Note de l'auteur : Bonjour à tous ! Voici la réécriture d'une autre fiction, du même nom, mais sérieusement modifiée pour corriger la myriade de fautes, les incohérences et rajouter des scènes qui me paraissent utiles à l'intrigue, qui devrait malgré tout rester globalement la même. Elle avait déjà été publiée sur un autre site, mais ayant perdu absolument toutes (ou presque) les données, je vais maintenant la laisser ici ! Bonne lecture !
SHINIGAMIS' ENDING — FALLEN ERA
Hideyuki Fukasawa — At the Garden
« — ''Il y a longtemps, très longtemps, le monde fut en proie aux Ténèbres. Un monde sombre et dans lequel les vies s'éteignaient aussi rapidement qu'elles apparaissaient. Parcouru de monstres, il était également composé d'humains. Mais alors que la situation semblait totalement désespérée, un homme parvint à repousser l'Obscurité qui menaçait de tous nous détruire. Cet homme disparut ensuite, sans demander quoi que ce soit d'autre. Depuis, le Monde ne tient debout que sur un pilier installé par ses soins. Cet homme n'était semblable à aucun autre. Ni corrompu par les Ténèbres, ni aveuglé par la Lumière. Toutes deux ne faisaient qu'un avec lui. ''
— … C'est une histoire … intéressante ? La Genèse de notre monde ?
— Eh bien, difficile de dire de quel monde nous parlons vraiment. Mais ce sont de vieilles chroniques.
— … Vous aimez toujours autant ces histoires …
— C'est absolument merveilleux ! J'aimerais tellement pouvoir mettre la main sur tous les autres témoignages de cette époque !
— Comment peut-on seulement être sûr qu'il s'agisse de la vérité ?
— Allons mon chéri, tu n'es pas capable de faire preuve d'imagination ? »
Deux silhouettes dans la pénombre, allongées l'une contre l'autre, discutaient paisiblement, enveloppées par une longue couverture haut de gamme. La faible lanterne servait de lumière, pour permettre la lecture d'un vieux grimoire grisâtre, qu'une belle femme à la longue chevelure brune se plaisait à lire, à voix haute.
« — Le monde est fait de nombreux contes, argua l'homme qui se trouvait à ses côtés. Peut-être qu'il ne s'agit que d'un autre.
— Tu n'es vraiment pas très amusant, déplora son amante. Mais ne l'oublie pas … le monde tient toujours sur des histoires. Qu'elles soient vraies ou non ne change rien.
— … Votre père ne vous a-t-il pas déjà dit de ne pas trop prêter attention à cela ?
— Si, plus d'une fois. Mais mon père est trop pragmatique. Il pense que découvrir la vérité pourrait fragiliser les fondements de la Soul Society.
— … Eh bien, à vrai dire, je pense qu'il a peut-être raison.
— Ah non ! Comment peux-tu accepter de vivre aveuglément, sans aller au bout de tes recherches ?
— N'est-ce pas vous qui venez de dire que si les histoires étaient vraies ou non, cela ne changerait rien ?
— … Oui, c'est vrai … mais pas dans ce sens-là ! Découvrir la vérité est un acte nécessaire ! Si la vérité n'est pas celle qui nous plaît, tant pis. Ces histoires remontent à trop longtemps pour avoir un réel impact sur nos vies, non ?
— Capitaine …
— … D'ailleurs, ce qui est également nécessaire, c'est que tu cesses de me vouvoyer et de m'appeler ''capitaine'' lorsque nous sommes ici. »
Elle venait de prendre un ton plus suave et espiègle, accompagnant ses paroles d'un léger sourire. Doucement, elle prit alors le visage de l'homme qu'elle aimait dans ses mains, avant d'unir leurs lèvres d'un chaste et rapide baiser.
La femme recula légèrement, pour offrir un regard rempli de tendresse à cet homme, qui lui paraissait bien frêle à certaines occasions.
Cette pensée lui arracha un simple sourire.
« — Tu as peur ?
— … Parfois, certaines histoires et certaines vérités ne devraient pas être dévoilées. »
Yuka Kitamura — Dark Souls III Main Theme
ARC I : Try to Stay Alive
« Le pouvoir de protéger ne réside pas dans ta lame. Si tu veux protéger quelque chose, ton cœur est ta meilleure arme. »
Un paysage sombre et mortifère s'étendait à perte de vue.
Un paysage dans lequel l'espoir ne semblait même pas permis. Des nuages noirs aux contrées dévastées, rien ne permettait de voir la lumière du jour au bout du chemin.
Quelque chose avançait. Quelque chose d'aussi lugubre que cette abomination. Cela ressemblait à un brouillard noir. Un brouillard qui fusait à travers l'atmosphère, comme s'il était doué de volonté. Il engloutissait la vie, célébrait la mort.
« — … Ah … »
Une silhouette se tenait debout.
Essoufflée, elle éprouvait même des difficultés à respirer.
Toussotant régulièrement, elle dut essuyer le sang qu'elle crachait à l'occasion.
« — Ce monde … est vraiment horrible … de bout en bout … »
Cela faisait longtemps qu'elle marchait.
Longtemps qu'elle luttait contre cet élément.
Longtemps qu'elle cherchait à comprendre.
Longtemps qu'elle souffrait.
Longtemps qu'elle ne voyait que ce ciel dépourvu d'espoir.
Il s'agissait d'une silhouette féminine.
Seule son ombre transparaissait à travers l'obscurité naissante. Elle tremblotait, mais n'était pas résignée.
Au contraire. Il n'y avait pas d'autres possibilités. Il n'y avait pas de meilleure opportunité.
« — Mais … »
Voilà la force destructrice qui existait dans les tréfonds du Monde.
Voilà la force destructrice qui ne pouvait être contrôlée.
Voilà la force destructrice dont les légendes contaient l'horreur.
« — Je te le promets … »
Si cette force destructrice existe réellement …
Alors elle n'est pas peut-être pas la seule.
« — Je vais réussir … je vais réussir à le faire. »
Le rideau se levait, sur cette scène jouée bien longtemps auparavant.
Cette femme leva son épée, au milieu d'un monde frappé par le désespoir.
Elle marqua ainsi le début d'une nouvelle ère, et la fin d'une autre.
« Le cœur ... Garde-le précieusement avec toi. »
La voilà allongée, dos sur le sol et regard perdu dans les airs.
Elle eut l'impression de se noyer dans son propre sang.
Mais cette souffrance qui allait jusqu'à brûler l'intérieur de son corps ne suffisait pas. Elle haletait, déversait des larmes de douleur sans arrêt, suffoquait.
Tout cela ne suffisait toujours pas.
Tout cela devait encore être rendu utile.
Levant une main chancelante, elle eut l'impression que bientôt, le ciel pourrait tenir entre ses doigts.
« — Ce … n'est pas encore … terminé … »
« Parce que tu n''en n''auras qu'un. »
La voilà de nouveau debout.
Il fallait encore fournir des efforts.
Étouffés dans les Ténèbres, ses hurlements de douleur ne purent être entendus par quiconque.
Y'avait-il seulement quelqu'un à proximité ?
« Le jour où tu le perdras ... »
Des rires nerveux.
Des rires nerveux, mêlés à des larmes de souffrance toujours plus nombreuses.
« — C'est absurde … absurde ! Tout ça n'a aucun sens ! »
Misérablement allongée sur le sol, la femme ne trouvait pas les ressources physiques pour faire autre chose.
Elle ne trouvait pas les ressources mentales pour se redresser.
Pourtant, elle le devait.
Elle le devait absolument.
Parce que ce qui allait donner un sens à sa vie …
Débuterait par cette horrible épreuve.
« Tout disparaîtra, autour de toi. »
Chapitre 1 : New Organisation
Soul Society — Rukongai.
Bleach OST — BL_86
Des hurlements se firent entendre.
Des hurlements qui n'appartenaient certainement pas à un être humain. Une large créature arpentait les ruelles désertes, d'ordinaire remplies de monde.
« — Celui-ci est assez gros.
— C'est tout de même bizarre, non ?
— … À propos de ?
— Le nombre de Hollows qui recroît.
— Il n'a jamais disparu.
— Mais vous avez bien compris, hein ! »
Tout monstre qu'il était, ce Hollow ne représentait guère une menace pour ceux qui avaient l'habitude de les affronter.
Parmi la myriade des Shinigamis qui vivait paisiblement —plus ou moins— au sein des Treize Divisions, le plus jeune des capitaines posa un pied à terre, barrant la route au monstre violet bipède, haut de plusieurs mètres. Visiblement pas assez intelligent pour discerner l'énergie de ses ennemis, la bête poussa un simple rugissement. Une âme ordinaire en aurait été paralysée, mais un Shinigami de rang capitaine ne saurait être déstabilisé pour si peu.
Hitsugaya porta la main dans son dos, pour dégainer son Zanpakutô. Un geste fait avec précision, qui libéra au passage quelques particules blanchâtres, comme si l'épée offrait un air glacial toujours par ses simples mouvements.
« — Élève-toi jusqu'aux Cieux Gelés, Hyôrinmaru. »
Un seul coup porté suffit.
La glace recouvrit le secteur en bien peu de temps, paralysant presque intégralement le monstre qui avait alors décidé de fondre sur sa cible, sans tenir compte d'un éventuel écart de force. Poussés par leurs instincts, les Hollows ne réfléchissaient pas toujours aux conséquences de leurs actes et offraient toujours cet avantage considérable aux Shinigamis.
« — Okaaaay ! À mon tour, alors ! »
Affichant un air victorieux et jovial, en dépit d'une situation qui ne devait pas l'être, la belle femme qui accompagnait Hitsugaya Toshirô jusqu'à présent, décida également de passer à l'action.
Rangiku Matsumoto, vice-capitaine à la plastique parfaite, s'élança en direction des cieux, afin de sortir son sabre dans un seul mouvement aussi précis que rapide.
« — Gronde, Haineko ! »
Un mouvement tranchant et incisif, laissant un nuage cendré dans son dos. Cela suffisait à décrire le coup porté par la belle Shinigami envers le monstre immobilisé. Il n'en suffit pas de plus pour mettre un terme à son existence, la créature disparaissant dans des particules, en laissant le son de son grognement s'évanouir comme un écho dans la nature.
« — Matsumoto ! Il y en a un autre, derrière toi ! »
La Shinigami disparut à l'aide d'un shunpô, afin d'éviter l'attaque d'un Hollow ailé et aux griffes acérées.
La bête ayant manqué son coup se retrouva de plus en plus proche de Toshirô Hitsugaya, qui l'abattit sans peine d'un seul et unique coup d'épée.
Main sur la hanche, Rangiku se posa alors aux côtés de son supérieur.
« — Et c'est une super victoire pour la Dixième Division !
— Hmpf. Pas de quoi s'extasier.
— Oh, vous n'êtes jamais content, capitaine !
— Vaincre des Hollows fait partie des tâches quotidiennes, marmonna Hitsugaya, en rangeant son Zanpakutô.
— Et donc ? On ne peut plus être heureux dans la vie quotidienne, maintenant ? »
N'ayant rien à redire, Toshirô haussa négligemment les épaules.
« — On en a fini ici. Il y a eu davantage de Hollows que la semaine dernière.
— Ce sera à rapporter au Commandant, mais ça, c'est votre boulot !
— Tss. Allons-y.
— On rentre ?
— Oui.
— Ahhh ! Enfin ! »
Bleach OST — Asterisk (Epic Orchestral Cover)
Beaucoup de temps s'était écoulé.
Depuis l'effroyable combat contre Aizen Sôsuke lors de la bataille de Karakura, plus d'un an s'était écoulé.
« — Oh fait, bien que j'accepte volontiers que vous vouliez être en tête-à-tête avec moi, pourquoi sommes-nous venus seuls cette fois ?
— Les Hommes sont fatigués, ils ont eu pas mal de boulot.
— Huh ?! Et moi ?!
— Tu es lieutenante. Autant que tu montres un peu l'exemple pour les bonnes choses, pour une fois.
— Comment ça, ''pour une fois'' ?! »
De lourdes blessures furent ouvertes.
Des blessures qui allaient plus loin que les chairs déchirées par les glaives ennemis.
Des blessures persistantes et encore invisibles, qui concernaient tous les Shinigamis impliqués dans la guerre.
« — Au fait, le Capitaine-Commandant a ordonné à tout le monde de rentrer assez tôt, pour onze heures, non ?
— Et nous sommes dans les temps, marmonna Toshirô.
— Il y a une occasion particulière ?
— Va savoir.
— Vous êtes au courant, hein ?!
— Qu'est-ce que je viens de te dire ? »
Hitsugaya Toshirô faisait aussi partie de ces âmes fragilisées.
Il ne pouvait pas l'admettre, ayant un statut particulier à gérer.
Mais sa première grande épreuve en tant que capitaine fut bel et bien cette guerre. Une guerre que personne n'avait vu venir. Au cours de cette dernière, ses propres certitudes furent ébranlées.
Il n'avait pas été suffisamment fort. Pas été suffisamment mature.
Alors, comme nombre de ses compagnons, il avait pris de lourdes résolutions.
« — Moi je sais ce qu'il va se passer, de toute façon, gloussa fièrement Rangiku.
— Si tu le dis.
— … Vous ne me croyez pas, hein ? Pourtant, Shûhei travaille pour la Gazette du Seireitei, vous savez ! Il aurait très bien pu me filer toutes les informations dont j'avais besoin !
— J'imagine qu'il n'y a pas de surprise alors.
— Hmpf ! Vous êtes peut-être plus fûté que vous en avez l'air, finalement ! Un petit garçon devrait faire preuve d'un petit peu d'innocence !
— N'importe quoi. »
Rangiku Matsumoto ne changeait pas.
Elle apparaissait toujours radieuse et rayonnante, comme si elle ne saurait être touchée par les maux de ce monde.
Une figure forte et téméraire, quand bien même elle ne brillait pas toujours par ses exploits militaires.
Mais cette façade, Hitsugaya la connaissait bien.
« — Ahh ! Enfin de retour !
— On est partis il y a deux heures …
— Et c'est long, deux heures ! »
Les blessures ouvertes ne se refermaient pas si facilement.
Seireitei — Quartiers de la Première Division.
Bleach OST — Yamamoto's Theme
Les grands quartiers du Capitaine-Commandant apportaient toujours cette ambiance singulière. Comme si pénétrer à l'intérieur permettait de remonter graduellement le temps, vers une époque figée où l'autorité de Genryûsai Yamamoto faisait toujours office de loi absolue.
Lorsque Toshirô Hitsugaya pénétra à l'intérieur de la grande salle de réunion, il trouva d'ailleurs la plupart des capitaines déjà sur place, exception faite du Commandant en personne. Il fut accueilli par un Ukitake Jushirô toujours aimable et souriant.
« — Ah, tu es arrivé, Hitsugaya-kun.
— La réunion n'a pas encore commencé, j'imagine ?
— Il reste encore un petit peu de temps, marmonna alors un homme à proximité. »
Le capitaine Shunsui Kyôraku, responsable de la Huitième Division, ne donnait pas spécialement l'impression d'être ravi de la réunion.
« — Kyôraku, il faut être un peu sérieux, imagine donc que Genryûsai-sensei te voit ainsi ?
— Oh, tu sais, il m'a déjà vu dans des situations bien pires … »
Les discussions ne s'éternisèrent néanmoins pas. L'apparition seule du chef des lieux suffit à ramener un profond mutisme, sans même que l'intéressé n'ait à prononcer la moindre parole.
Frappant de sa cane sur le sol, Yamamoto ne demandait pas donc pas le silence ou l'attention, mais officialisait le début de cette réunion.
« — Bien, souffla le vieil homme. La réunion peut donc commencer. Comme vous le savez tous, le Seireitei a connu au cours des dernières années, un certain nombre de troubles. Les combats récents ont démontré qu'il avait besoin de se restructurer. Les postes de capitaine de la Troisième, Cinquième et Neuvième Division peuvent maintenant être récupérés.
— Récupérés ? Marmonna Komamura. Ne faut-il pas un examen, Genryûsai-sensei ?
— J'ai bien dit ''récupérés'' et ce n'est pas un écart de langage, lança l'intéressé. Que le capitaine de la Troisième Division fasse son entrée. »
Un coup de son bâton sur le sol sonna cette fois comme un signal, presque théâtral.
« — Je suis heureux que ma guitare puisse de nouveau jouer pour le Gôtei 13. »
Sous l'air plutôt surpris des autres capitaines, voici venu un homme à la longue chevelure blonde et bouclée, le regard serein. Cet homme avait déjà occupé ce poste par le passé.
Cela dit, son passé en tant que Vizard lui avait déjà coûté cette position. Rojurô Ôtoribashi, dit ''Rose'', semblait plus que satisfait par sa présence ici.
« — Un instant, contesta Mayuri Kurotsuchi. Pourquoi un Vizard est-il nommé capitaine ? Après tout, n'ont-ils pas déclaré ne pas être alliés de la Soul Society ? Que dit la Chambre des 46 à propos de capitaines qui possèdent des Hollows à l'intérieur d'eux ?
— Cela suffit, capitaine Kurotsuchi, exigea son supérieur. Pensais-tu sérieusement que je n'ai pas obtenu l'accord de la Chambre pour cela ? Pour quelle raison aurai-je attendu plus d'une année entière afin de pourvoir ces postes selon toi ? »
Il ne laissait pas la place à la contestation.
Il ne l'avait jamais laissée, d'ailleurs. Cette remise à plat des choses semblait être une aubaine pour redorer l'image même du passé. Au milieu de l'assemblée, Hitsugaya Toshirô réprima un léger soupir, en devinant aisément la suite des événements, avec la présence de Rose Ôtoribashi.
Et ces hypothèses furent ensuite aisément confirmées.
« — Yo ! Venir, partir, revenir, c'est carrément pas faire les choses à l'endroit, hein ? Ça me ressemble bien !
— Capitaine Hirako, siffla Yamamoto. Le sérieux est toujours de mise. »
Hirako Shinji, leader de l'organisation des Vizards, retournait ainsi à son ancien poste, évincé par le traître Sôsuke Aizen un siècle auparavant.
Plus silencieux, puisque ne trouvant rien de particulier à dire, le dernier membre de cette escouade, Kensei Muguruma, finit par apparaître en gardant une expression plus que sérieuse sur le visage.
« — Et vous avez décidé d'abandonner tous vos camarades à Karakura ? Demanda alors Kyôraku, en arquant un sourcil.
— On nous a offert un poste, déclara Shinji. Dans cette ''offre'', il y avait donc possibilité de refuser. Je n'ai obligé personne à me suivre, donc …
— … Je comprends. Je suis heureux de vous voir de nouveau à nos côtés.
— Oh pas d'effusion de sentiments, ça ne me ressemble pas.
— Bien, coupa alors Yamamoto. Il est maintenant grand temps d'aborder notre situation stratégique. Au vu des événements passés, l'incapacité du Gôtei 13 à répondre aux menaces majeures a déjà jeté le discrédit sur notre organisation. C'est pourquoi je vous demande de revoir à tous vos effectifs et d'allonger de deux heures les entraînements hebdomadaires. »
Consternation chez Shunsui Kyôraku, dont le regard pétrifié se suffisait à lui-même.
« — Yama-ji ! s'esclaffa-t-il. Tu nous as déjà augmenté la charge de travail genre … deux ou trois semaines après la guerre ? Pourquoi la remonter de nouveau ?
— Silence ! L'arrivée des nouveaux capitaines ne doit pas impliquer un relâchement des troupes ! Les secteurs à gérer dans le Rukongai ne devraient pas changer. Chaque division recevra une lettre pour confirmer ou changer les dispositions prises.
— Beuh … »
Impossible de gagner contre cet homme, alors Kyôraku renonça, non sans exprimer de profonds regrets.
Les autres capitaines n'avaient rien à redire non plus. Les ordres formels adressés par leur Commandant se suffisaient à eux seuls.
« — Enfin, le capitaine Kurotsuchi a effectué une découverte pour le moins troublante. »
D'un signe du regard, Yamamoto laissa alors la parole à l'excentrique savant qui s'occupait de la Douzième Division. Ce dernier haussa simplement les épaules.
« — Eh bien, récemment, il s'avère qu'après minutieuse recherche de ma part, un phénomène plutôt inhabituel est apparu au sein du Rukongai. Des zones entières sont en effet recouvertes d'une brume surnaturelle et le taux de reiatsu lui-même a grimpé par la même occasion.
— Une brume ? Murmura Ukitake, songeur.
— Quels sont ses effets ? Renchérit Unohana Retsu, silencieuse jusqu'à présent.
— Aucune sur les appareils, lâcha Mayuri. Concernant les habitants, c'est peut-être une autre histoire, mais c'est justement l'objet de cette réunion, n'est-ce pas ? Capitaine-Commandant, je vous ai déjà transmis les coordonnées.
— En effet, confirma l'intéressé. La Division qui devra s'occuper de la mission de reconnaissance sera informée dans la journée. Maintenant, la réunion est levée. Retournez vaquer à vos occupations dans vos quartiers, en prenant en compte les nouveautés. Capitaine Kurotsuchi, avertissez-nous dès qu'il y aura davantage d'informations.
— Évidemment. »
Étonnant.
Même s'il ne fréquentait pas Mayuri Kurotsuchi, le petit génie des Treize Divisions imaginait aisément que ce scientifique aimerait partir de lui-même sur le terrain, sans attendre. Or, il n'avait même pas formulé une quelconque demande à cet égard.
Cela dit, ses motivations profondes ne l'intéressait pas plus que cela. Comme les autres capitaines, il finit simplement par quitter les lieux, après l'annonce de clôture formulée par Yamamoto Genryûsai.
Avant de repartir pour ses propres quartiers, Hitsugaya Toshirô décida de faire un petit détour.
Alors que la foule continuait d'aller et de venir au sein du Seireitei, il arriva lui-même devant les bureaux d'un quartier qu'il fréquentait régulièrement.
Ceux de la Cinquième Division. Fronçant distinctement les sourcils, le jeune homme décida de marcher d'un pas décidé au sein de l'édifice, bénéficiant des salutations respectueuses des quelques Shinigamis qu'il croisait, déjà habitués à sa présence.
Il ne lui fallut ainsi que quelques minutes pour arriver jusqu'à la place qui l'intéressait, à savoir le bureau du capitaine.
Il frappa ainsi à la porte, entendant l'accord du maître des lieux afin de pénétrer.
« — Désolé du dérangement, lâcha le jeune homme. Mais je …
— Ah, Shirô-chan ! »
Il ne put prononcer davantage de paroles, coupé en plein élan par la voix joyeuse de la vice-capitaine Hinamori. Cette dernière accourait dans sa direction, après visiblement avoir achevé une discussion avec son nouveau supérieur hiérarchique.
« — … Hinamori.
— Je suis désolée, s'excusa-t-elle. J'ai du travail devant moi. On se reparlera tout à l'heure ?
— … Si tu veux.
— Ça marche ! Bonne journée, capitaine Hirako.
— Ouais, bonne journée. »
S'inclinant poliment, Hinamori prit alors la poudre d'escampette, laissant les deux capitaines silencieux, l'espace de quelques secondes. Jusqu'à ce que le regard de Toshirô ne finisse par se poser sur celui de son hôte, accoudé nonchalamment à son bureau.
Bleach TYBW OST — Everything I Lost
« — Alors ? Tu veux devenir mon pote, c'est ça ?
— … Ce n'était pas vraiment mes intentions, affirma Hitsugaya, sans détour.
— Bah dis donc, le tact c'est en option chez toi.
— En réalité, je venais juste pour parler d'Hinamori. Elle n'est remise physiquement que depuis quelques mois et …
— Laisse tomber, mon gars.
— … Pardon ?
— Je sais ce que tu veux me demander, t'as pas à t'inquiéter, railla Shinji, en faisant des vagues avec sa main. La pauvre a été vice-capitaine d'Aizen et bien manipulée comme il fallait. Je viens juste de discuter avec elle, alors te fais pas de sang d'encre. Le moral de mes troupes, c'est aussi mes affaires. Même si ça fait un bail que j'ai pas eu ce rôle. »
Décontracté, Shinji finit par se redresser convenablement, en affichant une expression relativement sérieuse. Ceux qui avaient pour habitude de le côtoyer n'assistaient pas toujours à ce type de spectacle.
« — Mais elle a l'air d'avoir encore de l'énergie à revendre. Même si elle reste convalescente.
— Psychologiquement surtout, marmonna Toshirô.
— Je m'en doute, lâcha Shinji. Mais tous ceux qui se sont approchés de cet enfoiré d'Aizen sont sûrement affectés d'une manière ou d'une autre. Enfin bref, tu peux avoir l'esprit tranquille.
— … Merci. Dans ce cas-là, je ne vais pas déranger excessivement.
— Ah, attends, y'a bien un truc que je dois te demander. »
Toshirô arqua un sourcil, alors qu'il s'apprêtait à rebrousser chemin.
« — … Comment tu t'appelles, déjà ? »
Il cligna des yeux, quelques instants, afin de voir si la question était sérieuse ou non.
Au vu du regard que lui lançait Shinji Hirako, il semblerait hélas que ce fut bien le cas.
« — Hitsugaya Toshirô, répondit-il. Je suis de la Dixième Division.
— Ah ouais. Merci. Bah, me regarde pas comme ça. Y'a plein de noms que je dois apprendre depuis mon retour, c'est dur de tout retenir. »
Ne trouvant rien à redire, Hitsugaya finit par quitter les lieux.
Au cours du combat contre Aizen à Karakura, il n'était pas passé loin d'ôter la vie de sa précieuse amie d'enfance. Depuis lors, ce fardeau silencieux pesait sur son cœur, sans qu'il ne puisse jamais le confier à quelqu'un d'autre.
Hinamori avait mis plusieurs mois avant de se remettre d'aplomb. Mais même le temps qui passait ne saurait colmater toutes les brèches causées par ces traumatismes successifs. Elle ne lui avait jamais parlé de cet événement et lui non plus.
Mais ce malaise existait bien. Sans doute ne lui en voulait-elle pas. Mais l'histoire était différente de son point de vue. Il ne pouvait pas se pardonner une telle erreur, aujourd'hui encore.
Lorsqu'il arriva au bureau, il se réinstalla silencieusement pour effectuer un ennuyeux mais nécessaire travail de paperasse en tout genre. Exactement ce dont sa vice-capitaine avait horreur et …
« — Matsumoto. »
… Cette dernière venait justement de revenir à pas feutrés, en essayant vaguement de dissimuler sa présence.
Elle sursauta pratiquement, lorsque son nom fut mentionné.
« — Où étais-tu passée, Matsumoto ? Tu aurais dû être à ton poste depuis un moment, marmonna le petit capitaine, en arquant un sourcil.
— Héhé, bah … j'y étais, j'y étais ! Mais je suis partie vite fait, on me demandait et … euh ? Capitaine ? »
D'ordinaire, sans doute lui aurait-il fait remarquer les incohérences dans son explication.
Mais avant même d'attendre la réponse de son interlocutrice, Hitsugaya Toshirô se replongeait dans son travail. Une attitude qui interpella vivement l'intéressée. Rangiku s'approcha alors doucement, suspicieuse.
« — Heu, capitaine ? Ça va ?
— Hmm. Mets-toi au boulot et ne te préoccupe pas de moi.
— Hein ? Sûr ?
— Puisque je te le dis. »
Depuis le combat contre Aizen, il le savait.
Elle repensait à cet homme.
Cet homme qui l'avait pourtant trahie, en rejoignant les rangs de ce monstre mégalomane.
Ichimaru Gin.
Il ne l'avait jamais apprécié.
Mais Matsumoto partageait un lien fort avec cet homme.
Un lien dorénavant brisé …
Autour de lui, il voyait de la souffrance dissimulée.
Autour de lui, il ressentait ces peines enfouies.
Mais personne ne venait vraiment lui confier ses déboires. Toutes les personnes proches de lui portaient ces fardeaux bien lourds et il ne savait pas comment les alléger.
Face à sa propre faiblesse, Hitsugaya Toshirô comprenait encore l'étendue de la route qui lui restait encore à parcourir. Un chemin encore long, trop long, avant de véritablement tourner la page.
Rangiku, elle, partit sans demander son reste.
« — Pas d'alcool aujourd'hui, je vous le promets ! »
Elle paraissait toujours la même.
Toshirô ferma lentement les yeux.
Il était temps de se remettre convenablement au travail.
Preview du Prochain Chapitre
Ichigo Kurosaki : … C'est une plaisanterie ?
Toshirô Hitsugaya : Hélas, non. Il y a bien des années de travail qui ont été soufflées par la disparition des fichiers sur Word.
Ichigo Kurosaki : Mais je ne parle pas de ça, Toshirô !
Toshirô Hitsugaya : Ah bon ? De quoi pourrais-tu parler si ce n'est qu'on est en train de faire la réécriture d'une réécriture ?
Ichigo Kurosaki : À ton avis ?! Je suis où ?!
Toshirô Hitsugaya : …
Ichigo Kurosaki : Tu vas me dire qu'en réécrivant ça une fois de plus, on va encore me laisser de côté ?! Bah voyons, j'ai trop de scènes coupées, t'as cru qu'on était dans un épisode de Bleach The Thousand Years Blood War ou quoi ?!
Toshirô Hitsugaya : … Bref. Prochain chapitre : Discovery.
