Chapitre 25

Charlie put se lever trois jours plus tard et retourner travailler au bout de deux semaines. Bill resta quatre jours et le dernier jour de son séjour, il renforça les protections sur la maison de Charlie avec l'aide de celui-ci. Les parents Weasley restèrent trois semaines et le couple fut soulagé de les voir partir. Ils étaient très attachants et Steve avait adoré entendre des anecdotes sur son homme plus jeune, mais Arthur n'arrêtait pas de demander des informations sur tout ce que le moldu pouvait avoir dans ses valises. Molly quant à elle était étouffante. Elle passait son temps à anticiper tout ce dont Charlie aurait pu avoir besoin et poussa Steve autant qu'elle put dans sa réflexion sur son avenir professionnel. Tous les deux rêvaient de retrouver un peu d'espace personnel et furent soulagés d'être enfin seuls, assis ensemble sur la terrasse de leur maison à regarder les montagnes. Charlie était assis entre les jambes du militaire, son dos appuyé sur son torse. Tout était calme, ils étaient sereins ainsi tous les deux, mais quelque chose préoccupait Steve.

"Ta mère m'a parlé de certaines choses, à plusieurs reprises."

Charlie souffla, pas heureux de la tournure de phrase et se doutant du sujet à venir.

"Laisse-moi deviner, elle a insisté sur le fait qu'après tant de temps ensemble on devrait être mariés et elle t'a demandé quand est-ce qu'elle aurait des petits enfants.

- Tu connais bien ta mère, dit-il en souriant.

- Et du coup, qu'est-ce qui te tracasse à propos de ça ?

- Est-ce que c'est ta mère qui veut qu'on se marie et qu'on ait des enfants ou toi ?"

Charlie se releva et se tourna face à Steve qui se demanda s'il n'aurait pas mieux fait de se taire, vu l'air contrarié de son homme.

"J'en sais rien, je n'ai pas besoin de me marier pour être heureux avec toi et je ne compte pas le faire pour faire plaisir à mes parents.

- OK.

- Et pour ce qui est des enfants, de un, elle a déjà douze petits-enfants, elle peut me laisser tranquille là-dessus et de deux, c'est une discussion dont elle n'a pas à se mêler.

- Donc tu ne veux pas te marier, ni avoir d' enfants."

Steve ne savait pas comment se positionner là-dessus. Il n'avait jamais envisagé le mariage et il n'avait pas d'idée arrêtée sur la question des enfants, mais là, arriver à cette conclusion lui faisait mal au cœur. Charlie saisit ses mains avant de reprendre la parole.

"Je n'ai rien contre le mariage, je veux juste que ça vienne de nous, OK ?

- Oui.

- Et je pense que tu n'as pas compris que ma mère parle d'enfants biologiques et non d'adoption.

- Quoi ? Pardon ?"

Steve était choqué, il ne comprenait pas comment Molly pouvait espérer d'eux des enfants biologiques.

"Dans le monde magique, il existe des potions pour permettre à deux hommes d'avoir un enfant ensemble. La population sorcière a toujours été faible donc les potionnistes ont travaillé dessus pendant des siècles et aujourd'hui la méthode est au point et présente peu de risques pour le porteur. Les risques de fausse-couches sont cependant plus élevés que pour une grossesse naturelle et le porteur doit le plus souvent rester alité pendant les neuf mois."

Il laissa de longues minutes à Steve pour intégrer ce qu'il venait de lui dire, mais le brun n'arrivait pas à assimiler l'idée que peut-être un jour, s'ils le décidaient, ils pourraient avoir un enfant.

"Comment ça marche ?

- Je pense que tu sais très bien comment on fait les bébés Steve.

- Non je veux dire, n'importe qui peut prendre ces potions et avoir un enfant.

- Non, seulement les sorciers, donc il faudrait que je sois le porteur.

- OK, et tu...

- Ecoute Steve, nos vies n'ont pas vraiment été posées depuis qu'on se connaît, et on vient tout juste de s'installer ensemble, est-ce qu'on peut garder ces questions pour dans quelques mois, voire quelques années ?

- Bien sûr."

Steve attira Charlie à lui pour l'embrasser, toujours un peu perdu, confus à cause de ce qu'il venait d'apprendre.

"En attendant on peut toujours s'entraîner." chuchota le dragonnier.

Le militaire sourit, se leva, attrapa son amant par les hanches et le tira à l'intérieur tout en l'embrassant.

La nuit fut magique, comme toujours, mais Steve se sentit bien seul le lendemain après que Charlie soit parti travailler. Il fit un footing, quelques exercices de musculation, quelques mouvements d'arts martiaux, mais après deux heures de sports et une douche, il n'eut plus d'autre choix que de se mettre sur son projet professionnel. Il avait réussi à occuper son temps quand ses beaux-parents étaient là, il avait déjà défait toutes ses valises avec Arthur, il devait maintenant se lancer dans une activité sinon il allait devenir fou.

En discutant avec Molly, l'idée de devenir guide de haute et moyenne montagne lui était venue. Il se connaissait, il avait besoin d'une activité en plein air, qui lui permette de bouger, rester assis derrière un bureau ne lui irait pas du tout. Il sortit alors et passa dans la librairie du village sorcier pour acheter des cartes topographiques et des cartes de randonnées de la région, il passa ensuite à l'accueil de la réserve où Géraldine, une collègue française de Charlie qu'il appréciait beaucoup, s'étonna quand il lui dit qu'il n'était pas venu voir son compagnon. La sorcière était blonde, mince, petite, mais très musclée et avec un caractère de feu, Steve s'était très bien entendu avec elle dès leur première rencontre. Il lui expliqua qu'il voulait savoir quels chemins de randonnée autour ou dans la réserve étaient accessibles au public et s'il était possible de voir des dragons en toute sécurité en les empruntant. La jeune femme, qui était en charge de l'accueil du public ce jour-là, fut ravie de répondre à ses questions et passa plusieurs heures le nez penché sur les cartes avec lui. Ce fut comme ça, tous deux penchés autour d'une table à surligner et annoter une carte que Charlie fut surpris de les trouver.

"Qu'est-ce que tu fais ?

- Des plans !"

Le dragonnier vint l'embrasser et regarda par-dessus son épaule.

"Tu vas devoir m'expliquer.

- Mmmh, répondit Steve, concentré sur la carte.

- Tu me retrouves à la maison ?

- Mmmh.

- Géraldine, tu me le renvoies ?

- T'inquiète Charlie, il rentrera entier chez vous."

Le dragonnier déposa un baiser sur la tempe de l'ancien militaire et quitta les lieux sans que celui-ci ne le remarque. Ce ne fut que lorsque la jeune femme eut répondu à toutes ses questions qu'il réalisa l'absence de son compagnon.

Géraldine explosa de rire.

"Il est parti il y a presque deux heures, il était couvert de résidus en tous genres, je pense qu'il a voulu aller se changer rapidement."

Oups, pensa Steve, il avait peut-être été trop absorbé dans ce qu'il faisait.

"Allez, je te raccompagne, déclara la dragonnière en rangeant le lieu.

- Je peux rentrer seul, tu sais ?

- Je sais, mais t'es sur ma route."

Steve ne répondit pas, il savait que c'était faux, mais il apprécia de discuter avec elle en chemin, elle continua de lui donner des conseils et des idées pour son projet et lui dit qu'il pouvait revenir la voir à la réserve s'il avait d'autres questions.

Il la remercia et passa la porte de chez lui. Un sourire vint flotter sur ses lèvres alors qu'il sentait la délicieuse odeur de la cuisine de Charlie et repérait son homme en jean t-shirt en train de s'affairer aux fourneaux. Il s'assit dans un fauteuil et l'observa jusqu'à ce qu'il tourne la tête vers lui.

"Tu pourrais aider, dit-il avec un sourire.

- C'est ce que je fais ?

- Ah oui ?

- Je t'envoie des messages d'encouragement par la pensée !"

Charlie rit franchement et vint l'embrasser.

"Je n'ai jamais été bon en télépathie, si tu m'encourageais plutôt en mettant la table."

Steve s'exécuta en déclarant qu'il était exploité, ce à quoi le sorcier ne répondit pas, se contentant de sourire.

Charlie interrogea le brun sur la raison de sa présence à la réserve plus tôt dans la journée. L'américain lui expliqua alors son projet et les informations que Géraldine avait pu lui donner. Le sorcier rebondit tout de suite sur son idée et ils en discutèrent pendant des heures, permettant à Steve de construire plus encore son projet. Ils finirent par aller se coucher avec un plan pour permettre au plus jeune de mettre en route son projet.