29 janvier
L'ambiance était lourde, tendue.
Oikawa fit un pas en avant et retint de la main Tsukishima, d'un regard, il lui intima de rester en retrait. Il fit un signe de la main aux policiers présents, leur demandant implicitement de partir. Ils haussèrent un sourcil mais se plièrent aux ordres. Il avait espéré qu'éloigner les forces de l'ordre calmerait le mari de la victime, mais il continua à faire les cents pas dans le salon.
Iwaizumi et Kuroo firent à leur tour un pas en avant, se plaçant de part et d'autre de leur lieutenant mais restant tout de même derrière lui. Prêts à intervenir au besoin.
— Monsieur, il faudrait que nous examinions votre femme, elle perd du sang, dit calmement Oikawa.
L'homme fit un pas en avant, son langage corporel inquiétât Oikawa mais il n'en montra rien.
Il inspira un instant. Ils étaient partis pour une violence conjugale avec notion d'hémorragie. Seule une ambulance et le véhicule de l'infirmier avaient été déclenchés. Une fois sur place, ils s'étaient retrouvés dans l'incapacité de pénétrer dans le logement. Ils avaient donc demandé le renfort d'un VIDP. Le nombre conséquent de sapeurs sur l'intervention avait rendu nécessaire le départ d'Oikawa. Une fois tous sur les lieux, Kuroo, Bokuto et Nishinoya avaient enfoncé la porte, sous le regard et la sécurité des agents de police dépêchés. Depuis, Oikawa essayait de prendre contact avec la victime mais son mari l'en empêchait.
— Dégagez d'chez moi ! pesta l'homme en faisant un nouveau pas dans le sens d'Oikawa.
Il l'insulta copieusement, mais Oikawa ne s'en offusqua pas.
— Monsieur calmez-vous, nous ne sommes pas là pour vous mais pour votre femme, Oikawa regarda rapidement derrière l'homme : « Madame, est-ce que vous pouvez demander à votre mari de nous laisser approcher ? »
La femme au visage tuméfié lui jeta un regard paniqué et détourna les yeux. Elle se recroquevilla et geint.
— Vous lui faites peur, partez maint'nant ! Partez j'vous dis !
Il y eut un nouveau flot d'insultes.
Oikawa jeta un bref coup d'oeil derrière lui. Ses hommes étaient tous sur le qui-vive et n'attendaient que ses ordres. Il fit un pas en avant.
L'homme se braqua, hurla et attrapa Oikawa par sa veste. Il entendit un bruit de pas derrière lui.
— Ne bougez pas, ordonna-t-il à ses hommes, il posa ses mains sur les avant-bras de l'homme, inspira longuement. D'un sang froid à toute épreuve, il continua d'une voix calme : « Monsieur, lâchez moi s'il vous plait, ça ne fera qu'aggraver la situation. »
L'homme parut hésiter un long moment. Il jeta un coup d'oeil mauvais aux autres sapeurs, prêts à intervenir au moindre écart. Il posa son regard sur Oikawa et le relâcha avant de le repousser, le déséquilibrant presque, Oikawa ne s'en préoccupa pas. Il inspira :
— C'est nécessaire qu'on s'occupe de votre femme, elle a mal, vous ne voulez pas qu'elle ait mal, n'est-ce pas ?
Oikawa discerna un instant de trouble chez l'homme. Étant enfin parvenu à créer une brèche, il poursuivit :
— Mon collègue va s'approcher de votre femme et lui prodiguera les premiers soins, écartez vous d'un pas s'il vous plait.
Sans lâcher du regard l'homme, Oikawa fit un signe de tête. Iwaizumi attrapa le sac de secours et s'approcha de la victime, ignorant les insultes qui fusaient à son encontre, il commença son bilan.
— Vous avez mal quelque part madame ?
Elle resta silencieuse. Il lui prit la tension, son taux d'oxygène et son rythme cardiaque. Lorsqu'il entreprit de palper son abdomen, l'homme fit les quelques pas qui les séparaient.
— La touche pas, connard !
Iwaizumi pinça des lèvres et inspira longuement. La situation l'avait tendu, voir l'homme empoigner Oikawa l'avait inquiété et énervé, et se faire insulter n'arrangeait en rien les sentiments qui grandissaient en lui. Il reprit la palpation. La femme ne broncha pas. Il palpa ses bras, puis ses jambes.
— Dégage tes sales mains d'là, cria l'homme, en faisant de grands mouvements.
— La ferme, j'essaie de faire mon boulot ! rétorqua Iwaizumi.
Il s'approcha un peu plus d'Iwaizumi.
Kuroo s'interposa, Iwaizumi étant dos à l'homme et en train de s'occuper de la victime, il ne pouvait pas surveiller ses arrières.
— Éloigne toi tout de suite, gronda Kuroo.
Les mots firent se retourner Iwaizumi. Il vit l'homme lever la main sur Kuroo. Son sang ne fit qu'un tour dans ses veines, il se redressa, attrapa l'homme par sa chemise et le projeta contre un mur. Il y eu un moment de flottement dans l'air, puis l'homme se mit à geindre et se laissa tomber au sol. Les sapeurs restèrent bêtes un instant, puis tous les regards se braquèrent sur Iwaizumi. Oikawa l'attrapa par le bras et l'entraina à sa suite, accompagné de Kuroo.
— Bokuto, Nishinoya, vous vous occupez de l'homme. Tsukishima, Akaashi, vous prenez la femme, ordonna-t-il avant de quitter l'appartement, il jeta un regard aux policiers : « Ils passent un bilan et vous l'embarquez, il a essayé de s'en prendre à un de mes gars. »
Une fois hors de l'appartement, Iwaizumi se dégagea de la prise des deux hommes et les toisa. Oikawa congédia Kuroo qui s'exécuta sans broncher.
— Qu'est ce qui t'es passé par la tête ? demanda froidement Oikawa.
Iwaizumi pouvait voir la contrariété et la colère sur ses traits. Il s'adossa contre un mur, croisa les bras sur sa poitrine et soutint le regard de son supérieur.
— Tu crois que j'allais l'laisser frapper mon pote ? gronda Iwaizumi.
Oikawa fit un pas dans sa direction et pointa un doigt vers sa poitrine.
— C'est un civil, toi, tu es un pompier ! Est-ce que je dois te rappeler le serment que tu as prêté ? Oikawa appuya son doigt sur sa poitrine et récita, les sourcils froncés : « J'agis avec célérité, courtoisie et impartialité quel que soit le type d'intervention pour laquelle j'ai été appelé. » la pression s'intensifia et il poursuivit : « Toujours solidaire, je ne connais ni violence, ni indifférence, ni lassitude. »
— Désolé d'être humain, il méritait ! pesta-t-il en repoussant sa main.
Oikawa écarquilla les yeux et reprit, énervé, la contrariété s'étant envolée :
— T'as agis n'importe comment, tu devrais faire profil bas au lieu de réagir comme un con !
— J'suis un con ! Fou moi la paix, bordel, s'énerva Iwaizumi.
Il repoussa Oikawa et pénétra dans l'appartement. Il jeta un regard assassin à quiconque tentait de croiser son regard et se dirigea d'un pas décidé vers Tsukishima. Lorsqu'il vit que les premiers soins avaient été faits, il héla Yamaguchi et lui ordonna d'approcher le brancard. Le regard bas, Yamaguchi obéit aux ordres.
Il interpella Akaashi qui lâcha platement :
— Pas d'hémorragie, je ne suis pas.
Iwaizumi haussa les épaules, enfonça les poings dans ses poches et quitta l'appartement sans un regard à ses collègues.
Le transport de la femme jusqu'à l'hôpital se fit dans un silence de mort. Quand ils rentrèrent à la caserne, le réapprovisionnement du véhicule le fut tout autant. Kuroo, qui les avait attendu, les aida à remplir le fourgon. Tsukishima et Yamaguchi ne s'attardèrent pas, il était évident que Kuroo souhaitait parler à Iwaizumi et leur discussion ne les regardait pas. Ils partirent en direction des douches, les laissant seuls. Kuroo s'adossa contre l'ambulance, croisa les bras sur sa poitrine et attendit un long moment.
— Accouche, j'ai pas toute la nuit d'vant moi, j'compte aller dormir, pesta Iwaizumi.
Kuroo soupira et planta son regard sur son ami.
— T'as merdé, il marqua une courte pause durant laquelle il vit Iwaizumi se tendre : « Nan, plus que ça, t'as vraiment agi comme un con. On a tous tout entendu, » il hésita un instant, souffla et reprit : « Et Nishinoya t'as vu r'pousser Oikawa. »
— Et ? J'm'en branle. Ils savent tous que j'tiens à toi, j'ai été con, mais franchement, ce connard méritait pire.
— 'tain Iwa, t'as toujours tenu, j'me suis déjà pris des coups. Dis pas que c'est juste à cause de ça, souffla Kuroo.
Iwaizumi serra les poings et la mâchoires.
— J't'emmerde, Kuroo, ok ? Les coups que t'as pris, j'étais pas là le peu de fois où c'est arrivé, et tes putains d'insinuations tu les gardes pour toi, ou t'ouvres ta gueule clairement.
Il planta Kuroo dans le hangar, attrapa à la volée une serviette dans son vestiaire et partit en direction des douches. Les nerfs à vifs il ouvrit la porte avec un peu trop de vigueur, faisant sursauter Yamaguchi, qui détala comme un lapin.
Iwaizumi jura contre lui-même, pénétra dans une cabine et se déshabilla rapidement. Il tourna le robinet d'eau chaude et s'engouffra sous le jet brûlant. La chaleur lui fit du bien, il se sentit se détendre peu à peu. Il resta un long moment ainsi et ne la quitta que lorsqu'il sentit sa tête tourner. Trop de chaleur d'un coup. Il se sécha sommairement, enfila un boxer et posa la serviette sur ses épaules. Sans pudeur, Iwaizumi quitta les douches et se dirigea vers l'escalier. Il fut arrêté en chemin par Sugawara. Plus doux, il posa une main sur son épaule et souffla :
— Je comprends totalement ta réaction, je n'aurais pas aimé qu'on s'en prenne à Sawa', il fit la moue : « mais il faut que tu apprennes à te détacher, Kuroo est une grande personne, il aurait pu se défendre seul. »
Il pinça des lèvres et restèrent un instant à se regarder dans le blanc des yeux. Iwaizumi rompit le silence en lui souhaitant une bonne nuit, il grimpa à l'étage et s'engouffra dans sa chambre.
La vision d'Akaashi et Bokuto se câlinant dans le lit du bas le tendit encore plus. Bien qu'Akaashi se soit écarté, le sourire niais de Bokuto perdurait. Il marmonna qu'il ne faisait que passer, attrapa ses affaires et quitta la pièce.
Seul, dans le couloir et sans chambre, Iwaizumi fut en proie au doute. Il n'avait pas la force de supporter la guimauve de Bokuto ce soir et venait d'envoyer chier Kuroo. Il soupira, de toute façon, il n'avait envie que d'une chose, là, maintenant, et cette chose s'appelait Oikawa. Machinalement, il se dirigea vers les chambres des officiers, de l'autre côté du couloir, il parcourut du regard les noms sur les portes et s'arrêta devant celui qui l'intéressait. Il leva le poing et le rabaissa. Prenant sur lui, il inspira et expira longuement pour se calmer. Son poing s'abattit deux fois sur le montant de la porte. Oikawa lui donna la permission d'entrer, chose qu'il fit en silence. Il referma la porte et s'adossa au mur attenant, puis regarda tout autour de lui. C'était la première fois qu'il rentrait dans une chambre d'officier et s'étonna de la sobriété. Un lit simple, une armoire, une table de chevet et un bureau derrière lequel Oikawa était assis. De travers sur son fauteuil, son ordinateur allumé, Oikawa ajusta ses lunettes et posa son regard sur lui.
Iwaizumi se trouva bête. Il était venu ici sans réfléchir à ce qu'il pourrait dire à son lieutenant lorsqu'il l'aurait en face de lui. Qu'il était désolé ? Ce n'était pas totalement le cas. Qu'il avait ressenti le besoin de le voir et de sentir son odeur ? Trop gênant.
L'intervention avait été éprouvante pour lui et sûrement pour eux. Il avait besoin du réconfort des bras de son amant. Il croisa les siens sur sa poitrine et évita le regard d'Oikawa. Il soupira longuement et murmura :
— J'ai été con.
— Oui. Très, il soupira et ajouta : « Quelqu'un sait que tu es là ? »
Iwaizumi se mordit la langue. Il ne pouvait même pas se défendre, il l'avait mérité.
— Nah. Personne. J'avais envie d'te voir quand même. Première et dernière entorse à la règle, promis.
Oikawa resta silencieux quelques instants, puis soupira.
— Pas la peine de promettre ça. Tu peux venir quand tu le veux, et tu le sais, moi, je m'en moque bien.
Il ferma son ordinateur dans la foulée et éteignit la lampe de bureau, plongeant la chambre dans la pénombre. Seulement éclairée par les lumières extérieures, Iwaizumi plissa des yeux, le vit s'installer dans son lit et tapoter la place prêt de lui. Il s'y glissa sans se faire prier et attrapa son lieutenant dans ses bras. Oikawa se cala contre lui et lui rendit son étreinte. Il sentit Iwaizumi se tendre et l'entendit inspirer. Le sachant prêt à prendre la parole, Oikawa le devança :
— Je t'aime, Hajime, souffla-t-il : « Et pour le moment, je ne suis pas ton lieutenant, juste ton homme. Et je veux pouvoir dormir dans tes bras, on parlera de ça demain. »
Il planta un baiser sur ses lèvres et enfouit son visage dans son cou. Ne souhaitant pas aller contre sa volonté, Iwaizumi se tut et passa une main dans les cheveux de son amant. Il les caressa lascivement.
Sachant pertinemment que la matinée serait loin d'être agréable, Iwaizumi ferma les yeux et profita qu'Oikawa se soit endormi pour s'imprégner de son odeur.
Au matin, Iwaizumi avait béni son horloge biologique, six heures moins le quart.
Il avait quitté à contrecoeur la chaleur des bras de son amant, non sans lui déposer un baiser sur le front. Avait rapidement enfilé sa tenue et avait quitté la chambre en silence. Il s'était rendu dans la pièce de vie, avait préparé le café pour toute la garde et s'en était servi une tasse.
Une quinzaine de minutes plus tard, Sawamura et Sugawara l'avait rejoint, s'étaient servis à leur tour et l'avait remercié pour l'attention.
Trop tôt pour que quiconque ait envie de parler, ils s'installèrent éloignés les uns des autres, profitant des derniers moments de quiétude de la pièce de vie. Lorsque les autres les rejoignirent, le calme s'envola et le lieu commença à s'animer.
— Iwaizumi ? Y a le Lieutenant Oikawa qui te demande à son bureau.
Il releva le nez de son café, remercia le douze heures et jeta un coup d'œil à sa montre. Huit heures moins dix. Il n'avait pas tardé.
Sugawara lui adressa un regard compatissant auquel il répondit par un sobre hochement de tête. Avec Sawamura, ils se proposèrent de l'accompagner. Bien que touché de leur obligeance, Iwaizumi refusa. C'était quelque chose qu'il devait régler seul.
Oikawa chercha rapidement le dossier d'Iwaizumi, l'attrapa et le feuilleta. Un parcours exemplaire, de bonnes notes en formation, une excellente condition physique et des commentaires élogieux sur de grosses interventions. En somme, un excellent dossier.
Il se mordit la lèvre, attrapa un document et nota la date du jour. La situation dans laquelle il se trouvait n'était pas évidente et pour la première fois, être le supérieur de son conjoint se retrouva être pesant. Il restait tout de même lucide sur ce qu'avait fait Iwaizumi et savait qu'il ne pouvait et ne devait pas laisser passer ça. Si ça avait été n'importe qui d'autre, il aurait fait la même chose. Conscience professionnelle oblige, il se devait d'être impartial, amant ou pas. Surtout qu'Iwaizumi lui avait plusieurs fois dit qu'à la caserne, ils n'étaient qu'un supérieur et son subordonné. Aujourd'hui, il le regretterait peut-être, pensa-t-il amèrement.
On toqua à la porte et avant qu'il n'ait le temps de répondre, on pénétra dans son bureau. Sans avoir besoin de lever les yeux du dossier, Oikawa su qu'Iwaizumi était arrivé. Il n'y avait que lui pour rentrer de cette façon dans son bureau, et ce malgré les quelques rappels qu'il lui avait fait à ce sujet.
— Mon Lieutenant, salua platement Iwaizumi.
Oikawa retint une grimace. Iwaizumi venait de lui sous-entendre clairement qu'il n'y avait vraiment qu'un subordonné en face de lui. Il ferma les yeux et lui demanda de s'asseoir dans un geste.
Il les rouvrit et posa sur lui un regard fermé. Le visage sérieux, Oikawa rappela rapidement le motif du départ de l'intervention et enchaina :
— T'es reproché d'avoir tenu des propos que tu n'aurais pas dû, de t'en être pris physiquement à un civil et d'avoir manqué de respect à un de tes supérieurs, Oikawa attrapa un document sur lequel était apposé la signature d'Iwaizumi : « Est ce que tu peux me lire ce qui y est écrit ? »
Iwaizumi se pencha en avant, récupéra le document et grimaça quand il comprit ce que c'était. Non seulement, pour l'une des première fois depuis qu'il connaissait Oikawa, il le trouvait intimidant, mais en plus, il était piquant. Il déglutit et commença à lire :
« J'accomplis la mission reçue jusqu'au bout ;
Je respecte mes chefs, mes subordonnés, mes camarades ;
Je fais preuve d'humilité, mais aussi d'un dévouement, d'une discrétion et d'une disponibilité sans faille ;
Je m'entraîne chaque jour avec rigueur pour acquérir et conserver une efficacité optimale ;
J'agis avec célérité, courtoisie et impartialité quel que soit le type d'intervention pour laquelle j'ai été appelé ;
Je respecte toutes les victimes et je prends en compte toute détresse ;
Toujours solidaire, je ne connais ni violence, ni indifférence, ni lassitude ;
Je m'engage à faire preuve en toute circonstance de discipline et d'une rigueur morale exemplaire
Je suis fier du savoir et des traditions que m'ont légués mes anciens ;
J'accepte les devoirs et les exigences du métier de sapeur-pompier. »
Il reposa le papier sur le bureau et fixa ses mains. Se remémorer son serment, l'instant même où il était devenu sapeur pompier alors qu'il venait de commettre une grossière erreur, ça faisait mal.
— Tu as manqué à tes engagements, lâcha Oikawa : « Manqué à ton devoir de sapeur pompier et aurait pu porter préjudice à toute ton équipe. »
Iwaizumi hocha la tête en guise d'assentiment, mais resta silencieux.
— Tes années de services exemplaires et ton dossier vierge de tout blâme t'évitent pour cette fois le passage en conseil de discipline, Oikawa posa ses mains à plat sur son bureau et fit glisser un document « Pour cette fois, je me contenterai de déposer un blâme dans ton dossier. Si à l'avenir une chose pareil venait à se reproduire, tu te verrais mis à pied en l'attente de l'avis du conseil. »
Iwaizumi releva la tête. L'expression sérieuse d'Oikawa ne laissait place à aucun doute. Il n'hésiterait pas la prochaine fois. Soit, c'est lui qui avait demandé à séparer leur vie professionnelle et leur vie privée, Oikawa ne répondait qu'à ses désirs, il ne pouvait même pas lui en vouloir. L'estomac retourné par la colère, il temporisa du mieux qu'il put. La sanction était tout de même dur, et malgré sa manière de raisonner, c'était difficile à appréhender.
— Je comprends, finit-il par dire d'une voix rendue rauque par l'émotion.
— Je te laisse signer le document, Oikawa lui tendit un stylo, attendit qu'il le griffe et le récupéra « Tu recevras une copie par voie postale d'ici quelques jours. »
Oikawa jeta un rapide coup d'oeil à sa montre, huit heures passées.
— L'entretien est terminé, il remballa le dossier d'Iwaizumi et se détendit « Tout comme notre tour de garde. » il inspira longuement, enleva le masque qu'il s'était créé et posa un regard désolé sur son amant.
Iwaizumi détourna le regard et se leva. Il s'arrêta après quelques pas. N'ayant pas envie de se disputer avec Oikawa, ni d'avoir de rancoeur, il préféra s'expliquer directement :
— J'ai demandé à c'que tu gardes ton rôle. Mais là, que j'le veuille ou non, c'est… Dur. M'en veux pas, mais j'vais rentrer seul.
Oikawa acquiesça, il comprenait parfaitement la réaction d'Iwaizumi.
— Envoie moi un message si tu veux qu'on se voit, je te laisse tranquille en attendant.
Iwaizumi hocha la tête en guise de réponse, puis sortit. Le coeur et le pas lourd, il ferma la porte sur son amant, amer.
