Salut à toustes!
Voici un nouveau chapitre pas relu pour la simple et bonne raison que je viens d'en écrire la moitié là maintenant tout de suite. Pourquoi j'ai fait ça? Parce que j'ai pour objectif de publier un chapitre par mois cette année. Wish me luck!
Résumé de la dernière fois euhhhh Ewald a eu une discussion avec Vivian d'où il ressortait qu'il avait besoin de distance, et ils sont tous de retour à Poudlard.
Encore merci aux quelques personnes qui suivent l'histoire régulièrement, ça fait vraiment du bien à la motivation! (bisous Tiph')
En vous souhaitant une bonne lecture, je vous dis au mois prochain (on croise les doigts)!
Le soir, seule dans ma tour, je m'assieds en tailleur sur le sol. Je respire avec prudence, lentement, et je puise dans ma douleur pour trouver de la résolution. Je ne veux pas continuer comme ça. Je veux faire mieux. Je dois faire mieux. Je me promets qu'à partir de demain, je vais me concentrer davantage. Je vais recommencer à exceller en classe, je ne vais plus m'effondrer. Je dois être forte après tout. Je ne veux plus dépendre des autres, et je les ai déjà bien assez blessés. Je dois me débrouiller par moi même. Je vais attraper le docteur Kayns.
J'ai un sourire probablement inquiétant à cette idée. Ça sera mon objectif, puisque je ne peux plus mourir. Il va payer pour ce qu'il m'a fait. Oh, il ne s'agit pas de vengeance, du moins, je ne l'ai pas encore décidé. Mais il est hors de question qu'il continue à jouer avec ma vie, et je n'ai pas grand-chose à perdre (de façon sous-jacente, je pense à Ewald, et ça fait mal. Mais puisque je suis seule, autant m'en servir). Je ne sais pas vraiment quel est mon but, notre but si on compte que les autres vont continuer à le chercher. Je ne sais pas comment l'arrêter. Le traduire en justice nécessiterait ou de révéler qui je suis, ou de trouver des preuves solides. Mais j'ai besoin d'un objectif, et je n'aurai aucun remords à lui faire payer.
Dans le noir, je continue à me promettre que je vais faire mieux, que je vais être forte, que je vais me débrouiller. Comme tant de fois avant. Mais comme à chaque fois, je me persuade que ça va être différent cette fois ci. Et je me fixe sur l'idée que je ferai payer cet homme.
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Le lendemain matin, je ne me coupe pas au réveil, à la place je me force à faire dix pompes. Je descends ensuite petit déjeuner. Vu qu'Arthur est déjà attablé avec Ewald, je m'installe à la table de Serdaigle, à côté de Scorpius et ses amis. Ça fait un peu mal, mais le Serpentard m'a clairement demandé de me tenir à l'écart et je préfère le faire un maximum. Il sera plus tranquille comme ça.
Le mardi est ma journée de libre, alors je fais mes devoirs et je prépare le prochain exposé pour le cours de CD2M avec les première années. Scorpius me sourit souvent, il a l'air content que je sois là, même si on ne peut pas en dire autant d'Eva qui tire un peu la gueule. Les jumeaux doivent encore faire leurs devoirs de potion, et je propose spontanément de leur donner un coup de main, avant de me demander ce qu'il m'a pris. Ils ont déjà accepté, néanmoins, alors je me plie gracieusement à ma proposition, même si je suis très peu pédagogue. Quand c'est fini, je me dirige vers le terrain de Quidditch et je vole un peu. Il y a d'autres élèves présents, mais je n'interagis pas avec eux. Après ça, je vais lire dans ma tour jusqu'au repas.
J'appréhende un peu le repas, parce que ça veut dire que je vais voir Ewald. Pour cette même raison, je suis aussi pressée d'y être. Malgré moi, je me retrouve dans les premiers élèves à arriver au banquet. J'hésite, avant de m'asseoir à la table des Serdaigle, celle où on s'installe le moins souvent avec les autres. Arthur m'y rejoint en compagnie de Cian une dizaine de minutes plus tard, tandis que j'observe Alphonse s'asseoir avec l'équipe de Quidditch à la table de Gryffondor. J'ai peur qu'Ewald ne se sente forcé à s'asseoir avec nous, du coup. Je mange rapidement, dans l'espoir d'avoir fini avant qu'il arrive, mais il ne tarde pas à arriver non plus. Arthur lui fait signe, et il nous rejoint après une légère hésitation qui fait froncer les sourcils au Poufsouffle. Il s'assoit à côté de Cian, le plus loin possible de moi. Il aurait pu se mettre en face de moi, et ça fait mal. Il ne fait jamais rien par accident, et je regrette instantanément d'être restée si longtemps. Évidemment qu'il n'a pas envie de manger avec moi. Je ne le regarde pas. Je finis de manger en express tandis que les autres entament une conversation sur les potions. Ils ont club cet après-midi, c'est vrai. Une part de moi aimerait qu'Ewald me parle, que quelque chose se passe. Pour m'assurer que ça n'arrivera pas, je me passe de dessert et fuis la grande salle aussi vite que je peux. J'espère qu'Ewald n'a pas été mal à l'aise de devoir manger avec moi.
J'ai envie de m'enfuir, alors je sors. Il a beaucoup neigé cette nuit, et je m'enfonce dans la neige en marchant. Je me lance un léger sort de réchauffement, histoire d'être bien. J'ai envie d'aller dans la forêt interdite, mais je réalise vite que le concierge (ou n'importe quel adulte responsable) n'aurait qu'à regarder pour voir mes empreintes s'y diriger, et que c'est pas la meilleure idée du monde. Je pourrais y aller en volant, bien sûr, mais je n'ai pas envie de faire tant d'efforts que ça. À la place, je me trouve juste un endroit tranquille, et je m'allonge dans la neige, profitant du confort que m'offre mon sort. C'est tellement moelleux ! Je forme des bouts de poème dans ma tête, regardant le ciel gris où les nuages défilent doucement.
J'ai dû m'endormir, parce lorsque j'ouvre les yeux il fait nuit. Je ne sens plus mes membres, perdus dans une sensation étrange qui a l'air d'être de la chaleur, mais qui ne l'est pas. Mon corps s'est recroquevillé dans la neige, et mon sort de chaleur s'est forcément arrêté à un moment. J'essaye de me lever, mais je n'arrive pas à coordonner mes mouvements. Ça me fait rire. L'écho de mon rire me secoue un peu, et j'ai le réflexe de prendre ma baguette pour me relancer un sort de chaleur. Je sais que quelque chose cloche, mais les informations n'arrivent pas vraiment à mon cerveau. Mes doigts ont l'air bizarre. Je reste un instant à les fixer avant que la panique n'arrive enfin à mon cerveau. Je dois être en pleine hypothermie. Je peine à saisir ma baguette, et mon sort n'est pas parfait, mais il suffit à me réveiller un peu. Je vacille sur mes jambes, mais parviens à me traîner vers Poudlard. Je tombe plusieurs fois sur le chemin, mes membres sont affaiblis et maladroits, et je bute sur chaque pierre. Au fur et à mesure que je marche, mon corps se réveille, et je suis prise de violents frissons. Je relance mon sort de chaleur, tant bien que mal. Bientôt, tout mon corps me brûle. Je suis obligée de m'arrêter dans un couloir, en chemin vers ma tour, tellement la douleur est intense. Maintenant qu'il y a de la lumière autour, je peux voir que mes doigts ont perdu toute couleur, ils sont presque bleus à la lumière des torches. Je me force à continuer à avancer, et je marche lentement, vidée de toute énergie. Je finis par atteindre l'échelle qui mène à mon grenier, mais je n'ai pas la force de m'y hisser. À la place, je me roule en boule sur le sol pour me reposer un peu.
Ce sont mes frissons qui me réveillent dans la nuit. J'ai froid et mes grelottements sont suffisamment violents pour êtres visibles à l'œil nu. Mes vêtements mouillés m'étouffent dans une gangue de froid, et je me morigène intérieurement pour ne même pas avoir eu le réflexe de les retirer. Je me force à monter l'échelle qui mène à mon repaire avant de jeter mes habits trempés sur le sol et d'enfiler le vieux t-shirt et le pantalon de jogging qui me servent habituellement de pyjama. Mes tremblements ne cessent pas et je dois m'y reprendre à trois fois avant de parvenir à me jeter un sort de réchauffement. Je m'effondre ensuite dans mon hamac et m'enroule maladroitement dans mes couvertures, avant de sombrer dans le sommeil à une vitesse inquiétante.
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Une main me secoue. J'émerge péniblement du sommeil. Tout mon corps est lourd, et avant même d'ouvrir les yeux je sais que je dois avoir un rhume carabiné. J'arrive à soulever mes paupières, et un vertige me fait les refermer instantanément.
« Vivian ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? »
Avec une lenteur alarmante, mon cerveau identifie la voix. Arthur. Je parviens à ouvrir les yeux, et fais le point sur son visage inquiet.
« Je crois que j'ai attrapé un rhume. » Ma voix est rauque, et parler me fait un peu mal à la gorge. « Il est quelle heure ?
-Huit heures dix. Je m'inquiétais de pas te voir au petit déjeuner… Je peux te lancer un sort de diagnostic ? »
Je n'ai pas vraiment la force de parler, et mon état m'inquiète, alors je hoche la tête. Le poufsouffle s'exécute, et prend un air rassuré, même si une grimace traverse brièvement son visage.
« C'est vraiment juste un rhume, par contre tu as pas mal de fièvre… Qu'est-ce que tu as fait pour te retrouver dans cet état ? »
Je hausse vaguement les épaules, gênée dans mon mouvement par le hamac. Mes souvenirs remontent par vagues. Je n'ai pas encore totalement conscience de la gravité de ce qu'il s'est passé hier, je crois, mais je suis peu encline à partager honnêtement avec Arthur ce qu'il s'est passé. Je me contente de marmonner :
« Je me suis promenée dans la neige et j'ai oublié de me changer en rentrant… »
Arthur grimace.
« Ah, ce sont tes vêtements par terre ? Ils sont trempés ! Je vais t'amener à l'infirmerie, d'accord ? Tu as besoin d'une pimentine, et tu n'es clairement pas en état d'aller en cours ce matin. »
Je préférerais rester ici tranquille, mais j'ai bien conscience que mon absence en cours sera remarquée, et que je n'ai pas le droit de dormir là où je suis, à la base. Je me résigne donc à suivre Arthur, acceptant même l'aide qu'il me propose pour sortir du hamac.
« Arthur ?
-Oui ?
-Ne les laisse pas me toucher, s'il-te-plaît. »
J'ai peur. J'ai peur que l'infirmière, ou quelqu'un d'autre, sente mes coupures. Je ne veux pas risquer ça. C'est déjà un miracle que mon glamour tienne, vu mon état de santé. Arthur doit comprendre directement, car son expression s'assombrit. Il répond néanmoins :
« Je ferai mon possible pour l'éviter, promis. »
J'ai l'impression qu'il a quelque chose d'autre à dire, mais il se retient. Il sèche mes vêtements d'un coup de baguette, et m'aide à me stabiliser lorsqu'il devient clair que j'ai quelques vertiges.
C'est lui qui m'installe dans un lit à l'infirmerie, avec la bénédiction de l'infirmière qui profite de l'occasion pour le tester sur ses connaissances médicales en matière de rhume. Ils se connaissent bien. C'est vrai qu'il veut travailler dans ce domaine après tout. Sous l'œil vigilant de la matrone, qui me reproche d'être aussi tête en l'air et d'être sortie par ce froid, il me fait avaler une potion de pimentine avant de partir en cours. Mme Pomfresh me laisse tranquille, tirant les rideaux autour de mon lit après m'avoir informée que je suis dispensée de cours pour toute la matinée.
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À mon grand déplaisir ce n'est qu'en fin d'après-midi que je suis déclarée suffisamment remise pour rentrer dans mon dortoir, avec une Pimentine pour me tenir compagnie. Arthur est revenu me voir il y a une demi-heure, bien sûr. Malgré mon agacement croissant à le voir me couver, je suis aussi très reconnaissante de son aide pour échapper à Pomfresh. Il lui apporte d'ailleurs une dizaine de fioles de Pimentine qu'il a brassées en compagnie d'Ewald au club de potions, à destination de l'infirmerie, et l'infirmière le remercie avant d'enfin me laisser partir. Arthur m'escorte jusqu'à ma tour. En chemin, je réalise que le club de potions était hier, et le Poufsouffle m'explique qu'Ewald a obtenu d'utiliser un laboratoire pour préparer les pimentines. J'ai un pincement au cœur, car je sais que c'est la façon du Serpentard de prendre soin de moi. J'ai l'impression que quelque chose chiffonne Arthur, mais je ne me décide pas à poser la question du quoi. J'ai envie d'être seule et il consent à me laisser tranquille jusqu'au repas après que je l'aie abondamment supplié. J'ai à penser, et j'avoue me sentir toujours un peu fiévreuse.
Une fois seule, je m'allonge dans mon hamac, essayant de lire sans parvenir à me concentrer sur les mots devant mes yeux. Je soupire avant d'abandonner. J'ai merdé. Si j'avais dormi un peu plus longtemps, dans la neige… Si je n'étais pas parvenue à atteindre le château… J'aurais pu mourir, hier soir. Elle est belle, la Vivian qui avait promis de s'améliorer ! Je me sens confusément coupable vis à vis d'Arthur qui m'a trouvée, qui m'a aidée, sans savoir à quel point j'ai merdé. Je n'ai pas fait exprès, pourtant, mais je culpabilise de lui avoir caché. Enfin, à qui est-ce que j'essaye de mentir ? La vérité, c'est que je culpabilise parce que je regrette que ça ne m'aie pas tué. Parce que la réalité, c'est que si j'ai promis de ne pas me tuer, ça ne veut pas dire que je serais triste qu'un accident, un vrai, arrive. Et hier me fait la sensation d'un rendez-vous manqué.
Mes regrets me font culpabiliser. Davantage que je l'aurais cru. Je culpabilise car je m'étais promise de faire mieux. Je m'étais promise car je m'étais promise de faire mon possible pour ne plus blesser Ewald et les autres. Je culpabilise d'avoir faillir mourir et je regrette de n'être pas morte. Je crois qu'en acceptant que je ne pouvais plus me tuer, j'ai ouvert la porte à des émotions que j'avais refoulées. Je crois que je suis un peu moins dure, et ça me fait peur. Ça me dégoûte, d'une certaine manière. J'ai frôlé la catastrophe et je culpabilise de ne pas arriver à m'en vouloir.
Ma frustration m'empêche de vraiment me reposer et lorsque j'essaye de me couper ça ne fait qu'augmenter ma frustration. Ça ne sert à rien et je culpabilise d'y recourir après ce qu'il vient de se passer, en sachant ce que les autres en penseraient. J'essaye de me forcer à faire des pompes, pour évacuer, mais mon corps est encore trop faible et je donne un coup de poing rageur contre le mur. À cet instant, je me méprise. En désespoir de cause, je vais me doucher dans mon dortoir, malheureusement peuplé des pimbêches habituelles qui me traitent de pleins de noms d'oiseau lorsqu'elles pensent que je ne les vois pas. Un effleurement de ma baguette, après une injure un peu trop sentie, m'apporte la satisfaction d'en voir une ou deux tressaillir. Je prends un malin plaisir à voir qu'elles ont peur de moi. Juste pour la satisfaction de les rendre nerveuses, j'utilise ma baguette pour plier mes vêtements sales au pied de mon lit, en sortant de la douche. Le sentiment de puissance et de revanche en sentant leur inquiétude me donne presque le sourire, et les quelques insultes (plus rares) lancées à mon départ ont une saveur particulière.
Alphonse est dans la salle commune, occupé à bavarder avec un des mecs du Quidditch. Lorsqu'il me voit, il me fait signe d'approcher alors je m'exécute. Je n'ai pas vraiment mieux à faire de toute façon.
« Tu vas bien, Vivian ? Arthur a dit que tu étais à l'infirmerie !
-Juste un rhume. » je répond, vaguement agacée de parler de ma santé devant un élève inconnu
« Tant mieux ! T'as intérêt à rester en forme parce j'en ai raz le bol de Jenkins !
-Et il n'est pas le seul. » commente son compagnon avec une mine sombre
« Jusqu'à présent, rien de surprenant, mais je vois pas trop le lien. » je réponds, avec une pointe de sarcasme.
-Le lien c'est qu'il y a de bonnes chances pour que tu sois l'attrapeuse officielle lorsqu'on jouera contre Poufsouffle. » grogne Alphonse, prenant soin de baisser la voix tandis que son compagnon a un regard rapide autour de nous. Quelle discrétion !
« C'est sûr que je risque moins de questionner la vertu de la mère de nos adversaires. » je réponds, en haussant les épaules. Au sourire en coin d'Alphonse, je devine que j'ai dit ce qu'il faut.
« C'est aussi ce que je me suis dit. » répond mon ami. « Mais, Viv' ? Il va falloir que tu arrêtes de sécher des entraînements. J'ai besoin de pouvoir compter sur mes joueurs, d'être sûr que tu connais les stratégies... »
Son camarade (un batteur, si je ne m'abuse) a pas l'air hyper convaincu, et je grimace un peu avant de répondre.
« Si c'est le prix à payer pour faire chier Jenkins, j'imagine que je peux m'en accommoder. Mais si t'as un autre attrapeur dans la manche, tu devrais peut-être le faire jouer à ma place.
-Ou alors tu peux arrêter de faire ton associale deux minutes. Ce sera fun, promis ! »
Je lève les yeux au ciel, mais je ne proteste pas davantage. Nous ne tardons pas à nous diriger vers la grande salle, alléchés par la perspective du repas, et je fais mine de ne pas remarquer qu'Al' est un poil plus attentif que d'ordinaire. Il est inquiet pour moi, et je commence à en avoir marre d'inquiéter mes amis.
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Par la force des choses, je me retrouve coincée à la table des Gryffondors avec Al' et une partie de l'équipe de Quidditch. Ils m'ignorent tous, ce qui est finalement assez confortable. Lorsque qu'Arthur et Ewald arrivent pour manger, ils passent près de nous avant de s'installer à la table voisine, et je ne peux pas m'empêcher de remarquer le regard du Serpentard sur moi. Nous détournons tous les deux les yeux dès que nos regards se croisent, et je ne peux m'empêcher de penser à lui pendant tout le repas. Je m'en veux toujours. De lui avoir fait mal, d'avoir manqué de mourir, de plein de choses diverses et stupides. Je me sens inadéquate, incapable d'être une bonne amie. Je ne laisse rien paraître néanmoins, même si personne ne m'observe. À la place, j'essaye de retrouver ma résolution d'acier de faire mieux, de devenir plus forte. Dans le même temps, je joua à faire courir une lame sur ma peau en regardant Alphonse dans les yeux. Peut-t'on s'effondrer de tant de paradoxes ? Je n'ai jamais pris le temps de m'arrêter pour me poser la question.
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Quelques jours plus tard, le dimanche matin, nous nous retrouvons au QG pour partager nos informations sur Alfred Kayns. Nous sommes seuls, mais Ewald prend le temps de lancer divers sorts de confidentialité avant de lancer la séance. Je suis tendue, pas forcément de façon négative, mais mon corps est partagé entre l'envie de fuir et le bonheur d'être plus proche de lui que je ne l'ai été depuis notre discussion au bord du lac, puisque nous nous faisons face, chacun d'un côté de la table. Il me manque.
En tout cas, on dirait que les autres n'ont pas chômé depuis nôtre retour à Poudlard. De mon côté, malgré une ou deux sessions à la bibliothèque, où j'ai trouvé quelques articles écrits par Kayns, je n'ai pas fait grand-chose. Un léger sentiment de honte grandit en moi au fil de la séance alors que les autres présentent leurs découvertes et qu'il devient clair qu'ils y ont mis des efforts, eux.
Arthur, par le biais de ses contacts à l'infirmerie a pu parler à une médicomage de sainte mangouste qui a été son assistante, sous couvert d'intérêt professionnel pour le bonhomme. Il est parvenu à grappiller pas mal d'informations sur son caractère qui pourraient être utile pour la suite (ainsi qu'une proposition de stage pour cet été, qu'il s'est empressé d'accepter).
« D'après Amélie, le docteur Kayns est brillant et méthodique. Elle m'a dit qu'il était plutôt amical mais peu volubile sur sa vie privée, il aurait dit qu'il était marié à la science et que ça l'occupait trop pour envisager une vie de famille. Mais ça fait plus de dix ans qu'elle l'a connu, quand il travaillait encore à sainte mangouste. Il a arrêté d'y travailler il y a douze ans, je crois. Elle a gardé un peu le contact avec lui, et elle l'a déjà croisé à des conférences ! Elle m'a aussi dit qu'il a fait ses études en France pendant la guerre, parce que ses parents étaient sang-mêlés je crois. »
Nous prenons quelques temps pour digérer les informations tandis qu'Ewald prend des notes avant de donner la parole à Alphonse. Lui non plus n'a pas trouvé grand-chose, ayant lui aussi concentré ses recherches sur la bibliothèque. Néanmoins, il a réussi à trouver un ou deux articles récents que je n'ai pas lus, dont l'un présente une découverte très technique dans le domaine de la biologie faite par le scientifique. La partie intéressante, c'est que l'article ne montre aucune photo et mentionne le mode de vie de l'homme qui vivrait presque en ermite aux alentours d'un bled du pays de Galle au nom imprononçable.
Enfin, c'est au tour d'Ewald, et je le connais assez pour deviner qu'il est frustré de n'avoir que peu d'informations à ajouter.
« Ma grand-mère ne savait pas grand-chose de lui, mais elle s'est renseignée un peu. Il n'y a pas grand-chose à dire, si ce n'est qu'il a la réputation de ne pas être très regardant sur ses clients, tant qu'ils ont de quoi payer, mais qu'il faut le payer cher car il n'a que très peu de disponibilités. Ses recherches semblent effectivement lui prendre beaucoup de temps. » Il y a une pointe de colère dans sa voix quand il prononce le mot recherches. « Comme l'a dit Arthur, il fait partie des enfants qui ont fuit Poudlard pendant la guerre contre Voldemort, et il a trouvé refuge en France. D'après grand-mère, il y fait encore des séjours réguliers, ce qui est cohérent avec ce que l'on sait déjà. »
Il soupire légèrement avant de poursuivre.
« C'est difficile de faire davantage en étant à Poudlard, mais il serait bien que nous parvenions à trouver son adresse déjà. Peut-être que tu pourrais essayer d'entrer en contact avec lui, Arthur, sous couvert de vouloir lui poser des questions sur son expertise ?
-Je pourrais lui demander si il prend des stagiaires... » répond lentement le Poufsouffle « Ou même des apprentis. Amélie pourrait peut-être nous mettre en contact, mais on ne se connaît pas très bien, et elle m'a déjà bien rendu service…
-Pas besoin de presser les choses. Tu peux d'abord approfondir un peu votre lien. De toute façon on ne pourra pas avancer beaucoup avant cet été, je pense. »
Arthur grimace un peu, mais acquiesce.
« C'est pour ça que tu as été réparti à Serpentard, j'imagine... »
Ewald lui fait un léger sourire, avant de se lever.
« Je pense qu'on a fait ce qu'on pouvait pour le moment. On se tient au courant si il y a du nouveau, d'accord ? »
Je hoche la tête, Arthur répond avec enthousiasme, et je ne peux m'empêcher de remarquer à nouveau qu'Alphonse semble… vaguement en colère contre Ewald. Je n'ai pas le temps d'analyser le truc, parce que le Serpentard nous abandonne en prétextant des devoirs à faire, et nous le suivons plus lentement.
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Nous marchons un peu au hasard sur quelques couloirs avant qu'Alphonse nous quitte pour aller faire des trucs de Quidditch avec des potes à lui. Il me propose de venir, mais je décline, peu motivée à me retrouver avec ses amis. C'est comme ça que je me retrouve à arpenter l'école en compagnie d'Arthur. J'envisage brièvement de me rendre à la bibliothèque, peut-être pour faire mes devoirs, mais je sens la nervosité de mon compagnon et oblique à la place vers les portes du château. Le fait que le Poufsouffle n'aie toujours pas dit un mot depuis que nous avons quitté le QG me rend doucement nerveuse, moi aussi.
Le sol est toujours couvert de neige lorsque nous débouchons à l'extérieur, mais il fait beau, et de nombreux élèves semblent s'être lancés dans une grande bataille de boule de neige. Connaissant Al', il risque de les rejoindre bientôt. Arthur remue un peu avant de rompre le silence :
« Je ne sais pas si c'est une bonne idée de sortir alors que tu étais enrhumée il y a trois jours... »
Je lui renvoie un sourire insolent avant de me lancer un sort de chauffage. Il hausse les épaules avant de m'imiter, semblant content de me suivre alors que j'esquive le gros des combats pour me diriger vers une zone plus tranquille près de la cabane d'Hagrid. Je préfère éviter les bords du lac, là maintenant tout de suite. Je n'ai pas envie de penser à Ewald. Arthur ne doit pas avoir reçu le mémo, car une fois que nous sommes loin des autres élèves c'est évidemment le sujet qu'il choisit d'aborder.
« Vous vous êtes disputés, Ewald et toi ? »
Désarçonnée par la question, je manque de trébucher sur une pierre traîtresse dissimulée sous la neige et ne doit de conserver mon équilibre qu'aux réflexes du Poufsouffle.
« Pourquoi tu me demandes ça ? » je demande, en prenant un ton dégagé
« Parce ce qu'il m'affirme que non alors que vous passez clairement votre temps à vous éviter. » répond calmement Arthur. La tristesse essaye de se faire une place dans mon cœur, mais je renforce mes murailles occlumentiques pour ne pas la ressentir, pas maintenant.
« On ne s'est pas disputés. » Le pouffsouffle semble prêt à bondir, alors je continue. « Il a besoin d'espace pour le moment, c'est tout.
-Pourquoi ? »
Je grimace. Je n'ai vraiment pas envie d'avoir cette discussion.
« Parce que j'ai merdé, okay ? Chez lui. » j'explicite, parce qu'Arthur a l'air un peu perdu. « Je… Quand j'ai essayé de me tuer... » Arthur grimace « Je l'ai trahi. Et il lui faut du temps pour digérer ce que j'ai fait, ce qui est compréhensible. »
L'air prêt à s'indigner, Arthur demande :
« Mais tu t'es excusée, au moins, non ?
-Tardivement. » j'admets, avec une grimace
Nos pas nous ont mené vers un bosquet d'arbres, plus près de la lisière de la forêt interdite que je n'aurais cru. Le décor me rappelle le lycée, et les mots m'échappent avant que je ne les ai pleinement réfléchis.
« On allait souvent manger dans la forêt, avec Quentin. »
J'ai une pointe de nostalgie mêlée de tristesse, surprise par les mots qui m'ont échappés. Moins triste que si je ne l'avais pas revu, j'imagine.
« Vous aviez une forêt dans vôtre école ? » demande prudemment Arthur.
L'ambiance a changée, et je préfère parler de ça plutôt que d'Ewald, alors je raconte :
« C'était un lycée. Mais dans une petite ville, et il y avait des bois pas loin. On faisait des courses au supermarché pour ne pas manger au self, et quand on avait le temps on allait dans la forêt. »
Je laisse s'écouler quelques secondes avant de continuer.
« Il y avait un endroit, avec un petit ruisseau, et un arbre renversé au-dessus. Il nous servait de pont, et de siège. C'était notre endroit à tous les deux. On passait des pauses de midi entières à discuter, c'était… C'était précieux pour moi.
-Il te manque. »
Je soupire.
« C'est une époque qui me manque je crois, et des certitudes. Sa présence auprès de moi alors qu'il en avait forcément raz-le-bol, nos plaisanteries… » j'ai un petit rire amer « Si, bien sûr qu'il me manque. Mais quand je te raconte tout ça, c'est plutôt l'ensemble, cette période, qui me manque… Je sais que j'explique mal.
-Je pense que je comprends. »
À nouveau, on se tait quelques instants.
« Ça avait l'air bien, le lycée. »
Mon regard se perd, survolant le terrain enneigé sans véritablement le voir.
« Il y avait des choses bien, oui. Mais c'était des instants perdus dans le reste, ce qui rendait le quotidien supportable. Et j'ai renoncé à ces moments là de moi même. Ce n'est pas une époque que j'ai quittée naturellement. J'ai coupé court à tout, de mon plein gré, alors je n'ai pas vraiment le droit de me plaindre. » Il y a un éclat dur dans ma voix, et je sais qu'Arthur l'entend aussi.
« On a le droit de regretter des choses qui ont compté, je crois. Même quand c'est nous, ou notre stupidité, qui les a détruites. »
Arthur ne me regarde pas, et je sens qu'il y a quelque chose sous cette phrase. Un soupçon me vient, mais je n'ose lui demander si il pense que l'épisode du pédophile est dû à sa « stupidité ». À la place, je me remets à marcher doucement, et il me pose timidement d'autres questions sur Quentin. Je me surprends à trouver du plaisir à y répondre, et pour quelques minutes je nous fais voyager dans mon passé, expliquant au sang-pur ce qu'est le jeu de rôle et racontant quelques anecdotes qui le font rire.
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« Ces secrets partagés au cœur de la nuit. L'ambiance de la pièce lorsque les langues se délient. Les choses confiées dont on ne comprend pas la portée, les mots reçus dont on ne mesure pas la difficulté avec laquelle ils ont été offerts. Les confidences trahies. Les pleurs. Et mon coeur d'acier, toujours lourd du passé, toujours muet, et toujours à l'écoute. »
-Brouillon dans l'un des cahiers d'Aurore Berger, conservé par Quentin Lemage après sa mort-
J'avoue que je suis pas sûr.e d'avoir fait du bon boulot avec ce chapitre mais welp, j'espère qu'il vous plaira!
Laissez moi des review si vous voulez faire un.e gobelin.e heureuxse.
