ronge depuis un bon moment. Le fait que l'univers a apparemment l'air de trouver que notre couple ne devrait pas exister. Ce que j'arrive pas à comprendre, parce que putain c'est pas les autres péquenots dans les rues qui décident de si je l'aime ou non, merde ! »

« Non, mais lesdits péquenots ont assez de voix pour lui crier tous les jours qu'il n'est pas à la hauteur. » rectifia Izuku, un brin inquiet de la pâleur de plus en plus prononcée sur les joues de Kacchan. Il n'avait jamais bien géré le stress, soit, mais là ça virait franchement au vert, tandis que le blond crachait avec dépit :

« J'arrive pas à trouver un compromis où je peux lui offrir de quoi rabattre le caquet à l'opinion publique tout en respectant mon envie que personne ne fourre son nez dans notre couple et ça me gave. »

Agacé par le champ des possibilités de plus en plus restreint, et foncièrement compliqué par le paramètre loup-garou qu'ils n'avaient pas encore ajouté dans la balance, Izuku tapota des doigts sur la table. Cherchant dans le rythme un peu saccadé une idée incongrue, un truc pour dérouler la pelote d'emmerde qui commençait à peser lourd, alors que Kacchan chipotait dans son assiette d'une main nerveuse, dont il observa un instant les doigts zébrés de cicatrices, avant que son esprit s'illumine :

« J'ai une idée. »

« Ben tient, le contraire m'eut étonné, t'as toujours des idées. J'écoute. »

« T'as toujours la bague ? »

« Yep, pourquoi ? Tu veux que je le demande en mariage ? »

« Exactement. »

« Alors là, » attaqua Kacchan après une pause destinée à rebrancher ce qui venait de sauter cérébralement, « là, je patauge, y'a un mois, tu me disais que je devais pas me marier si j'en avais pas envie et là, tu me sors que je dois lui demander de m'épouser alors que j'en ai toujours pas envie ! T'as pété une durite ou ce sont tes galipettes zoophiles qui t'ont cramé les neurones ? J'ai loupé combien d'épisode, dans le bordel ? »

« Jamais parlé de vous marier. » souligna Izuku, fermement déterminé à lécher sa petite cuillère jusqu'à concurrencer l'efficacité d'un lave-vaisselle puis, sous le froncement de sourcils perplexe de Kacchan, il décida de reprendre un morceau de pancake. Juste un.

« Si je le demande en mariage, c'est quand même logique que y'ait un mariage au bout, non ? Donc c'est pareil. »

« Ben non. »

« Bien sûr que si ! C'est la même chose ! »

« Là, présentement, Eij et moi, on est fiancés, pas mariés. Il me semble qu'il y a une différence. »

« Y'a pas de différence, vous avez vos noms accolés sur toutes les putains de une de tout les putains de magazines, on vous cite constamment l'un et l'autre, on t'interroge toi sur ce qu'il fait et lui sur ce qu'il fait, limite, on confond vos deux noms de famille, c'est pareil ! »

Izuku attendit. Il attendit très patiemment que le laïus s'achève, que Kacchan percute ce qu'il venait de sortir et après un accroissement du froncement de sourcils suivi d'une réflexion féroce d'une seconde, la bouche du blond s'ouvrit sur un « oh » muet. Bingo.

« Exactement. »

« Mais… mais c'est de la triche. »

« Tant que ça vous convient à vous, je peux t'assurer qu'aucune loi ne l'interdit ! »

« Et… tu crois que ça va faire pareil ? En termes de… enfin, est-ce que tu crois que même vu le peu de sérieux que nous prête l'opinion publique, on va s'y intéresser autant ? »

« L'officiel numéro deux qui annonce ses fiançailles tout aussi officielles ? On va voir vos gueules dans tous les magazines pendant au moins six mois. Minimum. Je parle même pas du nombre d'interviews que vous allez devoir accepter. »

« Mais… ça va marcher ? Même si on annonce pas de date de mariage ? »

« Bien sûr ! Faudra juste trouver de quoi les occuper, je sais pas, inventer que vous cherchez l'endroit parfait ou le traiteur de vos rêves et que ça prend du temps. Ou que vous attendez que notre propre mariage passe, par exemple. »

« Mais pour Kam ? »

« Ha ça, faudra voir avec lui si cet état intermédiaire lui convient sur le long terme et surtout, » prévient Izuku en levant un doigt en guise d'avertissement, « il va falloir que tu sois clair ! Hors de question de le laisser accepter d'être fiancé sans qu'il soit au courant que y'aura pas de mariage au bout ! Sinon, on rentre dans une spirale bien pire que celle dans laquelle vous êtes ! »

« Je suis pas con à ce point ! »

« Mmm redis-moi ça quand tu ne seras plus l'homme qui refuse d'appeler son mec par autre chose que son prénom dès que y'a du monde ! »

« Je vais pas l'appeler « chaton » en plein interview télé ! »

Izuku haussa un sourcil éloquent, savourant par avance la tête défaite de Kacchan alors qu'il enfonça le clou :

« Bien sûr que si. Ça va faire partie des questions qu'on va vous poser sur votre relation et si tu veux un conseil, tu devrais profiter de cette occasion, si Kam accepte, pour mettre un peu de romantisme dans vos interactions publiques, ça ne fera pas de mal ! Enfin, y'a quand même la moitié de nos collègues qui ne savent pas que vous êtes ensemble, je te signale. »

Là, Kacchan sembla en prendre un coup : la montée du stress ? L'augmentation des emmerdes et des choses à faire ? Ou la réalisation qu'en dépit de tous ses beaux discours, il y avait effectivement toutes les raisons du monde justifiant l'indignation de Kam et sa sensation d'être une relation cachée ?

Aucune idée, mais Kacchan eut un second haut-le-cœur, bien plus violent que le premier, bafouilla un « excuse-moi » inutile au possible, vu sa tête, avant de se lever en quatrième vitesse. Il atteignit à peine l'évier pour y régurgiter ce qui semblait être l'intégralité de son estomac, avec un hoquet pitoyable. Grimace de compassion sur le museau, Izuku le rejoignit alors qu'il vomissait à nouveau, corps contracté de spasme et le vert ne put rien faire d'autre que de lui passer une main dans le dos, espérant apaiser un peu par ce contact léger. Et des mots de réconforts presque machinaux qui lui tombèrent de la bouche sans y songer :

« Je sais que tout ça est stressant, mais on est trois dans ce bordel et on te laisse pas tomber, ça va aller. Et ça va s'arranger pour Kam, tu as bien vu comme... »

Ses derniers mots lui rentrèrent dans la gorge, alors qu'il contemplait bêtement, d'un regard distrait en attendant que Kacchan ait fini de vomir, l'assiette abandonnée par le blond. Pleine de pancake au chocolat.


« Alors ? »

« Alors quoi ? »

« Joue pas au con, Kacchan. Quand est-ce que tu vas lui dire ? » osa Izuku un soir, les mèches du blond lui hérissant le menton alors que ce dernier enfouissait son visage contre son cou, si collé à lui que le lit paraissait immensément vide. De toute façon, tout paraissait immensément grand et froid, dans ce chalet, en dépit de la qualité luxueuse de l'ameublement où au cours de la semaine écoulée, pas une seule fois Izuku ne s'était senti à l'aise.

« Quand on sera sûrs. » gronda Kacchan, un soupçon de grognement animal dans sa voix envoyant un frisson le long de son dos, contre la paume d'Izuku. Il bougea un brin, mussant encore plus son visage contre le t-shirt de nuit du vert, en y étouffant un bâillement.

« Kacchan, on est déjà sûrs, je vois pas ce qui... »

« J'ai dit », l'interrompit le blond, si tendu contre lui que son front lui faisait mal, contre sa clavicule, « on attend d'être sûrs. Et on verra. »

« Tu te comportes comme un idiot. T'as besoin de lui, pour ça. Et vice-versa. »

« Laisse-moi assimiler ma transformation en chien, après je gérerais mon couple. Enfin, ce qu'il en reste. »

La tristesse résignée de sa voix fit mal à Izuku, si mal qu'il le serra un peu plus, obligeant Kacchan à glisser une jambe entre les siennes pour ajuster leur position et le vert se dépatouilla de leur méli-mélo de membres pour qu'une de ses mains arrive à passer dans les mèches blondes ébouriffées de la fatigue des derniers jours. Une caresse lente, plus apaisante pour lui que pour Kacchan, mais il le sentit, au bout d'un moment, commencer à relâcher la tension de ses muscles. Rien qu'une lichette.

« Continue comme ça et je vais finir par m'endormir... »

« Tu sais que je pourrais pas empêcher le… la transformation ? Même si je passe ma vie à te câliner ? »

« C'est ton odeur. Elle me calme. » cracha le blond, dépité, après un soupir dramatique au possible qui ne pouvait avoir comme réponse autre chose qu'une vanne :

« Oh… Alors… Tu veux que j'arrête de me laver ? »

« T'es vraiment un crado quand tu t'y mets ! » renifla Kacchan, assez amusé pour oublier de mettre la hargne nécessaire dans son insulte. « Ça me démange de plus en plus, la tension. J'ai l'impression de sentir mes os tirailler et tourner sur eux-mêmes. »

« Yerk… Ça fait mal ? »

« Non, c'est juste… chelou. Agaçant… Ça donne envie de s'arracher la peau avec les dents… Mais c'est rien comparé à… au… À la sensibilité de ma peau. Là, j'ai envie de gerber. »

« Pourquoi ? Enfin, je me doute que ça doit faire bizarre, mais c'est pas… douloureux ? »

« Izuku, je peux sentir ton cœur battre. » commença Kacchan, très doucement, précisant aussitôt avant qu'Izuku n'ouvre la bouche pour souligner qu'il eut été compliqué, vu leur position, de ne pas ressentir son rythme cardiaque : « Je peux sentir chaque contraction musculaire qui compose un battement de cœur. Les ventricules, les oreillettes, je ressens même le sang couler dans tes artères et emplir les ventricules, constamment. Rien qu'en te touchant, je saurais où appuyer sur ta carotide et avec quelle pression pour te tuer. »

« Charmant. » renifla Izuku, dégoûté malgré lui d'imaginer tout le processus purement organique de son corps. « Et moi qui te fais un câlin pour t'apaiser ! »

« Je te le dis, ça me donne envie de gerber. »

« Pire qu'avec le lait chocolaté ? »

« Ta gueule ! » lui remurga Kacchan et pour se venger, il lui mordilla le bras, sans bouger de là d'où il était, trop proche pour ne pas entendre le sourire qui avait retroussé les lèvres d'Izuku à ce souvenir.

L'idée seule que le chocolat des pancakes ait suffi à le faire vomir avait enragé Kacchan et il avait été fort déterminé à prouver que ce n'était pas le cas, que ça n'avait rien à voir avec une quelconque transformation en organisme canin. La brique de lait chocolatée qu'il s'était envoyé pour illustrer ses propos était ressortie aussitôt, noyant dans l'évier les derniers espoirs d'Izuku.

La cicatrisation aurait éventuellement pu passer. La cicatrisation plus l'intolérance au chocolat, laquelle était suivie d'une réaction aussi violente que celles d'Eijirô, sonnaient presque comme un diagnostic à elles seules. Mais pour rassurer Kacchan, il n'avait pas relevé quand celui-ci avait affirmé que ça pouvait aussi être une gastro. Une gastro très solitaire dans les 40 mètres carrés du chalet, mais baste.

Le problème, c'est qu'une gastro était difficilement compatible avec l'appétit démesuré qui s'était emparé du blond, dès le milieu de l'après-midi du lendemain de leur arrivée. Il avait vidé deux paquets de pâtes avec assez de fromage dessus pour réaliser une raclette, minimum, et enquillé sans problème sur une assiettée de petit pois carotte tout droit sortie d'une boite de conserve. Avec du pain de mie beurré, une horreur bien industrielle. Autrement dit, une hérésie, pour Kacchan, qui jappa en guise d'explication un simple « J'ai faim. » auquel son meilleur ami ne put répondre.

Juste pour tester et par pure curiosité professionnelle, Izuku avait essayé de tendre la main vers l'assiette du blond. Le grondement d'avertissement, crocs découverts, qu'il s'était ramassé les avait figés l'un et l'autre.

Et comme si la journée n'avait pas été assez chargée en mauvaises nouvelles, Kacchan avait abandonné son repas sur la table basse pour s'enfuir dans la chambre, la honte lui colorant les joues, où il avait lancé sa playlist métal à fond. Une minute, pas plus, parce qu'il en ressortit en hurlant à la mort. Se griffant la peau, il avait fui les vibrations des enceintes jusque dans la piscine, où il sauta tout habillé pour assourdir les sons. Izuku se précipita pour éteindre le bordel et tirer un Kacchan tremblant de l'eau, contracté comme jamais par le simple contact de ses mains sur lui. Un effet secondaire qui devait sans doute être l'équivalent de l'ouïe décuplée pour quelqu'un de sourd, mais comment ça marchait, Izuku aurait bien été en peine de l'expliquer.

À partir de là, il avait envoyé par message codé à Eijirô la confirmation que Kacchan était bel et bien contaminé, tandis que ce dernier devenait l'ombre de lui-même, cessant toute activité autre que s'asseoir quelque part dans un rayon de 30 cm autour d'Izuku et d'attendre. Apaisant lors des films et un brin gênant pour la douche.

« Et puis ça se trouve, on va trouver un remède avant. »

Il fallut une bonne minute à Izuku pour raccrocher les wagons et comprendre que Kacchan venait de le relancer sur Kam, Kam qui était présent sans l'être parce que le moindre silence de Kacchan se filigranait d'un fait monstrueux, que ni l'un ni l'autre n'osait relever : Kacchan lui mentait. En beauté. Cacher la transformation en loup de son meilleur ami, c'était déjà gratiné, cacher la sienne à son propre mec, ça dépassait les limites du tolérable.

« Et si on trouve pas de remède avant ? »

« Je passerais toutes mes soirées chez vous. »

« Tu peux te transformer n'importe quand, pas que la nuit. »

« Je serais d'une discipline irréprochable le jour pour ne jamais me transformer et je viendrais dormir chez vous la nuit. »

Izuku eut envie de se pincer le nez ou de donner une tape à l'arrière du crâne à Kacchan, plutôt les deux en même temps, sans pour autant perdre son calme en sentant un léger spasme agiter le corps contre lui :

« Je comprends tout à fait que c'est extrêmement perturbant et angoissant. Je peux pas savoir exactement ce que ça fait, bien sûr, peut-être que si l'un d'entre vous me mord dans un futur plus ou moins proche, je comprendrais, mais là, actuellement, je peux pas savoir. Ok. Mais tu penses pas qu'en l'état actuel des choses, il vaudrait mieux considérer le fait que ça va pas partir de suite ? Je veux dire, ça fait déjà plus d'un mois, pour Eij, et on a pas l'ombre d'une solution. »

« Mais on va peut-être en trouver une. » buta Kacchan avec un aplomb mâtiné d'une mauvaise foi à toute épreuve.

« Kacchan, on a pas l'ombre d'une solution et… enfin merde, est-ce que je dois revenir sur tous mes arguments de ces derniers jours ou tu m'as écouté ? »

« Refais un tour, pour voir. »

Du bout de sa main effleurant la nuque de Kacchan, sous la chevelure en vrac, Izuku entraperçut l'infime tremblement des muscles, la tension monstrueuse dans les épaules et cette rigidité de combat dans la posture. Aucune idée de si c'était en raison de leur conversation ou pour combattre l'envie de son organisme de se transformer en loup, mais s'il pouvait lui offrir une minute de répit en le distrayant, il prenait sa chance :

« On a rien trouvé en un mois et demi, on est tous hors la loi, on a aucun moyen de pression ou de contact, la seule info pseudo-viable c'est le nom du type qui a mené les entretiens il y a une trentaine d'années et on est recherchés par la moitié des pro-héros de la ville. J'ai déjà dit qu'on était hors-la-loi ? »

« Seulement six fois depuis ce matin. »

« Alors pourquoi ça veut pas rentrer dans ton crâne épais qu'on est coincés comme ça, sans remède ni solution, et qu'à un moment, il va falloir que tu arrêtes de foutre ta vie en l'air et que tu dises à ton mec ce qui se passe ? »

Le spasme suivant fut si fort, entre ses bras, que le haut du crâne de Kacchan heurta son menton avec assez de force pour faire claquer ses mâchoires, un son sec et désagréable qui lui tira un « aoutch » étouffé. Tandis que le tremblement continuait de mordre les épaules du blond :

« Pardon, j'arrive pas à arrêter ! »

« C'est pas grave, tu veux que j'aille chercher une couette ou un... » tenta Izuku, interrompu par un très abrupt « Je le sens. » à lui froncer les sourcils, au milieu du frisson permanent qu'était devenu Kacchan contre lui :

« De quoi ? »

« Je le sens, sous ma peau. Le loup. »

« Et ? »

« Et je le laisserai pas gagner. Hors de question. »

« Techniquement y'a pas de lui ni de toi, donc il ne peut pas gagner, pas plus que tu ne peux perdre. »

« Je refuse de devenir un machin poilu débile ! » gronda Kacchan, instillant sans le vouloir dans sa voix le ton rauque, sourd, d'un animal et Izuku changea d'angle d'attaque en un clin d'œil devant l'état de nervosité maladive de son meilleur ami :

« Kacchan, lâche prise. Ça peut être dangereux pour toi, si tu continues. »

« Mais j'en veux pas ! »

« Je sais bien Kacchan, je le sais ! Mais plus tu te frustres, plus ça va être difficile de gérer le loup. Je sais que tu me feras jamais de mal, mais si tu veux que ça se passe bien et qu'on te retrouve pas paumé dans la forêt ou abattu dans les champs, on peut pas continuer à te contenir de la sorte, va falloir y aller tant que tu es maîtrisable. Et faut bien que t'apprennes comment ça fonctionne, pour pouvoir retourner chez vous, retrouver Kam… »

« Je peux maîtriser le truc, je te jure que je peux le faire ! »

« Bordel de merde, tu veux bien arrêter trente microsecondes d'être têtu comme une putain de mule ?! T'es un loup-garou par notre faute et par notre manque de prudence, tu peux nous blâmer tant que tu veux et nous en vouloir et ce serait totalement normal, mais tu arrêtes de te foutre en danger comme ça ! »

Il n'était peut-être pas si calme que ça, pour s'agacer en un si court laps de temps. Sans doute la faute à la fatigue et à la vieille habitude de Kacchan de lui retrousser les nerfs dans le mauvais sens. Dans le silence inconfortable au possible, Izuku le sentit inspirer faiblement, avec dans ce son une fêlure plus effrayante que tous les rugissements de colères habituels, tandis qu'il composait sa réponse avec soin, pris de court par l'aveu qui surgit dans le noir :

« Je suis terrifié... » souffla Kacchan, minuscule contre lui, « complètement terrifié parce que ça, je… Je sais pas si je peux vraiment le maîtriser et... »

« Et t'as passé ta vie à tout contrôler, je sais. Je sais. »

Pour adoucir sa remarque, Izuku posa son menton sur les mèches hérissées, laissant tout le temps du monde à son meilleur ami pour recomposer sa voix un peu trop brisée de panique.

« Que je perde Kam à cause de mes conneries, c'est une chose, je pourrais m'en prendre qu'à moi-même. Que je le perde à cause de ça, ce serait juste… tellement de la malchance… Contre qui je pourrais être en colère ? »

« Nous. »

« Jamais de la vie. Je vous aime trop pour ça. » renifla Kacchan, sonnant presque comme Kam dans sa plaisanterie bâtarde qui n'arrivait pas à masquer le sérieux de sa déclaration. Le petit goût d'absolu qu'elle avait.

Un tremblement plus grand encore bleuit la clavicule d'Izuku d'un hématome à venir, la faute à la mâchoire de Kacchan, sans que celui-ci lâche prise une seule seconde, si tendu qu'il aurait fallu d'un rien pour le briser en mille éclats. Un bref instant, l'esprit du vert s'amusa de l'ironie de la situation : Kacchan, le garçon qui lui lançait, rictus aux lèvres, d'aller sauter du toit, accroché à lui comme si sa vie en dépendait en inspirant à petite lampée son odeur, soi-disant rassurante. L'univers et son humour.

En attendant, ça ne changeait rien au fait que l'organisme épuisé du blond luttait férocement contre sa volonté, massacrant son corps d'une douleur qu'Izuku percevait rien qu'à la manière dont il s'accrochait à son t-shirt et à sa respiration, découpée en inspirations sporadiques calées au creux des vagues de douleur.

« Tu veux pas essayer ? »

« Non. »

Minuscule réponse, geinte plus qu'autre chose et avec le ton d'un enfant apeuré, à briser le cœur de n'importe qui. Celui d'Izuku se contracta un instant, la certitude que Kacchan n'y arriverait pas glissant un soupir dans sa gorge. Un peu en désespoir de cause, il fit une dernière tentative, qu'il savait déjà vouée à l'échec, caressant délicatement la nuque du blond en chuchotant :

« Ça va aller, promis. Tu peux y aller. »

Il sentit un infime apaisement, dans l'expiration de Kacchan. Une infime pointe de paix qui explosa l'esprit d'Izuku d'un raisonnement laconique et d'une simplicité si enfantine qu'il s'en serait giflé, de ne pas y avoir pensé avant : sous sa forme canine, Eij était plus sensible aux gestes. Aux intonations, aux changements de ton, à la manière dont les mots tombaient des lèvres plutôt que leur sens. Aux légers mouvements de main ou du corps, aux variations dans son odeur, bref, à toute la communication non verbale qui semblait intéresser le loup bien plus qu'autre chose.

Il aurait fallu complètement engloutir les sens de Kacchan dans les sensations. Submerger son être dans un truc qui aurait rendu toute réflexion et toute bataille impossible, assez incongru pour le désarçonner complètement et laisser son corps entamer la transformation sans que son esprit s'interpose. Leurs instincts respectifs étaient bons, que ce soit celui de Kacchan de le coller durant des jours ou le sien d'être tactile à ce point, jusqu'à venir se musser contre lui dans des câlins comme celui-ci, où le blond essayait de fuir la transformation, c'était le bon raisonnement, juste… pas suffisant.

Fait chier.

Et puis merde. Il s'excuserait platement auprès d'Eij et de Kam mais là, après des jours de discussions, réconfort, argumentations, explications et en l'absence de Kam, il se retrouvait à court de solution. Et ils étaient plus à ça près.

Sans tenir compte de l'inconfort de la position, Izuku ôta sa main des mèches engluées de sueur et la glissa le long de la mâchoire de Kacchan, lui redressa assez le visage pour pouvoir l'embrasser. Une fraction de seconde plus tard, le blond attrapait sa nuque et l'attirait plus encore à lui, entrouvrant la bouche pour lui mordre la lèvre avec une violence maîtrisée à la perfection, dans laquelle il sentit avec un frisson le relief d'un croc. Un frisson au diapason de celui qui hérissa le baiser d'une plainte de Kacchan, à moitié de plaisir et de douleur, qu'Izuku lapa du bout de la langue avant d'être délogé sèchement.

Il crut un instant que son meilleur ami allait le rabrouer de ses manières pour le moins cavalières, comprit avec une seconde de retard que ce dernier s'agaçait de ne pas avoir les mains libres, coincé contre lui. Kacchan se redressa d'un geste presque fébrile, refermant ses lèvres sur celle d'Izuku à peine dégagé du câlin, s'appuyant sur ses avant-bras pour s'offrir un libre accès à la bouche du vert. Lequel enfouit derechef ses mains dans les mèches hérissées, ajoutant à la chaleur de son souffle contre les lèvres de Kacchan la tension de ses doigts sur sa peau.

C'était le but, n'est-ce pas, d'outrepasser les défenses du blond par un flot d'information que ses sens nouvellement aiguisés ne pouvaient ignorer et il laissa son gémissement remonter jusqu'à la langue du blond, sur la sienne. Récompensé par un hoquet haché, contre lui, et subitement, Kacchan prit cinquante centimètres. Sous les doigts d'Izuku, les mèches blondes s'agrandirent, filèrent dans une toison épaisse qu'il n'avait pas besoin de voir pour savoir couleur miel, alors que les traits de son meilleur ami se fondaient dans un faciès animal.

Mais il avait pris l'habitude d'embrasser des loups-garous et comme il l'avait dit à Kacchan, il avait même fait bien pire que ça, ces derniers temps. Même si c'était étrange, ce stade hybride ne ressemblait en rien à ce qu'il avait vu chez Eijirô puisque les crocs de Kacchan pointaient hors de sa bouche, sous une forme de visage déjà plus allongée que les oreilles pleinement développées rendaient étrangement petite aux yeux d'Izuku.

Une exagération uniquement visuelle, vu que ses mains n'arrivaient déjà plus à recouvrir les joues de son meilleur ami lorsqu'il l'attira de nouveau à lui pour le distraire, continuer de saturer sa volonté de la chaleur de sa langue contre la sienne et de la manière dont son organisme réagissait. Izuku s'amusa à mordiller la lèvre inférieure de Kacchan, relief d'une bouche humaine gardée par des crocs qu'il contourna pour lécher le souffle du blond et y faufiler un gémissement étouffé. Bien trop perceptible pour la sensibilité exacerbée de Kacchan.

Le t-shirt et short du blond s'effilochèrent contre Izuku, incapables d'encaisser la croissance titanesque de Kacchan qui glissa dans sa peau de loup en s'efforçant désespérément de rester collé à son meilleur ami. Lequel dû, par mesure de sécurité, caler son visage contre le museau qui s'allongea d'un coup, accompagné d'un sourd geignement de douleur. La masse du loup, devenu immense, écrasa proprement Izuku sous une montagne de poil un brin plus rêche que ceux d'Eijirô. Et ne bougea plus.

« Ka-Kacchan… pousse-toi ! » haleta Izuku, se tortillant sous le loup en vain. Outre un léger gémissement continu, rien ne bougea au-dessus et à force de pousser sur sa jambe, il réussit à dégager un bras pour tapoter l'épaule du loup et enfin, le faire se décaler de quelques centimètres, de quoi libérer son visage de la toison blonde :

« Kacchan ! S'il te plaît ! »

Kacchan daigna enfin laisser son immense carcasse tomber juste à côté d'Izuku, couinement de malaise inclus, laissant toutefois sa tête immense nichée contre le menton du vert. Et ça n'avait pas l'heur de plaire à Izuku du tout :

« Ouf, ha non, ha pas possible ça ! T'es lourd là, relève-toi ! »

Le loup enleva juste sa tête, la fourra le long des boucles vertes avec une obstination têtue, comme s'il voulait s'enfouir dans la cage thoracique d'Izuku pour y fuir sa propre silhouette de géant. Et dans la gorge, un sourd gémissement d'inconfort et de peine, qui lui ôtait toute sa férocité de loup-garou. Ça avait un goût de déjà-vu, une tête de loup gémissante contre lui, mais là où le caractère bon enfant d'Eij avait rapidement repris le dessus, Kacchan semblait plongé jusqu'au cou dans une déprime à toute épreuve.

« Kacchan ? »

La bête gémit un brin plus fort et il décida de lui laisser encore quelques minutes pour se remettre – ou continuer de sniffer son t-shirt, au choix. Ils auraient dû emporter un truc à Kam, c'est con qu'il n'y avait pas pensé, y'aurait eu moyen que ça apaise radicalement Kacchan. En attendant que ce dernier reprenne ses esprits, il se tortilla pour ajuster sa position, essayer de trouver un endroit à se caler sans se faire proprement écraser par le poids du loup-garou. Plus facile à dire qu'à faire.

« Tu ne m'aides pas beaucoup, tu sais ? »

Une large oreille chatouilla son menton dans le mouvement que le loup fit pour relever doucement le regard vers lui, malheureux comme les pierres et absolument adorable avec son air contrit de husky. Tout aussi curieux que lui, Izuku en profita pour détailler un peu plus ses traits si familiers, même en loup, avec son museau bien plus camus que celui d'Eij, plus court et plus massif, sans le retroussement qui laissait deviner, chez Eij, sa forme humaine. Avec deux trois détails amusants, dans le lot : la manière dont sa fourrure se hérissait sur son échine, si semblable aux épis sauvages de sa forme humaine, le froncement des poils au-dessus des sourcils rappelant furieusement la moue colérique habituelle de Kacchan. Ses oreilles étaient effectivement plus larges, d'au moins cinq centimètres, et sa fourrure de face était vraiment comique, à raidir ainsi la ligne des poils sur la nuque du loup. Une explosion capillaire, ni plus ni moins. Plus Kacchannesque que ça, ça n'existait pas.

En revanche, ses yeux étaient significativement plus grands que ceux d'Eijirô, par une étrangeté physiologique qu'Izuku ne s'expliqua pas jusqu'à ce qu'il réalise qu'ils étaient simplement plus ronds. En fait, là où le retroussement de museau d'Eijirô adoucissait la férocité naturelle d'un loup, Kacchan avait hérité à cet effet d'un regard plus doux.

Présentement fixé sur Izuku, occupé à l'observer avec une intensité qui l'aurait mis mal à l'aise, vu la proximité du museau canin aux crocs démesurés, si ce n'avait été Kacchan et pour briser la nervosité de son meilleur ami, Izuku lança, amusé :

« Salut beau gosse, tu viens souvent dans le coin ? »

Le loup renifla d'amusement et fourra le coin de son museau contre la joue d'Izuku, avant de se lancer dans une opération reniflage dans les règles de l'art. Et d'ouvrir la gueule sur une langue gigantesque qu'il passa sur la pommette d'Izuku sans tenir compte du dégoût de ce dernier.

« Et on est reparti pour un tour… »


Les mains serrées autour d'un café brûlant, Izuku tenta de garder ses paupières ouvertes une minute de plus, rien qu'une, batailla de toutes ses forces contre la somnolence qui lui ferma les yeux dix secondes plus tard. Il ne dormirait pas, hors de question, il reposait juste son regard de la nuit d'insomnie, trois fois rien, il ne dormait absolument pas, d'ailleurs, il pourrait jamais dormir avec cette saloperie de piaf qui saluait l'aube naissante en usant de tout son répertoire lyrique, petit con de moineau incapable de fermer son be…

« Yerk… mmm... »

Avec une inspiration destinée à énergiser un peu son corps, Izuku rouvrit les yeux juste à temps pour voir émerger sur le canapé un Kacchan si ébouriffé que « explosion capillaire » était une description en deçà de la réalité. Les yeux retroussés face à la luminosité et bien entendu, sourcils froncés de mécontentement :

« Alors, bien dormi la Belle aux Bois dormant ? »

« Mmmm ta gueule… »

« Confortable le canapé ? »

« Arrête, fais pas chier, il est trop tôt pour ça… » rumina le blond en refermant les yeux, tentant visiblement un rendormissement en position assise qu'Izuku ruina sur le champ :

« Hé, tu te rendors pas ! »

« Mmmmarrête… »

« Non, j'arrête pas, non, j'ai pas dormi de la nuit par ta faute alors il est hors de question que tu te tapes une grasse matinée ! »

« Ben vient dormir si t'es claqué… » proposa Kacchan, si aux fraises dans son abrutissement qu'il mit au moins deux minutes pleines, yeux fermés et équilibre de gueule de bois à le faire vaciller même assis, à appréhender le contenu de la phrase de son meilleur ami :

« Comment ça « par ma faute »? »

« Ça te rappelle rien, le concept de loup-garou ? »

Pour le réveiller, ça le réveilla, l'explosion capillaire se tourna enfin vers lui avec un regard écarquillé qui se prit de plein fouet le soleil et siffla de douleur. Suivit d'un examen fort attentif de sa personne pour vérifier qu'aucune oreille canine ne s'était attardée, ou une queue supplémentaire et fort poilue, examen conclut d'un soupir soulagé qu'Izuku fit mine de ne pas entendre.

« Tu seras sans doute ravi d'apprendre que tu n'as absolument pas tenté de me mordre, me griffer ou porter atteinte d'une quelconque façon à ma personne. Et tu n'as presque rien cassé. »

« Presque ? »

« Rien qu'une statuette qui doit valoir plus que nos deux salaires annuels réunis. Je l'ai recollé à la super-glue pendant que tu dévorais un reste de viande que j'ai même pas eu le temps de te réchauffer. »

« J'ai bouffé de la viande froide ? »

Il opina du chef, lapa une gorgée de café qui tiédissait furieusement tandis qu'en face de lui, Kacchan plissait encore plus les yeux, à la recherche d'un souvenir quelconque dans sa nuit fort floue. Et fini par tenter, un peu perdu :

« C'est moi ou tu m'as roulé une pelle ? »

« Un pas de plus vers le plan à quatre de Kam. » soupira Izuku, avec tout le dramatique que son répertoire épuisé disposait, récompensé par un infime retroussement de lèvre sur le canapé. « À ma décharge, t'étais pas spécialement en reste non plus... »

« Ça compte pas, j'étais stressé par… hé… hé ! Tu m'as piégé ! »

« Bingo. »

« Mais c'est dégueulasse ! »

« Écoute mon grand, si t'étais une lichette moins borné, je n'aurais pas eu à faire ça ! Tu m'excuseras d'avoir voulu faire d'une pierre, deux coups en te forçant à te transformer ! »

« Une pierre, deux coups ? »

« T'ôter de la tension et assurer ma sécurité. Désolé Kacchan, je plaide coupable, mais je suis soulagé que ça ait marché, si tu savais… T'étais tellement mal... »

« Je... Je t'ai fait peur ? »

« Un peu… T'étais absolument pas décidé à te lancer et la dernière chose dont j'avais envie, c'était que tu emportes ta douleur et ta frustration dans ta forme de loup. J'aurais eu du mal à te maîtriser sans te blesser, sans compte que tu m'aurais tellement latté le museau… Apparemment, tu as autant, voir plus, de force qu'Eijirô, en tout cas, tu as l'air extrêmement robuste. »

« Bon, ben si je t'ai pas attaqué et que j'ai presque rien cassé… Je crois que j'en demandais pas tant. » changea abruptement de sujet Kacchan, visiblement mal à l'aise face à l'analyse poussée d'Izuku. Lequel prit bonne note de la réaction en se promettant in petto d'y revenir, parce que leur avenir proche nécessitait forcément que Kacchan s'entraîne sous sa forme loup, pour sa sécurité et la leur, et qu'il était impensable que ce genre de problématique reste inabordée. En attendant, il écouta son meilleur ami achever sa pensée. « Mais je me souviens de pas grand-chose, c'est normal ? »

« Totalement. Eij se rappelait rien de ses premières transformations. Maintenant, il dit que c'est un peu comme dans un rêve, c'est flou mais reconnaissable. »

« Et… Vu que je me souviens de rien… J'ai fait des trucs… chelous ? À part… à part la viande froide ? »

Izuku n'essaya même pas de retenir le sourire machiavélique, emprunté à Kam bien entendu, qui lui monta aux lèvres sous les yeux effarés de Kacchan. Là, il était temps de se faire rembourser cette nuit blanche au centuple et tout l'amour qu'il portait à son meilleur ami était largement insuffisant pour qu'il songe seulement à renoncer à sa vengeance. Même pas en rêve.

« À combien t'es prêt à me laisser ravager ta vie pour le restant de tes jours ? »

« J'aime pas cette question. »

« Parce que franc, j'ai des dossiers. Plus exactement UN dossier. »

« Je veux pas savoir. »

« Tant pis pour toi, je vais te le dire quand même ! »

« Mais j'ai dit non ! J'en ai pas besoin, merci bien ! »

« Et moi, il faut absolument que je te le dise, je veux te le dire, j'en ai viscéralement besoin dans ma vie et dans mon existence, de te le dire. Genre, je pourrais en crever si je te le dis pas. »

« Et ba vas-y, noie-toi dans la piscine et qu'on en finisse. Je sais pas qui, de toi ou de Kam, me fait le plus peur quand vous avez cette tête-là. »

« Steuplait, laisse-moi le dire. »

« Hors de question. »

« Allleeeeez. »

« Va chier, Deku. » siffla Kacchan en s'affalant à nouveau sur le canapé, disparaissant du champ de vision d'Izuku, sans le décourager le moins du monde :

« À combien tu m'aimes ? »

« Oh, ne me sors pas la carte des sentiments, par pitié. Ça marche pas avec moi ! »

« Réponds à ma question Kacchan, à combien tu m'aimes ? »

« Assez pour te laisser en vie après le cirque que t'es en train de me faire. »

« Hé ! Hier t'avais dit à l'infini. »

« Jamais dit ça. »

« T'as dit que tu nous aimais beaucoup trop pour nous en vouloir, c'est pareil ! »

« C'est pas pareil, sac à merde, lâche-moi avec ton chantage émotionnel, ça marche pas chez moi, je te dis ! »

« Je vais prendre un traiteur pour ma pièce montée. »

« Tu n'oserais pas. »

« T'es sûr ? »

« Certain. »

« Tu prends le pari ? »

L'infime silence de Kacchan de l'autre côté du canapé, où il pesa le pour et le contre, menaça agrandir le sourire d'Izuku : gagné. L'hésitation du blond s'accentua quand son meilleur ami laissa le silence souligner sa menace, histoire de le laisser poireauter sur la possibilité que peut-être, peut-être dans un univers parallèle pas si lointain, il disait vrai et Kacchan finit par soupirer. Avec ce qui sembla être un coup de poing dans l'assise dudit canapé, vu le son.

« Accouche ! Mais t'as intérêt à l'aimer, ma pièce montée, je veux que t'en bouffe jusqu'à plus pouvoir bouger de ta saloperie de chaise et à… »

« T'as bu l'eau des chiottes. »

Un hurlement horrifié s'éleva du canapé, une fraction de seconde avant que l'air contracté d'horreur de Kacchan apparaisse, juste à temps pour qu'Izuku savoure le paiement de sa nuit blanche, en monnaie sonnante et trébuchante, avec les intérêts, quand il cracha à la gueule de son meilleur ami :

« Et j'ai une vidéo. »

Histoire de se rajouter à leur facture déjà faramineuse de statuette d'art hors de prix brisée, un morceau du canapé vola dans le salon.


C'est parti ^^ !

Milie : Bonjour bonjour ^^ ! Merci beaucoup pour tes condoléances, c'est extrêmement gentil comme attention et ça me touche. Je suis entièrement d'accord avec toi, à force de se parler via reviews interposés, on finit forcément par avoir un lien et c'est fort agréable ^^.

Merciiii pour le chapitre ^^ ! Izuku a absolument pas ramé mais Eij est trop un amour pour ça XD. On avait besoin d'un peu de fluffytude, je crois. Bon, alors, « cette couille » pendant la semaine entre Izuku et Katsuki XD ? C'était bien ou pas xD? Je suis preneuse de savoir ce que tu imagines pour le chapitre prochain XD. Hé bien pour mes histoires parallèle, on a le début (je dirais trois chapitres, pas plus) Baku/Kami posté là en même temps et je bosse sur l'omégaverse Bkdk en parallèle mais ça va me prendre des siècles T-T.

J'espère que ce chapitre était agréable à lire, merci infiniment pour tes reviews et d'être toujours là, c'est toujours un plaisir ^^ ! Bonne journée aussi ^^ !

ViMiKi: Coucouuu ! Merci pour ta review ^^ ! Ha nooooon ! Pas à 2h du matin ! Avec une migraine en plus, ma pauvre T-T.

Héhéhé j'ai adoré les yeux dans le noir ! J'espère pouvoir le réutiliser xD. Alors Eij est une crème, un amour, toussa toussa, mais faut pas déconner, faire bisquer un peu son homme ça fait toujours plaisir XD. Bon ce chapitre était bien fluff, je crois, le prochain je suis sûre personne va trouver XD.

Heureusement j'ai récupéré mon ordi fixe, parce que rédiger sur un tel… l'horreur. Ben c'est surtout que je sais que c'est un « risque » de lire et suivre une fanfic en cours et comme vous m'êtes d'un immense soutien pour l'achever, justement, je trouvais ça normal de prévenir, voila voila.

Merci infiniment pour tes condoléances, ça me touche. Et j'apprécie l'Eijirô calineur XD

J'espère que ce chapitre t'aura plu ! Et au plaisir de te lire à nouveau ^^ !

Gabakaho : Holaaaa ! Merci beaucouuup ^^ ! Deku en sale petit con c'est mon péché mignon, j'avoue XD. Haaaa ça s'est bien passé, je dirais, entre Deku et Katsuki, non xD ? J'espère que même sans lemon, ce chapitre-ci aura été fun aussi à lire ^^ !

Merci merci merci pour ta review, c'est toujours un plaisir de te lire ^^ !

Bluestars14 : Hey, coucou ! Je me disais que ça faisait longtemps que je n'avais plus vu ton pseudo ! Heureuse de savoir que ça va !

Écrire sans pc c'est une PLAIE monstrueuse, mais j'essaie de faire avec XD. Je vais essayer d'attendre le black friday pour l'ordi portable, histoire de pas dépenser un rein T-T. Mais merci infiniment de me suivre malgré mon retard et tout, c'est adorable !

Merci beaucoup pour tes condoléances, c'est très gentil. Vous êtes tous vraiment adorables.

Hahaha Kam et sa menace, je l'aime si fort ! Of course qu'Izuku kifferait, il en redemanderait, même XD. Ça me fait toujours délirer de me dire que tu as un parfum framboise qui est mentalement étiqueté comme celui d'Eijirô par ma faute XD.

J'adore l'idée de rendre les loups-garous sensibles aux changements corporels et donc capables de détecter les mensonges et les infos de ce genre XD! Mais si mais si, c'est gentil et puis c'est Eij, il a tout les droits. Oooooof course que techniquement, il devrait être contaminé mais TKT, tout va s'expliciter après, j'ai ma théorie et elle va être SI FUN à expliciter. Je me marre d'avance XD.

J'aime BIEN qu'Izuku soit assez petit con saloperie pour frustrer Eijirô à un point pas possible et puis c'était fun, avoue XD? Et vive les ventouses, bien entendu XD. Ravie que le lemon t'ait plu alors xD ! J'aime beaucoup trop l'utilisation du verbe « miauler » dans ce contexte, les répétitions doivent être ignobles pour vous, j'en suis si désolée XD.

Je dis RIEN pour Kam et Katsuki au lit, c'est top secret secret! Je suis curieuse de voir si toi tu as une idée pour ce qu'il se passe dans le chapitre suivant XD ?

Comment ça t'as pas gagné les sélections ?! Et le BakuKaminari que je viens de poster, dis donc XD ? L'omegaverse je bosse dessus XP ! Alors quand même, deux sur quatre propositions, tu t'en sors bien XD. J'ai jamais été une grande fan du café mais de réputation, le café latte a l'air fort bon ! Toi qui aime le BakuKaminari, franc, avec ce que j'ai posté en parallèle, tu vas adorer XD ! Hâte d'avoir ton avis !

Merci tellement mais tellement pour tes reviews ! Hâte de te relire cette fois aussi ^^ !

Omiya : Coucouu ! Haaaaa merciiii ! Je suis heureuse si le lemon t'a plut ! Hahaha, j'adore la choix entre vidéo sims ou Tie The Knot, deux salles deux ambiances XD !

Merci beaucoup, c'est très gentil comme attention. Haaa ba écoute, copines de mois de naissance XD. Très bon été à toi aussi, j'espère que tu profites ^^ !

Merci d'avoir prit le temps de review, ça fait toujours super plaisir ! J'espère que ce chapitre aura été tout aussi bien qu'une vidéo sims aussi héhé XD