26 décembre
Iwaizumi s'arrêta devant une maison indépendante, entourée de haies, d'arbres et clôturée par un portail. Oikawa lui avait précisé dans le message que le portillon serait ouvert, qu'il n'aurait qu'à le pousser. Iwaizumi ne s'embarrassa pas et entra. Le métal gelé le fit frissonner. L'allée gravillonnée l'emmena jusqu'à la maison et se divisa en deux chemins. L'un étroit jusqu'au porche, et le second, assez large jusqu'à un garage.
Il s'approcha de l'entrée, nota les différentes plantes qui la décoraient, et fut étonné qu'elles survivent au gel.
Il toqua deux fois, l'attente fut courte. Oikawa ouvrit la porte. La joue complètement blanche de farine et vêtu d'un tablier plus blanc que noir, il le salua gaiement et l'invita à rentrer.
Iwaizumi ferma la porte et le suivit, un sourire aux lèvres, il lança :
— T'es au courant que la farine c'est plutôt dans un plat qu'il faut la mettre ?
Oikawa essuya ses mains sur son tablier et frotta ses joues de leurs revers.
Fais gaffe, il m'en reste sur le plan de travail.
Et plus dans le sachet ?
Oikawa balaya la remarque d'un geste de la main.
Il s'est suicidé, je n'y peux rien, souffla Oikawa.
Si tu dis à Kuroo que même ta farine se suicide, tu vas avoir des remarques pendant un bon moment.
Iwaizumi défit sa veste et la posa sur un porte manteau mural.
Il jeta un coup d'oeil circulaire à la pièce, c'était grand, bien plus grand que chez lui ou que chez ses amis, mais pas non plus extravagant. Connaissant Oikawa, il se serait presque attendu à plus. Depuis l'entrée, la partie vie se trouvait sur la droite, la partie cuisine sur la gauche. Il y avait deux portes entre l'entrée et le salon, une entre l'entrée, l'escalier et la cuisine.
Il avança jusqu'au salon et s'arrêta devant une grande bibliothèque. Des livres en tout genre, dans plusieurs langues. Il savait Oikawa intelligent et cela ne l'étonna pas qu'il sache parler plusieurs langues. Il poursuivit son exploration. Un coin télévision délimité par un tapis, avec deux canapés noirs, une table basse à tiroirs dans les mêmes tons, un rocking chair et des coussins, beaucoup de coussins. Il se remémora le cadeau qu'il avait fait à Kuroo et sourit. À se demander si Oikawa n'avait pas un soucis avec eux.
A droite de tout ça, une table déjà dressée pour deux, il nota la présence de six chaises et se demanda s'il recevait souvent du monde chez lui. Il salua la présence d'une cheminée et s'en approcha, resta un instant devant et profita de la chaleur qu'elle dégageait, le mur en pierre sombre sur lequel était la cheminée contrastait avec la blancheur des autres.
Il se sentait étonnamment à l'aise chez Oikawa et se permit de reluquer tout ce qui était à voir. Il ne semblait pas aimer les pièces trop chargées. Ou alors il n'avait jusqu'à présent pas eu envie de décorer son intérieur. Iwaizumi n'avait vu que deux toiles, qu'il n'avait d'ailleurs pas compris, l'art en général et encore plus l'art moderne n'ayant aucun effet sur lui. Ajouté à cela quelques plantes et bougies.
Iwaizumi se tourna vers la cuisine, sombre elle aussi, en contraste avec les murs et le parquet clair.
Il s'approcha du bar et des deux tabourets qui s'y trouvaient et s'assit. Oikawa évoluait souplement, il connaissait sa cuisine par coeur, ainsi que les recettes qu'il devait suivre.
Tu veux boire quelque chose ? Oikawa enfourna une grille et se redressa : « J'en ai plus pour longtemps, et non, ce n'est pas à cause du suicide de la farine. »
Que t'es encore aux fourneaux ? Tu me proposes quoi ?
Contrairement à la coutume, Iwaizumi était arrivé les mains vides. Il avait tenté de savoir quoi ramener par message auprès d'Oikawa, ce dernier avait été intraitable, il ne voulait rien.
Oui, je suis passé voir pépé, et ça m'a pris plus de temps que prévu, Oikawa ouvrit un placard : « J'ai un peu de tout, whisky, vin, bière », il continua son énumération et se tourna vers Iwaizumi : « Alors ? »
J'croyais que tu buvais pas ? demanda Iwaizumi, intrigué : « Aucune idée, j'te laisse choisir. »
Oikawa sorti deux verres, des glaçons et plusieurs bouteilles.
Je bois, mais peu et pas souvent, c'est surtout pour mes invités, il haussa les épaules et versa une boisson rouge dans les deux verres.
T'as souvent du monde chez toi ?
Oikawa pressa des citrons et releva les yeux :
Non, jamais, il fit un grand sourire : « T'es bien curieux Iwa-chan ! »
Iwaizumi le regarda blasé, ne sachant dire s'il venait de se foutre de sa gueule ou s'il était juste étrange.
D'un geste qui se sentait habituel, Oikawa rempli les verres de glaçons, dosa le Cinzano rouge, puis le Noilly prat, ajouta le gin, la grenadine et une touillette. Il ajouta une tranche d'orange et tendit le verre à Iwaizumi.
Je peux mettre un peu plus de gin, si tu trouves ça trop sucré.
Iwaizumi remercia Oikawa et porta le verre à ses lèvres. Il avait remarqué l'attrait d'Oikawa pour le sucre et avait craint que le cocktail qu'il venait de lui préparer soit imbuvable. Au contraire, il fut agréablement surprit.
— C'est super bon, il reposa son verre : « Par contre j't'avoue que je m'attendais pas à ce que tu boives ça. »
Oikawa souffla du nez et lui tendit son verre. Iwaizumi haussa un sourcil et le porta à ses lèvres, il tira la grimace.
— J'ai juste dosé le tien différemment.
Iwaizumi se doutait de la prévenance d'Oikawa, après tout, il observait tout, tout le temps. Cependant, en être l'objet le rendit bêtement heureux. Il secoua la tête et prit une gorgée dans son verre.
Son regard se posa sur Oikawa qui était retourné à sa préparation, le nez plissé et les sourcils froncés, il coupait régulièrement un boudin de pâte avant de le rouler en boule. Il se retourna, et Iwaizumi ne put s'empêcher de laisser son regard courir sur son dos qu'il savait fin. Il le laissa descendre un peu plus bas et se mordit les lèvres quand il se posa sur ses fesses. Il n'y avait pas à dire, Oikawa savait comment s'habiller pour se mettre en valeur.
Il secoua la tête et Iwaizumi l'entendit souffler.
— Je peux t'aider ?
Oikawa porta son attention sur lui, puis souffla sur une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux.
— Elle me chatouille, geignit-il.
Iwaizumi leva les yeux au ciel et fit le tour de l'îlot.
— Quelle idée de les avoir si longs aussi.
Mue par une volonté qui lui échappait, sa main passa dans les cheveux d'Oikawa et remit la mèche en place. Leurs regards se croisèrent.
— Ils sont vraiment doux, alors que les mots franchissaient la barrière de ses lèvres, Iwaizumi se maudit intérieurement.
Avant qu'Oikawa n'ait le temps de dire quoique ce soit, Iwaizumi se décala d'un pas et retourna s'asseoir sur le tabouret qu'il occupait. Les oreilles rougies, il fixa avec grand intérêt le bois du plan de travail et sa boisson.
Oikawa pesta intérieurement. Les mains sales, il n'avait pas osé prendre Iwaizumi par la taille alors qu'il mourrait d'envie de le faire et de lui planter un baiser. Surtout qu'avec son cadeau de Noël, il lui avait confirmé qu'il voulait être avec lui, non ? Il se tourna à nouveau vers ses plats et se concentra dessus. De ce qu'il avait comprit, Iwaizumi était mal à l'aise sur ce sujet-là, il allait certainement devoir prendre les devants. Profitant d'être dos à son invité, Oikawa leva les yeux au ciel. S'il s'y prenait mal, il avait peur d'être envoyé sur les roses, ce dont il n'avait pas envie. Il fronça les sourcils tout en écrasant les pommes de terres, quand il lui avait ouvert, il était directement reparti en cuisine, trop obnubilé par son repas. Il s'insulta, s'il l'avait embrassé directement, ça aurait peut-être était plus simple et Iwaizumi aurait peut-être compris que, clairement, il avait envie de lui sauter dessus. Ou ça aurait potentiellement pu le faire fuir, ajouta sa conscience.
— Ca va ?
La question le tira de ses songes, il se tourna légèrement vers Iwaizumi.
— Pardon ? demanda Oikawa.
— T'as l'air... vachement énervé contre ta purée. T'imagines que c'est la tête de qui, au juste ?
Oikawa fit la moue, il ne pouvait pas vraiment lui dire le fond de sa pensée. Il essaya de noyer le poisson.
— De la purée... il leva les yeux au ciel en soufflant : « Quelle drôle d'idée ! Ce n'est pas très gastronomique ça. »
— Des patates écrasés, c'est de la purée, affirma platement Iwaizumi, il ajouta dans un sourire : « Oh, vous appelez ça autrement, peut-être ? Et un chat n'est pas un chat, chez vous ? »
Oikawa ajouta un oeuf et assaisonna le mélange.
— Je nous pensais suffisamment intimes pour mettre le vouvoiement de côté.
Iwaizumi leva les yeux au ciel à son tour.
— Tu sais très bien que par vous, j'entendais les gens de la haute. Alors, c'est quoi le nom si c'est pas de la purée ?
Ignorant sa question, Oikawa forma un boudin qu'il coupa en plusieurs tronçons égaux, il les écrasa partiellement avec une fourchette et les jeta dans l'eau bouillante. Quand ils se mirent à flotter, il en attrapa deux, souffla plusieurs fois dessus pour les refroidir. Il en mangea un, constata qu'ils n'étaient pas trop chaud, se saisit du deuxième et se tourna vers Iwaizumi :
— Ouvre la bouche.
Iwaizumi releva la tête. Oikawa se tenait face à lui, les baguettes tendues. Il loucha sur la nourriture, incapable de dire ce que c'était. Il décida de lui faire confiance et obtempéra. Il mâcha quelques instants, et rendit son verdict :
— C'est... étrange. Ça parait un peu fade, non ?
— Normal, tu n'as pas encore goûté la sauce.
Iwaizumi fit un « hm » d'appréciation, Il bu une nouvelle gorgée et changea de sujet :
— T'as vu pépé aujourd'hui, t'as pas passé Noël avec lui ?
Oikawa fit la grimace et jeta des feuilles d'épinard dans une poêle chaude.
— Si seulement, il soupira : « On a été convié à un gala de Noël et mes parents m'ont, pour ainsi dire, pas laissé le choix. »
— J'suis content d'pas être à ta place, fit-il, la tête au creux de sa paume.
Il attrapa deux assiettes creuses, remplit le fond de sauce, déposa les gnocchis dedans.
— Et toi ? Tu étais avec tes parents ? Ou avec tes amis peut-être ? demanda-t-il en coupant des tranches de jambon cru.
— On a fait la distribution de cadeaux avec mes parents et quelques voisins.
Sous le regard interrogatif d'Oikawa, il continua :
— Pour les gosses. On fait ça depuis quelques années, on les réunit autour d'un sapin décoré dans l'quartier, et on leur donne des ballons, des livres, des raquettes... Ils peuvent s'occuper ensemble, comme ça, sans avoir a aller faire ou trouver des conneries. Puis, ça leur permet d'avoir quelques trucs neufs aussi. Le nombre de ballons qu'ils nous éclatent ou perdent à l'année, j'ai jamais su comment ils faisaient.
Oikawa fini de disposer les feuilles d'épinard, la truffe et le jambon dans les assiettes. Il se retourna et posa un regard empli d'amour sur Iwaizumi.
— Vous êtes des personnes incroyablement gentilles, murmura Oikawa. Il avait envie de lui sauter dessus, mais sachant que c'était une mauvaise idée, il préféra se mordre la lèvre discrètement.
Iwaizumi haussa les épaules, gêné.
— On fait c'qu'on peut. Tu veux que j'apporte les assiettes ? Si c'est prêt, hein.
Oikawa demanda à Iwaizumi de prendre la bouteille de vin posée sur l'ilot et ils s'installèrent à table, l'un en face de l'autre.
— J'ai pas fait d'entrée, comme le plat est... Relativement copieux.
Iwaizumi ne s'en offensa pas, habitué à manger directement le plat.
— En tout cas, c'est super bien présenté, on s'croirait presque dans un grand resto.
Oikawa s'offusqua du « presque » et Iwaizumi leva les yeux au ciel, amusé. Il remercia son hôte pour le repas et commença à manger. La première bouchée l'étonna.
À elles seules, les pommes de terre n'avaient pas particulièrement de goût. Contrairement à la sauce qui était une explosion de saveurs. Bien qu'incapable de reconnaitre ce qu'il avait pu mettre dedans, Iwaizumi la trouva excellente. Il mangea volontiers son assiette, entre deux gorgées de vin. Ce n'était pas le genre de boisson qu'il avait l'habitude de boire, se contentant en général de bière ou d'un peu de whisky lorsqu'il était chez Kuroo. Forcé de constater qu'Oikawa n'avait pas menti, Iwaizumi fit la moue. Le repas était excellent, son lieutenant ne s'était pas vanté dans le vent.
Oikawa le regarda manger avec appétit. Satisfait et plutôt fier de son repas, il laissa traîner son regard sur Iwaizumi. Ses cheveux étaient indomptables, presque autant que ceux de Kuroo, ses yeux olives pétillaient en goûtant son plat et la langue qui dépassait de temps en temps pour lécher ses lèvres lui donna chaud. Il bu une gorgée de vin pour se reprendre et baissa le nez sur son assiette. Le self control dont il avait fait preuve ces dernières semaines commençait à se fissurer. Il pria pour tenir jusqu'à la fin du repas, mais se promit de ne pas faire plus. Si Iwaizumi ne prenait pas les devants d'ici là, c'est lui qui le ferait.
— Tu crois que j'peux saucer ? Ou tu vas me juger encore une fois ?
Oikawa sortit de sa rêverie.
— Eh ! Je ne t'ai pas jugé, s'offusqua Oikawa : « Et je n'ai rien dit quand vous avez tous saucé vos assiettes le soir de Noël, tu ne sais pas à quel point ça m'a couté. »
— Si t'as rien dit, c'est parce qu'on était juste plus nombreux qu'toi, se moqua-t-il.
Oikawa se leva de son fauteuil et alla chercher du pain dans la cuisine, il déposa les baguettes à côté d'Iwaizumi et se réinstalla.
— Vous l'oubliez tous trop souvent mais je suis votre supérieur, alors même si vous êtes plus nombreux, je dis ce que je veux, quand je veux, rétorqua Oikawa, trop fier pour avouer qu'Iwaizumi avait totalement raison.
La remarque fut loin de convaincre son invité, qui resta pourtant silencieux malgré un grand sourire. Préférant s'occuper de son assiette que d'une chamaillerie puérile, Iwaizumi sauça avec plaisir. C'était presque divin, s'il ne se tenait pas devant Oikawa, il aurait pu en gémir.
Une fois son assiette vide, Iwaizumi s'adossa à sa chaise et soupira de contentement.
— C'était super bon.
— Est-ce que tu veux passer au dessert maintenant ? Ou alors on peut aller se poser devant un film et le manger un peu plus tard, proposa Oikawa.
Iwaizumi pesa le pour et le contre.
— Plus tard, ça vaut mieux, il se leva, attrapa leur assiette et se dirigea vers la cuisine.
Oikawa se leva rapidement.
— Laisse cette vaisselle, je m'en occuperai après.
— J'ai rien amené, je me suis fait servir, donc je compte pas te laisser la faire, le ton d'Iwaizumi était intraitable, il ajouta : « Tu peux m'emmener le reste ? »
Oikawa ouvrit la bouche mais la referma aussitôt, à contre-coeur, il obtempéra et indiqua à Iwaizumi où se trouvaient les éponges et le liquide vaisselle. Ils restèrent silencieux le court laps de temps que dura la vaisselle.
— Une idée de c'que tu veux regarder ? fit-il en se séchant les mains. — J'ai repéré une bande annonce qui m'avait l'air pas mal, « Perdu dans l'espace » tu connais ?
Iwaizumi fronça les sourcils avant de dire, moqueur :
— Ok, donc tout sauf ce film là.
— Parce que tu as mieux à proposer, peut-être ?
— Si tu veux vraiment r'garder un truc sur l'espace, tente au moins « minuit dans l'univers ».
Oikawa accepta et ils se dirigèrent vers les canapés. Iwaizumi poussa quelques coussins et se posa dans l'angle tandis qu'Oikawa récupérait un plaid et les télécommandes. Il jeta un coup d'oeil à Iwaizumi et se dit qu'un câlin sur le canapé ne le tuerait sûrement pas. Un sourire aux lèvres, Oikawa s'installa contre Iwaizumi et alluma la télévision, le regard résolument tourné vers l'écran.
— Tu veux te mettre comment au juste ? souffla Iwaizumi en tentant de trouver une position confortable.
Oikawa resta bête. Il s'attendait à entendre Iwaizumi râler ou au pire, à se faire frapper.
— J'aimerais être dans tes bras, murmura-t-il, mal assuré.
Le coeur d'Iwaizumi rata un battement, Oikawa lui sembla embarrassé et même un poil agacé. Il sourit, peut-être était-il juste frustré depuis qu'il était arrivé. Il s'allongea presque dans le canapé et lui tendit les bras.
— M'écrases pas non plus, le prévint-il.
Oikawa ne se fit pas prier et vint se lover contre Iwaizumi, un grand sourire idiot sur les lèvres. Iwaizumi passa une main dans son dos, et se détendit. Les cheveux d'Oikawa sentaient bons, et leur douceur lui chatouilla la joue. Il les repoussa tranquillement.
— Ils ont beaux être doux, t'as vraiment les cheveux trop longs, s'amusa Iwaizumi.
— On ne critique pas mes cheveux, c'est sacré.
Oikawa secoua la tête, faisant virevolter ses cheveux et la cala contre la clavicule d'Iwaizumi. Iwaizumi sourit et tourna sa tête vers la télé. Le film commença. Une main perdu dans les mèches d'Oikawa et la seconde posée sur son propre ventre, il se sentait bien, calme et parfaitement heureux. Son lieutenant semblait être dans le même état d'esprit, les yeux focalisés sur la télé et le bras posé sur son torse, non loin de son propre visage.
Au bout d'une heure, le bras d'Oikawa se fit douloureux. À contre-coeur, il se redressa et le frictionna pour faire circuler son sang. Il se dirigea vers la cuisine et ramena deux verres d'eau qu'il posa sur la table basse. Iwaizumi en profita pour changer de position, s'allongeant complètement sur le dos, il laissa un espace à Oikawa entre lui et le dossier du canapé. Naturellement, Oikawa se glissa dans le trou laissé par Iwaizumi et installa sa tête sur l'épaule du sergent. Il les couvrit d'un plaid et la main d'Iwaizumi retrouva sa place dans ses cheveux. Un soupire d'aise lui échappa. Il focalisa à nouveau son attention sur l'écran et posa sa main sur la hanche d'Iwaizumi. Un sourire étira ses lèvres lorsqu'il sentit une parcelle de chaire sous ses doigts. Délicatement, Oikawa effleura sa peau du bout de ses doigts.
Iwaizumi se crispa légèrement et gigota.
— Un problème ? murmura Oikawa.
— J'suis... J'suis pas en porcelaine, fini-t-il par dire. Si Oikawa comprenait qu'il était chatouilleux, il n'en finirait pas : « J'vais pas m'briser si t'appuies un peu plus. »
Oikawa nota dans un coin de son esprit qu'Iwaizumi était sûrement sensible, mais le moment n'étant pas propice à la chamaillerie... Il repoussa un peu le pull d'Iwaizumi, posa sa main sur la peau halée et la caressa. Iwaizumi se tendit inconsciemment. Son coeur s'emballa légèrement. Il ne s'attendait pas à ce qu'Oikawa y aille franchement. Les doigts remontèrent légèrement, en une caresse appuyée. Le souffle d'Iwaizumi se coupa. Une bride de rêve lui revint. Il se redressa vivement. Trop, c'était trop. Surprenant Oikawa, il se tourna, passa la main sur sa nuque et s'empara de sa bouche. Sa langue rejoignit sa jumelle tandis que sa jambe glissait entre celles d'Oikawa.
Surprit de prime abord, Oikawa se ressaisit et glissa une main dans le bas du dos d'Iwaizumi, sous son pull. La seconde descendit sur l'une de ses fesses et l'obligea à coller leurs hanches.
Un gémissement leur échappa, ils coupèrent leur baiser, essoufflés.
Oikawa en profita pour reprendre le dessus. Se redressant, il obligea Iwaizumi à se retourner. Perdu dans leurs sensations, Iwaizumi faillit tomber du canapé sous le regard catastrophé d'Oikawa. Iwaizumi l'attira à lui et l'entraîna au sol. À califourchon sur lui, son lieutenant éclata de rire. Attrapant ses cheveux et sa nuque, Iwaizumi l'obligea à se pencher et à l'embrasser.
Oikawa coupa court, les mains sur ses abdos, il souffla :
— Ce pull est vraiment de trop.
Iwaizumi s'assit, attrapa sa taille et fourra son nez dans son cou.
— Moi au moins, j'ai juste un pull.
Oikawa sourit à la remarque et tira sur le pull d'Iwaizumi, posa une main contre son torse désormais nu et le repoussa contre le sol. Lentement, il frôla le reste de ses abdos. Iwaizumi se tendit, Oikawa s'en amusa. Il était vraiment chatouilleux, en fin de compte. Il les enleva avant de se prendre une remarque, puis ôta son propre pull. Désormais en chemise, à cheval sur Iwaizumi, il bougea très légèrement le bassin pour que ses fesses appuient sur son érection. Iwaizumi prit une longue goulée d'air, Oikawa sourit. Les yeux plongés dans ceux olives, il commença à défaire les boutons de sa chemise. Lentement, très lentement.
Les yeux rivés sur le corps parfait d'Oikawa, la respiration d'Iwaizumi s'accélérait peu à peu. Non seulement, il le frustrait en se déshabillant si doucement, mais en plus, il frottait imperceptiblement son bassin contre le sien. Si ça continuait comme ça, il ne pourrait plus se retenir. Ses mains remontèrent sur les côtes d'Oikawa, ce dernier enleva sa chemise et se pencha en avant. Une main au sol, près du visage d'Iwaizumi, il susurra :
— Tu sauras que je suis très frileux. Il va falloir que tu me réchauffes. Très souvent à partir d'aujourd'hui.
— Volontiers.
La voix rauque d'Iwaizumi le surprit, tout comme sa force. Iwaizumi inversa leurs positions comme s'il ne pesait rien et ravit sa bouche au passage. Le souffle court, il s'écarta puis descendit dans son cou. Ses mains délaissèrent ses hanches et se concentrèrent sur son pantalon. En quelques mouvements, Oikawa se retrouva complètement nu. Iwaizumi pressa ses mains contre ses cuisses et les écarta pour s'y faufiler et se pencha légèrement.
— C'est de la triche, souffla Oikawa.
Iwaizumi planta son regard dans le sien. Les yeux brillants d'envie le firent déglutir.
— C'est vraiment de la triche, répéta-t-il.
Iwaizumi embrassa son ventre, et se leva complètement. Impudique, il se déshabilla rapidement sans une once de gêne et reprit sa place. Il en profita pour soulever l'une des jambes d'Oikawa et embrassa sa cuisse. Les yeux dans les siens, la voix grave, il demanda :
— T'es prêt ?
Oikawa inspira longuement.
— Pas totalement.
Il bougea, ouvrit l'un des tiroirs et attrapa un tube de lubrifiant. Iwaizumi haussa un sourcil.
— T'es un pervers, non ?
Oikawa s'offusqua :
— Prévoyant, je me doutais bien que tu serais incapable de monter jusqu'à ma chambre !
Iwaizumi lui vola la bouteille et détourna le regard. Pour sa défense, ça faisait un mois qu'il rêvait de le prendre, et ce n'était même pas une métaphore. Sauf que ça, il ne l'avouerait certainement pas. Il étala du lubrifiant sur sa main, se pencha en avant et l'approcha des fesses d'Oikawa. Il l'embrassa au moment même où il inséra le premier doigt.
Oikawa se crispa. Une main sur l'épaule d'Iwaizumi et la seconde dans son dos, il eut envie de le griffer.
En appuie sur son coude, Iwaizumi posa sa main contre le visage d'Oikawa.
— Respire profondément.
Oikawa lui lança un regard irrité. Iwaizumi sourit et lui embrassa le nez, puis la joue, et finit par poser sa tête dans le creux de son cou. Il inséra un second doigt et commença un lent mouvement. La main sur son épaule le serra fortement. Celle sur son dos se crispa. Même si l'attente était une horreur pour Iwaizumi, il fit de son possible pour se contrôler au mieux.
— Viens, souffla Oikawa.
Il se redressa légèrement.
— T'es sûr ?
Agacé, Oikawa le poussa brusquement contre le canapé et s'assit sur lui. Face à face, les joues rouges, Oikawa se positionna comme il put et entama sa descente. Les mains agrippées à ses cuisses, Iwaizumi l'accompagna en serrant les dents.
Une main sur le canapé, la seconde sur le torse d'Iwaizumi, Oikawa arriva en bas et gémit :
— Bordel.
Les mains d'Iwaizumi se crispèrent, il poussa un long soupir. Pour qu'Oikawa soit vulgaire, ce devait être beaucoup. Délaissant une de ses cuisses, sa main droite flatta les flancs d'Oikawa avant de prendre son érection en main. Le léger gémissement qu'il en tira le satisfit bêtement. Il profita de ses yeux fermés pour imprimer son corps dans sa mémoire.
Après un long moment, Oikawa entama un léger mouvement, de plus en plus ample. La main d'Iwaizumi eut un raté, Oikawa s'en amusa et rouvrit les yeux qu'il n'avait même pas souvenir d'avoir fermé. Le visage d'Iwaizumi, concentré sur l'effort, les joues légèrement rouges et les yeux brillants le fit gémir.
Prenant ça pour une invitation, Iwaizumi délaissa sa verge, attrapa ses fesses et imprima son propre mouvement. Oikawa lui griffa l'épaule et haleta :
— Hajime.
Sans comprendre, Oikawa se retrouva sur le dos. Iwaizumi attrapa l'une de ses jambes, la bloqua contre son épaule et s'enfonça plus brutalement en lui.
Oikawa cria, il se pencha, l'embrassa vivement, s'excusa à demi-mot, se retira, puis s'enfonça de nouveau. Entamant un va et vient, il tenta de se positionner correctement pour trouver ce qu'il cherchait. Un nouveau cri lui prouva sa réussite. N'y tenant plus, il se déhancha plus brutalement. Sous les gémissements et griffures d'Oikawa, il se reprit et le fixa. Le corps tendu, la tête en arrière et les lèvres rouges, il incarnait parfaitement la luxure.
La vision le poussa dans ses derniers retranchements. Attrapant le sexe d'Oikawa, il lui imprima le même tempo que ses hanches. Oikawa tenta de parler, incapable de former une phrase complète, il finit par se tendre et vint dans un cri silencieux. Sans pouvoir se retenir plus longtemps, Iwaizumi souleva sa deuxième jambe et s'enfonça autant qu'il le put. Il suivit de prêt Oikawa dans un râle rauque.
Haletant, Iwaizumi se laissa tomber sur Oikawa et se retint sur un coude. Ce dernier en profita pour l'embrasser langoureusement. Ils se séparèrent. Le nez dans le cou de l'autre, ils soupirèrent mutuellement.
