Insécurités - Ruki Mukami x Male!Reader

Il était tard, (M/n) venait d'éteindre sa télévision et la lampe de son salon. Il venait de regarder trois épisodes à la suite de « Supernatural » et ses yeux picotaient. Il s'était donc décidé à regagner sa chambre et s'endormir, il l'espérait, rapidement. Il passa dans le couloir pour regagner la pièce, au bout de celui-ci et passa devant une fenêtre. En plein jour, elle donnait sur un petit carré de verdure qui appartenait au voisin et qui jouxtait un mur vide de la maison de celui-ci. Les deux maisons n'étaient séparaient par aucune barrière, mais un accord tacite sur les limites des propriétés était valable. Et puis, (M/n) n'allait jamais de ce côté-là de sa maison. La nuit, comme elle ne donnait pas sur une rue, il n'y avait aucune lumière et à y bien observer, on n'y voyait rien, comme si la fenêtre donnait sur le néant. Aussi, ce fut la raison pour laquelle (M/n) ne vit pas l'ombre aux yeux bleu-gris qui se tenait devant la fenêtre…

(M/n) atteint sa salle de bains, et se brossa brièvement les dents, comme il sentait la fatigue le happer peu à peu.

Je me brosserai mieux les dents demain matin. Pensa-t-il.

À peine eut il enfilé son pyjama qu'il se glissa entre les draps frais. Il soupira de bonheur et se blottit contre son oreiller. Cette fois non plus, il ne vit pas l'ombre qui se glissait habilement dans la chambre en l'observant avec un sourire.

Par contre, il entendit très bien le froissement des draps lorsque l'ombre s'y faufila. Il se tourna vers elle, après avoir senti son cœur rater un battement. Mais il fut bien vite rassuré en voyant le regard violet rassurant de son petit ami.

- Bonsoir, petit rossignol. Roucoula-t-il en souriant doucement.

- Bonsoir, Ruki. Tu en as mis du temps à arriver ce soir. Que s'est-il passé ? Poursuivit (M/n) comme s'il parlait de banalité.

- Yuma m'a vu me glisser hors de chez nous alors j'ai eu droit à un interrogatoire. Je ne lui ai rien dit, mais à force de m'absenter, mes frères commencent à se poser des questions.

- Je comprends… comment comptes-tu leur dire ? Demanda doucement l'humain.

- Je ne compte pas le leur dire ! S'offusqua le brun. Ils pourraient te faire du mal ou pire, te voler à moi !

- On voit que tu as l'ordre des priorités. Murmura ironiquement (M/n).

- La pire chose qui pourrait m'arriver au monde, c'est de te voir au bras de quelqu'un d'autre que moi. Même si ce sont mes frères.

(M/n) sourit narquoisement.

- Pourquoi ? Si c'est pour mon bonheur.

- Hors de question ! Il n'y que moi qui puisse t'offrir le bonheur !

- C'est un peu égocentrique, tu ne trouves pas ?

Ruki se positionna alors au-dessus de l'autre jeune homme et planta son regard menaçant dans celui de (M/n).

- Tu m'appartiens entièrement, à moi et à personne d'autre ! Si ce n'est pas moi qui t'es alors personne ne t'auras. J'espère que tu garderas bien ça en tête, (M/n). Tu es à moi !

(M/n) lui sourit en coin et se tourna vers le côté bien qu'il soit toujours coincé entre les bras de son petit-ami. Ruki vit rouge. L'autre garçon avait toujours le don de le provoquer comme personne n'osait. C'est ce qu'il avait adoré chez lui, mais c'est aussi ce qui attiser souvent sa colère. Il le prit par l'épaule pour le pousser sur le matelas et l'écrasa de son corps.

- Cesse d'être impoli, petit esclave ! Il faut que je te punisse !

- Ok, fais ce que tu veux, mais je ferais l'étoile de mer !

Il savait qu'il était en train d'énerver Ruki, et c'est ce qu'il cherchait.

- Arrête de m'irriter, ou ça va mal finir ! Grogna-t-il, plus du tout amusé.

D'habitude, il adorait le comportement insolent de son petit-ami, mais ce soir… ce soir, il avait juste envie de trouver refuge dans ces bras qu'il aimait tant et qui lui offrait un havre de paix. Là, il n'avait plus à jouer le grand frère qui veille sans cesse et n'était plus soumis aux suspicions de ses frères. Là, il était juste l'amant adoré du garçon qu'il aimait depuis des années. Mais ce soir, ce même garçon lui refusait ce plaisir et il en avait les larmes aux yeux.

Pourtant, (M/n) le remarqua. Lorsqu'il ouvrit les yeux pour voir ce que faisait Ruki au-dessus de lui et qu'il vit ses yeux briller de larmes si rares chez lui, il comprit que quelque chose n'allait pas comme il fallait. Alors il lui sourit avec tendresse et ouvrit en grand ses bras pour l'accueillir comme un enfant que l'on console. Le vampire vint s'y réfugier et laissa couler quelques larmes sur l'épaule ronde de son petit-ami qui ne dit rien et qui écouta en silence la tristesse de jeune homme.

Il savait que dans ces cas-là, mieux valait ne rien dire pour ne pas aggraver les choses et se contenta d'être présent pour le consoler. Ruki n'était pas le genre à montrer une facette aussi vulnérable de lui, même devant son petit-ami. Il devait s'être passé quelque chose d'assez grave avec ses frères pour qu'il lui revienne dans cet état-là. Il n'y avait que les histoires avec ses frères pour le rendre aussi triste. (M/n) savait que Yuma avait des doutes quant aux promenades nocturnes de leur frère aîné et en avait fait part à Kou et Azusa. Les disputes entre les deux aînés se multipliaient et grand dam de Ruki qui les supportait de moins en moins bien.

Parfois, (M/n) se demandait s'il n'était pas mieux pour eux deux – et surtout pour Ruki – qu'ils se séparent. Bien sûr, ce serait très dur, car ils s'aimaient tous les deux très forts depuis très longtemps, mais peut-être était-ce la seule solution pour rendre le vampire plus heureux. Cette idée apportait cependant toujours des larmes aux yeux de (M/n). Il serra plus fort le brun dans ses bras.

- Ruki…

- Je sais à quoi tu penses, (M/n) ! Déclara le vampire, la voix encore tremblante de sanglots, mais terriblement ferme et sérieuse. Et c'est non ! Non et définitivement non !

- Ce n'est peut-être pas une si mauvaise idée que ça ! Se défendit l'humain, mais l'intention dans sa phrase détonnait avec le sens ; il ne voulait lui non plus pas quitter Ruki.

- C'est définitivement la pire idée que tu n'aies jamais eu ! Je sais que tu en doutes parfois, parce que je me montre froid et distant de temps en temps, mais tu comptes tout autant pour moi que mes trois frères et je refuse de me séparer de l'un de vous quatre ! Est-ce que c'est assez clair comme ça ?!

(M/n) poussa un soupir défaitiste.

- Oui, plus que clair… Mais alors… Qu'allons-nous faire ?

Ruki quitta la chaleur et la sécurité de son amant pour se redresser et s'asseoir sur le lit, en face de (M/n) qui se leva à son tour. Les yeux bleu-gris de Ruki exprimèrent une lueur nouvelle, celle d'une idée qui venait de fleurir dans son esprit et (M/n) la redoutait.

- Je vais te présenter à mes frères ! Déclara le brun.

Le jeune humain se laissa retomber sur son oreiller en poussant un grognement éloquent quant à son avis.

- Et après, tu oses dire que c'est moi qui ais les pires idées ! Tu viens de dire que c'était hors de question que je les rencontres, et maintenant, tu trouves que c'est la meilleure idée.

- Parce que c'est la seule qui t'empêcherait d'avoir encore cette idée idiote de nous séparer.

- D'accord, mais dis-moi, que se passerait-il s'ils n'acceptaient pas l'idée que tu sortes avec un humain, un garçon par-dessus tout ?

- Ce sont mes frères, ils vont devoir l'accepter, qu'ils le veuillent ou non !

(M/n) laissa échapper un soupir agacé et se releva.

- Ruki, je ne veux plus être à l'origine de tes disputes avec tes frères. Et je préfère que tu me perdes moi, que tu perdes les trois personnes qui comptent le plus pour toi. Des amants, tu auras l'occasion d'en avoir des tas dans ta vie, ce ne sera pas très compliqué pour toi, vu à quel point tu es merveilleux. Mais des frères, tu ne peux pas les changer ou les remplacer. Tu n'auras qu'eux toute ta vie, alors prends plus soin de ta famille que de moi !

A la fin de ses paroles, (M/n) avait les larmes aux yeux. Il savait à quel point ce qu'il venait de dire était vrai, et plus que tout, il avait peur que Ruki le prenne au pied de la lettre, même s'il savait que c'était pour son bien. Lui, s'il avait eu des frères et sœurs, il les aurait mis au-dessus de tout. Il ne doutait pas que Ruki en fasse de même. Il le regardait avec un étrange regard, à mi-chemin entre la trahison et l'attendrissement.

Bientôt, (M/n) se sentit plaqué par les épaules sur son matelas et maintenu par deux poignes vigoureusement douloureuse. Il ouvrit les yeux pour voir à présent les yeux bleu-bris de son amant imprégnés d'une fureur terrifiante.

- Pauvre crétin ! Comment peux-tu penser une seule seconde que je préfèrerai te perdre toi plutôt que mes frères ?! Je viens de te dire que je ne pourrais jamais me passer d'aucun de vous et tu persiste à croire que je devrais te quitter pour retourner auprès d'eux ! Je t'aime comme un fou, (M/n) ! Je ne te le dis pas assez, j'en suis conscient, mais de là à croire que tu es moins important à mes yeux que Yuma, Kou ou Azusa, ça relève de l'aveuglement ! Je veux que tu sois à mes côtés au même titre que mes frères. Est-ce que tu comprends que tu es devenu le soleil qui éclaire mes nuits et me réchauffe, la source à laquelle je m'abreuve quand je meurs de soif, l'oxygène qui me fait respirer ! J'ai besoin de toi comme je n'ai besoin de personne d'autres ! J'aime mes frères, parce qu'ils sont ma famille, mais toi, tu es ma vie !

(M/n) ferma doucement les yeux, tandis que deux larmes s'en échappèrent. C'était la plus belle déclaration d'amour qu'on pouvait avoir et elle n'était que plus forte et émouvante qu'elle venait du garçon qu'il aimait depuis des années. Ruki n'était pas du genre très porté sur les déclarations d'amour quotidiennes et les mots doux glissés au creux de l'oreille la nuit pendant les caresses. Mais quand il lui disait qu'il l'aimait, c'était toujours magnifique à écouter parce qu'une fois qu'il se confiait, il disait tout ce qu'il avait sur le cœur et ça suffisait à rassurer (M/n) sur ce qu'il était aux yeux de son petit-ami.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, il tomba sur ceux splendides et brillants dans la pénombre du vampire qui le regardait avec un amour inconditionnel.

- D'accord, tu me présenteras à tes frères. Et tout se passera pour le mieux.

Ruki lui sourit tendrement. Il se pencha pour cueillir les lèvres de son amant dans une sorte de réconfort mutuel. (M/n) lui lança alors un regard taquin.

- Ne m'avais-tu pas dit que tu voulais me punir, mon beau vampire ténébreux !

Le dit vampire lui répondit de la même manière, en souriant diaboliquement.