Bonjour, bonsoir à toustes et bienvenue dans ce chapitre que j'aurais aimé publier il y a quelques jours déjà^^

Un grand merci, à nouveau, à celleux qui prennent le temps de me laisser des reviews, même les simple merci font plaisir :)
Voilà donc un nouveau chapitre, assez long, où on continue à découvrir la famille d'Ewald (entre autres) et avec du dramaaaaa (parce que sinon ce serait pas une de mes histoires).
On se retrouve en bas!


Une fois Alphonse parti, je passe l'après-midi à la bibliothèque en compagnie d'Ewald. Il y a surtout des livres d'histoire et de magie, mais je parviens à trouver quelques romans. Mon compagnon me montre aussi la section dédiée aux magies de l'esprit, et je volette de livre en livre jusqu'à ce qu'il me propose une petite session de duel. Ça fait une éternité qu'on en a pas fait, et je suis surprise qu'il soit d'accord pour me laisser utiliser ma baguette, mais j'imagine qu'il a confiance en ses capacités de duelliste. À raison, sans doute.

Pour ne rien risquer d'abîmer, nous allons à nouveau dans le jardin pour l'entraînement. C'est sûr que c'est plus facile, à Poudlard, de trouver une salle déserte sans rien de fragile. Ici, tout est ancien et délicat, et probablement pas bourré de sorts de protection contre les maladresse d'étudiants comme à l'école. Ewald me dit avec un sourire que je qualifierais volontiers de sadique que ce sera l'occasion pour moi d'apprendre à me battre dans un nouvel environnement. Je grimace, mais en vrai je trouve ça bien. Nous nous installons dans un espace dégagé près de la forêt, suffisamment loin des cultures des elfes pour ne pas les endommager par accident, suffisamment en vue pour que personne ne se prenne un sort sans s'y attendre.

Ewald a une micro pause avant de me tendre ma baguette, mais contrairement à ce que j'aurais pensé, il ne se lance pas dans un discours, comme l'aurait fait Arthur à coup sûr. Il se contente de me dire :

« Je te fais confiance. »

Et après deux secondes de silence, il ajoute :

« Bon, j'espère que tu te souviens des règles du jeu : sorts de bouclier et de désarmement uniquement, bon courage ! »

Et sans me laisser le temps de réfléchir il me lance un expeliarmus que je n'évite que de justesse. C'est ça sa stratégie ? M'empêcher de penser ? Si il croit que ça va march- J'esquive une nouvelle attaque, cette fois en glissant sur une plaque de verglas. Glorieux. Ewald en profite pour me prendre ma baguette avant de me la relancer. Très bien, sa stratégie fonctionne.

Après m'être fait voler plusieurs fois ma baguette, nous passons à un duel plus varié, où Ewald m'encourage à employer tous les sorts que je connais pour le mettre hors d'état de nuire, que ce soit en l'immobilisant ou en le privant de sa baguette. Lui n'a le droit qu'au sort de bouclier et à celui de marquage lumineux, une marque équivalent à une erreur de ma part. Bien sûr, j'ai le droit de déclarer forfait à tout moment, sinon à trente marques j'aurai perdu. À nouveau je m'élance, je cours dans tous les sens, n'hésitant pas à utiliser le décor pour me dissimuler ou esquiver. J'utilise aussi la neige comme projectile ou nuage dissimulateur, criant de temps en temps des trucs qui n'ont de sens que pour moi, dont un glorieux :

« NINPÔ ! CAMOUFLAGE DANS LE VERGLAAAAHHH ! »

Lorsque que mon menton vient à nouveau heurter violemment la surface dure de la glace traître. À cette occasion Ewald s'assure que je ne sois pas blessée avant de poursuivre le combat. Je fais de mon mieux, mais j'ai beau être sportive je m'essouffle quand même. Heureusement, mon adversaire aussi, même si il demeure bien plus en forme que moi. Je le force tout de même à se déplacer pas mal. Ainsi, le duel aurait pu continuer, si tout d'un coup un sort rouge n'avait pas touché Ewald dans le dos, en provenance de la forêt.

Il demeure figé, et je tourne ma baguette dans la direction approximative de la personne ayant lancé le sort, tout de suite sérieuse. Parée à répondre au danger, même si je sais que contre une personne maîtrisant les informulés je n'ai aucune chance.

« Du calme, mon enfant. » fait une voix sèche. « Ce n'est que moi. »

La grand-mère d'Ewald quitte le couvert des arbres. Je ne l'ai pas vue depuis mon arrivée. Aujourd'hui elle porte une chaude cape d'hiver d'un violet sombre par dessus sa stricte robe noire et elle a un air qu'on pourrait presque qualifier de vaguement amusé. Pour peu qu'on soit doté d'une certaine dose de créativité, s'entend. Je baisse ma baguette, et elle a un mouvement raide de la tête en forme d'approbation. Elle libère Ewald d'un mouvement de baguette négligeant, et celui-ci époussette rapidement ses vêtements avant de se lancer un de ses fameux sorts qui lissent ses habits et sa coiffure.

« Tout va bien grand-mère ?

-Tout va bien. J'allais rendre visite à Rosemary lorsque j'ai entendu du boucan venant d'ici, et je suis venue voir ce qui causait tout ça. Ton autre ami est reparti ?

-Oui grand-mère. J'espère que le bruit ne vous aura pas trop incommodée. J'entraînais mon amie au duel.

-Et tu as oublié de surveiller tes arrières ! J'espère que tu ne commettras plus cette erreur. Le bruit n'est pas un problème mais j'aimerais que mon petit fils sache se défendre correctement.

-Bien sûr, grand-mère.

-Je ne manquerai pas de vérifier que tu aies pris mon conseil au sérieux. » assure la vieille dame avec un léger sourire aux lèvres. « Bien, je vous laisse donc à vos occupations. Tâchez d'être présentables pour le souper. »

Mon ami hoche la tête d'un air sérieux et son aïeule ne s'attarde pas davantage. Nous la suivons des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans le manoir.

« C'est une tradition, chez vous, de balancer des petrificus totalus sur les gens ? » je demande d'un ton léger, faisant une référence involontaire à ma tentative de suicide.

« Ma grand-mère a une vision bien à elle de l'éducation. Au cas où, attends toi aussi à ce que ta vigilance soit testée.

-Si elle remarque que j'existe. » je fais, avec une pensée émue pour Alphonse, qui aurait réagi au quart de tour si on l'avait ignoré ainsi pendant presque toute une conversation.

« Elle ne sait juste pas vraiment comment se comporter avec toi, ne le prends pas mal.

-Je te taquine, t'inquiète. Elle peut faire comme si je n'existais pas, ça me va très bien. » Et si je n'existais pas, ça m'irait encore mieux, je complète, à part moi.

L'interruption prolongée de notre duel a finit par me rappeler qu'il faisait froid et que j'étais fatiguée, et ma transpiration a commencé insidieusement à se transformer en glace. Je suppose qu'Ewald s'en est aperçu aussi, car il propose d'en rester là pour aujourd'hui et de rentrer se réchauffer. Il récupère bien sûr ma baguette, à mon grand déplaisir, et me lance une série de sorts pour me réchauffer, me sécher, et me rendre à nouveau présentable. Avant ça, j'ai pris la peine de relancer mes glamours, par sécurité, après avoir prévenu Ewald bien sûr.

Le reste de la journée se passe tranquillement, j'avance la lecture d'un de mes romans dans ma chambre. Ewald reste dans les environs la plupart du temps, de fait il ne s'absente qu'une heure pour voir sa mère. Prudente, je ne saute pas directement sur l'occasion pour essayer de me tuer. Je me doute bien que mon ami ne m'a pas laissé sans surveillance, et il me faut un plan solide. Par contre, rien en m'empêche de réfléchir à ce que je vais pouvoir faire, et avec un peu de chance à trouver un moyen de me couper un peu. Ça m'éclaircira peut-être les idées, on sait jamais. Déjà, je fais l'inventaire rapide de ce que j'ai d'intéressant dans ma malle (tout en faisant semblant d'y faire du tri). J'ai deux lames de rasoir, un petit couteau pliant (peu aiguisé hélas), le pétrole pour mon bâton de feu et mon matériel de potions. C'est déjà ça. J'ai aussi tous les bouquins de la quête d'Ewilan, des mondes d'Ewilan et du pacte des marchombres, je les met de côté. Peut-être que je pourrais convaincre Ewald de les lire ? À part ça, je n'ai que mes vêtements et deux trois bricoles. À part m'en servir pour m'étrangler, je vois pas trop en quoi ils pourraient être utiles.

Je m'arrange pour glisser une de mes lames discrètement dans ma manche, et de là dans ma poche, agissant comme si j'étais observée. Ensuite, je réorganise mon bazar, faisant en sorte de dissimuler mes objets intéressants dans différentes parties de ma malle afin qu'on ne les trouve pas tous trop facilement. Je me dirige ensuite vers la salle de bain avec mes affaires de douche d'un air aussi innocent que possible. Un elfe de maison apparaît alors que je suis presque arrivée, et il s'incline profondément devant moi avant de me demander :

« Si la jeune lady daigne patienter quelques minutes, le jeune maître a demandé à ce qu'il soit là lorsque vous prenez une douche. Il devrait bientôt arriver. Jamy est désolé pour le dérangement.

-Je veux juste me doucher, je soupire.

-Jamy est désolé jeune lady, mais le jeune maître a donné des instructions claires. »

Je retourne dans ma chambre, résignée. L'elfe peut faire de la magie, pas moi. Je fais semblant de me replonger dans ma lecture en attendant Ewald, alors que je suis bien trop en colère pour avoir envie de lire.

Enfin, le serpentard arrive. Il remercie à haute voix Jamy avant de lui donner congé, puis se tourne vers moi avec un sourire désolé.

« Je sais que tu détestes ça, mais je ne peux pas prendre de risque.

-Sérieusement, Ewald, je veux juste me doucher en paix ! Tu vas contrôler le moindre de mes faits et gestes pour l'éternité ? Il va bien falloir que tu me fasses confiance un jour ! Mais je t'assure que me traiter comme ça ne va pas m'aider à me sentir mieux ! »

Ewald ne s'énerve pas, il reste juste ferme.

« Je te surveillerai tant que ce sera nécessaire, et je ne prendrai pas de risque inutile. Si tu dois me haïr pour ça, fais le. Ça ne change rien. Je refuse de te perdre. C'est tout. »

Je ne me donne pas la peine de répondre, assénant juste un coup brutal au mur à côté de moi. Ewald tressaille, fait un pas dans ma direction comme pour intervenir mais ne va pas plus loin, sans doute car je m'arrête là. À la place, je reprends mes affaires de douche et suit mon geôlier jusqu'à la salle de bain. Pendant le trajet, il effleure doucement mon esprit et j'ouvre notre lien à contrecœur, ne cherchant pas à lui dissimuler ma rage. Elle me sert aussi de bouclier pour cacher la légère culpabilité que je ressens à l'idée de la lame dans ma poche ainsi que la tension qui m'habite à l'idée qu'il puisse songer à me fouiller. Heureusement, il n'en fait rien, se contentant de répondre à ma colère, par le biais de notre lien, en partageant simplement ses sentiments. Il est sincèrement désolé de me traiter de cette façon, mais je sens sa résolution profonde de ne pas me laisser tomber. J'ai l'impression qu'il y a plus relié à ce sentiment, mais il ne le partage pas avec moi. Et il y a aussi, et c'est ça qui me touche vraiment, une peur sincère de me perdre, de me voir mourir. Et c'est cette peur qui tempère ma colère, même si elle ne la fait pas disparaître. C'est toujours plus difficile de haïr quelqu'un qu'on comprend, et je ne hais pas Ewald de toute façon. Je lui en veux juste, d'être attaché à moi au point de m'empêcher de mourir enfin. Je lui en veux de me surveiller, de m'enfermer. Mais dans le même temps je tiens à lui, je suis reconnaissante pour cette même affection que je déteste parce qu'elle me met des bâtons dans les roues.

Une fois enfin seule, à l'intérieur je me déshabille et récupère une de mes lames, toujours discrètement. J'essaye de garder mon humeur aussi stable que possible pour ne pas trahir ce que je vais faire. Ce n'est pas la peine d'essayer de me tuer. Ewald est prêt à intervenir. Mais je peux au moins me couper, en choisissant judicieusement où pour ne pas que le serpentard n'aperçoive de ce que j'ai fait. La première coupure est longue mais presque superficielle, sur mon torse. J'ai l'impression de pouvoir emplir pleinement mes poumons, de mieux respirer. Les coupures qui suivent me défoulent, et j'ai du mal à me maîtriser, à garder le contrôle. Je le fais uniquement parce que je sais qu'Ewald est là, attentif. D'ailleurs, c'est lui qui m'interrompt.

« Tout va bien, Vivian ? Tu ne fais plus de bruit.

-Ça va, ça va, j'avais juste quelques boutons à exploser, si tu veux tout savoir »

Je répond, laissant transparaître de l'agacement dans notre lien. Ensuite, j'allume l'eau, pour avoir la paix, et je me glisse sous la douche. L'eau chaude sur mes plaies les fait brûler, et je profite de la sensation, regrettant de ne pas vraiment avoir pu boire mon sang. Mais au moins, j'ai pu me couper, il faut rester positif. Une fois sortie, je ne me sèche qu'à moitié, craignant de laisser des traces de sang sur ma serviette. J'ai envie de me couper davantage, de m'attaquer à mes cuisses, mais c'est trop risqué pour le moment. À la place je dissimule à nouveau ma lame et je me rhabille. Heureusement que mon tee shirt est noir, je n'ai pas à craindre qu'Ewald voie quelque chose par transparence. Ensuite, je rejoins Ewald et nous descendons souper.

Cette fois-ci, sa grand-mère est là. Nous a elle évités juste parce qu'Alphonse était présent ? Pourtant, je suis née moldue, ce qui est encore pire que le statut de sang-mêlé du gryffondor, non ? Quoi qu'il en soit, le repas se passe sans incident, les femmes de la famille d'Ewald s'entretenant de magie naturelle et de projets pour le terrain, la grand-mère parlant aussi un peu de sa dernière séance au magenmagot. J'ai l'impression qu'elle souhaite qu'Ewald y soit particulièrement attentif, car c'est sur lui que son regard se focalise principalement pendant qu'elle parle. Mon ami a un visage sérieux, et l'écoute avec une attention soutenue. L'héritier des Carter. L'héritier des Slide. Je lui ai posé la question, d'ailleurs, et Slide est le nom qu'il a hérité de son père. Qu'il le veuille ou non, il est forcé de le porter, pour préserver les apparences. Mais je sais qu'il le déteste. En parallèle, il est aussi le seul héritier de la lignée des Carter, la famille de sa mère. Il m'a expliqué que sa grand-mère faisait son éducation politique, j'imagine que parler du magenmagot en fait partie.

Je me couche avec un livre, et Ewald accepte de jeter un coup d'oeil à la quête d'Ewilan. Il s'installe dans la chaise d'où Alphonse me surveillait ce matin, et commence à lire. Je lui lance des regards en coin de temps en temps, amusée de le voir captivé par ce qu'il lit. Je n'étais pas sûre qu'il accrocherait. J'espère qu'il gardera la série, après ma mort. Finalement, il l'heure de dormir approche, et avant de me laisser Ewald s'assied au bord de mon lit (ça commence à devenir une habitude).

« Je vais te laisser, mais Fredy veillera sur toi cette nuit. Il sera invisible, mais il sera près de l'entrée de ta chambre, il a pour ordre de ne pas s'approcher de toi si ce n'est pas absolument nécessaire ou que tu le lui demandes. Si tu préfères qu'il soit visible dis le lui. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à lui dire de me réveiller, d'accord ?

-Ouais, okay » je fais sur un ton peu motivé. Je trouve un poil moins dérangeante la présence de l'elfe de maison que de celle d'Alphonse. J'imagine que c'est parce que c'est un humain qui m'a violé. Pour autant, elle me met toujours en colère, mais j'ai bien compris que cette situation perdurera tant que je n'aurai pas réussi à enfin me tuer. La voix d'Ewald, sérieuse, me tire de mes rumination colériques.

« Même si tu penses que c'est ridicule, même si tu crois que ce n'est pas important. Ça ne me dérange pas. Je suis sérieux, Vivian. »

Je ne me donne pas la peine de répondre, me contentant d'un simple « Bonne nuit. ». Une part de moi aurait aimé qu'il me tienne à nouveau la main. Il s'en va en éteignant la lumière d'un sort.

Je dors mal. Je mets tellement longtemps à m'endormir. Heureusement, mes coupures sont là, et je les malaxe à travers le tissu de mon haut, pour les réactiver, qu'elles me brûlent à nouveau. C'est étrange, au passage, d'avoir à nouveau une poitrine qui pousse, de sentir ces petites boules sous ma peau qui, si je vivais encore un peu se mueraient en seins. Je m'en passerais bien. J'ai toujours le souvenir des mains de mon frère qui me les ont malaxés, ce soir là. Je me hais. J'ai envie de vomir.

J'ai envie de mourir.
Comme toujours.

Je finis par m'endormir. Mon sommeil est agité, mes rêves confus. Au bout d'un moment, je me réveille en pleurs, à cause d'un énième cauchemar. Je voyais Quentin, mais il ne me reconnaissait pas. Enfin, je savais qu'il savait qui j'étais, mais il me traitait de menteuse, il disait que son amie n'était pas une gamine de onze ans, et que j'avais bien raison de vouloir mourir. Et puis Ewald arrivait, et il menaçait Quentin, je ne sais pas pourquoi, et je devais combattre Ewald pour protéger Quentin qui de toute façon se moquait bien de moi. Et je savais que j'allais devoir tuer le serpentard, et je ne voulais pas, mais j'avais cette fermeté en moi qui me disait que je savais que je ferais ce que je devais. Et que je me tuerais ensuite. Puis le rêve avait muté, et j'étais sous un inconnu qui me disait tout le temps « Si tu ne veux pas j'arrête, hein ? » mais je ne savais rien dire, et je subissais.

Ma respiration s'emballe, et je ne cherche même pas à lutter. Je mets juste ma tête sous mon oreiller pour pleurer et suffoquer, en espérant que l'elfe de maison me foute la paix. Discrètement, je serre ma gorge de mes mains, plantant mes ongles dans ma chair, essayant de me calmer. Je hais ces visions. Une de mes mains passe sous mon tee shirt, griffant mes coupures, tout pour me calmer.

« Vivian ? »

Je sursaute et m'immobilise une fraction de seconde. Ewald.

« Fous… moi… la… paix » je halète.

Il s'assoit déjà au bord de mon lit et j'enlève mes mains de ma gorge et de mes coupures avant qu'il ne voie ce que je fais. Il n'a pas allumé la lumière, et je ne veux pas lui donner de prétexte pour ça. Je lui tourne le dos. Il pose une main légère sur mon épaule.

« Ça va aller, Vivian, Aurore. Je suis là. Je suis là. »

Il reste avec moi jusqu'à ce que ma crise se calme, il me prend dans ses bras, à nouveau, doucement mais fermement, et son contact m'apaise et me donne envie de fuir tout à la fois. C'est un peu comme d'avoir de la fièvre et basculer sans cesse entre chaud et froid. Je ne sais pas ce que je ressens. Son odeur est différente de celle d'Arthur ou de Quentin (il sentait souvent la transpiration, mais aussi la lessive de chez lui, et je ne l'ai jamais vraiment oublié), mais elle est rassurante, elle aussi. Il sent le propre, mais pas comme les moldus et leur lessive. C'est particulier. Je dois avoir un problème pour me perdre dans ce genre de réflexions lorsque je fais des câlins aux gens. Ou peut-être est-ce que c'est une façon de me distancier de ce qu'il se passe ? Je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, il reste avec moi. Lorsque je commence à me sentir prête à réessayer de dormir, il me demande si je veux qu'il me laisse. Je secoue la tête, serrant sa main plus fort dans la mienne. Je n'arrive pas à parler. Je n'ai pas envie d'admettre à voix haute, une fois de plus, que j'ai besoin de sa présence. Il reste assis près de moi, et je pose ma tête sur ses genoux, à moitié endormie. Je ne lâche pas sa main. Il utilise celle qui est libre pour me caresser la tête, et même si c'est un peu étrange, c'est agréable. J'ai peur que ses mains ne s'égarent, mais pas autant qu'avec Alphonse je crois. Et ses mains ne s'égarent pas. Sa main dans mes cheveux se contente de continuer à faire ses mouvements apaisants, et l'autre reste au chaud dans la mienne.

Le lendemain matin, je me réveille tôt. Après l'intervention d'Ewald j'ai mieux dormi, mais je suis quand même crevée. Comme d'habitude. Le serpentard est toujours là, assis contre le mur de mon lit, et je me demande si il a dormi. Peut-être pas. C'est ma faute. Je réalise aussi qu'il est en pyjama et c'est la première fois que je le vois comme ça. Bon, son pyjama est si bien taillé qu'il pourrait passer pour un survêtement de luxe, mais bon. Il est bleu foncé, avec des flocons de neige sur le haut qui tombent doucement. La magie fait des trucs cool. Mon ami remarque que je l'observe et rougit presque imperceptiblement en réalisant que je regarde son pyjama.

« Bonjour Vivian. Puisque tu es réveillée, je vais enfiler une tenue plus convenable, d'accord ?

-Je ne vois pas de problème avec ton pyjama, mais comme tu veux. Tu ne traînes jamais avec ?

-Non, ce ne serait pas correct. »

Je soupire. Les sang-pur. Ma réaction lui passe par-dessus la tête et il me laisse enfin seule. J'utilise l'intimité des draps pour me changer, connaissant Ewald je suis sans doute toujours surveillée et je ne tiens pas à ce qu'il apprenne ce que j'ai sur le torse.3

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La mère d'Ewald partage le petit-déjeuner avec nous, et c'est elle qui propose :

« Nous sommes la veille de Noël, pourquoi n'iriez vous pas faire un tour sur le chemin de traverse aujourd'hui ? Si Vivian ne les a jamais vues, elle ne doit pas manquer les animations de Noël !

-Et je n'ai acheté aucun cadeau ! » je réalise, un peu paniquée, mais dans le même temps reconnaissante de l'opportunité que la mère d'Ewald me donne. Cette excursion pourrait être une bonne occasion de me faire la malle.

« C'est une bonne idée, maman. J'imagine que ça te tente, Vivian ?

-Oui. » je répond sincèrement, avec un sourire. « Je suis curieuse de voir comment les sorciers décorent leurs rues pour Noël.

-Très bien, sourit Ewald. Viendras tu avec nous ? » demande il à sa mère

Elle sourit faiblement avant de décliner.

« Il y a trop d'agitation pour moi, ça me fera du bien de me reposer un peu. Demain sera animé, nous sommes invités au manoir Clifford pour le repas du soir. Ils voulaient s'assurer de nous nourrir et de faire un peu connaissance avant que nous n'emportions leur cadet.

-Leur cadet ? » Je relève, confuse. Et puis, c'est quoi ce plan ? Aller manger avec les Clifford ?

« Oui, Arthur a un grand frère, tu ne le savais pas ? » demande Ewald

-Non.

-C'est vrai qu'il en parle rarement, il est beaucoup plus âgé que lui. Par contre, un dîner chez les Clifford, maman ? Ça ira ?

-Evelyn m'a assurée qu'ils seraient en commité réduit et qu'elle ne prendrait pas ombrage si nous ne nous attardions pas trop. Il est grand temps que je rencontre la famille de ton meilleur ami, non ? »

Ewald se contente de hocher la tête en souriant, mais je sens qu'il est inquiet. Pourquoi ? Il n'insiste pas davantage, en tout cas, et propose plutôt qu'on se retrouve une demi-heure après le petit déjeuner pour nous rendre sur le chemin de traverse. Je comprend qu'il veut être seul avec sa mère et je les laisse tranquilles. Je trouve refuge dans la bibliothèque après avoir préparé mes affaires. Je n'ai pas grand-chose à prendre. Ma lame, mon argent, et une tenue à peu près chaude. Je prends une cape de sorcière, mais je garde mon pantalon de jogging et mon sweat dessous. J'espère que mon accoutrement moldu ne fera pas trop tâche. Pas que je me soucie du regard des gens, mais je n'ai pas spécialement envie d'attirer l'attention.

Le serpentard est déjà en bas lorsque je descends, installé au salon avec sa mère. Il sourit à mon arrivée, et promet à sa mère que nous serons de retour pour le repas du soir. Elle insiste pour me donner de l'argent de poche, un gallion, en dépit de mes protestations. En temps normal, je n'aurais sans doute pas discuté, mais j'ai juste l'intention de me servir de cette sortie pour fausser compagnie à Ewald, donc ça me paraît un peu malhonnête. Mais après tout, cet argent me servira peut-être dans ma fuite. Nous prenons la cheminette pour nous rendre sur le chemin de traverse, moi en premier puis Ewald. Il passe si vite derrière moi que j'ai à peine le temps de m'écarter du passage. Toujours vigilant, hein ?

Nous sortons du hub de cheminette et mettons enfin les pieds sur le chemin de traverse. Je m'arrête au milieu du passage, le spectacle qui s'offre à moi étant suffisamment beau pour me tirer quelques instant de ma torpeur. Une neige magique tombe du ciel, s'évanouissant en étincelles de paillettes lorsqu'elle atteint le sol. Des feux follets colorés font office de lanternes, se déplaçant paisiblement dans les airs, quelques mètres au-dessus de la tête des passants, brillant même si il fait jour. Les sorciers qui déambulent autour de nous ont mis des habits de fête, rouges et verts et argentés ou dorés. Beaucoup sont animés de motifs magique. Une musique guillerette se fait entendre un peu partout, et je vois des enfants tirer des petits feux d'artifices, par ci par là, qui explosent en dessins de lumière.

« Ça te plaît ? Demande Ewald

-Beaucoup, je souris. Même si il y a trop de monde à mon goût.

-Je suis assez d'accord, sourit mon ami en retour. Tu veux commencer par faire les boutiques, ou par une tasse de chocolat chaud ? Je connais un petit salon de thé sympathique.

-Le chocolat chaud, je crois. Ça ira bien avec le spectacle.

-En avant alors. » fait Ewald, avec un nouveau sourire.

C'est encore une nouvelle part de lui au contrôle. J'ai découvert au manoir un Ewald moins strict, proche de sa famille, plus doux, et maintenant je découvre un peu de l'enfant qu'il a dû être, sous les lumières de Noël. Oh, bien sûr sa tenue reste niquel, et ses sourires ne durent pas, mais son visage est tout de même empreint de la bonne humeur ambiante, à défaut d'être aussi détendu que chez lui.

Impulsivement je lui prends la main.

« Comme ça, je ne te perdrai pas dans la foule ! » je plaisante.

Il se contente de sourire à nouveau, l'air de ne pas croire à mon excuse, mais il ne me lâche pas. Nous zigzaguons dans la foule, la stature plus impressionnante du serpentard nous libérant un chemin, et finalement c'est assez utile qu'on se tienne la main. Je me dis que de loin on pourrait croire qu'il est mon grand-frère, avec nos cheveux noirs et son attitude protectrice. Presque immédiatement, la pensée qui était à la fois presque touchante et amusante me donne la nausée. Mon grand-frère. Jérémy. Maintenant, je ne peux pas m'empêcher de penser à lui, et ma main libre presse nerveusement sur mon torse, espérant réveiller mes brûlures. Ça ne me soulage pas assez, mais je n'ose pas forcer plus, de peur que mon accompagnateur ne remarque quelque chose. Alors, je me concentre sur les flocons, les feux follets, et j'essaye d'oublier mon chaos intérieur.

J'observe les alentours. Nous avons quitté l'endroit le plus fréquenté, et il est à nouveau possible de marcher de front sans heurter quelqu'un. C'est aux alentours de ce moment là que j'entends quelqu'un m'interpeller :

« Vivian ?! »

Je me retourne dans la direction de la voix. Près de la terrasse d'un café se trouve Scorpius, accompagné de Daphné Greengrass et d'un homme grand, aux cheveux d'un blond presque blanc attachés en queue de cheval. Ses parents. Donc Draco Malfoy ? Le groupe se dirige vers nous et je lâche discrètement la main d'Ewald. Mes soupçons ne tardent pas à être confirmés lorsque ce dernier salue poliment le groupe.

« Professeur Greengrass, Scorpius. Lord Malfoy. » finit-il avec une once de déférence, inclinant légèrement le torse.

« Lord Slide. » prononce Draco d'une voix neutre.

« Père, je te présente mon amie Vivian, Vivian, voici mon père, Draco Malfoy. » nous présente Scorpius en souriant tandis que sa mère nous salue, Ewald et moi.

« Ainsi, vous êtes la fameuse Vivian. Scorpius m'a parlé de vous. Je suis content de savoir qu'il fréquente des personnes plus assidues que les jumeaux Potter. J'ai cru comprendre que vous lui étiez d'une grande aide lorsqu'il s'agissait de travailler en classe. »

Prise au dépourvu, je dois rougir un peu, et pas seulement à cause du froid.

« Ah, euh, c'est un honneur, Lord Malfoy. Scorpius est un très bon élève, il m'aide aussi beaucoup ! »

Au sourire de Scorpius, c'est la bonne réponse. Son père me tend la main et je la serre, essayant d'occulter le ridicule de la situation. Sa main fait bien trois fois la mienne.

« Vous pouvez m'appeler Draco. Vous n'êtes ni une lady, ni une Potter, donc ça ira.

-Père ! » proteste Scorpius.

Daphné a l'air amusé, mais intervient rapidement :

« En parlant de Potter, nous avons les deux monstres à retrouver. Permettez nous de prendre congé, Ewald, Vivian.

-Certainement, répond Ewald, toujours dans sa posture rigide d'héritier sang-pur. Je vous souhaite de joyeuses fêtes.

-Joyeux Noël à vous ! Répondent les parents de Scorpius

-Joyeux Noël ! » me crie Scorpius, et je lui renvoie la pareille.

Le petit groupe nous quitte la dessus et je continue à marcher côte à côte avec Ewald, repensant à la scène un peu surréaliste qui vient de se dérouler.

Le salon de thé dont a parlé Ewald n'est plus très loin, et nous le rejoignons en silence . Mon ami me tient la porte pour me laisser entrer devant. De l'extérieur c'est un joli petit bâtiment à deux étages, doté d'une enseigne « La bulle-Salon de thé ». Le nom de l'enseigne est vraiment en français. Les anglais et leur manie de trouver ma langue d'origine classe... À l'intérieur, par contre… Je suis accueillie par de des flocons de neige, qui tourbillonnent doucement vers le haut, vers le bas dans un ballet apaisant. Ils sont intangibles, et n'empêchent pas de regarder autour de nous. Tout, du sol au plafond est constitué de vieux bois sombre. Les tables pour la consommation sont organisés en petits îlots de tables basses couvertes de napperons blancs. Mais le plus marquant, c'est que ces îlots sont entourés par ce qui ressemble à des bulles de savon géantes. Un serveur, vêtu d'un bel uniforme noir et blanc nous dirige à une table et nous laisse un menu avant de s'éloigner discrètement, promettant de revenir prendre notre commande rapidement.

Dès que nous sommes attablés, je reviens à mon sujet de préoccupation initial et je demande à Ewald :

« Est-ce que Draco Malfoy vient sérieusement de me proposer de le tutoyer ? »

Le menu peut attendre, mais pas le surréalisme de la situation précédente .

« Je crois bien, oui, répond mon compagnon, amusé. J'ai l'impression qu'il t'aime bien.

-Mais pourquoi ? Je le connais même pas ! Et il est pas censé mépriser les nés moldus ?

-Je ne l'ai fréquenté que lors de dîners officiels, mais je crois qu'il a beaucoup évolué sur ses positions depuis les événements décrits dans les livres Harry Potter.

-Je vois… je soupire. En tout cas je m'y attendais pas…

-Moi non plus, pour être honnête. Scorpius a dû dire pas mal de bien de toi. Ou bien c'est une manœuvre politique. Mis à part ça, le salon de thé est à ton goût ?

-Oh euh, oui ! » je réponds, revenant à la réalité de mon environnement. « J'aime beaucoup. C'est poétique, d'une certaine façon.

-Je viens ici à chaque fois que je passe sur le chemin de traverse ou presque, sourit Ewald. D'habitude, c'est de la pluie à la place des flocons de neige qu'on voit dans l'air, mais ils se sont mis au goût du jour. Les bulles isolent de l'extérieur, personne ne peut entendre ce que l'on dit à l'intérieur et vice versa, ça participe à la popularité du lieu. Enfin, tu devrais choisir ta boisson, le serveur ne devrait pas trop tarder à revenir. »

Je hoche la tête et suis le conseil de mon compagnon. J'arrête mon choix sur un chocolat chaud à la crème de Suri, qui est apparemment une sorte de rongeur magique. Le serveur revient effectivement peu de temps après prendre notre commande, et Ewald lui demande de nous apporter en plus de nos boissons deux parts de Cristal Cake. Devant ma mine intriguée il m'explique, une fois le serveur reparti, qu'il s'agit d'un dessert sorcier traditionnel de Noël, une sorte de cake avec des fruits confits semblables à des joyaux. Nous n'avons pas le temps de vraiment discuter avant que le serveur ne revienne, j'imagine que la magie aide à cuisiner plus vite.

Tout est savoureux. Le chocolat est doux et épicé à la fois, et même si c'est absurde de dire ça d'un liquide il est… Fondant. Du chocolat, comme celui du meilleur chocolatier que j'aurais pu imaginer, mais avec des notes indéfinissables qui lui donne une saveur unique, et qui coule dans ma gorge sans effort. Et le cake ! Le cake… Il est magnifique, déjà, du sucre glace faisant comme de la neige étincelante, et les fruits confits transparents et colorés. Il est aussi divinement moelleux et à chaque fois que je croque dans un fruit c'est comme une explosion de saveurs miniature dans ma bouche. Ewald a un petit rictus amusé, probablement parce que je dois faire une tête bizarre. Mon impression est confirmée quelques instants plus tard lorsqu'il me dit :

« J'imagine que la nourriture est à ton goût ?

-Je crois que c'est le meilleur chocolat chaud que j'aie jamais bu. Toutes vies confondues. »

Ewald ne sourit pas vraiment à l'allusion à mon ancienne vie, néanmoins le silence qui nous entoure quelques temps est confortable. Je bois lentement mon chocolat chaud, je le savoure, lorsqu'une pensée, une interrogation traverse mon esprit.

« Ewald ?

-Mmh ? » fait-il en relevant la tête, attendant patiemment que je poursuive.

« Comment ça se fait que ta mère n'aie jamais rencontré Arthur ? »

Mon interlocuteur semble peser le pour et le contre, et je me demande si il va me répondre. Finalement, il se décide à parler.

« Je veux bien t'expliquer, mais plutôt ce soir si tu n'y vois pas d'inconvénient. Même si les bulles sont censées garantir notre intimité, je serai plus à l'aise au manoir.

-Pas de problème. » je réponds, un peu déçue.

Néanmoins, j'ai confiance. Il me répondra, il n'esquive pas mes questions frontales. Après bon, si j'ai de la chance je serai morte avant ce soir. Il faut juste que je trouve la bonne opportunité… Le silence entre nous se prolonge à nouveau. Je suis plongée dans mes pensées de mort et Ewald ne semble pas ressentir le besoin de relancer la conversation. Une fois nos consommations finies, il me demande si j'ai une idée de quelles boutiques j'ai besoin de visiter pour mes achats.

« Je n'ai pas vraiment pris le temps d'y réfléchir… Je ne sais même pas quels cadeaux de Noël je vais bien pouvoir acheter ! Mais dans tous les cas je veux aller dans des librairies.

-Surprenant. » lâche sarcastiquement Ewald.

« Tu as de l'argent sur toi, ou il faut que nous passions à Gringotts ?

-J'ai ce qu'il me faut. » je réponds.

« Tant mieux. Après, si jamais tu as besoin d'un peu de monnaie à un moment dis le moi. Si je juge que ton achat ne te met pas en danger, je pourrai utiliser une partie de la fortune familiale pour t'aider. Ça fera les pieds à mes ancêtres.

-Tssss... » je fais, amusée.

Nous commençons notre tournée shopping par une boutique de potions, Ewald ayant besoin de quelques ingrédients. La boutique vend, en plus du nécessaire à brasser, différentes potions et lotions fabriquées sur place. Je me promène dans les allées, un peu curieuse. Il est bien sûr exclu d'acheter un produit dangereux, Ewald m'en empêcherait, et je ne peux pas en voler. Je suis trop peu renseignée sur les antivols sorciers. Par contre, ça me donne une idée de ce qu'on vend ici. Je vois différentes potions de soin, du shampoing, et même du colorant pour cheveux. Il y a plein de couleurs différentes, et les flacons indiquent différentes durées pour les colorations. Mon regard est attiré par un flacon qui promet des mèches arc-en-ciel, un autre qui assure que les cheveux changeront de couleur en fonction de notre humeur et enfin un dernier supposé apporter un effet « ciel étoilé » à notre chevelure. J'ai un peu envie de les tester. Mais je ne vivrai sans doute pas assez longtemps pour. Après, ce serait une bonne façon de faire croire à Ewald que l'idée de vivre fait son chemin dans ma tête. Il se rapproche d'ailleurs, et hausse un sourcil amusé en voyant ce qui a attiré mon attention.

« Tu veux te déguiser en arc-en-ciel ?

-Je ne sais pas, je me demandais surtout ce que ça donnait.

-Pour avoir vu certaines personnes en faire l'expérience, je peux te garantir que le résultat est au rendez-vous. Par contre il faut être sûr de soi, parce que les couleurs sont vraiment flashy.

-Je vois. » je fais, en souriant.

« Je vais en prendre une bouteille pour Scorpius et ses amis alors. Je suis certaine qu'ils sauront l'employer à bon escient.

-Lord Malfoy serait choqué de savoir que tu fournis son fils en ingrédients à semer le chaos. En parlant de ça, tu voudrais visiter la boutique de farce et attrape des Weasley ?

-Oui ! Ce serait super ! » je répond avec entrain, honnêtement curieuse de découvrir la boutique tant vantée dans les livres. En plus je trouverai sans doute quelque chose de sympa pour Alphonse là dedans. Quitte à mourir, autant faire de bons cadeaux à mes amis. Je repose la lotion qui met des étoiles dans les cheveux sur l'étagère avec une pointe de regret. Je pense qu'elle m'aurait plu, mais ce n'est pas la peine d'utiliser de l'argent pour ça. Je paye rapidement mes achats, suivie d'Ewald qui a choisi une quantité raisonnable d'ingrédients pour potion et quelques produits divers. Je me désintéresse de son dialogue avec le marchand, jusqu'à ce qu'il me dise que nos achats seront expédiés directement au manoir pour que nous n'aillons pas besoin de les transporter avec nous.

Nous nous arrêtons brièvement sur le chemin de la boutique des Weasley pour passer dans un petit magasin de jeux de société où Ewald achète un cadeau pour Arthur. Étant donné qu'il prend déjà un jeu pour le Poufsouffle, et que je n'en connais aucun, je ne prends pas la peine de trop me renseigner. Je trouverai quelque chose d'autre plus tard, et la boutique est trop peuplée pour que j'aie envie de m'y attarder. Au moins, la foule a cela de positif qu'elle m'aidera sans doute à fausser compagnie à mon escorte si je réussis à échapper à son regard.

La boutique des Weasley est pleine à craquer, elle aussi, et Ewald reste près de moi. Je ne sais pas où donner de la tête tant tout autour de moi explose en gerbes colorées, étincelle, émet des bruits de carillon, de trompette, et que sais-je encore. La moitié du rez-de-chaussée est consacrée à des produits « de saison ». Des crackers qui explosent au visage de celui qui les ouvre, des boules de neiges piégées, des friandises fuyantes… Il y a trop de monde et trop de bruit, et je me réfugie avec mon compagnon au deuxième étage, qui ressemble davantage à un musée de farces et attrapes qu'à un magasin. Il y a là les plus grand succès de Weasley et Weasley, ceux qui ont fait leur succès, et un petit coin « rétrospective » qui raconte comment la boutique a été fondée. Il y a aussi tout une sélection de feux d'artifice animés, et je prends une boîte « surprise » dans l'idée de l'offrir à Alphonse. Ensuite nous fuyons sans regret la boutique et la foule. Nous sommes déjà en milieu d'après-midi, et il faut encore que je trouve un cadeau pour Arthur. Et surtout, un moyen de fausser compagnie à Ewald.

Je pense lui offrir des livres de Pierre Botterot pour Noël, ça le changera de ses lectures sorcières, et je me demande si les librairies ici accepteraient de commander des livres moldus. Le meilleur moyen de savoir, c'est de poser la question j'imagine. Du coup, je demande à Ewald si il connaît une bonne librairie où je pourrais me commander de la lecture, et nous empruntons une petite allée parallèle pour rejoindre une boutique de taille moyenne. Il y a moins de monde que dans les enseignes populaires de la rue principale, mais on ne peut pas dire pour autant que la librairie soit tranquille. Sans pouvoir m'en empêcher, je commence à vagabonder dans les allées. Le rez-de-chaussée comporte une partie « papeterie » et je ne peux pas résister à l'attrait des carnets. Car il y a des carnets, semblables à ceux que je connais dans le monde moldu, à côté des plumes et rouleaux de parchemins habituels. Un vendeur, ayant remarqué mon intérêt, se rapproche de moi.

« Bonjour mademoiselle. Vous avez l'œil ! Ces livrets remplaceront avantageusement un grimoire, le design est inspiré du monde moldu, avec quelques améliorations bien sûr ! »

Ewald m'abandonne lâchement pour se rapprocher de la section livres éducatifs un peu plus loin dès que le vendeur commence son boniment. Je ne me fais toutefois pas d'illusions, il doit me garder à l'œil. Le temps que je me fasse ces réflexions, mon interlocuteur a déjà sorti un carnet des rayonnages pour me le montrer. Je ne peux m'empêcher d'arborer un air légèrement surpris.

« Aha ! Vous êtes une née moldue, j'imagine. Et oui, nous avons décidé d'agrémenter les couvertures de nos ouvrages avec des décorations magiques ! Celle-ci est pour Noël, mais nous avons un large choix d'images animées, et nous pouvons même en créer sur commande ! »

La couverture du carnet et gris sombre, et des flocons argentés valsent doucement dessus. C'est beau.

« Et ce n'est pas tout, continue le vendeur. Les livrets sont enchantés pour que les pages que vous arrachez soient remplacées par de nouvelles ! Qu'en dites-vous ?

-J'aime beaucoup. » j'admets, contente de pouvoir enfin en placer une. « Est-ce que vous en auriez un avec un motif de ciel étoilé ?

-Certainement, certainement ! »

Le vendeur empressé lance un accio et me tend un nouveau carnet. Les étoiles palpitent doucement sur un fond noir d'encre, et occasionnellement une étoile filante apparaît brièvement, traversant la couverture du livre.

« Celui-ci vous plaît-il ?

-Oui, je pense que je vais vous le prendre. » Après une seconde de réflexion, je demande : « Et que recommanderiez-vous pour un Poufsouffle de septième année ?

-Quel genre de choses aime-il ?

-Et bien… Il veut devenir médicomage, il aime les jeux de société comme le dominaris, je ne sais pas si vous connaissez, et…

-N'en dites pas plus ! Je sais exactement ce qu'il vous faut ! »

À nouveau, l'homme agite sa baguette et plusieurs carnets sortent de leur emplacement.

« Voici différentes illustrations animées de cartes de Dominaris. Je vous laisse regarder laquelle correspondra le mieux à votre ami !

-Merci beaucoup. »

Le vendeur s'incline en souriant, et je me souviens du cadeau que je veux faire à Ewald. Je lui demande donc si il serait possible de commander des livres moldus, et il m'invite à le rejoindre à l'étage pour préparer un bon de commande dès que j'aurai choisi mon carnet. Pendant que je fais mon choix, il va aider une autre personne à quelques pas de là. Je finis par me décider pour la seule illustration que je reconnais, d'une carte que j'ai déjà vu un des garçons jouer. Je me demande si un carnet comme ça plairait à Ewald. En parlant de lui, je le cherche du regard. Ça fait quelques temps que je ne l'ai pas vu. Il est à environ cinq mètres de moi, plongé dans un bouquin. Sentant peut-être que je l'observe, il relève la tête. Quand il croise mon regard il pose son livre et me rejoint.

« Tu trouve ton bonheur ?

-Oui... Regarde, tu penses que ça plaira à Arthur ?

-Un carnet avec l'infirmière Lancedragon ? Certainement ! Je ne sais pas ce qu'il écrira dedans, mais juste avec la couverture il sera content.

-Tant mieux. » je souris. « Il faut encore que je règle un truc avec le vendeur, mais interdiction d'écouter, c'est pour ton cadeau !

-Tu n'es pas obligée de m'offrir quoi que ce soit, tu sais ?

-Je sais. » je réponds, et je lui tire la langue puérilement avant de rejoindre le vendeur. Celui-ci me fait signe de le suivre, et nous traversons le magasin pour monter à l'étage. Au moment de poser le pied sur la première marche de l'escalier, Ewald effleure mon esprit.

« Si il y a quoi que ce soit tu me préviens, d'accord ?

-T'inquiète... » je réponds, sur le même mode. « Ça ne devrait pas prendre plus d'une dizaine de minutes, j'espère. » J'ajoute, pour le tranquilliser.

De fait, c'est réglé en deux minutes, et je demande à me faire livrer à l'adresse du manoir. Le vendeur propose aussi d'y expédier mes carnets tout neufs, et j'accepte volontiers. Tous mes achats m'ont pris une bonne partie de ma fortune. Néanmoins, il me reste encore un gallion en poche, et je demande au vendeur :

« J'ai un dernier service à vous demander, c'est un peu particulier…

-Je vous écoute.

-J'aimerais aller acheter rapidement un cadeau pour mon ami en bas, de l'autre côté de la rue. Mais je veux que ça soit une surprise. Est-ce qu'il y a une autre sortie que je pourrais utiliser ? Et est-ce que vous pourriez me couvrir le temps que je fasse mon achat ? Ça ne sera pas long. »

Le vendeur se gratte la tête, l'air embarrassé.

« C'est à dire qu'il y a bien une sortie, mais elle est réservée aux employés. Et j'ai beaucoup de travail. Vous ne pouvez pas demander à quelqu'un d'autre d'aller effectuer cet achat pour vous ? »

Vite, Vivian. Improvise.

« Ç'aurait été avec plaisir, mais je sais exactement ce que je veux. Est-ce que ceci vous paraît un salaire suffisant pour dix minutes de travail ? »

Je fais en sortant le gallion donné par la mère d'Ewald de ma poche. Je suis assez mal à l'aise, honnêtement, c'est la première fois que j'essaye de corrompre quelqu'un. Les yeux du vendeur s'arrondissent un peu. C'est peut-être trop ? Mais je n'ai pas le temps de réfléchir, Ewald peut monter voir ce que je fais d'un instant à l'autre.

« Euh, et bien, je suppose que oui... »

Je vois distinctement le moment dans son regard où l'avarice prend le pas sur son réflexe naturel d'empêcher une gamine de se faire arnaquer.

« Suivez-moi mademoiselle. »

L'homme m'amène dans une petite réserve à l'étage supérieur dotée d'un escalier qui mène à un couloir de service. Je lui donne sa pièce, en lui recommandant de raconter à Ewald qu'il m'a ouvert des toilettes ou un truc comme ça. Ensuite, il m'indique une porte et une seconde plus tard je suis dans la rue.

Je ne perds qu'une ou deux secondes à m'orienter. Heureusement, j'ai fait attention au chemin que nous avons pris pour venir et je sais où trouver la sortie du chemin de traverse. Mon plan est simple. Quitter le monde sorcier, prendre le premier bus ou métro que je trouverai pour qu'Ewald ne puisse pas me suivre (il n'a pas encore son permis de transplanage), puis quand j'aurai atteint un endroit tranquille, je pourrai enfin me tuer. Autant que possible, j'aimerais éviter de le faire en public (par pudeur, pas seulement pour être sûre qu'on ne m'arrêtera pas). Mais si je n'ai pas le choix, je n'hésiterai pas.

Dès que je me suis orientée, je me mets à courir en direction de la sortie. J'essaye de ne pas trop bousculer de gens, mais ma précipitation l'emporte sur les considérations prudentes. Personne ne trouve suspect un enfant qui court. J'arrive au bar qui marque la frontière entre les mondes, un peu essoufflée. Je n'ai couru que quelques minutes, mais j'ai couru vite. Le barman me jette un regard teinté de suspicion, mais ne me demande rien. Et enfin, je sors. Camden Town s'offre à moi, mais je garde ma priorité en tête. Je suis déjà passée quelques fois par ici, dans mon enfance, pour me glisser dans le monde sorcier. Je pense savoir où trouver un arrêt de bus.

Mes souvenirs sont un peu imprécis, mais j'émerge enfin du labyrinthe de ruelles à moitié souterraines qu'est Camden Town pour rejoindre une avenue plus grande. J'espère que le bus ne tardera pas. Je suis nerveuse, je regarde autour de moi souvent, heureusement il y a trop de monde autour pour que quelqu'un ne fasse attention à moi. Impatiente, je demande à une vieille dame dans combien de temps passera le prochain bus. Elle me répond d'un air pincé qu'il a déjà cinq minutes de retard. Je la remercie poliment. Ici, comme sur le chemin de traverse, les gens se préparent à fêter Noël. Beaucoup de bras sont encombrés d'achats de dernière minute. Tout ce mouvement me stresse encore. Je me coupe discrètement pour passer le temps. Aussi profondément que je peux et que je l'ose, verticalement, aux avant bras. Je ne peux pas me permettre de me trancher un tendon pour autant. J'ai besoin d'avoir les bras en état de marche pour m'ouvrir la gorge. Ewald sait sans doute que j'ai disparu, à présent. Je doute fort que le vendeur ne m'aie fait gagner beaucoup plus que quelques minutes. En même temps, j'ai été assez rapide, et comment me retrouvera-t'il dans cette foule ? Je ne sais pas. Mais je me souviens qu'il m'a trouvée plusieurs fois, ainsi qu'Arthur, alors qu'il n'aurait pas dû. Et je ne sais toujours pas comment il a fait. Alors, je continue à scruter la foule anxieusement.

J'ai eu raison de me méfier, car je vois apparaître peu de temps après un garçon qui ressemble à Ewald. Il entame la traversée d'une passerelle qui mène à mon côté de la rue depuis Camden Town. Je l'ai moi-même empruntée pour venir ici. Le garçon fait pas que ressembler à Ewald. C'est lui. Il semble savoir où il va. À ce moment là, un certain calme tombe sur moi.

« Arrête toi ! » je lui crie, mentalement.

Je ne voulais pas faire ça. Je ne voulais pas mourir en public, et encore moins devant lui alors que je sais qu'il va en souffrir. Il s'immobilise. Comme alerté par un sens mystérieux, il se tourne vers moi. Il doit encore être à une cinquantaine de mètres de moi, il n'a pas fini de traverser la passerelle. Son esprit touche le mien, cherchant le contact. Je le bloque. Il faut que j'agisse avant qu'il m'en empêche, et il n'est plus temps de discuter. Il ne peut pas se permettre de jeter un sort alors qu'on est au milieu des moldus. Et même si il le faisait, il ne pourrait pas me toucher facilement. J'observe frénétiquement le trafic devant moi. Les voitures roulent assez vite ici. Je repère un camion en approche. Il va passer du bon côté. Je jette un coup d'œil rapide à Ewald. Il s'est immobilisé et me fixe du regard. Pour plus de sûreté, je me glisse derrière un homme assez grand, me préparant à sprinter. Il faut que j'aie le bon timing.

À ce moment là, une douleur fulgurante transperce mon crâne et je laisse échapper un gémissement, bien malgré moi.

« Si tu fais ce à quoi tu penses, je saute. » la voix télépathique d'Ewald résonne dans mon esprit, mortellement sérieuse. Ma tête est toujours douloureuse, même si j'essaye de le dissimuler pour ne pas attirer l'attention des gens autour de moi. Il a forcé notre lien à s'ouvrir ? Il a osé ? Le camion passe. La rage enfle en moi, mais les mots d'Ewald sont soudain assimilés par ma conscience. Je me retourne brusquement dans sa direction. Il est toujours sur la passerelle, et il me regarde sans bouger.

« Qu'est-ce que tu racontes comme conneries ? » je demande, péniblement.

Dès que j'accepte la connexion, mon mal de crâne s'apaise un peu, même si je reste endolorie.

« Rien de plus que ce que j'ai dit. Une vie pour une vie. Si tu te suicides, je mourrai aussi.

-Tu ne feras pas ça. » Comme si Ewald allait se tuer. Il fait juste du chantage pour me faire peur. Il n'osera jamais.

« Tu es sûre de vouloir prendre le risque ? » Son ton est toujours aussi froid et sérieux. Il y a trop de gens qui tiennent à lui. Il a un avenir. Il est toujours prudent, à veiller sur les autres et sur lui même. Il ne sautera pas. J'essaye de sonder un peu plus son esprit. Il me laisse ressentir, à travers notre lien, sa résolution, et je sens aussi une once de panique. Panique que je ne marche pas dans son bluff ? Panique de me perdre ? Je ne sais pas.

« C'est ton choix Vivian.

-Tu n'as pas le droit ! » j'explose. Je suis impuissante. Je veux mourir, j'en ai besoin, et je ne pense pas qu'il sautera mais… Je n'en suis pas sûre. Pas à cent pour cent. Je le hais en cet instant, d'une haine brûlante et emplie de rage contre l'injustice qui m'est faite. Être privée de mon but, à nouveau. Pourquoi je dois toujours en avoir quelque chose à foutre ? Pourquoi je ne peux pas être égoïste, et mourir ? Je sais que si je le fais, il souffrira. Mais il a d'autres amis, d'autres personnes dans sa vie, bien meilleures que moi… Il ne va pas sauter. Je ne veux pas le croire. Je me rapproche du boulevard. Un autre camion approche. Il ne sautera pas. Encore quelques secondes et ce sera le moment de sauter devant le camion. Je regarde Ewald. Mon sang se glace. Il s'est assis sur la rambarde, dos au vide. Les gens autour de lui ont l'air un peu inquiets, mais en se plaçant ainsi il ne donne pas l'impression d'être prêt à se laisser tomber. C'est intelligent.

« Je ne peux pas te laisser mourir. Si je le faisais, je ne vaudrais rien comme ami. Mourir alors serait un châtiment approprié, tu ne penses pas ? Fais ton choix, Vivian. »

Le camion arrive. C'est maintenant ou jamais. Il roule assez vite. Je me rapproche encore.

Un coup de klaxon retentit alors que le camion me dépasse, m'envoyant une puissante onde de vent. L'adrénaline se met à couler dans mes veines. Je n'ai pas pu.

Je recule de quelques pas. Une dame me regarde d'un air inquiet. Pour qu'elle arrête de me fixer, je me détourne. Je fixe mon regard sur la passerelle, vers Ewald qui attend toujours, dos au vide. Je cours vers lui, pour qu'il arrête ça, pour qu'il redescende. Enfin, j'arrive devant lui, et il descend de la barrière. Il est pâle, mais il a l'air soulagé. Il me prend la main. Je ne refuse pas le contact, les battements de mon cœur s'apaisant un peu maintenant qu'il n'est plus en danger. Je lui en veux toujours. Il ne m'a pas laissé le choix.

« Nous rentrons. »

Ce sont les seuls mots qu'il m'offre, et sa voix me paraît trembler un peu. Je ne me donne pas la peine de répondre, consciente qu'il ne s'agit pas d'une question. Mais qu'est-ce qu'il va se passer, maintenant ?

xxx

« Le silence est à la fois poison et fierté pour moi. Le silence qui empreint mes gestes, qui me rend muette, mais le silence qui fait ma force et ma fierté. Celle de dire que j'ai tenu. Que je suis forte. Que je me débrouille seule. I'm standing on my own. Le silence, le secret, la blessure. Le silence qui ne se fait jamais dans mon esprit tandis que ma langue reste inerte et que mes lames tracent leur sillons de feu. Le silence et la haine. Le silence et la souffrance. La souffrance et la dureté qui me forgent, une lame brisée. Une larme étouffée aussi. Dans le silence. »

-Texte retrouvé sur une clé USB appartenant à Aurore Berger, léguée à Quentin Lemage après sa mort-


Et voilà pour le chapitre, il me tarde de savoir ce que vous aurez pensé des interactions entre les personnages, et surtout de la partie finale. Que pensez-vous qu'il va se passer, maintenant? :p

À bientôt pour le prochain chapitre (comptez un mois, quoi, ou un peu moins xD)

Signe: un papillon de nuit vampire (pourquoi pas)