Cette aventure pour SWTOR se situerait à la jonction entre les Chapitres 1 et 2 de l'arc officiel de l'histoire de base de l'Agent impérial. Opérateur 9 vient de profiter du congé qui lui a été accordé après sa victoire sur Dark Jadus, mais doit soudain reprendre prématurément du service à l'appel de Cerbère – c'est-à-dire en fait le nouveau Cerbère, ex-Observateur 2, comme l'Agent ne le découvrira en réalité dans l'arc officiel qu'au tout début du Chapitre 2, au moment où il sera lancé sur la trace du réseau d'Ardun Kothe.
Opérateur 9, tel qu'il est illustré dans cette aventure, s'est spécialisé dans le rôle d'Agent secret (Operative en anglais): une vibrolame furtive maniée de main de maître, dont on ne réalise la présence qu'après qu'elle ait déjà tranché le fil de votre vie! Sa description physique et son caractère pragmatique m'ont été inspirés par mon propre personnage sur le serveur francophone The Leviathan: un Humain solidement charpenté du nom de Cilliax. J'espère que mes dialogues sauront rendre au mieux la voix sensuelle et veloutée de l'un de mes avatars préférés.
. (Pour la petite histoire, Major Gerfaut, mon pseudo sur ce site, est le nom d'un autre de mes avatars SWTOR)
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– I –
Dark city
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L'Agent se pencha par-dessus la portière du taxi aérien à ciel ouvert dont il manœuvrait les commandes, en partie pour échapper un peu aux bourrasques de pluie qui fouettaient son visage, mais aussi pour pouvoir regarder défiler sous lui à grande vitesse le paysage urbain de Kaas City: ses hautes passerelles et ses vastes esplanades solennelles, ses monuments élancés et ses gratte-ciel vertigineux contournés de larges pénétrantes de circulation – mais également les promontoires rocheux sur lesquels avaient été érigés nombre d'édifices, ainsi que tous les autres vestiges de la jungle sauvage de Dromund Kaas, à laquelle cette jungle de durabéton avait été autrefois très péniblement arrachée.
Splendide et inquiétante; majestueuse et oppressante; grandiose et dominatrice; glaçante d'angoisse et brûlante d'ambition. Épithètes et antonymes ne manquaient pas, pour qualifier la capitale des mondes de l'immense Empire Sith. L'Agent qui portait l'identité impériale d'Opérateur 9 ne posait certes pas souvent le pied sur Dromund Kaas; mais à chaque fois, il était subjugué par le sentiment de puissance et de grandeur qu'inspiraient les fiers édifices de Kaas City. L'orgueil d'être un citoyen impérial humain n'était jamais plus grand que lorsque l'on était amené à survoler ainsi le véritable centre de la Galaxie: la glorieuse métropole où se dressait le Trône même de l'Empereur tout-puissant, omnipotent et immortel.
Ceci dit, quand la pluie battante qui noyait presque en permanence le ciel d'orage de Kaas City redoublait au point de se changer en cataracte, comme en ce moment précis au-dessus du speeder aérien découvert, l'Agent Cilliax, alias Opérateur 9, aurait donné cher pour se retrouver plutôt encore au beau milieu de la Mer des Dunes de Tatooine, et pour y ressentir à nouveau la brûlure cruelle des soleils jumeaux sur la peau blanche de son visage!
Le taxi qui avait décollé depuis le Spatioport de Kaas City – ni plus ni moins qu'une enclave fortifiée nichée en plein cœur de la jungle sauvage! – poursuivait toujours son vol à vive allure en direction de la Citadelle, le véritable siège du pouvoir, dominant orgueilleusement le reste de la capitale impériale. L'imposante tour noire hachurée de rouge qui abritait le Sanctuaire du puissant Ordre Sith était flanquée de part et d'autre de deux petites extensions plus récentes, qui donnaient vaguement à l'ensemble l'aspect d'un fer de trident: d'un côté l'Enclave concédée aux clans mandaloriens nouvellement alliés à l'Empire, et de l'autre le siège central des Ministères de la Guerre, des Services Secrets et de la Logistique. C'était là que se rendait le speeder aérien loué par l'Agent Cilliax.
La convocation qu'avait reçue ce dernier n'avait pas manqué de susciter en lui de nombreuses questions, durant tout son trajet de retour depuis Tatooine, où il venait tout juste de finir de régler quelques menus problèmes pour le compte de sa partenaire Kaliyo Djannis sur son temps de congé. Si peu de temps après avoir reçu cette permission bien méritée, il avait en effet brusquement reçu, par holotransmission sécurisée, l'ordre direct de se présenter de toute urgence au Quartier Général des Services Secrets sur Dromund Kaas. Très honnêtement, il pouvait trouver là matière à s'inquiéter. Les événements qui venaient dernièrement de secouer l'Empire avaient dû bouleverser pas mal de choses en haut lieu; et il y avait fort à redouter que si des responsables soucieux de leur place et de leur survie se mettaient en quête de boucs émissaires, le nom – ou plutôt l'identifiant – d'Opérateur 9 aurait de sérieuses chances de figurer en bonne place sur leur liste noire, pour le rôle qu'il avait joué dans l'affaire du traître Dark Jadus et de ses Éradicateurs, sans parler de l'évasion d'Observateur X sur Nar Shaddaa, et d'un certain nombre d'autres points discutables liés à ses dernières missions dans l'espace contesté de la Galaxie.
Opérateur 9 se tourna vers le congénère humain installé sur le siège passager, avec lequel il partageait ce trajet aérien particulièrement arrosé: Vector Hyllus, ex-membre éminent du Service Diplomatique Impérial recruté par les Services Secrets de l'Empire, et tout récemment ramené d'Aldérande par l'Agent lors d'une de ses dernières missions. Le seul aspect de Vector en racontait déjà long sur son histoire: son maintien affecté, et ses robes élégantes et recherchées attestaient ainsi de sa longue fréquentation des hautes maisons nobles d'Aldérande ralliées à l'Empire, tandis que son regard intégralement noir et inexpressif trahissait son statut peu orthodoxe d'"Affilié" des Killiks.
Les Killiks, des guerriers insectoïdes de grande taille qui peuplaient de vastes réseaux de tunnels souterrains sur Aldérande, capturaient en effet occasionnellement des représentants d'autres espèces galactiques intelligentes, non pour les dévorer, mais pour les affilier à l'esprit-ruche de leur Nid. En synchronisant les consciences de leurs captifs avec leurs propres phéromones, ils parvenaient ainsi à intégrer les savoirs et l'expérience de ces nouveaux membres à ceux de leur communauté. Vector Hyllus, lui, s'était volontairement offert au Nid Oroboro pour devenir leur Messager de l'Aube, et pour tisser ainsi des liens diplomatiques inestimables avec les Killiks, qu'il savait appelés à devenir l'un des acteurs majeurs de la politique sur Aldérande. Ce seul acte d'audace suffisait à donner la mesure de la détermination de l'émissaire humain à accomplir la mission qui lui avait été confiée; il n'en fallait pas plus pour gagner la confiance et le respect d'Opérateur 9.
-–- Que pensez-vous de cette convocation, mon cher Hyllus? demanda l'Agent d'un ton faussement détendu. En fait, quel est votre avis général sur tout cela?
-–- Le Nid trouvera une solution.
Cilliax leva brièvement les yeux au ciel, en se demandant pourquoi diable il avait posé une question dont il aurait aisément pu deviner la réponse. Outre que les réparties typiquement cryptiques de Vector avaient le don de le déconcerter et de l'agacer, la voix absente avec laquelle l'Affilié avait répondu semblait suggérer qu'une partie de son esprit errait toujours dans les profondeurs d'Aldérande, à plus de 17.000 parsecs de là, en compagnie de ses semblables insectoïdes. Différents par le corps, certes, mais semblables par l'esprit, un esprit de ruche composant et adressant le même chant à tous ses enfants, quelle que soit la distance qui les séparait du Nid originel.
Son affiliation avait enrichi Vector d'une somme d'expériences et de savoirs considérable, ceux des Killiks et des Affiliés de toutes espèces qui vivaient ou avaient vécu avant lui au sein du Nid Oroboro. Cet avantage pouvait faire de lui un compagnon des plus précieux. Ce qu'il découvrait, ce qu'il expérimentait, tous les autres membres de sa communauté le découvraient et l'expérimentaient aussi; et ce que chantait le Nid nourricier, Vector le percevait également en retour. Cela n'allait toutefois pas sans quelques bizarreries de la part de l'Affilié, qui tendaient à déstabiliser ceux qui le rencontraient pour la première fois. Vector Hyllus était certes indéniablement toujours humain, et loyal envers l'Empire; mais il parlait toujours de lui-même en employant invariablement la première personne du pluriel, et semblait à l'occasion totalement absent, comme en communion avec le Nid lointain.
Les excentricités parfois dérangeantes de l'ex-diplomate n'en faisaient pas forcément la personne la plus indiquée pour accompagner Opérateur 9 jusque dans le Saint des Saints du Quartier Général des Services Secrets de l'Empire. Mais il n'en représentait pas moins le choix de partenaire le plus avisé, puisque le seul autre choix de l'Agent, parmi son équipage pour l'heure fort réduit, aurait été Kaliyo Djannis, une ex-criminelle rattataki au visage tatoué, ramenée de Nal Hutta où elle servait alors dans les sphères de confiance d'une famille Hutt.
Kaliyo était née sur une planète barbare, et avait grandi seule dans une galaxie féroce: toutes les avanies, les mauvais choix, et les coups du sort qu'elle avait pu endurer lui avaient tenu lieu d'éducation, et l'avaient endurcie comme une plaque de fer mandalorien. La Rattataki se montait volontiers ultra-violente, même selon les critères pourtant élevés de l'Agent, et surtout rebelle à toute forme d'autorité quelle qu'elle soit – même si cet état d'esprit anarchiste se traduisait davantage par l'insolence et le persiflage que par la contestation violente. Certaines de ses réflexions lâchées en présence même de Cerbère, le directeur de la Division des Opérations des Services Secrets, n'étaient à coup sûr pas passées inaperçues; et Cerbère était un homme qui avait la mémoire longue. Bref, que Kaliyo ait délibérément choisi d'associer son destin à celui du serviteur zélé d'un empire militariste et autoritaire demeurait une énigme pour Cilliax, qui ne pensait objectivement pas pouvoir l'expliquer par son seul charme naturel...
Alors que le taxi se rapprochait de leur destination, Vector Hyllus se pencha à son tour vers le siège de son voisin, afin de pouvoir en être parfaitement entendu en dépit des violentes rafales de pluie, et du vrombissement du speeder aérien découvert lancé à plein régime:
-–- Êtes-vous heureux d'être de retour dans votre institution de tutelle, Agent? Votre... Nid à vous, pourrions-nous dire?
Tout en pilotant, Cilliax caressa sa moustache rousse d'un air pensif, avant d'admettre en hochant la tête:
-–- Je ne suis jamais entré dans ce sanctuaire de la duplicité et de la paranoïa avec la certitude d'en ressortir en vie! Mais après tout, je pourrais dire la même chose d'à peu près tous les endroits où je suis entré dernièrement, dans le cadre de mes missions...
-–- Y compris dans le palais des Cortess sur Aldérande, nous supposons?
-–- Surtout dans le palais des Cortess sur Aldérande! confirma l'Agent avec un léger sourire complice.
Le taxi aérien décéléra brusquement, pour aborder l'approche de la plate-forme pour speeders située face à l'entrée de cet antre des secrets que venait de décrier Opérateur 9. L'appareil se faufila presque en vol plané sous le vaste auvent qui recouvrait toute cette aire d'atterrissage, et qui allait enfin offrir un abri bienvenu contre la pluie battante, puis se posa avec grâce. L'engin était à peine stabilisé, que déjà son pilote sautait d'une main par-dessus la portière du taxi, pour se recevoir souplement au sol. L'impression d'aisance et de légèreté que pouvait laisser cette figure de gymnastique était tout de même assez étonnante pour un Humain de sa carrure.
Indéniablement, il y avait quelque chose d'animal chez cet homme, quelque chose de félin et de prédateur, qui évoquait par exemple irrésistiblement le splendide et mortel Krak'jya de Bothawui: un équilibre surprenant de virilité brute et de raffinement aristocratique, un mélange inexplicable de charisme surnaturel et de testostérone à l'état pur. Un professionnel exercé aurait sans doute pu deviner chez cet individu, sous une patine de bonnes manières courtoises et musquées, un potentiel absolument effroyable de brutalité sans remords et de froide efficacité – et n'aurait dès lors pu qu'hésiter entre deux formes opposées de tentation: celle de se laisser aller à céder à l'emprise et à la fascination que pouvait exercer un tel homme, et celle de prendre vivement ses jambes à son cou face au péril mortel que représentait une telle menace sur pied!
Au physique, il serait passé pour plutôt bel homme, selon des critères humains. De haute taille et de constitution robuste, il portait les joues garnies d'épais favoris bouclés, d'un roux aussi flamboyant que sa courte chevelure lissée vers l'arrière. Quant au bas de son visage, il s'ornait d'une moustache soigneusement entretenue, qui formait une passerelle entre ses favoris, et qui surmontait harmonieusement sa bouche aux lèvres minces et son menton volontaire, laissé délibérément glabre pour en souligner à dessein l'allure carrée et virile.
Son regard gris acier, particulièrement perçant et incisif, et sa voix chaude et insinuante – séductrice ou menaçante selon le cas de figure –, lui avaient toujours assuré de retenir immanquablement l'attention des Humains ou des presque-Humains auxquels il s'adressait. Jamais il n'avait eu besoin d'élever la voix pour se faire parfaitement entendre de ceux-ci. Et il en allait de même avec les espèces non-humaines, alors même que son charme naturel était pourtant inopérant sur ces dernières. Dans leur cas, la carrure imposante de l'Agent, ses larges mains, son cou de taureau, et sa posture d'épaules qui révélait en lui l'expert en combat rapproché, lui suffisaient à imposer le respect aussi bien aux diplomates maniérés qu'aux petites frappes opportunistes des bas-fonds. Son habitude instinctive de ne jamais éloigner plus que nécessaire sa main gantée de noir du pistolet blaster lourd à lunette qui semblait fixé à demeure le long de sa cuisse droite, montrait également à l'évidence combien il savait parfaitement s'en servir.
À vrai dire, l'Agent ne s'était jamais servi de cette arme d'appoint que pour accorder le coup de grâce, à sa propre discrétion, à un adversaire qu'il avait déjà envoyé au sol en combat singulier – ce qu'il appelait lui-même: «Clore un dossier»! Et c'était certes loin d'être là ce qu'il avait déjà fait de pire...
Au nom de l'Empire, Opérateur 9 avait en effet déjà commis les pires atrocités, sans que cela soit jamais parvenu à troubler son sommeil. Ordonner l'exécution sauvage de prisonniers désarmés; priver froidement tout un camp de réfugiés de ses dernières provisions et de ses systèmes de survie; laisser en toute connaissance de cause des attentats se produire contre des civils innocents pour préserver sa couverture; pratiquer l'interrogatoire poussé d'un espion présumé de la République, jusqu'à n'en laisser qu'une coquille vide et pantelante; assurer personnellement l'éradication intégrale de tout un réseau d'agents des Services Secrets de l'Empire déployés en territoire ennemi, et dont la couverture avait pu être compromise… Oh oui, il avait déjà coché toutes ces cases, et fait bien pire encore – et toujours avec le même détachement implacablement professionnel. Il ne ressentait aucune connexion avec la Force, et ne pouvait donc jouir pleinement de l'excitation obscure que n'auraient pas manqué de lui procurer ces actes infâmes, comme avaient coutume de s'en délecter ces inquiétants seigneurs Sith qui présidaient aux destinées de l'Empire. Non, l'Agent avait juste le sentiment réconfortant d'avoir fait ce qui devait être fait pour assurer la suprématie de l'Empire, et pour préserver la sécurité de la majeure partie de ses loyaux citoyens humains. Ce qu'il pouvait advenir en revanche de millions de ces limaces républicaines décadentes, et de toutes leurs créatures aliens monstrueuses qui ne méritaient pas mieux à ses yeux que l'esclavage et le joug impérial, voilà par contre qui ne l'intéressait pas le moins du monde.
Justement, l'une de ces abominations rejoignait l'aire couverte des taxi-speeders, depuis le siège des Services Secrets de l'Empire qu'il venait de quitter. Celui-là était un guerrier mandalorien, reconnaissable à son armure de beskar rouge et blanche; et c'était aussi un Twi'lek, un Lethan à la peau rouge, auquel ses lekku tombant sur son torse interdisaient le port du casque intégral classique des Mando'ade. Peut-être bien cet alien hideux trouvait-il aussi quelque fierté dérangeante à parader ainsi à visage découvert, libre et armé, dans la capitale d'un Empire où n'importe quel autre de ses semblables n'aurait pu se déplacer sans être bridé par un collier électrique de servage. Hélas, depuis que l'Empire avait dû se résoudre à passer une alliance avec les clans mandaloriens, il était courant de voir de tels guerriers issus de races inférieures se promener avec armes et armures au cœur même de Kaas City, ce qui ébranlait les certitudes de bien des citoyens humains de l'Empire. Ainsi ce Twi'lek en particulier, qui ne se trouvait certainement pas là par hasard, était probablement un chef de clan mandalorien, ou bien un chasseur de primes indépendant, qui venait de négocier un contrat juteux pour régler l'une ou l'autre de ces affaires où les Services Secrets de l'Empire ne souhaitaient pas engager leurs propres agents ou leur propre responsabilité...
Opérateur 9 et le Twi'lek en armure rouge se croisèrent au débouché de la plate-forme des taxis, en échangeant des regards peu amènes, mais sans que l'un ou l'autre se risquât à aller plus loin dans la confrontation: après tout, aucun des deux n'y avait intérêt, et surtout pas en un lieu aussi lourdement surveillé et réglementé.
Pour cette visite au cœur même du siège des Services Secrets de l'Empire, Opérateur 9 avait choisi de revêtir sa tenue préférée, celle qu'il portait habituellement lorsque les circonstances de sa mission n'exigeaient pas de lui qu'il en utilisât une autre: son uniforme gris vert d'officier impérial, avec plaque de grade sur la poitrine. Quelques accessoires manifestement dédiés à l'affrontement direct interdisaient toutefois de le confondre avec un quelconque gratte-papier de l'état-major: en particulier ses bottes blindées de fantassin impérial, son ceinturon bardé de grenades, sa bandoulière de packs énergétiques pour blasters, et surtout le fusil compact à rayon de particules remisé derrière son dos – en aucun cas une arme décorative!
En fonction de ses missions de terrain, il était déjà arrivé à l'Agent de devoir revêtir l'armure de fortune d'un rebelle balmorréen, la combinaison maculé d'un docker de Mos Ila, ou encore les couleurs éclatantes d'un des tout nouveaux gangs de fonceurs de Dantooine. Un holodéguisement de droïde sur Nar Shaddaa avait sans aucun doute été sa tentative de camouflage la plus parfaitement invraisemblable! Sans grande surprise, l'astuce avait d'ailleurs fini par échouer... Mais ici, sur le territoire interstellaire de l'Empire, ou derrière les lignes de front de l'Armée impériale, le caractère très officiel de son uniforme était l'accoutrement qui lui permettait d'imposer le maximum d'autorité tout en ne s'attirant que le minimum de questions – bref, de ne devoir en révéler qu'un minimum sur son identité d'agent ou sur ses activités réelles.
Tout en continuant à marcher, Cilliax s'assura machinalement du réapprovisionnement complet de son dispositif lanceur de fléchettes toxiques ou de lames de jet empoisonnées, qui était dissimulé dans l'épais gantelet d'armure enveloppant tout son avant-bras droit: une pièce d'armement digne d'un chasseur de primes bien outillé – et récupérée d'ailleurs sur la dépouille d'un chasseur de primes bien outillé! Pour la bonne forme, l'Agent revérifia également l'arrimage du blaster de poing à sa hanche, l'accessibilité de la vibrolame dissimulée dans sa jambière d'armure droite, et l'alimentation correcte du système de furtivité individuel intégré sur l'avant de son ceinturon. D'ordinaire, il n'effectuait ce genre de vérifications de routine qu'en prévision d'un combat imminent. Le fait qu'il s'y livre juste avant de rejoindre le siège des Services Secrets de l'Empire était donc assez révélateur de son état d'esprit du moment.
Une fois ces vérifications effectuées, Opérateur 9 prit un instant pour tirer de sa tunique d'uniforme sa sobre casquette grise d'officier impérial, et pour l'ajuster soigneusement sur sa chevelure cuivrée. Puis il reprit son chemin vers l'entrée monumentale parée de la bannière rouge de l'Empire. Quoi qu'il eût à affronter là-bas, il y ferait face la tête haute, avec fierté, et sans rien regretter.
-–- Inutile de moisir ici plus longtemps, déclara-t-il simplement en forçant le pas.
-–- Nos opinions concordent, confirma laconiquement Hyllus en le suivant d'une démarche plus débonnaire – une fois encore, sans qu'il fût possible de savoir si ce "nos" se référait à l'Agent et à lui-même, ou bien à la multitude de consciences insectoïdes unifiées qui peuplaient son esprit.
Tout en marchant, Cilliax tourna un dernier regard mélancolique vers l'horizon obscur et perpétuellement zébré d'éclairs de Dromund Kaas. Il n'y a décidément jamais de beau jour pour mourir sur ce monde, se dit-il... Mais qu'importe! Il avait reçu pour instruction de se présenter devant ses supérieurs, et il s'y conformerait. Que ce fût pour recevoir sa prochaine mission, ou son ultime châtiment, il ne lui appartenait pas encore de le savoir. Et quand bien même il s'agirait de se jeter dans la gueule du gundark, alors il s'y avancerait d'un cœur léger, pour peu qu'il en ait reçu l'ordre. Pour l'Empire!
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