21/04/2022
À la sortie de la réunion, Oikawa était resté silencieux. Il s'était contenté de sourire à Iwaizumi, de lui attraper la main et de retourner jusqu'à la voiture sans un mot. Incertain quant à l'attitude à tenir, Iwaizumi s'était laissé faire. Ils roulaient en direction de son appartement depuis cinq bonnes minutes, quand il se décida à prendre la parole :
— Je pensais que tu s'rais plus... Bavard que ça. Joyeux aussi ?
Oikawa se contenta d'un sourire énigmatique, Iwaizumi resta bête. Ils arrivèrent devant chez lui, et, pour la première fois, Oikawa ne fit pas spécialement attention à sa place de parking, descendit du véhicule et entra dans l'immeuble. Iwaizumi sur les talons, perdu. Trop lent à son goût, il lui attrapa la main et courut presque dans les escaliers. Il ne lui fallut que quelques secondes pour déverrouiller la porte, tirer Iwaizumi dans l'appartement, la refermer et le plaquer contre le mur.
Trop surpris pour répliquer, Iwaizumi eut juste le temps de poser ses mains contre ses épaules alors que son amant s'emparait de ses lèvres et lui dévorait la bouche. L'une de ses mains glissa sous son pull, la seconde agrippa sa ceinture.
En manque d'air, Iwaizumi réussit à se détacher légèrement.
— Bordel, calme-toi, suis heureux aussi mais…
Oikawa le coupa à l'aide de sa langue, l'attira vers lui et l'emmena à tâtons vers le salon. Ils butèrent contre un meuble, Iwaizumi jura contre ses lèvres tandis que ses mains attrapaient les hanches de son amant et tenta de les amener vers la chambre.
Oikawa se détacha, lui retira son pull et lança le souffle court :
— Redis-le.
— Redire quoi ?
Il tira sur sa ceinture, baissa son pantalon et embrassa son cou.
— C'que t'as dit dans la voiture, tout à l'heure.
— C'est à cause de ça ? s'exclama Iwaizumi : « J'croyais que c'était à cause de la réu-, bordel ! »
Oikawa venait de l'attraper par les épaules et de le basculer sur le canapé. Presque nu et les joues rouges, il observa Oikawa défaire son haut à son tour et grimper à califourchon au-dessus de lui.
— Pas que. Principalement, mais y'a des deux.
Il lui ravit sa bouche une nouvelle fois et laissa ses mains glisser sur le torse parfaitement dessiné d'Iwaizumi. Un plaisir pour les yeux et pour ses doigts. Il délaissa sa consoeur, suivit les contours de sa mâchoire et attaqua le lobe de son oreille. La respiration d'Iwaizumi eut un raté, Oikawa sourit. Il avait découvert ce point faible quelques semaines auparavant et ne s'en lassait pas.
— Redis-le, répéta-t-il.
Il accentua la pression de ses dents, puis attrapa un peu plus haut la chair tendre. Iwaizumi déglutit, une main sur son épaule et la seconde dans son dos, il grogna plus qu'il ne murmura :
— J'irai bien tant qu'j'suis avec toi.
Oikawa ralentit ses gestes, enfouit son nez dans son cou et respira son odeur à plein poumon. Le coeur gonflé de joie, il sourit bêtement tandis que les mains d'Iwaizumi traçaient des arabesques inconnues sur son dos. Il se redressa et l'embrassa tendrement. Ce fut une pause délicate dans leur relation passionnée. Quand ils se détachèrent, Iwaizumi tira sur son pantalon et ronchonna :
— T'es trop habillé.
Oikawa eut un éclat de rire et se décala. Il se leva, défit son bas et son boxer en même temps, en profita pour défaire celui d'Iwaizumi au passage et se glissa entre ses jambes. Il se lécha les lèvres tout en plantant ses yeux dans ceux d'Iwaizumi, puis mordit sa cuisse.
La ribambelle d'insultes qu'il entendit le fit rire et l'obligea à lâcher. Iwaizumi s'était redressé sur ses coudes, tout en le fusillant du regard, il s'apprêta à lancer une nouvelle injure quand Oikawa engloutit son membre jusqu'à la garde. Il le vit retomber sur le dos et passer ses mains sur ses yeux.
— Tu fais chier ! gronda-t-il.
Oikawa remonta le long de son sexe, le lâcha dans un bruit obscène et répliqua :
— Mon épaule me fait encore mal.
Iwaizumi lui jeta un oeil mauvais, il sourit de plus bel :
— D'ailleurs, t'es à moi, je fais ce que je veux. Ça va dans les deux sens, non ?
Iwaizumi se mordit les lèvres. Incapable de répliquer autrement qu'en l'insultant, il préféra se taire et tourna la tête. C'est lui qui avait commencé, il ne pouvait que se laisser faire pour être pardonné. Moins sadique qu'il ne le laissait paraître, Oikawa reprit ses caresses buccales pour son plus grand plaisir, non sans le griffer légèrement par endroit. Il finit par se redresser, remonta jusqu'à Iwaizumi et trifouilla dans l'interstice de deux coussins, près de sa tête. Il attrapa la bouteille de lubrifiant dans un sourire vainqueur et retourna à sa tâche. Il nota le visage plus rouge qu'à l'accoutumé.
— Un problème ?
Iwaizumi détourna les yeux, Oikawa s'enduisit les doigts et délaissa le flacon.
— Nah. Juste… On est des putain d'pervers…
Oikawa glissa sa main entre ses fesses, suggestif, il le caressa et tourna autour lascivement tandis qu'il se tenait en appui près de la tête d'Iwaizumi.
— C'est ta faute, tu me rends dingue.
— J'ai rien fait pour.
— Tu n'imagines pas tout le sex appeal que tu as. Ton corps de rêve m'attire tout le temps, il se redressa sur ses jambes et laissa une main flatter ses abdos tandis que la seconde faisait des mouvements de ciseau : « Tes lèvres qui sont une torture de tentation, » sa main glissa sur sa cuisse et la releva, en même temps qu'il planta son regard dans celui couleur olive : « Ta voix qui m'emmène plus loin que ce que tu crois, » il retira ses doigts et se pressa contre son entrée : « Ton caractère impulsif qui me fascine, » il le pénétra lentement et nota toutes les émotions qui passèrent sur son visage et dans ses yeux : « Et ta tendresse qui me fait tomber amoureux de toi, un peu plus à chaque fois. »
Iwaizumi, plus rouge qu'un de leur véhicule, cacha son visage entre ses mains. Amusé, Oikawa appuya sa cuisse contre son épaule, se pencha en avant et attrapa l'une de ses mains qu'il plaqua avec force juste à côté de sa tête. Il entama son mouvement alors qu'Iwaizumi s'obstinait à garder les yeux fermés, le visage encore écarlate.
— Regarde-moi.
— Peux pas.
— Hajime.
— Trop gênant.
— Ha-ji-me.
Il entrouvrit un oeil et le referma dans la foulée. Non, il était bien trop embarrassé pour regarder son amant. Mécontent d'être ignoré, Oikawa s'arrêta, Iwaizumi grogna, il sourit. N'ayant plus le choix, il fixa son amant du pire regard qu'il put. Chose qui ne marcha aucunement. Oikawa reprit sa délicieuse torture, pour autant, ils ne se lâchèrent pas du regard, comme il lui avait demandé. Jusqu'à ce qu'il percute ce point, si sensible. Son corps se tendit de lui-même, et il se crispa dans la foulée. Fier de lui, et heureux qu'Iwaizumi ait tenu si longtemps, Oikawa augmenta la cadence, tout en pilonnant cet endroit. Les râles et grognements l'encouragèrent et le conduisirent au bord du précipice. Décidé à ce qu'Iwaizumi vienne avant lui, il pompa son membre en cadence, il ne fallut pas plus d'une dizaine d'allé-retours pour que l'orgasme le fauche et autant pour qu'Oikawa le suive.
Après un souffle, Oikawa se laissa retomber contre son amant. Le visage niché dans son cou, une main perdue sur son flan, l'autre en appuie sur le canapé pour retenir partiellement son poids, il sourit bêtement.
Ils restèrent un instant à se câliner dans le canapé avant d'aller prendre une douche. Puis ils se préparèrent à sortir.
Dès qu'ils avaient eu vent du verdict, Oikawa avait envoyé un sms à Sugawara, tandis qu'Iwaizumi en envoyait un à Kuroo et Bokuto. Les trois hommes semblaient s'être mis d'accord pour organiser une fête de dernière minute dans le bar d'Hanamaki et Matsukawa, prétextant la réintégration d'Iwaizumi à l'incendie pour convier les quelques personnes du tour qui n'étaient pas au courant de l'affaire.
Quand ils arrivèrent au bar, le tour entier était déjà présent. Main dans la main, Iwaizumi et Oikawa s'avancèrent jusqu'à la table de leurs amis et les saluèrent.
— L'invité d'honneur, enfin ! salua Kuroo en levant son verre : « J'ai déjà commandé pour vous. »
— Trop aimable, ironisa Iwaizumi en s'asseyant.
Ils prirent place sur les deux tabourets qui restaient. À sa gauche, Tsukishima, Kuroo, Bokuto et Akaashi, face à lui Sugawara, Sawamura et plus à droite Tanaka, Nishinoya, Yaku et Yamaguchi.
— Alors, tu reviens à l'incendie, c'est vraiment officiel, lança Tanaka.
— Ouais, ce bordel est enfin terminé.
Matsukawa s'approcha d'eux et déposa leurs verres. Il en profita pour saluer les nouveaux arrivants et ébouriffa les cheveux d'Iwaizumi. Il râla pour la forme tandis que son ami s'éloignait tout en reprenant une commande pour Kuroo. Oikawa porta son attention sur Sawamura :
— Alors, ce bébé ? Vous savez si c'est un garçon ou une fille, ou la dernière échographie a encore échoué ? taquina-t-il.
— Le bébé était plus coopératif ! À première vue, ce serait une petite fille, mais c'est encore tôt pour être certain que ce soit ça, le médecin nous le confirmera ou non la prochaine fois, Sawamura haussa les épaules et bu un coup « En tout cas, si c'est une fille, moi je suis ravi, Yui préfèrerait un petit mec... Elle sait pas ce que ça fait d'en côtoyer autant aussi souvent. »
— Dis que t'es malheureux avec nous, s'amusa Kuroo.
— Je ne suis pas malheureux, on manque juste de femmes, surtout à la caserne.
— Certains les effraieraient... lança Yaku avec un regard en direction de Tanaka et Nishinoya.
— Pourquoi j'me sens visé ? pesta Tanaka.
Yaku leva les yeux en l'air et fit mine de ne rien entendre.
— En vrai, ça serait pas mal, j'aimerais bien rencontrer quelqu'un et ça faciliterait les choses, ajouta-t-il en croisant les bras : « J'suis pas juste un gros lourdeau ! »
La tablée le regarda, mi-amusé mi-sceptique. Tanaka fut outré, Sugawara vola à sa rescousse.
— On a quinze pour-cent de chances de rencontrer son conjoint sur son lieu de travail, donc ça pourrait aider pas mal, effectivement.
Bokuto tritura les doigts d'Akaashi sous la table et commença à se balancer à la remarque. Akaashi eut un léger sourire. Il avait fait promettre à Bokuto de se tenir à la caserne, mais rien n'empêchait que leurs proches soient au courant. D'autant qu'ils avaient tous l'annonce du couple formé par Oikawa et Iwaizumi.
— À ce propos, je ne peux que confirmer que ça facilite les choses, affirma Akaashi, il leva leurs deux mains liées et continua : « Je suppose que vous vous en doutiez, mais nous sommes ensembles. »
Tous les regards se tournèrent vers Akaashi. Y comprit celui de Bokuto, qui après être resté bête un instant lâcha sa main et le prit dans ses bras, fou de joie.
— Keiji ! Fallait me dire que tu comptais en parler ! marmonna-t-il en frottant son nez dans son cou.
Akaashi rougit légèrement et le repoussa.
— Je ne pensais pas le faire... Mais comme la situation s'y prêtait…
— Tu me dois vingt euros, sourit Sugawara à Sawamura.
— J'suis sûr que t'as triché, ou qu'tu savais quelque chose, maugréa-t-il.
— T'es juste mauvais perdant.
Akaashi les observa l'air ennuyé. Dire qu'ils avaient parié sur ça. Il n'y eut que Tanaka et Nishinoya qui furent surpris, et encore, moins que ce qu'il avait imaginé. Bokuto encore accroché à son cou, il jeta un coup d'oeil circulaire et tomba dans le regard de Kuroo. Il détourna le regard presque immédiatement, mais Akaashi nota l'air contrarié, si ce n'est triste de ses yeux. Il tourna la tête vers Tsukishima, qui fixait son conjoint sans vraiment le voir. Perdu dans sa réflexion, le bruit en arrière-fond s'estompa. Cela faisait trois ans qu'ils étaient ensemble, et Kuroo avait toujours répondu plus ou moins à ses désirs. Du plus incongru jusqu'aux plus égoïstes, comme celui de se cacher. Il avait la preuve qu'ils étaient entourés de personnes tolérantes, il pouvait au moins faire un pas en avant pour son amant.
Tsukishima prit un gorgée de son jus de fruit, le reposa et se racla la gorge. Le regard fixé sur son verre, il prit la parole.
— Quitte à être au jour des révélations, Tetsurou et moi sommes également ensemble.
Il releva les yeux sur l'assemblée, qui s'était figée dans un grand silence. Ceux qui n'était pas au courant le regardèrent avec des yeux ronds, Kuroo y comprit, malgré qu'il soit le principal concerné.
— Je tiens à notifier que je le dis seulement parce que vous avez bien pris la chose pour les deux autres couples, ajouta Tsukishima : « Mais que le monde n'est pas aussi... sympathique, alors si ça se sait en dehors de notre tour de garde ou que ça nous cause des problèmes suite à ça, je vous dissèque tous. »
Il reprit tranquillement une gorgée de son jus de fruit, mais n'eut pas le temps de le reposer que Kuroo le lui arrachait des mains et attrapait son visage. Il écrasa ses lèvres contre les siennes, glissa ses doigts derrière sa nuque et approfondit le baiser malgré les réticences de Tsukishima. Il fut contraint d'arrêter lorsqu'il lui pinça les côtes.
— Ça te donne pas tous les droits, râla Tsukishima.
— J'suis heureux, j'peux l'montrer ! s'écria Kuroo.
Tsukishima tourna la tête vers la tablée, puis de l'autre côté quand il vit la stupeur encore présente sur leurs visages. Kuroo continua de maugréer, les mains encore sur son cou.
— Ça… Ça fait longtemps que t'attendais ça, apparemment, lâcha finalement Sawamura.
Kuroo se tourna vers eux. D'abord ennuyé, il laissa son agacement éclater :
— Trois ans ! Ça fait trois ans qu'on est ensemble, t'imagines même pas combien c'est dur de se planquer autant d'temps !
Tsukishima repoussa ses mains, se redressa et lança un regard noir à son amant avant de soupirer.
— Dans cinq quand, quand tout sera terminé, tu pourras faire ce que tu veux, mais pour l'instant, et ça vaut pour la caserne, je préfère continuer comme c'était jusqu'à présent.
Kuroo bascula la tête en arrière et poussa un râle informe.
— Bordel qu'est-ce que j'ferais pas pour toi, hein ?
— Être calme, répondit-il pour la forme avant de retourner son attention vers Iwaizumi : « Mais bon, on est pas là pour ça je crois. »
— Stop, stop, stop, on arrête tout ! s'exclama Nishinoya.
— Complètement ! ajouta Tanaka.
— Trois ans ? répéta Sugawara, trop surpris pour intégrer autre chose.
Sawamura resta silencieux, ingérant l'information du mieux qu'il pouvait.
— Comment on a pu être aveugle à ce point ? continua Sugawara, presque effaré.
Yaku resta muet, bien qu'il se doutait clairement de la chose, avoir la confirmation l'étonna, puis le fit sourire.
— Mais j'croyais que t'étais hétéro ! s'écria Tanaka à l'attention de Kuroo : « T'es un tombeur ! À chaque fois les filles te courent après, c'est de la triche ! Alors qu'en fait, t'es gay ! » comme une illumination, il surenchérit : « Les deux tombeurs de la caserne sont gays. »
Oikawa tâcha de rester neutre mais la réaction de Tanaka le fit rire. Il posa rapidement sa main sur sa bouche pour taire son amusement. Iwaizumi lui jeta un regard agacé. Il connaissait complètement la réputation de son amant, mais lui rappeler qu'il avait eu un passé aussi, rempli, ne lui plaisait guère.
— Déjà, j'suis pas gay mais bi, La Diva aussi d'ailleurs, et j'vois pas ce que ça t'apporte qu'on soit gay ?
— Ça m'apporte que vous êtes en couple, et que les filles vont arrêter de vous courir après si ça se sait, donc j'ai plus de chances !
— Sauf que dans mon cas, ça se saura pas, rétorqua Kuroo : « Navré, elles vont continuer de me courser. Bon, au moins, tu pourras récupérer celles de la Diva, lui, il va s'affirmer. »
Toujours hilare, Oikawa ignora le surnom ridicule. Iwaizumi pressa sa cuisse un peu plus fort, il glapit.
— Tu préfères que je ne dise rien et qu'elles continuent de me courir après ? lança-t-il à son amant pour se venger de la douleur.
— Tu veux que j'sois méchant et vulgaire maintenant ?
— Est-ce que ça changerait de d'habitude ? railla Oikawa.
Iwaizumi attrapa ses joues entre ses doigts, approcha son visage du sien et murmura d'une voix rauque :
— Ça t'a jamais gêné aux dernières nouvelles, t'as même l'air d'aimer ça. Surtout quand j'te...
Oikawa le fit taire en l'embrassant. Pris à son propre piège, les oreilles d'Iwaizumi rougirent légèrement et il reporta son attention sur la table. Oikawa fit de même, un sourire moqueur collé aux lèvres.
Sugawara se morfondait d'être passé à côté du couple de Kuroo et Tsukishima, Bokuto collait Akaashi, Tanaka, Nishinoya râlait après Kuroo, Yaku s'amusait de leur réaction et Yamaguchi tentait de calmer les deux énergumènes.
Oikawa sourit à la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il adorait ses hommes, et il ferait tout ce qu'il pourrait pour les protéger.
