1er janvier

Assis en tailleur dans le canapé, un coussin entre les bras, Bokuto déprimait. La tête basse, il soupira longuement. Akaashi n'était pas venu à la précédente garde et ne viendrait sûrement pas à celle-ci. Ils ne s'étaient donc pas vu depuis huit jours. Huit longs jours où Bokuto avait pleuré, s'était énervé, avait râlé, puis s'était presque prit une baffe de Kuroo. Depuis, il déprimait. Pleurait, puis déprimait à nouveau. Entendre Akaashi dire qu'il ne voulait rien changer entre eux lui avait troué le coeur, mais lui avait aussi permis de comprendre une chose : Lui, il ne pourrait jamais être satisfait de ça.

Kuroo avait été d'accord avec lui sur une chose, ils devaient en parler. Sauf qu'Akaashi était introuvable, et injoignable. Que ce soit à son appartement, où dans sa famille qu'il fuyait comme la peste de toute manière, où chez ses amis... Portable éteint, même Kuroo ne savait plus où le chercher, chose plutôt dingue.

Iwaizumi, une tasse de café à la main et adossé contre le plan de travail, fixa Bokuto.

— Ça craint, là, lança-t-il à Kuroo, près de lui.

— M'en parle pas, c'est pas toi qui vis avec.

— Tu vis pas avec, fit remarquer Iwaizumi.

— Tu disais pas ça la dernière fois... Eh j'avoue que j'ai un peu abandonné une fois, ok, mais j't'assure que dès que Tsukki travaille, j'suis avec lui. Donc j'vis presque avec.

Iwaizumi but une gorgée.

— Aucune nouvelle d'Akaashi ?

— Aucune et j'ai rien trouvé, il s'planque vraiment bien parce qu'avec tout ce que j'ai fait, s'il était juste mort, je l'aurais r'trouvé.

— C'est absolument pas rassurant, c'que tu dis, t'es au courant ? Iwaizumi soupira et reprit : « Et Bokuto s'est rendu compte qu'il l'aime ? »

Kuroo grogna.

— Ça veut dire oui ? tenta Iwaizumi.

— Ça veut dire qu'il m'a pas clairement dit qu'il l'aimait, mais il a bien compris que oui, il voulait être plus qu'ami avec. Oikawa est sûr de ce qu'il avance ?

— Il t'a répété lui-même les propos d'Akaashi, ça te suffit pas ? souffla Iwaizumi.

Kuroo fit la moue, détourna son regard de Bokuto pour le poser sur Iwaizumi et soupira théâtralement :

— Dire que tu te tapes la Diva.

— Arrête de l'appeler comme ça.

— Sinon quoi ? se moqua Kuroo.

Iwaizumi attrapa sa tête. La paume de sa main collée à son front, les doigts de chaque côté de son visage au niveau des tempes, il commença à serrer. Kuroo cria, il le lâcha quand il devint trop bruyant.

— T'es vachement susceptible pour quelqu'un qui baise enfin !

Kuroo se prit un coup dans les côtes et tomba au sol.

— C'était une vanne, haleta-t-il.

— Garde-les pour toi, et la prochaine fois, c'est tes couilles. Ma vie personnelle n'a pas à être abordée ici. Ou ailleurs.

— J'fais parti de ta vie personnelle, t'es au courant ?

Ignorant sa remarque, Iwaizumi reprit :

— On est censé faire quoi pour Bokuto, alors ?

— Tu veux qu'on fasse quoi ? se plaignit Kuroo : « Si Akaashi était là, j'te dirais qu'on le ligote et qu'on l'amène à Bokuto mais on peut pas. Et si ça continue, Bokuto va passer de bad mode, à je fais la gueule et je parle plus. J'espère pour Akaashi qu'il va revenir avant que Bokuto décide de l'ignorer pour lui faire les pieds. Si ça arrive, j'le frapperai peut-être pour lui apprendre la vie. »

Iwaizumi leva les yeux au ciel. Ses amis étaient autant des peines perdus que lui, parfois. Entendant chantonner, Iwaizumi tourna la tête vers l'étage et remarqua Oikawa en train de descendre. Malgré les problèmes de Bokuto et d'Akaashi, il avait passé une très bonne semaine. Certainement l'une des meilleures de ces dernières années, même. Il savait que les premiers mois étaient souvent passionnels, pour autant, il n'avait pas souvenir que ce soit si enflammé. Oikawa était un amant taquin et fougueux, et un petit-ami avenant bien que puéril.

— Fais gaffe, tu vas baver.

Il grimaça à la remarque de Kuroo et le fusilla du regard alors qu'il se relevait.

— Va te faire foutre.

— J'aimerais bien, tu vois, sauf qu'avec mon bro' en PLS c'est un peu difficile de passer ma semaine à ça, contrairement à toi, railla-t-il.

Oikawa salua les collègues qu'il n'avait pas encore vu, tout guilleret, puis s'approcha d'eux.

— Tu m'donnes envie de gerber, avec ton air niais collé au visage, lâcha Kuroo en guise de salutation.

— Toi, c'est ta tête tout court qui donne envie de vomir, répliqua-t-il tout heureux.

Oikawa fit un grand sourire à Iwaizumi mais se tint à carreau. Il lui avait juré de ne rien montrer à la caserne, et tenait sa promesse, bien que ça lui en coutait. Tournant finalement la tête vers Bokuto, il posa sa main sur sa hanche et il lâcha :

— Ouah, Iwaizumi, entre un ami qui donne envie de vomir et le deuxième qui donne envie de se pendre, je comprends pourquoi tu es tout le temps en rogne.

Iwaizumi lui jeta un regard blasé. Il n'avait pas totalement tort concernant Bokuto, personne n'osait l'approcher depuis que leur tour de garde avait commencé.

— Plutôt que d'dire des conneries plus grosses que toi, t'aurais pas une idée pour le bouger ?

— Un exercice de GRIMP ? J'espère que vous avez noté vos dates de recyclage au fait, ne manquez pas vos jours.

— Oui, maman, se moqua Kuroo.

Oikawa frissonna à la moquerie. Jamais d'enfant comme Kuroo, jamais.

Iwaizumi se détacha du plan de travail, leur donna à tous les deux une tape sur la tête et s'avança vers le canapé. Arrivé près de Bokuto, il batailla de longues minutes pour réussir à le lever. Peu patient, il finit par le tirer avec lui jusqu'au vestiaire. Kuroo l'y aida après s'être moqué et Oikawa les regarda faire, amusé. Il héla Sawamura pour le prévenir du prochain exercice et alla préparer les affaires.

Oikawa qui avait intercepté Tanaka au passage les conduisit jusqu'au bâtiment à l'arrière de la caserne et leur soumit son scénario : un homme inconscient sur une niche au niveau d'une falaise. Il leur laissa gérer la répartition des tâches. Kuroo et Bokuto partiraient au contact de la victime pendant qu'Iwaizumi et Sawamura les assuraient. Une manoeuvre de routine pour des grimpeurs expérimentés comme eux. Mais Bokuto enchaina les erreurs. Lorsqu'il remit pied à terre, son morale était encore plus maussade qu'avant l'exercice, il se fustigea d'avoir loupé des choses aussi idiotes et rebroussa chemin jusqu'à la caserne en trainant des pieds.

Sawamura attrapa rapidement un sac et s'apprêta à partir à la poursuite de Bokuto lorsque Kuroo posa une main sur son épaule :

— C'est compliqué, vaut mieux l'laisser tranquille pour l'instant, Kuroo jeta un coup d'oeil à Bokuto qui sortait du terrain : « Si personne pouvait aborder le sujet ce s'rait même pas mal. »

Sawamura regarda à tour de rôle Kuroo et Iwaizumi. Ils étaient ses meilleurs amis et savaient certainement mieux que lui ce qui était bon ou non pour Bokuto. Pas convaincu, il hocha néanmoins la tête.

— J'en parlerais aux autres alors.

Sans plus un mot, ils rassemblèrent les dernières affaires et se dirigèrent vers la caserne. Kuroo marqua un temps de pause et attendit Oikawa qui était resté en retrait.

— On a connu plus rapide comme marche.

Oikawa haussa les épaules.

— Je n'ai rien de prévu, alors je profite de l'extérieur tant qu'il fait encore beau, Oikawa releva le visage vers le ciel : « Ils ont annoncé une tempête de neige pour la soirée. »

— Ouais, en parlant d'soirée... Kuroo fit la grimace, ça l'emmerdait de devoir demander un service à Oikawa, mais pour le bien de Tsukishima, il prit sur lui : « Est-c'que tu crois que j'peux assurer les départs de Tsukki ? Il a pas arrêté depuis Noël entre les pompiers et les gardes à l'hosto. »

Oikawa s'arrêta de marcher et jeta un regard à Kuroo.

— Et les tiens alors ?

— Sawamura sera bien content de prendre ma place dans la tonne si j'bipe alors que j'suis dans l'ambulance, il haussa les épaules et fit un pas en avant.

— Tu sacrifierais tes départs à la tonne ?

C'était le moins gros de leur activité mais ce qui intéressait le plus la plupart de ses hommes. Hormis Tsukishima et Yamaguchi, les autres ne vibraient que pour l'incendie.

— Le bien être de mon petit Kei vaut bien se léger désagrément.

— Et Sawamura ne sait pas que vous êtes ensembles c'est bien ça ? Kuroo hocha la tête : « Bon, je vais voir ce que je peux faire. »

Oikawa laissa Kuroo à l'extérieur et partit en quête de Sawamura, lorsqu'il mit enfin la main dessus, il le prit à part.

— Tu ne vois pas d'inconvénient à être affecté à la tonne pour le restant de la garde ?

— Non, aucun inconvénient, Sawamura croisa les bras sur sa poitrine et attendit patiemment qu'Oikawa poursuive.

— J'ai appris que Tsukishima avait enchainé les gardes à l'hôpital depuis Noël et je l'ai trouvé fatigué au rassemblement, je préfère ne pas prendre de risques.

Sawamura acquiesça. Bien que la proposition paraisse incohérente d'un point de vu planning, Sawamura ne fit aucune remarque. La VSVAV 2 n'était en général pas affecté à la tonne pour des questions de logistique. Oikawa fit la moue, il espéra ne pas avoir à gérer trop de départ où cela deviendrait vite compliqué. Il s'excusa auprès de son homme et ferma son application de gestion lorsqu'il croisa Bokuto, Iwaizumi et Kuroo.

Iwaizumi lui fit un signe de la main et il s'approcha d'eux.

— C'est quand que t'envoies le matériel en révision ? J'ai trouvé les harnais un peu lâche sur la manoeuvre.

— La log est supposée passer dans la semaine, j'ai fait la demande au dernier inventaire.

Iwaizumi accueillit les propos d'un hochement de tête satisfait.

— Autrement, ce s'rait bien d'aller manoeuvrer en extérieur, ça fait un bout qu'on l'a pas fait et on commence à bien connaître le terrain, y a plus d'imprévus, enchaina Kuroo.

— Autre chose ? demanda Oikawa.

Le petit groupe était plus expérimenté que lui et savait mieux ce qui était bon pour eux. Oikawa était encore dans une période d'acclimatation et d'adaptation, il acceptait toute remarque lui permettant de s'améliorer en tant que chef de spécialité.

Kuroo ouvrit la bouche pour proposer autre chose lorsque son bip se mit à vibrer contre sa hanche, rapidement suivit de celui d'Oikawa. Ils jetèrent un rapide coup d'oeil et poussèrent un soupire de soulagement en constant qu'ils ne partaient pas ensembles. Oikawa se dirigea vers les vestiaires et passa sa tenue de feu, puis passa au standard et récupéra le télex.

Il grimpa à l'intérieur de son véhicule et indiqua la route à Yamaguchi. Ils étaient presque arrivés lorsqu'un message à leur destination passa sur la radio. Il pesta.

— Changement de programme, maugréa Oikawa : « On se remet disponible, on vient d'être annulé. »

Yamaguchi, d'un geste, les remit disponible et coupa son deux tons. Ils firent demi-tour et retournèrent se changer. Oikawa se rendit dans la cuisine, attrapa une assiette et s'installa à table avec les autres. Il écouta d'une oreille distraite Yaku et Iwaizumi échanger à propos d'une séance de sport et mangea le curry que Sugawara avait préparé pour toute la garde. Bokuto triturait son riz et sa viande plus qu'il ne les mangea. Malgré les oeillades de ses camarades, personne ne pipa mot.

Oikawa venait de terminer son assiette lorsque plusieurs bip se mirent à sonner, dont le sien. Il jeta un regard au départ et se dirigea vers les vestiaires.

Il enfila la tenue qu'il avait quitté moins d'une heure auparavant, récupéra son télex et monta à l'avant de la tonne.

Iwaizumi monta à son tour dans le véhicule, resta figé quelques secondes en voyant Yamaguchi, puis s'attacha. C'était la première fois qu'il allait travailler en binôme avec lui sur un incendie, il ne s'y était pas attendu. Kuroo étant déjà sur une autre intervention, il fallait bien que quelqu'un prenne sa place. Il fixa la jambe de Yamaguchi, qui tapait contre le sol dans un rythme rapide.

— Hé, Yamaguchi.

Ce dernier sursauta.

— Oui ?

— J'suis là, ça ira bien alors calme-toi.

Yamaguchi inspira plusieurs fois et ferma les yeux un court instant. Lorsqu'il se sentit plus calme, il passa l'ARI sur son dos.

— On prend l'attaque, Bokuto, Yaku, l'alimentation ça vous va ?

Habitué à faire les choses dans cet ordre là, Yaku approuva d'un hochement de tête. Yaku aimait être le recours du binôme d'attaque en cas de problème. Il trouvait ça satisfaisant et rassurant. En cas de problème, il pouvait agir puisqu'il était juste derrière.

Ils arrivent rapidement sur un feu d'appartement. Oikawa donna ses différentes directives. Étant les premiers sur les lieux, Iwaizumi et Yamaguchi partirent au contact du feu. Ils progressaient avec aisance dans les escaliers, tractant le tuyaux sans mal. Iwaizumi fut agréablement surprit du calme de Yamaguchi. Ils franchirent une première porte coupe-feu et la chaleur grimpa d'un coup. Iwaizumi observa attentivement Yamaguchi, ses pas semblaient moins assurés.

— Tout va bien ? hurla-t-il.

Yamaguchi leva le pouce en l'air et poursuivit son avancée, ouvrant la voie, Iwaizumi sur ses talons le sécurisait. Ils arrivèrent rapidement au contact du feu. Iwaizumi passa un message radio et le tuyau vibra dans ses mains alors qu'il se gorgeait d'eau. L'eau ne mit pas longtemps à affluer et Yamaguchi envoya l'eau. La pression le fit reculer de deux pas. Et tout s'enchaina rapidement. Le pied de Yamaguchi passa à travers le plancher, il ne parvint plus à maintenir le tuyau qui lui échappa des mains et vint frapper contre son casque, sonné et déséquilibré, il chuta au sol.

— Coupez l'eau, hurla Iwaizumi à la radio alors qu'il lutait pour maintenir le tuyau à une main : « Renfort urgent, sapeur à terre ! »

Lorsque l'eau fut coupé, Iwaizumi jeta le tuyau au sol et se précipita vers Yamaguchi qui reprenait peu à peu conscience. Il força pour dégager sa jambe du sol.

— T'es capable de tenir debout ? cria Iwaizumi pour se faire entendre.

Un second binôme pénétra dans l'appartement enflammé. Ils aidèrent Iwaizumi à redresser Yamaguchi et l'assistèrent quand il entreprit de le monter sur ses épaules. Lorsqu'il fut sécurisé, Iwaizumi abandonna à contre-coeur l'incendie et descendit les deux niveaux, Yamaguchi sur ses épaules.

Il apporta Yamaguchi jusqu'à la tonne et aidé de Tanaka, le posa au sol. Une fois le casque et le masque retiré, Yamaguchi retrouva rapidement ses esprits. Il s'excusa plusieurs fois avant de se faire mettre à l'écart par une ambulance qui l'ausculta.

L'intervention dura à peine une heure. Quand ils revinrent à la caserne, Yamaguchi fut surprit de voir Tsukishima, Kuroo et quelques autres dans le hangar. Ils attendirent patiemment que le véhicule se gare et que les hommes en descendent. Sugawara s'approcha de lui et lui frotta le crâne avec un grand sourire.

— Un premier feu mémorable !

Il se fit entrainait par ses collègues, sous leur rire pour qu'Ils discutent un instant de l'incendie. Les portes du hangar s'ouvrirent sur l'ambulance. Après cinq minutes, il ne resta plus qu'Oikawa, Iwaizumi, Kuroo et Bokuto, bien malgré lui. Il avait voulut partir vers sa chambre mais Iwaizumi l'en avait empêché en le retenant par le bras. Il préférait garder un oeil sur lui.

— Dites moi que j'ai rien loupé, supplia Kuroo alors qu'il réarmait le véhicule.

Iwaizumi fit la grimace.

— Pour une fois j'ai eu l'rôle de chef du binôme d'attaque, il haussa les épaules : « Mais c'est Yamaguchi qu'a bipé avec moi. »

Kuroo, de surprise, se redressa rapidement et se cogna la tête contre le brancard, il jura.

— Le parquet a cédé quand on a envoyé l'eau, il a pas retenu le tuyau et s'est assommé. J'ai été obligé d'le sortir de là et c'est la Deuxième Compagnie qu'a fait l'extinction à notre place. Heureus'ment, il a rien.

Ils jetèrent un coup d'oeil à Bokuto qui n'avait pas bronché. En temps normal, il aurait été celui envoyé sur l'incendie en protection, mais Oikawa avait prit la décision de demander le renfort d'une autre compagnie. Bokuto n'étant pas dans son état normal, il avait préféré éviter qu'un deuxième binôme termine sur un brancard.

Kuroo coulissa la porte du véhicule et la fit claquer. Il s'apprêta à prendre la parole lorsqu'on sonna à la porte. Voyant là une occasion de s'éloigner de ses amis, Bokuto se dirigea vers celle-ci et l'ouvrit. Une femme, d'à peu près leur âge, pénétra la caserne.

— Bonjour, qu'est-ce que j'peux faire pour vous ?

Elle était jolie. Des cheveux foncés, de grands yeux bleus nuit et un grain de beauté qui relevait sa beauté plutôt que l'amoindrir.

— Bonjour, excusez moi de vous déranger... Je cherche Akaashi Keiji, est-il disponible ?

Bokuto fit la moue et serra des poings dans son dos.

— Et qui c'est qui l'demande ? On donne pas trop ce genre d'infos aux inconnus, ajouta-t-il rapidement.

— Pardon, je ne me suis pas présentée. Shimizu, Kiyoko Shimizu, je suis sa fiancée.

Oikawa fut le premier à réagir. Il parcourut la distance qui le séparait de Bokuto et s'interposa entre lui et la jeune femme.

— Lieutenant Oikawa, le supérieur d'Akaashi, se présenta-t-il rapidement : « Il a déposé une demande urgente de congé le soir de Noël et depuis nous ne l'avons pas revu. Je suis étonné, vous n'ayez pas de ses nouvelles ? »

Shimizu parut étonné, elle le fixa quelques secondes, chercha ses mots et reprit la parole.

— Son dernier message date du matin de Noël pour annuler notre repas. Je pensais le trouver ici comme il ne me répond pas. Je commence à être inquiète... Vous savez s'il doit revenir bientôt ?

— Il est supposé reprendre sa garde le cinq, alors au plus tard ce jour-là.

— Supposé ?

Oikawa plissa du nez. C'était des informations personnelles au sujet d'un membre de sa garde et ne savait pas s'il faisait bien de les communiquer, mais maintenant, il en avait trop dit. Il poursuivit :

— Les congés n'étaient pas prévus et nous sont un peu tombés dessus. Nous ne sommes pas à l'abris d'une prolongation inopinée.

— Oh… Je comprends, elle baissa les yeux, l'air perplexe avant de les saluer : « Veuillez m'excusez du dérangement. Je vous souhaite une bonne journée, messieurs. »

Oikawa la raccompagna jusqu'à la porte et jeta un coup d'oeil derrière lui. Bokuto n'avait pas bougé d'un centimètre et fixait l'endroit où se trouvait Shimizu quelques secondes auparavant, blême.

Kuroo s'approcha de lui, passa son bras autour de ses épaules et une main devant son visage.

— Bro', revient sur terre s'te plaît. Elle est partie.

— Sa fiancée, lâcha Bokuto.

— C'est...

— Courant chez les personnes aisées, l'interrompit Oikawa : « Et souvent ça ne veut rien dire. »

— T'as une fiancée, peut-être ? demanda Iwaizumi, un peu mauvais.

Oikawa fit la moue. Iwaizumi se tendit.

— Pendant longtemps oui, mais j'ai rompu nos fiançailles.

Plus irrité qu'il ne l'aurait voulu par cette information, Iwaizumi croisa les bras et se tourna vers Bokuto. Ce dernier ne bougeait toujours pas, le regard dans le vide.

— Bokuto, faut te ressaisir, là.

Kuroo tenta de le secouer légèrement, rien n'y fit. Il se mit devant lui, attrapa ses joues et tira dessus.

— Putain, Bro' ressaisi-toi !

Sans réaction, Kuroo soupira. Iwaizumi le poussa sans gentillesse et frappa ses deux joues en même temps.

— Debout !

Bokuto cligna plusieurs fois des yeux, marmonna quelque chose et dépassa le groupe sans leur adresser un regard. Il traversa le hangar et se dirigea vers les escaliers, ignorant les cris de Kuroo, il monta au premier étage. Son sweat, il avait besoin de son sweat. Là, tout de suite, maintenant. Il ouvrit la porte avec un peu trop de force, la faisant claquer contre le mur et se dirigea vers le placard. Sans remord, il balaya les vêtements de la main et poussa un soupire de soulagement lorsqu'il mit le doigt sur ce qu'il cherchait. Sans dire un mot, Bokuto porta le vêtement à hauteur de tête et enfouit son visage dedans. Il se sentit tout de suite plus rassuré et moins embrumé.

Kuroo, toujours dans le hangar, le regarda partir. Il détourna son attention des escaliers seulement après avoir entendu une porte claquer. D'un geste raide, il se tourna lentement vers Oikawa.

— Des vacances qui n'étaient pas prévues ? Jusqu'à la prochaine garde ? Putain, on le cherche partout, tu savais qu'il reviendrait pas tout de suite et tu nous le dis pas ? s'exclama Kuroo, en colère.

— Tu m'as demandé si je savais où il était, et en l'occurence, je n'en ai aucune idée, pesta Oikawa : « Et c'est le genre d'informations que je ne suis pas supposé communiquer avec vous, c'est la vie privée et personnelle d'Akaashi, elle ne vous regarde pas. »

— Tout ce qui touche à mon meilleur pote me regarde, grinça Kuroo : « T'aurais pu faire une entorse à la règle, merde ! Au moins, j'aurais pu le tempérer si j'avais su ! T'es vraiment un… »

— Kuroo ! coupa Iwaizumi : « Tu vas trop loin. Moi aussi, je savais pas et ça m'emmerde mais Oikawa a pas tort, il est notre supérieur et s'il commence à divulguer des info' juste parce qu'il nous connaît, ça craint. »

— Genre, vous baisez ensemble et tu penses qu'il s'ra capable de rien te dire de la caserne ou des problèmes des gars ! railla Kuroo.

— Si tu veux mon poing dans la gueule, t'es sur la bonne voie, gronda Iwaizumi : « Maint'nant on sait quand Akaashi revient, on peut essayer de gérer Bokuto. »

— On ? Vous allez rien faire du tout, l'idiot d'infirmier se barre à la moindre contrariété et en plus cache clairement des choses, c'est pas Bokuto qu'on devrait gérer, mais Akaashi. S'il sait pas parler, quand il reviendra, je lui ferai comprendre qu'il a plus intérêt à ouvrir la bouche du tout dans ce cas là.

Sans attendre de réponse, Kuroo s'éloigna. Il entendit un bip retentir et Oikawa grommeler. Il atteignit les escaliers quand il sonna à son tour. Insultant le monde entier dans sa tête, il vérifia son bip et s'éloigna vers les vestiaires. Non seulement, il ne pouvait pas voir Bokuto de suite, mais en plus, il bipait avec la diva. Vie de merde.