Hello tout le monde ! Je tiens à m'excuser pour ma longue absence. J'ai enchaîné de fou cet hiver avec les maladies (Covid, état grippal puis grippe, rhumes...) J'ai cru jamais en sortir !!! C'était de la folie XD - Bref, je tente de remettre un peu le pied à l'étrier ici. Merci pour les review, pour les suivis aussi. J'espère que quelques uns d'entre vous sont encore là pour découvrir la suite. J'ai fait un long chapitre pour me faire un peu pardonner :). Bonne lecture !

Un petit tw pour un viol, mais aucune scène explicite.

Tout au long de lˋaprès-midi, Harry eut la sensation que son cœur battait en accéléré. Dans sa tête, la discussion qu'il avait eu avec son Maître tournait en boucle à tel point qu'il commençait à connaître chaque phrase par coeur. Il avait du mal à croire que le professeur Lupin pensait qu'il était possible qu'ils aient une relation maître / disciple sans qu'il n'ait à le corriger, et Harry n'y croyait pas vraiment. Il avait si souvent été giflé, menacé, fouetté qu'il savait qu'il était incapable d'être un bon disciple.

Au dîner, il fit l'effort d'être à la hauteur des demandes de son nouveau Maître. S'asseoir librement, discuter. Des choses qui lui semblaient si simple autrefois, même encore il y avait quelques jours, mais les cinq années avec son premier Maître avaient changé sa manière de penser sur beaucoup de choses... et la liberté était un concept très particulier désormais à ses yeux.

Lors du repas, ils plaisantèrent un moment sur la viande difficile à manger tant elle avait été cuite, jusqu'à ce que Ginny dérape dessus avec son couteau et s'entaille la main. Rien de méchant, mais la sorcière rougit tandis que tous les regards convergeaient vers elle.

- C'est rien, marmonna-t-elle. Quelle andouille.

Elle rit nerveusement et Harry tendit la main, paume ouverte.

- Je peux ?

Les joues de la sorcière se colorèrent un peu plus.

- Tu peux quoi ? demanda-t-elle sans oser respirer.

Harry récupéra sa main, pensant avoir été trop pressant.

- Te soigner, répondit-il sur le ton de l'évidence.

Lui qui n'avait pas souvent l'occasion de s'entraîner, l'opportunité lui paraissait impossible à ne pas saisir.

- Oh... oui, c'est gentil, sourit-elle avec embarras.

Il leva à nouveau la main et l'approcha du doigt entaillé avant de lever les yeux vers son Maître. Ce dernier observait la scène avec attention. Harry resta figé quelques secondes, puis soudain son Maître sembla comprendre la demande silencieuse de son disciple et hocha la tête. Instantanément, Harry reporta son attention sur la blessure. Après quelques secondes de concentration, une lumière bleutée d'une beauté incroyable s'échappa du bout des doigts du Survivant pour entrer directement en contact avec l'entaille. En quelques secondes, la plaie disparue avant d'apparaître un instant sur la main d'Harry, précisément au même endroit que Ginny s'était blessé.

Harry referma sa main et demeura impassible aux picotements qui fourmillèrent sur son épiderme une dizaine de secondes.

- Merci beaucoup, Harry, le gratifia Ginny en observant son doigt avec minutie.

- Tu es un guérisseur miroir ? s'étonna Lupin. Tu ne l'avais pas dit.

Harry avisa quelques instants l'expression de son Maître afin d'évaluer s'il était contrarié ou non. Il semblait surtout surpris, dans l'immédiat.

- Je suis désolée, Maître, s'excusa-t-il. J'ignorais que c'était une précision importante.

Remus pencha la tête de gauche à droite avec une moue.

- Tout de même, précisa-t-il.

Harry ne put se retenir de baisser les yeux.

- Qu'est-ce que c'est qu'un guérisseur miroir ? interrogea Ron.

- Cela signifie qu'Harry absorbe la maladie ou l'impact de la blessure de celui qu'il guérit, intervint Hermione. Il ressent la douleur et son corps répercute en lui-même le Mal pour après le faire disparaître. Ce sont les guérisseurs les plus puissants, paraît-il, mais...

Elle avisa Harry sans terminer sa phrase.

- Mais ? marmonna Fred, la bouche pleine.

- Mais... leur don finit généralement par les tuer, acheva-t-elle avec réserve.

Harry eut un rire bref, plutôt retenu. Il était au courant bien sûr, son précédent Maître le lui avait appris.

- Comment ça ? Balbutia Ron, choqué.

- Ils finissent par user leur corps et leur santé à force de guérir les autres ou alors en cherchant à absorber un mal trop puissant, précisa-t-elle.

- Tu savais tout ça ? blanchit Ginny, le doigt encore relevé.

- Oui, acquiesça Harry dans un souffle.

Une fois le petit-déjeuner pris, Harry se dépêcha de se doucher pour se rendre dans la salle où il avait fait ses débuts d'évaluation. Son Maître l'y attendait pour commencer son nouvel entraînement. Lorsqu'il entra dans la salle, une certaine angoisse lui enserrait la gorge. Cela n'avait rien à voir avec son entraînement, mais davantage avec ce qui s'était passé ce matin. Il ignorait si avoir involontairement caché la base de son don de guérir était un motif de remontrance ou non.

Face à son Maître, Harry hésita à s'agenouiller avant de se remémorer la discussion de la veille. Il s'inclina poliment, puis baissa les yeux, nerveux.

- Quelque chose ne va pas ? demanda Remus.

Harry releva un regard hésitant vers le sorcier.

- Je vous demande pardon pour ce matin, précisa-t-il. J'ai été bête de ne pas vous dire pour la guérison miroir.

- C'est vrai que tu aurais dû me le dire, admit Remus d'un ton plus sévère qu'Harry l'aurait imaginé. Mais il n'y a pas mort d'homme pour autant. Il va falloir qu'on réfléchisse à l'usage de ce don. Je ne veux pas que tu l'utilises sans ma permission, il est dangereux pour toi. Encore plus si tu n'en connais pas les limites. C'est entendu ?

- Oui, Maître, je vais faire attention.

- Parfait, conclus le sorcier d'un ton beaucoup plus léger.

Un silence s'installa au cours duquel Harry songeant que dans cette relation maître disciple également il n'aurait pas la liberté d'user de ses dons. C'était peut-être ce qu'il détestait le plus dans la soumission qu'on lui imposait. Il avait changé, il était devenu un sorcier hors du commun mais ses poings étaient constamment liés, comme s'il n'était qu'un danger sur pattes qu'il fallait au minimum maîtriser.

Harry entra dans sa chambre d'un pas malhabile. Sa cuisse droite le faisait souffrir le martyr, tout comme ses fesses. D'un revers de manche, il sécha ses larmes, puis se dirigea vers son lit. Il s'allongea sur le ventre et ferma les yeux. De nouvelles larmes noyèrent ses paupières, mais cette fois-ci, ce n'était pas la douleur qui les avait provoquées.

Il se sentait seul, triste et constamment humilié Aujourd'hui, il était disciple depuis 8 mois. Et même après ces huit longs mois, il ne cessait d'inspirer colère et mécontentement au seul homme qu'il côtoyait, à la seule personne qui devait compter pour lui.

Il s'endormit sur ces pensées, la couverture de son lit imprégnée de ses larmes et son cœur bien plus meurtri que sa chaire.

Personne ne viendrait jamais lui porter secours. Jamais il ne serait à nouveau libre.

- Harry, tu es prêt ?

Le susnommé tressaillit avant de se reprendre et acquiescer poliment. Remus le dévisagea quelques secondes avant de lui faire face.

- À quoi est-ce que tu pensais ?

Harry releva un nouveau regard hésitant sur son Maître qui le fixait avec attention.

- Au professeur Rogue, admit le jeune disciple avec réserve. Plutôt à un souvenir.

- Tu peux me le raconter ?

Pris au dépourvu, Harry bégaya quelques secondes, mal à l'aise. Toutefois, il constata rapidement que son Maître ne perdait rien de son envie à en savoir davantage. Il fixait son disciple avec, semblait-il, bienveillance, mais aussi détermination.

Harry eut envie de lui demander pourquoi il posait une telle question, mais il s'abstenu. Un disciple obéissait sans discuter, de toute manière.

Gêné, le Survivant s'humecta les lèvres, juste le temps de donner le change et de rassembler ses idées.

- C'était lors de ma première année en tant que disciple. Mon Maître... enfin, mon Maître de l'époque et moi nous étions disputés à cause des dons de Lyro.

- Vous vous êtes... disputés ? répéta le sorcier, les sourcils haussés.

Harry rougit malgré lui avant de reprendre.

- Oui... Je... Je répondais encore... beaucoup. À l'époque. Enfin... Je...

Harry grimaça. Il n'était pas spécialement fier d'avoir été souvent insolent, voire irrespectueux pendant une longue année. Ce n'était pas franchement digne pour un disciple.

- Et c'était quoi le problème ?

- Ma télékinésie, Maître, avoua-t-il, nerveux. Je... Je n'avais pas le droit de l'utiliser comme je l'entendais, seulement lors de nos entraînements. Mais d'un autre côté, mon Maître me hurlait dessus parce que je ne progressais pas et ne la maîtrisait pas.

- Et du coup tu lui as dit que si tu ne pouvais pas utiliser tes pouvoirs comme bon te semble il ne fallait pas te demander d'être doué pour en user ? conclut Rémus.

Harry lui offrit une grimace navrée.

- Rogue t'a puni, j'imagine ? demanda-t-il dans un souffle.

- Oui, Maître. C'était mérité.

Remus sembla surpris par la réaction de son disciple. Il acquiesça sous le regard perplexe de celui-ci. Un silence étrange s'instaura entre les deux hommes.

- Tu as un problème avec le fait que je ne te permette pas d'user de ton don de guérir librement, si je comprends bien ?

Harry devint livide. Instinctivement, il fit un pas en arrière en secouant la tête. Jamais il ne se permettrait de formuler un tel avis, même s'il n'était pas totalement faux.

- Ne sois pas effrayé, assura Remus. J'essaye de comprendre ce que tu penses, mais ce n'est pas facile.

- Je... C'est juste un souvenir qui m'a traversé l'esprit, bégaya-t-il.

- Tu conviendras que le timing est parfait.

Les deux sorciers se regardèrent. Harry interdit, Remus plutôt neutre. Le jeune disciple n'avait aucune idée de ce que l'attitude de son maître devait lui inspirer. Il avait oublié à quel point cela pouvait être dangereux pour lui. Avec Severus Rogue, Harry avait évité des dizaines de corrections en identifiant rien qu'à la façon dont son maître se mouvait s'il commençait à perdre patience.

- À quoi tu penses ? interrogea Remus.

Harry déglutit avant d'expliquer, honnête :

- Je n'arrive pas à savoir en vous regardant si vous êtes contrarié par ce que je dis ou fais. Du coup, je ne sais pas quoi dire ou faire pour que vous soyez satisfait de mon attitude.

- Tu faisais comme ça avec Severus ? s'étonna-t-il en croisant les bras sur son torse, l'air un peu amusé.

Le sourire de son Maître rassura Harry qui relâcha légèrement les épaules.

- Oui, Maître, confia-t-il.

Remus Lupin opina, l'air entendu. À la grande surprise d'Harry, il décroisa les bras et invita son disciple à reprendre l'entraînement. Harry, dérouté, ne discuta pas, mais eu beaucoup de mal à se concentrer quelques minutes. Si son maître s'en rendit compte, il n'en parut pas contrarié.

Pendant une bonne partie de la journée, Harry usa de ses dons, montra ses capacités, parla de ses limites. Son Maître était très attentif, il semblait tout étudier et pas seulement ses pouvoirs. Harry avait le sentiment que ses mots étaient décortiqués, que ses actes étaient mesurés et interprétés. Cela ne le dérangeait pas vraiment, il avait compris que monsieur Lupin cherchait à saisir comment il fonctionnait. Toutefois, lui, n'avait aucune carte en main pour savoir comment satisfaire les attentes de son Maître et cela l'angoissait plus qu'il l'imaginait.

- On va s'arrêter là pour aujourd'hui, annonça le professeur Lupin. Je n'avais pas vu l'heure.

Harry, à bout de souffle, remercia silencieusement son Maître. Cela faisait bien une heure qu'il était épuisé et, avec son premier maître, il avait pourtant acquis une belle endurance. Il commençait à réaliser qu'être le disciple de Remus Lupin ne serait pas plus reposant.

- Tu as vraiment bien travaillé, je suis encore une fois impressionné de tes prouesses.

- Merci beaucoup, Maître, sourit Harry.

Lupin avisa sa montre.

- Je t'aurais volontiers proposé de passer par la cuisine prendre un dîner, mais il y a une réunion ce soir et elle est sur le point de débuter. Je vais voir pour qu'on te fasse monter quelque chose dans ta chambre.

Harry acquiesça avec attention et il s'inclina avant de se diriger vers la sortie. Son Maître l'interpella juste avant qu'il ne passe la porte.

- Tu te souviens de mes ordres à propos de la réunion ?

Mal à l'aise, Harry plaça les mains dans son dos.

- Espionner les réunions m'est Interdit, répéta-t-il, l'estomac noué.

- À toi et aux autres, mais je compte sur toi pour ne pas me décevoir.

- Je vous le promets, Maître, garantie le disciple.

Il aurait pu le jurer à genoux. Jamais il ne désobéirait à un ordre aussi simple et évident.

Jamais.

Lorsqu'il eut pris une bonne douche brûlante, Harry sentit ses muscles moins tendus et sa fatigue, bien que toujours présente, moins pesante sur ses épaules. Il passa directement de la salle de bain à la chambre qu'il partageait avec Ron, sans même oser jeter un regard vers le rez-de-chaussée. Il ne prendrait pas le moindre risque d'apercevoir un membre de l'Ordre ou autre.

Dans la chambre, Ron était assis en tailleur sur le lit de Harry. Il sourit en voyant entrer le Survivant et s'empressa de lui désigner le plateau repas qu'il avait monté pour eux.

- Le dîner est servi, monsieur Potter, annonça-t-il d'un ton faussement solennel. On ne fait que grignoter, mais j'ai pris tout ce que vous aimez.

Harry rit, amusé et touché à la fois. Affamé, il jeta sur une chaise la serviette qu'il avait utilisé pour sécher ses cheveux avant de s'installer sur le lit à son tour, face à son meilleur ami, le plateau repas entre eux deux.

Tout cela sans savoir que, juste en-dessous, dans la cuisine, la réunion de l'Ordre était peu commune. Les membres, bien qu'occupés à discuter de sujets sensibles, avaient usé d'un sortilège leur permettant de voir et écouter ce qui se passait dans la chambre des deux adolescents. C'était une décision qui avait été votée à la majorité. Monsieur et Madame Weasley n'y avaient pas été favorable, peu à l'aise à l'idée d'espionner leur propre fils, mais Remus Lupin avait donné son accord, ce qui avait d'ailleurs bien étonné Severus Rogue. Qui, pour sa part, n'avait exprimé aucun avis à la proposition d'Alastor Maugrey. Fol Œil avait exprimé le souhait d'avoir un œil occasionnel et discret sur le jeune disciple, afin de voir s'il était aussi honnête qu'il le promettait. Dumbledore y avait été favorable, tout comme McGonnagall et Tonks.

Mais aucun n'avait eu la même motivation à voter "oui".

Dans la chambre, Harry et Ron grignotait en discutant Quidditch. Ronald lui parlait des matchs passés à Poudlard tout au long de son absence.

- L'équipe va être tellement heureuse de retrouver son Attrapeur, conclut Ron en fourrant un morceau de pain dans sa bouche.

Une sensation étrange pris naissance au creux de l'estomac d'Harry. Quelque part entre stress, excitation, envie et incertitude. Bien sûr, il adorerait, mais allait-il vraiment retrouver son école ? Une scolarité ? Aurait-il le droit de jouer au Quidditch ? Après tout, c'était un loisir, et son ancien Maître ne lui aurait jamais laissé une telle opportunité.

- Je suis certaine que monsieur Lupin sera d'accord pour que tu joues, réagit le rouquin.

Étonné, Harry écarquilla les yeux avant de finalement sourire.

- Depuis quand tu lis dans les pensées ? sourit doucement Harry.

- Je commence à comprendre les subtilités de la vie de disciple et je n'ai aucun doute que le choix d'intégrer l'équipe ou non ne te reviendra pas.

Le Survivant opina en se grattant le front, n'ayant pas de commentaire particulier en tête. En vérité, il ne préférait pas penser à tout ça ou se projeter. Être disciple lui avait appris à lâcher prise sur beaucoup de choses et cela passait par le fait de ne pas trop espérer à l'avance.

- Je ne t'ai pas vu de la journée au final, reprit soudain Ron, la voix plus neutre, comme si son enthousiasme du Quidditch était retombe brutalement. Comment est le professeur Lupin avec toi ? Vous avez fait quoi ?

Harry attrapa à son tour de quoi grignoter, histoire de gagner une dizaine de secondes et réfléchir à ses réponses.

- Nous sommes toujours en quelque sorte dans les évaluations, je pense, expliqua-t-il. J'ai beaucoup utilisé ma télékinésie, montré mes limites. On a pas mal parlé de Lyro aussi. J'aimerais bien pouvoir me transformer de temps en temps.

- Et il est d'accord ?

Harry releva brièvement les yeux sur son meilleur ami.

- J'aimerais bien, mais je n'ai pas demandé, se confia-t-il. Je ne veux pas avoir l'air... capricieux ou exigent, enfin tu vois.

Le haussement de sourcil de Ron indiqua à son ami que, non, il ne voyait pas. Harry esquissa seulement un sourire en coin en retour, ne sachant pas comment mieux s'exprimer.

- Tu crois vraiment qu'il imaginerait que c'est un caprice ? marmonna Ron, sans cacher son scepticisme.

Harry haussa les épaules. Il n'en avait aucune idée. Son ancien maître l'aurait estimé, oui. Quant à Remus Lupin...

- Rogue l'aurait pensé, lui, c'est ça ?

Pour le coup, Harry étouffa un rire, un peu nerveux.

- J'ai vu juste, conclut Ron.

- Oui, soupira Harry. En fait, Lyro compte beaucoup pour moi, il fait vraiment partie de moi maintenant et... et sous ma forme animale je me sens vraiment... complet. Et... plus libre aussi, je pense. Mon Maître n'était jamais sévère avec moi quand j'étais en renard. Même si je courais partout ou je me couchais dans le canapé sans guetter son approbation. Enfin... mon ancien Maître, je veux dire. Tu m'as compris.

Ron dévisagea un instant son meilleur ami, ce qui fit rougir un peu ce dernier.

- Quoi ? marmonna-t-il, mal à l'aise.

- Rien, souffla Ronald en détournant les yeux. Je réfléchissais juste. C'était comment avec lui ? Je veux dire... d'être tout le temps avec lui et rien qu'avec lui ? Chaque fois que j'y pense je me dis que tu as dû être tellement seul.

Il secoua la tête, comme pour chasser ses sentiments. Harry songea alors à son ancien Maître avec plus de sérieux. D'habitude, il ne s'autorisait pas à y penser de trop ou plutôt à se remémorer l'affection qu'il éprouvait pour lui, car les larmes lui montaient trop vite aux yeux dans ces moments.

- La première année, oui, c'est vrai, avoua-t-il. Et ça a été terrible, je dois le reconnaître. Puis, petit à petit les choses ont changé. On a appris à passer du temps ensemble et se raconter nos vies, en quelques sortes.

Ron écarquilla les yeux, estomaqué et Harry sourit.

- Tu sais, on était dans une vieille maison en lévitation, seuls au-dessus d'un village moldus régulièrement en guerre civile. Les soirées d'hiver étaient mortelles.

- Alors... genre tu sais plein de choses sur Rogue ? Ricana Ron. Des trucs perso ? Voire intimes ?

Harry se mit à rire, ses yeux un peu plus humides qu'il ne l'aurait voulu.

- Disons que la froideur des nuits d'hiver et deux trois verres de whisky ont eu raison de quelques secrets, chuchota Harry avec réserve.

Ron éclata de rire.

- Vas-y dis un truc pour voir !

Plus réservé, mais malgré tout amusé par la conversation, Harry secoua la tête en rigolant.

- Pourquoi ? Allez ! Rigola Ron. Je tuerai pour savoir un truc compromettant. Une histoire d'amour foirée, une humiliation quelconque ! Un truc auquel je pourrais penser au prochain cours de Potions où il me sortira : "Wesley, la prochaine fois que vous voulez étaler votre stupidité en classe, choisissez un cours où vous ne risquez pas de tous nous tuer".

Le ton solennel qu'il avait pris ressemblait tellement au professeur Rogue qu'Harry ne put s'empêcher de rire à son tour.

- Alors, dis ? supplia Ron.

- Je ne te souhaite pas spécialement d'expérimenter la vie de disciple, mais pour info le respect, l'obéissance et la docilité du disciple envers son Maître est identique qu'il soit présent ou non. Tu te doutes que raconter ces choses là seraient particulièrement irrespectueux et insolent de ma part. J'en suis tout bonnement incapable.

Toujours amusé Ron continua de rire avant de lever les mains, résigné.

- Dommage quand même ! se désola-t-il. Mais ! Pourquoi tu n'as pas fait ça avec le professeur Rogue en bas ? Depuis ton retour il n'arrête pas de te prendre de haut et te montrer qu'il ne te croit pas. Si tu lui avais balancé un truc vraiment perso, impossible à deviner, il aurait été obligé de te croire.

Harry retroussa son nez sans répliquer. Il fourra un peu de pain et de guacamol dans sa bouche, histoire de donner le change, mais Ron n'était pas dupe.

- Quoi ? Dis-moi à quoi tu penses ? souffla-t-il, la voix plus sérieuse.

- Je ne suis pas supposé spéculer, répondit Harry, aimable.

- Quand on parle que tous les deux, si !

Ron lui accorda un sourire édenté qui eu raison du Survivant. Il frotta ses mains pour en chasser les miettes de pain tout en réfléchissant à ses mots.

- Je suis à peu près certain que le professeur Rogue qui est en bas me croit, lorsque je dis qu'il a été mon Maître pendant cinq ans.

Tout en écarquillant les yeux, Ron secoua la tête avec incompréhension.

- Disons que j'en suis convaincu à... 85 - 90%, précisa-t-il.

- T'es sûr de ça ?

Harry hocha la tête.

- Je pense que le professeur Rogue doute plutôt de mes intentions, du côté que je sers.

- Il est bête s'il s'imagine vraiment que tu puisses servir Tu Sais Qui, grogna Ronald en levant les yeux au ciel.

Silencieux, Harry ne préféra pas répondre, craignant d'avoir un comportement déplacé pour un disciple. Normalement, il ne devait pas parler de son Maître, juger ses actes ou les interpréter. Le professeur Rogue dans la cuisine n'avait pas vraiment été son Maître, alors il se permettait cette petite entorse, mais il restait malgré tout gêné de ne pas rester à sa place.

- Tu n'oseras pas le dire, je me doute, mais c'est pourtant vrai.

Réalisant que, pour le coup, son meilleur ami ne lisait pas du tout dans son esprit, Harry se sentit obligé de rectifier ses dires.

- Je ne pense pas que le professeur Rogue soit bête, non. Tu as raison, je ne me le permettrais jamais, mais je t'assure que je ne le pense absolument pas.

Ron l'invita d'un simple regard à lui en dire davantage.

- Je me trompe peut-être, mais une fois ici et, face à mon attitude et mes connaissances, je pense qu'il a vu que je ne mentais pas, qu'une version de lui-même m'avait éduqué pendant cinq ans et avait fait de moi un disciple...

Harry secoua la tête, à la recherche des bons mots.

- Il ne dirait jamais "parfait", mais disons un disciple qui lui est entièrement dévoué et soumis. Et, je ne devrais pas dire ça, mais ce qui doit l'inquiéter, c'est qu'il se connaît suffisamment lui-même pour savoir que s'il m'a éduqué et renvoyé ici en me donnant une mission comme... je ne sais pas, tuer Dumbledore par exemple, il sait déjà que je la mènerai à bien, ou que du moins je mettrais tout en œuvre pour.

Face à ses révélations, Harry encra son regard dans celui de son meilleur ami qui s'était écarquillé de stupeur.

- En plus, lorsque j'ai choisi de devenir le disciple de monsieur Lupin, je lui ai dit que je resterai à jamais son serviteur.

- T'es dingue d'avoir dit ça, marmonna-t-il, un brin taquin.

Le disciple esquissa un sourire, amusé.

- C'était sincère, avoua-t-il, honnête.

- Mais pourquoi Rogue s'imaginerait que son autre lui t'aurait formé avec des intentions de ce genre ? s'exclama Ron. Il est de notre côté, non ? Il l'est ?

- Bien sûr, certifia Harry avant de reprendre son dîner.

Très vite, il réalisa que Ron,lui, ne mangeait plus, trop troublé par leur échange.

- Bon, d'accord, je développe, mais... arrête après avec tes questions, ou je vais me sentir obligé d'aller voir mon Maître et lui révéler que je suis un mauvais disciple. Je n'ai pas envie d'être puni.

Ron hocha la tête sans lâcher son meilleur ami du regard.

- Le professeur Rogue est de notre côté, à 100%, mais lorsqu'il a servi Voldemort, pendant un temps, il a aussi été de l'autre côté, à 100%. À une certaine époque, il a vraiment cru en Voldemort, en ce qui lui a promis, en ses pouvoirs. Je pense, et je peux me tromper, mais je pense que le professeur Rogue en bas dans la cuisine, craint ce que son autre lui a pu vivre et endurer avec Voldemort. Comme je vous l'ai dit à nos retrouvailles, après la capture de notre groupe, Voldemort n'a gardé que mes deux maîtres en vie. Ils sont resté en captivité plus d'un an, de ce que mon ancien Maître m'a raconté.

- Alors tu penses que Rogue croit que son autre lui aurait pu retourner sa veste après des mois de torture, récapitula Ron. Et qu'il aurait eu une sorte de plan diabolique ou du coup tu aurais été formé pour aider Voldemort à gagner le pouvoir.

- Je ne sais pas s'il s'imagine précisément ça, mais je suis certain qu'il n'a aucun doute sur le fait que si son lui m'a mis en tête que je dois être du côté de Voldemort, je le suis. Il sait qu'il aura été un Maître intransigeant, qu'il ne m'aura pas laissé le droit à la moindre erreur. Qu'il ne m'aurait pas renvoyé dans ce temps sans être persuadé que mon esprit lui est entièrement soumis.

Ron inspira profondément, comme s'il avait retenu son souffle le temps des explications.

- C'est flippant, confia-t-il. Tu es bien de notre côté, hein ?

Harry rit.

- Tu en douterais ? lança-t-il.

- C'est toi qui insinues le doute, ricana-t-il.

Mais sa voix était malgré tout tendue.

- Tu voulais comprendre, alors..., mais peut être que je me trompe et qu'il est seulement focalisé sur le fait que je suis insupportable à ses yeux sans voir plus loin, mais bon... ça m'étonnerait beaucoup. Mon Maître n'aurait jamais fait ça, et j'aurais du mal à imaginer qu'il y ait une aussi grosse différence entre eux. Après tout...

Un silence s'installa quelques secondes, jusqu'à ce que Ron reprenne son dîner.

- Il ne t'a jamais raconté ce qu'il a vécu avec Lupin ?

Harry secoua brièvement la tête.

- Non, jamais. Mais il avait une cicatrice dans son cou qui disparaissait sous ses vêtements assez impressionnante. Et il a toujours boiter de sa jambe droite, certains jours marcher lui était compliqué, et j'ai souvent réalisé des potions pour l'apaiser. Je sais que Voldemort n'avait pas de raison autre que l'amusement de garder mon ancien Maître en vie. Autrefois, ce qu'il appréciait chez lui c'était son esprit vif, son intelligence et ses capacités à masquer toute émotion. Il aimait l'avoir comme espion. Mais dans la version de l'histoire de mon ancien Maître, la captivité de mes deux Maîtres a été révélée à la press rapidement, donc Voldemort ne risquait pas de garder son espion préféré à son service.

- Ce qu'ils ont dû vivre... Ça a dû être... si horrible, glapit Ron. Abominable même.

- Sans le moindre doute, oui, souffla Harry.

- Et le professeur Lupin ?

- Je n'en sais pas beaucoup plus, murmura Harry. Voldemort a beaucoup joué avec les pleines lunes. Un jour, mon Maître...

Harry marqua une hésitation, mais ravala son réflexe de disciple et poursuivit. Après tout, il avait déjà largement dérogé aux règles qu'on lui avait inculqué.

- Un soir de nuit d'hiver après quelques verres, précisa-t-il dans un souffle, mon Maître m'a dit que Voldemort laissait monsieur Lupin mourir de faim et de soif les jours précédents les pleines lunes avant de le libérer le temps des transformations dans des villages remplis d'enfants moldus par exemple ce genre de choses. Il s'assurait ensuite qu'une fois détransformé, le professeur Lupin sache et voit ce qu'il avait fait. Il a été envoyé à Poudlard une fois, lorsque l'école est tombée. Mon ancien Maître m'a dit qu'il avait subi l'enfer, mais que malgré tout il avait toujours essayé de les sortir tous les deux de là. Il serait même plusieurs fois interposé à des tortures destinées à mon ancien Maître pour le protéger. Lorsqu'il m'a parlé de ça, il a eu l'air vraiment affecté.

Harry secoua brièvement la tête, revoyant encore le regard de son Maître à la lueur du feu de cheminé. Ça avait été la seule fois où ils avaient parlé de cette captivité et Harry en avait tremblé tant les mots et l'attitude de son Maître lui avaient semblé à l'image de l'horreur qu'il avait enduré.

- Il m'a fait promettre qu'à mon retour, je tenterai d'user de mon sang pour guérir monsieur Lupin, qu'il ne connaisse jamais ce qu'il a pu subir dans l'autre vie, précisa-t-il dans un souffle.

Les yeux de Ron brillaient avec une certaine émotion alors qu'il opinait sans commenter davantage.

- Et tu as réussi, précisa-t-il finalement. Il aurait sûrement été fier de toi.

- Je n'ai fait qu'obéir aux ordres, mais j'espère surtout que Lyro aura été suffisamment puissant pour le libérer définitivement. Le temps nous le dira bien assez tôt, j'imagine.

Harry avala une gorgée d'eau, la bouche sèche. Il réalisa qu'il tremblait un peu, sans trop savoir pour quelle raison.

- Excusez-moi de t'avoir fait parler de tout ça, murmura soudain Ron en le dévisageant.

- Ne t'excuse pas, tu ne me forces à rien, répliqua Harry, honnête.

- Tu vas pas aller dire à Lupin de te battre ou je sais pas quoi parce que je t'ai fait raconter des choses que tu ne devrais pas, hein ?

Le jeune sorcier avait blanchi en prononçant ces mots. Harry afficha un sourire doux face à son meilleur ami.

- Non, je ne vais pas faire ça, promit-il. T'inquiète pas.

- Je sais qu'un disciple doit être honnête envers son Maître et confesser ses fautes tout en étant reconnaissant d'en être corrigé.

Pour le coup, Harry releva un regard stupéfait sur son meilleur ami. Il venait de citer avec précision l'une des douze règles fondamentales des disciples. Celles qu'on retrouvaient dans les livres, celles qui étaient dans celui que son premier Maître lui avait fait apprendre par cœur à ses débuts de disciple, d'ailleurs.

- C'est exact, oui, expira Harry. C'est la sixième règles... Comment tu la connais ?

Ron passa sa main dans ses cheveux, les joues un peu rosies.

- Hermione, murmura-t-il en haussant finalement les épaules. Elle nous les a récitées.

Harry sourit ; il aurait dû y penser tout de suite.

- Et tu as déjà retenu les règles au mot près ? se moqua doucement le Survivant. Tu es prêt à devenir disciple alors.

- Ah. Ah, ricana-t-il avec réserve. Celle-là m'a marqué. Je la trouve hard.

Pour le coup, Harry se mit à rire. À ses yeux ce n'était pas la pire, mais il comprenait pourquoi Ron disait ça. La première fois qu'il s'était fait réprimander par son Maître avec le rappel de cette règle, il avait balancé en retour que "si monsieur voulait un Elfe de maison, il aurait fallu le dire dès le début."

Évidemment, Harry avait regretté ces mots, sans surprise.

- Et pour la 12e ? questionna Ron avec réserve.

Un inconfort étrange se logea dans le creux de l'estomac du disciple. Harry détourna les yeux, ignorant s'il était prêt à discuter de ça. Il gonfla son torse, la poitrine lourde.

- C'est arrivé une fois, oui, expira-t-il.

Les larmes lui montèrent trop vite aux yeux et il dut faire un effort monumentale pour les faire refluer. Le silence lui sembla inhumain. Il finit par relever le regard sur Ron qui n'avait jamais eu l'air aussi choqué de sa vie. Ses yeux étaient exorbités, sa peau livide, sa bouche entrouverte dans un interdit innommable.

- Je t'en prie ne le redit pas, d'accord ? Personne ne comprendrait.

- Comment a-t-il pu... comment est-ce que... comment...

Ron secoua la tête, encore plus choqué.

- Le disciple appartient à son Maître par l'esprit et le corps, récita seulement Harry. Ça ne passe pas que par les punitions. Les douze préceptes visent à ce que le disciple appartienne entièrement à son Maître, sous tous les aspects. C'est à cause de ce précepte notamment qu'il y a eu tant d'abus qui ont fait qu'aujourd'hui il a très peu de disciples.

- Et on comprend pourquoi, s'indigna Ron. C'est un professeur, il travaille avec des enfants. Dumbledore devrait savoir qu'il est capable de choses aussi dégueulasses.

- Le professeur Rogue en bas serait sûrement choqué comme toi de l'entendre, assura Harry avec bienveillance.

- Je croyais que ton ancien Maître et lui n'était pas si différent ?

Bien que dénuée d'agressivité, la voix du jeune sorcier était tendue et outrée. Harry comprenait sans difficulté pourquoi, et il ne pouvait pas exprimé à quel point sa relation avec son ancien Maître avait été complexe.

- Même ça, tu le cautionnes ? murmura Ron, noyé par l'incompréhension.

Harry ravala la vague de souvenirs douloureux qui tentait de le dévaster. L'espace d'un instant, il eut envie de s'emporter et de dire à son meilleur ami qu'il n'avait pas le droit de le juger, qu'à sa place il n'aurait pas eu davantage de choix.

- Ça a été horrible, bien sûr, lâcha-t-il finalement, les larmes aux yeux.

Le silence fut indescriptible.

- Excuse-moi, souffla Ron après quelques instants. J'ai juste... tu ne méritais rien de tout ça. Il ne t'a rien laissé.

Harry pinça les lèvres, c'était vrai. Il n'y avait plus rien du Harry Potter d'avant.

Le cœur au bord des lèvres, Harry tenta de trouver les mots pour que son meilleur ami, son confident, saisisse mieux son histoire, ce qu'il avait traversé.

- C'est arrivé trois jours avant mon départ, confia-t-il, le

cœur battant.

- Il a attendu cinq ans ? s'étonna Ron. Tu sais pourquoi ?

- Je pense qu'il l'a fait à contrecœur. Les préceptes du disciple, c'est la première chose que j'ai appris. Il m'a dit que ce serait désormais ma Bible. À l'époque nos rapports étaient compliqués et violents. Même s'il me frappait, je ne voulais pas obéir. Pendant longtemps, j'ai songé à cette 12e règle, surtout le soir, dans mon lit, plongé dans le noir. La maison grinçait souvent et mon Maître était tellement à cheval sur ces préceptes que j'ai plus d'une fois craint qu'il vienne dans la chambre un soir et qu'il ne mette le dernier en application.

Dans un souffle destiné à garder la maîtrise de ses émotions, Harry s'humecta les lèvres.

- Après ma première année de disciple, j'ai pensé qu'il ne ferait finalement jamais ça. J'ai pensé comme toi, après tout... un professeur de Poudlard, constamment avec des enfants. Puis, il n'est pas gay, ça je le sais aussi.

- Deux jours avant de m'annoncer que j'allais faire le voyage de retour jusqu'à vous, il m'a convoqué dans la salle au rez-de-chaussée où l'on travaillait les potions. Je me souviens quand je suis entré, il était là, et, je ne sais pas pourquoi. J'ai jeté un regard sur le bureau et j'ai aperçu le livre sur les préceptes. Je ne l'avais pas vu depuis des années.

Ron, qui n'osait pas formuler un mot, était suspendu aux lèvres de son ami. Leur discussion n'était plus qu'un chuchotement dans la nuit.

- Sur le moment, je me suis demandé ce que j'avais fait comme bêtise. Si ce livre était là, c'était forcément pour me remémorer une règle que j'avais mal respectée. Tu saisis ?

Ron opina en posant ses coudes sur ses jambes pliées en tailleur. Il peinait à respirer calmement, tout comme retenir les insultes envers Rogue qui affluaient à son esprit.

- Il a vu tout de suite que j'avais regardé sur la table. Là, il m'a demandé de lui réciter les règles. Je l'ai fait, à la lettre. Et, là, il m'a dit qu'après ces cinq années auprès de lui, il était satisfait que je sois à la hauteur de onze de ces préceptes. Je l'ai remercié, pensant qu'il me complimentait, en quelque sorte.

La poitrine toujours comprimé, Harry eut du mal à faire refluer les souvenirs qui faisaient se dresser les poils sur son corps.

- Après quoi il m'a dit : "tu te souviens de ce que je t'ai dit, la toute première fois que je t'ai présenté les préceptes, le jour où tu es devenu disciple ?" C'est là que j'ai compris, car, oui, je me souvenais de ses paroles.

- Et il avait dit quoi ? Tu peux me le dire ? murmura Ron, sourcils froncés.

- Que son devoir en tant que Maître était de m'éduquer selon ces règles et qu'il ne ferait de moi le sorcier le plus puissant qui soit qu'à la condition que je sois sous son entière autorité, que mon obéissance devrait être sans réserve, mon esprit et mon corps lui appartiendraient.

- Lui aussi craignait que tu sois puissant mais que tu passes du mauvais côté une fois avec nous, grogna Ron. Il a voulu contrôler tout de toi, obtenir une soumission pleine et entière. Tu as raison ils sont exactement les mêmes. Il voulait être sûr que même loin de lui tu lui sois entièrement dévoué.

Harry hocha la tête, l'ayant lui-même compris depuis quelques temps maintenant. La différence avec son meilleur ami c'était que Ron, lui, ne voyait qu'un salaud. Harry, pour sa part, était persuadé que son Maître avait pris ce 12e précepte comme une obligation pour lui-même. S'il avait eu envie de faire ce genre de choses avant, il ne s'en serait pas privé, et les occasions au cours des cinq années précédentes étaient d'ailleurs incalculables.

- "On doit tous les deux respecter les 12 règles", c'est ce qu'il a finalement dit, chuchota Harry en baissant les yeux.

- Tu as réagi comment ? demanda Ron, la gorge nouée.

- Je me suis mis à pleurer, avoua Harry avant de passer nerveusement la main dans ses cheveux. Je l'ai supplié, mais supplier n'a jamais été efficace avec mon Maître, comme les larmes. Il m'a seulement dit d'aller vers le bureau et de me pencher dessus. J'ai été incapable de bouger sur le moment. Je crois que sur mes 3 dernières années de disciple, c'était la première fois que je n'obéissais pas à un ordre directe comme ça.

Ron pinça les lèvres, les larmes aux yeux.

- Ne sois pas triste pour moi, lui souffla Harry. Il ne m'a pas brutalisé ni rien. Il m'a dit que nous n'avions pas le choix, qu'il ferait en sorte que ce soit bref et le moins difficile possible.

Sauf que ça avait été extrêmement douloureux et que ça avait semblé durer des heures, mais Harry garda cela pour lui.

Ron chassa d'un geste rapide les larmes aux coins de ses yeux avant de renifler.

- Au moins avec le professeur Lupin, tu n'auras pas à subir quelque chose de ce genre.

Harry demeura muet, ce qui attira l'attention de son ami.

- Tu penses qu'il oserait ?

- Je... Je te dirais que non, mais y a dix minutes, tu aurais dit la même chose de mon précédent Maître, non ? précisa-t-il avec douceur. Je préfère ne pas y penser.

Ron sembla soudain affolé.

- Harry, tu dois me promettre que si Lupin tente quelque chose de ce genre, tu ne te laisseras pas faire, d'accord ?

Harry leva légèrement les mains avant de secouer la tête.

- Il est mon Maître, rappela-t-il.

- Oui, mais on s'en tape, coupa Ron, plus sévère. Si ça arrive ou si tu penses que ça va arriver, il faut que tu gagnes du temps. Aussi respectueusement que tu le peux, okay, mais tu ne dois pas te laisser faire.

- Mais gagner du temps pour quoi faire ? s'étonna Harry, songeant que Ron ne comprenait rien à sa position de disciple finalement.

- Autant Rogue avait main mise sur toi à 100%, mais ici c'est différent. Mes parents, Sirius, Dumbledore et sûrement d'autres, personne n'acceptait ça, personne ne le tolèrerait. Maître ou pas Maitre. Je te l'ai dit l'autre fois, tu n'es pas seul, Harry, tu ne l'es plus.

Le regard des deux sorciers se chevilla et Harry ne put qu'esquisser un sourire reconnaissant. Les paroles de son meilleur ami faisaient battre son cœur plus vite et le rassuraient, d'une certaine manière. Bien qu'il continuait de croire que le dernier mot ne pourrait jamais revenir qu'au Maître du disciple, c'était réconfortant de penser que Ron avait raison. Sans doute que tout cela n'était qu'une simple illusion, une tromperie qui risquait de le laisser croire à tort qu'il était plus en sécurité, plus entouré. Mais peu importait pour ce soir.

- Et en parlant de promesse, reprit Ron, il en a une que je veux que tu me fasses. Et je ne parle pas au disciple, d'accord, je parle à mon meilleur ami, à Harry.

- Je t'écoute, répondit ce dernier du bout des lèvres.

- Jure-moi que quoi qu'il arrive, quoi qu'il en coûte, tu n'iras plus jamais là où je ne peux pas te suivre.

Stupéfait, Harry écarquilla les yeux.

- Depuis ce premier jour dans le train où on s'est rencontré, tu es mon meilleur ami, rappela-t-il, les yeux brillants. Je sais pour Voldemort depuis le commencement et je t'ai suivi où que ça a pu nous mener jusqu'à maintenant. Je n'ai pas l'intention de t'abandonner ou de te laisser tomber, même si je sais que nos vies seront toujours en danger. Je le sais encore plus depuis que je t'ai enfin retrouvé. Je serai toujours avec toi, à tes côtés, quoi qu'il arrive. Je deviendrai même disciple à mon tour s'il le fallait et, mon dieu, j'espère ne pas devoir en arriver là, mais je le ferais. Pour toi.

Malgré l'intensité du moment, Harry sourit aux derniers mots de Ron.

- Mais si tu pars dans d'autres espace temps ou je ne sais quoi d'autre, je ne pourrais pas honorer cette promesse que je me suis faite et que je te fais maintenant. Alors promets-moi de ne plus jamais aller là où je ne peux te suivre.

Touché, Harry eut du mal à reprendre la parole sans que sa voix ne tremble.

- Sans l'avale de mon Maître, faire ce genre de promesse est superflue, tenta-t-il.

- Tu promets, coupa Ron. Un point c'est tout. Harry, c'est à toi que je parle.

Il se fixèrent quelques secondes et Harry finit par mettre la main sur sa poitrine.

- D'accord... Je te le promets.