26 novembre
— Ça m'gave, on enchaine les inter de merde, et en plus, il pleut !
Kuroo essuya du revers de la main l'eau qui dégoulinait sur son front alors qu'Akaashi posait un nouveau strip* sur celui de la victime.
— C'est tout pour nous, lâcha Akaashi à l'intention de Sawamura, : « On transporte pas avec vous, je pense que Kuroo ne survivrait pas. »
Kuroo tendit son majeur à l'infirmier et fit claquer la porte conducteur de la Kangoo. Akaashi attendit que la victime soit chargée dans l'ambulance pour monter à son tour dans le véhicule. Il ferma sa portière avec plus de douceur, et avant qu'il n'ait le temps de s'attacher, Kuroo avait lancé le deux tons.
Il les ramena jusqu'à la caserne, gara le véhicule en faisant crisser les pneus et claqua une nouvelle fois sa portière. Akaashi lui lança un regard ennuyé. Kuroo n'avait cessé de se plaindre toute la soirée, de tout et de n'importe quoi après la troisième intervention qu'il considérait comme « nulle ». Autant dire qu'il venait de terminer la cinquième et qu'à une heure du matin, Kuroo devenait irascible, et donc pénible.
Akaashi sortit à son tour du véhicule et suivit ses pas. Kuroo arrivait aux escaliers quand il entra dans la salle de repos. Ce dernier monta, fit quelques pas dans le couloir, posa la main sur la poignée de porte de sa chambre avant de la retirer, il n'avait pas envie de dormir seul cette nuit. Kuroo jeta un rapide coup d'oeil dans le couloir, et lorsqu'il fut certain d'être seul, il pénétra dans la chambre de Tsukishima et Yamaguchi. La lumière était éteinte, et il entendit clairement Yamaguchi ronfler. Eclairées par le lampadaire extérieur, deux silhouettes se dessinaient, chacune dans un lit. Un sourire aux lèvres, il s'approcha de celui du bas. Tsukishima dormait aussi, tourné vers le mur. Kuroo défit ses vêtements silencieusement et se faufila sous la couette. Tsukishima bougea légèrement, mais ne se réveilla pas. Kuroo se colla un peu plus, et glissa ses doigts sur les hanches de son amant. Un frisson le parcourut, il gémit doucement et se tourna un peu.
— Tetsu' ? murmura-t-il.
Kuroo fit courir sa bouche sur sa nuque, pesta intérieurement quand il rencontra le tissu de son t-shirt pendant que sa main descendait plus bas.
— Tetsu', qu'est-ce que tu fais ? marmonna doucement Tsukishima.
Sans répondre, il se coula au-dessus de lui et tenta de ravir sa bouche. Ce dernier posa deux de ses doigts sur la sienne pour l'en empêcher.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
D'abord mécontent, Kuroo sourit après quelques secondes et attrapa l'un de ses doigts avec sa bouche. Tsukishima leva les yeux au ciel. Dans la pénombre de la chambre et sans ses lunettes, il ne voyait pas très bien l'expression de Kuroo, mais il le connaissait assez pour savoir de quoi il pouvait en retourner : Une soirée nulle.
— Combien d'interventions ? demanda-t-il.
Ils gardèrent un ton bas pour ne pas réveiller leur colocataire.
— Cinq, grommela Kuroo en délaissant sa main et en se baissant vers son cou : « Servi de taxi à l'infirmier. »
— Je bosse demain, soupira Tsukishima : « J'suis à l'hôpital. »
Kuroo remonta légèrement, un grand sourire aux lèvres.
— Donc c'est ok ?
— Yam' est juste au-dessus.
La bouche de Kuroo s'approcha de son oreille, il l'a mordit et susurra :
— Alors garde la bouche fermée.
— Ou alors, tu vas pioncer dans ta chambre, souffla-t-il.
La main de Kuroo, qui le titillait jusque là, se posa entièrement sur son caleçon. Tsukishima prit une grande inspiration.
— Tu voudrais vraiment t'occuper de ça sans moi, Kei ?
Le coeur de Tsukishima tambourina un peu plus fort. Kuroo était sexy et même après trois ans de relation, il lui faisait toujours autant d'effet. Contrarié malgré tout, il se mordit la lèvre et posa une main contre sa propre bouche. Prenant ça pour une invitation, Kuroo embrassa son cou, glissa jusqu'à ses hanches et retira son caleçon. L'aidant du mieux qu'il put, Tsukishima se sentit libéré quand la toile quitta ses jambes. Embarrassé par sa propre envie, il grommela tout bas :
T'es insupportable.
Kuroo rit silencieusement. Quitte à l'insupporter, autant y aller à fond. Il dégagea la couette sur le côté, Tsukishima tenta de l'attraper, peine perdu. Kuroo le maintint sur le matelas et, d'un coup de langue habile, le fit soupirer d'aise. Il l'engloba dans la foulé et s'appliqua au maximum. En trois ans, il connaissait le corps de Tsukishima par coeur. Ses grains de beauté, ses cicatrices, mais surtout ce qui lui faisait perdre la tête. S'aidant d'une main, il écarta les cuisses de son amant et continua ses caresses buccales. La respiration de Tsukishima s'alourdissait, avait des ratés et parfois se coupait. Kuroo se savait sur la bonne voie, il s'appliqua d'autant plus. Lorsqu'un gémissement étouffé lui parvint, il accéléra le mouvement. Subitement, Tsukishima se crispa et se libéra dans un râle silencieux.
Essoufflé, il redescendit peu à peu sous les mains expertes de Kuroo. Ses doigts glissèrent sur ses hanches, remontèrent sur son ventre et l'une de ses mains vint se perdre dans ses cheveux. Kuroo en profita pour l'embrasser à pleine bouche et taquiner sa langue.
Tsukishima lui rendit son baiser et l'attira contre lui. Il passa ses doigts sur sa nuque puis dans ses cheveux, agrippa quelques mèches qu'il caressa distraitement. Il sentit les doigts de Kuroo dessiner des arabesques dans son dos.
— J'ai envie de toi, souffla Kuroo au creux de son oreille.
Un brin rancunier, Tsukishima décida de jouer un peu. Après tout, il l'avait réveillé en pleine nuit pour passer ses nerfs. Il glissa ses mains sur le dos de son petit ami, les descendit sur ses reins et caressa ses fesses fermes. Du bout du doigt, il effleura ses cuisses et colla son bassin au sien. Il approcha son visage de celui de son petit ami, l'esquiva au dernier moment et se mit à califourchon sur lui. Le surplombant, il glissa ses mains sur son torse.
— Donne moi une bonne raison de t'aider alors que tu es venu dans mon lit juste parce que tu as passé une mauvaise soirée.
Kuroo attrapa ses poignets, écarta ses bras et se releva. Maintenant ses bras près de son corps, il murmura à son tour :
— Parce qu'au fond, t'adore que j'te fasse ça, et... il embrassa sa clavicule : « que t'adore mon corps », il remonta vers son cou : « et que tu m'aimes ? » il termina sa course de baisés sous sa mâchoire. Il lâcha son homme et cala ses mains sur ses cuisses.
— T'es trop confiant, souffla Tsukishima.
Il noua ses bras autour du cou de Kuroo, glissa ses doigts dans ses cheveux et fondit sur sa bouche. Il tirailla ses cheveux, mordit sa lèvre inférieur et le poussa contre le matelas. Tsukishima glissa ses doigts sur le bas ventre de son amant et entama un lent mouvement de va-et-vient contre son érection.
Les doigts de Kuroo se crispèrent sur ses jambes tandis que ses yeux s'assombrissaient. Le spectacle était génial, mais il en voulait plus. Il s'apprêta à parler quand un bip sonna.
Ils se figèrent tous les deux, ils n'avaient rien entendu vibrer, trop occupés par leur séance nocturne. Tsukishima se décala et Kuroo pesta. Le son provenait du sol, là où il avait laissé ses affaires.
— Juré, si c'est encore de la merde, j'tue quelqu'un, grommela-t-il entre ses dents.
Il trouva son bip en quelques secondes, lut le motif et se tourna vers Tsukki.
— Désincar' en chef d'équipe.
Il l'embrassa rapidement et sortit de la pièce en courant. Quand il atteignit le vestiaire, Tanaka et Yaku en sortirent. Toujours en caleçon et pieds nus, il y entra et courut jusqu'à son casier. Bokuto et Iwaizumi finissaient de se changer.
— T'es en retard, bro' !
— J'étais occupé.
Iwaizumi se tourna vers lui et lâcha :
— À une heure du matin' ?
— J't'emmerde.
Kuroo enfila son pantalon de feu, Iwaizumi ne rata pas son érection.
— Ah.
— J'veux pas de commentaire.
Bokuto prêt, il fixa Kuroo qui enfilait maintenant son t-shirt.
— Au sujet de ton retard ou au sujet de ton érection ? se moqua Iwaizumi.
Il esquiva habilement le déodorant que lui jeta Kuroo et sortit de la pièce en se moquant. Bokuto n'osa rien ajouter et le suivit rapidement. Kuroo les insulta et les rejoignit dans la foulée. Sa soirée avait été nulle, les interventions à chier et quand il réussissait à la rattraper, il ne pouvait même pas se plaindre d'être arrêté net parce que c'était une bonne intervention ! Bonne intervention, mais qui allait durer des heures. Kuroo ne pourrait pas ou peu dormir et demain, c'était la journée avec les gamins. Karma de merde.
Le véhicule démarra au moment où il s'attachait. Face à lui, Iwaizumi esquiva son regard jusqu'à la fin du trajet, un sourire aux lèvres.
L'intervention dura des heures. Quand ils rentrèrent, six heures venait de sonner. Epuisés, ils partirent tous vers leur chambre, excepté Iwaizumi.
— Tu vas pas dormir ? demanda Oikawa en baillant.
— Pour me réveiller dans deux heures dans le coltar ? Nah. J'vais tenir c'qui reste.
Il lui souhaita une bonne nuit et monta se coucher dans la foulée. Contrairement à Iwaizumi, il savait que, dans quelques heures, ils auraient une vingtaine de monstres à gérer, donc hors de question de ne pas profiter du peu de sommeil qu'il pouvait avoir.
Oikawa fit un bond lorsqu'on tambourina à sa porte. Il se frotta les yeux.
— Lève toi, pas l'temps pour la grasse mat' !
Encore engourdi par le sommeil, il jeta un coup d'oeil à sa montre qui indiquait presque huit heures et demi, il pesta, il n'avait pas entendu son réveil. Il enfila à la hâte les vêtements qu'il avait préparé la veille, ouvrit sa porte et ignora le regard moqueur de Kuroo.
— C'est bon, c'est bon, je suis prêt, marmonna Oikawa.
Il resserra les pans de son gilet sur lui et se frictionna les bras. L'absence de sommeil lui donnait froid.
— Si on est en retard, j'dis à tous les gamins de t'appeler « Diva ».
Ils se toisèrent et se défièrent du regard un instant. Oikawa se promit d'éviter le sergent pendant les six mois à venir, il lui fallait au moins ça pour évacuer une dizaine de jours de frustration.
Oikawa descendit jusque dans la salle commune, salua les quelques hommes de son tour qui étaient encore là et se rendit dans le hangar. Il attendit que l'appel se termine et que les missions soient réparties pour aller voir le chef de garde. Ils se saluèrent poliment.
— Alors, tout est prêt ?
— Il nous reste la salle à préparer, le repas à récupérer et les gamins, Oikawa jeta un nouveau regard à sa montre : « Bon, faut qu'on s'active. »
L'homme assura à Oikawa qu'il restait à sa disposition au besoin. Oikawa le remercia une fois de plus et tourna les talons. Il se dirigea vers le standard, récupéra une pochette pleine de documents et des feuilles vierges, puis se rendit en salle de cours où se trouvait déjà Kuroo.
— T'as prévu des crayons j'espère.
Oikawa lui jeta les clés de son bureau :
— Dans le placard sous la fenêtre, premier tiroir, je vais récupérer le repas.
Kuroo attrapa les clés à la volée et les fourra dans ses poches. S'il avait plus de temps, il aurait sûrement tenté quelque chose dans le bureau du lieutenant.
Sans un mot de plus, Oikawa quitta la salle de cours et monta dans sa voiture. Il fit deux arrêts, un pour le repas, un pour le dessert, déposa ses achats à la caserne et regarda une nouvelle fois l'heure. Il avait finalement rattrapé le retard qu'il avait pris en n'entendant pas son réveil. Kuroo était supposé faire venir Iwaizumi pour dix heures et quart à la caserne. Lui devait, pendant ce temps, aller chercher les enfants et les ramener en bus. Il pressa le pas pour arriver à temps à l'arrêt.
Kuroo avait terminé ce qu'il avait à faire pour le moment. La salle de cours était prête, la table de la salle commune aussi. Il venait de passer sa tenue et se tenait prêt pour l'arrivée de la Diva. Il sentit son portable vibrer dans sa poche, un bref coup d'oeil à l'écran : "Colis récupérés, sommes en transit, arrivée prévue 10h17." Il leva les yeux au ciel, verrouilla le smartphone et le remis dans sa poche.
— À toi d'jouer Bro'.
Bokuto fit claquer ses rangers au sol et se mit au garde à vous, tirant un rire à Kuroo qui le vit chercher leur ami dans son répertoire. Le premier appel se termina sur la messagerie. Kuroo lui ordonna d'appeler une seconde fois, et même une troisième s'il le fallait. Il ne s'était pas fait chier à organiser cette journée pour que le principal intéressé soit absent ou en retard. Au bout du troisième appel, Iwaizumi décrocha enfin le combiné.
— Faut qu'tu viennes vite ! s'écria Bokuto qui se prêtait au jeu.
Sur haut parleur, Kuroo entendit la respiration d'Iwaizumi, suivie d'un « Hein ? ».
— C'est Kuroo et Oikawa, Bokuto clapit : « Ils se sont disputés ce matin et là, il essaye d'enfoncer sa porte ! »
Kuroo étouffa un rire et donna de grands coups dans la porte de son casier.
— Arrête Bro' ! Ça sert à rien, lui hurla Bokuto.
Iwaizumi raccrocha sans répondre.
— Tu penses que ça a marché ?
— T'as été génial Bro', j'suis certain qu'il est là dans moins d'quinze minutes.
Kuroo mis une grande tape dans le dos de Bokuto et frictionna son crâne.
Iwaizumi quand à lui, jura et sortit de son lit en trombe. Pour une fois qu'il s'endormait dedans, il ne pouvait même pas profiter de son matelas. Il enfila une tenue de jogging en vitesse, ne prit même pas le temps d'avaler quoi que ce soit, mis ses baskets et sortit en trombe de son appartement. Plutôt qu'attendre l'ascenseur, il dévala les escaliers et courut dans la rue. Il allait tuer Kuroo, Oikawa et probablement Bokuto. Ainsi que tous leurs autres collègues. À quel moment pouvait-on laisser dégénérer les choses à ce point là ? Ok, Kuroo ne supportait plus Oikawa ces derniers temps, mais il n'était pas censé être aussi stupide que ça. Et ses collègues non plus.
Iwaizumi ralentit le rythme mais continua sa course. Effectivement, c'était étrange qu'ils se laissent autant emporter, même pour une dispute stupide. Ils tenaient trop à leurs postes pour laisser leur aigreur l'emporter à la caserne. Si c'était un coup foireux, avec la nuit blanche qu'il venait de passer, Iwaizumi allait réellement faire mal à ses amis.
A peine plus de dix minutes après l'appel, il arriva à la caserne. Sans prendre gare au parking, il fracassa la porte du hangar et accourut dans la salle de repos.
Ses collègues du tour suivant vaquaient à leurs occupations. Tout semblait calme, donc ils s'étaient probablement moqués de lui. La colère lui fit serrer les poing. Il repéra Yaku dans la cuisine et s'approcha, à bout de souffle :
— Où sont les deux abrutis ?
— Lesquels ?
— Bokuto et Kuroo, gronda-t-il en haletant.
— Oh… Je les ai vu partir dans les vestiaires, tout à l'heure, lâcha-t-il : « Un café ? »
— Non.
D'un pas rageur, Iwaizumi s'approcha des vestiaires rouges. Il s'apprêta à fracasser la porte quand quelque chose l'arrêta. Il se retourna et observa la cuisine. Qu'est-ce que Yaku faisait ici, à cette heure-là ? Désormais certain que quelque chose se tramait dans son dos, Iwaizumi balança son pied dans la porte. Elle heurta violemment le mur, l'impact claqua si fort que certaines personnes s'arrêtèrent de marcher et que, Bokuto et Kuroo, présents dans le vestiaire, durent se boucher les oreilles.
— T'abuses ! pesta Kuroo après quelques secondes.
Iwaizumi s'approcha vivement et l'attrapa par le col.
— Me réveiller après deux heures de sommeil et une nuit blanche, le tout en panique, pour me faire courir sept bornes tout ça pour vos conneries et c'est moi qui abuse ? tonna-t-il, prêt à l'emplâtrer dans le casier le plus proche.
Bokuto lui sauta sur le dos et tenta de calmer le jeu :
— On voulait juste te faire plaisir ! Promis, si on avait su que la nuit s'rait si chiante, on l'aurait pas fait ce jour-là mais on avait pas le choix, c'était prévu !
Dans l'incompréhension, Iwaizumi relâcha légèrement sa poigne. Bokuto fit de même et Kuroo soupira.
— Rappelle-moi de plus jamais te faire plaisir.
— Va te...
Des bruits de pas et des rires attirèrent son attention. La porte de la salle de repos s'ouvrit et des enfants s'y engouffrèrent en piaillant. Oubliant instantanément ses deux amis, il alla jusque dans la salle et reconnut aisément les enfants de son quartier. Il n'y habitait plus, mais ses parents si. Iwaizumi prenait toujours garde aux bambins qui traînaient près de chez eux et tentait de les diriger du mieux qu'il pouvait. Après moult râlements et demandes de leur part, il avait cédé, il leur avait promis de les amener un jour à la caserne, chose qu'il n'avait jamais pu faire jusqu'à présent.
Oikawa rentra à son tour et tenta de se faire entendre, peine perdu.
— Vraiment, c'est la dernière fois que j'te fais plaisir, bougonna Kuroo près de son oreille.
Il se tourna et lui donna un coup de poing dans le bras, un sourire aux lèvres :
— Genre, toi, t'as réussi à faire ça ?
— Déjà, « genre moi », c'est pas cool, et pour être honnête, c'est l'idée de la diva, mais j'ai fait l'plus gros du boulot. T'as intérêt à me dire comment il a su ça et pourquoi il l'a fait.
Iwaizumi tomba des nues. Il avait juste lancé ça pendant un pari idiot, il ne pensait pas qu'Oikawa avait compris à quel point ça lui tenait à coeur.
— J'ai... C'était pour une connerie, à la base, je...
— Iwaizumi ! s'exclama un bambin.
Toutes les têtes se tournèrent vers lui, et, Oikawa, désespéré les laissa courir jusqu'au sergent. En voyant sa tête, Iwaizumi sourit mais lança d'une voix forte :
— On est pas au stade, c'est une caserne ici, arrêtez de courir partout !
Subitement calme, les enfants baissèrent d'un ton, mais se jetèrent quand même sur lui. Il les salua tous, réussit l'exploit de contenir leur euphorie et les guida vers la salle de cours sous la demande de Kuroo. Heureux de les voir ici, Iwaizumi en oublia sa fatigue et passa une journée formidable, bien qu'épuisante. Oikawa et Kuroo avaient pensé à tout, il n'avait juste qu'à profiter et tenir les mômes, ce qu'il faisait plutôt bien.
Après des essais à l'échelle, être montés dans les véhicules, et autres nombreuses activités, ils finirent par retourner en salle et se poser. Le bus n'allait pas tarder à les ramener, ils devaient vérifier qu'ils n'avaient rien oublié.
— Plus jamais ça, encore moins après une nuit blanche, chuchota Oikawa, éreinté.
Iwaizumi l'observa. Il n'avait pas eu le temps de le remercier de la journée, ni vraiment de lui parler. Tout bas, il répondit :
— T'as géré, tu d'vrais être fier.
— Je gère toujours tout, Iwa-chan.
— Appelle-moi encore comme ça d'vant les mômes et j'te frappe.
— Donc… Sans les mômes, je peux, se moqua Oikawa.
Iwaizumi fronça les sourcils quelques secondes, puis se dérida. Plus qu'heureux de sa journée, Iwaizumi lâcha :
— Prends pas tes rêves pour la réalité, mais... il planta ses yeux dans ceux d'Oikawa et, un doux sourire aux lèvres, ajouta : « Merci. »
Oikawa cligna plusieurs fois des yeux, ouvrit puis ferma la bouche. Il pesta intérieurement contre sa stupidité tandis qu'Iwaizumi s'éloignait. Il fit deux pas, lui attrapa l'épaule et le tourna vers lui.
— Viens manger avec moi !
— Pardon ?
Les yeux de Kuroo se posèrent sur eux, Oikawa lui fit un discret doigt d'honneur, auquel il répondit avant de tourner la tête, happé par l'un des enfants. Certain qu'il ne les épiait pas, Oikawa reprit plus doucement :
— Demain, viens manger avec moi, le soir.
Iwaizumi resta interdit quelques secondes et comprit :
— Oh, c'est pour le pari.
— Oui. Bien sûr que c'est pour le pari, répondit précipitamment Oikawa.
Trop vite, bien trop vite pour que ça paraisse naturel. Il y eut un petit moment de flottement, avant qu'Iwaizumi n'accepte.
— J'te tiens au courant par SMS, s'enjoua faussement Oikawa.
Un enfant accapara l'attention d'Iwaizumi à ce moment-là, il s'éloigna avec un geste de la main. Oikawa le laissa faire, un pincement au coeur.
Au début, il s'était approché d'Iwaizumi parce qu'il l'attirait. Parce que sous son air revêche et grincheux, il était certain de pouvoir le faire tomber pour lui. L'idée des paris devait lui permettre de se rapprocher de son but. La journée avec les enfants devait lui rapporter des bons points auprès du sergent, et continuer de faire pencher la balance. Sauf que, là, tout de suite, Oikawa venait de comprendre. Voir Iwaizumi si heureux le comblait. Et on ne ressentait pas ça pour une conquête.
L'estomac noué, Oikawa sortit de la pièce. Il fit quelques pas et prit une inspiration tremblante. Il s'était fait prendre à son propre jeu, il venait de comprendre qu'il était tombé amoureux.
* une sorte de petit pansement que tu mets pour rapprocher deux morceaux de peau entre eux, pour les grosses coupures
