Le deuxième jour de leur séjour, les nains avaient abandonné toute retenue. Elle avait appris par Wilwarin en rendant visite à Nahald qu'ils s'étaient baigné dans l'une des fontaines du domaine. Entièrement nu et aux yeux de tous. Ils avaient ensuite démonter les meubles afin d'utiliser le bois pour en faire un feu de camp afin de faire rôtir de la viande qu'ils avaient trouvé Aulë sait ou.
Elle fut heureuse de s'être tenu loin d'eux pendant ce temps-là. Fili était resté avec elle presque tout le temps, après leur discussion, il lui semblait impossible de s'éloigner d'elle. Il avait décidé de profiter de cette pause bienvenue pour passer du temps avec celle qui détenait son cœur. Trop vite, ils retourneraient à leur voyage et il n'y aurait plus de place pour ces moments ensemble.
— Une réunion se tient, annonça Eawyn en revenant des cuisines. Rassemblons nos affaires, il nous faudra certainement partir discrètement.
Fili soupira. Ça ne pouvait pas durer pour toujours. Eawyn enfila une tenue de voyage et rangea l'autre dans un sac. Ils filèrent ensuite rejoindre les autres, Thorin avait déjà l'air de savoir ce qui se tramait.
— On est tous là, nous pouvons partir.
L'aube serait là dans moins de deux heures, ils devaient mettre le plus de kilomètres entre eux et Fondcombe. Eawyn posa son regard une dernière fois sur la cité des elfes. Elle reviendrait. Elle n'avait pas pu dire au revoir à Nahald, son cœur se serra. Au moins, était-il en sécurité.
Un pas après l'autre, ils commencèrent à suivre le chemin escarpé qui les emmenait dans les montagnes.
— Soyez sur vos gardes, nous allons entrer dans les terres sauvages, prévint Thorin. Nalin, tu connais ces sentiers, guide nous.
Bilbon se stoppa un instant pour regarder la cité des elfes. Il était si attristé de ce départ.
— Quand tout sera terminé, je vous raccompagnerai ici, lui promit-elle.
Elle voudrait certainement rester à Erebor auprès de Fili, mais elle reviendrait chercher Nahald sans aucun doute.
— Merci, dame Eawyn.
— Monsieur Sacquet, Je vous conseille de ne pas traîner. Ça vaut aussi pour vous.
Eawyn se contenta d'acquiescer, décidant de ne pas agacer le Roi pour le moment. De sûr qu'après ce séjour chez les elfes, il serait d'une humeur massacrante pendant des jours. Ils reprirent leur marche silencieuse et périlleuse.
Ils progressaient lentement sans leurs montures. Il était regrettable de ne pas avoir eu la possibilité d'emprunter quelques chevaux à Elrond, mais aller aux écuries les aurait fait repérer en un rien de temps. Les semaines à venir promettaient d'être éreintantes. Eawyn soupira en constatant l'immense plaine qui s'étendait à perte de vue devant eux. Aucun de leur pas ne semblait les rapprocher de sa fin, comme s'ils faisaient du sur place.
Balin les guidait les faisant prendre tel chemin plutôt que tel chemin, il semblait sûr de lui, à ses yeux devaient-ils réellement progresser. Aucun nain ne parlait ni ne chantait, fini la bonne humeur des premiers jours.
Eawyn épongea son front, la chaleur de l'été et cette marche rapide et forcée finiraient par avoir raison de son endurance. Elle pouvait chevaucher pendant des jours, mais trottiner plusieurs heures de suite, les yeux rivés sur cette maudite montagne qui jamais ne se rapprochait, n'était pas dans ses habitudes.
Pas après pas, plaine après plaine, montagne après montagne.
— Profitez de cette cascade pour faire le plein d'eau, suggéra Balin. Nous allons escalader ce pic et progresser un moment sur sa hauteur.
Eawyn remplit les deux outres que contenait son sac. Elle profita de cette brève halte pour s'offrir un brin de toilette et se rafraîchir. Elle offrit un sourire rassurant à Fili alors qu'il la regardait avec inquiétude. Lui, comme son frère avait l'habitude de ces longues marches, ça lui paraissait tout ce qu'il y avait de plus normal, mais il voyait la fatigue marquer le visage de son amante.
— Je vais demander à Thorin de ralentir la cadence.
— Ne fait pas cela, s'y opposa-t-elle. Tu sais très bien qu'il nous laissera derrière à la moindre occasion. Bilbon et moi, nous sommes capables de continuer. Ne lui donne pas de raisons.
— Très bien… Repose-toi et mange, je ne suis pas sûr que l'on pourra s'arrêter là-haut.
Elle serra brièvement sa main, enlaçant leurs doigts et lui sourit de nouveau.
La récompense de cette terrible montée fut une vue à couper le souffle. Eawyn avait voyagé à bien des endroits, mais il lui arrivait d'oublier à quel point son monde était beau. Ils longèrent longuement la crête, lui permettant de se perdre dans la contemplation du paysage.
— Bien, nous sommes arrivés ici rapidement, mais le plus dur reste à venir.
Toute l'attention se tourna vers Balin. Comment cela plus difficile encore ?
— La seule façon de conserver notre avance est de passer par ce gouffre, soupira-t-il. Nous n'avons pas le luxe de pouvoir faire un détour. Il va falloir faire très attention ou vous poserez les pieds, la moindre erreur et c'est la mort assurée.
— Nous avons de la corde, nous pourrions nous attacher pour nous sécuriser, proposa Kili.
— Si l'un tombe, il ne faut pas qu'il emporte les autres…
— Ça sera chacun pour soi, confirma Thorin.
Ces paroles jetèrent un froid sur le groupe. Si tous comprenaient le bien fondé de cela, ça n'en restait pas moins difficile à entendre.
La nuit fut compliquée, l'orage, la pluie, le tonnerre qui résonnait dans la vallée… Il faisait tellement sombre qu'il était presque impossible de savoir s'il faisait jour ou nuit. Balin les avait prévenus qu'une fois engagé sur ce nouveau chemin, ils ne s'arrêteraient pas avant d'en avoir atteint la fin.
Eawyn fixait le dos de Fili, elle refusait de regarder ses pieds et le vide qui s'y étendait. Elle était trempée, frigorifiée, ils marchaient sur ce sentier depuis des heures et à chaque minute le mauvais temps empirait. Thorin leur ouvrait la voie et chacun avançait mécaniquement. Elle se maudit d'avoir accepté cette quête suicidaire plusieurs fois dans la journée, mais il était désormais impossible de faire demi-tour.
Elle se murmura des prières du Rohan pour se donner la force de continuer et supplia qu'ils s'en sortent vivant.
La pluie s'intensifia encore, la foudre tombait autour d'eux, le tonnerre grondant les empêchait d'entendre les ordres de Thorin, ils ne pouvaient que le suivre en espérant qu'il trouve une solution pour tous les sortir ici. Un vent de panique ébranla le groupe quand Bilbon faillit tomber dans le précipice, il fut prestement rattrapé par Dwalin du bout de sa veste.
— Il faut qu'on trouve un abri, hurla Thorin face au vent.
Incapable de l'entendre les nains se contentèrent de le suivre.
— Attention, cria Dwalin soudainement.
Eawyn sursauta quand Fili la tira vers lui et la plaqua contre la parois rocheuse faisant rempart de son corps. Elle écarquilla les yeux en voyant l'immense rocher s'écraser au-dessus d'eux et provoquer un éboulement. Il ne manquait plus que cela.
— Ce n'est pas un orage, c'est un duel de rage, s'égosilla Balin. Regardez !
Eawyn braqua ses pupilles vers l'endroit désigné par Balin, elle sentit son souffle se couper en voyant la roche se mouvoir en une silhouette géante.
— Mince alors, les légendes disaient vrai, s'exclama Bofur. Des géants de pierre !
Tout le monde connaissait ces légendes, voilà des centaines d'années qu'on les entendait au quatre coins de la Terre du Milieu. Cependant, personne n'était jamais revenu vivant pour les confirmer.
Le géant prit un nouveau rocher et arma son bras. La roche passa au-dessus de leur tête pour s'écraser dans celle d'un autre géant qui se tenait derrière eux. Ils étaient piégés entre deux ennemis. Soudain la roche sur laquelle ils se tenaient tous se mit en mouvement, se fissurant et divisant le groupe en deux. Eawyn ne put retenir un hurlement terrifié quand elle fut emportée rapidement loin du reste du groupe alors que Kili hurlait le nom de son frère.
Elle n'avait jamais connu aussi grande peur, la fière guerrière du Rohan était tétanisée. Elle ne voulait pas mourir, pas ici. Figée, elle observa les géants de pierres se lever un à un et entrer dans le combat. Leur géant ne semblait pas être celui qui allait gagner cet affrontement, à tout moment il s'écroulerait et les écraserait. Ils n'avaient pas d'issus coincé sur la jambe en mouvement d'un géant. L'inévitable se produisit, le géant s'écroula. Eawyn vit sa vie défiler alors que son corps approchait à toute vitesse de la parois rocheuse. Elle ne s'était pas imaginé mourir ainsi. Fili saisit sa main et la serra aussi fort que possible.
Elle ferma les yeux.
Ce fut les hurlements de Thorin qui la décidèrent à les rouvrir. Elle serrait toujours la main de Fili et ils étaient vivants. Tous.
— Où est Bilbon ? Où est le Hobbit ?
Eawyn reprit brusquement contact avec la réalité, elle se redressa, chercha vivement le Hobbit. Elle pâlit en constant qu'il essayait de se retenir de tomber dans le vide.
— Bilbon, l'appela-t-elle en se précipitant vers lui.
Elle se saisit de sa main et tenta de le remonter, mais elle était sans force. Elle sentit la main du Hobbit glisser de la sienne, un hurlement franchit ses lèvres alors que le pauvre Hobbit de rattrapait inextremis un mètre plus bas. Bofur et Ori se penchèrent dans le vide et tentèrent d'attraper sa main. Aucun n'arrivait à remonter le Hobbit.
Eawyn eut un hoquet de stupeur en voyant Thorin sauter aux côtés du Hobbit pour l'aider à remonter. Elle vit le nain sous un nouveau jour et il remonta grandement dans son estime. Il avait abandonné sa propre directive pour sauver l'un de ces compagnons qu'il estimait le moins.
Réactif, Dwalin sauva son roi en saisissant sa main et le remonta prestement.
— J'ai cru qu'on avait perdu notre cambrioleur.
— Il est perdu depuis qu'il est sorti de chez lui, déclara Thorin, impitoyable. Il n'aurait jamais dû venir. Il n'a pas sa place parmi nous.
Toujours prompt à défendre le Hobbit, Eawyn se retint pourtant de tout commentaire. Sur ce coup là, Thorin disait vrai. Bilbon n'était pas comme eux.
Quelques mètres plus loin, ils trouvèrent une grotte ou s'abriter. Ce n'était jamais une bonne idée de s'arrêter dans ces grottes, elles étaient souvent habitées par des êtres qu'on avait pas la moindre envie de croiser, mais aucun n'émit la moindre protestation encore ébranlé par les récents évènements.
— On va pouvoir faire un bon feu, se réjouit Gloin.
— Pas de feu. Tâchez de dormir, nous partons à l'aube. Bofur, premier tour de garde.
La fatigue les rattrapa rapidement. Bien que pas rassurée par les lieux, Eawyn s'endormit. Ce fut le cri de Bofur et la sensation de tomber dans le vide qui la tirèrent de son sommeil.
Hello, hello !
On a déjà passé la moitié de cette histoire. Ca va tellement vite. Alors qu'en pensez-vous ? Votre avis sur Eawyn ? Sa relation avec Fili ? Les changements qu'elle apporte ? N'hésitez pas à me laisser un petit signe de votre passage :)
