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« La magie ? »
La voix de Blaise leur parvint à travers la fenêtre ouverte.
« Je pense que je le saurais si j'étais capable de faire de la magie. »
Près de Harry, Hermione gémit et au-dessus d'eux, la fenêtre se referma en claquant. Harry attrapa le bras de Hermione et l'éloigna avant que quelqu'un ne vienne trouver la source du bruit. Ils ne s'arrêtèrent de courir qu'une fois entrés dans la bibliothèque et assis dans leur coin habituel, au fond, dans l'espace le plus calme.
Hermione était très pâle et avait l'air un peu paniqué. Harry n'arrivait pas à croire qu'elle n'ait encore rien dit, en s'écriant que Giovanna Zabini était complètement folle et qu'elle ne pouvait pas avoir raison.
Elle n'y croit pas, pas vrai ? Harry ne savait pas ce qu'il était censé faire si c'était le cas. En parler à Patmol était la solution évidente, mais ensuite quoi ? Lancer un sortilège d'Amnésie à Hermione ? Tout lui expliquer et la faire jurer de ne jamais rien dire à personne ?
Et Blaise … Blaise était un sorcier. Il n'avait pas l'air convaincu, mais Harry lui-même ne l'avait pas cru lorsque Patmol le lui avait annoncé. Cela voulait dire que Blaise irait à Poudlard. Harry connaîtrait une autre personne … Et Blaise également. Soudainement, il eut encore plus hâte à septembre.
« Dingue, hein ? » s'entendit-il dire.
« Dingue, confirma Hermione avec un rire tremblant. Ridicule vraiment, qu'une adulte croit que la magie est réelle. »
Elle ne semblait pas elle-même. Harry se força à sourire.
« Et elle pense quoi ? Que Blaise est une sorte de sorcière ? »
« Un sorcier plutôt. » rectifia Harry avec un sourire nerveux.
Hermione lui adressa un regard étrange.
« Parce que, tu sais, Blaise est un garçon, donc il serait un sorcier, pas une- »
Arrête de parler, se dit-il à lui-même. Il se pinça les lèvres.
« Pas une sorcière, termina Hermione. Bien sûr, je suis bête. »
Elle secoua la tête tellement fort qu'elle manqua de faire tomber sa casquette.
« Enfin c'est purement théorique, bien sûr. »
« Ouais, dit rapidement Harry. Je veux dire, la magie n'est pas réelle. »
« Non, vraiment pas. » dit Hermione.
Le silence tomba entre eux. Harry balaya la bibliothèque du regard et quand il fut convaincu qu'ils étaient seuls, il sortit sa part de tarte à la mélasse et en prit une bouchée. Hermione pinça les lèvres et ses yeux se posèrent sur le signe 'Interdit de manger' sur le mur, mais elle ne fit pas de commentaire. Elle avait toujours l'air nerveuse.
« Et elle n'a même pas l'air d'une sorcière. »
« Pas de verrues. » confirma Harry en époussetant des miettes de son short.
« Pas de crapaud. » dit nerveusement Hermione.
« Non, dit Harry. Très moldue. »
Elle s'était plutôt bien débrouillée d'ailleurs, pensa-t-il. Zabini se comportait comme une Sang-Pur – de façon hautaine – alors il doutait qu'elle passait beaucoup de temps dans le monde moldu, mais elle jouait bien son rôle.
« Pardon ? » demanda Hermione, les yeux écarquillés.
Harry réalisa son erreur trop tard.
« Je- » dit-il.
Idiot ! Comment je suis censé expliquer ça maintenant ? Hermione est un dictionnaire sur pattes et elle n'aura jamais entendu ce mot, alors elle va poser des questions …
« Moldu, dit Hermione. Tu as dit moldu. »
« Non, lui dit Harry aussi fermement que possible. Je n'ai pas dit ça, j'ai dit- »
« Tu l'as dit, je t'ai entendu. » dit Hermione avec autorité.
Elle souriait toujours – plutôt nerveusement, mais il y avait aussi de l'espoir dans son regard – et cela était très, très inquiétant.
« Mais non. » insista Harry.
Hermione le fixa pendant un long moment, à la recherche de quelque chose. Elle croisa les doigts. Oh Merlin, qu'est-ce que j'ai-
« Dans quelle Maison était Zabini, tu penses ? » demanda Hermione, les yeux fixés sur le visage de Harry.
« Je n'ai pas- quoi ? »
Harry observa Hermione, certain que ses oreilles lui jouaient des tours. Elle le regardait, son expression presque illisible. Harry regrettait de ne pas savoir se transformer. Alors il serait capable de sentir son humeur. Il prit une inspiration profonde, espérant que cela ne se retournerait pas contre lui. Si ça arrive, ils pourront toujours lui lancer un sortilège d'Amnésie, pensa-t-il misérablement.
« Du houx, dit-il prudemment. Et une plume de phénix. »
« Bois de vigne, murmura-t-elle. Et ventricule de dragon. »
Harry la fixa, bouche bée, et elle le dévisagea en retour, complètement ahurie.
« Tu es une sorcière ? » demanda-t-il, ébahi.
« Tu es un sorcier, répliqua-t-elle, mais ce n'était pas une question. Poudlard ? »
« Poudlard. » confirma Harry.
Hermione rayonnait.
« Depuis- depuis combien de temps ? » bafouilla Harry.
Hermione rapprocha sa chaise de la sienne et baissa la voix.
« Et bien toute ma vie, j'imagine. » dit-elle.
Harry aurait levé les yeux au ciel s'il n'avait pas été aussi choqué.
« Mais je l'ai seulement découvert l'année dernière, à mon anniversaire. Le professeur McGonagall, elle enseigne- »
« La métamorphose, poursuivit Harry. Ouais, je sais. »
« Est-ce qu'elle est aussi venue te voir ? » demanda Hermione.
Harry secoua la tête. Hermione fronça les sourcils, avant de poursuivre avec sa propre histoire.
« Oui, donc elle est venue avec une lettre – comme celle de Blaise – et d'abord, je ne l'ai pas cru, mais elle m'a dit des choses plutôt censées et elle a transformé notre canapé en chèvre et- et bien, comment ne pas la croire après ça ? »
Hermione s'arrêta pour reprendre sa respiration.
« Tout ça est tellement intéressant ! Qu'il y ait tout un monde caché juste sous nos yeux et maintenant, j'en fais partie ! Maman et Papa ont eu plus de mal à accepter ça que moi. Ils avaient plein de projets pour moi pour le lycée, mais en fait, ils veulent juste que je sois heureuse et- »
« Hermione, dit Harry. Respire. »
« Désolé, dit-elle, essoufflée. C'est juste- c'est tellement bien de pouvoir en parler à quelqu'un. Maman et Papa sont intéressés, bien sûr, mais ils ne sont pas beaucoup à la maison ... »
Elle lui adressa un regard impatient, avant de soupirer.
« Quoi ? » demanda Harry.
« Comment l'as-tu découvert ? » demanda-t-elle, en ayant l'air prête à exploser.
« Oh, dit Harry en clignant des yeux. Euh, et bien, ma famille est d'origine sorcière- »
« Alors tu l'as toujours su ? » demanda Hermione, les yeux brillants à l'idée d'en savoir plus.
« Euh … Non, dit Harry. Nous- Patmol me l'a dit quand j'avais huit ans. »
« Est-ce que c'est normal ? demanda Hermione. Tu n'es pas autorisé à le savoir avant ? Tes parents n'utilisaient pas la magie ? Et Patmol, c'est un drôle de nom. C'est un sorcier ou- »
« Hermione. » répéta Harry.
« Désolé. » dit-elle en se taisant instantanément, mais en restant parfaitement attentive.
Harry remonta ses lunettes, sans trop savoir quoi dire. Était-ce une bonne idée de tout avouer et de lui dire son vrai nom ? Il ne voyait pas de raison de ne pas le faire – Drago le connaissait, tout comme Ron et Ginny – et ils n'étaient plus en fuite … Cela semblait juste étrange, alors que Harry avait fait si attention de cacher son vrai nom, son visage et sa magie à l'école. Il soupira.
« Je pense que tu en connais plus sur moi que tu ne le crois. » dit-il.
Elle lisait beaucoup et connaissant Hermione, elle avait sûrement essayé de trouver tout ce qu'elle pouvait sur la situation actuelle dans le monde sorcier, de façon à savoir dans quoi elle mettrait les pieds en septembre. Il lui tendit la main.
« Je m'appelle Harry. » dit-il.
Hermione leva les yeux au ciel, mais prit sa main.
« Harry Potter. »
Elle s'en trouva bouche bée.
« Ce n'est pas- mais tu ne peux pas- c'est une blague, pas vrai ? »
« Je suis sérieux, dit Harry sur un ton d'excuse, avant de grimacer. Enfin, en fait, j'le suis pas, mais mon parrain, si. Sirius Black. »
Hermione eut l'air prête à s'évanouir.
« Tu es sûr ? » demanda-t-elle.
Harry se contenta de la fixer.
« Pas que je- Tu es mort dans le monde moldu, tu le savais ? Ils ont arrêté de te chercher et tout le monde s'est dit ... »
Elle secoua la tête.
« Bien sûr, tous ceux qui savent ne serait-ce qu'un minimum ce qui se passe dans le monde sorcier sont au courant que ce n'est pas vrai, mais quand tu fais parti des deux mondes comme nous- C'est vraiment toi ? »
Ne sachant pas comment répondre, Harry se contenta de hausser les épaules d'un air impuissant.
« D- »
Mais quoi que Hermione ait voulu dire fut étouffé par le son de la cloche qui annonçait la fin du déjeuner et pour la seconde fois de l'année à l'école, Harry fut le premier à sauter de sa chaise pour retourner dans la classe. Hermione imita Harry et se hâta derrière lui, déçue que la pause soit terminée.
« Un mot, Blaise, et je- »
Le garçon – Blaise – retira son bras de la main manucurée de Giovanna. Narcissa, qui avait ouvert la bouche pour les saluer tous les deux, la referma. Elle n'avait jamais vu le garçon avant – il devait probablement avoir le même âge que Hydrus et Drago – mais avec sa peau, ses yeux foncés et sa grande taille, il ne pouvait être que le fils de Giovanna. Elle se souvenait que Giovanna avait déjà mentionné un fils, une fois il y a longtemps, mais elle n'avait jamais rencontré le garçon et n'avait pas réalisé que Giovanna était en contact avec lui. Elle avait dit qu'il vivait avec son père. Blaise jeta un œil par-dessus son épaule, fusilla Giovanna du regard et s'avança d'un pas.
« Blaise Zabini. » dit-il en hésitant entre ses deux noms, comme s'il voulait dire autre chose.
Un sourire charmant se dessina sur son visage, mais ses épaules restèrent figés.
« Vous devez être Mme Malefoy. »
« C'est un plaisir de te rencontrer. » dit Narcissa en lui souriant.
Elle tendit une main et il la serra sans hésitation.
« Giovanna. » ajouta-t-elle au-dessus de l'épaule du garçon.
« Narcissa. » dit froidement Giovanna.
Elle passa près d'eux et se dirigea vers le Manoir sans un mot de plus. Narcissa pinça les lèvres, avant de baisser les yeux vers Blaise, qui regardait son expression désapprobatrice et semblait étrangement conforté par cela.
« Je ne l'aime pas beaucoup non plus. » dit-il avant de passer près d'elle, comme sa mère.
Narcissa ne savait pas s'il avait vu sa mère et l'avait suivi ou s'il suivait juste le bruit que les autres faisaient, mais il n'eut besoin d'aucune aide pour rejoindre le salon. Narcissa le suivit, curieuse. Elle ne pensait pas qu'elle – une adulte – pourrait marcher avec autant d'assurance que lui dans la maison d'un étranger et elle était partagée entre le fait d'être agacée ou surprise qu'il ne semble pas impressionné par l'intérieur luxueux du Manoir.
Giovanna s'était déjà mise à l'aise dans le salon. Roderick Crabbe, Aloyius Goyle, Nishith Shafiq, Ernest Parkinson et Léopold Nott étaient tous réunis autour d'elle, riants, et Lucius et Marius Greengrass étaient un peu plus loin, mais la regardaient quand même attentivement.
Édith Crabbe, Clémentina Goyle et Nola Shafiq étaient regroupées ensemble, l'air plutôt mécontentes, mais Eléanor Nott ne semblait pas gênée. A vrai dire, elle ne semblait même pas l'avoir remarqué. Elle et Catherine – sa fille de cinq ans – lisaient un livre sur l'un des canapés et Parmenia Greengrass parlait à Magnus et Théodosia Bulstrode.
Blaise hésita sur le pallier, observant les gens – selon Narcissa – avant de redresser les épaules et de s'avancer vers les enfants – qui étaient, comme toujours, regroupés près de la cheminée – comme s'il les avait connu toute sa vie. Elle se demanda distraitement s'il était courageux comme un Gryffondor, dans son propre petit monde comme un Serdaigle, confiant comme un Poufsouffle ou rusé comme un Serpentard … Une action et tant de motivations possibles. Elle secoua la tête et lissa sa robe. Personne ne regarda beaucoup Blaise lorsqu'il traversa la pièce et Narcissa voulait en être surprise, mais n'y arriva pas. Ils étaient tous réunis pour l'anniversaire de Drago, mais jusque-là, personne n'avait remarqué que le garçon en question n'était pas là.
« … une plume bleue, une pierre, un marque-page, une pomme, une griffe de dragon, un bout de ficelle et un morceau de parchemin- »
« Qui dit quoi ? » demanda Severus derrière son bureau.
Entre eux se trouvait un large plateau couvert d'un tissu que Severus avait fait apparaître.
« Les instructions pour une potion ? » demanda Drago, se crispant en essayant de se souvenir.
Severus patienta.
« Pour la Potion Tue-Loup ? »
« Tu devines ou tu le dis ? »
« Je le dis. » décida Drago.
« Et le dernier objet ? »
« Un carte de Chocogrenouille de Godric Gryffondor. » dit Drago.
Severus le regarda, impassible, avant de pencher la tête. Ce n'était pas un compliment, mais c'était le geste de Severus qui s'en rapprochait le plus.
« Va me chercher le Manuel avancé des potions, dit-il. Et après, nous aurons fini pour la journée. »
Drago se tourna vers la bibliothèque qu'il avait réorganisé ce matin, essayant de se souvenir du système qu'il avait utilisé. La semaine dernière, il les avait rangé par auteur. La semaine avant ça, c'était par sujet et la semaine précédente, c'était par date de publication. Bien sûr, chaque système avait son intérêt. C'était plus facile de trouver un libre lorsque la bibliothèque était entièrement rangée par ordre alphabétique, mais l'alphabet ne marchait pas aussi bien pour les ingrédients pour potions ou les potions qu'il rangeait. C'était mieux de les classer par essence.
En ce moment, la bibliothèque était rangée par nom d'auteur et Drago s'immobilisa – Borage ? pensa-t-il, hésitant – avant de s'approcher de cette partie de la pièce. Bien entendu, le livre se trouvait là. Severus acquiesça à nouveau.
« C'est tout ? » demanda Drago, déçu.
Lorsqu'il avait commencé à visiter régulièrement Severus – jusqu'à ses neuf ans, il n'avait pas beaucoup vu son parrain – il avait détesté. Il avait détesté ces tâches étranges et inutiles – organiser des étagères, jouer à des jeux de mémoire, apprendre à mentir et à lire des expressions, lire de la littérature magique étrange – et les questions frustrantes de Severus qui n'avaient pas vraiment de réponses, mais le faisaient réfléchir et remettre ses croyances en question.
Aujourd'hui, il aimait ces visites et si l'emploi du temps de Severus le permettait, Drago passerait sûrement encore plus de temps ici qu'à la maison. Il appréciait la compagnie de Severus, aussi brute et sarcastique qu'elle soit, et les différentes tâches ne le dérangeaient plus. Il n'en voyait toujours pas l'intérêt, mais cela ne le dérangeait pas vraiment. Et s'il avait changé d'avis sur certaines choses, alors tant mieux … Même si cela le rendait étrange aux yeux de sa famille et des Sang-Pur de son cercle social.
Drago gratta distraitement la cicatrice sur sa paume, que Severus lui avait donné pour lui montrer que les Sang-Pur – comme lui – et les Sang-mêlés – comme Severus – avaient le même sang. Ensuite, il leva les yeux et fut surpris de voir Severus sortir un paquet de l'un des tiroirs de son bureau.
Le paquet était emballé avec le même papier brun que les apothicaires utilisaient pour emballer des choses comme des cornes de licornes ou des racines … des choses qui n'allaient pas se défaire, mais qui avaient quand même besoin d'être recouvert.
« Joyeux anniversaire Drago. » dit Severus.
Drago ne s'embêta pas à cacher à quel point il était touché que Severus lui ait acheté un cadeau d'anniversaire. Ce n'était pas quelque chose de très Serpentard, mais Drago n'avait pas besoin d'être cool ou méprisant avec Severus – ou même d'essayer de l'être, parce qu'il n'était plus aussi bon pour ça qu'il ne l'avait été – ce qui était une autre chose qu'il appréciait dans la compagnie de son parrain.
Pourtant, Severus ne lui donna pas le paquet. Ce fut d'abord une lettre épaisse que Drago sentit entre ses mains, un parchemin avec des inscriptions écrites à l'encre verte émeraude et un sceau très reconnaissable … Le sceau de l'école dans laquelle il était actuellement assis, en fait.
« Ils les envoient par hibou d'habitude. » dit Drago, suspicieux, en regardant son parrain.
« En effet. » dit sèchement Severus, sans lui offrir plus d'informations.
Au lieu de ça, il tendit le paquet à Drago.
« Un livre ? » demanda-t-il prudemment, en le déballant.
Une partie de son esprit se demanda tout de suite où il allait le ranger et trouva plusieurs possibilités, tandis que l'autre partie de son esprit se concentra sur le titre. Chants d'innocence et d'expériences ? Il n'avait jamais rien lu de cet auteur et quand il parcourut le livre, il fut surpris de ne trouver ni instructions de potions, ni histoires des fondateurs ou rien d'autre de tout ça …
« De la poésie ? » demanda-t-il, soucieux, essayant de son mieux de ne pas paraître ingrat.
« De la poésie moldue. » confirma Severus.
Drago le dévisagea et était prêt à lui demander pourquoi, lorsque la Cheminée s'illumina et que Mère apparaisse là, portant une surprenante robe rouge. Dans ses bras se trouvait un paquet de tissu vert bien plié.
« Drago. » dit-elle, tandis qu'elle balayait le bureau du regard.
Drago vit son regard se poser sur le plateau couvert et le livre dans la main de Drago.
« Severus. »
« Tout le monde est arrivé. » dit Narcissa à Drago, dont l'expression changea et devint neutre, de la même façon que celle de Severus.
Severus regarda ce changement avec une fierté triste.
« Je t'ai amené une robe. »
Elle lui tendit la robe qu'elle avait dans les mains et il posa son livre et sa lettre – qu'il avait glissé sous la couverture – pour pouvoir la prendre.
« Est-ce que- »
« La salle de bain. » dit Severus.
Les yeux de Narcissa le suivirent jusqu'à l'autre bout de la pièce, avant de se poser sur Severus. Il y eut un moment de silence entre eux – le genre de silence durant lequel deux personnes se jaugeaient et réajustaient leurs opinions – avant que Narcissa ne recule d'un pas.
« Un choix audacieux. » dit-il en désignant sa robe.
Il l'avait déjà vu la porter avant, alors il n'était pas choqué … Juste surpris par le timing. Sa maison était sans nul doute remplie de générations de Sang-purs, appartenant à Serpentard et à Serdaigle, mais elle portait le rouge de Gryffondor …
« Pourquoi ? » demanda Narcissa en arquant un sourcil fin.
Severus la dévisagea, se demandant si elle ne comprenait vraiment pas, avant d'incliner la tête. C'était sans doute la réponse qu'elle donnait à tous ceux qui demandaient. Narcissa n'était pas bête, mais les gens semblaient la voir comme incertaine et entièrement soumise à son mari comme une bonne épouse Sang-pur. Narcissa, en retour, savait exactement comment utiliser cela à son avantage.
« Bien joué. » dit-il doucement.
Elle lui offrit un petit sourire froid.
« Qu'est-ce ? » demanda-t-elle, posant le doigt sur la couverture du livre que Severus avait donné à Drago.
« Un livre. » dit-il doucement.
Narcissa plissa les yeux.
« De la poésie. »
« De la poésie ? » demanda Narcissa.
Cette fois-ci, elle ne jouait pas. Elle ne comprenait vraiment pas.
« Oui, Narcissa, de la poésie. » dit-il.
Il lança un Muffliato silencieux en direction de la salle de bain.
« Tu m'as demandé de lui enseigner- »
« En effet. » confirma-t-elle prudemment.
« Et c'est le but. Qu'est-ce que la poésie ? »
« Des mots, dit-elle avec mépris. Severus, cela fait presque deux ans que je t'ai demandé ça et tu ne fais toujours que jouer à des jeux de mémoire et- »
« Et Drago progresse bien, dit-il. Sa mémoire est excellente et ses compétences pour ce qui est de l'organisation sont parmi les meilleures que j'ai jamais vu. Quand il aura treize ans et qu'il pourra commencer l'Occlumancie, ce sera aussi naturel pour lui que- »
« Je m'attendais à ce que tu passes aux sortilèges, dit-elle. Pas- Pas à la poésie ! »
« Qu'est-ce qui est le plus dangereux pourtant ? Les baguettes ou les mots ? »
« Les mots font marcher les baguettes. » dit Narcissa sans hésitation.
Severus se trouva impressionné, à contrecœur.
« Mais les sorts lui permettront de rester en vie ! Les poèmes- »
« Les choses ne sont jamais ce qu'elles semblent être, railla-t-il. En apparence, un poème peut sembler parler d'une personne ou d'une chose, mais en réalité, il peut avoir une signification complètement différente. Apprendre à lire entre les lignes pour pouvoir repérer les mensonges lui servira bien plus que de savoir stupéfixer quelqu'un- »
Sa lèvre se retroussa.
« Je te l'assure et c'est pour ça que j'ai choisi ce livre. »
Narcissa ne sembla rien trouver à redire et de toute façon, elle n'en eut pas l'occasion. Drago sortit de la salle de bain, ennuyé par sa veste. Il collecta son livre sur le bureau et sourit à Severus, qui le lui rendit faiblement. Aussi à l'aise qu'il puisse l'être avec Drago, il avait une image à conserver et Narcissa était toujours dans la pièce.
Narcissa lui lança un regard éloquent, hocha la tête, avant de guider Drago vers la Cheminée.
Drago et Mère arrivèrent au Manoir au moment où le dîner était servi. Drago manqua de rentrer dans Dobby, qui parcourait le couloir avec une assiette remplie de tranches de pain fumantes entre ses mains maigres. Drago attrapa une tranche et Mère arqua un sourcil en le regardant.
« Quoi ? » demanda-t-il.
« Emmène ça en haut, dit-elle en montrant le livre. Et ensuite, tu descends et tu viens saluer tout le monde. »
« Oui, Mère. »
Lorsque Drago entra dans la salle de réception quelques minutes plus tard, il ne fut ni surpris, ni déçu que personne ne lui accorde la moindre attention. Il se contenta de sourire à Dobby – dont l'expression stressée disparut pendant quelques secondes le temps de lui sourire en retour – et il s'assit à la place libre entre Théodore Nott et Vivienne Greengrass.
« Joyeux anniversaire. » lui dit Théodore de son habituel ton poli et calme.
Sa sœur Catherine lança à Drago un sourire timide, creusant des fossettes dans ses joues. Vivienne était plongée dans une conversation avec sa jumelle Astoria – qui, étonnamment, tournait de manière nette son dos à son autre sœur, Daphné – et le salua d'un signe de tête rapide, mais rien de plus. Les autres – Pansy Parkinson, Millicent Bulstrode et Nadia Shafiq, qui étaient en train de parler – le regardèrent un instant avant de détourner le regard et Grégory Goyle, Vincent Crabbe et Daphné Greengrass, qui riaient, se turent tout à coup.
Près de Hydrus cependant, quelqu'un se mit à parler, surprenant Drago.
« Tu dois être Drago. » dit le garçon inconnu à Drago en lui tendant la main par-dessus la table.
Drago la serra, en acquiesçant.
« Je suis Blaise Zabini. »
Pansy murmura quelque chose à Nadia, avant qu'elles ne se mettent toutes deux à pouffer de rire. Drago leva les yeux au ciel en les regardant, puis il reporta son attention sur Blaise.
« Heureux de te rencontrer. »
Drago observa le nouveau, qui semblait plutôt à l'aise.
« Alors tout le monde ici va à Poudlard ? » demanda Blaise.
Il regarda les jumelles Greengrass qui étaient un an plus jeunes que les autres, ainsi que Catherine qui n'avait que cinq ans.
« Un jour, en tout cas. »
« Et bien, lança Hydrus. Père a pensé à Durmstr- »
« Mère ne veut pas en entendre parler. » dit Drago en coupant la parole à Hydrus.
Celui-ci lui lança un regard noir, mais Drago l'ignora.
« On a toujours su qu'on allait à Poudlard. »
Tout le monde le regarda.
« Quoi ? dit-il. C'est vrai. »
Hydrus soupira, l'air blasé.
« Quelle Maison espères-tu, Blaise ? »
« Serpentard. » répondit rapidement Blaise.
Mensonge, pensa Drago, avant que ses yeux n'aient même pu le voir. Hydrus sembla satisfait de sa réponse – ainsi que tous les autres à table – et Blaise sembla heureux de les avoir satisfait. Drago le détailla fixement, le jaugeant à nouveau. Il avait pris Blaise pour un autre Sang-Pur, coupé dans le même matériau noble que toutes les personnes présentes, tout comme lui, mais à présent, il n'en était pas sûr.
Il resta silencieux lorsque Dobby plaça un bol devant lui et il leva sa cuillère, plus par habitude que par intérêt. Son attention était dirigée ailleurs. Il regarda Blaise qui attrapa sa cuillère – la mauvaise – avec une assurance totale. Pansy s'éclaircit la gorge et les autres échangèrent des regards confus.
« Quoi ? » demanda Blaise.
« Mauvaise cuillère. » lui dit Millicent.
Si elle ne l'avait pas fait, personne ne lui aurait dit, sauf Drago. Si Drago ne le regardait pas attentivement, il n'aurait pas remarqué l'éclat de panique dans l'expression de Blaise. Son inquiétude disparut immédiatement pourtant, remplacée par un sourire arrogant.
« Et alors ? railla Blaise. Les Serpentards font ce qu'ils veulent. Et je veux manger avec cette cuillère. »
Et il entreprit de le faire, ne semblant pas accorder la moindre importance à ce que les autres pensaient.
« Génial. » s'exclama Pansy – toujours une suiveuse – en changeant de cuillère.
Daphné l'imita.
« Ouais ! ajouta Crabbe. Nous, les Serpentards, faisons ce que nous voulons ! »
Il s'empressa de prendre sa fourchette et essaya de manger sa soupe avec. Son frère Cyril, qui avait l'âge de Catherine, se mit à faire comme lui. Aucun autre ne changea de couvert, mais ils ne regardèrent pas Blaise comme s'il était fou. Ils avaient tous l'air impressionné. Drago se contenta de l'observer.
« Alors comment va notre Poufsouffle préféré ? » demanda Daphné en lançant une baie sur Drago, au moment du dessert.
Blaise avait réussi à utiliser la bonne cuillère cette fois, mais il la baissa lorsqu'il vit la baie voler. Tous les autres s'étaient aussi interrompus pour regarder Drago, qui faisait de son mieux pour l'ignorer.
« Oww, gémit-elle. Tu n'es pas très amical aujourd'hui- »
« Intéressant. » dit Astoria, juste assez fort pour que les autres se détournent de sa sœur aînée.
« Quoi ? » demanda Daphné.
Sa voix n'était plus forte et moqueuse. Elle était sèche et froide et Drago ne savait pas s'il devait se sentir soulagé qu'elle soit distraite ou s'il devait se sentir insulté qu'elle pense que la minuscule Astoria était une menace plus importante que lui.
« Et bien, juste que c'était très amical de ta part de demander à Drago comment- »
« Je me moquais, tu- »
« Si tu dois expliquer que c'était une moquerie, alors c'est qu'elle n'était pas très bonne. » dit sèchement Astoria.
Le visage de Daphné prit une teinte horriblement rouge.
« Et c'est Drago. »
Ce n'était pas du mépris dans la voix d'Astoria, mais c'était tout comme. Hydrus ricana.
« Tu accordes de l'attention à la personne qui en a le plus besoin ici ... »
Elle se tut et sourit d'un air radieux. Drago était incapable de dire si elle le défendait ou si elle ajoutait juste d'autres insultes. Daphné la dévisagea. Astoria soupira et lança un regard condescendant à sa sœur.
« Je pense juste que c'est intéressant. Très prévenant et bienveillant pour une personne qui est censée vouloir entrer à Serpentard ... »
Astoria, qui avait dit ce qu'elle voulait dire, reporta son attention sur son dessert. Daphné la fusilla du regard et se tourna rapidement vers Nadia et Pansy, qui semblaient toutes deux ennuyées pour elle. Drago entendit distinctement les mots 'dépasser les bornes', avant de ne plus percevoir que des murmures furieux. Millicent, cependant, observait Astoria avec une expression intriguée.
« Ce n'est pas très Serpentard de ta part de le protéger, Astoria. » dit Daphné en s'écartant des autres filles.
Il semblait qu'elles se soient mises d'accord sur quelque chose. Drago garda la tête baissée.
« Je ne le protégeais pas. » dit Astoria, l'air ennuyé.
Elle n'avait même pas détourné le regard de sa cuillère, qu'elle remplissait de crème et d'une framboise.
« Je protégeais notre famille, Daphné, puisque des choses stupides arrivent quand tu ouvres la bouche et j'essaye plutôt de m'assurer que tu ne fasses pas trop de dégâts. »
Daphné, sans surprise, ne trouva rien à répondre à ça.
Le reste du dessert se passa dans une atmosphère tendue et Drago fut franchement soulagé lorsque Dobby nettoya la table pour qu'ils puissent enfin se rendre dans le salon. Là au moins, ils auraient une chance de s'éloigner les uns des autres. Il marcha jusque là, près d'Astoria.
« Merci. » dit-il, sans même penser que ce n'était pas ce qu'il était censé faire.
Les aspirants Serpentards ne remerciaient pas. Ils attendaient juste l'occasion de rendre la pareille et d'effacer leur dette. Mais Drago n'était plus un Serpentard conventionnel depuis un long moment.
« Je ne l'ai pas fait pour toi. » dit Astoria, sans le regarder.
Son petit nez retroussé était toujours levé et son ton était hautain.
« Je sais ça. » dit-il avec amertume.
Il savait qu'il n'avait aucun ami ou même d'allié dans le groupe, autre que peut-être Théodore, mais il n'aimait pas particulièrement qu'on le lui rappelle. Astoria ne répondit pas.
« Tu l'as fait pour énerver ta sœur. »
C'était seulement une hypothèse de la part de Drago, mais depuis plusieurs mois, il y avait de la tension entre les deux filles – Vivienne semblait en dehors de tout ça. Astoria pinça les lèvres et lui adressa un regard irrité.
« Mais ça m'a quand même aidé, alors je te remercie. »
Elle avait désormais l'air perplexe. C'était un sentiment que Drago inspirait souvent, chez toutes sortes de gens. Sa famille, son cercle social et même Potter, bien que Potter avait toujours l'air perplexe, alors Drago ne savait pas si ça comptait vraiment.
« Et là, c'est le moment où tu réponds 'de rien'. » lança Drago.
« De rien. » dit-elle froidement, avant de s'en aller vers le salon.
Vivienne était assise avec Théodore et Catherine et Astoria les rejoignit. Hydrus avait sorti son rat, Feta, et elle faisait des tours pour divertir tout le monde. Le cœur de Drago se serra – son propre rat avait été tué par un monstre, entré dans le parc du Manoir l'année passée – et contrairement à la disparition de Bosworth, le premier rat de Hydrus, Drago n'en avait pas reçu d'autre en remplacement. Il s'assit dans un fauteuil et se demanda s'il pourrait convaincre Mère et Père de lui acheter un autre rat, ou même un hibou, lorsqu'ils iraient sur le Chemin de Traverse demain pour acheter sa baguette et ses affaires d'école.
« C'est libre ? »
Drago leva les yeux et vit Blaise, qui s'était éloigné du groupe pour s'approcher du fauteuil près de Drago.
« Je pensais que les Serpentards faisaient ce qu'ils voulaient. » dit Drago en arquant un sourcil.
« Va te faire voir, gamin. » dit Blaise en s'asseyant tout en levant les yeux au ciel.
« Je ne suis pas un gamin. » s'agaça Drago.
« C'est ton anniversaire, dit Blaise. Ça veut dire que t'es plus jeune que moi et ça fait de toi un gamin. »
Drago n'était pas sûr de beaucoup aimer Blaise. Blaise ne répondit d'abord pas.
« C'est toujours comme ça ? »
Drago le regarda, en se demandant quel genre d'homme était M. Zabini pour avoir éduquer Blaise à parler aussi normalement. Il n'avait rencontré Giovanna Zabini que quelques fois, mais il savait quand même qu'elle était très polie.
« Quoi ? » demanda Drago.
« Tout ça. » dit Blaise en montrant les alentours.
La plupart des adultes s'étaient retirés dans le bureau de Père, mais Mère et quelques autres se trouvaient autour des canapés, occupés à parler.
« C'est juste un grand jeu politique où chacun essaye d'être mieux que l'autre. »
« Plus ou moins. » soupira Drago.
Blaise lui lança un regard curieux.
« Et tu trouves ça drôle ? »
« Je ne parle pas vraiment au nom de la majorité. » dit Drago.
« J'ai remarqué, répliqua rapidement Blaise. Tu te contentes de baisser la tête … d'essayer de survivre. »
Drago grogna.
« On est pas si différent. »
Drago le regarda et vit, pour la première fois de la soirée, l'expression la plus sincère sur le visage du garçon. Il le crut sincère, mais pensa également que ce pouvait être l'idée que Hydrus, Pansy ou Daphné se feraient d'une bonne blague.
« Sûrement, dit-il avant de retrousser la lèvre. Sauf que toi, tu ne gardes pas spécialement la tête basse. »
« Des approches différentes, mais un même objectif, gamin. » dit sagement Blaise, avant de soupirer et de faire la moue.
