04 décembre
Oikawa observa le hangar. Tout était prêt pour la sainte barbe et pour le discours prochain de Nobuteru. les véhicules avaient été sortis du hangar pour laisser la possibilité d'installer plusieurs rangées de fauteuils afin que les proches des sapeurs puissent s'installer. Le chef de centre faisait face aux invités et aux sapeurs alignés, plus sur sa droite.
— Monsieur le préfet, mesdames et messieurs les parlementaires, mesdames et messieurs les maires, mesdames et messieurs les élus, mesdames et messieurs les officiers, sous-officiers, caporaux et sapeurs, mesdames et messieurs les retraités, mesdames et messieurs, Nobuteru prit une profonde inspiration et posa son regard sur l'assemblée, : « Permettez moi de commencer mon intervention en remerciant les personnes qui ont oeuvré pour le bon déroulement de cette cérémonie, et plus particulièrement nos quatre chefs de garde. »
Protocolaire. Oikawa et trois autres officiers firent un pas en avant, acceptèrent le remerciement et retournèrent dans le rang, la même expression neutre sur le visage.
— Nous sommes réunis pour célébrer votre Sainte Patronne, notre sainte Patronne, Sainte Barbe. C'est un moment puissant de fraternité, et je vous remercie tous proches de sapeurs ou non, d'être ici en ce jour pour partager nos voeux.
Nobuteru enchaina sur des chiffres, des statistiques et des données. Pendant une vingtaine de minutes, il parla des coupes budgétaires, des nouvelles réformes et des changement qui s'étaient déroulés au sein du service départemental du centre d'incendie et de secours.
— Au sujet du personnel, le chef commença par aborder le premier tour, il salua l'arrivé de deux sapeurs, le départ d'un, la promotion de quatre, il leur remit à tous leurs galons, : « Le tour deux à quant à lui bénéficié de l'affectation d'un nouvel infirmier, » Akaashi fit un pas un avant, s'inclina devant tout le monde et rentra dans le rang, « et d'un nouveau chef de garde, le lieutenant Oikawa. »
Une fois de plus, Oikawa fit un pas en avant, s'inclina à son tour et reçut son galon. Il chercha du regard pépé et lui adressa un sourire lorsqu'il le vit, il retourna dans le rang.
— Deux recrues ont également passé leurs formations avec succès et on rejoint les rangs.
Tsukishima et Yamaguchi s'avancèrent, s'inclinèrent, et reprirent leur place dans le rang.
S'il n'avait pas été dans l'obligation d'assister à cette cérémonie, Oikawa serait certainement parti, c'était long, ennuyant et interminable.
Le chef de centre répéta les mêmes informations pour le tour trois et le tour quatre. Il appelait, un homme s'avançait, saluait, recevait son grade et repartait dans les rangs, inéluctablement dans le même ordre.
— Permettez moi maintenant d'aborder le point concernant l'activité opérationnelle, Oikawa retourna son attention vers son supérieur, il sentit ses collègues retenir leur respiration, c'était le moment pour tous de recevoir les mérites, ou non, de leur chef, : « Si les années précédentes, notre caserne connaissait un affaiblissement du nombre d'intervention, nous avons pu constater cette année une hausse significative de trois pour-cent. »
Il annonça de nouveaux chiffres, de nouvelles statistiques, félicita le centre de traitement des appels car le nombre d'intervention inutiles était en baisse.
— On notera des interventions marquantes, comme par exemple la crue de la sendai-bori-gawa, les violents oranges de juin, Nobuteru prit soudainement un air plus grave, : « Ou l'intervention dans un immeuble insalubre qui a faillit couter la vie à deux de nos hommes. », magistralement, il prit une grande inspiration et souffla, : « Rappelant à tous les risques quotidiens du métier. »
Oikawa se crispa et pria pour qu'une intervention les sortes de là.
Iwaizumi également. Les murmures qu'il entendit suite à ça, et quelques gloussements lui tapèrent sur le système. S'il avait pu, il se serait retourné pour les insulter.
S'ils avaient vraiment un dieu de leur côté, il dû les entendre car leur bip sonna à ce moment-là. Nobuteru cessa de parler, leur lança un regard équivoque. Rapidement, ils coupèrent leurs bipes, sortirent du rang et prirent connaissance de leur ordre de départ. Oikawa et Iwaizumi se dirigèrent vers les vestiaires, changèrent rapidement de tenue et se séparèrent. Oikawa partit en direction du standard tandis qu'Iwaizumi allait à l'extérieur de la caserne pour faire chauffer le véhicule.
Il le rejoignit rapidement. Iwaizumi mit le deux tons, lança le véhicule et se laissa guider à travers la circulation jusqu'au local d'une entreprise locale assez connue.
Ils étaient sur l'intervention depuis près de trois heures quand elle toucha à sa fin. Ils avaient été appelés sur une intoxication collective au gaz. C'était le genre d'intervention pénibles, où il n'y avait rien d'autre à faire que trier les victimes, prendre des constances, et éventuellement, éponger du vomis. Ce qui n'avait pas manqué.
— C'était vraiment une inter' de merde, pesta Kuroo.
Iwaizumi haussa les épaules et remonta un peu plus son tour de cou pour protéger son nez du froid mordant.
— C'est pas toi qui t'es tapé la gerbe, ça se voit, ajouta Kuroo. Il enfonça ses poings dans ses poches et dégomma un nouveau cailloux du bout de sa rangers.
— Tu n'y as pas beaucoup touché non plus, railla Tsukishima tout en retirant sa paire de gants.
— Tu faisais si bien le boulot, j'allais pas t'interrompre, minauda Kuroo.
Tsukishima lui lança un regard qui voulait en dire long et lui tourna le dos. Il souffla sur ses doigts engourdis par le froid avant de les frictionner sur son pantalon.
— J'te file ma veste ? proposa Iwaizumi.
Tsukishima s'apprêta à répondre mais fut interrompu par Oikawa qui arrivait près d'eux.
— On a plus besoin de vous ici, vous pouvez vous remettre dispo si vos stocks* vous le permettent, il jeta un regard à Kuroo qui lui fit comprendre que oui, ils le pouvaient : « Bien. On se rejoint à la caserne alors. »
Iwaizumi fit un signe de la main à l'ambulance qui s'éloignait et emboita le pas à Oikawa, restant à distance raisonnable de lui pour ne pas le déranger. Il restèrent une bonne dizaine de minutes encore. Il en profita pour le regarder travailler. Distribuer des ordres, réfléchir, étudier des plans, sourire faussement. Puis Oikawa décréta que l'intervention était terminé pour eux. Il ordonna de nouveaux relevés une heure après leur départ et monta dans le véhicule. Hors de porté du regard des autres, Oikawa se débarrassa de son sourire faux, ôta son tour de cou et s'accorda un soupire :
— Mets vite le contact, j'ai froid !
Iwaizumi le toisa et se moqua de son nez rougit par le froid. Il tourna quand même les boutons du chauffage, tandis qu'Oikawa s'indignait, cachant son nez de ses mains. Iwaizumi se permit un léger sourire lorsqu'il l'entendit soupirer, d'aise cette fois.
Oikawa lança l'autoradio et regarda le paysage défiler. Il ne leur fallut que dix minutes supplémentaires pour arriver à la caserne et se garer dans le hangar qui avait été réhabilité à sa fonction première : accueillir les véhicules. Oikawa sortit le premier de l'engin. Il regarda brièvement les quelques volontaires s'afférer à préparer la caserne pour la fête qui s'y déroulerait le soir.
— Déjà là et vivant, un exploit.
Iwaizumi se tourna vers l'homme qui avait parlé. Il le connaissait de vue, une trentaine d'années entamée, les cheveux et les yeux d'un brun classique. Il n'avait pas retenu son nom, un sous officier du tour quatre qui avait tenté de rejoindre les GRIMP en même temps que lui mais avait été recalé. Il s'était représenté chaque année depuis mais s'était à chaque fois heurté à la même décision : retentez l'année prochaine.
Iwaizumi était presque persuadé que c'était lui qui avait gloussé le matin même pendant la cérémonie. Mais n'en étant pas certain, il prit sur lui, resta silencieux et lui lança seulement un regard noir avant de le contourner. Il rejoignit les vestiaires, ôta sa tenue de feu et passa celle de secourisme. Même si la journée était à la fête, leur tour était de garde, ils ne pouvaient pas se relâcher.
Le restant de la journée passa plus rapidement qu'il n'aurait pu le croire, les départs alternant entre du secourisme et de l'intervention diverse.
Lorsqu'Iwaizumi remit les pieds à la caserne, il n'était pas loin des vingt heures. Il avait transpiré une bonne partie de l'après-midi et ne rêvait que de se laver.
Lorsqu'il quitta les douches, les premiers invités arrivaient. Il aperçu au loin Sawamura, Sugawara et leurs compagnes. Il s'approcha d'eux et les salua. Ils discutèrent un instant tous ensemble avant que les deux couples ne soient happés par des visages qui lui étaient inconnus. Il s'écarta d'eux et s'approcha de la table. Tanaka et Nishinoya piquaient déjà dans les plats disposés et de nombreuses bouteilles d'alcools étaient ouvertes. Les autres tours n'étant pas de garde en profitaient amplement.
Kuroo lui fit un signe de la main, il était installé entre Tsukishima et Bokuto. Akaashi était face à eux, à Bokuto plus précisément, seul de son côté de la table. Il s'approcha et s'installa à ses côtés.
— Pas trop chiante, la dernière inter' ? lui demanda Kuroo.
— Notre hypocondriaque habituel, on a pas transporté.
Oikawa s'assit lourdement sur la chaise à côté de lui et bascula la tête en arrière.
— Oya, la Diva... Marre de signer des autographes ? se moqua Kuroo.
— J'aurais préféré ça, à la limite, marmonna Oikawa : « J'ai mal aux joues. »
Sugawara, Sawamura, Michimiya et Satou s'assirent à leur tour, près de leur groupe. La table se remplissait peu à peu, s'échelonnant par grades, tours ou affinités.
— Tu manges pas avec les autres officiers ? fit remarquer Iwaizumi.
Nishinoya et Tanaka s'approchèrent, Yaku s'installa à côté d'Oikawa.
— Je préfère manger à côté de toi, tu as un côté... Dissuasif, Oikawa lui adressa un grand sourire, : « Je suis certain d'avoir la paix comme ça. »
Il se pencha et souffla plus bas :
— Ou bien je voulais juste passer un moment avec toi.
L'homme de ce matin passa derrière Kuroo, et, le regard rivé sur Iwaizumi et Oikawa, lança :
— Donc c'est vrai ce qu'on dit, frôler la mort ensemble, ça rapproche.
— Sergent Ito, que nous vaut ce plaisir ? Oikawa lui adressa un sourire glacial, : « Si c'est à propos de votre candidature au GRIMP, ce n'est pas le moment. »
Ito encaissa la pique en grimaçant. Il s'approchant d'une chaise non loin de son groupe et du leur, il s'y assit et répondit d'une voix forte.
— Je remarquais seulement votre camaraderie. Après tout, vous êtes lieutenant et vous mangez quand même avec vos subordonnés, c'est surprenant.
— Oya oya, ça passe juste sergent chef et ça se permet d'ennuyer un lieutenant ? Tu es sûr que tes rangers te vont encore ? On devrait peut-être vérifier ton casque aussi, railla ouvertement Kuroo, adossé à sa chaise avec un bras en arrière.
La remarque vexa Ito, il tourna la tête et s'engagea dans une conversation proche de lui.
Oikawa, surprit que Kuroo prenne sa défense, lui lança un regard et plissa du nez :
— Eh, je commençais tout juste à m'amuser.
— Personne n'a le droit de toucher à mes jouets, se justifia-t-il en prenant son verre, toujours moqueur.
Akaashi grimaça, Kuroo pouvait être d'un désinvolte aberrant. Il se servit un jus de fruit. La fête battait son plein, mais leur tour étant de garde, ils devaient boire du soft contrairement à leurs collègues en repos.
Oikawa tiqua. Kuroo venait-il de l'appeler « mes jouets » ? Dans un geste puérile, il froissa sa serviette, la mis en boule et lui jeta dessus, il pesta :
— Un jouet ? C'est moi qui ai accepté de jouer avec toi, je te signale, et puis, aux dernières nouvelles, c'est moi qui ait le meilleur score.
Les murmures des conversations, chargés de rires autour rendaient l'atmosphère bonne enfant.
Kuroo s'accouda à la table, posa son menton dans une main. Un sourire digne de Cheschire sur le visage, il le fixa dans les yeux.
— Parce que tu penses que j'ai dit mon dernier mot, ou que j'étais sérieux jusqu'à présent ?
Oikawa réprima un frisson, il émanait de Kuroo quelque chose qui l'inquiétât.
— Kuroo.
Son sourire disparut et il tourna son attention vers Iwaizumi.
— Oui ?
Plus que sérieux, Iwaizumi baissa d'un ton et gronda d'une voix grave :
— Arrête ça immédiatement.
Kuroo fit la moue et s'adossa à son siège. Si Iwaizumi s'y mettait, ça gâcherait tout le plaisir. Il se tourna vers Bokuto et pleurnicha :
— Bro', Iwa' m'empêche de jouer...
— J'dois avoir un jeu de cartes dans mon placard si tu veux, répondit Bokuto avec un sourire.
— Parfois, t'es plus cynique que moi, tu l'sais, ça ?
— Tu lui as déteins dessus, se moqua Iwaizumi.
Bokuto envoya une tape dans le dos de Kuroo.
— C'est p't'être l'inverse, il regarda sa montre et les cuisines, : « Vous savez quand-est-c'qu'on mange ? »
Toutes les personnes autour lui jetèrent un regard médusé. Ils savaient tous que Bokuto était bien trop gentil pour être celui qui avait rendu Kuroo aussi infernale.
— Ça ne devrait plus trop tarder, répondit Oikawa qui avait jeté un regard à l'heure, « Vous avez choisi quel plat ? ».
Tsukishima, qui discutait avec Sugawara, ne répondit pas.
— Poisson, lâcha Akaashi, l'oeil sur son portable.
— La même, répondit Kuroo.
— Viande, répondirent en coeur Iwaizumi et Bokuto.
— C'est pour ça que vous êtes que des gros tas de muscles, maugréa Kuroo : « Un peu de poisson, ça vous ferait pas de mal, de temps en temps ! ».
— Eh ! s'exclama Bokuto, : « La viande te ferait pas d'mal dans c'cas là, jaloux va ! Ou tu pourrais venir courir avec Akaashi et moi ! ».
Oikawa se pencha au dessus de la table et regarda Akaashi qui semblait n'avoir d'yeux que pour Bokuto. Il lui fit tourner la tête lorsqu'il l'interpella :
— Comment tu fais pour suivre et survivre à Bokuto ? Il n'est pas humain !
— Il est plus calme qu'il n'y parait, et il se cale très bien à mon rythme, expliqua tranquillement Akaashi : « Ça m'a surprit aussi. ».
— J'sais me tenir ! Pour qui tu m'prends, s'offusqua Bokuto.
Oikawa sembla réfléchir un instant, prenant son menton entre deux doigts, il lâcha dans un grand sourire :
— Tu es bruyant, tout le temps hyper motivé, et tu acceptes les défis de tout le monde, en bref, une vraie pile électrique. C'est normal que je sois surpris non ?
Kuroo tourna les yeux, il ne pouvait qu'affirmer les dires du lieutenant, alors il resta silencieux. Bokuto, outré, posa les deux mains sur la table et s'apprêta à rétorquer quand il vit les portes des cuisines s'ouvrir. Tout mécontentement envolé, il sourit et lança un « Enfin ! » bienheureux.
Au moment même où son assiette s'approcha, son bip sonna.
— C'est une blague ! lança-t-il en l'attrapant.
Ses collègues firent de même. Oikawa, Iwaizumi, Kuroo et Yaku s'élancèrent dans la foulée, Tanaka râla avant de les suivre à son tour, il « crevait de faim » aussi.
Oikawa s'arrêta au standard avant d'aller enfiler sa tenue. Il attrapa le télex et se précipita dans les vestiaires. Il se changea rapidement et parcourut le document du regard en se dirigeant vers la tonne. Ils bipaient pour un feu de voiture dans le quartier le plus malfamé de la ville. En général, c'était le genre d'intervention que redoutaient ses hommes. Il attendit que le véhicule soit lancé pour les prévenir.
— On part pour un feu de VL à Kamagasaki, ils ont déclenché un véhicule pour la protection.
Kuroo se figea quelques secondes, avant de terminer d'enfiler sa bouteille d'oxygène et de prendre son masque.
— Ouais, tu peux aussi dire clairement qu'on va se faire caillasser plutôt que d'manger tranquille ! râla-t-il assez fort pour que tout le monde l'entende.
Kuroo pesta tout le restant du trajet et ne se calma pas quand la tonne s'arrêta. Après avoir jeté un coup d'oeil dans les rétroviseurs, Oikawa quitta la cabine et prit contact avec les policiers. Il revint rapidement au véhicule :
— RAS pour l'instant, on se dépêche ! BAT en reconnaissance pour l'extinction du véhicule incendié, point d'attaque par le toit, point d'eau par la tonne, BAL, vous établissez pendant que le BAT s'appareille.**
Oikawa regarda ses ordres se faire appliquer puis regarda tout autour d'eux . La voiture était non loin de la tonne, Kuroo et Iwaizumi n'aurait pas à trop s'éloigner et se mettre à découvert pour éteindre l'incendie. Lorsqu'il les vit prêt, il fit signe à Tanaka d'envoyer l'eau. Bokuto et Yaku les avaient suivis et restaient en alerte. Ils furent les premiers à remarquer un petit groupe d'homme.
— Lieut'nant !
Avant que les policiers n'aient le temps de faire quoique ce soit, il y eu un bruit de tire, puis on y vit comme en plein jour. Oikawa jura, ordonna à ses hommes de battre en retrait et les insulta quand il les vit reprendre leur progression en direction du feu. Il y eu un deuxième tire. Les policiers se séparèrent en deux groupes, un resta auprès de la tonne, l'autre partit à la recherche des incendiaires. Des feux d'artifices, très certainement.
— Mais qu'est ce qu'ils foutent !
Oikawa attrapa une nouvelle fois sa radio et passa un message au binôme d'alimentation qui était resté interdit.
— Revenez à la tonne, ne prenez pas de risques !
Bokuto et Yaku jetèrent un regard au second binôme et d'un commun accord, retournèrent sur leurs pas. En sécurité près de la tonne, ils retirèrent leurs casques et ôtèrent leurs masques.
— Ils vous ont dit quelque chose ?
Yaku secoua la tête négativement, ils tournèrent leur attention en direction de la voiture incendiée. Un épais nuage de vapeur s'était formé et coupait maintenant le véhicule à leur vue.
Il y eu un nouveau tire. Avant qu'Oikawa n'ait le temps de dire quoique ce soit, sa radio grésilla.
— Feu éteint, on rentre.
Lorsqu'il vit le binôme revenir vers la tonne, Oikawa fut tiraillé entre la colère et le soulagement. Le premier l'emporta sur le second. Ce n'était pas la première fois que Kuroo ignorait ses ordres, et c'était une fois de trop.
Oikawa attendit que les deux hommes aient retiré leurs casques et masques pour être certain d'être entendu.
— Mais qu'est ce qui vous est passé par la tête, s'emporta Oikawa : « Vous avez des pulsions suicidaires ? Faut prévenir dans ces cas là ! »
— Prévenir pour les pulsions, ou prévenir qu'on craignait rien et que tu t'énerves pour rien ? railla Kuroo, mordant.
Un tire retentit. Oikawa fit signe à ses hommes de rassembler le matériel et de monter le véhicule. Lorsque ce fut fait, il se tourna vers Kuroo.
— Comment ça « que vous craigniez rien » ? C'est pas parce que votre tenue est ignifugée que vous ne craignez rien, vous n'êtes que des hommes, pas des dieux !
— Les gosses visaient les poulets ou le sol ! On craignait rien, Iwaizumi a vérifié aussi ! Ça prenait trente secondes de plus pour qu'on termine après ton ordre, y'a pas mort d'homme !
Oikawa lança un regard à Iwaizumi, il valida les propos d'un hochement de tête.
— Vous êtes de grands malades, pesta Oikawa : « La moindre des choses, c'était de prévenir. » il sentit la pression retomber légèrement, soulagé de savoir qu'ils n'avaient pas pris de risques inconsidérés, « Un ordre reste un ordre, rentrez le vous dans le crâne avant que ça ne m'énerve réellement. »
Kuroo s'apprêta à répondre, Iwaizumi le coupa d'une tape dans la tête. Même s'il avait vérifié les feux d'artifices, il était certain que les gamins essayaient de les viser, mais se débrouillaient trop mal pour réussir. Une main sur la bouche de Kuroo, qui refusait de se taire, Iwaizumi lâcha : — Bien, mon lieutenant, la prochaine fois, on préviendra, il fusilla Kuroo du regard et lui glissa : « On vient déjà d'être emmerdé par des gamins, pas b'soin que t'en rajoutes. ».
Kuroo répondit à sa boutade par un regard énervé, mais s'assit au fond de son siège et ne l'ouvrit plus le reste du trajet. Ils détestaient ce genre d'intervention. Iwaizumi d'autant plus. Il venait de ce milieu, il savait que c'était difficile d'en sortir à cause des préjugés et emmerdes que ça apportait, mais il ne supportait pas de voir les gamins continuer à s'enfoncer dans cette merde plutôt que de se tirer vers le haut.
— Hé sinon, pour demain soir, c'est toujours OK, hein ? tenta Bokuto pour changer de sujet.
Kuroo soupira un « ouais », las. Iwaizumi hocha simplement la tête.
— Au même bar que la dernière fois ? demanda Yaku.
— Ouais, mais discret ! Akaashi sait rien !
Kuroo leva les yeux au ciel, son ami en faisait toujours des caisses. Le reste du trajet se passa sous les recommandations de Bokuto pour le lendemain.
Entre l'intervention, le reconditionnement du véhicule et le temps de se changer, quand ils revinrent à la table, deux heures s'étaient écoulées.
Tanaka et Bokuto mourraient de faim, sans attendre leurs collègues, ils se précipitèrent vers la cuisine et allèrent chercher leur repas. Non sans leur promettre de ramener les leur.
Kuroo fit le tour de la table, murmura à l'oreille de Tsukishima et partit à nouveau vers le hangar.
— L'intervention a été difficile ? demanda Sugawara en voyant ça.
Oikawa et Iwaizumi s'assirent sans répondre, ce fut Yaku qui prit la parole.
— Incendie d'une voiture dans les quartiers craignos. Cette fois, c'était des feux d'artifices.
Sugawara grimaça et jeta un coup d'oeil à Iwaizumi. Leur tour savait qu'il avait vécut là-bas, et ces interventions lui coutaient à chaque fois.
La voix d'Ito retentit un peu trop fort pour que ce soit involontaire.
— Et aucun de vous n'a perdu la vue, ou a été brûlé ? Vous vous améliorez, lieutenant Oikawa.
Oikawa le fusilla du regard. Plusieurs bouteilles d'alcools avaient été entamées par son tour de garde, autant dire que les hommes près d'eux étaient tous alcoolisés plus ou moins grandement, Ito inclus.
— Ça va que vous n'étiez pas là, vue la quantité d'alcool que vous semblez avoir ingéré, vous vous seriez surement embrasés, lâcha Oikawa, agacé par la remarque.
Bokuto et Tanaka revinrent à ce moment-là avec leurs assiettes, et firent rapidement le service.
Il entama tranquillement son repas.
Tsukishima s'excusa et se leva.
— Bokuto, tu vas t'étouffer, lança Akaashi : « Tanaka, toi aussi. »
Le dernier tenta de répondre quelque chose la bouche pleine, sans succès.
— Moi, j'paris qu'ils vont prendre une deuxième assiette, lança Nishinoya.
— Au moins trois, ouais, rit Sugawara.
En quelques minutes, leurs assiettes furent aussi propres que si elles sortaient d'un lave vaisselle.
— Alors, une deuxième ? taquina Nishinoya.
— C'est trop bon, ça s'rait bête de s'en priver... lâcha Tanaka en se levant.
— Ramène m'en une ! lança Bokuto.
— Si vous bouffez trop et que vous dégueulez sur la prochaine inter', on vous laisse sur le bord de la route, prévint Iwaizumi.
Les deux hommes râlèrent, les autres sourirent. Oikawa nota qu'Iwaizumi semblait plus calme. Se rappelant que le groupe du GRIMP n'avait pas terminé leurs inscriptions au recyclage, il termina son assiette et lança le sujet :
— On arrive à la fin de l'année, vous avez sûrement zappé mais, il faudrait que vous vous inscriviez au recyclage GRIMP, il marqua une courte pose et regarda tour à tour Bokuto et Iwaizumi : « Pensez à le faire rapidement, je ne veux pas vous retirer le droit de prendre les départs. »
Bokuto qui avait la bouche pleine s'exclama et avala de travers.
— C'est donc ça le GRIMP ? L'élite des pompiers ? Ito lança un regard mauvais à Bokuto puis le tourna vers Oikawa : « Et ils ont osé vous nommer chef de la spécialité ? Alors que vous êtes incapable de les faire s'inscrire à un simple recyclage ? ».
Oikawa toisa Ito, les doigts crispés il inspira pour se calmer et lâcha d'un ton froid :
— Je pense qu'un homme qui a loupé les tests six fois n'a aucun droit de jugement sur ce qu'il se passe dans la spécialité.
Ito se crispa :
— Vous voulez me faire croire que, il lança un nouveau regard à Bokuto, : « Ça, ça a plus sa place dans le GRIMP que nous ? Ça sert à rien d'être une bête en sport si la tête ne suit pas. »
Oikawa le regardé, médusé.
— Il a réussi haut la main les épreuves physiques, a retenu chaque manoeuvre, sait gérer chaque situation. Sur quoi est-ce que tu peux te permettre de le juger ?
Ito attrapa son verre, certainement pour se reprendre. Sûrement trop ivre pour que sa bouche reste fermée ou qu'il contienne sa rancoeur, il lâcha :
— Je suis capable d'en faire autant ! Je comprends pas les choix des juges, et encore moins ceux des personnes qui t'ont affecté ici. Y'a rien de bien qui a d'écoulé de ton arrivée.
Dubitatif, Oikawa lui demanda d'expliciter.
— Oh pitié, tu sors d'une école, t'as pas d'expérience, t'as le vertige et t'es chef de GRIMP ! On a tous compris dès le départ que quelque chose clochait, avoir failli tuer l'un de nous l'a prouvé !
Le poing d'Iwaizumi s'abattit sur la table avec une telle violence que tous les couverts se renversèrent. Le silence tomba dans la salle. Debout et plus qu'énervé, il le fusilla du regard et éclata :
— Ferme ta putain de gueule ! T'es pas dans notre tour, t'es pas sous ses ordres, tu sais rien de ce qu'il se passe ! Tout le monde dans cette putain de salle sait qu'on était coincé, si on avait pris ces escaliers, on s'rait mort dans leur éboulement ! Vous m'faites chier à ramener cette putain d'histoire ! Oikawa a choisi la meilleure solution, tout le monde le sait, j'suis vivant, lui aussi, fin de l'histoire ! Il sort d'une école, et alors ? Si tu travaillais avec lui, tu saurais qu'il est putain de compétent, chiant ouais, mais compétent ! Il choisit le meilleur pour ses hommes, réfléchit à tous les putains de dangers et a la meilleure attaque pour pas qu'on crève. Je sais pas c'qu'il te faut de plus, mais moi, c'est la seule chose que j'lui d'mande ! Bordel de merde, t'es juste un connard arrogant, jaloux d'un mec qui a mieux réussi qu'toi, et qui juge sans l'connaître ! Si tu prenais la peine de sortir la tête de ton miroir, tu saurais que cet emmerdeur est un gars bien, et le prochain qui le critique, j'lui fous mon poing dans la gueule, c'est clair ?
L'atmosphère était glacée, aucun n'osa piper mot. Le poing déjà serré, Iwaizumi savait qu'il était allé trop loin, surtout devant autant de monde, surtout devant ses chefs. L'intervention précédente l'avait trop miné, sans compter la journée assez longue et cet abruti qui n'arrêtait pas. Sans prendre le temps de s'excuser, et n'en ayant rien à foutre de toute manière, il tourna les talons et sortit de la pièce. L'air frais lui ferait le plus grand bien, il en était certain.
Il fracassa les portes contre les murs, et les referma tout aussi fort. C'était stupide, mais ça le soulagea. Le froid le mordit et glaça ses joues. Il fit quelques pas de plus, s'éloigna vers le parking et se retint de frapper contre une voiture. Finalement, il se mit à tourner en rond en grommelant et en se frictionnant les bras. En plus d'être énervé, il avait froid. Il se sentit vraiment stupide, et grommela de plus belle.
— Iwa-chan.
Il s'arrêta et fixa Oikawa. Un air sérieux collé au visage, il lui tendit une veste. Iwaizumi grimaça, soupira, mais la pris.
Une main dans la poche, il finit par se frictionner les cheveux, et s'adossa à une voiture. Les yeux baissés, un peu plus calme, il frotta sa nuque et abaissa son bras.
— Désolé, c'est complètement con mais ça m'a énervé. Je me suis laissé emporté, j'aurais pas dû. Ça me gonfle, les gars savent très bien qu't'es compétent, mais les autres tours sont restés sur leurs aprioris alors qu'ils te connaissent même pas, c'est des abrutis. On est entouré d'abrutis, mais sérieux, là c'est d'un autre niveau.
Il entendit quelques pas, mais continua :
— J'pensais pas qu'il était aussi con c'lui-là. Sans dec', ils savent rien de toi, qu'ce soit en tant qu'chef ou en tant qu'personne, ils savent ni que t'es compétent, ni qu't'es quelqu'un de bien. Ils ont même pas capté que t'étais attentif à tout, même en dehors de la caserne, c'est…
— Hajime.
La main d'Oikawa se posa contre sa joue, brûlante sur sa peau glacée. Il releva le visage et tomba dans les prunelles chocolat. Proche. Trop proche.
Oikawa s'avança, lentement. Tellement doucement qu'Iwaizumi eut l'impression de voir la scène au ralenti. Leurs souffles se mélangèrent dans un ballet de vapeur, puis, leurs nez se frôlèrent. Oikawa s'arrêta à quelques centimètres, indécis.
Hypnotisé par sa chaleur, par son odeur ou simplement par son coeur, Iwaizumi posa sa main sur la sienne, ferma les yeux et franchit la limite. Ses lèvres sèches rencontrèrent leurs homonymes. Hésitantes, elles voulurent s'éloigner sans pouvoir. Celles d'Oikawa les épousaient volontiers, sûres d'elles, de nombreuses fois. Une langue taquina sa lèvre, il lui laissa l'accès à sa bouche. Un ballet sensuel débuta. Délicat, lascif. Transporté, Iwaizumi se redressa et attrapa ses hanches tandis qu'une main lui agrippait la nuque. C'était un prélude, un avant-goût de l'indécence qu'Oikawa lui prodiguerait. Et putain qu'il avait envie de s'y abandonner. Si voluptueux en étant si lubrique.
À bout de souffle et le coeur battant, ils se détachèrent de quelques centimètres, prêts à recommencer malgré le trouble de leurs esprits.
Un pas dans les graviers.
Le brouillard se dissipa. Ils tournèrent violemment la tête. À quelques mètres d'eux, Kuroo et Tsukishima, main dans la main, les fixaient, hébétés.
La descente fut brutale. Iwaizumi repoussa Oikawa, bredouilla quelque chose d'incompréhensible et s'enfuit. Encore retourné, Oikawa fut incapable de le suivre et le regarda bêtement s'éloigner. Quand la porte claqua, il grimaça, fronça les sourcils, se tourna vers Tsukishima et Kuroo.
C'était désormais une vérité absolue : Il détestait Kuroo.
*les stocks : Tu as du matériel dans le véhicule que tu peux être amené à utiliser en inter, si t'as pas de quoi faire une inter, tu te mets pas "dispo" le temps de le remplir
**Rien A Signaler
Binôme d'Attaque
Il leur ordonne d'orienter la lance vers le toit de la voiture, genre il leur dit pas d'arroser l'avant, l'arrière ou quoi
point d'eau par la tonne ça veut dire qu'ils utilisent l'eau du camion et non l'eau d'un poteau incendie, c'est plus rapide d'établir depuis la tonne que depuis là bas et ça évite de séparer le groupe, donc prendre le risque de se faire caillasses
