Salut ! Comment allez-vous ?
J'ai réécris presque tous les chapitres de cette sixième partie. Seul le premier chapitre, avec Nash, n'a pas été changé. J'ai changé l'ordre de certains. Normalement, Seijuro et Shûzo se "mariaient" après le couronnement. Or, je trouvais que cela mettait un délais trop important entre le couronnement et la vengeance alors qu'il est logique que Seijuro accomplisse sa vengeance juste après avoir obtenu son titre d'empereur.
Comme expliqué, j'ai beaucoup changé le chapitre du couronnement et celui de la vengeance.
Et ce dernier chapitre a, quant à lui, été entièrement réécris pour le rendre plus clair (surtout la "première partie").
Shadow : Merci pour ce retour. En effet, Shûzo est un personnage en or. J'espère que ce chapitre te plaira. Bye !
4meChan : Super ! Mignon... certes. Mais sais-tu ce que signifie les lys orange ? (je n'ai volontairement pas donné la réponse pour inviter à aller chercher). Les lys orange sont un symboles de représailles. Il reste ce chapitre pour conclure la partie six ;) puis une dernière partie, qui servira de conclusion du côté de des princes et du côté de Nash.
J'espère sincèrement que ce chapitre vous plaira. Il s'agit d'une conclusion de partie donc...
Éventuellement, je vous invite à relire les chapitres de Nash. Pour vous remettre en tête tout ce que lui a découvert de son côté... Et comprendre pourquoi j'ai écrit cette fin. D'ailleurs, c'est une histoire où j'avais la fin avant même d'écrire le début ^^ Cette fin, est la raison de la rédaction de toute cette histoire.
Le règne de Seijuro Akashi
« je suis désolé. »
Masaomi Akashi était mort le trois décembre 1499 et Seijuro avait été intronisé trois mois plus tard, alors qu'il n'avait que vingt ans.
L'une de ses premières actions fut d'ordonner la construction de son kofun, bien plus grand et imposant que celui de son père, et situé à quelques mètres de la rivière. La construction de son tombeau lui servait de memento mori. Après tout, Seijuro savait mieux que personne comme il était simple de perdre la vie quand on était au pouvoir.
Seijuro pensait avoir été préparé toute sa vie à devenir empereur. Mais il réalisait qu'il avait fantasmé sa vie. Il s'était pensé tout puissant, il avait pensé arriver au sommet du monde. La vérité étant qu'il n'avait jamais été aussi malheureux.
Son seul réconfort venait le soir, quand il pouvait se perdre dans les bras de Shûzo. Son garde du corps, ainsi que Shirogane, restaient ses soutiens.
Chaque matin, l'empereur se réveillait avec le souvenir de ses cauchemars, impliquant le plus souvent ses frères. Après avoir bannis les concubines de son père et emprisonné Hisoko Kuroko, il avait ordonné de lancer des recherches afin de retrouver la trace de Shintarô. Seijuro ne savait pas encore ce qu'il allait faire s'il le retrouvait. Peut-être, comme pour Hisoko, se montrera-t-il clément pour une fois. Il pourrait offrir un fief à son demi-frère et tenter un simulacre de paix.
Seijuro voulait tenter de s'extirper de l'ombre qu'avait laissé son père sur l'empire. Il voulait mettre fin à cette guerre qui asphyxiait l'empire un peu plus chaque année. Cependant, il était hors de question pour lui de perdre ne serait-ce qu'un bout de terre si durement acquis. Il comptait sur le blocus pour pousser Shikoku à se rendre ou à tenter les négociations.
En attendant, il fallait continuer à entretenir les troupes. Le temps plus clément de l'année 1500 permis de très bonnes récoltes qui vinrent remonter le moral et relancer l'économie du territoire. Gros producteur, Hokkaïdo pus continuer à approvisionner les troupes de l'empire.
oOo
Un matin de juin 1501, un peu plus de deux ans après son intronisation, Shûzo vint porter à Seijuro une nouvelle inattendue.
-L'impératrice est enceinte.
Seijuro sentit son ventre se serrer. Il se contenta d'acquiescer. Il n'avait partagé la couche de Satsuki que de rares nuits. Néanmoins, il savait de source sûre qu'elle n'avait pas d'amant et que cet enfant serait bien le sien.
L'annonce resta un choc. Seijuro ne s'était jamais préparé à ce que cela arrive. Il ne savait pas comment il devait se comporter. Devait-il se montrer heureux de la venue de cet héritier ? Allait-il devoir s'en occuper ?
Shûzo le dévisageait tandis qu'il réfléchissait.
-Tu te sens bien ?
Seijuro ne répondit pas.
-Shûzo… tu penses qu'il est trop tard pour fuir maintenant ?
-Fuir ?
-Oui. Retourner dans ce village où tu as vécu et disparaître à jamais. Qu'en penses-tu ?
Shûzo s'approcha de lui et s'assit sur sa longue manche.
-Seijuro…
-Je ne sais plus où j'en suis. Si je pouvais retourner en arrière, je n'aurais refait aucun de mes choix. J'aurais laissé le trône à Tetsuya. Lui, il aurait pu être heureux aux côtés de Satsuki.
-C'est avoir cet enfant qui te perturbe ? Tu sais, Shirogane se chargera de son éducation. Tu ne le verras presque pas.
-Mes frères me manquent. Ma mère me manque.
-Partir d'ici ne te les ramèneront pas. Ils sont morts, Seijuro.
-Je sais.
-Je t'entends les appeler la nuit.
Seijuro soupira.
-Quand l'héritier sera né, peut-être pourrons-nous disparaître comme Shintarô l'a fait.
-Tu ne parles pas sérieusement. Tu t'es battu toute ta vie pour devenir empereur.
Longtemps, Seijuro le dévisagea, plongeant ses yeux hétérochromes dans ceux gris cendre de Shûzo.
-Tu as raison, soufflât-il. Je raconte n'importe quoi.
oOo
Le blocus de Shikoku dû prendre fin car Kyushu menaçait de se joindre au conflit, ce blocus entravant son commerce avec les îles. Kyushu était resté neutre jusqu'alors dans le conflit et l'empereur n'avait pas voulu prendre le risque de devoir l'affronter.
L'empire avait acquis de nombreuses îles dans la baie qui séparait Honshu et Shikoku mais cela ne suffisait pas à asphyxier cette dernière. L'île était d'une robustesse remarquable. L'empereur et les généraux se sentaient dépassés.
Quitte à subir cette vie d'empereur, Seijuro voulait mettre un terme à cette guerre. Si son nom devait être retenu dans l'histoire, il préférait que ce soit en tant que conquérant plutôt que fratricide.
Après plus de vingt ans de guerre, les finances de l'empire étaient catastrophiques. L'armée était à bout de force et n'arrivait plus à se renouveler. De nombreuses mutineries s'organisèrent.
L'empereur se consolait en se disant que Shikoku souffrait des mêmes problèmes : une grande rébellion avait embrasé la moitié de la ville de Takamatsu, au nord de l'île.
Certains jours, Seijuro avait envie d'abandonner et se demanda comment son père avait pu tenir plus de vingt-cinq ans au pouvoir. S'il ne l'avait pas tué, combien de temps encore aurait-il gouverné ?
Shûzo le rassurait en lui disant que s'il se sentait dépassé c'était parce que la situation était exceptionnelle et que son père avait disparu avant d'avoir pu lui apprendre toutes les subtilités du rôle d'empereur. Outre les nombreuses cérémonies religieuses qu'il devait présider, les conseils de guerre et les négociations divers et variés, Seijuro devait également prouver sans cesse sa légitimité.
oOo
Une nuit de février 1502, Seijuro fut réveillé par des cris provenant de la chambre de l'impératrice. Le travail avait commencé. Il passa une nuit blanche aux côtés de Shûzo. Ils n'échangèrent pas un mot.
Au petit matin, alors que le soleil se levait à peine, ce fût Shirogane qui vint lui annoncer la nouvelle : l'enfant, un petit garçon, était mort-né.
Le soir même, Satsuki quitta le palais et pris la route du château de Niigata où elle avait séjourné les mois suivant la mort de Tetsuya.
Ce départ n'aida pas Seijuro à asseoir son pouvoir. Les rumeurs dans le palais allaient bon train. Son épouse désormais loin et sans concubines à ses côtés, les généraux se demandaient comment l'empereur allait avoir une descendance. Seijuro avait espéré la venue de cet enfant pour avoir une porte de sortie.
Il aurait été prêt à abandonner Satsuki et son empire pour retrouver une vie plus simple, loin de ses crimes, loin de l'ombre qu'avait laissé son père.
Pour autant, un sursaut d'orgueil le poussait à persévérer. Il ne voulait pas que la lignée Akashi prenne fin. À son grand étonnement, le départ de Satsuki et la perte de cet enfant avait fini par lui donner la motivation nécessaire pour continuer la lutte. Il imagina répudier l'impératrice et nouer une alliance diplomatique avec Shikoku. Il préférait se marier de force à une femme qui, au moins, ne le haïssait pas comme Satsuki.
oOo
Entre l'année 1502 et 1503, tout s'accéléra dans le conflit entre l'empire et Shikoku.
L'armée parvint à atteindre les côtes de Shikoku. Et le long siège de Matsuyama, la capitale, commença. Seijuro obtint après de houleuses négociations, des financements pour maintenir le siège des provinces alliés avec lesquelles sont grand-père avait conclu des traités de paix plutôt que de les annexer à l'empire. La première à répondre ne fut pas Hokkaido mais Aomori. La grande île, bien que toujours alliée, voyait d'un mauvais œil l'empereur. Le daimyo n'appréciait pas la façon dont il délaissait l'impératrice.
La victoire fut touchée du doigt quand le daimyo de Matsuyama se rendit à Ôita, sur Kyushu et faillit périr en mer. Son fils était beaucoup moins enclin à la guerre.
À la fin de l'année 1503, après son vingt-quatrième anniversaire, Seijuro entama les négociations pour obtenir la reddition de l'île. Le daimyo avait une sœur et une fille, la première âgée de vingt-cinq ans et veuve depuis peu, et la seconde âgée de seize ans. Seijuro y voyait deux possibilités de forger une alliance.
Mais à son grand étonnement, le daimyo refusa ses propositions sans donner de justification.
Lors des célébrations du nouvel an, plusieurs incendies se déclarèrent dans les grandes villes de l'empire. On apprit quelques jours plus tard que toute la famille Nijimura avait péris dans les flammes.
Shûzo obtint l'autorisation de l'empereur de se rendre à Iga pour la cérémonie funéraire.
oOo
La nuit du vingt-huit février 1504, alors que Seijuro était dans la chambre impériale, il entendit des cris qui s'élevèrent dans le palais. Un garde entra sans prévenir dans la chambre. Son corps tomba lourdement sur le sol avant qu'il n'ait pu prévenir l'empereur de la menace. Seijuro se releva et saisit son arme alors qu'une dizaine d'hommes armés pénétraient dans la chambre, portant sur leurs vêtements les bannières de Matsuyama.
Shûzo était encore à Iga. Le timing de cette attaque était trop parfait pour que ce ne soit pas planifié de longues dates. Avec du recul, les incendies du nouvel an n'étaient probablement pas dû au hasard.
Seijuro reconnu certains visages qu'il avait aperçu dans les couloirs du palais des années auparavant.
-Poses ton sabre, Seijuro, ordonnât une voix trop familière.
Shintarô entra à son tour dans la chambre.
-Traître.
-Je fais ce qui doit être fais. Il semblerait que j'ai plus le sens du devoir que toi.
Seijuro pointait son sabre vers les hommes face à lui.
-Nous avons tués tous les gardes sur le passage. Mes hommes sont en ce moment même en train de prendre leurs places. Un garde du palais reste un garde, après tout. Personne ne remarquera rien jusqu'au petit matin. Et la chambre de l'empereur est isolée. Soit réaliste, Seijuro. Tu ne peux pas tuer dix hommes à toi tout seul.
Seijuro dévisagea son demi-frère avant de se décida à attaquer le premier homme face à lui mais il fut rapidement maîtrisé.
-J'aurai voulu te donner une mort digne, Seijuro. Mais tu n'as laissé cette chance à aucun de tes adversaires.
-Le peuple n'acceptera pas un usurpateur.
-Bien sûr que si car je vais leur apporter la paix. J'ai conclu une trêve avec Shikoku durant mon exil volontaire. Une fois sur le trône, je vais épouser la fille du daimyo de Matsuyama et mettre fin à la guerre par la plus solide des alliances.
-Hokkaido n'acceptera pas que…
-Je ne compte pas tuer l'impératrice. Au contraire. Elle et sa fille pourront venir vivre au palais sans crainte, ou même retourner sur leur île.
-… sa fille ?
Shintarô eu un sourire satisfait.
-Satsuki a eu un enfant. Mais pas de toi.
-Qui ?
-N'est-ce pas évident ?
-… Tetsuya ?
-Tu as échoué à détruire toutes traces de tes frères.
Seijuro ne comprit pas les sentiments qui l'envahissait. Il se sentait presque heureux pour Tetsuya. Et il comprenait mieux l'attitude de Satsuki. Il pensait que seule la colère qu'elle lui vouait l'avait motivée alors qu'il n'en était rien. C'était même probablement l'amour envers Tetsuya et leur fille qui l'avait fait tenir bon.
L'empereur sortit de ses pensées dans lesquelles Shintarô l'avait plongé et tenta d'analyser la situation. Il était parvenu à blesser deux gardes mais pas mortellement. Il était désormais maîtrisé, son sabre cassé, jeté dans un coin. Un homme sortit une corde et attacha devant lui ses mains.
-L'enfant de Satsuki et Tetsuya a le sang des Akashi. Tetsuya était le premier né. Cet enfant pourrait…
Shintarô haussa les épaules.
-C'est une fille. Elle ne pourra hériter du trône. Cependant, elle pourra sûrement réaliser un mariage très intéressant à l'avenir.
Puis, Shintarô revint à son sujet principal.
-J'ai longtemps réfléchi à comment te tuer, Seijuro. Moi aussi, j'ai muri ma vengeance, vois-tu. J'ai fini par me dire que le mieux serait de te faire subir ce que tu m'as fait subir puis de me débarrasser de ton corps là où personne n'ira le chercher.
-Je ne t'ai rien fait.
-Tu m'a pris mes frères. Uns à uns. Sans pitié.
Shintarô fit signe à l'un de ses gardes qui partit avant de revenir, quelques minutes plus tard, Shûzo entre ses mains. Le garde du corps avait le visage amoché et les vêtements déchirés. Il ne s'était pas laissé prendre sans résistance.
Seijuro croisa le regard de Shûzo. Ils n'étaient pas en position de force et si Shintarô disait vrai, alors personne ne pourra venir l'aider. Son frère était sûrement passé par les sous-sols pour pénétrer dans le palais. Il semblait être un expert dans ce domaine. Seijuro n'avait pas fait condamner ces couloirs car il s'en servait lui-même pour s'échapper avec Shûzo certains soirs.
Grave erreur, réalisait-il. Il avait pensé son frère trop lâche pour revenir.
Shintarô récupéra le sabre de Seijuro et s'approcha de Shûzo.
-Qu'est-ce que tu fais ? Non, arrête… Shintarô, arrête !
Seijuro commença à se débattre pour échapper à la prise des deux hommes qui le retenait.
Shintarô empoigna les cheveux de Shûzo pour lui relever la tête.
-J'aurai dû prendre ta vie quand j'en ai eu l'occasion… soufflât Shûzo.
-Shintarô ! C'est moi le responsable ! C'est moi le monstre ! Ne lui fais pas de mal !
-ça va aller, Seijuro, le rassura son amant avec le sourire.
-Shûzo !
Le prince leva son sabre.
-Sale lâche ! C'est moi que tu dois tuer ! Traitre ! Ne…
-Sei…
D'un coup, Shintarô planta la lame dans la gorge de Shûzo. Les hommes le lâchèrent et son corps s'effondra sur le tatami. Il tressautât, ses mains se contractèrent, des râles sortirent de sa bouche, puis il s'immobilisa.
Seijuro hurla à s'en déchirer les cordes vocales. Son seul œil encore capable de pleurer laissa s'échapper un torrent de larmes. Il pouvait affronter sa propre mort, mais il ne pouvait supporter que Shûzo souffre à sa place.
-Non… non…
Takao prit un morceau de corde et l'enroula autour de la gorge de Seijuro. Il tira dessus, relevant par la même occasion le buste de l'empereur.
-Tue-moi…
-C'est mon intention.
-Il… il n'avait rien fait de mal, sanglotât l'empereur.
-C'est vrai. Il est un dommage collatéral.
Shintarô fit un signe de tête. Takao serra la corde plus fort, jusqu'à ce que Seijuro perde connaissance.
oOo
Seijuro se réveilla sur l'épaule de Takao. Dès que l'ancien garde remarqua qu'il était réveillé, il le descendit et le força à marcher, tirant sur la corde attachée à ses poignets. Seijuro pleurait, le cœur en morceau.
Quand il était adolescent et qu'on avait tenté plusieurs fois de le tuer, Seijuro s'était imaginé quelques fois qu'il mourrait lors d'un assassinat. Puis Shûzo l'avait poignardé et laissé pour mort et il avait survécu. Il était devenu empereur. Son frère avait pris la fuite. Il pensait qu'il allait mourir paisiblement, aux côtés de Shûzo.
La brutalité de la réalité l'avait pris de court, lui qui avait passé sa courte vie à assassiner pour atteindre le trône et venger la mort de sa mère.
Shintarô menait le cortège impérial jusqu'au kofun que Seijuro avait fait construire près de la rivière. Mais plutôt que de l'entraîner vers la tombe, Shintarô bifurqua dans le jardin jusqu'à une zone herbeuse où d'autres de ces hommes finissaient de creuser un grand trou.
-Non… soufflât l'empereur.
Takao coupa la corde et laissa tomber l'empereur dans la tombe. Celui-ci était plus profond que large. Même en tendant les bras, il ne pouvait atteindre les rebords. Les hommes de Shintarô commencèrent à reboucher le trou.
-C'est bien ici que tu comptais être enterré, non ?
-Tue-moi toi-même au lieu de laisser tes sbi…
Shintarô ramassa alors une pierre et la lança sur l'empereur. Ses hommes firent de même et les pierres commencèrent à pleuvoir. Une, grosse et lourde, tomba sur la jambe du jeune homme et la brisa.
Il hurla de douleur mais continua à se tenir debout.
-Tue-moi de tes mains, Shintarô ! Comment pourrais-tu prétendre être empereur si n'est pas capable des mêmes sacrifices que moi, si tu n'es pas capable de te salir les mains.
-Je ne serait pas un tueur.
-Tu as tué Shûzo ! Tu as pris la vie d'un innocent ! Alors vient me tuer toi-même !
Seijuro regarda un à un les sbires de son demi-frère.
-Regardez comme votre chef est un lâche ! Il préfère fuir et faire lapider son frère par d'autres. Aurais-tu si peur de moi, Shintarô ? continuât Seijuro en dévisageant son aîné.
Le prince se tourna vers l'un de ses hommes.
-Donne-moi ton sabre.
Le sabre en main, il sauta dans la fosse avec Seijuro. Sur son ordre, l'un de ses hommes lança un couteau à l'empereur.
Seijuro avait du mal à se reposer sur sa jambe cassée. Dans un espace aussi exigu, ils n'avaient qu'un pas à faire pour atteindre l'autre et aucun moyen de se replier. L'empereur savait qu'il n'avait aucune chance mais il était décidé à se battre et surtout à venger Shûzo.
Les deux jeunes hommes ne s'étaient presque jamais affrontés directement, hormis lors de quelques rares entraînements avec des épée en bois quand ils étaient adolescents. Shintarô était bien plus grand et large que son demi-frère, ce qui lui donnait un avantage considérable.
Il attaqua Seijuro sur sa droite, du côté de son œil aveugle, afin qu'il soit contraint de se reposer sur sa jambe cassée. Il para de justesse le coup et Shintarô en profita pour le frapper au ventre avec son poing.
Seijuro se recroquevilla. Son couteau ripa sur la lame de Shintarô. Il parvint à atteindre son demi-frère à la main, lui infligeant une profonde blessure.
Le combat tourna court. Shintarô accula Seijuro dans un coin de la fosse et lui planta le sabre dans le torse. L'empereur cracha du sang.
Shintarô le regarda tomber dans la terre fraîche, puis remonta avec l'aide d'un de ses hommes.
Seijuro ne se releva pas. Son sang imbibait lentement la terre autour de lui. Il se recroquevilla, mis la manche de son yukata devant son visage, serra dans sa main son médaillon en jade et celui en argent. Il sentit la terre s'accumuler sur son corps.
-Shûzo… murmurât-il. Maman. Père.
Il sanglotât. Sa manche empêchait la terre de rentrer dans sa bouche, mais le tissu était presque collé à son visage et n'allait pas tarder à l'empêcher de respirer. Il sentait son sang continuer à se déverser.
-Ryota. Daiki. Tetsuya. Atsushi.
Comment se souviendra-t-on de moi ? songeât-il. Quelles traces aurais-je laissé ?
-Shûzo… je suis désolé.
Il parvint à remonter sa main jusqu'à sa bouche alors que le poids de la terre commençait à l'écraser. Ses lèvres se posèrent contre les médaillons de Shûzo.
Il resta ainsi pour les centaines d'années à venir.
Partie VI fin
C'est donc la fin de cette sixième partie. Plus qu'une, qui sera très courte, pour conclure cette histoire.
J'espère que la fin de l'histoire d'Akashi et Shûzo vous aura plu. Shintarô est revenu chercher le trône de son frère. Comme lui, il a préparé sa vengeance mais l'a fait dans l'ombre.
La fin de Seijuro est très triste, assassiné par son frère, mais j'espère que ça vous a plu. Il pouvait difficilement bien finir. Après tout, nous savions grâce à Nash que Shintarô avait pris le pouvoir...
