16 novembre

Akaashi prit une longue inspiration, puis expira lentement. Les mains sur les hanches, il releva la tête, prit ses clefs et sortit de son appartement, son téléphone dans la poche de son jogging.

Il descendit les deux étages par les escaliers et sortit dans l'air froid de novembre. L'iode lui emplit les narines.

Lors de la précédente garde, il s'était rendu compte de son manque d'endurance. Bokuto avait eu la gentillesse de lui proposer son aide, qu'il avait accepté. Il ne s'attendait pas à ce qu'il leur prévoit une séance deux jours après, mais ayant lui même parlé de ça, il ne pouvait pas la refuser. Il en avait besoin, il le savait.

Akaashi avait indiqué l'arrêt de bus, qui n'était qu'à quelques minutes à pieds de chez lui, comme point de rencontre. Il vérifia qu'il n'avait pas reçu de nouveau message de Bokuto et pressa le pas. Normalement, il était pile à l'heure.

Quand il tourna à l'angle de la rue, il remarqua Bokuto immédiatement. Dans son ensemble de sport blanc et noir, assortit à ses cheveux, il se démarquait aisément des autres. Il n'eut même pas à le héler que Bokuto le repéra :

— Akaashi !

Il n'y avait que lui pour dire son nom de cette manière.

— Bokuto, salua-t-il poliment quand il arriva à sa hauteur.

— Tu vas bien ? T'as déjeuné j'espère, faut pas faire du sport le ventre vide, au pire, j'ai des céréales sur moi, Bokuto fit quelques petites bonds sur place : « Une idée de c'que tu veux bosser ? »

— Oui, j'ai fait attention à ce que j'ai déjeuné... Quant à ce que je veux travailler... Mon endurance serait un bon début. Me muscler aussi, il faut que je sois capable de porter mes équipements les plus lourds sur des distances importantes.

Bokuto palpa les bras d'Akaashi.

— C'est vrai qu'ils sont tout fins ! Bon, on va commencer par d'la course, dit Bokuto en montrant son téléphone à Akaashi, : « On va courir ça, y'a à peu près cinq kilomètres jusqu'au parc. On va aller à ton rythme, puis on enchainera sur d'autres exercices pour taper dans le cardio. »

Ignorant la remarque de Bokuto, il mémorisa l'itinéraire et hocha la tête.

— C'est noté, Akaashi se tourna et fit quelques pas : « On commence par de la marche pour se mettre en jambe jusqu'au carrefour, puis on enchaine sur de la course ? »

— C'est ça, on va pas prendre le risque de se faire un claquage, ce serait dommage.

Bokuto emboita le pas d'Akaashi.

— C'est vraiment joli par chez toi, j'étais jamais v'nu dans l'coin ! s'exclama Bokuto en regardant tout autour de lui, : « Ça fait longtemps que t'habites dans le quartier ? »

— Pas du tout, j'ai emménagé ici lorsque j'ai été engagé à la caserne. Avant j'habitais au nord de la ville, c'était plus pratique pour mes études. Tu habites vers où, toi ?

— Euh, tu vois la caserne ? Et tu vois le bar de l'autre soir ? Entre les deux. J'suis à un peu plus de dix kilomètres de la caserne à pieds.

Akaashi réalisa :

— Je ne t'ai jamais vu arriver en bus ou en voiture...

Ils arrivèrent au carrefour et commencèrent à courir.

— Amortis plus tes foulées, tu vas t'faire mal aux genoux comme ça, Bokuto passa devant Akaashi un instant : « Faut que tu tapes le sol comme ça. »

Akaashi tenta de l'imiter, sous son regard observateur :

— Ouais comme ça, t'as compris ! il se remit à son niveau, : « Je prends pas le bus, je trouve jamais ma carte, du coup j'me déplace en courant ou à vélo. »

Akaashi pouffa discrètement. Ça ne l'étonnait même pas venant de Bokuto. Il souffla correctement et relança :

— Je comprends pourquoi t'es autant en forme, alors. Pas souvenir d'avoir vu ton vélo à la caserne.

— Ben, la distance est trop courte, ça vaut pas l'coup, je le prends que pour les gros trajets, ou pour faire mes courses, il marque une courte pause, : « La dernière fois que j'y suis allé en courant, quand je suis rentré, j'avais plus d'oeufs. »

Dans l'incompréhension, Akaashi répéta :

— Plus d'oeufs ?

— Ouais, je les ai fait tomber en courant, il haussa les épaules, : « Regarde la vue ! »

Bokuto pointa du doigt la mer en contrebas.

— T'as vraiment d'la chance d'habiter par là, si ça t'dit on pourra faire une séance au bord de l'eau quand il fera plus chaud.

— Le sable c'est pas mauvais pour les articulations ? souffla Akaashi.

— Nan au contraire, c'est super bon pour les chevilles, ça muscle un truc que tu peux pas travailler en courant sur un sol stable, il jeta un coup d'oeil à Akaashi : « On peut ralentir s'tu veux ! »

— Non, non, c'est bon. Tu cours sur le sable ?

Ils passèrent sur un pont, Bokuto s'extasia en voyant des mouettes voler au dessus de leurs têtes.

— Bitume, forêt, sable... J'aime varier, puis, Iwaizumi préfère courir en forêt, Kuroo en bord de mer, du coup, on alterne.

Ils atteignirent le premier kilomètre.

— Ça fait longtemps ? demanda Akaashi, une courte pause : « Que tu les connais. »

Il semblait prendre son rythme et sa respiration n'était pas encore haletante.

— Kuroo j'le connais depuis, il se mit à compter sur ses doigts, : « Wow, ça fait quatorze ans ! On s'est rencontré aux jeunes sapeurs pompiers. On a rencontré Iwaizumi à la formation pour devenir pro y a six ans. »

Bokuto les fit monter un escalier et prendre un chemin sauvage, plus escarpé, il laissa Akaashi passer devant lui.

Akaashi savait qu'il était lent à côté de Bokuto, mais garda son propre rythme. Bien que ça l'affligeait d'être aussi peu sportif à côté de lui, il n'avait pas du tout envie de se blesser.

— Je vois, lâcha-t-il finalement après quelques minutes : « Vous devez être proches. »

— Carrément oui ! C'est plus que des amis pour moi, j'les aime comme ma famille.

Le reste de la course se passa en silence, Akaashi n'ayant pas su quoi répondre à Bokuto, et celui-ci semblant s'être plongé dans un monde bien à lui. Il avait légèrement appréhendé cette course. Bokuto semblait se donner à fond dans tout ce qu'il faisait et Akaashi avait craint que le sergent ne s'adapte pas à sa condition physique. Il était agréablement surpris.

La course les conduisit jusqu'à un parc qu'Akaashi voyait tous les matins en se rendant à la caserne, mais c'était la première fois qu'il pénétrait dedans.

— Quand on veut s'entrainer en extérieur c'est ici qu'on vient, lâcha Bokuto une fois à l'arrêt, : « Ils ont des équipements en libre accès. »

Akaashi nota que contrairement à lui, Bokuto ne semblait pas le moins du monde essoufflé.

— Si ça ne te dérange pas, j'aimerais souffler un peu et boire.

— Pas d'soucis, dis moi quand t'es d'attaque !

Bokuto lui fit signe de le suivre alors qu'il s'enfonçait dans le parc. Ils arrivèrent rapidement à une grande cage à poules, des barres de tractions et autres engins qu'Akaashi ne connaissait que de visuel. Il regarda, amusé, le sergent grimper en haut de la cage. Il avançait avec une souplesse et une agilité qu'Akaashi était surprit de découvrir. Son gabarit ne laissait pas supposer de telles qualités, au contraire, Akaashi l'imaginait assez… Raide.

— Fais attention Bokuto, s'entendit-il dire alors qu'il se mettait debout sur les barreaux du caisson le plus haut, Akaashi n'était pas à l'aise avec l'idée d'intervenir sur cet idiot.

Bokuto rigola et s'assit, ses jambes pendants dans le vide. Akaashi soupira, il préférait ça.

— T'sais, il m'arrivera rien, il fit une roulade autour d'un barreau et regarda Akaashi en contrebas : « Tu sais que j'suis dans le GRIMP ? »

Habilement, Bokuto se glissa entre les barreaux. Lorsqu'il ne fut plus qu'à un mètre du sol, il sauta et se réceptionna sans mal.

— Oui, souffla Akaashi, rassuré de voir son collègue les deux pieds sur le sol ferme.

Akaashi avait vu son nom sur un casier appelé « GRIMP », en avait vaguement entendu parler à la caserne, mais il n'avait jamais assisté à un départ ou un retour d'intervention dans ce domaine.

— Donc t'as pas à t'en faire pour moi ! Ils nous ont fait faire pire que ça en formation, plaisanta Bokuto.

Akaashi n'était pas convaincu. Toutes les formations du monde ne pouvaient éviter une chute idiote. Il avala une dernière gorgée d'eau et posa sa bouteille sur un banc :

— Je suis prêt.

Ils s'étaient arrêtés moins de dix minutes, et pourtant, Akaashi sentit qu'il se refroidissait, s'ils s'attardaient plus, il n'aurait sûrement pas la motivation de reprendre.

Bokuto lui adressa un grand sourire.

— On va faire en série : dix pompes, quinze abdo, deux fois dix fentes, trente secondes de gainage et dix tractions, puis une minute de repos, et on enchaine ça trois fois. De c'que j'ai vu, tu devrais être capable de tenir.

— Je te fais confiance, lâcha platement Akaashi alors qu'il s'échauffait les poignets.

Il songea que le pire serait sûrement les pompes et les tractions.

Bokuto sortit une enceinte de sa poche et la posa au sol, il y connecta son téléphone et lança une musique rythmée.

— Laisse toi guider par la musique. Tu vas voir, elle te prévient quand on change d'exercice et au repos.

L'infirmier acquiesça et rejoint Bokuto au sol. Il se mit sur les genoux, bras tendus. Un compte à rebours se lança et il attaqua la première pompe. Il souffla.

— Aller Akaashi, on descend plus bas !

Les premières pompes n'avaient pas été aussi compliquées que ce à quoi s'était attendu Akaashi. La dixième par contre avait été plus dure à monter.

— On enchaine sur les abdos !

Bokuto enfila sa capuche et s'allongea sur le dos. Il faisait trois abdos quand Akaashi n'en faisait qu'un, mais au moins, il tenait le rythme imposé par le sergent. Il était heureux de constater que, pour le moment, il s'en sortait.

Un nouveau « bip » retentit. Bokuto se redressa d'un bond et tendit une main à Akaashi avant de le relever. Ils firent un aller de fentes droite, un retour de fente gauche. C'était l'exercice le plus simple pour le moment. Il remercia intérieurement son bon équilibre et sa jeunesse. Même sans être trop sportif, il arrivait à tenir le coup.

Ils enchaînèrent sur du gainage. Akaashi se mit en position sur les avant bas et crispa les poings. Il essaya d'adopter la même position que Bokuto.

— T'as les fesses trop sorties. Baisse le bassin, Akaashi tâcha d'appliquer les conseils du sergent, « Nan, pas comme ça. Attends. »

Bokuto quitta la position et posa un genou au sol. Il posa une de ses mains sur le ventre de l'infirmier, la deuxième sur ses reins. Il exerça une pression dessus.

— Voila, comme ça.

Bokuto ôta une à une ses mains et félicita Akaashi, qui s'obstina à regarder vers le sol. Les joues aussi rouges que les lacets de ses chaussures. Il avait été si concentré sur les exercices qu'il avait réussi à oublier la proximité de Bokuto jusqu'à présent. Il tint l'exercice, plus difficilement qu'il ne l'aurait cru, puis s'assit au sol à la fin. Ses muscles le tiraillaient et hurlaient aux mauvais traitements.

— Eh, y a encore les tractions, après tu auras ta minute de pause !

Akaashi releva les yeux, dépité :

— Qu'une minute ? Entre chaque série complète ? appréhenda-t-il en se relevant avec l'aide Bokuto.

— C'est plus efficace, fais moi confiance, aller, on enchaine !

Pourquoi avait-il eu l'idée de s'infliger ça, se demanda Akaashi alors que Bokuto l'entraînait vers les barres de tractions.

— J'te montre, et tu tentes après les dix, si t'y arrives pas, c'est pas grave.

Bokuto défit sa veste, Akaashi déglutit en voyant son t-shirt qui le moulait un peu trop. Il la posa sur l'une des barres et s'approcha ensuite de la plus haute. Sur la pointe des pieds, il l'attrapa facilement, la paume des mains tournées vers l'extérieur et leva les pieds du sol.

En mettant les mains comme ça, tu vas surtout travailler le dos.

Bokuto fit une première traction et Akaashi se coupa du monde. Les épaules de Bokuto se contractèrent, ses trapèzes se découpèrent facilement sous le t-shirt et il vit les grands dorsaux bouger en rythme avec la montée et la descente de Bokuto. Akaashi serra les dents. Il n'était pas un adolescent prébupère en manque, alors pourquoi cet homme lui faisait autant d'effet ?!

— T'as compris ? lança Bokuto, la tête tournée vers lui.

— Oui.

Il répondit si vite que Bokuto fronça les sourcils, il tenta de reprendre le sujet :

— Et si je mets les mains dans l'autre sens ?

Bokuto qui était retourné sur la terre ferme se hissa à nouveau et prit la barre en supination. Les bras plus resserrés que pour la première démonstration, il fit une traction.

— En supination faut que tes bras soient plus rapprochés pour que la traction soit bien efficace, dans cette position, tu fais surtout travailler les bras. Regarde.

Il se hissa une nouvelle fois, prenant le temps pour monter et redescendre.

Akaashi se décala légèrement et nota le gonflement de ses biceps, il se frappa mentalement pour rester concentrer sur le mouvement et non sur le corps en face de lui, qu'il trouvait magnifique.

Quand Bokuto se reposa, il souffla et s'approcha à son tour.

— T'as l'air ailleurs, tu veux manger un bout ? Tu manques de sucre ?

— Seulement de concentration. J'ai pas l'habitude de forcer autant, mais ça va aller, merci, se justifia Akaashi.

L'attention le toucha, il se demanda si Bokuto aidait tout le monde de cette manière et avec autant de bienveillance. Si c'était le cas, Bokuto serait la meilleure personne qu'il connaissait.

Il s'approcha de la barre, un peu trop haute pour lui.

— Je pourrais jamais en faire dix en pronations et dix en supinations, affirma-t-il.

— T'en auras quarante à faire au total, tu peux alterner avec les séries, suggéra Bokuto.

Akaashi eut envie de s'enfuir en courant à l'entente du chiffre. À la place, il s'obligea à sauter légèrement pour atteindre la barre et l'attrapa en pronation. Il prit une grande inspiration, gaina son corps et tira sur ses bras. Il réussit à monter sa tête au dessus de la barre les six premières fois. À partir de la septième, il lutta pour le faire, en serrant les dents. À la dixième, il relâcha le tout et laissa ses bras pendre le long de son corps. Il avait l'impression qu'ils allaient se détacher de son corps.

— C'est bien Akaashi ! L'important c'est de finir ta série en y allant à ton rythme, il trottina jusqu'au banc et apporta sa bouteille à Akaashi, : « Tu devrais boire. »

Il accepta volontiers la bouteille et prit quelques gorgés. Une minute de pause ne lui suffirait certainement pas.

Bokuto jeta un coup d'oeil à sa montre et prépara un nouveau morceau de musique.

— Plus que dix secondes, on se remet en position !

Akaashi fit la moue et posa à contre-coeur sa bouteille d'eau. Il secoua ses membres pour faire circuler le sang dedans et se mit une fois de plus à genoux. Il attendit le signal et entama sa première pompe.

— Aller Akaashi, elle était propre celle-là !

Il leva les yeux au ciel et entama la seconde. Ses bras le tiraillaient plus que lors de la première série. Il savait que la dixième pompe lui couterait. Et elle lui couta.

Il tint bon sur l'entièreté de la seconde série, pria tout le long de la troisième et marmonna un juron pendant sa dernière pause. Il n'allait jamais tenir.

— Ça va l'faire, il t'en reste plus qu'une ! Le plus dur est fait, lança gaiement Bokuto : « Tu t'en tires comme un chef. »

Akaashi gémit.

— C'est gentil, merci...

Bokuto s'installa au sol et relança la musique.

— Aller, quand c'est terminé on fait c'que tu veux pour te féliciter !

— Prendre une douche et mourir sur mon canapé ? haleta Akaashi, également au sol.

La remarque surprit Bokuto qui loupa le départ. Il se rattrapa en enchainant deux pompes rapides.

— J'suis pas certain que mourir sur ton canapé soit une bonne idée, plaisanta Bokuto en continuant l'exercice, : « Par contre si tu t'sens pas de le faire j'peux te faire à manger pendant que tu t'laves. »

La réponse le prit de court, il descendit trop bas et s'écrasa contre le sol. Il pesta contre lui-même et se remit en place, il n'avait plus qu'à recommencer depuis le départ.

— Je commanderai, pour deux. On mangera ensemble si tu veux te reposer, lâcha-t-il les dents serrées avant de reprendre son exercice.

Bokuto acquiesça, bien tenté par la proposition.

Ils enchainèrent sur les abdos. Épuisé par les précédentes séries, Akaashi ne parvint pas à décoller son dos du sol. Il pesta.

— J'vais te tenir les pieds, ce sera plus simple.

N'attendant pas la réponse d'Akaashi, il se déplaça face à lui et mis ses mains sur ses chevilles qu'il cloua au sol. Trop fatigué pour contester, il se força à terminer ses abdos, les yeux fixés sur ses genoux. S'il tombait dans les yeux de Bokuto, il n'était pas certain de garder ses moyens. Il termina sa série, s'allongea sur le dos, les bras au sol et reprit son souffle. Ses abdos étaient si contractés que chaque inspiration lui faisait mal.

Akaashi mit de côté sa douleur et se releva. Il avait mémorisé l'ordre des exercices et n'avait plus besoin que Bokuto les lui annonce. Il se mit en position et entama la première fente. C'était l'exercice qui lui coutait le moins, malgré les cinq kilomètres de course.

L'aller lui fit serrer les dents. Le retour lui arracha un gémissement. Ses ischios n'avaient jamais autant soufferts. Il accueilli la fin de l'exercice avec amertume, il redoutait plus que tout le gainage et les tractions qui lui restaient à faire. Ils attaquèrent le gainage. Son corps tremblait entièrement, il luttait pour garder ses muscles contractés et pria pour que ce soit réellement une question de mental. Akaashi se laissa tomber au sol quand ce fut terminé, et lança un regard noir vers les barres de tractions. C'était la dernière ligne droite, et la pire de toute.

Bokuto le remarqua, sourit et lui lança :

— Quand l'exercice me parait insurmontable, j'essaie de penser à autre chose, si tu te concentres sur la douleur, tu vas pas t'en sortir.

Akaashi hocha la tête et s'approcha de la barre. S'il devait penser à autre chose, c'était à la douche qu'il méritait amplement de prendre après ça. Il commença à se soulever en imaginant le jet d'eau chaude. Il se demanda si des sushis seraient une bonne idée après leur session sportive et si Bokuto aimait ça.

Il envoya paitre cette question et se concentra sur ses dernières tractions. Il eut l'impression que la dernière lui arracha les bras. Il se laissa tomber lourdement au sol juste après et tenta de faire tourner ses bras dans la foulée en grognant discrètement.

Bokuto s'avança vers Akaashi, le prit dans ses bras et lui fit quitter le sol.

— J'suis fier de toi !

Akaashi tourna quelques secondes dans les airs, avant de retrouver le sol. Il s'agrippa aux bras de Bokuto pour reprendre son équilibre.

— Tu es tactile comme ça avec tout le monde ? lâcha-t-il avec un petit rire gêné.

— Juste avec mes proches, d'ailleurs, ça agace Iwaizumi. Il aime pas ça, les câlins.

Akaashi ne sut comment prendre la chose. Finalement, il préféra se taire et noter que Bokuto le considérait comme tel.

— Pas très étonnant de sa part, je l'imaginais mal aimer ça, sourit-il en reculant d'un pas.

— Bon. Quelques étirements puis on fait une marche rapide jusqu'à chez toi !

Akaashi cligna plusieurs fois des yeux pour se persuader qu'il avait mal compris.

— Je pensais qu'on allait rentrer plus... tranquillement.

Bokuto se mit à rire. Il n'avait visiblement pas envisagé cette possibilité.

— Tu passes devant, on va à ton rythme, t'inquiète pas.

Akaashi n'insista pas, c'était inutile il savait qu'il pouvait le faire. Il en paierait juste le prix le soir même ou le lendemain.

— C'est hyper important de bien boire et bien s'étirer. Là, j'vais t'montrer comment on fait, mais normalement vaut mieux le faire après, il haussa les épaules et lui expliqua rapidement que cela réduisait les chances de se blesser, : « Assieds toi. »

L'infirmier obtempéra, Bokuto se positionna derrière lui et posa ses mains sur ses omoplates.

— Penche toi en avant, et quand ça commence à tirer, tu m'fais signe.

Il écarta les jambes, se pencha en avant autant qu'il le put de lui même et Bokuto prit le relais. Il se mit à appuyer sur le haut de son dos. Voyant qu'Akaashi continuait de se baisser sans exprimer de gêne, Bokuto se rapprocha de lui et continua d'exercer une pression.

— T'es plus souple que c'que je pensais ! lâcha Bokuto.

— Je fais de l'escrime depuis plusieurs années, on ne dirait pas comme ça, mais ça assouplit.

Bokuto se redressa et leva Akaashi. Ils s'étirèrent les cuisses, les mollets, et les épaules. Le sergent enfila sa veste et la zipa jusqu'en haut.

— On devrait pas tarder, si on se refroidit trop on va prendre froid.

Comme pour l'aller, Bokuto montra le trajet qu'il avait prévu et Akaashi essaya de le mémoriser. Tâchant d'oublier ses douleurs musculaires, l'infirmier se mit à trotter, il avait envie de rentrer au plus vite pour se doucher. Il se sentait sale, ce qu'il n'appréciait pas.