16 avril

Épuisé, à bout de force et chaque muscle douloureux, Oikawa se pencha au dessus d'une poubelle et vomit. Ne se sentant pas particulièrement mieux après ça, il resta appuyé à la poubelle jusqu'à ce que des mains remontent le long de son dos et le caresse lentement. Pas besoin d'être devin pour savoir qu'il s'agissait des mains de son amant.

Il l'insulta intérieurement ainsi que ses amis et lui même.

De longues minutes passèrent. Lorsque son estomac fut enfin calmé, Oikawa se redressa, porta à ses lèvres la bouteille d'eau que lui tendait son petit ami et bu difficilement une gorgée. Le souffle encore court, il partit en direction d'un arbre quelques mètres plus loin, se laissant tomber à même le sol, il se cala contre le tronc et bascula la tête en arrière.

— Fallait dire que t'en pouvais plus, on t'aurait pas forcé à continuer, souffla Iwaizumi qui l'avait suivi jusque là.

Difficilement, Oikawa ouvrit les yeux et lui lança un regard qui voulait en dire long. Il ne le croyait pas et ne cherchait pas à s'en cacher.

— Bon, ok, peut-être que si, mais pas au point d't'en rendre malade, sérieux.

— En vrai de vrai, pour un mec qui fait d'la paperasse toute la journée, tu t'en es carrément bien tiré, lança Kuroo, le sourire goguenard : « J'pensais que tu capitulerais après la première course j't'avoue. »

Oikawa se contenta de lui jeter un regard noir. Il attrapa la main que lui tendit Iwaizumi et s'aida de celle-ci pour se relever. Lorsqu'il fut sur pied, il bouscula légèrement Kuroo et se dirigea d'un pas décidé vers l'appartement de son amant.

Deux jours auparavant, Oikawa leur avait fait part de son projet de tenter le concours de Capitaine. Lors de la garde qui avait suivi, le lendemain, Iwaizumi avait proposé de le tester au sport, ce qu'il avait volontiers accepté. Et bien que très bon, il ne l'était pas assez pour se démarquer et avait demandé à son amant de l'entrainer. Surpris, Iwaizumi avait réfléchit un instant avant d'accepter.

À la suite de leur prise de garde, Iwaizumi et Kuroo avaient chauffé quelques collègues pour faire une séance pluridisciplinaire. Ils avaient enchainé la course, la natation et l'escalade. Bien qu'Oikawa n'ait pas réellement comprit l'intérêt du dernier exercice, il avait acquiescé et avait suivit le mouvement. À la fin de l'escalade, Oikawa se sentait encore étonnamment frais, ce que n'avait pas manqué de remarquer Kuroo, qui avait alors suggéré à Iwaizumi de rentrer jusqu'à chez lui en courant. Et cet exercice avait eu raison d'Oikawa.

L'adrénaline de l'escalade était retombé pendant la course. Son égo l'avait poussé à faire comme si de rien n'était. Tâchant d'ignorer la fatigue qui le gagnait à chaque foulée, Oikawa avait prit sur lui de tenir le rythme imposé par Kuroo et Iwaizumi. Arrivé au bout du parcours prédéfini, la tête dans le coton et le coeur au bord des lèvres, Oikawa s'était retrouvé à vomir.

À petites foulées, Iwaizumi le rattrapa et glissa sa main dans la sienne.

— J'ai dit à Kuroo de rentrer chez lui, de toute façon, il avait autre chose à faire.

Encore nauséeux, Oikawa se contenta d'un « hm ». Ne pensant à rien d'autre qu'à la douche qu'il allait prendre en rentrant, il se laissa conduire jusqu'à l'appartement d'Iwaizumi. Se retenant de l'embrasser, Oikawa s'engouffra dans la salle de bain et commença par se laver les dents.

— Je veux bien que tu me prêtes quelque affaires, souffla-t-il alors qu'Iwaizumi le rejoignait.

Son amant se contenta d'hocher la tête et sortit de la pièce alors qu'Oikawa pénétrait dans la douche. Elle ne dura qu'un instant. Iwaizumi s'y engouffra à son tour tandis qu'Oikawa enfilait le caleçon et le t-shirt noir qu'il venait de lui apporter.

— Pas le droit à un pantalon ? plaisanta-t-il.

Un grognement lui répondit. Il gloussa et jeta un regard au corps que la buée laissait deviner. Il sourit et tourna les talons. Un rapide coup d'oeil à l'heure lui permit de savoir qu'il était trop tôt pour manger, mais trop tard pour retourner se coucher. Quasiment onze heures. Il soupira et se laissa tomber sur le canapé.

Allongé, il ferma quelques instants les yeux et se laissa bercer par le bruit de la douche. Ce fut les mains d'Iwaizumi sur ses jambes qui les lui firent rouvrir. Ce dernier l'obligea à les lever pour poser une serviette dessous, puis il s'attaqua à la jambe droite en premier et commença à malaxer sa cuisse. Oikawa nota la petite bouteille qui se trouvait sur la table basse, et fut surpris.

— Massage ?

— Hm. Reste sage.

Il grimaça à la remarque, puis sourit bêtement à l'attention. Il attrapa l'une des nombreuses serviettes qu'Iwaizumi avait ramené et s'installa confortablement sur le dos. Il en profita pour observer tranquillement son amant. Que ce soit son visage, ses bras, ses mains et surtout ses doigts qui malmenaient gentiment ses muscles. Du mouvements circulaires à l'appui pur, il descendit peu à peu jusqu'à ses pieds, puis remonta à nouveau. Oikawa fut étonné de sa patience et de son assiduité mais ne s'en plaignit pas, bien au contraire.

— Mets toi sur le ventre et retire ton t-shirt.

Il obéit tranquillement.

Les mains se posèrent sur ses épaules et les malmenèrent un instant. Lentement, elles glissèrent le long de sa colonne vertébrale, appuyèrent sur chaque vertèbre puis s'occupèrent de ses reins. Un soupir franchit la barrière de ses lèvres. S'arrêtant à la limite du boxer qu'il portait, Iwaizumi pétrit ses reins, remonta sur ses flancs et s'attarda un instant sur sa nuque.

Il avait étonnamment chaud. Ils n'avaient pas eu de contacts physiques si prolongés depuis qu'Iwaizumi avait été mis à pied, et s'il n'avait pas eu l'occasion d'y penser ces derniers jours, là, son cerveau et son corps ne pensaient qu'à ça. Chaque mouvement que faisait Iwaizumi, à califourchon sur lui, était une torture, douce torture, mais torture quand même. Il pria pour rester sur le ventre.

Les pressions devinrent caresses. Les doigts d'Iwaizumi couraient librement sur chaque parcelle de peau découverte. Le visage dans les coussins, Oikawa retenait par intermittence sa respiration. S'il continuait ainsi, il finirait par lui sauter dessus.

— Je sens, souffla Iwaizumi.

— De ?

Il le sentit se pencher en avant, et des lèvres effleurèrent son cou.

— Quand t'arrêtes de respirer.

Les lèvres se firent plus franches. Oikawa arrêta une nouvelle fois de respirer, serra le coussin contre son visage et marmonna quelques mots dedans. Iwaizumi embrassa à plusieurs reprises son dos.

— Tu veux des enfants ?

La question a peine soufflée le prit au dépourvu. Il se hissa sur ses coudes et tourna la tête vers son amant.

— C'est quoi cette question ?

Iwaizumi haussa les épaules.

— Avec ce qu'a annoncé Sawamura l'autre soir, j'me la suis posée, et j'me suis demandé ce que toi tu en pensais…

Ils se regardèrent un moment. Iwaizumi leva une main, la posa contre la joue d'Oikawa et ravit ses lèvres. Il se souleva un court instant durant lequel Oikawa se remit sur le dos. Forçant sur un bras et sur ses abdos, il intensifia le baiser. Leurs bouches ne se séparant que pour respirer quand le besoin s'en faisait trop ressentir.

— J'en aimerais au moins un, oui, murmura Oikawa alors qu'une main se pressait contre son érection.

Sa respiration eu un raté.

Iwaizumi s'en amusa et caressa plus franchement son amant à travers son vêtement.

— Et toi ?

Iwaizumi embrassa son cou et aspira lentement sa peau, la relâchant avant qu'elle ne marque, il y apposa un coup de dent et un baiser. Il répondit tout bas :

— Faut une situation stable pour ça... Et encore, c'est pas forcément suffisant, surtout quand t'es homo.

Oikawa le regarda l'air de dire « t'es sérieux ? », mais Iwaizumi ne s'en préoccupa pas.

Sa bouche descendit sur sa clavicule, s'attarda un instant sur un pectoraux et couvrit de baisers son ventre. Oikawa se tendit, glissa ses mains dans ses cheveux et tira quelques mèches.

— On a tous les deux une situation stable, Iwaizumi tira légèrement sur son boxer, Oikawa souleva les hanches et posa une main sur ses yeux quand son amant passa sa langue sur sa verge : « Et on a même plus que ça. »

Iwaizumi l'avala, fit quelques mouvements alors que sa main droite pressait légèrement les testicules de son amant. Il les relâcha et sa main remplaça sa bouche.

— On ? s'étonna-t-il.

— Oui, enfin, je voulais dire, il bafouilla encore quelques secondes : « On est pas obligé... Ensemble. »

Iwaizumi l'interrompit :

— Si j'ai un gosse, j'veux que ce soit avec toi.

Les oreilles d'Iwaizumi virèrent au rouge instantanément alors qu'un sourire idiot naissait sur le visage d'Oikawa. Il se redressa et ils manquèrent de tomber du canapé. Sans lui laisser le temps de protester, il lui dévora les lèvres, glissa sur sa mâchoire et s'attarda dans son cou qu'il mordit sans vergogne. Il sentit frémir son amant sous ses mains.

— Tu voulais dire quoi par « et on a même plus que ça », souffla finalement Iwaizumi.

Les mains perdues dans les cheveux d'Oikawa, il bascula la tête en arrière lorsque les doigts de son amant se refermèrent sur un de ces tétons. Il lui mordit doucement les lèvres.

— Quand je te disais de venir vivre chez moi... j'étais sérieux, Oikawa lubrifia rapidement ses doigts et passa ses mains sous son boxer et le pénétra d'un doigt.

Iwaizumi n'en avait jamais douté.

Un deuxième doigt étira ses chaires, le faisant se crisper. Si leurs corps avaient pris l'habitude de l'acte depuis qu'ils étaient ensembles, ne rien faire pendant près de trois semaines avait entrainé un retour en arrière notable. Oikawa le sentit et prit soin de le préparer correctement.

— On a deux boulots stables, Oikawa entama un mouvement lent : « Une maison, et si ton salaire est dans la moyenne supérieure, le mien la dépasse. »

Il hocha la tête, nota que son amant était sûrement propriétaire de sa maison et qu'il ne savait absolument pas combien touchait un lieutenant, ce qui ne l'intéressait absolument pas à l'instant.

— J'sais pas combien tu gagnes et pour l'instant, j'm'en branle, j'veux juste m'occuper de toi.

Il le repoussa gentiment, passa ses mains sous ses fesses et le souleva du canapé. Il le porta jusqu'à sa chambre et le déposa sur son lit. Assis, Oikawa tenta de se redresser mais en fut empêché par son amant. Il fit la moue.

— C'est moi qui m'occupe de toi aujourd'hui, gronda Iwaizumi.

Oikawa déglutit, s'appuya sur ses coudes et regarda son amant le chevaucher. Ses mains se perdirent rapidement dans ses cheveux, Oikawa lui sourit tendrement tandis qu'il se penchait pour l'embrasser. Iwaizumi délaissa ses mèches et redescendit une nouvelle fois. Il profita de l'huile encore présente sur ses mains et sur le corps d'Oikawa pour glisser et masser le long de son chemin. Il prit son membre en bouche sans préambule, l'exhalation qu'il entendit le fit sourire intérieurement. Il attrapa sa cuisse gauche et la releva. Ayant un accès plus facile, il malmena sa fesse et sa cuisse puis inséra un doigt. Il continua ses caresses buccales en même temps qu'il le détendait. Il fut convaincu qu'il était prêt après plusieurs minutes, grâce aux gémissements et à son souffle irrégulier. À deux doigts de venir. Oikawa le prévint dans un murmure. Satisfait de lui-même et un tantinet égoïste, Iwaizumi s'arrêta. Il voulait qu'il vienne pendant qu'il le prenait, pas avant. Il remonta, embrassa son ventre et lâcha:

— J'te veux à quatre pattes.

Les joues rouges de plaisir, Oikawa se mordit la lèvre et se tourna docilement. Il jura intérieurement d'être si obéissant quand Iwaizumi lui parlait sur ce ton, mais ça lui faisait beaucoup trop d'effet pour qu'il résiste. Il se cambra quand Iwaizumi le pénétra, puis soupira lorsque ses mains lui massèrent le dos et les reins.

Iwaizumi se pencha pour atteindre sa nuque, revint jusqu'à ses fesses pour les pétrir, puis attrapa ses hanches. Il en délaissa une pour attraper son membre et le flatter tandis qu'il commençait un léger mouvement de va-et-vient. Il l'abandonna quand il entendit de nouveaux gémissements, et se focalisa sur son dos. Le voir si soumis après tant de temps d'abstinence lui donnait envie de se déchainer. Il retraça sa colonne vertébrale pour se contenir, ralentit le mouvement et roula plus ses hanches.

— Tooru, murmura-t-il.

Oikawa tourna légèrement la tête.

— T'es tellement bandant, putain, grogna Iwaizumi d'une voix rauque.

Un gémissement lui répondit, il s'enfonça profondément, Oikawa glapit. À bout de patience, il serra ses hanches et accéléra le rythme. Les geignements se coupèrent de cris, d'halètements, de murmures. Iwaizumi diminua légèrement la cadence, Oikawa râla de mécontentement. Iwaizumi se pencha sur lui.

— J'veux te prendre plus fort.

Oikawa déglutit à son ton grave, sa voix lui retournait les entrailles et la tête à chaque fois.

— Tant que tu ne t'arrêtes pas… fais ce que tu veux, souffla-t-il en se cambrant un peu plus.

Iwaizumi agrippa son bras et le tira en arrière, Oikawa suivit le mouvement dans un cri alors que les coups de butoir reprenaient de plus belle. Son bras fut relâché dans l'instant, à la place, ses doigts s'enroulèrent dans ses mèches et les tirèrent légèrement tandis que le second glissait sur son aine et se saisissait de son membre. Oublieux du monde, Oikawa bascula complètement la tête en arrière et laissa échapper ses cris.

Iwaizumi mordit son épaule et affirma sa prise dans ses cheveux, Oikawa se noya sous les sensations. Son orgasme éclata dans un hurlement silencieux, Iwaizumi le suivit de près. Sous le coup de la jouissance, ils restèrent longuement ainsi, jusqu'à ce qu'Oikawa se détache légèrement et s'affale, la tête dans un coussin. Iwaizumi le suivit, tout en continuant de l'enlacer. Prenant garde à ne pas l'écraser, il se décala légèrement, embrassa l'épaule qu'il avait meurtrie et enfouit son nez dans sa nuque. N'ayant aucune réaction d'Oikawa, il bougea à nouveau.

— Tooru ?

Aucune réponse. Il s'écarta un peu et tira sur une mèche. Un gémissement lui parvint, il se figea. Oikawa aussi. Iwaizumi réitéra son geste, Oikawa se tourna vers lui, le visage rouge.

— Arrête ça ! glapit-il.

Interdit, Iwaizumi l'observa longuement, puis rougit à son tour.

— T'aimes qu'on te tire les cheveux, lança-t-il plus pour intégrer l'information que pour la demander.

Oikawa se cacha à nouveau et grommela :

— Apparemment.

Iwaizumi se mordit la lèvre pour retenir un rire et se plaqua contre son amant. Ils restèrent silencieux quelques instants, jusqu'à ce qu'Oikawa reprenne un peu plus ses esprits et peste :

— Je sais que tu te moques.

— Pas du tout.

— Tes épaules sont secouées pas ton rire.

— Je respire juste.

Oikawa le poussa et se retourna complètement. Leur lit était sale à partir du moment où il s'était allongé dessus couvert d'huile, il n'était plus à ça près.

Il le foudroya du regard, Iwaizumi le soutint, impassible. Un léger sourire finit par avoir raison de lui. Tourné sur le flan, face à Oikawa, il tendit la main pour attraper ses mèches, ce dernier lui agrippa le poignet.

— N'essaie même pas.

— Je comptais pas tirer dessus. Tu sais bien que j'aime passer mes doigts dedans, ils sont tout doux, affirma Iwaizumi.

Oikawa grimaça. Difficile de résister à son amant. Encore plus après l'acte et pour quelques cajoleries. Fatigué et courbaturé, il prit appuie sur Iwaizumi et s'allongea presque sur son torse. Les jambes entremêlées et le visage sur son épaule, il râla tout de même.

— Je dois reprendre une douche, me laver les cheveux et en plus il faut changer les draps. Je crois que j'ai faim, aussi.

La caresse d'Iwaizumi s'arrêta, il soupira, lui embrassa les cheveux et se dégagea de l'étreinte. L'idée de la douche lui plut.

— Capable de marcher jusqu'à la salle de bain ?

— Tu me prends pour qui ?

Iwaizumi haussa un sourcil tout en se levant.

— Pour un mec qui a abusé du sport, vient de prendre l'un des meilleurs orgasmes de sa vie et qui est courbaturé de partout.

— Meilleur orgasme de ma vie... Et après, c'est moi le prétentieux, chambra-t-il en faisant la moue.

Il s'approcha du bord du lit dans la foulée. Effectivement, il ne l'avoua pas, mais le mouvement tira ses muscles, c'en était désagréable.

— Parfois, t'es trop terre à terre, ajouta-t-il.

Iwaizumi ne répondit pas, l'aida à se mettre debout et le bascula pour le porter comme une princesse. Il l'amena à la douche malgré ses protestations pour le lâcher, et ne le déposa qu'une fois arrivé dans le bac. L'eau chaude fit taire toute réplique de sa part, et il se laissa nettoyer par les mains expertes de son amant. Ce n'est qu'une fois sec, emmitouflé dans un plaid, assis au sol tandis qu'Iwaizumi lui séchait les cheveux qu'Oikawa fut certain d'une chose : Iwaizumi était comme un nounours à la guimauve. Dur à l'extérieur, mais tendre à l'intérieur.