02 décembre

Akaashi souffla. Il connaissait le code de l'immeuble de Bokuto, il était donc devant sa porte. Une bouteille de whisky et de coca à la main, ainsi que son sachet de Takoyaki au poignet, il s'apprêtait à rentrer dans l'antre des monstres. Il entendait d'ici les rires du groupe, la voix moqueuse de Kuroo et une musique de rock alternatif.

Il prit son courage à deux mains et toqua. En quelques secondes, des pas se firent entendre et Bokuto lui ouvrit, tout sourire.

— Akaashi !

Non vraiment, il n'y avait que Bokuto pour prononcer son nom de cette manière.

— Rentre, continua-t-il gaiment. Il récupéra ses bouteilles et son sachet et le fit passer devant lui : « C'est pas très grand, tu te perdras pas, tout droit pour le salon ! »

Akaashi défit ses chaussures et s'avança, Bokuto passa dans une autre pièce, certainement la cuisine.

— Oya, oya ! Akaashi est enfin là, s'amusa Kuroo.

— On m'a dit dix neuf heures, il est dix neuf heures, se justifia-t-il.

— Laisse tomber, Kuroo vit presque ici donc il doit être là depuis ce matin, lança Hanamaki.

— Même pas vrai !

Hanamaki haussa un sourcil, sceptique.

— C'est depuis hier soir, que j'suis là, sourit Kuroo.

Ignorant les boutades que s'envoyèrent les deux hommes, il salua Iwaizumi. Un jeune homme blond qu'il ne connaissait pas se trouvait dans le coin du canapé, en tailleur et les yeux rivés sur les deux garçons, il avait l'air ennuyé. Il releva la tête vers lui, le salua calmement et fourra son nez dans son portable. Iwaizumi fit de même dans un soupir.

— Kenma, Akaashi, Akaashi, Kenma, présenta Iwaizumi.

Akaashi lui fit un signe poli de la tête, auquel il répondit sans le regarder, puis s'assit au sol sur l'un des coussins qui traînaient.

— Kuroo ! cria Bokuto depuis la cuisine, : « Viens m'aider ! ».

À l'entente de son nom, Kuroo soupira. D'un air taquin, il observa du coin de l'oeil Akaashi et lança :

— Que ferait ma femme sans moi ?

— Certainement plus de choses que tu ne le crois, elle a l'air de très bien se débrouiller en général, se moqua Hanamaki, qui ne pensait pas du tout à Bokuto.

Kuroo lui fit un doigt d'honneur et disparut dans une pièce adjacente. La porte fenêtre du balcon s'ouvrit et Matsukawa entra.

— On se les gèle, frissonna-t-il.

— T'as qu'à arrêter de fumer, rétorqua Hanamaki. Il se colla contre la table basse pour que Matsukawa atteigne le canapé : « J'te sers quoi, Akaashi ? »

Matsukawa s'assit sur la seule place de libre, à côté d'Iwaizumi et répondit :

— Si j'arrête de fumer, tu vas râler que je suis trop chiant.

Aucune des bouteilles présentes ne lui plus réellement.

— Quelque chose de pas très fort ?

Hanamaki sourit, ouvrit une bière et lui tendit :

— Tu supportes pas l'alcool ?

Bokuto et Kuroo sortirent de la cuisine à ce moment là, les bras chargés de nourriture. Ils déposèrent du mieux qu'ils purent leurs victuailles sur la table basse.

— Je n'ai pas l'habitude de boire.

— Ah ouais, lança Kuroo en s'asseyant à sa gauche : « La dernière fois, t'as eu l'air d'avoir très chaud. J'étais pas sûr que ce soit à cause de l'alcool. »

— Je ne vois pas à cause de quoi d'autres ça aurait pu être, lâcha-t-il platement tandis que Bokuto s'asseyait à sa droite.

Bokuto avala de travers la cacahuète qu'il venait de mettre dans sa bouche, il toussa bruyamment et bu d'une traite le verre d'eau que venait de lui servir Matsukawa.

Akaashi lui frotta le dos.

— Ca va ?

— Oui, oui, ça va, c'est juste que, la dernière fois, Bokuto hésita un instant, chercha ses mots, : « J'viens juste de me rappeler ce que tu m'as dis à la soirée. »

Akaashi haussa un sourcil. Il se demanda ce qu'il avait pu dire pour mettre Bokuto dans cet état. Le rire de Kuroo ne présageait rien de bon.

— Ah, Akaashi est capable de dire des choses qui te gênent ? Wow, t'as pas du tout l'air comme ça, c'était quoi ? lança Hanamaki, tout sourire.

Bokuto lança un regard désolé à Akaashi, il se mit à bredouiller quelques mots avant que Kuroo ne lui coupe la parole.

— Apparemment, c'était Bokuto qui lui donnait chaud, et pas l'alcool.

La main dans le dos de Bokuto se figea. Akaashi ouvrit de grands yeux, bafouilla quelque chose puis se mordit la lèvre. Son cerveau lui rappela qu'il n'avait pas tant bu que ça, il fronça les sourcils et se tourna vers Kuroo :

— J'ai dû mal à croire que j'ai pu dire ça après deux bières.

— T'as pas dû en boire que deux, conclu Kuroo

Hanamaki s'adossa au canapé, entre les jambes de Matsukawa, réfléchit quelques secondes et lança au hasard :

— Non, je t'en ai au moins servi cinq, je crois. Peut-être plus ? Nah, je crois que c'était cinq.

— Mais j'en ai payé que deux, affirma Akaashi. La conclusion logique l'exaspéra, il se tourna vers Kuroo qui contenait à peine son amusement : « Tu as osé. »

— T'as pas refusé.

— T'as entendu que je ne tenais pas l'alcool, n'est-ce pas ? Je l'ai dit à Bokuto en arrivant.

Kuroo répondit par un sourire.

— Ok, les enfants, rien de grave s'est passé et, Akaashi, ton regard ne tuera pas Kuroo, alors... Passons à autre chose, souffla Matsukawa, amusé.

— Oui, après tout, on pourrait aussi se pencher sur le fait qu'Iwaizumi est bloqué sur son téléphone portable depuis tout à l'heure alors qu'habituellement c'est le premier à râler après Kenma, chantonna Hanamaki : « Oh, Kenma, c'est l'ami d'enfance de Kuroo, au fait. »

Tous les yeux se braquèrent sur le sergent, qui les ignora royalement.

— Soit, lâcha Matsukawa d'un air ennuyé : « Quelqu'un a une idée de qui pourrait être « Le Chieur », il fit les guillemets avec ses doigts : « avec qui il parle depuis tout à l'heure ? »

Iwaizumi releva les yeux de son téléphone et le fixa avec hargne :

— Vie privée, tu connais ?

— Tellement privée que tu changes le nom de la personne pour pas qu'on sache, donc tu te doutes qu'on va chercher à savoir, non ? sourit vicieusement Hanamaki.

Kuroo, surprit, ajouta :

— Pourquoi tu tiens à ce point à nous cacher quelque chose ? il plissa les yeux : « Une personne en plus. »

— Parce que t'es une putain de fouine, pesta Iwaizumi.

— Je m'intéresse à vos vies, c'est diffèrent, argua Kuroo.

— T'as juste pas assez d'emmerdes dans la tienne donc tu t'ennuies et tu viens fouiller dans les nôtres, rétorqua Iwaizumi.

Et c'était exactement pour ça qu'il avait changé le nom de ShittyKawa en "Le Chieur" après que Kuroo ait tenté de lui voler son téléphone à la caserne. Il savait que Kuroo ne se remettrait pas de le voir parler avec le lieutenant, et il avait autre chose à gérer en ce moment. « Le chieur » était suffisamment passe partout pour pouvoir être n'importe qui mais reflétait à la perfection ce que lui inspirait Oikawa.

— Ou que t'essaies d'en créer, murmura Akaashi, encore remonté.

Kuroo lui jeta un regard ennuyé :

— Dans ton cas, j'essaie juste de te dévergonder un peu.

Et de savoir ce que tu penses réellement de mon Bro', ajouta-t-il silencieusement.

— On est pas tous obligé d'être aussi...

— D'être aussi ? répéta patiemment Kuroo.

— D'être aussi insolent que toi, termina Akaashi après quelques secondes.

Bokuto regardait à tour de rôle ses deux amis. Il avait le sentiment d'assister à un match de ping-pong. Il jeta un regard à Iwaizumi qui ne sembla pas vouloir lui porter secours.

— Je m'attendais à mieux, se moqua Kuroo.

— J'vous ressers un verre ? tenta Bokuto.

— Volontiers ! lança Hanamaki, il attrapa en même temps celui de Matsukawa et de Kuroo. Akaashi étant à la bière et l'ayant à peine entamé, il ne l'encouragea pas à en prendre une autre.

Akaashi prit un takoyaki, et tendit la boite à Kuroo. Certes il l'avait agacé, mais il avait encore des manières. Les victuailles firent le tour et Iwaizumi amena le sujet du bar. Ils avaient assez confiance en leur employés pour les laisser gérer un soir de semaine, et l'affaire était florissante. Peut-être même en ouvriraient-ils un autre, c'était encore un sujet à débat entre eux. L'alcool coulait tranquillement, l'ambiance était calme mais joyeuse et la musique continuait de tourner.

Hanamaki s'excusa et alla aux toilettes.

Akaashi resta silencieux un moment. Il observait ses collègues et leur amis évoluer. Leur groupe s'était formé petit à petit, et se centrait autour de Kuroo, Bokuto et Iwaizumi. Kenma continuait de jouer, bien qu'Akaashi avait noté qu'il jetait des coups d'oeil de temps aux autres et souriaient à leurs chamailleries. Iwaizumi lui avait demandé de poser son téléphone, il n'avait reçu qu'une moue contrariée, il n'avait pas insisté.

— Donc, bientôt, vous serez rentier, j'aurais dû rester barman, plaisanta Kuroo.

— Tu as été barman ? demanda Akaashi, surprit.

— Ouaip'. Le temps de passer mes concours et de réussir à d'venir pompier.

Il ouvrit la bouche pour ajouter qu'il avait rencontré son plus grand amour à ce moment-là, mais se tût. Akaashi n'était pas au courant pour eux, et même s'il était certain qu'il pourrait se taire, Tsukishima serait sûrement agacé. À la place, il prit son verre et le vida cul sec.

Hanamaki revint gaiement :

— Tu m'avais pas montré ça, Bokuto !

Il lâcha cinq ou six magazines sur la tables, et s'avachit sur Bokuto tandis que ce dernier récupérait l'une des revues.

— Hé, t'as pris quelle coll... Mais, c'est pas à moi, ça ! s'écria-t-il vivement.

Kuroo passa devant Akaashi, en récupéra un et l'ouvrit. Un coup d'oeil suffit à Akaashi pour comprendre que c'était des magazines de pornographie.

— Bro', t'aurais dû me dire que tu préférais la version papier aux films !

— Je préfère rien du tout, c'est pas à moi ! Tu l'sais en plus, chouina-t-il.

Matsukawa s'adossa un peu plus, contrairement à Iwaizumi qui posa ses coudes sur ses jambes.

— Les gars, vous êtes pénibles, lâcha-t-il en fixant tour à tour Matsukawa et Hanamaki.

Faisant fi de la remarque, Hanamaki ouvrit l'un d'eux et chercha une page en particulier. Il poussa un petit cri de victoire quand il trouva et la posa sous le nez à Bokuto.

— On pensait t'acheter un god, mais on hésitait !

— J'en veux pas !

Akaashi, médusé, les écouta débattre d'une oreille distraite jusqu'à ce que Kuroo lui pose le magazine sous le nez.

— Tu préfères lequel ?

Akaashi eut l'impression de se retrouver plusieurs semaines auparavant, à la caserne avec la bande surexcité de ses collègues. À la différence que, cette fois, c'était des hommes et non des femmes dans les magazines.

— Aucun, répondit-il avec une grimace.

— Oh, pitié, aucune femme et aucun homme ne t'intéresse, arrête de te moquer de moi.

— Parce que toi, l'un d'entre eux t'intéresse.

— Bien sûr !

Akaashi resta bête alors que Kuroo lui montrait l'homme de la page de droite.

— Celui-là ! Ah mais t'as celui-là aussi qui est pas mal, ajouta-t-il en tournant les pages.

Akaashi réfléchit. Soit Kuroo se moquait ouvertement de lui, soit toutes les personnes de la caserne ignoraient qu'il était au moins bi, ou le savaient et s'en moquaient. Et, connaissant si peu Kuroo, il fut incapable de savoir quelle option était la bonne.

Kuroo remarqua son expression perplexe, et sans le regarder, lâcha :

— La bonne réponse dans mon cas, c'est bi.

— Parce qu'il y a d'autres cas ? répondit Akaashi du tac-o-tac.

— Bien sûr, Iwaizumi est gay.

Akaashi ne put cacher sa surprise, Kuroo éclata de rire.

— J'ai cru entendre mon prénom, qu'est-ce que tu balances encore, Kuroo ? lâcha Iwaizumi en posant sa bière.

— Je disais juste que t'étais gay à Akaashi, ça a eut l'air de le surprendre.

Akaashi eut une moue ennuyé tandis qu'Iwaizumi répliquait :

— J'peux savoir pourquoi tu parles de ma sexualité ? Quoi que t'aies à dire, la tienne devrait être amplement suffisante comme exemple.

Matsukawa pouffa de rire à l'affirmation.

— Tu sais que ce que tu dis peut-être très vexant, lâcha Kuroo.

— Mais comme dans ton cas, c'est vrai, tu peux pas te vexer, lâcha-t-il en se levant et en se dirigeant vers Bokuto et Hanamaki.

— J'ai su profiter de ma jeunesse, et je voulais juste dire à Akaashi que nous avions de tout autour de la table.

Akaashi fut médusé.

— De tout ? C'est un peu violent comme phrase.

— Mais non, c'est violent que si on s'assume pas, Kuroo termina une nouvelle fois son verre et reprit : « R'garde, Iwa' est gay, moi j'suis bi', Kenma est hétéro, mais... Sa copine est aussi nerd que lui, alors est-ce que ça… »

Kenma lui jeta un regard noir.

— Ok j'plaisante, me r'garde pas comme, lâcha-t-il : « J'amènerai une tarte aux pommes, la prochaine fois, deal ? »

— Deal.

— Mattsun et Makki sont libertins et Bokuto est juste chelou, termina Kuroo.

— Pourquoi quand j'me tourne pour vous écouter, j'entends que j'suis chelou ? gémit Bokuto, qu'Iwaizumi venait de sauver des griffes d'Hanamaki.

Hanamaki fut forcé de s'asseoir à nouveau au sol entre les jambes de Matsukawa, une oreille endolori par les doigts d'Iwaizumi.

— Il est horrible, souffla-t-il.

Matsukawa passa une main dans ses cheveux et lui frotta l'oreille.

— Il préfère être horrible avec toi, plutôt qu'avoir un Bokuto déprimé sur les bras, souffla-t-il amusé.

— Je suis pas chelou ! râla de plus belle Bokuto.

Ils relevèrent les yeux, Akaashi s'était un peu reculé pour laisser Kuroo et Bokuto se faire face.

— Bro', j'me moque juste, tu l'sais, se défendit Kuroo.

— C'pas cool quand même.

Kuroo se pencha et lui frotta les cheveux.

— Tu m'aimes même si j'suis pas cool.

— Franchement, j'sais pas, bougonna Bokuto.

Une main sur le coeur, Kuroo se jeta en arrière et s'étala au sol.

— J'viens de me faire jeter, j'vais mourir, mon pauvre coeur ne survivra pas à ça.

Un grand silence s'abattit, Bokuto se tourna vers Akaashi.

— Tu penses que j'suis chelou ?

— Pas du tout, sourit-il.

Kuroo se releva, s'assit en tailleur et les fixa, une moue boudeuse collé au visage. Il prit son verre, le termina une énième fois et posa à nouveau son regard sur eux.

— Bro', t'as presque vidé la moitié de la bouteille de whisky, fit remarquer Bokuto.

Kuroo ignora sa remarque et bouda :

— Vous êtes beaucoup trop proches.

Matsukawa se leva pour aller fumer, Hanamaki laissa sa tête en arrière et fredonna la chanson qui passait. Iwaizumi était de nouveau sur son portable, discutant en même temps avec Kenma.

— Depuis quand vous êtes si proches, hein ? redemanda Kuroo, mécontent.

Bokuto leva les yeux au ciel tandis qu'Akaashi éloignait la bouteille de l'autre côté de la table avant de se rasseoir.

— Ça s'est fait naturellement, il n'y a pas de date pour ce genre de chose, rétorqua Akaashi après quelques secondes.

— Bien sûr que si, y'a des dates ! s'offusqua Kuroo.

Le regard blasé d'Akaashi l'encouragea à continuer :

— Bro', dis-lui ! Nous, on a une date !

Akaashi se tourna vers Bokuto. Gêné, il se frotta la nuque et évita son regard.

— Vous avez une date d'amitié ? souffla Akaashi, hésitant entre rire ou ignorer leur fantaisie.

— Bah, ouais ? On était jeune, aux premiers jours des JSP on s'est tellement marré qu'on a juré de pas se quitter... C'était un délire mais c'est resté... Tous les 4 septembre on se souhaite un joyeux anniversaire.

— Le pire, c'est que c'est vrai et l'année dernière, ils ont fêté leur quinze ans au bar. Bokuto à repeint les toilettes, se moqua Hanamaki : « J'ai dû en fermer un à cause de lui, il voulait plus en sortir. »

— T'étais pas obligé de dire ça !

— Bref, coupa Kuroo : « Y'a des dates. »

— Dans votre cas, objecta Akaashi : « C'est pas le cas à chaque fois, vous en avez pas une pour Iwaizumi, si ? »

Bokuto et Kuroo se regardèrent, puis fixèrent Iwaizumi. Sentant leurs regards peser sur lui, il ferma son téléphone et releva la tête.

— Ils ont essayé, je les ai envoyé chier.

Akaashi cacha son sourire derrière une main. C'était Iwaizumi tout craché.

— Et je pense comme toi, y'a pas vraiment de date pour les amitiés, ajouta-t-il.

— Kenma !

— On se connait depuis notre naissance, donc dans notre cas, on a pas de date, Kuroo, lança platement Kenma.

Bokuto tendit une bière à Akaashi, qu'il accepta. C'était la seconde, il pouvait se le permettre. Kuroo continua de râler à ce sujet, même quand Matsukawa revint. Les heures suivantes, ils finirent par dévier sur les longues amitiés, puis sur leur travail et les différentes facéties que Kuroo leur avait fait subir, et que le trio infernal : Matsukawa, Kuroo et Hanamaki, avait pu faire. Akaashi s'était mis à boire du jus de pomme, les autres étaient restés à l'alcool.

On toqua à ce moment-là, Bokuto alla ouvrir et revint accompagné de Tsukishima.

— Tsukki ! éclata Kuroo.

À peine arrivé, Kuroo lui attrapa la manche et l'obligea à s'asseoir près de lui.

— T'es bourré, lâcha ce dernier alors que Kuroo s'allongeait à moitié sur lui.

— Ils disent tous que j'suis horrible.

— T'es horrible, fit-il en poussant sa tête.

Bokuto s'assit près d'Akaashi et posa sa tête sur son épaule.

— Tu ne te sens pas bien ? demanda l'infirmier.

— J'ai plus bu que c'que j'pensais, comme on a pas bougé, j'ai pas senti l'alcool monter, souffla-t-il.

Akaashi lui tendit son verre de jus de pomme.

— Si tu tiens encore un discours cohérent, c'est que tu ne dois pas l'être tant que ça.

Bokuto se redressa pour boire, puis se cala à nouveau contre lui. L'odeur d'Akaashi lui emplit les narines. Ce devait être celle de son shampooing. Il reconnut l'amande douce, c'était délicat, comme Akaashi. Il ferma les yeux. Près de lui, il se sentait toujours bien.

— Quand j'te dis qu'ils sont proches, pesta Kuroo.

— Arrête d'être jaloux, Bokuto ne t'abandonnera pas, lança platement Tsukishima.

Hanamaki lui servit un verre de jus d'orange et lui tendit.

— Suis pas jaloux, suis suspicieux.

Akaashi soupira et se tourna vers Kuroo.

— De qui n'es tu pas suspicieux ? Oikawa et moi sommes les derniers à être arrivés à la caserne et tu n'arrêtes pas de nous enquiquiner.

Kuroo répéta le mot « enquiquiner » et rigola. Subitement, il se redressa et fixa Hanamaki et Matsukawa, le visage alerte.

— Putain, les gars ! Faut que vous m'aidiez !

— Oh, à quel sujet ? s'exclama joyeusement Hanamaki.

— Faut v'nir enlever les pneus d'une voiture, et j'peux pas le faire, ça s'rait trop gros.

Iwaizumi se figea. Akaashi et Tsukishima s'entre-regardèrent. Bokuto ne broncha pas, il commençait à somnoler et à glisser de l'épaule d'Akaashi. Ce dernier le retenait comme il le pouvait.

— Tu comptes pas faire ce que je pense ? grogna Iwaizumi.

— Il m'a bloqué mon pneu ! se justifia Kuroo.

— Parce que tu te gares sur sa case, et si ça avait été un autre lieutenant, t'aurais déjà pris des avertissements.

— Il a démonté les lattes de mon sommier.

— T'as mis du gel dans son shampooing, défendit Iwaizumi

— Ça, c'était après qu'il ait démonté les lattes. Avant j'avais juste teinté ses crèmes de nuits.

Iwaizumi soupira. Kuroo n'en démordrait pas, mais s'il s'attaquait réellement à la voiture d'Oikawa, ça allait craindre.

— J'suis pas si horrible, j'compte lui laisser les pneus sur sa bagnole, juste pas à leur place. De toute façon, faut aussi que j'me venge du sommier, je l'ai pas encore fait, merci d'me l'rappeler.

Akaashi fixa Kuroo. Lui qui semblait saoul quelques minutes auparavant, était tout à fait frais et disponible désormais. C'était impressionnant. Presque même impossible.

— Le gel dans le shampooing c'était pas à cause du sommier ? demanda Matsukawa.

— Non, c'était pour lui dire que les hostilités reprenaient, sourit mauvaisement Kuroo.

Akaashi ne réussit pas à tenir la tête de Bokuto, il l'a fit glisser délicatement sur ses cuisses. Il nota que Kenma baillait également. Prit dans les conversations, il n'avait pas fait attention à l'heure. Son portable indiqua trois heures du matin.

Faisant fit de la chamaillerie entre Kuroo et Iwaizumi, arbitré par Hanamaki et Matsukawa, Akaashi se tourna vers Tsukishima.

— Tu es arrivé tard, il y a eu des problèmes à l'hôpital ?

— Une intervention a duré plus longtemps que prévu, mais le patient s'en est sorti, et plus de monde à la mine que prévu. Je ne pensais pas venir, mais on m'a dit qu'il valait mieux récupérer cet idiot, souffla-t-il en désignant Kuroo.

— Le récupérer ?

— On est coloc', justifia Tsukishima, il jeta un coup d'oeil à Bokuto, endormi sur les cuisses à Akaashi : « Tu sais, il va vraiment finir par te prendre pour son coussin, un jour. »

Akaashi posa les yeux sur Bokuto et sourit. Il avait bien envie de répondre que ça ne le gênait pas, mais il s'abstint et haussa simplement les épaules. Il ne pouvait être auprès de Bokuto que comme ça, il s'en satisfaisait. Il n'avait pas le choix.