Akaashi soupira d'aise en tombant dans le lit. La fête pour le soi-disant retour d'Iwaizumi avait été amusante. Il avait beau sortir de la douche, il se sentait encore frais. Les quelques verres qu'il avait bu devaient y être pour quelque chose, songea-t-il en souriant. Bokuto entra dans la chambre. Une serviette autour du cou, il termina de se frotter les cheveux.

— Tu t'mets pas sous la couette ?

Torse nu, vêtu d'un simple caleçon, Bokuto était beau comme un dieu. Akaashi le reluqua d'un regard gourmand, il se figea.

— Keiji ?

— Oui ?

— Ca va ?

— Parfaitement, sourit-il : « Tu ne viens pas te coucher ? »

— Si, j'arrive.

Bokuto termina de se sécher les cheveux et posa la serviette sur une chaise. Il ouvrit la couette, se glissa dessous et tendit les bras à son amant pour qu'il vienne s'y lover. Akaashi le rejoignit à quatre pattes, s'assit à califourchon sur lui et parcourut son torse de ses doigts. Il retraça les tâches de vitiligo, appuya sur chaque ligne d'abdos puis posa sa main à plat contre l'un de ses pectoraux. Relevant les yeux, il fut étrangement satisfait de l'expression de Bokuto. Oscillant entre embarras et désir, il ne savait que faire de ses mains et les avait simplement posées contre ses cuisses.

Soudainement intimidé malgré son audace, Akaashi se pinça les lèvres et posa ses paumes sur les yeux de Bokuto.

— Ne regarde pas.

— Pourquoi ? T'es beau, sexy et vraiment excitant, murmura Bokuto, la voix pleine d'envie.

— Je… Je voulais prendre les devants pour une fois, mais je me sens gêné et… Très maladroit.

Les mains de Bokuto caressèrent lentement ses cuisses dans un mouvement lascif. Les joues un peu plus rouges, il sourit timidement à son tour :

— J'ai rarement été en dessous. En fait, je l'ai jamais été.

Les mains d'Akaashi s'écartèrent, il l'observa avec des yeux ronds de stupeur.

— Vraiment ?

— Vraiment. Mais ça me gêne pas de l'être. Enfin, si tu veux. T'as l'air de vouloir, souffla-t-il alors que le rouge de ses joues s'intensifiait.

— Pourquoi ? sous le regard interrogatif de Bokuto il ajouta : « Pourquoi tu n'as jamais été en-dessous ? »

Bokuto détourna la tête.

— J'ai pas couché avec toutes les personnes avec qui je suis sorti, déjà. Aucune femme n'a prit d'initiative pour ça et pour les deux hommes… Non plus. J'ai l'habitude de donner, pas de recevoir, lâcha-t-il finalement dans un souffle.

Akaashi se pencha en avant et l'embrassa délicatement. Il avait envie de prouver à Bokuto qu'il méritait bien plus que ce qu'il pensait. Bien qu'il ne sache pas du tout comment s'y prendre.

Le peu d'alcool qui lui restait dans le sang lui donna le courage qu'il lui manquait. Il détacha ses lèvres et retraça sa mâchoire jusqu'à son lobe. Il le mordilla une seconde, puis s'attaqua à son cou tandis que ses mains dessinaient des arabesques. Il descendit petit à petit, traçant des sillons de caresses et de baisers. Il défit le sous-vêtement de Bokuto sous ses yeux brillants et serra les lèvres. Il adorait être regardé par Bokuto dans leur vie courante, mais là, ça le gênait plus que ça ne l'excitait. D'autant qu'il avait l'impression que Bokuto se concentrait sur lui et non sur les sensations. Décidé, il se leva du lit, ordonna à son amant de ne pas bouger et revint avec un foulard.

— Est-ce que tu me fais confiance ?

Un peu perdu, Bokuto le regarda lui, puis le foulard, puis lui à nouveau.

— Euh, ouais…?

— Ferme les yeux et lève la tête légèrement.

Akaashi posa le tissu sur ses yeux, entoura son crâne et fit un nœud qui ne le gênerait pas. Il vérifia que Bokuto ne voyait rien, puis l'embrassa sur le front. Voir Bokuto sous lui, aussi gêné et obéissant lui donna étrangement chaud. Il déglutit et ordonna :

— Je veux que tu te concentres sur ce que tu ressens. Dis-moi tout si tu veux, mais je t'interdis d'enlever le foulard tant que je ne l'ai pas autorisé.

Bokuto souffla un « OK » à peine audible, Akaashi sourit et retourna à sa tâche : celle de découvrir le corps de son amant. De toutes les manières possibles. Il le parcourut à l'aide de sa bouche, ses doigts et sa langue, et descendit jusqu'à son aine. Le souffle de Bokuto se faisait de plus en plus lourd, ce qui le fit sourire. Il lui avait pourtant déjà fait des fellations, mais un bandeau sur les yeux devait vraiment décupler ses sens. Akaashi écarta largement ses cuisses, glissa une main à la base de son membre et le prit en bouche. Un soupir de bien-être passa les lèvres de Bokuto. À l'entente, Akaashi sourit et s'activa un peu plus à la tâche. En quelques mois, il avait appris ce qu'aimait Bokuto. Il plaça une main sous ses globes de chair et les malmena légèrement, avant d'appuyer son pouce juste en-dessous. Il y eut un raté dans sa respiration et un gémissement.

— C'est bon, soupira Bokuto : « J'vais… Si tu continues… »

Akaashi remonta le long de son membre, taquina son gland à l'aide de sa langue et le lâcha malgré une demande implicite. Tout en le délaissant, il agrippa ses cuisses et posa sa bouche sur l'intérieur de cette dernière. Il s'amusa avec cette peau si sensible, Bokuto glapit, ce qui ne l'empêcha pas de continuer. Il finit par lui faire un suçon malgré lui, voir une marque sur sa peau décolorée le satisfaisait. Il griffa sa cuisse plus fort qu'il ne l'aurait voulu, un gémissement le fit relever les yeux. Bokuto se mordit la lèvre.

Maintenant qu'il y songeait, quand ils faisaient l'amour, Akaashi avait souvent maltraité son dos ou ses épaules et son amant ne s'en était jamais plaint. Il s'assit à califourchon sur lui, le sexe de Bokuto se cala entre ses fesses. Il égratigna ses hanches et fit subir le même traitement à ses pectoraux. Bokuto se mordit la joue et se tortilla. Il tira sur ses tétons, Bokuto se crispa et sa respiration eut des ratés. Ses mains accrochèrent les cuisses d'Akaashi.

— Kōtarō.

Il déglutit à l'entente de son prénom.

— Oui ? sa voix lui parut étonnamment aiguë.

— Tu ne dis rien depuis tout à l'heure.

Bokuto resta silencieux, complètement gêné.

— Au vu de ta… forme, je suppose que ça te plaît mais que tu n'oses pas le dire, n'est-ce pas ?

Bokuto gémit et leva ses bras pour poser ses mains sur son visage. Akaashi arrêta son geste à mi-parcours.

— Je ne t'ai pas dit que tu pouvais le retirer.

L'affirmation claqua dans la chambre. Bokuto ne bougea plus.

— Mais je t'ai posé une question. J'attends une réponse.

Il se pencha, fit glisser ses doigts le long des bras de Bokuto et l'obligea à poser ses mains au-dessus de sa tête. Il parcourut sa mâchoire de sa bouche, s'arrêta à la lisière entre son cou et son épaule. Il la mordit plus fort qu'à l'accoutumé, Bokuto jeta sa tête sur le côté en gémissant.

— Ok… J'aime ça, souffla Bokuto.

Akaashi s'arrêta et frotta légèrement ses fesses contre son membre.

— Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

— Parce que j'savais pas que c'était à ce point là, gémit Bokuto : « Ça parait chelou. »

Akaashi pinça ses lèvres.

— Ça parait bizarre que j'aime te faire ça et te voir comme ça, alors, donc je ne devrais pas le dire ?

Bokuto leva les mains pour enlever le foulard, Akaashi l'arrêta une nouvelle fois.

— Je ne t'ai pas dis que tu pouvais l'enlever, gronda Akaashi.

Bokuto se laissa faire docilement et plaqua ses mains contre les jambes d'Akaashi.

— C'est de la triche, geignit-il.

— Je ne vois pas en quoi.

— Bah je vois pas tout court justement, se plaint-il, j'suis sûr que t'es aussi rouge que moi, et j'peux pas te voir… Mais…

Il ferma sa bouche et tourna la tête sur le côté.

Akaashi fronça les sourcils. Bokuto qui était affreusement sans gêne dans la vie de tous les jours devenait finalement muet et indéchiffrable. Ça ne lui plaisait guère. Il griffa légèrement ses cotes comme petite vengeance, Bokuto bascula sa tête en arrière dans un petit cri.

— Mais ? reprit Akaashi, un sourire satisfait.

— Mais d'un côté, j'voudrais te voir sans te voir, j'ai trop honte et de l'autre j'veux que tu continues, capitula-t-il dans un souffle, si rapidement qu'Akaashi eut peur de ne pas avoir compris.

Il resta bête quelques secondes. Donc c'est bien ce qu'il pensait, Bokuto appréciait qu'on le maltraite. Du moins, sexuellement. Akaashi eut chaud. Très chaud soudainement. Il se félicita d'avoir obligé Bokuto à garder son foulard sur les yeux et remercia aussi son éducation pour lui permettre d'enchaîner d'une voix maîtrisée :

— Tu as honte d'aimer que je te griffe et te fasse mal ?

— Y'a de quoi, non ? grimaça-t-il.

— Non.

Bokuto ouvrit la bouche, puis la referma. Il leva à nouveau les bras mais s'arrêta de lui-même.

— J'peux l'enlever ou pas ?

— Toujours pas.

Il râla et se tortilla, mais obéit. Son érection frotta contre les fesses d'Akaashi, ce qui le tortura un peu plus.

Akaashi se pencha, attrapa le lubrifiant et le posa près de lui. Sa propre envie commençait à être douloureuse.

— Pourquoi j'peux pas l'enlever… pleurnicha-t-il alors qu'Akaashi se décalait une nouvelle fois entre ses jambes.

Il nota que Bokuto avait beau râler, il obéissait étonnamment bien. Décidé à le pousser un peu plus loin. Si Bokuto ne lui disait pas de lui-même, il le forcerait à avouer la chose.

— Parce que je ne veux pas que tu l'enlèves, donc tu ne l'enlèveras pas.

Bokuto gigota une nouvelle fois. Tout en étalant du lubrifiant sur ses doigts, Akaashi regretta un instant de ne pas lui avoir attaché les mains. Il se figea, puis repoussa cette idée. C'était la première fois de Bokuto, y comprit la sienne dans ce sens là, il n'allait pas pousser. Surtout que son amant ne semblait pas se remettre du fait qu'il appréciait un peu de douleur.

Il malmena une cuisse tandis qu'il tournait lentement autour de son anus.

— Keiji… geignit-il.

— Hmm ?

— Plus. Vas-y, j'ai envie de plus.

Il inséra un doigt, les yeux rivés sur le visage à moitié caché de Bokuto. Ce dernier gémit, posa une main sur sa bouche, puis l'enleva presque immédiatement.

— Plus. C'est bon… Plus, Keiji…

Obéissant et certain que Bokuto ne lui mentirait pas, il inséra le second et commença un mouvement de ciseau alors que sa bouche prenait soin de son membre.

— Maint'nant, souffla Bokuto.

Akaashi s'arrêta et fronça les sourcils. Il avait comprit que Bokuto aimait la douleur en même temps que le plaisir, mais il n'avait pas envie de le blesser non plus.

Il se redressa, lui retira son bandeau et le regretta presque. Alangui, l'expression de Bokuto hurlait à la luxure et au plaisir. Le regard d'Akaashi s'assombrit soudainement. Il n'eut pas le temps de lui faire la remarque qu'il s'enfonçait en lui. Bokuto eut un petit cri. Il ferma les yeux sous l'assaut et se tendit alors qu'Akaashi griffait sa hanche et sa cuisse. Bokuto mut ses reins en premier, et entrouvrit les yeux dans la foulée.

Il accrocha le regard d'Akaashi alors que ce dernier entamait leur danse. Akaashi grogna, leva une jambe à Bokuto et le força à se mettre légèrement sur le côté. Il s'enfonça de nouveau et un sourire naquit quand Bokuto cria une nouvelle fois.

Ce dernier déglutit difficilement sous les coups de buttoir et avala l'air comme il put. Il comprenait mieux pourquoi Akaashi semblait se perdre quand ils faisaient l'amour. C'était comme s'il recevait des décharges de plaisir à chaque poussée.

Une main se saisit de son membre, il hoqueta. La main droite descendit sur sa fesse et l'égratigna, ce fut la goutte de trop. Trop d'information, de plaisir en même temps, ajouté à ça le visage d'Akaashi magnifique dans le sexe, c'en fut trop. Bokuto bascula dans l'extase et se tendit à l'extrême.

Ce fut quand Akaashi se laissa tomber sur lui qu'il reprit pied. Haletant, il fut le premier à prendre la parole.

— Je crois que tu n'es pas le seul à avoir découvert quelque chose ce soir, souffla-t-il.

Encore un peu sonné, Bokuto rit pour cacher sa gêne :

— Tu veux dire, autre chose que j'aime quand tu me griffes et être dominé ?

Akaashi se redressa et lui sourit lascivement. N'ayant plus de filtre entre ses pensées et sa bouche, il s'entendit dire :

— Je crois que j'ai vraiment très envie de te dominer, les yeux gris foncèrent de désir : « et très envie de t'attacher. »

Bokuto se figea, puis son visage entier le brûla. Le sourire en coin d'Akaashi s'agrandit puis disparut et il baissa la tête. Etonné, il releva les yeux vers son amant. Bokuto se cacha immédiatement le visage.

— Kōtarō, tu…

La tête cachée entre ses mains, il le coupa et baragouina comme il put :

— L'idée m'excite beaucoup trop.

Akaashi resta interdit, puis éclata de rire. Bokuto refit surface et grimaça :

— Te moque pas de moi.

— Je ne me moque pas. Je ris parce que je suis heureux, j'ai cru t'avoir effrayé, il passa sa main dans ses cheveux et l'embrassa tendrement : « Ravi que ça ne soit pas le cas. »

Bokuto l'attrapa et le serra dans ses bras. Se moquant de salir les draps, il bascula Akaashi sous lui et nicha son nez dans son cou.

Des doigts se perdirent dans ses mèches bicolores, et Akaashi murmura :

— Je… Tu as aimé, alors ?

Bokuto se redressa légèrement :

— Bien sûr que j'ai aimé. T'as été super.

— J'espère surtout que je ne t'ai pas griffé trop fort, chuchota Akaashi, légèrement honteux maintenant que l'alcool et l'excitation retombaient.

Bokuto haussa les épaules et se posa à nouveau contre lui.

— Pas grave, j'guéris vite.

Rassuré par ses propos, Akaashi ferma les yeux. Il inspira longuement l'odeur de Bokuto.

— Keiji ?

— Hm ?

Il sentit le sourire de Bokuto plus qu'il ne le vit.

— Bonne nuit.

Somnolant déjà, il répondit un vague « à toi aussi ». La chaleur de ses bras eurent rapidement raison de lui, et il s'endormit, bienheureux.