30 octobre
L'eau chaude avait rougit sa peau. Akaashi passa une main dans ses cheveux et les secoua pour les égoutter avant de frictionner avec vigueur sa peau. Il enfila son caleçon en baillant. La journée avait été d'un ennui quasi mortel, si on mettait de côté le bruyant Tanaka et les frasques de Kuroo. La soirée par contre... Il poussa un profond soupir alors que sa montre indiquait trois heures vingt sept. Il avait enchaîné les interventions, partant à tour de rôle avec Iwaizumi, Kuroo et Tanaka.
Akaashi réprima un nouveau bâillement. Ses affaires dans une main, il passa la porte des douches et se dirigea vers les chambres. Il fut surpris de voir Bokuto, assit en haut des escaliers, la tête reposant sur ses genoux. Il s'approcha de lui et le fit sursauter lorsqu'il lui demanda si tout allait bien.
Bokuto bondit sur ses pieds et adressa un sourire gêné à Akaashi, visiblement mal à l'aise d'avoir été trouvé ici.
— Ben… Y'a Tanaka dans ma chambre, dit Bokuto en passant sa main sur sa nuque.
Akaashi haussa un sourcil.
— Effectivement, puisque c'est aussi sa chambre.
Le sergent clapit et prit sa tête entre ses mains.
—Il me fait peur, murmura Bokuto, maintenant aussi rouge que leurs camions.
Akaashi resta interdit un instant avant d'étouffer un rire dans sa main. Il reprit constance quand Bokuto lui lança un regard emplit de désespoir. Il avait l'air sérieux, ce qui était d'autant plus drôle.
— Je suis étonné que quelqu'un te fasse peur. Ou encore que tu puisses ne pas t'entendre avec, sourit-il discrètement.
Bokuto était abattu.
— Ça s'voit que c'est un bon gars, mais son attitude, et son sourire... Je sais pas, il me terrorise, avoua-t-il.
Akaashi se mordit la lèvre, il avait envie de rire, et en même temps Bokuto l'attendrissait. Sachant qu'il avait un troisième lit dans sa chambre, et qu'Iwaizumi accepterait certainement, il ouvrit la bouche pour l'inviter quand un cri retentit :
— Bokuto !
Ils sursautèrent légèrement, et se tournèrent vers le bout du couloir. Kuroo fit un grand geste dans leur direction. D'un sourire presque timide, Bokuto s'excusa et s'en alla. Akaashi l'observa partir. Ce grand gaillard était adorable... Il secoua la tête et entama son pas. Il appréciait Bokuto bien plus que de raison, il le savait déjà, il ne pouvait pas se permettre de... Akaashi s'arrêta net.
— Hors de question, marmonna-t-il.
— Akaashi ?
Il se tourna vivement. Iwaizumi l'observait.
— Un problème ? demanda-t-il.
— Aucun. Pourquoi ?
— J'sais pas, tu t'es arrêté d'un coup, j'ai faillit te rentrer dedans.
— J'ai cru voir une araignée, lâcha-t-il bêtement, mais y'en a pas. J'ai dû rêver.
Iwaizumi lui jeta un regard qui voulait en dire long , avant qu'un léger sourire moqueur ne prenne place :
— T'es arachnophobe ?
— Non. Je... J'apprécie juste quand elles sont loin.
Iwaizumi lui donna une légère tape dans le dos et avança :
— Y'en a pas dans la chambre, si ça peut te rassurer.
— T'as vérifié ? demanda-t-il en le suivant.
— Pas spécialement, mais j'suis jamais tombé dessus.
Ils entrèrent dans leur chambre, et Iwaizumi grimpa dans sa couchette.
— Dis… commença Akaashi.
Iwaizumi s'arrêta et attendit la suite.
— Tu savais que... Bokuto avait du mal avec Tanaka je suppose ?
— Ouais, pourquoi ?
— Je l'ai croisé dans les escaliers, je pensais lui proposer notre dernier lit... Si ça ne t'ennuie pas. Enfin, pas aujourd'hui, mais... Pour les prochaines gardes. S'il veut. Enfin. Voilà.
Akaashi s'empêcha de danser d'un pied à l'autre, à la place, il s'approcha de son lit et commença à secouer sa couette.
— Akaashi ?
Iwaizumi passa sa tête par-dessus son lit.
— Oui ?
— Tu peux être... naturel. Pas b'soin de stresser avec nous, enfin, avec moi. Bokuto est un ami. C'est quand même sympa de m'demander mais il peut venir quand il veut et tu peux lui demander la prochaine fois, y'a aucun soucis. D'ailleurs, pourquoi tu lui as pas demandé, là ?
Akaashi se figea quelques secondes, puis étendit sa couette et se coucha.
— Kuroo l'a appelé avant que je puisse lui dire... Je suppose qu'il va dormir avec eux cette nuit.
Iwaizumi soupira.
— J'pense pas.
— Pourquoi ? demanda Akaashi en fronçant les sourcils.
— Parce que Kuroo et Yaku sont de vraies commères, ils doivent faire que parler à l'heure actuelle, le pauvre ne va pas beaucoup dormir. Contrairement à moi, j'suis content d'être avec toi au moins pour ça.
Le lit grinça et Iwaizumi s'installa plus confortablement. Akaashi murmura un « merci », qui resta sans réponse. Il ne s'en formalisa pas, et songea à Bokuto. Il espéra que ce dernier puisse dormir, et ferma les yeux.
Bokuto éternua au même moment.
— T'écoutes, bro' ? lui lança Kuroo.
— Euh, ouais ?
— T'écoutes pas... Le chef de centre à accepter que tu changes de chambre ?
Bokuto enfonça son visage dans son oreiller et marmonna quelques mots avant de reprendre, l'air boudeur :
— Non.
— Chier, j'aurais bien aimé être avec Tsukki, soupira Kuroo : « Tu sais que tu peux dormir avec nous quand tu veux, hein ? Même si ça va paraître bizarre », sourit-il.
— Tu crois pas qu'on pourrait... Bokuto hésita un instant, il savait qu'il s'attirerait les foudres de son ami, mais il n'avait pas d'autres idées « demander l'appui d'Oikawa ? Après tout, c'est lui qui a fait les chambres… »
Kuroo, jusqu'à présent allongé, s'assit subitement.
— Certainement pas ! La Diva reste dans son coin, et même dans son coin c'est déjà trop, râla-t-il.
— Tu lui reproches quoi, en vrai, à Oikawa ? Moi, j'l'aime bien, puis vous avez le même humour.
Kuroo resta silencieux. Il fusilla Bokuto du regard.
— C'est un enfoiré riche et prétentieux. J'veux pas être comparé à ce mec. Puis, on a pas le même humour, j'vois pas ce qui te fait dire ça, et Yaku, si t'ose répondre « tes cheveux », je t'empêche de dormir pendant les huit prochains mois.
Yaku ferma sa bouche et grommela quelque chose d'incompréhensible.
— Si t'avais eu l'idée avant c'est lui qui aurait eut les cheveux colorés, Bokuto lança un regard amusé à Kuroo, « T'es juste dégoûté de pas y avoir pensé avant. »
— Ou alors, je sais juste me tenir... Enfin, je me tenais. Maintenant, c'est la guerre.
Kuroo attrapa son coussin et le serra, un sourire mauvais aux lèvres.
— Sérieux, tu comptes faire quoi au juste ? lança Yaku.
— Tu le sauras vite, t'inquiète pas.
Bokuto gesticula dans son lit.
— Tu sais Kuroo, si tu le tues ou le séquestre quelque part, je prends pas ta défense. Tu me laisses en dehors de ça, je suis pas ton alibi cette fois.
— T'inquiète, rien d'aussi dangereux que la dernière fois.
— On peut savoir ce que vous avez fait et à qui, là ?
— Y'a des choses qu'il vaut mieux ignorer, lâcha platement Kuroo : « Il a insulté ma moto de déchet... Il mérite de prendre cher. »
— Du coup, on a pas de solutions pour la chambre, marmonna Bokuto.
À l'heure actuelle, c'était la seule chose qui le préoccupait. Squatter le troisième lit de la chambre ne lui posait pas tant problème que ça. Mais le matelas trop fin n'était pas adapté à sa carrure. Et... Il avait beau adorer son meilleur ami, ce dernier dormait très peu et parlait beaucoup... Ce qui amenait une cohabitation entre eux très compliquée.
— Ta moto, un déchet ? Il a fait fort, rit Yaku, Bokuto, on va trouver une solution et si ça se trouve, Tanaka s'endort vite. Tu pourras te glisser dans la chambre après.
— Il a de la répartie ouais ! C'est le premier que je vois tenir tête à Kuroo et rester aussi longtemps vivant !
— Il est obligé de rester vivant, s'il disparaissait, tout le monde se poserait des questions... Et arrêtez de me faire flipper avec vos conneries, ça prendra pas, lança Yaku.
— Ma moto est pas un déchet, et cet enfoiré n'est pas à mon niveau ! Bro', t'es pour qui au juste ?
Bokuto se redressa et prit un air sérieux. Il jeta un regard à Kuroo. Il adorait son meilleur ami, c'était indéniable. Mais il n'avait rien à reprocher au Lieutenant, puis, c'était un bon chef. Et Bokuto adorait son métier, encore plus lorsqu'il avait un bon superviseur. Il se demanda si la conclusion logique était qu'il adorait son superviseur. Sûrement.
—Bro', t'es pas de mon côté ? lâcha Kuroo suite à son silence.
— Ben… T'es mon meilleur pote, et lui, c'est mon meilleur chef. Je vous aime tous les deux moi !
— Eh ! Les amis passent avant les chefs ! Et puis, le meilleur chef... Faut pas pousser non plus, hein.
Bokuto s'exclama.
— T'es de mauvaise foi là, avoue qu'il a été bon l'autre jour, même Iwaizumi l'a dit.
— Iwaizumi peut avoir tort ! Il m'a teinté les cheveux, il a déjà inversé exprès le sel et le sucre et il...
— Il ? reprit Yaku avec un sourire.
— Il m'énerve !
— Ça, on avait compris... La vraie question c'est, pourquoi ? continua Yaku.
— Parce qu'il est trop sûr de lui. Y'a des gens, comme ça, on a du mal, puis il a faillit buter Iwaizumi... En plus, il a insulté ma moto. Et c'est toujours ceux qui sont trop sûr d'eux qui y passent. Pas envie que ce soit l'un de nous.
— J'crois qu'Iwaizumi l'aime bien, lança Bokuto mine de rien.
— Quoi ? s'écria presque Kuroo. Désormais à quatre pattes, il fixa Bokuto : « Comment ça ? À quel moment ? »
Bokuto fit la moue et haussa les épaules. Iwaizumi lui avait clairement dit que le lieutenant était un abruti qu'il appréciait, il n'avait pas pour autant à le répéter.
— J'pense qu'il l'apprécie, c'est tout.
Kuroo n'en démordit pas.
— J'veux bien croire que tu penses, mais que tu conclus quelque chose comme ça... T'as entendu quoi, au juste ?
— T'es en train de me traiter d'abruti ! pesta fortement Bokuto, piqué au vif.
— T'es le meilleur bro' du monde, tu le sais ça ?
Bokuto ne décoléra pas, il jeta son oreiller à travers la pièce et tourna le dos à Kuroo. Il pesta un instant puis ferma les yeux.
C'était sans compter sur Kuroo, qui se leva et vint se jeter sur lui.
— Bro', j'te taquine ! Aller, t'as entendu quoi ? fit-il en se relevant légèrement pour ne pas l'écraser.
— Dégage, je dors, souffla Bokuto.
Il pria pour que son ami le laisse, il ne pourrait pas tenir plus longtemps.
— J'te fous la paix et j'te laisse même mon lit, si tu me dis comment tu sais qu'Iwaizumi apprécie la Diva... murmura Kuroo, tout sourire.
La proposition plus qu'alléchante de Kuroo avait achevé sa détermination.
— Iwaizumi m'a dit que c'était un gars bien. Ça veut tout dire non ?
Kuroo le fixa longuement. Il en aurait été mal à l'aise s'il n'avait pas autant l'habitude de cet idiot.
— Ok, casse-toi dans mon lit ! Mais c'est que parti remise, j'sais que t'as pas tout craché !
Bokuto ne se fit pas prier. Une fois enroulé dans la couette, il s'endormit en quelques secondes, malgré les râlements de Kuroo.
