5 janvier
Le pas sûr, Akaashi se força à entrer dans la caserne. Il n'était pas venu depuis deux gardes, et avait hésité à prolonger son congé. Armé d'un courage qu'il ne se connaissait pas, et d'une conscience raisonnable, il s'était finalement forcé à revenir. Il n'avait pas vu Bokuto, ni quiconque d'ailleurs, depuis douze jours. Il se doutait des problèmes et questions auxquels il allait avoir droit, mais il avait sérieusement eu besoin de se retrouver seul. Bien qu'il regrettait légèrement d'avoir ignoré tout le monde, il avait réussi à prendre sa décision. Il assumerait ses dires devant Bokuto et tenterait de lui faire comprendre que ses sentiments n'interféraient pas avec leur amitié. Il espérait pouvoir sauver les meubles ainsi.
Décidé, il entra dans la salle de repos.
La quasi totalité du tour de garde se trouvait autour de la table. Plusieurs sachets de boulangerie y trônait, il comprit rapidement qu'ils déjeunaient tous ensemble. Tentant de passer inaperçu, Akaashi se dirigea vers les vestiaires.
— Akaashi ! T'es revenu ! lança Nishinoya.
— Hé, ça fait longtemps, ouais ! ajouta Tanaka, la bouche presque pleine.
Akaashi les maudit intérieurement. Tourné vers eux, il nota que Bokuto n'était pas présent et le regard noir de Kuroo sur lui.
— J'avais des choses à régler, souffla-t-il plus qu'il ne le dit.
Il s'excusa et alla rapidement jusqu'au vestiaire. Lorsque la porte se referma, il prit une grande inspiration et la relâcha dans un soupir. Il avait envie de mourir et le peu d'assurance qu'il avait venait de partir en courant.
Il s'avança jusqu'à son casier et enleva son haut lorsque la porte se rouvrit. Kuroo la referma délicatement, tourna le verrou et posa les yeux sur lui.
La respiration d'Akaashi se coupa instantanément. Il était dans la merde, et il le savait.
Kuroo s'avança lentement, l'expression glacé. Akaashi se recula, son dos heurta le casier, Kuroo s'arrêta à une trentaine de centimètres de lui.
Akaashi savait. Il savait qu'il allait certainement se faire insulter, peut-être même frapper, mais il ne s'attendait pas du tout à voir un regard aussi froid et meurtrier. Il comprenait beaucoup mieux pourquoi Bokuto disait que Kuroo était flippant. Voir même dangereux. Parce que là, il n'avait pas la moindre idée de ce que pensait Kuroo, ou de ce qu'il comptait lui faire.
Ils restèrent longuement ainsi, en chien de faïence. Sachant qu'au moindre faux pas, Kuroo risquait d'exploser, Akaashi préféra rester silencieux.
— Donc… commença Kuroo d'une voix étonnement basse : « Tu avais des choses à régler. »
La gorge sèche, Akaashi tenta de déglutir, sans succès. Il avait connu nombre de personnes redoutables, surtout dans son milieu de vie. Quiconque autour était un requin. Pour autant, il trouva Kuroo terrifiant.
— C'est ça, souffla-t-il.
— Et pour régler ses choses, il fallait que tu disparaisse pendant douze jours.
— Je… C'est. Il.
Akaashi baissa la tête, non seulement il avait peur, mais maintenant, il se sentait honteux. Juré, s'il sortait de là, Kuroo lui paierait. Il avait sa fierté. S'il était capable de tenir tête à son père, il devait être parfaitement capable de tenir tête à Kuroo. Akaashi prit une grande inspiration, nouvellement déterminée, et planta son regard dans le sien.
— J'en avais besoin.
Kuroo haussa un sourcil, Akaashi venait de changer du tout au tout de comportement. De chaton apeuré, il passait à chat qui hérissait son poil, surprenant. Mais ce n'était certainement pas ce qu'il attendait.
Kuroo leva son poing, et l'abattit violemment juste à côté de sa tête, dans son casier. La porte grinça, Akaashi était certain qu'elle avait même légèrement plié.
Kuroo gronda :
— Au point de faire le mort, d'ignorer tes proches, amis et famille, et surtout, surtout, Bokuto. Si tu me réponds que c'est surtout lui que tu voulais éviter, mon poing ne finira pas dans ton casier.
Le coeur à cent à l'heure, Akaashi resta ferme. Kuroo n'allait certainement pas gagner cette guerre mentale.
— Dans ce cas-là, je ne te répondrais pas.
L'oeil de Kuroo tiqua. Il serra le poing et se pencha légèrement sur Akaashi.
— Donc c'est comme ça que tu fonctionnes. Au moindre problème, à la moindre contrariété, tu fuis. Tu prépares une défense solide et tu te pointes. Et si elle tient pas, tu comptes repartir pour t'en créer une nouvelle ? T'es juste qu'un putain de lâche.
Akaashi encaissa l'insulte. C'était douloureux, mais Kuroo avait raison. Pour ce coup-ci, il avait été lâche, effectivement. Il ne voulait pas perdre Bokuto. Sauf que le jour-même, cette peur avait prit le pas sur sa raison. Les jours suivants aussi. Il avait merdé, il le savait, mais il avait droit à une seconde chance.
Akaashi s'avança légèrement et ouvrit la bouche. Kuroo lui attrapa la gorge et le plaqua contre la ferraille.
— C'est trop tard.
Akaashi ouvrit grands les yeux. Il attrapa le poignet de Kuroo par réflexe, ce dernier resserra sa prise.
— Y'a des limites à la connerie, continua Kuroo, le ton lourd de menaces : « Ignorer nos appels et les sentiments de Koutarou, c'est déjà dur à encaisser. Mais en plus, apprendre en plus que t'es qu'un p'tit con incapable de s'assumer pour son bonheur, et qui choisit la facilité avec cette catin, ça passe pas. Il est hors de question qu'un lâche reste avec lui, alors ne l'approche plus. ».
Kuroo le lâcha brutalement. Hébété, Akaashi se reprit et se retint à son casier. Kuroo sortit d'un pas lourd, sans lui jeter un regard. Quand il referma la porte, il s'y adossa et passa une main sur son visage. Il venait de laisser une chance, une putain de chance à cet emmerdeur et petit con de première. Si Akaashi était aussi intelligent qu'il le pensait et s'il aimait vraiment Bokuto comme Oikawa l'affirmait, il ne lui restait qu'une chose à faire et il avait certainement dû le comprendre.
S'il ne faisait pas le nécessaire, Kuroo se promit que la caserne changerait d'infirmier dans les prochains mois.
Entendant du bruit dans le vestiaire, Kuroo se redressa et s'éclipsa en salle de pause.
Akaashi venait de glisser contre son casier. Assis et légèrement tremblant, il se répéta en boucle la dernière phrase de Kuroo. Il avait quelque chose à comprendre là-dedans, il en était certain. Si Kuroo voulait juste l'effrayer ou l'éloigner, il n'aurait certainement pas perdu de temps en bavardage.
Il releva brutalement la tête. Ignoré leur appels et les sentiments de Bokuto. Quels sentiments ? Et à quel moment il avait choisi une catin, soit-disant, pour que ce soit plus simple ? Akaashi se leva, des questions pleins la tête. Il se changea par pur automatisme, puis finit par s'asseoir sur le banc de la pièce. Il n'y comprenait rien, trop de chose se bousculer dans son esprit.
— Akaashi ?
Il se leva d'un bond et fixa Sugawara.
— Pardon, je voulais pas te faire peur, sourit-il.
— Non. Non, tout va bien.
Perplexe, Sugawara pencha légèrement la tête. Ça n'avait l'air en rien d'aller bien, mais il tut sa remarque.
— Oikawa voudrait te voir, il t'attend dans son bureau.
— D'accord, j'y vais tout de suite.
Sugawara resta quelques secondes de plus, Akaashi ajouta :
— Je vais y aller dans quelques minutes, tu peux fermer la porte ?
Bien qu'intrigué, Sugawara accepta et le salua. Il attendit d'être sûr que le « clic » retentisse pour soupirer. Il fit quelques exercices de respirations, se frotta le visage pour se reprendre et sortit à son tour. Il passa le plus vite qu'il put dans la salle de pause et monta les escaliers deux par deux jusqu'au bureau. Arrivé devant, il toqua, entendit Oikawa l'inviter, et entra.
Oikawa referma son stylos et regroupa rapidement ses papiers pour dégager son bureau. .
— Je t'en pris assieds-toi, dit-il en l'invitant d'un signe de la main.
Apres qu'Akaashi se soit assit, Oikawa attendit un instant durant lequel il détailla l'infirmier. Les vacances n'avaient pas dû être de tout repos.
— Je pense que tu te doutes de la raison de ta présence ici ?
— Aucunement. Mais je suppose que c'est suite à ma demande de congé ?
Oikawa hocha la tête et sortit un document de son bureau.
— C'est le planning qu'on t'a donné, il le lui tendit et ajouta d'une voix ferme : « Et quand on vous donne un planning, vous êtes censés vous y tenir. Tes congés de dernière minute, c'est la première et dernière fois, surtout pour une raison inconnue. »
Oikawa planta son regard dans celui d'Akaashi, qui détourna les yeux, et soupira :
— Mon travail de supérieur est terminé, son ton s'adoucît « En tant qu'ami maintenant, je me fais du soucis. Tu peux avoir des problème dans ta vie, mais te couper de tes amis et de ta famille comme tu l'as fait… » Oikawa marqua une pause : « Tu as inquiété les gens au point que ta fiancée vienne à la caserne. Et c'est Bokuto qui l'a accueillie. »
Akaashi releva la tête, épouvanté. Son regard se perdit quelques instants. Il comprenait mieux la dernière phrase de Kuroo maintenant. Et l'horrible quiproquo que ça avait dû créer.
— Tu ne le savais pas ? demanda Oikawa.
— Non. Non, j'en savais rien. Je... On doit se voir bientôt, peut-être qu'elle comptait me le dire de vive voix...
— Quelque chose me chiffonne, pourquoi n'as-tu pas rompu vos fiançailles ?
— Parce que ça nous arrange tous les deux d'être fiancé. Entre rompre, couvrir nos familles de honte pour nos choix de vie ou rester fiancés en sachant que nous nous couvrirons l'un l'autre puisque nous nous apprécions assez sans pour autant nous aimer est plus pratique, se justifia-t-il.
Oikawa hocha la tête, il comprenait mais n'était pas certain qu'il en soit de même pour ses collègues.
— Tu n'as plus qu'à aller voir les autres et tacher de leur expliquer, ça risque d'être ardu, je ne te le cache pas.
Au vue de Bokuto ces derniers jours, il doutait même que Kuroo le lui laisse l'approcher.
— Merci pour ton avertissement, mais c'est trop tard, Kuroo m'a eu avant que je vienne te voir, murmura Akaashi la tête basse.
— Il t'a eu ? C'est à dire ? Il n'a pas osé s'en prendre physiquement à toi quand même ?
Akaashi secoua la tête, négativement. Il l'avait un peu secoué, mais pas frappé, techniquement.
— Disons qu'il m'a fait comprendre de ne pas m'approcher de Bokuto abruptement... Mais, je crois qu'il m'a laissé une porte ouverte, fit-il en fronçant les sourcils : « Je vais déjà tenter de mettre les choses aux clairs. »
Akaashi se leva, salua Oikawa et sortit de la pièce. Dans les escaliers, il tenta de voir Bokuto dans la pièce. Il l'aperçut au sol, près du canapé, Kuroo à côté de lui. Bokuto releva les yeux vers lui, les écarquilla légèrement, grimaça de tristesse et détourna le regard.
Le coeur d'Akaashi en prit un coup. Il se figea quelques secondes, Bokuto lui paraissait plus mince. Il descendit rapidement le reste des marches. Il ne pouvait vraiment pas laisser les choses ainsi, il avait été si stupide de rester aussi loin, aussi longtemps.
Il atteignit la salle de repos et s'avança vers le canapé. Au moment même où il ouvrit la bouche, un bip sonna. Jurant entre ses dents, il vit Bokuto l'ignorer complètement, prendre son bip et allait dans les vestiaires. Kuroo le suivit, après lui avoir lança un regard mécontent, mais aussi moqueur.
Sarcastique, la conscience d'Akaashi lui nota qu'il n'était plus à quelques heures près après une douzaine de jour.
Ils passèrent à nouveau devant lui et partirent dans le hangar. Tsukishima lui jeta une oeillade et les suivit, il n'osa rien dire à Akaashi. Ce dernier ne savait pas qu'il sortait avec Kuroo, et que donc, il avait eu presque tous les retours de l'histoire. Il n'avait pas envie de se griller. Il monta dans la tonne et observa Bokuto.
Depuis douze jours, Bokuto n'était plus que l'ombre de lui-même. Kuroo s'inquiétait énormément pour lui et cette angoisse avait fini par déteindre sur lui. Au point qu'il s'était mis à surveiller son alimentation, ou plutôt son absence d'alimentation. Il jeta un regard à ses traits tirés, le regard perdu dans le vide, Bokuto ne s'en aperçut même pas. Il avait, au bas mot, perdu quatre kilos. Une main se posa sur sa cuisse.
— T'inquiète pas, c'est une inter de routine, ça va aller.
— C'est pas l'intervention qui m'inquiète le plus, répondit-il, le regard rivé sur Bokuto.
Kuroo grimaça.
— On est capable d'assurer même avec quelqu'un en moins, lâcha Iwaizumi.
— Deux, techniquement, je suis pas certain de servir à grand chose, Tsukishima haussa les épaules : « C'est pour ça que j'ai pris le départ de Yaku. »
— Pour t'entraîner ? Comprit Iwaizumi.
Il hocha la tête pour toute réponse. Ils étaient arrivés sur les lieux de l'intervention, un accident de voiture où la victime était encore dedans. Il avait glissé sur du verglas. Tanaka arrêta la tonne, ils descendirent du véhicule et attendirent les premiers ordres de Nekomata. La victime était encore incarcérée dans le véhicule, il fut décidé que Tsukishima pénétrerait dedans et ferait le maintient tête pendant que Kuroo et Iwaizumi découperaient la carcasse.
— Bro' tu m'dis quand t'as posé les cales !
Aidé d'Iwaizumi, Tsukishima pénétra dans l'habitacle en passant par le coffre. Il se contorsionna comme il put, abaissa un des fauteuils arrière en forçant sur ses jambes et se hissa derrière le fauteuil conducteur.
— Bonjour monsieur, c'est les pompiers !
Un râle lui répondit.
— Je vais mettre mes mains de chaque côté de votre cou pour maintenir votre tête et mes collègues vous sortiront de là. Vous avez mal quelque part ?
Il y eu une secousse et l'homme se mit à hurler. Se mouvant en prenant garde de ne pas bouger la tête de la victime, Tsukishima se pencha en avant et jeta un coup d'oeil à ses jambes et son abdomen. Dans l'incapacité de les palper pour l'instant, il avait cherché à voir les signes d'une quelconque hémorragie.
Un bruit de tôle froissé lui fit mal aux tympans, puis la porte fut sortie de ses gonds.
— Bro', apporte le plan dur et l'collier, on va l'extraire !
Kuroo passa ses bras dans le véhicule et apposa ses mains de part et d'autre de la tête, quand il lui fit signe, Tsukishima retira les siennes.
— Tu vas poser le collier et quand on te fera signe, faudra que tu le maintiennes droit, on posera le plan dur et à ce moment là tu passeras côté passager et tu nous aideras à le sortir, ok ?
— Ok.
Bokuto lui fit passer un collier par le coffre, libre de ses mains et de ses mouvements, Tsukishima l'attrapa et le passa rapidement autour du cou de la victime, prenant soins de bouger le moins possible sa tête. Il l'ajusta.
— C'est bon pour moi, envoyez le plan dur.
D'une main, il maintint le collier et la tête de la victime contre l'appuie tête. Kuroo fit passer une épaisse planche entre la victime et son fauteuil, puis il fit signe à Tsukishima. Maudissant son corps bien trop long, Tsukishima se tapa la tête contre le toit de la voiture, il pesta intérieurement et passa sur le fauteuil passager, accompagnant en même temps le mouvement du plan dur.
— À trois, on soulève et on la sort complètement.
Kuroo se mit côté avant, Bokuto et Iwaizumi côté arrière. Tsukishima attrapa les poignets accessible. Lorsque le décompte fut terminé, les quatre hommes levèrent la planche. Avançant au rythme de Tsukishima, ils dégagèrent la victime et la posèrent sur le brancard qu'avait approché l'ambulance. Heureux de retrouver une liberté de mouvement, Tsukishima s'étira. Son souffle créa de la buée. Le froid était mordant.
— En général c'est Yaku l'écureuil, c'est l'plus petit d'entre nous donc il est pas gêné par le manque d'espace, lâcha Iwaizumi.
— S'il était là, il t'insulterait, sourit Kuroo.
Iwaizumi haussa les épaules. Il disait simplement la vérité.
— C'était du bon boulot les garçons, on range tout et on y va.
Nekomata s'éloigna du véhicule sinistré et leur tourna le dos pour retourner à la tonne. Tsukishima lança un regard à Iwaizumi et Kuroo qui venaient de récupérer les pinces hydrauliques.
— Bro', viens nous aider au lieu de rester planter ! lança Kuroo en se tournant vers Bokuto.
Il lui sembla très pâle. Trop pâle.
— Je… J'me sens pas bien.
Alors qu'il refermait la bouche, ses jambes se dérobèrent sous lui et avant qu'ils n'aient le temps de réagir, Bokuto s'écroula de tout son long, sa tête frappa le sol dans un bruit sourd.
Kuroo hurla, il fut à côté de Bokuto en quelques secondes. Ses amis suivirent dans la foulée.
— Pousse-toi, ordonna Tsukishima.
Kuroo lui lança un regard noir mais obtempéra, restant néanmoins à quelques centimètres de Bokuto. Tsukishima détacha son casque et apposa ses doigts sur sa carotide. Iwaizumi revint quelques instants plus tard avec le sac de premier secours.
Tsukishima retira les gants de Bokuto et ouvrit sa veste, puis dégagea son bras. Du coin de l'oeil, il le vit lentement reprendre conscience. Il sortit une bandelette de glucomètre, piqua le doigt de Bokuto et versa une goute de sang dessus. Il inséra la bandelette dans le lecteur et prit sa tension en attendant que le taux ne tombe.
— Tu as mangé quand pour la dernière fois ?
Bokuto papillonna des yeux, ses dents se mirent à claquer et Kuroo retira sa veste pour le couvrir avec. Le teint blafard, Bokuto s'exclama :
— J'vais vomir.
Iwaizumi attrapa à la volée un vomibag, le déplia et couvrit la bouche de Bokuto. À voix basse Tsukishima interpella Kuroo :
— La glycémie est très basse, la tension mauvaise, le rythme cardiaque c'est pas mieux et sa tête a tapé, faut le transporter.
Kuroo sera les dents, il s'y était attendu mais l'entendre lui fit quand même mal. Iwaizumi s'écarta rapidement d'eux et alla prévenir Nekomata, ils demandèrent une ambulance pour Bokuto.
L'ambulance arriva après une dizaine de minutes, puis emporta Bokuto. Kuroo la regarda s'éloigner, les nerfs à vifs. Tsukishima lui attrapa la main, il s'en dégagea. S'il avait trouvé Akaashi avant, s'il disait clairement à Bokuto que cet abruti l'aimait, s'il forçait les choses alors... Il serra les dents. Il adorait Bokuto. C'était sa famille. Mais cet idiot prenait toujours tout trop à coeur. Il prenait tellement les choses à coeur qu'il s'en rendait malade. Il espérait qu'en vieillissant, cette mauvaise habitude changerait. Ce n'était clairement pas le cas.
Kuroo s'éloigna vers la tonne et s'attacha sans un mot.
Il avait envie de brûler le monde entier. Personne sur cette putain de terre n'avait autant de gentillesse et de bonté que Bokuto et pourtant, c'était toujours lui qui finissait par souffrir. Si Kuroo était devenu aussi méfiant et aussi bon pour trouver des renseignements, c'était à cause de ça. Tout le monde profitait de Bokuto, Kuroo l'avait remarqué. Ne l'avait pas supporté. Alors il avait décidé de le protéger et de dégager les profiteurs. Et jusqu'à présent, ça fonctionnait très bien. Trop bien. Ayant peur d'étouffer Bokuto, il avait relâché et l'avait laissé se faire ses propres expériences. Et le résultat final était toujours le même. Lui qui espérait qu'Akaashi ne soit pas comme ça, finalement, il s'était trompé.
Il n'aurait jamais dû lui laisser une porte ouverte tout à l'heure.
— Tetsu'.
Il se tourna vers Tsukishima.
— On est arrivé.
Il se leva et sortit sans un mot. Tsukishima n'ajouta rien, mais son regard inquiet parla pour lui.
Kuroo s'en moqua et entra dans la salle de pause. Akaashi était assis à table, le nez dans un livre. À son entrée, il tourna la tête et se leva. Sans attendre qu'il aille se changer, Akaashi s'approcha de lui, ainsi que de Tsukishima et Iwaizumi. Ne voyant pas Bokuto, il s'arrêta à quelques pas.
Kuroo fit les deux pas qui les séparaient, tendit le bras et l'attrapa par le col. D'un geste de pure colère, il prit un léger élan et fracassa son crâne contre le sien.
Akaashi se recula dans la foulée, se pencha en avant et gémit de douleur. Kuroo le bouscula en prime et s'éloigna, sous le regard médusé de ses collègues.
— Akaashi, ça va ? lança Sugawara, alarmé.
— Où est Bokuto ? souffla-t-il pour Iwaizumi et Tsukishima.
Iwaizumi répondit d'une voix froide mais assez basse pour qu'eux seuls l'entendent.
— À l'hosto'. J'espère pour toi qu'il va s'en sortir sans rien de grave.
Akaashi releva vivement la tête. Iwaizumi passa à côté de lui.
— Où ?
— Aoba.
Akaashi repoussa Sugawara et courut aux escaliers. Il claqua la porte du bureau d'Oikawa et se jeta sur son bureau.
— Il me faut une permission !
— Pardon ?
— Il me faut une permission ! répéta Akaashi.
Oikawa cligna plusieurs des yeux.
— Oui j'avais compris la première fois... Mais une permission de ? Pour ? Quand ? Je pensais qu'on avait déjà réglé ça tout à l'heure.
— Bokuto est à l'hôpital.
Le ton d'Akaashi était pressant, mort d'inquiétude.
Oikawa fit la grimace, il était au courant, bien évidemment. Il était déjà en effectif moins un, et l'infirmier n'avait pas le permis.
— Et tu comptes y aller comment ? On est déjà en sous effectif, tu n'as pas le permis, ça veut dire que vous partez au moins à deux, il marqua une courte pause, pesa ses mots : « Et je pense que si Bokuto voulait voir quelqu'un à son chevet actuellement, il appellerait plutôt Kuroo ou Iwaizumi. »
Akaashi baissa les yeux. Il se sentait idiot, il serra le poing et frappa légèrement la table.
— Je suis inutile, stupide et immature. À quel moment j'ai dérivé à ce point, demanda-t-il en se frottant les cheveux : « Pardon. »
Oikawa posa son regard sur Akaashi. C'était qu'un de très réfléchis et de calme, bien loin de la personne impulsive et irréfléchie qui venait de fracasser la porte de son bureau. Bokuto le faisait sortir de ses gonds.
— Tu devrais t'asseoir deux minutes et te laisser redescendre, tu as besoin de souffler un bon coup et de te mettre les idées au clair pour l'instant.
Akaashi suivit les conseils d'Oikawa et se posa dans un fauteuil, les bras croisés sur la poitrine.
— Il vient tout juste d'être admis aux urgences, même si je te laissais y aller maintenant, tu ne pourrais pas le voir, Akaashi acquiesça silencieusement, c'était une chose à laquelle il n'avait pas pensé : « Et dans l'optique où j'acceptais ta demande, qu'est ce que tu comptes lui dire ? Il est déjà dans un sale état, je n'aimerais pas que tu dises quelque chose qui le fasse s'enfoncer encore plus dans sa déprime. »
Akaashi baissa les yeux et se mordit la langue. Oikawa avait raison. Et ça lui faisait un mal de chien. Les yeux rivés au sol, Akaashi prit la parole après quelques minutes de silence :
— Je veux juste lui dire que tout n'est qu'un malentendu. Que si je suis parti, c'est parce que je suis qu'un égoïste. Un égoïste parce que je ne voulais pas le perdre, et que j'avais peur qu'avec ce qu'il ait entendu, il ait compris ce que je ressentais. Que je voulais trouver un moyen pour qu'il reste près de moi même après ça parce que je l'aime.
Oikawa resta bête. Il ne s'était pas attendu à ce qu'Akaashi réponde sincèrement à la question. Lui qui était si fermé la plupart du temps semblait complètement à nu et à deux doigts de craquer. Oikawa ouvrit un tiroir de son bureau et en sortit une boite de chocolat qu'il posa face à Akaashi.
— Prends-en un, ça te fera du bien, il attendit un instant, « Si tu trouves quelqu'un qui accepte de t'emmener, je n'y vois pas d'inconvénient. Mais à vingt heures, et il faudrait que vous soyez revenus pour vingt-et-une heures. »
Juste après les sortis de bureaux, c'était un créneau idéal. Ils éviteraient les bouchons et les accidents qui les accompagnent généralement. Un vendredi ou samedi soir, Oikawa n'aurait jamais pu lui accorder sa demande, mais en semaine...
Akaashi serra les lèvres. Il prit un chocolat, l'enfourna dans sa bouche et le laissa fondre. La douceur qui en émana l'apaisa légèrement. Oikawa avait su trouvé les mots pour le recentrer, et le ton nécéssaire pour le calmer.
Quand il jugea Akaashi suffisamment calmé, Oikawa aborda un sujet qui le troublait. Il avait vu l'infirmier le matin même dans son bureau, il lui avait avoué avoir été bousculé par Kuroo, quelques heures après, de retour dans son bureau, il abordait une bosse doublée d'un hématome. Il désigna son front :
— Kuroo ?
Akaashi tourna les yeux.
— Il en aura sûrement un aussi. J'ai la tête aussi dur que lui. Ça ira.
Oikawa leva les yeux au ciel. Kuroo était un gosse et Akaashi ne valait pas mieux que lui sur ce coup-là.
— Vous devriez quand même mettre du froid dessus, ça fait pas sérieux.
— Je vais le faire. Merci pour ton aide et ta sollicitude.
Akaashi se leva, s'arrêta à quelques pas de la porte et ajouta :
— Et désolé, pour l'entrée fracassante.
— On va mettre ça sur le coup de l'émotion.
Akaashi le salua une nouvelle fois et partit.
Lorsque la porte fut fermée, Oikawa poussa un long soupire et se renfonça dans son fauteuil. Avec les prises de consciences que venait d'avoir Akaashi, les choses allaient enfin pouvoir avancer. Il espéra qu'elles aillent dans le bon sens. Si l'ambiance entre ses hommes se détériorait d'avantage, cela pourrait se répercuter sur leurs interventions.
Décidé à se remettre au travail, il reprit les documents qu'il avait rangé lorsqu'Akaashi avait fait son entrée et retint un soupir lorsque sa porte s'ouvrit une fois de plus. Prêt à jeter la personne qui venait d'entrer sans frapper, il se ravisa en voyant Iwaizumi. Il râla néanmoins :
— La porte fermée ça veut dire « toquez je suis occupé ! ».
Iwaizumi referma la porte, s'approcha, poussa le fauteuil près du bureau et s'avachit dedans. Les jambes étirées, il les passa entre celles d'Oikawa, bascula sa tête en arrière et soupira.
— J'en ai plein le cul.
Oikawa se pencha sur son bureau et croisa ses mains sous son menton.
— J'ai loupé ma vocation de psy, tu penses que je devrais me reconvertir ?
— J'ai encore rien dit. Tu finirais par tuer tes patients ou les pousser au suicide en plus. Des nouvelles de Bokuto ?
— La seule personne que j'ai failli tuer a fini dans mon lit, répliqua Oikawa avec un grand sourire : « Ils lui ont fait passer un examen sanguin et il a déjà vu un médecin, il doit passer un scanner. Ils soupçonnent un traumatisme crânien. Pas plus de nouvelles. »
— Fais moi le plaisir d'essayer de tuer personne d'autre alors, et tu viens de me prouver que j'étais masochiste, merci. Iwaizumi posa une main sur son front : « Tu peux me tenir au courant si t'en as plus ? Ça t'ennuie si j'en parle au reste de la garde ? Ils sont tous inquiets. »
— Possessif, je retiens, Oikawa ne cacha pas son amusement : « Dès que j'en sais plus je te tiens au courant. Quant aux autres, Bokuto n'a pas exprimé la volonté de le cacher, alors je n'y vois pas d'inconvénients. »
— Super, merci.
Iwaizumi se leva.
— Au fait, j'ai vu Akaashi descendre, il voulait quoi ?
— Conversation personnelle, je ne peux pas t'en parler, désolé.
Il grimaça à la réponse.
— J'ai dis que je respectais ça, mais c'est sérieusement chiant.
Sans plus de cérémonie, Iwaizumi se tourna et se dirigea vers la porte.
— Iwa-chan !
Iwaizumi s'arrêta, se retourna et haussa un sourcil interrogatif.
— La porte, ferme la à clés.
— Pour quoi faire ?
Oikawa fit la moue, murmura un « tant pis » et se leva de son fauteuil. Il fit les quelques pas qui le séparaient d'Iwaizumi et le plaqua contre la porte. Il ravit ses lèvres et tourna le verrou au même moment. Iwaizumi eut le réflexe de s'accrocher à sa nuque. Il ouvrit la bouche sous la demande implicite d'Oikawa, et laissa leurs langues se rejoindre. Bordel, Oikawa embrassait divinement bien. Les mains d'Oikawa glissèrent sur ses flancs et descendirent sur ses fesses. Il délaissa sa langue, mordit ses lèvres avant d'embrasser sa mâchoire et son cou.
La respiration d'Iwaizumi s'accéléra légèrement. Il bascula légèrement la tête en arrière sans le vouloir et se maudit intérieurement.
— T'essaie de faire quoi, au juste ? souffla-t-il.
Oikawa mordit délicatement la chaire tendre de son cou pour ne pas y laisser de marques, Iwaizumi le tuerait autrement.
— Je prends ma dose, murmura Oikawa contre son oreille.
— On est séparé d'puis moins de douze heures...
Iwaizumi glissa ses mains contre les épaules et tenta de le repousser doucement. Oikawa embrassa la naissance de sa mâchoire et mordit son oreille. Il l'embrassa à nouveau, maltraitant sa lèvre inférieure tandis qu'il ôtait son polo de son pantalon. Une main vint caresser son flanc tandis que la deuxième s'occupait de ses abdos.
Iwaizumi se mordit la lèvre.
Il n'avait vraiment pas envie que ça s'arrête, mais en même temps, ils étaient au travail. N'importe qui pouvait débarquer.
— Arrête tes conneries, les autres vont s'demander c'que j'fais, chuchota-t-il.
— Nekomata déteste la paperasse, j'ai encore tout ses documents à classer, tu m'as juste aidé, murmura Oikawa alors qu'il collait leurs bassins.
Sentir l'érection d'Oikawa contre la sienne acheva le peu de réticence qu'il lui restait. Dire qu'il l'excitait autant, alors qu'il n'avait rien fait de spécial pour, lui retourna l'estomac. Iwaizumi passa une main dans ses cheveux et reprit ses lèvres. Il adorait ses mèches douces.
Oikawa rompit le baiser, il embrassa sa gorge et déboutonna son pantalon, il le fit glisser le long de ses jambes. Il embrassa ses cuisses et abaissa son caleçon.
Il entendit Iwaizumi soupirer. Relevant les yeux, il remarqua que son amant avait posé une main contre sa bouche et gardait quand même la deuxième dans ses cheveux. Il sourit, attrapa son membre et posa sa bouche sur le bout. Décidé à l'embêter, Oikawa s'amusa seulement avec son gland, sans aller plus loin. Un grognement le fit sourire, il s'humidifia les lèvres et l'avala entier. Le soupir qu'il entendit le ravi. Entamant un mouvement de va et vient en s'aidant de sa main, il continua sa caresse buccale de longues minutes. La main d'Iwaizumi finit par se crisper, et le repoussa. Oikawa se releva promptement, profita de la vision d'Iwaizumi les joues rouges et l'entraina jusqu'à son bureau. Son pantalon et son caleçon se perdirent en chemin, Oikawa l'embrassa en cours de route et finit par le coller au bureau. Il attrapa quelque chose derrière lui, puis colla son nez dans son cou tandis qu'il libérait sa propre érection. Il soupira et colla son front contre celui d'Iwaizumi.
Attrapant leurs membres, Oikawa les colla ensemble. Iwaizumi lui tint l'épaule et ajouta sa main. Ils gémirent à l'unisson et accélérèrent le rythme. Iwaizumi avait chaud, le souffle court et le coeur battant. Il rouvrit les yeux, Oikawa était dans le même état. Il regretta quelques secondes de l'avoir fait, l'image le fit basculer. Il prévint son amant d'un geste. Oikawa attrapa des mouchoirs au même moment, et vint peu après.
Le souffle court, Oikawa posa sa tête contre son épaule, ferma les yeux et respira son odeur. Iwaizumi l'enivrait dans tous les sens du terme. Iwaizumi bougea légèrement et récupéra des mouchoirs à son tour. Il les essuya une nouvelle fois et embrassa la tempe d'Oikawa.
— Faut vraiment que je redescende.
— Après être monté si haut la descente va être rude…
Iwaizumi leva les yeux au ciel, jeta les papiers à la poubelle et se décolla du bois.
— Prétentieux.
Oikawa passa dans son dos, embrassa sa nuque et caressa ses reins jusqu'à ses fesses.
— Ose dire le contraire.
Iwaizumi se rhabilla, et sourit :
— Dire le contraire de quoi ? De prétentieux ?
Oikawa fit la moue :
— Que tu as pris ton pied.
Iwaizumi s'approcha de la porte, leva les yeux au ciel et soupira :
— Si c'était pas le cas, on s'rait pas ensemble, il ouvrit la porte et ajouta : « Pense à m'dire pour Bokuto et fais gaffe à l'heure, c'est Yaku qui fait le repas, on va encore manger comme les poules. »
Et, effectivement, ils mangèrent tôt. Akaashi fut soulagé de ça. Sugawara avait accepté de le conduire à l'hôpital pour vingt heures, il s'en serait voulu s'il avait dû lui faire rater le repas.
Akaashi s'accouda à la fenêtre de la voiture. Il n'avait pas bipé de la journée, ce qui l'avait poussé à ressasser toute l'après-midi.
— Akaashi.
Il se tourna vers Sugawara.
— Oui ?
Les yeux rivés sur la route, il sembla chercher ses mots.
— On a tous remarqué que Bokuto allait mal ces derniers temps, pile au moment où tu n'étais pas là. Personne n'en parle parce qu'on juge que ce ne sont pas nos affaires mais on s'inquiète. Réellement et pour vous deux. Je sais pas ce qu'il s'est passé, et j'espère que ce n'est rien de grave mais je… Je voulais te dire que s'il y a quoi que ce soit, tu peux m'en parler.
Akaashi resta bête.
— Merci, finit-il par dire.
Ne sachant qu'ajouter, ils restèrent dans le silence jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'hôpital. Akaashi le remercia pour sa patience, puis sortit et s'engouffra dans le bâtiment. Oikawa leur avait donné quelques nouvelles, les médecins avaient jugé son cas sas gravité mais par sûreté, le garderaient en observation. Le numéro de la chambre leur avait été communiqué également. Akaashi s'y rendit sans passer par l'accueil, c'était toujours du temps de gagné.
Quand il arriva devant la porte, il fut incapable d'y rentrer de suite. Le coeur au bord des lèvres, il avait envie de s'enfuir en courant. Sachant qu'il avait peu de temps, il serra le poing et toqua dans la foulée.
Le silence lui répondit. Prenant le parti que, peut-être, Bokuto dormait, Akaashi entra. Seules les lumières de la ville éclairaient la pièce.
Bokuto était là, presque assis contre des coussins, les yeux clos.
— Bokuto ? souffla Akaashi.
Malgré sa tête engourdie par les cachets, Bokuto reconnu instantanément la voix d'Akaashi. Trop groggy pour souffrir de sa présence, Bokuto ouvrit avec difficulté les yeux et posa un instant son regard sur l'infirmier. Le contact ne dura qu'un instant, puis il le rompit en tournant la tête.
Akaashi encaissa le coup. Il se doutait de sa réaction, ça n'avait pas raté. Il tira un tabouret, s'assit près du lit et posa sa main sur celle de Bokuto. Il le sentit tressaillir, mais ne l'ôta pas. C'était un peu sournois, Akaashi savait qu'il ne pouvait pas faire de grands gestes à cause de sa perfusion, ainsi que de son trauma.
— Je suis désolé. Je suis égoïste.
Bokuto pinça des lèvres et pria pour qu'une infirmière débarque et sorte Akaashi de la pièce. Il n'avait pas envie de le voir, encore moins envie de l'entendre.
— Si j'ai disparu, c'est à cause de ça. Tu n'as rien fait de mal, je suis juste stupide. Et lâche, Kuroo n'a pas tort là-dessus. J'étais terrifié, alors j'ai fui.
Akaashi avait envie de pleurer. Incapable de regarder Bokuto en disant ça, trop effrayé par son potentiel dégout, il se leva et s'éloigna de quelques pas et ajouta.
— Je le suis encore. Terrifié. Parce que j'ai peur de te perdre. De t'avoir déjà perdu. Je ne sais pas ce que tu as entendu ce jour-là, et j'avais peur que ça change tout et... Que tu t'éloignes. Que tu t'éloignes parce que tu aurais compris ce que je ressens, que c'est pas de l'amitié, mais de l'amour.
Akaashi jeta un coup d'oeil effrayé vers sa silhouette. Il ne bougea pas. Ne sachant comment l'interpréter, il lâcha sa bombe :
— Je t'aime.
Sans attendre une réaction de Bokuto, Akaashi franchit les quelques pas qui le séparait de la porte et sortit. Il ne voulait pas voir son dégout, sa colère, ou juste son ennuie de la situation.
La porte se referma d'elle-même, dans un bruit étouffé.
Bokuto ouvrit grand les yeux et se pinça. Il glapit. Certain de ne pas rêver, il ignora son mal de tête lancinant et se leva de son lit. Il fallait qu'il rattrape Akaashi. Il n'eut pas le temps de faire deux pas que le monde autour de lui se mit à tourner. Son estomac vrilla, il n'eut que le temps d'attraper le haricot sur sa table de nuit qu'il se mit à vomir. La porte de sa chambre s'ouvrit une nouvelle fois, Bokuto releva les yeux, espérant et craignant de voir entrer Akaashi. Une infirmière s'alarma et vint à son côté, ramassa le haricot et l'aida à se relever. Elle lui fit la morale et le conduisit jusqu'à son lit malgré ses protestations.
— Le pompier qui vient de sortir, ramenez-le, s'il vous plait.
La demande sonna comme une supplication et l'infirmière promit de faire de son mieux.
Au bout d'une dizaine de minute, il comprit que ce serait vain, Akaashi ne reviendrait pas. Etourdi par les médicaments, et par la déclaration, quelques larmes roulèrent sur ses joues. Elle le brulèrent autant que sa trachée. Se promettant de courir après Akaashi dès qu'il le pourrait, Bokuto s'endormit finalement, les joues mouillées.
