En passant : Merci encore ! C'est ultra rassurant de lire ce genre de commentaire en cas de coup de mou -u-
Guest : C'est sûr que ca simplifierait les choses :D Mais on en reviendrait au même point avec Drago qui ne veut plus de sa relation avec Harry
La situation l'effrayait à tel point qu'il fut incapable de retourner dans sa cellule : Là-bas, Potter était capable de l'acculer. Il y avait deux personnes à Azkaban capables de lui tenir tête : Mullan, qui ne ferait certainement pas un geste même si Drago la suppliait, et Nguyen, qui ne ferait pas grand-chose de plus. Ce fut tout de même vers lui que Drago retourna après sa précédente rencontre avec le Survivant. Dépité, désespéré, il demanda l'autorisation à l'infirmier de passer au moins la soirée à l'infirmerie :
« Vous pouvez me menotter à un brancard, si vous voulez. J'ai un mal de tête léger depuis ce matin, qui ne passe pas… » argumenta-t-il.
Nguyen souriait cette fois franchement.
« Un mal de tête ?
– Oui.
– Dommage. »
Drago attendit une suite qui ne vint pas, aussi, après quelques secondes d'attente, répéta-t-il : « Dommage ? » d'un ton interrogatif.
« Oui, j'étais occupé à l'élaboration d'un nouveau stock de Poussos, et j'aurais bien aimé profiter de vos talents de Potioniste, mais enfin… Les vapeurs de sureau, avec un mal de tête… »
Drago grimaça, puis affirma : « Je vous ai dit que la douleur était légère. Je peux toujours essayer de vous rendre ce service.
– Vraiment ? Et bien dans ce cas… »
Ils passèrent la fin d'après-midi et la soirée dans l'atmosphère confortable et feutrée du laboratoire de l'Infirmerie. Drago s'y sentit si bien qu'il aurait bien aimé y passer même la nuit, quitte à ne pas fermer l'œil et à s'acquitter d'une tâche aussi rébarbative que celle du tri des œufs de crapaud.
Nguyen finit toutefois par le mettre à la porte.
« Est-ce que je ne pourrais pas finir au moins l'extraction d'essence de Camomille ? supplia presque Drago. Je n'aime pas abandonner une tâche à moitié entamée.
– Non. Il est hors de question que je vous laisse seul dans mon laboratoire, et l'heure du repas a sonné. Par ailleurs, avez-vous mangé, dernièrement ? » demanda l'Infirmier en verrouillant la porte du laboratoire d'un coup de baguette.
Il avait probablement entendu les plaintes de l'estomac du prisonnier.
« Bien sûr, mentit celui-ci.
–Vous devez savoir que je consigne chaque symptôme de chaque détenu qui passe à ma portée. Devrais-je mentionner dans votre dossier des problèmes de digestion ou des maux de tête handicapants ? »
Drago se sentit rougir de honte devant le ton clairement dubitatif.
« Non, ne mentionnez rien de tout ça, mais…
– Mais ? répéta Nguyen quand il devint clair que Drago ne finirait pas sa phrase seul.
– Mais… J'apprécierais… pouvoir vous aider à nouveau… Si ça ne vous dérange pas… Si vous jugez mes compétences suffisantes… L'essence de Camomille… »
Drago fixa le sol, pitoyable, frustré et honteux. Avouer sa faiblesse était une torture. Nguyen resta quelques secondes silencieux, puis il proposa :
« Ce soir, forcez-vous à manger votre dîner, Monsieur Malfoy. En échange de quoi, je vous promets que je vous accueillerai demain dès l'ouverture des consultations. Vous pourrez passer la journée ici. »
·
Drago obtint une journée de plus, puis encore une autre.
Avec une opiniâtreté enfantine, il refusa toujours de toucher à la nourriture de son chariot. Il profita cependant de la nuit pour aller chaparder de quoi grignoter dans la salle de repos des Gardiens. Il passait la majorité de son temps dans le laboratoire de potions, et quand Nguyen le fichait à la porte pour aller manger ou dormir, il se réfugiait dans une salle quelconque du château ou partait se promener sur la plage, là où les possibilités de fuite étaient multiples. Il retourna dormir dans la Patinoire la première nuit, puis, craignant que sa nouvelle cachette ne soit découverte, il vola des tapis et des draps et s'installa dans un vieux débarras la seconde fois.
Quand il sortait sur l'île, les albatros l'assaillaient, plein de courriers et de colis, et Drago avait bien du mal à leur faire comprendre qu'il ne s'occupait désormais plus de la correspondance du Directeur :
« Sur le balcon. Allez porter ça sur le balcon », répétait-il, inlassablement.
Les oiseaux le regardaient d'un air sévère en inclinant la tête, ou lui donnaient des coups de bec s'ils jugeaient son ton trop cavalier. Il aurait certainement pu les calmer ou les soudoyer avec quelques friandises GullGrub, mais il aurait fallu pour cela s'en procurer, et il était impensable de retourner dans les appartements du Directeur.
Ce jour-là, donc, pendant la pause de midi de Nguyen, il se rendit dans les greniers poussiéreux qu'il avait visité avec Mullan, et où il avait failli installer les logements temporaires destinés aux architectes et bâtisseurs.
Les bustes maudits d'Ekrizdis étaient toujours là, à le toiser de leurs yeux sans pupille, les tableaux, les meubles cassés ou abandonnés… Drago mit un moment, dans ce capharnaüm, pour retrouver la malle bleue qui avait abrité l'Épouvantard. Il la fixa un moment sans bouger, attentif aux légers frémissements qui la parcouraient parfois, puis se décida à soulever le couvercle.
Sans surprise, elle était vide…
Un gloussement se fit entendre dans son dos, un souffle lui parcourut la nuque, puis le rire franc et cruel du Seigneur des Ténèbres prit de la hauteur.
Drago referma la malle d'un geste sec, s'assit sur son couvercle, puis ferma les yeux pour laisser le rire l'envelopper. Bien sûr, ce son était toujours aussi effrayant pour lui, faisait se dresser le poil de ses bras et trembler sa mâchoire… C'était toutefois rassurant de constater que l'Épouvantard avait repris sa forme ordinaire : Il n'avait plus peur de Potter. Ou en tout cas, beaucoup moins que ce n'avait été le cas.
Au bout d'un moment, l'Épouvantard, désirant probablement instaurer une peur plus grande et moins confortable pour Drago, décida d'ajouter des effleurements sur les portions de peau laissées à sa disposition : Le visage, les mains… Des caresses, des soupirs d'air frais et malodorant… Et puis il y ajouta des insultes, et enfin des phrases entières et des menaces :
« Bien sûr que je te trouvais parfait… Parfait pour inspirer la peur, le dégout, la haine. Tout ce que je recherchais… Tu étais un outil pour moi comme pour lui, mais tu n'as plus aucune utilité, désormais. Personne ne te regretterait si tu disparaissais, Drago Malfoy. Le monde en serait peut-être même meilleur. Mais tu n'auras jamais le courage d'en finir, pas vrai ? »
La litanie de paroles était quasiment reposante en comparaison de tout ce qui lui tournait dans la tête, et Drago se sentit presque s'endormir.
Jusqu'à ce que la voix de Potter retentisse et coupe court à l'expérience : Un « Riddikulus » fusa, un bruit de pétard retentit, et Drago ouvrit précipitamment les yeux pour voir un tourbillon noir disparaitre dans un vieux secrétaire bancal.
Il resta quelques secondes interdit, essayant de deviner, au changement de luminosité des lieux combien de temps avait passé.
« Est-ce que tu avais oublié qu'il était là ? » demanda Potter.
Drago tourna la tête pour l'observer : Toujours le même visage, toujours la même silhouette, toujours la même voix, les mêmes expressions insupportables… Et pourtant, jusqu'à cette intervention, il lui avait fichu la paix.
Drago se leva, lissa doucement ses cheveux en arrière et sa robe sur son ventre, puis il passa devant lui pour sortir en douceur de la pièce.
« Drago, reprit Potter en le poursuivant, je viens de m'engueuler avec Nguyen. Il dit que tu n'es pas en état de partir, mais si tu…
– Fiche la paix à Nguyen, Potter, indiqua Drago sans se retourner.
– Okay, je voulais juste vérifier avec toi que vous étiez d'accord là-dessus… » Il le suivit un moment en silence, puis reprit : « Écoute, j'imagine que t'as pas envie de me voir, de me parler, de venir me demander pour partir… Je me doute que tu dois trouver ça humiliant ou je-sais-pas-quoi, mais…
– Viens-en au fait, Potter », grinça Drago.
Il était douloureux de constater que Potter lisait si facilement en lui.
« Ben t'as toujours ton double de l'agenda, reprit Potter en marmonnant. Du coup, si t'as pas envie de me parler, t'as juste à entourer la date de ton choix, et je comprendrai le message. Je te promets pas que je pourrais organiser ça d'un jour pour le lendemain, mais… Enfin, par exemple, cette après-midi, je pourrais rien faire, tu vois… »
Drago fronça les sourcils en calculant les dates. On était lundi, et le jour de la séance de Potter avec sa psychologue moldue…
« Très bien », maugréa Drago à voix basse.
Malheureusement, cette réponse ne suffit pas à ce que Potter lui fiche la paix. Il continua de le suivre, et Drago, de plus en plus importuné, se mit à déambuler au hasard.
« Est-ce qu'on pourrait quand-même se mettre d'accord sur des endroits où tu n'irais pas te fourrer, au moins pendant mon absence, Drago ?
– Non, Potter. Désolé de te décevoir, mais je ne suis plus ton prisonnier, je n'ai aucun ordre à recevoir de toi.
– Pour être tout à fait exact, tu n'as jamais été mon prisonnier. Je dirige juste l'endroit où tu es prisonnier. Et j'en parle au présent, parce qu'officiellement, tu y es toujours prisonnier. »
Drago se mordillait les lèvres en marchant sans but. Il n'avait pas réfléchi à ça : Au fait qu'il ne serait effectivement pas libre tant qu'il n'aurait pas quitté le territoire Britannique. Il se demanda un moment si sa stupide obstination à reporter son départ le mettait en danger…
« Drago, répéta Potter au bout d'un moment. Tu ne vas pas aller te fourrer dans l'un des Corridor de détenus, n'est-ce…
– Je ne suis pas un crétin, Potter ! » éructa Drago en reprenant un rythme de marche plus rapide.
Bien sûr qu'il n'allait pas aller se promener parmi les autres ! Les Épouvantards étaient affreux mais n'avaient rien de réellement dangereux, mis à part leur capacité à conduire les humains à la folie ou au suicide. Drago n'avait jamais eu besoin d'eux pour glisser de ce côté-là.
« Est-ce que tu penses que je vais te laisser me parler sur ce ton-là encore longtemps, Drago ? demanda finalement Potter avec un ton crâne et moqueur horripilant.
– Et pourquoi pas ?! s'exclama Drago. Après tout, tu adores les insultes, non ?! »
Ils étaient arrivés dans l'un de ces couloirs à la gravité étrange, décalée de 90° : Ils marchaient sur un mur percé de fenêtres qu'il fallait contourner. À travers elles, on pouvait voir l'horizon sous leurs pieds.
« Venant de toi, oui, prétendit Potter. Parce que je sais que dans le fond, si tu oses m'agresser, c'est que tu me fais assez confiance pour ne pas répliquer. »
Drago ricana sans se retourner.
« C'est très optimiste de ta part, Potter ! Mais encore une fois, désolé de te décevoir : Si je te traite de crétin, c'est parce que je pense que tu es un crétin !
– Étant donné ce que je t'ai fait, je trouve le terme de crétin plutôt indulgent. »
Ils débarquèrent soudain à l'air libre, sur une portion de remparts que Drago ne connaissait pas. Il prit une grande inspiration d'effluves marines en cherchant une réplique cinglante à balancer. Rien ne lui vint, aussi décida-t-il que l'ignorance et le mépris valaient mieux qu'une répartie médiocre.
« Ça va aller ? demanda finalement Potter d'une voix radoucie. Ça ne t'inquiète pas que je m'absente pour l'après-midi ? »
Drago s'agrippa à la pierre noire et tourna la tête vers lui. Le terme de crétin était effectivement faible pour décrire l'homme capable de faire cette supposition à voix haute. Et pourtant, encore une fois, il se retrouva sans voix.
Potter n'exhibait pas son éternel sourire moqueur. Il semblait réellement soucieux.
Ils se fixèrent en silence quelques secondes, puis le sourire réapparut, étirant les lèvres de Potter à la vitesse de l'éclair.
« Non, devina-t-il sans peine. Tant mieux. »
·
Le soir venu, Drago était de nouveau dans sa cellule. Il ne voulait pas que Potter vienne lui reprocher, à son retour, d'avoir trop déambulé à son goût dans le château. Moins il lui donnait de raison de lui parler, mieux il se portait.
Peine perdue.
Il débarqua devant la grille de sa cellule, et Drago, qui s'était confortablement installé dans son lit – dans le sens de la largeur – pour y lire son roman moldu à la lueur de sa lampe à pétrole, referma l'ouvrage d'un geste sec en poussant un soupir théâtral.
« Quoi encore ?!
– Est-ce que ça te dit qu'on mange ensemble ? »
Les yeux de Drago avaient probablement la taille, la forme et l'agressivité de deux Cognards, tant la proposition le choqua. Ses lèvres tremblèrent sous l'effort de trouver des mots assez puissants à exprimer son agacement.
« Est-ce que tu te souviens qu'on mangeait ensemble à chaque… » commença Potter, mais Drago parvint enfin à lui couper la parole :
« Je me souviens surtout que c'était ça ou mourir de faim ! »
Potter grommela un juron moldu, puis poussa la porte de la cellule pour entrer, toujours sans y avoir été invité. Drago se leva en vitesse et maladroitement. Il ne voulait pas rester à demi allongé devant lui.
« Bon, je te laisse ça là, marmonna Potter avant de poser un sac en papier noir sur la table basse. À chaque fois que je partais à Londres, je ramenais de la nourriture à emporter de restaurants Moldus. C'était une façon de…
– Je ne veux rien de toi, Potter ! s'offusqua une nouvelle fois Drago. Tu peux repartir avec tes déchets !
– Je te laisse ça là, répéta Potter d'un ton sans réplique. Mange-les, jette-les, ou fourre-toi-les là où je… »
Il sembla soudain frappé d'une révélation, s'interrompit dans sa diatribe, puis regarda Drago d'un air peiné.
« Désolé, marmonna-t-il. Je… Je te jure que je vais bosser là-dessus. C'est… »
Ses yeux s'égarèrent vers le sac de nourriture, puis sur Drago de nouveau, et il recula d'un pas.
« Si ça te dérange tant que ça, okay, je le réembarque, mais…
– Casse-toi, Potter. Vraiment. Si tu m'aimes, fiche-moi la paix. »
