Une preuve indélébile.

Titre du 06/03/2022 : Une preuve indélébile

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Sansa/Yara

Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… jour de l'an Fête : Écrire sur des amis ou sur une réunion de famille

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, sagittaire, alphabets, de secondaire à principal, ships rares, cassons les préjugés, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

« Tu… tu penses qu'il va recommencer ? Demanda Marina à Yara avec de l'hésitation dans la voix, comme si elle avait peur qu'en le disant à voix haute, elle allait rendre ça réel et que Ramsay Bolton allait d'un seul coup apparaître dans la chambre d'hôpital en surgissant de nulle part pour les égorger toutes les deux.

Yara secoua aussitôt la tête.

- Non, je ne pense pas. Pas tout de suite en tout cas, il n'est pas assez stupide pour faire ça à nouveau.

Elle l'espérait en tout cas, elle n'avait pas spécialement envie de revivre l'expérience oh combien douloureuse de se faire violemment poignarder par un psychopathe.

- Et puis, reprit la fer-née, si jamais il réessaye, au moins je serai préparée. Et Onyx pourra me protéger de lui, j'en suis sure.

Sa plaisanterie n'eut pas l'effet escompté, et elle fut stupéfaite en croisant le regard de Marina de constater que celle-ci avait les larmes aux yeux.

- Je… Yara, je… Je ne veux plus jamais revivre ça. J'ai… Tu es mon amie, ma meilleure amie et tu as failli mourir dans mes bras. J'ai ton sang sur les mains, et tu as failli y passer à cause de ce salopard, je… Je n'ai pas envie de te perdre. Alors je t'en supplie, ne me refais plus jamais ça. »

Oh.

Oh.

Même si Yara n'était aucunement responsable de ce qui lui était arrivé, elle ne put s'empêcher de se sentir mal.

Maintenant, à force de vivre à Kintzheim, au milieu des siens, entourée par des personnes qui, même si elles l'avaient oublié pour la plupart, venaient de Westeros ou d'Essos et donc d'un monde dangereux, froid et cruel, elle avait presque fini par en oublier que ce n'était pas le cas de Marina.

Non, Marina était une simple habitante de Dunkerque qui avait été propulsée dans un univers qui n'était pas le sien, elle n'avait jamais vécu ce que Yara avait vécu.

Elle n'avait jamais appris à se battre ou à naviguer ou à chasser ou à tuer ou à faire toutes ces choses qu'un fer-né était supposé apprendre à faire.

Elle n'avait jamais affronté les marcheurs blancs.

Elle n'avait jamais vu le roi de la nuit, pas en vrai, elle n'avait jamais senti l'hiver menacer chaque jour un peu plus de les engloutir et de les rayer de la carte pour toujours, elle n'avait pas traversé l'enfer, leur enfer et c'était tant mieux parce qu'elle ne méritait pas ça.

Elle n'avait jamais vécu la guerre, leur guerre, et tout ce qu'elle avait pu voir de Westeros, des jeux de pouvoirs, des morts, du sang, des massacres, des combats, de son point de vue, rien de tout ça n'avait été réel.

C'était la première fois qu'elle vivait une chose pareille.

Et Yara avait fini par l'oublier.

Elle soupira.

« Je suis désolée. Qu'il t'ait forcée à… à assister à ça. Ça n'aurait jamais dû arriver, tu n'aurais jamais dû… être impliquée.

Une lueur farouche apparut dans les yeux de la dunkerquoise.

- Yara… Ce n'est pas ça le problème. Le problème c'est qu'il n'aurait jamais dû te faire une chose pareille. Je suis impliquée dans tout ce bordel depuis que j'ai foutu les pieds à Kintzheim. Et je le serai, toujours, jusqu'à la fin, et même après, même une fois la malédiction brisée parce qu'on la brisera. Et si jamais ce bâtard de Ramsay Bolton ose ne serait-ce que croiser ton regard à nouveau, je te jure qu'il aura affaire à moi. Quant à toi… interdiction de mourir.

La fer-née éclata de rire.

Non seulement elle n'aurait pas pu survivre dans ce monde sans elle, mais en plus, elle avait trouvé en l'autrice de fanfictions la meilleure amie qu'elle aurait pu rêver d'avoir.

Elle était heureuse d'avoir au moins gagné ça au milieu de toute cette situation désastreuse, compliquée et incroyablement douloureuse.

- D'accord, c'est promis. Je ne mourrai pas. »

Et elle avait bien l'intention de tenir sa promesse.

§§§§

Les yeux de Sansa étaient rouges.

De toute évidence, elle avait pleuré, très probablement à cause de ce qui lui était arrivé, et tout ce que voulait faire Yara là tout de suite, c'était la serrer dans ses bras et lui assurer que tout allait bien, qu'elle allait bien.

Mais ça ne changerait rien à ce qu'il s'était passé.

Ça n'effacerait pas ce que Ramsay avait fait.

Et puis de toute façon, ce n'était pas vraiment comme si elle était réellement capable de bouger pour le faire là tout de suite.

Elle sourit faiblement à la rousse.

« Salut Sansa.

Cette dernière n'hésita pas une seule seconde avant de se jeter dans ses bras pour la serrer contre elle, et si la fer-née dut étouffer un cri de douleur et faire comme si elle n'avait pas mal, ce n'était pas grave.

Parce qu'elle tenait la femme qu'elle aimait contre elle, et que si elle fermait les yeux et faisait suffisamment bien semblant, pendant assez longtemps, alors elle parviendrait presque à croire que c'était réel, que cette étreinte lui était donnée par sa petite-amie, et que celle-ci se souvenait d'elle.

Mais ce n'était pas le cas, évidemment.

Pourtant, l'espace de quelques secondes, elle s'autorisa à croire en cette illusion.

C'était sans doute le seul et unique moyen pour elle de ne pas complètement perdre la raison.

Mais il y avait une chose, en revanche, qui était vraie.

Sansa s'était inquiétée pour elle.

La louve avait eu peur de la perdre.

Elle tenait à elle.

Et Yara savait que vu les circonstances, elle n'aurait pas dû se réjouir de cela, qu'elle le faisait pour les mauvaises raisons, que causer du chagrin à sa bien-aimée n'était aucunement dans ses plans, mais constater qu'elle avait réussi à regagner l'affection de Sansa malgré la séparation et l'oubli était une victoire au milieu de cet océan de souffrance dans lequel elle nageait avec peine depuis son arrivée à Kintzheim.

- Esgred… murmura Sansa avant de fondre en larmes. Tu… j'ai eu tellement peur, j'ai cru… j'ai cru que j'allais te perdre.

Tu m'as déjà perdue une fois, songea Yara avec tristesse, repensant à une malédiction, à un certain Sort noir, à une fumée violette et à deux longues années durant lesquelles elles avaient été séparées, elles qui l'étaient encore en un sens parce que la noble ne savait toujours pas qui elle était réellement.

Et par le Dieu noyé comme elle aimait cette femme.

Et comme elle lui manquait.

- Je vais bien Sansa, d'accord ? Lui assura-t-elle, même son cœur était en train de se briser.

Parce qu'elle savait que, si jamais elle continuait de serrer son ancienne petite-amie dans ses bras comme ça, elle risquait de ne plus jamais la lâcher, de ne plus accepter de la laisser repartir.

Ça ne lui aurait pas déplu, mais elle n'était pas sûre que Sansa aurait été d'accord avec ça.

Et de toute façon, elle n'eut pas à le faire, pas alors qu'en bougeant, la jeune femme avait appuyé par accident sur sa blessure.

- Aïe, laissa échapper Yara malgré elle.

Et aussitôt, Sansa s'arracha à ses bras, ce que la guerrière regretta aussitôt, et elle envisagea un temps de faire comme si elle n'avait pas vraiment eu mal, mais elle avait le sentiment que Sansa ne s'y serait pas laissée prendre.

Dommage, l'occasion de la serrer dans ses bras ne se représenterait probablement pas de sitôt.

Peu importe, elle s'en contenterait pour l'instant.

- Désolée, désolée, s'excusa immédiatement la rousse, ça va je ne t'ai pas fait trop mal ?

Alors, Yara lui sourit.

Oui, elle avait eu mal, mais cette douleur n'était rien en comparaison de celle que Ramsay Bolton lui avait infligée, et surtout, si c'était le prix à payer pour pouvoir à nouveau la serrer dans ses bras, eh bien…

Yara saurait parfaitement s'en accommoder.

- Ne t'en fais pas Sansa, j'ai connu pire.

Elle préféra ne rien ajouter de plus, ne voulant pas voir l'horreur se peindre sur son visage si jamais elle apprenait ce qu'elle avait vécu autrefois à Westeros, dans un monde dont elle ne se souvenait même pas.

Un faible sourire apparut sur le visage de la rousse, illuminant son beau visage.

- Tant mieux alors. Est-ce que… tu te souviens de ce qui t'es arrivé ?

Yara soupira.

Elle aurait aimé pouvoir parler d'autre chose, mais de toute évidence, ce n'était pas possible.

- Ramsay Bolton a essayé de me tuer.

Elle la vit blêmir et serrer les poings.

- Ça… ne me surprend pas autant que ça le devrait. J'ai toujours su qu'il était dangereux, avant même qu'il ne commence à fréquenter Theon, et à partir du moment où il a commencé à sortir avec lui aussi, mais… jamais je n'aurais pensé qu'il… qu'il soit capable d'aller jusque-là. Comment tu te sens ?

- J'ai mal partout et… je suis contente aussi.

Sansa haussa un sourcil sceptique.

- Comment ça contente ?

Un sourire satisfait se dessina sur le visage de Yara Greyjoy.

- Parce qu'au moins maintenant tout le monde saura pour de bon quel genre de monstre il est, il a révélé son vrai visage aux yeux de tous, et même s'il arrive à s'en sortir… j'aurai quant même gagné.

Sansa cligna des yeux à plusieurs reprises, stupéfaite.

- Tu… tu as failli mourir… et tu considères quant même ça comme une victoire ?

À sa grande surprise, Esgred éclata de rire, et le cœur de Sansa rata un battement.

Elle était magnifique quand elle riait.

Enfin.

Elle était magnifique tout le temps mais c'était comme si elle venait tout juste de s'en rendre compte.

- En quelque sorte… oui. »

C'était… étrange.

Mais Esgred Miller avait toujours été étrange et ce, depuis que Sansa la connaissait, depuis qu'elle était arrivée à Kintzheim, elle n'était comme aucun autre habitant de la ville, mais elle avait amené avec elle une volonté de fer et d'acier et un désir sincère de changer les choses, d'aider des gens qu'elle ne connaissait pas.

Et c'était probablement la meilleure chose qui soit jamais arrivée à cette ville, celle dont elle avait le plus besoin sans même en avoir conscience.

Alors oui, la jeune femme était bizarre.

Mais vu tout le bien qu'elle avait fait en seulement quelques mois, Sansa n'allait clairement pas s'en plaindre.

§§§§

En voyant Theon entrer dans sa chambre, Yara écarquilla les yeux de surprise.

« Theon ? Qu'est-ce que tu fais là ?

- J'étais censé sortir de l'hôpital aujourd'hui, mais… j'ai appris ce qu'il t'était arrivé la nuit dernière, alors je suis venu.

Ironique ça, que Ramsay ait précisément choisi de la frapper la veille du jour où Theon allait enfin sortir de l'hôpital maintenant qu'il était complètement guéri et remis sur pied.

- Est-ce que tu vas bien ? Lui demanda-t-elle.

- C'est plutôt à toi qu'on devrait poser la question, lui rétorqua le jeune homme avec un air sévère et en croisant les bras, tu sais, rien de tout ça ne serait arrivé si tu…

- Si je n'avais pas provoqué Ramsay Bolton, oui, tu as raison. Mais je ne regrette rien.

- Esgred, il a failli te tuer.

- Et il aurait fini par te tuer toi aussi à force ! Hurla-t-elle en réponse, et il se figea, stupéfait. Qu'est-ce tu crois, que j'aurais pu le laisser tuer… que j'aurais pu le laisser te tuer ? Se reprit-elle au dernier moment. »

Que j'aurais pu le laisser tuer mon petit frère ? Étaient les véritables mots qu'elle aurait aimé pouvoir dire.

Elle ne prononça jamais les mots qui se trouvaient pourtant sur le bout de sa langue, et c'était mieux comme ça, parce qu'il n'aurait pas compris.

Personne n'aurait compris, à part Marina, Stannis et leurs ennemis.

Alors elle se tut et enfouit au fond d'elle-même tout l'amour qu'elle avait pour son petit frère, tout ce qu'elle savait, tous les secrets qu'elle était forcée de cacher, de dissimiler aux yeux du monde, même si ça lui faisait mal.

Encore une fois.

Une fois de plus.

Tout ça à cause d'une malédiction qui avait volé sa mémoire aux gens qu'elle aimait.

Combien de temps allait-elle devoir tenir comme ça avant de finir par totalement craquer et révéler la vérité au grand jour ?

Elle ne le savait pas, mais elle savait en revanche une chose.

Elle ne tiendrait pas très longtemps comme ça.

« Je vais bien Esgred.

Menteur, voulut-elle lui répondre, mais elle savait bien que ça ne changerait rien.

- Pour l'instant oui ! Riposta-t-elle. Mais et après ? Si je n'étais pas intervenue ? Maintenant, les choses vont peut-être s'arranger, mais avant cela, personne ne faisait rien, personne ne t'aidait, et il fallait bien que quelqu'un agisse, alors je l'ai fait.

- Au détriment de ta propre sécurité, tu as risqué ta vie pour moi.

- Et je le referais encore s'il le fallait, lui répondit-elle sans la moindre hésitation.

Elle l'avait déjà fait autrefois à Westeros, durant la guerre contre les marcheurs blancs.

Il était hors de question qu'elle laisse un monstre humain réussir là où ces créatures de glace avaient échoué.

- Mais pourquoi ? On ne se connaît même pas ! »

Yara sentit les larmes lui monter aux yeux et son cœur se briser, encore une fois.

Elle se demanda combien de temps il tiendrait avant de se briser pour toujours, sans espoir de réparation.

Ce n'était pas de sa faute.

Ce n'était vraiment pas de sa faute, parce qu'il ne se souvenait pas d'elle à cause de la malédiction, mais là tout de suite, elle aurait aimé pouvoir lui hurler dessus et lui démontrer le contraire, lui dire la vérité.

Mais elle ne le pouvait pas.

Elle n'en avait pas le droit.

Alors elle mentit.

Parce qu'elle ne faisait que ça, et si Emma Swan avait été là, elle aurait sans doute pu constater qu'il y avait plus de mensonges que de vérités dans les paroles qu'elle proférait depuis son arrivée à Kintzheim, quand elle parlait aux habitants amnésiques de la ville.

« Parce que j'ai perdu quelqu'un autrefois, qui est mort et que je n'ai pas pu sauver, parce que je n'étais pas là, et que je ne veux pas que l'histoire se répète… je refuse qu'il t'arrive la même chose, je refuse de te perdre. »

A sa grande surprise, ce fut lui qui la serra dans ses bras, au lieu de continuer à s'énerver contre elle, et elle réalisa avec stupeur quelques secondes plus tard qu'il était en train de pleurer, tout comme elle.

Il avait réellement eu peur pour elle.

Même si elle avait été oubliée, elle restait aimée malgré tout, et ce constat lui fit chaud au cœur.

« Je t'interdis de me refaire ça. »

Elle le lui promit, même si, connaissant Ramsay, elle n'était pas vraiment sûre et certaine de pouvoir tenir cette promesse…

A suivre…