Je ne possède aucun des personnages des livres.

Alors qu'il traverse une forêt, Jaskier s'arrête pour passer la nuit dans un village de bûcheron presque idyllique, mais tout n'est peut-être pas aussi féérique qu'il peut le croire.

Ce texte a été écrit pour l'anniversaire de PetiteDaisy sur un thème des Soirées à thèmes du discord Papotage, Ecriture, Lecture et Bonne Humeur : Thème 54 : Village maudit : Votre personnage s'arrête pour passer la nuit dans un village qui paraît très accueillant, sauf que lorsque la nuit tombe, ce dernier se rend compte que les habitants ont été maudits et que pour survivre ils dévorent ceux qui s'arrête la nuit dans leur village. Va-t-il réussir à survivre ? 1000 mots minimum

En espérant que cela vous plaise !

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


Le village maudit

Jaskier marchait le long de la forêt tout en jouant de son luth et en essayant de composer de nouvelles chansons. En ce moment, il passait de village en villages, offrant des spectacles aux habitants qui lui offraient le gîte, le couvert et quelques dizaines de marks en échange. Pour une fois, sa bourse était correcte et le jeune troubadour se réjouissait qu'on apprécie son talent. Sauf que là, cela faisait maintenant deux jours qu'il progressait le long de la route sans croiser le moindre village. Il y avait vraiment des régions plus désertiques que d'autres en ce bas monde.

Jaskier avait passé la nuit dernière dans un champ, ne dormant que d'une oreille et il préférait éviter de devoir le faire une nouvelle fois, il était bien trop à découvert. Du coup, lorsque le chemin s'enfonça dans les bois, il se sentit presque soulagé. Il préférait grandement dormir dans la forêt, il arrivait toujours à trouver un recoin où se caler pour ne pas se faire remarquer. Un peu plus rassuré, Jaskier se remit à chantonner de plus belle.

Il marchait d'un bon pas quand soudain, il perçut des bruits. Le barde s'immobilisa, se demandant s'il y avait un monstre dans les environs, mais perçut le bruit de scies bien humaines, tout comme les voix qui les accompagnaient. Intrigué, il se rapprocha, découvrant un groupe de bûcherons à l'ouvrage. Il les salua poliment et ils lui répondirent sur le même ton avant de demander.

- Vous êtes de passage ?

- En effet, je ne nomme Jaskier, troubadour de mon état, je pense de villes en villages pour conter légendes et exploits en chants et en vers.

- Oh ! Eh bien, si vous cherchez un lieu pour la nuit, poussez jusqu'au village ! On vous trouvera un gîte et une audience attentive.

- Un village ?

- Oui, il est à un tiers de lieu dans les bois, vous verrez, nous sommes des gens simples, mais nous aimons les belles choses.

- Merci l'ami ! Lança Jaskier avant de s'éloigner.

Un village dans les bois, c'était étonnant, mais après tout, si c'était un village de bûcherons, pourquoi pas ? Il s'enfonça donc un peu plus loin dans les fourrés, imaginant qu'il allait découvrir un petit village d'une dizaine de maison, mais pourtant lorsqu'il tourna sur la droite, il se figea parce que c'était bel et bien un village : avec une haute palissade en bois, une lourde porte protégée par un poste de défense, des rues pavés et animées, une grande place publique pour le marché, une église et une bonne cinquantaine de maisons. Ce n'était pas un simple petit village dans les bois, c'était une vraie petite ville.

Le barde observa le village pendant quelques secondes et reprit doucement son chemin. Il passa la porte de la ville et salua le garde qui surveillait l'entrée avant de lui demander s'il y avait une auberge. Ce dernier acquiesça et lui indiqua une grande bâtisse décorée de bacs à fleurs de l'autre côté de la place. C'était de loin l'auberge la plus accueillante sur laquelle il était tombé depuis des semaines et il poussa la porte sans appréhension.

La jeune femme blonde qui l'accueillit par un sourire rendit sa journée encore plus intéressante. Elle était vraiment charmante et il espéra que ce soit la fille du patron, avec un peu de chance, elle serait célibataire. Jaskier se rapprocha donc du comptoir et fit son plus beau sourire.

- Bonsoir, on m'a indiqué que je pourrais avoir sans problème une chambre dans votre bel établissement.

- En effet, nous n'avons que peu de voyageurs en cette saison. Je peux vous proposer ma plus belle chambre avec un balcon qui donne sur la forêt.

- Hum, ce serait avec plaisir, mais je ne veux pas me ruiner.

- 10 marks, ça vous irait ?

Si ça lui irait ? C'était la moitié de ce qu'il lui été arrivé de payer pour des taules infâmes remplies de vermines et de rats… Des chambres qu'il avait souvent partagées avec Géralt, notamment quand son ami était blessé et qu'il avait besoin de prendre soin de lui. Jaskier s'était déjà demandé parfois s'ils ne faisaient pas exprès de leur donner les pires chambres à cause de la présence du Sorceleur. Perdu dans ses pensées, il soupira avant de répondre à la jeune fille.

- Ce sera parfait. Je pourrais commander un dîner dans ma chambre en plus ?

- Pommes de terre au feu de bois, chapon grillé et un pichet de vin, ça vous ira ?

- Ce serait absolument parfait ! Répliqua le barde en s'enhardissant assez pour la remercier d'un baisemain.

La jeune femme gloussa et retira sa main en lui faisant un sourire.

- Je vous fais préparer ça, si vous le souhaitez je peux aussi vous préparez un bain chaud en attendant, la salle d'eau est au fond du couloir.

- Oh, ce serait parfait, je délasserai volontiers mes muscles après ces deux jours de marche.

- Bien entendu. Je vous laisse vous installer, je vais préparer tout ça.

- Avec bonheur, répondit Jaskier.

Cette ville lui plaisait. Il allait passer un séjour agréable et paisible. Une impression qui fut renforcer quand il entra dans sa chambre. Elle lumineuse, pimpante et les draps sentaient la lavande. Tout était parfait, presque trop !

Chassant cette étrange idée de son esprit, le barde se délesta de ses affaires et retira ses chausses et son pourpoint. Pieds nus, il se dirigea vers le fond du couloir où la blonde l'accueillit avec un grand sourire devant un grand baquet de bronze qui ressemblait plus à une piscine qu'à un baquet pour prendre un bain.

- Je vais chercher plus de parfum, dit la blonde en sortant de la pièce, laissant son client se dévêtir.

Jaskier était courbaturé et il se plongea dans l'eau divinement chaude avec un plaisir non dissimulé. La porte s'ouvrit la jeune femme revint. Elle ferma la porte et versa des parfums qui teintèrent délicatement l'eau avant de poser les flacons et de se déshabiller. Le barde la regarda avec un air étonné alors qu'elle entrait dans le bain pour le rejoindre et se blottir contre lui. Jaskier sourit en la prenant par la taille.

- Vous savez accueillir les visiteurs dans cette auberge, souffla-t-il alors qu'elle se penchait pour l'embrasser dans le cou.

- Je ne n'accueille pas aussi bien tous les visiteurs, dit la jeune femme en se redressant pour lui sourire.

- Je suis d'autant plus flatté, répondit Jaskier avant de l'embrasser.

OoooO

Après un bain agréable et en charmante compagnie, Jaskier avait regagné sa chambre et s'était mis à composer le temps que Lyna, la blonde, lui apporte son repas. Il chantonnait quand elle frappa à la porte avant d'entrer et de déposer le plateau sur la table, puis elle sourit. Affamé, Jaskier s'attabla et finit rapidement son repas avant de s'allonger sur le lit. Ses yeux fixèrent le plafond, se demandant pourquoi il n'avait jamais entendu parler de ce village alors que c'était le paradis.

Repus, il s'endormit assez rapidement, mais ses rêves ne furent pas aussi beaux que sa journée, même s'ils commencèrent bien. En effet, les premiers le ramenèrent à Géralt qu'il n'avait pas revu depuis des semaines et pour lequel il s'inquiétait. Il revit sa mine boudeuse et ses soupirs, ses « hmmf » aussi quand il n'avait pas envie de parler et il l'entendit aussi lui rappeler que quand tout paraissait trop beau, il y avait une part de noirceur inversement proportionnelle cachée quelque part avant d'ajouter : « c'est mathématique… ». Jaskier avait soufflé d'exaspération ce jour-là, il fallait qu'il voie toujours tout en noir… Cependant ses rêves avaient subitement changé et ils étaient devenus à cet instant des odieux cauchemars remplis de monstres assoiffés de sang qui le déchiraient de leurs griffes, de hurlements et de sacrifices humains. Jaskier s'agita dans son lit, il tourna et retourna dans ses draps, la sueur perla sur son front et les cris d'horreur finirent d'emplir son esprit puis la pièce… la pièce ?

Totalement confus et perdu, le barde s'assit brutalement sur son lit, mais les cris ne cessèrent pas et ils venaient de l'extérieur. Frémissant, il se leva de son lit, encore un peu perdu entre rêve et réalité et s'approcha doucement de la fenêtre. Prudemment, il jeta un coup d'œil à l'extérieur et frémit. Le petit village pimpant n'était plus le même, les maisons étaient éventrées, délabrées et les créatures qui marchaient dans les rues n'avaient rien d'humaines… C'était des formes à la fois monstrueuses et grotesques, totalement difformes et terrifiantes. En fait, la seule personne humaine dans la scène qui se déroulait sous ses yeux était l'homme qu'ils tirèrent du l'auberge et emmenèrent au centre du village. Lyna lui avait dit qu'il y avait peu de voyageurs, pas qu'il n'y en avait pas du tout et cet homme était comme lui, il était sans doute arrivé ici par hasard et ce n'était pas une bonne idée… parce qu'à peine il fut amené au centre de la place que les créatures se jetèrent sur lui. Il se débattit, mais ils le plaquèrent au sol et se mirent à le dévorer vivant. Des cris se firent entendre pendant quelques minutes, même lorsqu'une de ces choses lui arracha un bras puis, le silence se fit et ils finirent de le dévorer.

Jaskier eut un haut le cœur, mais n'eut pas le temps de s'appesantir sur le sort de ce pauvre homme car la porte de sa chambre s'ouvrit et que plusieurs monstres entrèrent dont un dont il reconnut les quelques cheveux blonds épars. Tous les villageois étaient ces monstres horribles. Le barde tenta de leur échapper en faisant le tour de la pièce, mais ils étaient nombreux et chez eux. Quand des griffes se refermèrent sur ses poignets, l'atrocité de ce qui l'attendait le fit hurler.

- Non ! Non !

Il rua et se débattit de toutes ses forces, mais ils étaient bien plus forts que lui et ils parvinrent à le tirer avec eux dans le couloir, puis dans l'escalier. Ils ne réagirent pas lorsque le barde trébucha et le tirèrent avec brutalité dans les marches, son corps les heurtant douloureusement. L'un des angles lui brisa une côte et le souffle lui manqua, mais Jaskier continua à se débattre.

- Lâchez-moi ! Vous savez je pense que je suis un peu avarié, je…

Un violent coup dans le dos le fit taire alors qu'ils trainaient son corps à l'extérieur. Jaskier haleta, mais continua à se débattre de toutes ses forces, sauf qu'il savait qu'il avait déjà perdu. Lorsqu'ils le tirèrent au centre de la place sous les grognements gutturaux des autres créatures, il comprit que cette fois c'était fini. Ils l'allongèrent à taire et il se surprit à prier pour que la peur arrête son cœur avant que la douleur ne le submerge. Des griffes déchirèrent une partie de sa tunique de nuit, labourant la peau de son torse avant de s'enfoncer comme des poignards dans son ventre. Jaskier hurla de douleur, attendant le pire, mais il y eut des bruits étranges autour de lui et du sang l'aspergea alors que les griffes du monstre se retiraient de sa poitrine. Il y eut d'autres genres d'hurlement, plus de frustration ceux là et on s'écarta un peu de lui. Le barde porta les mains à son ventre pour presser sa blessure et perdit un peu contact avec la réalité. Il y eut de la fureur autour de lui puis une main qui agrippa son épaule… Une main caleuse qui n'avait rien de monstrueuse, mais il n'eut pas le temps de savoir à qui elle appartenait parce que l'abime vint à bout de ses forces et qu'il bascula dans le noir.

OoooO

Lorsque Jaskier rouvrit les yeux, il sentit une légère brise sur sa peau. Une brise qui entrait par la fenêtre de la pièce ouverte et qui faisait voletait le léger rideau de toile blanche. Le barde frémit, totalement confus et se serait bien dit que tout ça n'était qu'un cauchemar si sa vue n'était pas aussi floue et la douleur aussi présente. Il gémit faiblement, mais une main se glissa sous sa nuque pour lui redresser la tête alors qu'une voix lui murmurait doucement.

- Bois Jaskier, ça va atténuer la douleur.

C'était une voix féminine qu'il connaissait. Une voix douce et brutale à la fois, appartenant à une personne qui sentait la violette et la groseille à maquereau.

- Yen…

- Chut, lui souffla la magicienne. N'essaie pas de parler, tu es trop faible. Bois.

Jaskier le fit avec difficulté, il avait tellement mal. Tout son corps se mit à trembler et une main pressa doucement la sienne. Une main à laquelle il s'accrocha instinctivement et dont le pouce caressa son poignet.

- On s'occupe de toi, ça va aller Jaskier.

Le barde frémit et tourna un peu la tête vers le son de la voix, croisa un regard ambre rempli d'amitié et d'inquiétude.

- Géralt… comment…

- Comment je t'ai retrouvé ? Eh bien, je crois que tu as raison, le Destin semble nous rapprocher régulièrement.

Jaskier sourit malgré la douleur et Géralt lui rendit son sourire avant de poser sa main sur sa tête. Son pouce balaya son front.

- Tout ira bien, je te le promets.

- Il a besoin de quelque chose ? Demanda la voix d'un autre homme qui se rapprocha du lit.

Jaskier leva doucement la tête. Il était grand, aussi costaud que Géralt, les cheveux bruns coupés courts et une grande cicatrice labouraient son visage.

- Eskel ?

Le Sorceleur hocha la tête.

- Vu la menace il fallait bien deux Sorceleurs pour s'en prendre à ce village.

Le barde en convint bien volontiers et il trouva même que ses amis avaient fait un véritable exploit.

- Vous les avez tous…

- Non, répondit Géralt, mais un bon nombre quand même.

- Pourquoi, ils sont dangereux… tous les gens qui traversent cette forêt…

- N'en ressortent pas, finit Géralt, c'est pour ça qu'on nous a engagé avec Eskel.

- Et on aurait pu prendre le temps de tous les éliminer, ajouta Yennefer en appliquant un linge largement imbibé d'un onguent aux plantes sur le torse du blessé, mais il y avait une vie à sauver.

- Oh… laissa filer Jaskier en comprenant qu'elle parlait de lui.

D'ailleurs, elle lui sourit et se pencha pour lui déposer un baiser sur le front.

- Maintenant dors, la douleur a dû diminuer et ton corps a besoin de repos, souffla-t-elle doucement.

- Elle a raison, rajouta Géralt qui lui serrait toujours la main. Dors Jaskier, on veille sur toi, il ne t'arrivera rien.

Le barde hocha la tête et sourit à ses amis. C'était vrai qu'il avait moins mal et il ferma les yeux s'endormant en seulement quelques secondes. Quand sa respiration se fit régulière, Géralt caressa doucement sa joue et Yennefer posa la main sur la sienne.

- Hey, le poison de ses créatures est violent, mais j'ai réussi à l'extraire de son corps, il va mieux… il ne deviendra pas comme eux.

- Tu en sûre, ces dernières nuits…

- Oui… ne t'en fais pas…

- Je ne veux pas que ça lui arrive Yen… je ne veux pas le tuer…

- Tu n'auras pas à le faire, je te le promets… ils n'ont pas eu le temps de faire en sorte que ce soit sans retour, regarde il est paisible.

- De toute manière, ajouta Eskel en regardant par la fenêtre, on ne va pas tarder à le savoir, le soleil se couche.

Géralt ne put retenir un frémissement. Yennefer se voulait rassurant, mais jamais il n'avait été autant terrifié par une nuit qui s'annonçait… Jaskier ne pouvait pas succomber à cette malédiction, il était bien trop positif, naïve et joyeux pour se faire dévorer par ce monde en perdition n'est-ce pas ?