Ceux qui s'en sont allés...
Titre alternatif : Poème d'Elrond.
Je ne sais pas trop ce qui me pousse à publier ce poème alors que, personnellement, je suis très difficile en la matière et n'en lis que rarement sur ce site mais bon, peut-être tout simplement parce que je n'en suis pas trop mécontente et que c'est la seule chose de terminée que j'ai (je n'ai rien publié depuis plus de deux ans ! Le temps file beaucoup trop vite !).
Certaines strophes datent d'il y a plusieurs années (Elwing et la première partie de Maedhros et Maglor), d'autres sont très récentes. Le résultat n'est pas aussi fluide que je le voudrais et certains vers sont bancals mais je ne parviens pas à faire mieux pour l'instant (la poésie est plus dure à élaborer que la prose : les mots ne veulent jamais chanter sur le papier comme ils le font dans ma tête. J'aurais besoin de l'aide de Maglor !).
Je ne suis pas très satisfaite du formatage, FanFiction ne permet pas grand chose : j'aurais voulu distinguer visuellement les alexandrins (vers impairs) et les décasyllabes (vers pairs). Tant pis.
Allusions à divers évènements de la vie d'Elrond et de ses proches, du Premier au Quatrième Âge.
La fin est plus… désespérée que ce à quoi je m'attendais mais je trouve qu'elle convient malgré tout à l'émotion générale que je recherchais.
I.
Une haute silhouette qui sentait l'océan,
Des cheveux d'or penchés sur son berceau,
Un rire clair, des mains solides… Mais un grand vent
Poussa au loin le navire blanc sur l'eau.
Dans la nuit noire, les sombres rêves, le désespoir,
Un feu nouveau jaillit à l'horizon :
Le Silmaril devenu astre de l'Espoir
Tint écarté le père de sa maison.
II.
Et pour sa mère, ils sont venus en pleine nuit,
Ils sont venus au cœur de l'ouragan.
Cris d'alarme noyés par le bruit de la pluie :
Les premiers cris furent ceux des mourants.
La blanche silhouette oublieuse et défiante –
Sauver la Gemme ou sauver ses enfants ? –
Face au géant, inflexible dans la tourmente,
Elle choisit la pierre, et le néant.
III.
Trop peu de temps les Exilés et les Maudits
Comme une famille croisèrent leur chemin.
Car dans leur cœur et dans leurs yeux une folie
Les entraînait au funeste destin.
Pour deux joyaux sacrés qu'ils ne méritaient plus –
Le Serment maudit les poussait toujours –
L'épée en main, dans la nuit noire, ils sont venus,
Lames rougies, fuyant avec le jour.
Regrets, remord brûlant et honte insurmontable
Éteignirent la flamme des yeux gris,
Vers le feu, dans le gouffre – ô crimes impardonnables ! –
Il consigna son trésor et sa vie.
La main brûlée, la voix brisée, le cœur meurtri,
Titubant, le Chanteur s'en est allé.
L'éclair blanc est noyé dans les flots en furie,
Mais la Complainte, la Complainte est restée.
IV.
Placés devant leur Choix, les deux fils de l'Étoile
Virent le lien de leur enfance brisé.
Fugace comme l'écume, couronné, il fit voile
Vers le Pays du Don pour y régner.
Il choisit le Don des Hommes et vers un destin
Inconnu des Elfes, lors, il s'en alla.
Et jusqu'à ce que le Monde soit brisé enfin
Et recréé, la rupture durera.
V.
Le Forgeron aux mains d'Argent a succombé
À l'aimable abord du Seigneur des Dons.
Son talent s'éleva à un plus haut degré.
Il était trop tard quand il vit raison.
Dans la guerre, la torture et la captivité,
Il garda le secret de son trésor :
Armes contre le traître, les Trois étaient cachés.
Qu'importe alors la douloureuse mort ?
VI.
Le roi au rire clair, à l'écu scintillant,
Ouvrit pour lui son cœur et sa Maison.
Il en fit son Héraut, il en fit son Régent,
Il était son ami de tout moment.
Dans une terre maudite, pour la Dernière Alliance,
Il donna sa vie contre l'Ennemi,
Dernier don, lourd fardeau, dû à sa clairvoyance –
Il le savait mais il n'avait rien dit.
VII.
Dans un Âge nouveau, dans la vallée riante,
La Reine d'Argent lui donna la paix.
Leurs jours furent bienheureux, une famille aimante
Dans les rires et les chants grandissait.
Mais le poison, la peur l'arrachèrent à ses soins,
Une sombre nuit descendit sur eux.
Comment persévérer quand le cœur est atteint ?
Le navire gris la prit pour d'autres cieux.
VIII.
Demoiselle royale, elle était sa fierté,
Son Étoile du Soir, la joie de son cœur.
La grâce et l'élégance d'âges longtemps passés
Brillaient sur son front mais sous sa douceur
Brûlait un feu ardent qu'il ne put arrêter :
À sa volonté, il céda enfin.
Comme l'aïeule illustre à qui elle ressemblait,
Elle choisit l'amour et ce destin.
IX.
Il reçut dans ses bras l'héritier de son frère,
Qui devint bientôt vrai fils de son cœur.
Espoir des Hommes protégé par l'anneau de l'Air,
Pour un temps trop bref, il fit leur bonheur.
Et de longues années, il parcourut la terre,
Sa Valeur Royale humblement donnée.
Et sa dernière quête, la plus terrible guerre,
Pour un nouvel Âge, le vit couronné.
X.
Maintenant le temps vient et il part vers la mer,
Dans le port gris un grand navire l'attend,
Car cette terre qu'il a foulée – la seule terre –
Qui a tout pris, le renvoie à présent.
Qui donc peut bien l'attendre au-delà des eaux grises ?
Reverra-t-il les bien-aimés perdus ?
Pourra-t-il vivre en écoutant dedans la brise
Comme un écho des fils qu'il n'attend plus ?
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et si vous reconnaissez tous les personnages mentionnés !
