23 janvier
— Chocolat chaud ?
Iwaizumi lança un regard au canapé dans lequel se trouvait Oikawa. Emmitouflé dans un plaid, seule sa tête en dépassait. À mi chemin entre l'éveil et le sommeil, il marmonna quelques mots qu'Iwaizumi ne comprit pas. Il haussa les épaules et attrapa une tasse, fit couler du lait dedans et la mit à chauffer.
Le Fauve passa dans son champ de vision, il le suivit du coin de l'oeil et haussa un sourcil surprit lorsqu'il le vit grimper sur le canapé malgré la présence d'Oikawa. Il s'en approcha, le renifla et se roula contre lui.
— Depuis quand Le Fauve t'apprécie ? demanda-t-il, intrigué.
Oikawa haussa les épaules, glissa ses doigts sur la tête du chat et la lui grattouilla.
— A croire qu'il a moins mauvais caractère que son maître, marmonna-t-il en s'étirant.
Iwaizumi souffla à la pique et lui jeta un regard blasé.
Suite à la pseudo dispute qu'ils avaient eu dans la voiture, il n'avait pas adressé un regard ou une parole à son lieutenant de toute la garde. Se contentant de faire sans rechigner ce qu'il lui demandait, il s'était arrangé pour avoir à le croiser le moins possible et s'était plutôt bien débrouillé pour l'éviter. Au moment du repas, le regard d'Oikawa s'était fait lourd de questions, il y avait répondu par un regard irrité mais avait quand même joint ses pieds aux siens sous la table.
Le lendemain matin, Oikawa était allé voir pépé et ne lui avait envoyé aucun sms de la journée. Il était néanmoins venu comme convenu à vingt heures chez lui. Il n'avait fait aucune remarque concernant leur altercation, le comportement qui en avait découlé ou le fait qu'Iwaizumi l'avait fuit toute la journée. Ce qui avait eu le don de le surprendre.
N'ayant eu aucune nouvelles, Iwaizumi s'était attendu à se faire poser un lapin et n'avait du coup rien prévu pour la soirée. Il s'était retrouvé bête lorsqu'Oikawa avait sonné à l'interphone. S'il avait remarqué son trouble, Oikawa n'en avait rien montré et la soirée c'était déroulée on ne peut plus normalement. Ils avaient lancé un film, Oikawa avait parlé tout du long et s'était finalement endormi contre lui lorsque la suite du premier s'était lancée. Bénissant les coussins et plaids que son amant avait stocké sur son canapé, Iwaizumi était parvenu à se caler et avait passé une assez bonne nuit.
La sonnerie du micro-onde coupa sa rêverie. Il prit la tasse, y ajouta précisément deux cuillères et demi de chocolat en poudre, récupéra la sienne et alla s'asseoir près d'Oikawa. Il poussa le Fauve.
Oikawa le remercia et touilla son chocolat.
Iwaizumi bu quelques gorgées de café et pianota sur son portable :
— On doit partir pour qu'elle heure ?
Oikawa regarda rapidement son écran, neuf heures moins cinq.
Les premières fois qu'Oikawa s'était saisi de son téléphone ou avait regardé par dessus son épaule, Iwaizumi s'était instinctivement tendu. Il avait fini par se rendre compte qu'Oikawa ne faisait que regarder l'heure et détournait rapidement le regard, sans jamais chercher à atteindre à sa vie privée.
— On en a pour une dizaine de minutes depuis chez toi, Oikawa cala sa tête contre son épaule et souffla sur sa boisson chaude « Faudrait partir au plus tard dans une heure et demie, pépé mange assez tôt. »
Le Fauve lui passa dessus et alla se caler sur les genoux d'Oikawa.
— Ça va j'te dérange pas ? demanda-t-il au chat qui ouvrit un œil et le referma pour toute réponse.
Oikawa rigola, Iwaizumi l'embrassa pour le faire taire
— Il faut qu'il te contrarie plus souvent, plaisanta Oikawa.
Iwaizumi lui frotta les cheveux, poussa le Fauve et l'entraina à sa suite dans la salle de bain. Il se déshabilla rapidement sous le regard attentif d'Oikawa et ferma les yeux lorsque ses lèvres se posèrent dans son cou. Il rompit le contact, alluma le jet et fut à peine surpris lorsqu'Oikawa le tourna vers lui et le plaqua paresseusement contre la paroi de douche. Oikawa l'embrassa un long moment. Lorsque sa main se posa sur sa hanche, Iwaizumi frissonna. Il savait très bien où il voulait en venir mais le laissa poursuivre son exploration. Elle glissa sur sa fesse, descendit à sa cuisse et la releva. Naturellement, Iwaizumi enroula sa jambe autour des reins d'Oikawa. Il senti l'eau sur sa peau se réchauffer et devina sans mal que son amant avait augmenté la température. Prenant possession de ses lèvres, Oikawa fit durer le plaisir. C'était doux, presque innocent, bien loin de ce qu'Iwaizumi lui faisait en général. Lentement, Iwaizumi se sentit monter et était déjà presque à bout lorsqu'Oikawa décida de passer aux choses sérieuses. Confortable pour lui, la position devait l'être moins pour son lieutenant mais il ne le retourna pas. Décidé à retenir chaque expression de son visage dans sa mémoire, Oikawa garda son regard encré dans le sien lorsqu'il le prit. Iwaizumi ne tarda pas à venir et fut rapidement rejoint par son amant.
Il ne put s'empêcher de penser que ce mois-ci, la facture d'eau serait salée.
Sortit de la douche, Iwaizumi lança un regard à Oikawa et se demanda combien de chemises blanches il possédait. Il partit dans sa chambre enfila rapidement les vêtements qu'il avait préparé et se posa dans le canapé.
Il attendit patiemment qu'Oikawa termine de se préparer.
— Eh, tu vas nous mettre en r'tard, pesta-t-il après avoir jeté un coup d'oeil à son portable.
—J'arrive, j'arrive.
Attrapant sa veste, il se rendit dans le couloir, enfila sa paire de doc, prit soin de prendre la bouteille qu'Oikawa lui avait conseillé et s'adossa contre la porte. Il le rejoignit en vitesse, déposa un baiser sur sa tempe et passa à son tour manteau et chaussures. Fin prêts, ils quittèrent l'appartement. Oikawa le débarrassa de la bouteille le temps qu'il ferme la porte. Ils marchèrent tranquillement jusqu'à la voiture, leurs mains s'effleurant par moment.
L'angoisse de rencontrer pépé se fit réelle lorsqu'ils pénétrèrent dans la voiture. Iwaizumi boucla sa ceinture et demanda, le regard fuyant :
— T'es certain que c'est pas... Trop tôt ?
Oikawa haussa les épaules.
— Parce que tu penses que ça l'est ?
Iwaizumi fronça les sourcils.
Ils étaient en âge de se poser et construire des choses sérieuses. En soit, ça ne l'était pas tant que ça, mais l'idée de rencontrer la personne qui comptait le plus pour son amant était angoissante, presque pesante.
— Non pas vraiment mais, il soupira longuement : « C'est intimidant quand même. »
Oikawa souffla du nez et glissa ses doigts entre les siens.
— Vous me surprenez de jour en jour, Sergent. Après une foule de riches, les grands-pères innocents ?
Iwaizumi leva son majeur, en réponse, Oikawa lui tira la langue et quitta sa place de parking. Il les conduisit sur leur secteur, Iwaizumi parla vaguement de quelques interventions qu'il avait pu faire ici et là. Oikawa écouta d'une oreille attentive et s'approcha d'une résidence sécurisée. Il tapa rapidement un code et attendit que le portail s'ouvre complètement pour s'engager.
Ils descendirent du véhicule, se dirigèrent vers un bâtiment et s'engouffrèrent dans un ascenseur après qu'Oikawa ait tapé un nouveau code. Ils montèrent au sixième étage.
Oikawa glissa sa main dans la sienne et caressa tendrement ses doigts alors qu'il l'entrainait au fond du corridor. Il s'arrêta face à une porte et toqua. Iwaizumi tiqua en lisant le nom. Certain qu'il n'était pas japonais, il ne su en dire la provenance et n'eut pas l'occasion de demander. La porte s'ouvrît sur un homme plutôt âgé, occidental, bien habillé. Iwaizumi comprit mieux l'attrait de son amant pour les chemises blanches.
— Pépé ! Oikawa lâcha sa main, fit deux pas dans son sens et l'étreignit.
Iwaizumi regarda la scène attendrit, mais détourna le regard lorsqu'ils se séparèrent. Oikawa revint à son niveau et passa une main sur ses reins.
— Je te présente…
Pépé l'interrompit :
— Iwaizumi, j'ai souvent entendu parler de toi, il lui adressa un sourire et lui tendit la main.
Iwaizumi hésita un instant, ce n'était pas dans sa culture de faire des poignées de mains. Il s'en saisit néanmoins et répondit :
— Également. C'est un plaisir de vous rencontrer, Iwaizumi se courba un instant.
Pépé se présenta, un nom européen imprononçable : Charles. Iwaizumi tenta une fois, Oikawa rigola et se fit sermonner :
— Too-kun ! gronda pépé, les poings sur les hanches, il se tourna vers Iwaizumi : « Il se moque mais lorsqu'il était enfant, il n'y arrivait pas non plus, » il marqua une pause et fit les gros yeux à Oikawa qui gloussait encore : « Si c'est plus simple pour toi, appelle moi « pépé ». »
Oikawa fit mine d'être outré alors qu'Iwaizumi le remerciait.
Il les invita à rentrer. Ils se déchaussèrent dans le couloir, Oikawa récupéra son manteau et le rangea dans un placard.
Too-kun, hein ? s'amusa Iwaizumi.
Oikawa répondit par un regard ennuyé. Il attrapa une nouvelle fois sa main, et le conduisit à travers l'appartement, jusqu'au salon. Il le trouva à l'image de ce qu'il savait de pépé, sobre et chaleureux. Alors qu'ils s'avançaient vers le canapé, Pépé pénétra dans la pièce et il le vit jeter un regard à leurs mains liées. Il se raidit. Oikawa le remarqua, tenta de la lâcher mais Iwaizumi l'en empêcha, affirmant même sa prise sur ses doigts. Oikawa lui jeta un coup d'oeil, étonné. Iwaizumi était clairement gêné, il le voyait, mais savoir qu'il faisait l'effort malgré tout pour lui, lui réchauffa le coeur. Surtout devant quelqu'un qu'il aimait autant.
Iwaizumi se laissa conduire jusqu'au canapé, Oikawa s'y assit le premier et il l'y rejoignit, leurs mains toujours liées. Pépé passa la tête par l'encadrement d'une porte et leur demanda ce qu'ils voulaient boire.
— Comme d'habitude, merci, Oikawa jeta un regard à Iwaizumi et répondit à sa place : « Si tu as une bière, ce sera parfait. »
Oikawa relâcha sa main et la passa sur sa cuisse.
— Ça te dérange si je vais l'aider ?
Iwaizumi secoua la tête :
— Nan, vas-y.
Oikawa se releva. Il fit un pas en direction de l'embrasure de porte où se trouvait pépé un instant auparavant et s'arrêta. Il se retourna, se pencha au dessus de son amant et embrassa sa tempe. Avant de s'éloigner, il murmura au creux de son oreille :
— Merci, il inspira et souffla les joues légèrement rouges « Je t'aime. ».
Il se redressa rapidement et s'amusa du visage rougi d'Iwaizumi, prêt à le taquiner, il fut coupé par pépé — Too-kun ! Qu'est-ce que tu fais encore à ce pauvre garçon.
— Rien du tout ! lança-t-il en s'approchant de Pépé.
Iwaizumi le regarda s'éloigner, le coeur battant et le visage en feu.
