Coucou les gens!

Un petit chapitre qui répondra à l'une des questions que se posait l'une de mes lectrices préférées (coucou Lolipop62150). Merci pour vos retours sur le dernier chapitre, comme toujours. Les reviews sont une drogue dont je suis heureuse de ne pas avoir à me passer^^
Merci aussi pour les follows et mises en favoris.

J'ai pitié de vous, j'attends pas jusqu'à demain pour publier :p

Je vous laisse profiter à nouveau des incroyables compétences sociales de Vivian!


Je dors presque bien, et me réveille plus doucement que la veille, bien que toujours beaucoup trop tôt. Six heures vingt ce coup ci, comme me l'apprend un tempus que je lance à moitié endormie. Cette fois, pas de coups sur mon lit, mais des frôlements et trop de lumière. Je me lève rapidement, mais quand j'ouvre mes rideaux pour prendre mes vêtements je les trouve par terre alors que je les avais laissés sur ma malle la veille, bien pliés. Quand je les ramasse je m'aperçois qu'ils sont humides. J'essaye de ne pas m'énerver en me disant que c'est probablement un accident, et je récupère à nouveau mon livre de sorts pour vérifier la formule du sort de séchage (que j'ai déjà appris il y a longtemps, mais que je n'utilise pas souvent). J'entends pouffer, et je relève la tête pour voir la gamine qui a ouvert mon rideau la veille et une autre me regarder en ricanant. Comme elles remarquent que je les ai vues, celle dont la tête me dit rien dit bien fort à sa voisine : « T'as vu ? L'intello peut pas se débrouiller sans un livre !
-À croire qu'elle est trop conne pour réfléchir »

Je n'écoute ni la suite, ni ma colère qui m'intime de leur défoncer la gueule. Déjà, je suis à peu près certaine que j'aurais plus d'ennuis qu'elles, vu que je doute que les autres filles du dortoir ne me soutiennent, de deux vu ce que je risquerais de leur faire on aurait du mal à me croire quand je plaindrais la légitime défense. Et surtout… C'est des gamines. Avec ou sans baguette je sais que je pourrais les écraser. Et même sans confrontation directe, je pourrais leur faire tellement de mal… Mais elles n'en valent pas la peine. La colère en moi s'est muée en sensation froide de puissance, et je sais que je pourrais les détruire. Mais j'ai trop de contrôle. Elles ne sont pas allées assez loin, et je ne compte pas m'éterniser ici de toute façon. Alors, je les ignore, et je sèche mes vêtements d'un coup de baguette. Et j'ai l'impression que même si elles continuent à se moquer de moi elles sont un peu moins sûres d'elles. Parfait, si ça marche… Je relance un tempus négligeant avant de ranger tout ce qui n'est pas drap ou oreiller dans ma malle, par mesure de précaution, avant d'aller me changer dans les WC. Je prends un soin tout particulier à ajuster l'étui de mon poignard sur ma cuisse.

Quand je ressors, je récupère tout de suite mon sac de cours où je range mon livre de sortilèges et celui d'histoire de la magie avant d'à nouveau fermer soigneusement ma malle. Je sors ensuite du dortoir sans daigner montrer aux grognasses alentour que je remarque leurs moqueries. J'ai beau faire, je suis quand même énervée. J'ai envie de me battre, de laisser exploser la pression. À la place, je prends quelques couloirs au hasard pour me trouver une salle de classe déserte, et je balance quelques sorts que je connais pour me détendre un peu. Au début, je suis plutôt frustrée, parce que les sorts que je ne connais ne sont pas assez destructeurs à mon goût, mais ce n'est de toute façon pas ma manière de me calmer, de détruire des choses. La violence, je la garde pour les autres humains ou pour moi-même. D'ailleurs, je me coupe un peu et ça participe grandement à me détendre. Et une fois que c'est fait, ma petite séance est efficace : ma baguette répond très bien à ma magie, et je peux presque sentir le flux de magie autour de moi et en moi grâce à elle. Je sens la façon dont la magie réagit à mes sorts, et ça m'apaise. Je me laisse absorber par les sensations quelques minutes, ignorant les pointes de colère en moi.

Au bout d'un moment je lance un nouveau tempus et m'aperçois que je devrais être en train de petit déjeuner. J'ai pas super faim, alors je choisis plutôt ce moment pour m'aventurer dans les couloirs. Je ne peux pas rester dans ce dortoir, il faut que je trouve une autre solution. Je décide de consacrer ma matinée à explorer le septième étage et les tours à la recherche d'un endroit abandonné qui pourrait me servir de chambre si besoin. Pourquoi le septième étage ? Parce que d'après les livres, la salle sur demande s'y trouve. Et aussi, je préfère la hauteur, d'où les tours. L'idéal serait sans doute de trouver quelque chose au fond d'un passage secret, voire une pièce murée accessible uniquement de l'extérieur. Mais bon, pour cette deuxième option il va falloir au moins que j'attende le cours de vol de demain. J'ai vraiment envie d'essayer mon balais, et je n'ai pas peur d'apprendre sans supervision, mais ça ira plus vite en cours et j'ai suffisamment à faire en attendant.

Je passe la matinée à explorer le septième étage, et finis par trouver la tapisserie des trolls peu avant midi. Je passe sept fois devant en pensant à un endroit où me réfugier, mais rien ne se passe. Je me dis que je ne me souviens peut-être pas bien du nombre d'allées et venues, et j'essaye avec d'autres chiffres, mais rien n'y fait. Je finis par abandonner, frustrée et descends manger. Peut-être que c'était une autre tapisserie ? Pourtant il y a des traces de griffures dans la pierre et quelques marques de brûlé en semblant indissociables tout autour de la zone, ce qui me fait penser que la salle sur demande se trouve ici. A elle été détruite par le Feudeymon qui a été lancé à l'intérieur dans le tome sept ? Il faudra que je trouve des réponses.

J'arrive dans la grande salle, et la plupart des élèves sont déjà attablés. J'hésite un instant à l'entrée et vois Arthur et Ewald installés vers le bout de la table des Poufsouffles, alors je me dirige vers eux. Ewald me voit en premier et incline la tête en direction d'une place libre à côté de lui. Je m'y assois, tout en observant que je suis assez contente de les voir. Arthur sourit en me voyant, et engage tout de suite la conversation :

« On t'a pas vue au petit déjeuner, tu as dû manger tôt ! Tu as choisi un club ?
-Un club ? J'ai pas mangé en fait, j'avais pas faim.
-Ah… Oui, comme pas mal de monde a des journées entières de libres grâce aux nouveaux emplois du temps, depuis quelques années, il y a pas mal de clubs, par exemple de bavboules, d'échecs ou de potions…
-On a essayé le club d'échecs, d'ailleurs, mais on est mauvais tous les deux, et c'est un peu la honte pour un Serpentard, donc je me suis rabattu sur le vol et les potions, intervient Ewald.
-Il y a un club de vol ?
-Oui, pourquoi, ça t'intéresserait ? C'est surtout des exercices de Quidditch en fait, mais des fois on fait aussi des petites promenades ou des courses au-dessus du lac.
-Carrément ! J'ai jamais volé, mais je suis sûre que je vais adorer. Tu joues au Quidditch, ou tu voles juste pour le plaisir ?
-Je fais partie de l'équipe de Serpentard, je suis attrapeur.
-Et il est bon en plus, même si il est toujours je-m'en-foutiste ! Enfin bref, moi je fais potions depuis l'an dernier, c'est les lundis et mercredi, et j'ai essayé de lancer un club d'escalade mais vu que personne n'était super motivé on fait ça tranquillement quand on a envie, Ewald et moi.
-Faudra que vous me montriez comment vous faites d'ailleurs, c'est quand que vous y allez la prochaine fois ?
-On peut faire ça cet après-midi peut-être ? Les profs seront occupés, il faut juste qu'on trouve un endroit un peu discret.
-J'aurais bien aimé, mais j'ai déjà un truc prévu. Demain aprèm, vous avez du temps ?
-Je crois ouais, on a cours que le matin.
-Moi j'ai vol de treize à quatorze mais le reste du temps je suis libre !
-On fait ça alors, ça te va Ewald ?
-Pas de souci.
-Et sinon, tu vas faire quoi cet aprèm ?
-Mes devoirs… Et je veux relire l'histoire de Poudlard, je dois vérifier un truc.
-Tu es drôlement sérieuse pour une gamine », fait remarquer Ewald. « C'est parce que je suis pas une gamine, crétin ! » j'ai envie de lui répondre, mais je m'abstiens parce que ce serait contre productif. Il doit sentir mon agacement, et un rictus lui échappe. Ah, il me taquinait en fait. Je lui donne spontanément un coup de coude et il fait semblant de se tordre de douleur avant de me relancer : « Arthur, surveille la petite, elle est violente ! »

Pas fou, mon Poufsouffle de compagnie préfère nous ignorer et changer de sujet :
« C'est quoi ce truc mystérieux que tu dois vérifier ?
-Je suis pas sûre que tu puisses m'aider, mais en fait je voulais voir la salle sur demande. Je pensais être au bon endroit, mais aucune porte ne s'est ouverte… Tu sais si elle a été détruite ? »
Arthur échange un regard de connivence avec Ewald avant de répondre.
« Non, elle n'a pas été détruite, elle a changé de place, parce qu'elle était trop connue… Ma théorie, c'est que c'est une grande timide ! Mais après la guerre, tout le monde y allait, au point qu'elle était toujours occupée. Alors, du jour au lendemain, elle a disparu, et plus personne ne sait où elle est, ou en tout cas ceux qui le savent se taisent… »
Je fais la grimace, j'aurais vraiment bien aimé y aller. Mais Arthur reprend :
« Si tu veux, rejoins nous dans le labo du club potions quand tu auras fini tes devoirs, il est au deuxième sous-sol, près du tableau du Trodd. Il est possible que nous aillons quelque chose d'intéressant à te montrer. »

Et là-dessus, il se replonge dans ce repas sans répondre à mes questions. Est-ce qu'il sait où est la salle sur demande ? Je hausse les épaules et finis de manger rapidement, si ça l'amuse de jouer au mystérieux… Je les laisse pour aller à la bibliothèque où je lis rapidement les pages du manuel d'histoire de la magie indiquées par la prof avant de répondre tout aussi vite aux questions. Pour l'instant, rien de nouveau pour moi. Ça commence avec une introduction qui présente Voldemort et parle des deux guerres civiles et les questions données en devoir sont d'une simplicité plus qu'enfantine. Je continue à lire le livre, de plus en plus captivée au fil de ma lecture. La suite parle de comment le monde sorcier à appris l'existence des romans Harry Potter. J'arrive à une partie intéressante, intitulé « L'impact des écrits dits « fanfictions » sur l'évolution de la société sorcière » quand quelqu'un s'assoit à ma table, me forçant à relever la tête. C'est Scorpius, accompagné de sa bande d'amis habituelle. Ils me saluent tous, et je souris poliment avant de mettre un marque page dans mon livre, réalisant au passage que j'en ai déjà dévoré plus de la moitié. Je lance un tempus rapide et me rends compte qu'il est déjà trois heures et demie. Ils sont venus faire leurs devoirs rapidement, et Scorpius propose de profiter de ma présence pour préparer l'exposé de CD2M. Je suis un peu surprise qu'ils soient si motivés pour leurs devoirs, mais j'imagine qu'ils ont une certaine pression sur les épaules vu les parents qu'ils ont. Quoi qu'il en soit, nous avançons assez rapidement, et en profitons pour faire des recherches ensemble sur un sort qui pourrait nous permettre de rendre nos pieds glissants pour faire comme du patin à glace ou du ski.

C'est Albus qui finit par dénicher un truc dans un vieux livre de farces et attrapes et nous sortons de la bibliothèque pour l'essayer dans un couloir désert. La gestuelle est un peu compliquée, mais après une dizaine de minutes je me retrouve par terre, surprise par un succès inattendu. Nous commençons à peine à nous amuser que Severus fait une rencontre assez… dynamique avec une armure, l'envoyant valser en morceaux dans tout le couloir avec un bruit d'enfer. Presque aussitôt, une porte s'ouvre à l'extrémité de celui ci, libérant un Filius Flitwick furibond sortant de sa salle de classe, et nous ne devons notre salut qu'à la fuite. Je profite de la distraction pour abandonner mes camarades et partir à la recherche du club de potions.

J'ai encore le sourire au souvenir du visage indigné de Flitwick et je me promets de retravailler le sort de patinage, voire même d'organiser une sorte de session de « ski ». ça pourrait être sympa. Une fois dans les cachots, je me perds un peu, mais je croise un Serdaigle de cinquième année qui me remet sur le bon chemin. Je frappe à la porte qu'il m'indique, mais finis par ouvrir comme je ne reçois pas de réponse. Je découvre une salle assez haute de plafond, aux murs tapissés d'étagères d'ingrédients et de chaudrons de différentes tailles et constitués de différents métaux. Au centre de la pièce une poignée d'élèves assez âgés dont Ewald et Arthur qui s'affairent autour de potions fumantes. Ewald est en train de mettre en fioles le sien, mais Arthur a l'air d'être toujours en pleine préparation. Le Serpentard me remarque en premier, et me fait signe qu'il me rejoint, alors je ressors pour ne pas gêner les potionistes qui s'affairent, pour la plupart, à ranger la salle.

Ewald ne tarde pas à sortir et s'adosse légèrement au mur à côté de moi, prenant soin de ne pas salir ses vêtements.
« Arthur en a encore pour une dizaine de minutes, sa potion n'est pas tout à fait finie.
-Qu'est-ce qu'il prépare ?
-Un onguent contre les brûlures.
-Et toi, qu'est-ce que tu as préparé ?
-De la potion d'aiguise-méninges, je me constitue un stock maintenant, j'en vends un peu avant les examens. Ça me permet de m'entraîner et de m'enrichir.
-Tu veux travailler dans les potions ?
-Peut-être, j'envisage de devenir potioniste. »

Je n'ai rien à répondre et le silence entre nous s'éternise. Au début, je suis assez tendue parce que je réalise que c'est la première fois que je me retrouve seule avec lui, et que j'ai toujours cette sensation qu'il est dangereux pour moi. Mais finalement, je me détends progressivement, dans la mesure où je suis capable de me détendre, bien sûr. Je suis toujours sur mes gardes. Il fait partie de ces personnes qui ne ressentent pas le besoin de meubler le silence à tout prix, et c'est confortable.

Cinq minutes ont bien dû s'écouler lorsque nous entendons des bruits de voix dans le couloir, et deux Gryffondor de sixième ou septième année finissent par arriver dans notre champ de vision, se disputant apparemment sur les qualités comparées de deux balais de course. En passant devant nous, l'un donne un coup de coude à l'autre et ils s'arrêtent. L'un deux me lance :

« Hey, petite, viens voir s'il te plaît ! »
Je quitte l'appui du mur et fais un pas vers eux, méfiante. Ewald ne semble pas réagir.
« Je m'appelle Vivian. Qu'est-ce que vous me voulez ?
-Relax, on va pas te faire de mal, viens. »
Je hausse les épaules et je les suis, un peu curieuse. Nous nous éloignons de trois-quatre mètres d'Ewald, qui n'a toujours pas bougé, et le Gryffondor qui m'a interpellée reprend la parole :
« Je veux pas que tu le prennes mal, hein, mais tu es en première année et tu es de ma maison alors je préfère te prévenir… Tu devrais faire gaffe à tes fréquentations.
-C'est à dire.. ?, je fais, essayant de gommer le moindre agacement de ma voix
-Ton pote le Serpentard là, il est pas recommandable. Son père était un mangemort, tu sais ce que c'est ? »
Je hoche la tête, un peu surprise mais déjà en colère.
« Voilà, alors méfie toi d'accord ? Je voudrais pas qu'une gamine de ma maison aie des problèmes. »
Je reste sans voix un instant, puis j'ai un sourire fugace. J'ai trouvé la réaction parfaite. Je me mets à genoux devant les Gryffondor qui ne comprennent plus rien et réponds, assez fort :
« Merci Ô sempai de m'avoir donné des conseils si précieux ! Merci ! Mille fois merci ! »
Les grands échangent un regard un peu perdu et l'un marmonne : « Elle est tarée, non ? », puis ils se hâtent de repartir, l'air vaguement agacés. Je m'époussette les genoux en me relevant et retourne vers Ewald, essayant de juguler mon énervement. D'où ils se permettent de juger les fréquentations des gens ? Même si l'information m'a un peu surprise, peu importe qui est son père… Les gens sont cons. Mon Serpentard de compagnie me regarde m'adosser au mur et hausse un sourcil distingué, attendant sans doute une explication à la scène qu'il vient de voir.
« Ils pensaient qu'ils pouvaient me dire qui fréquenter, et ils ont parlé de ton père. La prochaine fois que je les vois il est possible qu'il leur arrive un accident dramatique, tu m'en voudras pas ?
-Un accident ? Qu'est-ce que tu... »

À ce moment là la porte s'ouvre, interrompant Ewald dans son élan, et Arthur sort en compagnie des autres laborantins. Il nous rejoint et nous nous mettons en route sans plus de commentaires, même si je vois le Serpentard m'observer d'un air pensif pendant encore plusieurs minutes. Nous commençons par prendre quelques couloirs bien éclairés, et nous passons devant l'entrée de la salle commune de Serpentard (Ewald me l'indique d'un ton neutre, et je m'interroge : est-ce que l'emplacement des autres salles communes que la sienne n'est pas censé être un secret?). Nous finissons par arriver dans un couloir moins fréquenté après cinq minutes de marche supplémentaire. Là, Ewald lance un Homnius Revelo, puis Arthur éteint la torche la plus proche de nous, avant de la retirer de son socle et de l'enfoncer dans un petit trou en bas du mur que je n'aurais jamais remarqué sans cet événement. Un pan entier du mur pivote, et Arthur remet la torche en place et prend le temps de la rallumer pendant qu'Ewald se glisse déjà dans le passage ainsi révélé. Je suis le mouvement, et dès qu'Arthur a à son tour franchit la porte, elle se referme dans un chuintement discret.

Nous sommes dans un couloir trop étroit pour marcher à deux de front, et il ne tarde pas à se transformer en un escalier montant en colimaçon très serré. Nous nous taisons à cause de la pénibilité du trajet, et pour une fois mon humeur varie plus profondément que d'habitude. En général, mes colères comme mes joies ne changent que la surface. Seule la peine est profonde chez moi. Et la haine de moi-même. Mais là, j'avoue que mon excitation chasse un peu du brouillard qui atténue sans cesse mes sentiments. Je suis dans un passage secret ! C'est génial ! J'observe autour de moi tout en montant. Les murs diffusent une lumière très tamisée, je ne sais pas comment, mais ça nous évite d'allumer nos baguettes. Le sol est assez propre, sans la poussière et les toiles d'araignées auxquelles j'aurais pu m'attendre.

Heureusement pour nous, l'escalier prend subitement fin après deux minutes d'ascension, et Arthur, qui mène la marche (ou les marches, dans un escalier… ), nous chuchote : « Je vais ouvrir la sortie, maintenant silence, nous sommes pas loin des chambres des profs ! ». Il déclenche l'ouverture grâce à un mécanisme incrusté à gauche de la porte après voir regardé dans une espèce de fissure, et nous sortons discrètement du passage à la queue leu leu. Nous nous retrouvons au milieu d'un couloir désert assez large qui doit faire une vingtaine de mètres de long. Nous nous dirigeons sous la direction d'Arthur vers l'extrémité à notre gauche. Je suis la plus silencieuse, mais les autres, ne s'en tirent pas trop mal. Nous faisons halte à l'angle du mur pour vérifier qu'il n'y a personne, puis marchons encore un peu pour nous retrouver entre deux armures portant deux immenses boucliers. Ewald s'avance et passe trois fois devant le mur. Au troisième passage, une petite porte s'ouvre. Il nous tient gracieusement la porte et je suis Arthur qui se dépêche d'entrer.

Je découvre une pièce de taille moyenne (une quinzaine de mètres carrés, je dirais) avec trois fauteuils à l'air très confortable groupés autour d'une cheminée allumée. Les murs sont couverts de lambris et comportent une bibliothèque de taille modeste et une étagère sur laquelle repose un plateau d'échecs. Nous nous asseyons tranquillement sur les fauteuils et je finis par demander, n'y tenant plus :
« Merci beaucoup de m'avoir amenée ici ! Comment vous avez fait pour la trouver ?
-On a passé nos trois premières années à la chercher, mais on avait jamais pensé à regarder dans le coin, vu que les appartements des profs sont ici. Mais un jour, Ewald a fini par tomber dessus par hasard.
-En fait un gars de septième année sortait avec une prof stagiaire, et une fois je l'ai vu ouvrir le passage secret qu'on a emprunté. Comme je ne le connaissais pas encore, je l'ai exploré le lendemain, sauf que je ne savais pas qu'il menait à l'étage des profs. Je venais de passer dans le couloir devant les armures quand j'ai entendu du bruit, alors j'ai cherché un endroit où me cacher. J'ai voulu repartir vers le passage, mais il y avait quelqu'un là bas, et quand je suis parti dans la direction opposée il y avait un autre prof. J'ai heurté une armure, et j'ai entendu les profs venir vers moi, mais c'est à ce moment là que j'ai vu une porte apparaître dans le mur. Je suis entré sans trop y réfléchir, et c'est seulement une fois à l'intérieur que j'ai compris que j'avais trouvé la salle sur demande. »

Nous gardons le silence quelques temps, puis je relance la conversation en demandant à Arthur si il compte devenir potioniste, lui aussi. J'apprends ainsi qu'il se destine davantage à une carrière de médicomage ou de psychomage. Il dit avec un sourire un peu gêné que ça l'avait beaucoup aidé à l'époque. Ewald sait ce qu'il sait passé je suppose, mais j'ai l'impression qu'Arthur a un peu de mal à en parler à haute voix devant nous deux, et je préfère de toute façon. On en a jamais reparlé, et je ne sais pas vraiment quelles marques il garde de ça, et ce qu'il pense à présent. La mention, même indirecte de cet été là me fait replonger dans mes pensées, et je perds un peu le fil de la conversation alors que mes deux camarades discutent de leurs cours de la journée et des devoirs qu'ils ont à faire. Finalement, Ewald lance un tempus et fait remarquer qu'il va falloir que l'on y aille rapidement si on veut encore manger et ne pas se faire coincer par les profs qui ne vont pas tarder à remonter du festin. Je me fais la remarque alors qu'Arthur demande à la salle de faire apparaître un petit trou dans le mur pour nous montrer le couloir que l'emplacement de la salle n'est vraiment pas pratique. Les seuls moments où elle est « facile » d'accès sont pendant les heures de cours et au milieu de la nuit, et encore. En plus, comme l'une des entrées du passage secret est située près de la salle commune de Serpentard, il faudra aussi faire attention aux élèves si je veux l'emprunter…

Je mange rapidement à la table des Poufsouffle avec mes deux compagnons avant de remonter dans mon dortoir. Il va falloir que je trouve un autre endroit où dormir demain… En tout cas, cette journée n'a pas été perdue. La salle sur demande… C'est vraiment génial de savoir où elle se trouve. J'y retournerai certainement, même si du coup ça ne serait pas un bon emplacement pour ma future chambre, parce que l'emplacement est trop mauvais. Je me change rapidement, et j'ignore les gamines qui échangent des commentaires moqueurs à mon passage. Je prends soin de bien enfermer toutes mes affaires dans ma malle avant de m'allonger dans mon lit.

Je dors très mal, je suis nerveuse, quelque chose me remue sans que je sache quoi, et en prime je suis encore plus sur mes gardes que d'habitude, vu que je partage mon dortoir avec ces gamines. Qui sait ce qu'elles peuvent inventer contre moi… Je me coupe, mais je me sens vide. Est-ce que je vais seulement apprendre quelque chose qui me dira pourquoi je vis ? Est-ce que ça vaut vraiment le coup.. ?

xx

« Parfois, je me sens toute puissante. J'ai l'impression que je pourrais faire n'importe quoi, devenir n'importe qui, j'ai tellement de potentiel ! Mais bien vite, je me sens vide à nouveau, trop consciente de ce que j'ai perdu, de ce que j'ai raté et de ce que je ne suis pas. Je n'ai pas d'ambition, je n'ai pas de rêve, je n'ai pas d'avenir. Le travail, c'est une prison. À quoi bon vivre tous ces jours vides. Je ne sais même pas si un jour j'ai regardé l'avenir avec expectative. Mais à présent, tout ce que j'attends, c'est la mort, et le seul bienfait que m'apportent les jours écoulés, c'est de rapprocher de moi cette échéance. »

-Extrait d'un carnet d'Aurore Berger, conservé par Quentin Lemage après sa mort-


Et voilàà!

Comme pour ma dernière publication, je vais vous imposer un délai plus long que la normale (trois semaines à nouveau) parce que je n'ai pas vraiment le temps d'écrire en ce moment, à part si un miracle se produit, et j'ai plus beaucoup de chapitres d'avance...

Il me tarde de voir ce que vous aurez pensé de ce chapitre, les révélations sur le popa d'Ewald et sur le nouvel emplacement de la salle sur demande...

J'attends vos mots doux!

Kuro