Bonjour à tous et à toutes. Oui, j'ai recommencé. Encore une fois. Qui est surpris ? Si vous me connaissez bien, vous deviez plus être dans le genre "quand est-ce qu'elle va nous sortir une nouvelle connerie ?".
Bah la voilà.
Nous y sommes.
Fallout, merci d'accueillir mes conneries cette fois-ci.
Donc, info de bases. Le Seul Survivant (PC Fallout 4 qui servira de base à l'histoire) sera "Nora" qui aura un nom différent ici. On aura des petites pauses lores et histoires. Il n'est pas nécessaire de connaitre les jeux pour suivre ce qu'il se passe, même si ça peut faciliter. La moindre remarque est la bienvenue, je suis ouverte aux commentaires constructifs, ça m'aide à améliorer l'histoire.
On aura des références aux OC de mes histoires antérieurs et nous avons aussi la participation de Shadow of Samhain avec un de ses OC et certaines de ses idées, ainsi que Misstykata.
Vous pourrez aussi vous amusez, si le coeur vous en dit, suivre le trajet de l'histoire sur l'application de carte/trajet de votre choix. A quelques points, c'est tout à fait faisable. Au besoin, le site IGN offre une carte interractive.
Je remercie aussi Black Clixia pour avoir accepté de faire une alpha-lecture de l'histoire et Ann pour le bêta riding.
Disclamer :
Bethesda Softworks est derrière la série Fallout et pour le coup, de Fallout 4 (même si l'idée de base, c'est de Interplay Entertainement) et One Piece est de Echiiro Oda. Le titre I Don't Want to Set the World on Fire si emblématique de cet opus de Fallout, est aux Ink Spots (1941).
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt.
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- La guerre. La guerre ne change jamais.
L'ancien combattant, les cheveux prématurément blanchis par les conflits et les déploiements, serra ses mains sur le rebord du lavabo de sa paisible maison du patelin de Sanctuary Hills. Son regard las planté dans le miroir devant lui, il continua :
- En 1945, mon arrière-arrière-grand-père, qui servait dans l'armée, se demandait quand il pourrait revenir chez lui auprès de sa femme et de son fils qu'il n'avait encore jamais vu. Son vœu fut exaucé quand les US mirent fin à la seconde guerre mondiale en bombardant Hiroshima et Nagasaki.
Il entendit plus qu'il ne vit son épouse pénétrer dans la salle de bain par la porte derrière lui. Sa magnifique épouse, une perle rare, tellement exotique qu'elle semblait venir d'un autre univers avec ses longues dreads blanches comme neige en dépit de son âge encore jeune et ses lumineux yeux émeraude qui complimentaient la teinte chocolatée de sa peau.
- Le Monde s'attendait à un Armageddon, mais à la place, il eut droit à un miracle. Nous avons commencé à utiliser l'énergie atomique non pas comme une arme, mais comme une ressource quasiment illimitée d'énergie.
Il continuait de se regarder dans le miroir alors que son épouse se rapprochait lentement sans l'interrompre.
- On s'est mis à profiter d'objets luxueux que nous pensions à l'époque digne de la science-fiction. Des robots domestiques, des voitures alimentées par l'énergie atomique, des ordinateurs portables. Cependant, au vingt-et-unième siècle, le monde s'est réveillé de ce rêve Américain.
Ses mains se mirent à trembler mais il se força à conserver une voix stable tout en continuant à se fixer dans le miroir.
- Des années de consommation effrénée menèrent à l'assèchement de toutes les ressources majeures. Le monde entier se disloqua. La paix devint un vieux souvenir. Nous sommes aujourd'hui en l'année 2077. Et nous nous tenons au bord d'une guerre totale, et j'ai peur. Pour moi, pour ma femme, et pour mon petit garçon qui vient de naître.
Il prit une inspiration alors qu'il sentait la main fine de son épouse dans son dos et que les deux émeraudes qu'elle avait pour yeux le fixer à présent par le reflet du miroir. Pénétrant, hypnotisant. Si vieux au milieu d'un visage si jeune, comme ceux de bon nombre de soldats qu'il avait côtoyé, loin du regard inquiet des civils américains qui voyaient passer des engins de guerre presque chaque jour devant leur jardin.
- Parce que si mon service à l'armée m'a bien appris une chose… c'est que la guerre… la guerre, elle ne change jamais.
La main de sa femme ferma le robinet d'eau chaude qu'il avait laissé couler sans réaliser. Avec un soupir, alors qu'en fond, il entendait vaguement un chien aboyer, il se passa ses mains humides sur le visage.
- La guerre ne change jamais… répéta-t-il.
- Tu vas rencontrer un franc succès au hall des vétérans, nota-t-elle avec ce ton de voix à la fois désintéressé et sarcastique qui la caractérisait tant.
- Tu le penses ?
- Absolument.
Il tourna la tête vers elle et la regarda dans les yeux.
- Même après tout ce temps, je n'arrive toujours pas à savoir quand tu es sincère ou simplement moqueuse.
Cela lui valut une pichenette dans le nez.
- Nate, même si je suis la femme la plus sarcastique de l'univers, tu devrais savoir depuis le temps que pour des sujets aussi importants, comme ton discours, je ne peux me permettre de rigoler. Donc, maintenant, tu as fini de te préparer alors laisse-moi ma place devant le miroir, je dois me maquiller. Et profites-en pour éteindre la musique, je n'entends plus la télévision.
- D'accord, Adara.
Nate laissa son épouse devant le miroir et rejoignit le salon, coupant Bob Crosby en compagnie des Bobcats dans leur interprétation de « Dear hearts and gentle people ». Il se saisit de la télécommande en voyant de quoi parlaient les informations.
- Ils ont arrêté une membre du groupe complotiste de Mass Fusion, je crois.
- Monte le volume, réclama son épouse.
Codsworth, leur robot domestique, flotta dans la pièce et avant que Nate ne puisse bouger, monta de lui-même le volume sur le moniteur. Il recula un peu pour permettre à l'ancien soldat de continuer de voir les images en noir et blanc sur le moniteur tout en conservant ses trois appendices visuels, de métal rutilant, braqués sur l'écran.
« … connue sous le nom de Cat Burglar Nami, a été arrêtée et emprisonnée. Nous ignorons où elle est retenue à l'heure actuelle, mais le responsable de l'armée nous assure qu'aucun membre de son groupe terroriste ne peut la retrouver. Aucune information n'ayant pu être obtenue d'elle durant l'interrogatoire, elle devrait être soumise à une méthode de scanner cérébral expérimental qui permettrait aux autorités de pouvoir obtenir des informations sur le reste du groupe. C'est la seconde membre de l'organisation terroriste sous les verrous. Tamashii, alias Lady Red, est toujours détenue dans un lieu secret dans l'attente de son procès… »
Adara passa la tête dans le salon à l'instant où à l'écran, des photos des divers membres du groupe d'intérêt étaient diffusés. Certains étaient si jeune, tout juste la vingtaine, d'autre se rapprochait bien des cinquante-soixante ans, peut-être plus si on en jugeait la présence d'un cyborg dans le lot.
- Je t'ai raconté que l'un d'entre eux m'a sauvé la vie sur le front ? demanda Nate en fixant les images alors que son épouse se dirigeait vers l'îlot de la cuisine où Codsworth la salua en lui donnant un café et le journal du jour.
- Moui. Le blond, c'est ça ?
- Oui, celui qui se fait appeler The Phoenix.
Adara ne répondit pas, buvant une gorgée de son café en lisant le journal, scannant les informations pour s'arrêter sur l'affaire Eddie Winter. Même si elle comprenait qu'on avait choisi d'offrir l'immunité juridique pour avoir le reste des organisations criminelles de Boston derrière les barreaux, savoir que ce salaud était ressorti tranquillement des bureaux de police, lui mettait la rage au ventre. Ce n'était pas pour ce genre de chose qu'elle était devenue avocate en dépit de la mort de son père. Et parfois, il lui fallait peu pour qu'elle prenne son arme et qu'elle ne fasse justice elle-même, et ainsi suivre les traces de son père. S'il n'y avait pas Nate et leur fils, c'est une chose qu'elle aurait clairement faite.
Un pleur de bébé fit lever la tête au couple.
- Ah, il semblerait que quelqu'un vienne de souiller ses langes, nota le robot avec un accent un poil britannique si typique des Mr Handy avec une programmation de majordome. Je vais m'occuper du jeune monsieur Shaun.
Et il s'en alla en flottant vers les chambres.
Cela fit rire Nate.
- Tu sais, j'étais nerveux au début, mais Codsworth est vraiment attentif et doué quand il s'agit de Shaun.
Et il prit le journal que son épouse avait délaissé pour aller le lire dans le canapé avec son propre café. Adara le regarda faire, puis revint à ce qui l'avait interpellé. Un simple paquet de cigarettes sur un petit meuble du salon, à côté d'un vase empli de fleurs. Des Grey Turtoises. Elle s'en empara. Qu'est-ce que ça faisait chez elle ? Ni elle, ni Nate ne fumaient. Et aucun de leurs amis ne consommer cette marque.
Elle regarda son époux installer devant la télévision avec le journal.
Elle avait des doutes, des petits indices mais rien de concret. Ce paquet était possiblement une autre preuve de ce soupçon. Ses mains se mirent à trembler et elle décida de poser sa tasse de café sur le comptoir avant qu'il n'y ait un accident.
Elle regarda à nouveau le paquet dans sa main. Il était tout jute entamé.
Elle releva les yeux vers son époux plongé dans les pages de sport.
Elle devait lui demander. Elle devait se le faire confirmer. Elle n'en pouvait plus de vivre dans cette incertitude. De rester allonger des heures durant à se demander si le père de son enfant avait eu l'audace et l'irrespect de mener une autre fille dans leur lit conjugal. Ces cigarettes qui n'auraient pas dû être là étaient une autre preuve à ses soupçons.
Elle aurait voulu interroger Codsworth, mais c'était un robot. Nate était trop bon en informatique et pouvait très bien bidouiller le programme de leur Mr Handy pour cacher sa liaison.
On sonna à la porte, la coupant dans ses pensées.
- Tu peux aller répondre ? demanda Nate en se tournant vers sa femme. C'est très certainement ce vendeur, là… il vient tous les jours dans l'espoir de te rencontrer.
- Tu lui as dit que quoiqu'il vende, nous n'étions pas intéressés ? se renseigna la blanchette en rangeant le paquet dans la poche de son pantalon d'un geste machinal.
- La maison est à ton nom, donc, pour lui, il faut qu'il te rencontre. J'ai cessé de suivre à la moitié de son charabia. Tu as l'habitude des gens qui racontent des salades, il vaut mieux que tu gères.
Adara eut un « tsk » agacé et alla ouvrir la porte. Sur son paillasson, un homme en chapeau et imperméable jaune sale se tenait, un porte-document à la main. Avec un sourire vendeur, il s'avança vers elle, une main sur son chapeau.
- Bien le bonjour ! Je viens de la part de Vault-Tec !
Une main sur sa porte, prête à la refermée si l'homme se montrait trop agaçant, la femme se contenta de cligner lentement des yeux, un air absolument désintéressé sur le visage.
- Nous souhaitions vous rencontrer, madame, dans le but d'assurer la sécurité de votre avenir. Voyez-vous, Vault-Tec est le concepteur numéro des abris antiatomique les plus perfectionnés du pays. Des coffres forts impénétrables avec des aménagements luxueux qui vous permettront de rester en sécurité dans l'attente de la fin des horreurs des dévastations nucléaires.
Toujours sans dire un mot, Adara croisa les bras sur sa maigre poitrine et s'appuya contre le battant de la porte avec son épaule et un pied. Son interlocuteur eut une grimace quand le soleil se refléta de façon dangereuse sur le blanc irréel des dreads de la femme, l'aveuglant partiellement, mais il se força à continuer de regarder son interlocutrice dans les yeux.
- Vous n'imaginez pas à quel point je suis heureux d'enfin pouvoir vous parler. Cela fait des jours que j'essaie. Et j'ai bien peur que ce soit une affaire de la plus grande urgence, je peux vous l'assurer.
- Eh bien me voilà, répondit-elle froidement.
- En effet… en effet.
L'homme eut l'air nerveux pendant un instant, avant de se reprendre et de redevenir le vendeur en porte-à-porte qu'il était.
- Alors, oui, je sais que vous êtes une femme très occupée, alors, je ne vous embêterais pas longtemps. Le temps étant… une… une denrée essentielle. C'est pour cela que j'irai droit au but en vous disant que si je suis ici aujourd'hui, c'est pour les services que votre famille a rendu à la nation, vous avez été attribuée d'office une place dans notre abri local ! L'abri 111 !
Ah, donc, les mystérieux travaux derrière chez eux, qui duraient depuis bientôt cinq ans, avaient ici leur explication. Il lui semblait bien qu'elle avait entendu parler de places disponibles dans cet abri, à la télévision, mais elle ne sentait cette histoire. Ils construisaient trop d'abris au travers le pays, sans qu'on sache d'où venait l'argent ni pourquoi le gouvernement leur laisser une totale liberté sur le projet qui mettait pourtant dans la balance la survie de l'Amérique.
- A titre d'information, nous sommes un couple avec robot et enfant, donc, si vous n'avez pas assez d'espace pour nous…
- Ne vous en faites pas pour moi, madame ! Ce ne sont pas quelques radiations qui vont me faire peur ! assura Codsworth en apparaissant dans le couloir entre le salon et les chambres.
- Mais bien entendu ! assura le vendeur. Enfin, sauf le robot. Mais vous comprenez, les ressources énergétiques des abris sont faites pour la préservation de la vie humaine, nous ne pouvons nous permettre d'en réserver pour l'entretien et le fonctionnement de nos camarades robotiques. De toute façon, dès la fin de la période dangereuse, tout robot ayant cessé de fonctionner à la surface pourra être remis en fonction.
Quelque chose puait dans cette affaire, Adara n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.
- Comme je vous l'ai dit, on vous a d'office assigné une place dans l'abri, grâce au service rendu pour le pays de votre compagnon. Je suis ici pour vous l'annoncer et aussi, confirmer deux trois points avec vous. Cela ne sera pas long et cela évitera les désagréments de l'administration dans le cas malheureux mais hautement improbable d'une apocalypse nucléaire.
Et il eut un rire nerveux.
C'était son imagination ou Adara voyait de la sueur commençant à humidifier le col blanc qui dépassait de l'imperméable du représentant Vault-Tec ? Elle leva néanmoins un sourcil.
- Cela sera bref, répéta le représentant.
- J'ai hâte de voir l'apocalypse… marmonna la femme.
- Adara, lui reprocha Nate avec un ton amusé.
Avec un nouveau « tsk », l'avocate prit le porte-document avec le stylo que lui confia son visiteur et fit un tour des informations administrative qui lui étaient demandées, lisant et relisant toutes les questions jusqu'aux plus petites lignes. C'était trop propre, il n'y avait rien d'étrange dans les informations, mais ça la chiffonnait toujours. La signature n'était même pas pour lui demander son accord ou quoique ce soit, juste pour confirmer l'exactitude des informations. Finalement, elle signa sèchement un « Vanles » et rendit le tout au représentant qui s'en alla nerveusement en disant qu'il allait apporter tout ceci à l'abri. Il s'en alla à reculons. Son comportement donnait envie à Adara de lui dire que non, elle et sa famille ne rejoindrait pas l'abri, mais finalement, elle se ravisa et ferma la porte. Entre son travail, la grossesse et les divers déploiements de Nate, ils n'avaient pas pu se construire leur propre refuge antiatomique. Vault-Tec tombait très bien pour le coup.
Elle passa une main dans ses longs cheveux et se frotta le visage en soupirant, empli de lassitude et elle referma la porte. Elle espérait vraiment que cela ne serve à rien et que la guerre ne vire pas à une apocalypse nucléaire.
- La tranquillité vaut bien un peu de paperasse, commenta Nate.
- Je ne sens pas tout ça.
- On attend ce genre de paranoïa de la part d'un vétéran comme moi, pas d'une avocate tranquille de Boston, se moqua gentiment son compagnon.
La réponse acide fut coupée par un pleur de Shaun et Codsworth, qui était retourné à son chevet, revint les voir.
- Madame, le jeune monsieur Shaun a été changé, mais je crains qu'il refuse de se calmer. Je suspecte qu'il pourrait avoir besoin d'affection maternelle.
- Mph. T'as entendu Codsworth.
Nate était si détaché du bébé, si peu présent. C'était elle et Codsworth qui s'occuper le plus de lui. Et ça lui faisait se demander s'il ne planifiait pas de les quitter. Tant de questions et jamais l'occasion de les poser.
Adara retourna dans le couloir pour rejoindre la chambre de leur enfant dont on avait baissé les stores pour sa sieste. En la voyant se pencher par-dessus son berceau, le bébé s'agita joyeusement en tendant les bras vers elle. Il n'y avait que cet enfant qui la faisait sourire de joie dernièrement. Ce petit était sa vie.
Nate finit par se manifester et la rejoindre auprès du lit de leur bébé, faisant résonner la berceuse du poussin qu'il avait réparé tout récemment.
- Tu sais, je me disais qu'on devrait aller au parc. Le temps devrait se maintenir après tout, proposa-t-il. On pourrait y faire un tour après le petit-déjeuner.
Adara le regarda avec un air agacé.
- Oh oui. Une balade au parc, surtout avec toi. Et retomber enceinte, comme il y a un an en arrière.
- Oh allez, laissons-nous tenter.
Il alluma la radio dans la chambre du bébé et tendit une main à son épouse comme pour l'inviter à danser.
« I don't want to set the world on fire
I just want to start a flame in your heart… »
La main d'Adara effleura la bosse dans la poche de son pantalon avec le paquet de cigarette, sérieuse devant le sourire charmeur de son compagnon qui chantait avec le groupe à la radio.
- In my heart I have but one desire. And that one is you, no other will do.
C'était maintenant. Maintenant ou jamais.
- Monsieur ! Madame ! Je pense que vous devriez venir voir ça ! appela le robot depuis le salon.
- Codsworth ? Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquit Adara en se détournant de son compagnon qui ramassa Shaun qui s'était remis à pleurer.
La petite famille se rendit dans le salon.
La télévision était toujours en marche, parlant de flashes aveuglants et d'explosions, sans qu'ils n'aient la confirmation de ce qu'il se passait réellement.
Puis, le journaliste à l'antenne leur dit ce qu'ils redoutaient le plus :
« Nous avons… à l'instant… reçu des rapports. » dit-il d'une voix grave et tremblante.
Il refusait de regarder la caméra et ses yeux larmoyant étaient braquer sur le document entre ses mains.
« Je le répète, nous avons des rapports confirmés de détonation nucléaire à New York et en Pennsylvanie… oh mon dieu. »
Les doigts d'Adara se serrèrent sur le dossier de son canapé, ne sachant ni quoi dire, ni quoi faire. Détonation nucléaire. Ces deux mots, à eux seuls, venaient de sceller leur vie à tous.
Le Jugement Dernier était là.
C'était la fin.
La sirène d'alarme résonna dans tout le quartier, effrayant Shaun dans les bras de son père.
- Nous devons rejoindre l'abri ! Maintenant ! pressa l'homme en ouvrant en grand la porte.
- Codsworth ! appela Adara.
- Ne vous en faites pas, madame, je peux résister à ce genre d'incident, concentrez-vous pour vous mettre tous les trois en sécurité, pressa le robot flottant en faisant un geste de ses appendices inférieurs pour les inciter à sortir.
Alors, le couple se précipita à l'extérieur. Dans un coin de sa tête, alors qu'elle courrait aux côtés de son mari pour rejoindre l'abri Vault-Tec, Adara se disait que faire du sport venait très certainement de lui sauver la vie. Ça et la tête froide de son époux, parce qu'elle ne savait plus quoi dire ou faire. Tout… tout était irréel. Un cauchemar devenu réalité. Certains de leurs voisins montaient dans leur voiture, préférant fuir le tranquille voisinage pour rejoindre la côte et ainsi, échapper à l'explosion. D'autres, comme eux, suivaient le chemin balisé et parsemé de membre d'une compagnie de sécurité qui orienté tout le monde vers l'abri 111. A côté, dans les bras de Nate, Shaun pleurait.
C'était une belle journée d'automne, les feuilles avaient choisi ce jour bien précis pour revêtir leur parure flamboyante. Le jour-même où le monde prenait feu.
Le couple suivi leurs voisins sur le chemin de terre, d'herbe rase et de roche, montant la petite colline et ses arbres. Un paysage digne d'une peinture impressionniste. Sur la route, un couple s'était arrêté parce que leur bagage s'était défait.
- Mais laisse les sacs ! criait la femme.
- Aide-moi à tout ranger ! lui répliqua l'homme.
Eux, ils étaient partis les mains dans les poches, craignant trop pour leur vie et celle de leur enfant.
Ils traversèrent le petit pont en bois et sans ralentir le rythme, commencèrent l'ascension du chemin terreux vers les hauteurs et logiquement, leur refuge. Un nouveau garde leur fit signe de continuer l'ascension, et au tournant, ils virent le panneau. Immense, immanquable, montrant une queue de gens souriant pénétrant dans une montagne, avec en fond, des nuages d'explosion nucléaire, si caractéristique avec leur forme de champignon, et en premier plan, la mascotte blonde en combinaison bleu et jaune de Vault-Tec. Une mascotte digne d'un dessin animé qui leur souriait largement avec un pouce tendu.
Ils arrivèrent enfin à l'entrée d'une grille. Un poste de contrôle où des américains effrayés s'étaient amassés dans l'espoir de pouvoir rejoindre l'abri qu'ils ne parvenaient toujours pas à voir. Et devant le garde à l'entrée, l'homme qui leur avait promis une place dans le refuge se faisait recaler en dépit du fait qu'il travaille pour la société qui avait construit ces protections. Et cela faisait peur à Adara. Pourquoi refuser à leur employé ce qu'ils offraient déjà au grand publique ? Et pourquoi tant de monde étaient retenus à l'extérieur ? Il n'y avait donc plus de place ? Est-il trop tard ?
Est-ce qu'ils allaient… mourir ?
Nate poussa le représentant et se planta devant le garde en poste dans la porte grillagée.
- On nous a dit que nous étions sur la liste. Mon épouse est Adara Vanles, l'avocate…
Le reste de sa phrase mourut quand le garde vérifia la liste.
- Un bébé, un homme adulte et une femme adulte. Vanles… check.
Il s'écarta pour leur faire signe de rentrer, restant calme et sourd à la panique des habitants. Nate passa le portillon avec Shaun puis se tourna vers sa femme, encore hésitante. Il ne lui demanda pas son avis. Il l'attrapa par le poignet et la tira dans son sillage, lui donnant l'impulsion pour reprendre leur course vers leur refuge. Ils dépassèrent deux gardes en armures mécanisées avec des gatlings entre les mains et s'éloignèrent de plus en plus des hurlements de ceux qui n'avaient pas eu la chance d'avoir une place dans l'abri, contrairement à eux. La visite de ce représentant, tristement bloqué à l'entrée, était miraculeuse en soit. Un autre homme vint à leur rencontre au pas de course. Il portait des protections que l'on trouvait dans les compagnies de sécurité, mais dessous, c'était la combinaison typique de Vault-Tec.
- Que va-t-il se passer pour les gens encore dehors ? demanda Adara en essayant de garder ses émotions sous contrôle.
- Nous faisons notre maximum, maintenant dépêchez-vous ! leur dit leur nouveau guide.
Ils arrivèrent dans un cercle de caravanes et de divers engins de construction, alors qu'un vertiptère leur passait au-dessus de la tête. Apparemment, l'aéronef militaire avait l'intention de se poser à proximité, mais le couple avait toute son attention sur un groupe de civils réunis au sommet de la colline. L'explication leur vint quand ils les rejoignirent. C'était une plateforme d'ascenseur et on leur ordonna de monter dessus pour s'y positionner bien au centre. Choses qu'ils firent sans discuter.
Une sirène d'entrepôt résonna, étouffant l'alarme qui avait secoué la vie paisible de Sanctuary.
- On y est presque, on est bientôt en sécurité. Je vous aime. Tous les deux, chercha à rassurer Nate alors qu'il serrait Shaun dans ses bras qui avait fini par se calmer en dépit de l'agitation.
BOUM
L'explosion les prit par surprise et les aveugla pendant un instant dans une lumière d'un orange pâle presque jaune. C'était si proche. Tellement proche qu'on ne pouvait que craindre le pire. Certainement dans les environs de Boston, probablement plus au sud de la ville. En tout cas, de là où ils étaient, ils voyaient parfaitement la colonne de flamme et de fumée qui s'éleva vers le ciel pour former rapidement un gigantesque champignon orangé sur le bleu serein du ciel. Adara était hypnotisée par cette vision cauchemardesque alors que la plateforme sur laquelle ils se tenaient s'enfoncer enfin dans le sol. Quelqu'un a sa gauche hurla qu'on fasse aller ce « machin » plus vite, mais elle, elle se sentait déconnectée.
C'était… la fin.
Quand ils virent la vague de poussière et de fumée effrayante qui remonta la colline au travers les herbes, droit vers eux, d'un seul homme, ils se mirent tous à genoux pour s'abriter dans le mètre et demi du tunnel de l'immense ascenseur, priant pour que ce soit suffisant, parce que cette marée n'avait rien de rassurant et qu'ils n'avaient rien de plus pour se protéger. Nate se roula en boule autour de Shaun et Adara se mit par-dessus. Tout pour son bébé. Cependant, alors qu'ils continuaient de s'enfoncer dans les profondeurs de la terre, elle continua de regarder la vague avec des yeux immensément ouverts, hypnotisée par le voile invisible qui traversa au-dessus de leur tête le vide à toute vitesse. Elle entendait des hurlements presque métalliques. Comme si les démons de l'Enfer s'étaient réveillés, alors que deux panneaux de métal, certainement blindé, se refermaient sur eux, les coupant de l'extérieur et de la lumière du jour.
Et un silence assourdissant prit la suite.
Il n'y avait que le son de la poussière des murs qui s'effritaient légèrement sur le passage de leur ascenseur, le bruit de machine, et leur respiration.
De faibles lumières se mirent en marche.
- On a réussi… finit par souffler Nate. On a réussi… on y est… nous sommes en sécurité…
- …ouais… souffla sa femme.
Nate la regarda et dans la pénombre, il eut un pauvre sourire.
- Quand je disais que ta mauvaise habitude de te balader pieds nus allait finir par te desservir.
La blanchette le regarda sans comprendre.
- Regarde tes pieds, ils sont dans un sale état.
La jeune mère regarda ses pieds et grimaça. Ils étaient ensanglantés après avoir couru sur le béton, le gravier et la pierre pour parvenir jusqu'ici. Pour une fois, Nate avait raison. Cela l'avait desservi.
- On s'en occupera une fois arrivée, rassura leur accompagnateur qui avait fini de compter les personnes présentes avec lui sur la plateforme.
Ils devaient être quoi… moins d'une dizaine. Pourquoi si peu, alors que quelques instants avant, la publicité disait encore qu'il y avait des places pour l'abri 111 ?
Ses questions, elle les poserait plus tard. Ils avaient laissé l'obscurité pour la lumière artificielle de l'abri. Hors de l'ascenseur, un autre garde de la compagnie Vault-Tec attendait pour leur donner les instructions pour la suite.
Adara frissonna en se déplaçant sur les marches métalliques et inconfortables de l'escalier qu'on leur demandait de prendre.
- N'ayez aucune crainte, nous allons tous vous permettre de vous installer confortablement dans votre nouveau chez vous. Bienvenu dans l'abri 111, pour une vie meilleure. Sous-terre.
Une voix informatisée leur répéta le même message de bienvenu alors qu'ils rejoignaient un bureau en haut de l'escalier, juste au bout d'une maigre plateforme qui devait servir de seconde porte de sécurité. Il y avait des gardes, des employés, des chercheurs. Mais pas de civils en vus. Est-ce qu'ils étaient les seuls ou la zone était simplement interdite au personnel non-autorisé ?
Adara retint un soupir de soulagement quand ses pieds abîmés se posèrent sur le sol lisse, brillant et sans accroc du reste de la structure. Un membre du personnel leur montra du bras un bureau où une femme distribuait les combinaisons d'abri avec chaussure et sous-vêtement. Ils furent confiés à deux médecins, un homme et une femme. Ils les séparèrent pour les mener à de douches non-mixes où ils se débarrassèrent de la poussière et commencèrent à se remettre de leurs émotions et accepter les faits, avant qu'ils ne se changent pour rejoindre les hommes. Ils prirent juste un temps pour soigner les petits bobos de tout le monde, avant de les mener le long d'un couloir, continuant de leur dispenser des paroles rassurantes alors qu'ils se rendaient dans une zone de décontamination.
- C'est un de nos abris les plus avancés, vous allez vous plaire ici. Pas que les autres soient nuls, bien entendu…
Ils dépassèrent un couple qui parlait avec une femme de l'abri, réalisant que leur vie, leur maison, tout… tout avait disparu en un instant. Adara se retourna et Nate lui fit un coucou avec une main de Shaun pour la rassurée.
Ils étaient ensemble. Tout irait bien.
- Nous allons rester combien de temps ici ? se renseigna Nate alors qu'ils entraient dans une vaste pièce avec des capsules humanoïdes alignées de chaque côté du petit escalier permettant d'accéder à la zone.
- Nous répondrons à toutes vos réponses durant la réunion d'information et d'orientation, assura le médecin. Nous avons juste deux trois formalités médicales à finir, d'abord. Ce sont des scanners doublés de station de décontamination. Des prototypes Vault-Tec dont nous sommes très fiers.
D'autres survivants étaient dans la pièce, discutant avec le personnel ou regardant les capsules avec un semblant de suspicion. Adara pouvait les comprendre, mais elle était juste trop brisée par ce qu'il venait de se passer pour arriver à formuler une pensée cohérente et la vocaliser, pour l'instant. Elle suivait le mouvement.
Nerveusement, elle attrapa ses dreads et les serra fort, essorant le restant d'eau prit dans sa chevelure blanche.
Elle se sentait détachée de ce qu'il se passait autour d'elle.
- Installez-vous, nous allons procéder, leur dit finalement le médecin en leur montrant les capsules les plus au fond.
L'un en face de l'autre.
- Je vais garder Shaun, tu m'as l'air épuisé, lui dit Nate.
- … okay… répondit doucement sa femme.
Son homme et son fils montèrent dans la capsule de droite, alors, elle suivi le médecin et et se hissa dans celle de gauche. C'était assez confortable mais la position la laissait partiellement debout. Elle espérait qu'elle ne devrait pas rester longtemps comme ça, parce que ça allait vite devenir épuisant. Alors qu'ils refermaient le couvercle de verre sur elle, elle nota d'étranges tuyaux débouchant dans l'intérieur du caisson, à divers endroits. Pourquoi faire ?
Elle releva les yeux pour voir Nate et Shaun de l'autre côté, alors que des techniciens et des médecins s'afféraient autour d'eux.
- Il va vous scanner pour déterminer votre état de santé, vous décontaminer en profondeur et ensuite, procéder à une dépressurisation avant que nous nous aventurions plus profondément dans l'abri, annonça le médecin à l'extérieur du caisson. Prenez une profonde inspiration et relaxez-vous.
Et c'est ce qu'elle fit.
C'était là que leur nouvelle vie commençait.
Au moins, dans une situation pareille, Nate ne risquait plus de la tromper ou de la quitter. Ils pouvaient recommencer de zéro.
Tous les trois.
Un claquement la fit paniquer. On venait de verrouiller les compartiments. Nate leva sa main de libre pour la poser sur la vitre de sa capsule, la panique écrite sur son visage.
- Résident sécurisé, confirma une voix informatisée. Signes vitaux : normaux. Procédure complète.
Déjà fini ?
Adara n'allait pas se plaindre.
En face, Nate sembla se détendre lui aussi et se concentra sur Shaun dans ses bras. Dès qu'ils sortiraient, elle prendrait son bébé pour lui faire un câlin. Elle en avait grand besoin.
C'est pour ça qu'elle n'eut pas le temps d'être surprise devant le compte à rebours. La glace se diffusait vite. L'air refroidissait sérieusement. Tout lui semblait ralentir, tout lui semblait lointain et bientôt, tout devint blanc.
Adara Vanles cessa de respirer.
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Elle frissonnait. Elle avait froid. Son cerveau était léthargique.
Pourquoi tout était-il blanc ? Pourquoi tremblait-elle ?
Sa respiration était laborieuse alors que lentement, son esprit sortait de son sommeil.
Tout lui revenait.
La visite du représentant de Vault-Tec. La confirmation des attaques nucléaires. L'explosion au sud de Boston. L'abri 111 et ses compartiments soi-disant de décontamination.
Les salauds les avaient littéralement congelés. Elle allait chopper le premier membre du personnel des environs pour lui apprendre sa façon de penser. Il fallait juste qu'elle sorte d'ici.
- Commande manuelle enclenchée. Stase cryogénique suspendue.
La blancheur finit par se dissiper alors que devant ses yeux, à travers la vitre et le métal, elle commençait à discernait le relief de l'abri souterrain. Elle parvenait même à voir le caisson où se trouvaient Nate et Shaun.
Puis une silhouette féminine s'en approcha. Elle portait une combinaison blanche à capuche doublant en masque à gaz, très certainement pour la protéger de dangers biologiques et radioactifs. Elle désigna la capsule à quelqu'un qu'Adara ne parvenait pas à voir dans la pénombre de la salle.
- C'est celui-ci, dit la femme au dehors.
Un homme marcha devant le hublot du caisson de la jeune mère pour se mettre de l'autre côté de celui de Nate. Il portait du cuir et des armes, son crâne était bien dégarni et il avait un air à faire froid dans le dos. Le cliché des mercenaires de cinéma.
- Ouvrez-le, ordonna-t-il.
La femme activa une commande alors que mue par un sentiment de peur, Adara se rapprochait au mieux du hublot de son caisson. Nate était encore vaseux alors qu'il émergeait de ce séjour dans la glace. Il toussa, demanda si c'était fini. Shaun pleurait.
- C'est bientôt fini, assura l'homme à l'allure patibulaire.
La femme dans la combinaison blanche s'avança, les bras vers l'avant, trop proche pour vouloir aider Nate à sortir.
Non… elle voulait prendre l'enfant. Elle voulait prendre Shaun.
De toute ses forces, Adara frappa son caisson, mais son poing ne fit que tomber mollement sur le métal et le mouvement la laissa haletante. La tête lui tournait.
La femme dehors se rapprochait encore plus et avait à présent ses bras autour de Shaun, mais Nate s'y opposa, retrouvant un semblant d'énergie et de combativité dans son instinct parental.
L'arme du mercenaire entra en jeu alors qu'Adara essayait encore et encore de frapper contre le caisson pour l'ouvrir. Le pistolet fut braqué vers Nate, lui intimant de lâcher le bébé.
- Je ne vous laisserai pas prendre Shaun ! gronda Nate alors qu'il luttait pour empêcher la femme de prendre le bébé.
Pan
Les bras de Nate tombèrent le long de son corps et la tête bascula ver l'arrière.
Kling
Quelque chose tomba sur le sol.
L'homme armé n'avait pas loupé sa victime. La mort avait été instantanée.
Adara poussa un hurlement presque animal. On avait tué son mari et on prenait son fils ! Elle devrait intervenir ! Elle devrait sortir de là ! Elle ne pouvait pas rester là sans rien faire à regarder la scène continuer ainsi !
- Putain. Prend le gosse et cassons-nous, jura le mercenaire en refermant le caisson sur le cadavre de Nate.
Sans un mot, la femme en blanc s'en alla avec le bébé en pleurs, disparaissant du champ de vision restreint de l'avocate.
Le mercenaire s'approcha justement du caisson de celle-ci et elle lui montra les dents, accompagnant la menace d'un geste du pouce explicite avant de recommencer à frapper contre le métal. Cela sembla amuser l'homme qui s'éloigna.
- Au moins, il nous reste le plan B et il est en pleine forme.
- Espèce de salaud ! Rends-moi mon fils ! hurla Adara en continuant de frapper contre le métal.
- Séquence cryogénique réinitialisée.
Les larmes de la mère en détresse ne touchèrent jamais le fond de son caisson. La glace les captura avant alors qu'elle basculait vers l'arrière, emportait dans le monde blanc et hors du temps de ce monde suspendu dans le froid.
Le blanc revint, lui laissant comme dernière vision le corps sans vie de son époux à quelques mètres en face d'elle.
