-Oui en effet, j'espérais ne plus vous croiser.
-Ah moi aussi, mais tu sais, j'ai été licencié mais j'ai retrouvé du travail, qu'as-tu fais depuis l'abandon pitoyable de tes études ? demanda Lucien.
Je répondis à la place de Ciel.
-On a fait un bébé ensemble, et vous chez discriminant et homophobe ?
-Un bébé, sérieusement, tu as abandonné tes études et tu crois que tu peux assumer un enfant ? T'es même pas capable de terminer quoi que tu sois ! Tu vas lui apprendre quoi, à profiter des aides sociales comme toi ? s'exclama Lucien.
-Je me permets encore c'est une fille et ce que vous voyez, c'est pour elle, répondit Sebastian.
-Eh bien depuis j'ai acheté la voiture et j'ai fais un enfant. Je peux assumer un enfant, vous me sous estimez et je m'en fiche. J'ai les aides sociales oui.
-Tu devrais avoir honte d'avoir acheté une voiture avec l'argent des autres !
-Je l'ai acheté avec mon argent oui mais pas ce que vous croyez, mes parents avaient une société et je gagne une bonne partie, contrairement à vous, avec votre salaire de prof, je n'ai pas fait de crédit, répondit Ciel.
Puis il ajouta :
-Il est vrai que j'ai les aides sociales mais je suis handicapé et je ne peux pas travailler, c'est normal. Certes des gens en profitent réellement mais ce n'est pas mon cas et je m'en fiche aussi. Je vais expliquer quelque chose, si je ne dépendais réellement que des aides, je vivrais à peine, c'est peu pour vivre, et certains survivent surtout. J'ai la chance de ne devoir m'en faire pour l'argent mais d'autres gens non. Je devrais m'en soucier ? Non, mon but c'est d'être heureux dans la vie. Mon enfant fera ce qu'il veut, il ira à la fac ou pas. Mais je ne lui ferai pas subir ce que j'ai vécu. Oui j'ai de la chance je sais.
Ce que dit Ciel ne sembla pas calmer Lucien.
-Tu plaisantes ? Tu as fait un enfant avec un gars qui sera mort avant toi ! Tu feras quoi quand tu seras tout seul ?
-Je ne suis pas encore mort, je n'ai que 40 ans et on évite de penser à ce genre de choses dans la vie. Nous sommes deux, Ciel n'est pas tout seul. On l'a fait à deux l'enfant. On est pas si loin en âge, vous allez mourir aussi à moins que ce soit votre femme plus âgée, ou est-elle d'ailleurs ? demanda Sebastian.
-Elle est peut-être morte, répondit Ciel.
-C'est pas très sympa.
L'inconnu qui n'avait jusque là rien dit se décida à intervenir.
-Tu es méchant, Lucien. Tu avais promis de changer quand on s'est rencontré. Ce n'est pas de sa faute, un handicap c'est pas facile, tu n'as pas à juger ! s'exclama Anatole.
-Merci mais qui êtes-vous ? demanda Ciel.
-Je m'appelle Anatole, je suis son compagnon, enchanté et voici Volta ma chienne.
-Je n'aime pas les chiens.
-Attendez, vous ne sortiez pas avec cette femme avant quand on s'est croisé ? Seriez-vous une personne qui a refoulé son homosexualité en sortant avec une femme ? demanda Sebastian.
Beaucoup de gens ont du mal à sortir du placard, pression de la famille, norme sociétale, dans beaucoup de pays même les gens se marient avec une femme par normalité, je pense notamment à beaucoup de pays d'Asie mais pas seulement. Il est fréquent de se cacher derrière une relation normalisée par l'état pour rassurer ses proches et ne pas être juger. La réalité finit toujours venir et on ne peut pas se cacher éternellement. Il convient à chacun de juger s'il veut le cacher ou faire son coming out auprès de qui il le souhaite.
-Je l'ai quitté, je ne pouvais plus me mentir, je suis tombé amoureux d'Anatole.
-C'est étonnant pour quelqu'un d'homophobe mais assez fréquent, mais cela n'excuse pas votre attitude envers moi, répondit Ciel.
-Tu profites des aides sociales, je déteste les feignants et les profiteurs. Tu fais le ménage au moins ou ce qui demande un peu d'effort, ou tu es assisté ? Il va manger quoi ton enfant ?
-C'est notre enfant, je peux lui faire à manger aussi, répondit Sebastian.
-Vous avez quoi contre les aides sociales ? Il y a un homme de ménage donc non, je n'aime pas les tâches ennuyantes. En fait il est plus multi tâche quand j'y pense. Je ne cuisine pas mais j'engagerai peut-être un cuisinier sinon je me ferai livrer je fais livrer mes courses et puis je suis pas tout seul.
-C'est facile de tout déléguer aux autres sous prétexte que tu as l'argent ! s'exclama Lucien.
-Si je peux le faire, je le fais. J'en ai marre de perdre mon temps avec vous.
-Très bien, je ne dirai pas que ce fut un plaisir, j'espère que ton enfant fera plus de choses que toi, qui n'a même pas réussit à atteindre une simple fac.
Ciel ne répondit pas, il rentra dans sa voiture, je le suivais.
-C'était désagréable, la prochaine fois ne lui parle pas.
-Notre enfant pourra faire tout ce qu'il veut, je crains seulement qu'il tombe sur ce genre de personne et qu'il soit malheureux après, dit Ciel.
-On fera en sorte de les recadrer ces personnes que ce soit à l'école, on l'expliquera à la crèche.
-La crèche ? Je ne veux pas qu'il y aille, c'est l'enfer !
-Y es-tu allé ? demanda Sebastian.
-Oui et j'en garde un mauvais souvenir.
-Tu ne peux pas savoir s'il aimera la crèche ou le collectif, tout ce que nous pouvons faire c'est lui proposer et faire un essai, si ce ne la fait pas, on peut trouver une autre solution de garde. Je sais que cela te demandera de l'effort, répondit Sebastian.
