6. L'épreuve.
Katsuki vit Deku trébucher et se faire rattraper par une fille rate et soupira. Ça commençait bien. Déjà qu'il était assez visible qu'il n'avait aucun attribut et voilà qu'à cause du stress il se faisait remarquer. Le blond entendit certains des candidats rire, il fit comme de rien, à ce stade, il ne pouvait plus aider ce crétin de nerd, il monta les marches et entra dans le bâtiment.
Lorsque l'amphithéâtre fut rempli d'élèves des rêves plein la tête, un homme à la queue de singe entra sur scène et fit son speech. L'épreuve se passerait dans une fausse ville construite pour l'occasion. On y délivrerait des robots et les candidats devraient en éliminer le plus possible en utilisant – ou non – leur pouvoir et en montrant ce dont ils étaient capables. Selon les robots on ne remportait pas le même nombre de points. Pour Katsuki, ça n'avait aucune importance, il buterait chaque robot qui se trouverait sur son chemin, sans aucune pitié. À côté de lui, il pouvait sentir la nervosité de Deku, l'humain tremblait presque des pieds à la tête et pourtant il était là.
— Je vais te buter si tu te calmes pas, souffla-t-il à l'adresse du nerd.
Ce qui ne fonctionna que moyennement et fit soupirer Katsuki. Si Deku n'arrivait pas à se calmer, il serait inefficace tout à l'heure, pendant le combat.
— Pourquoi t'es venu si c'est pour stresser comme ça ? s'énerva-t-il.
Quelques « chhhhuut » fusèrent, mais Katsuki les ignora. Un garçon avec une crête de coq sur la tête se leva d'un coup pour poser ses questions à l'animateur singe.
— J'aimerais dire deux choses, commença-t-il, tout d'abord le dragon là-bas se permet de faire du bruit pendant votre discours et c'est inadmissible.
Le coq le montrait du doigt ce qui fit rager Katsuki.
— Et la deuxième chose, c'est pourquoi un sans attribut peut-il participer à l'examen d'entrée ?
Cette fois-ci son doigt pointa Deku. Katsuki faillit aboyer des insultes bien placées, mais Deku, tout stressé qu'il était, se défendit tout seul :
— Je ne crois pas avoir lu que c'était interdit.
— Mais c'est un non-sens, insista le coq
— Mais j'ai quand même le droit d'être là !
L'animateur stoppa les deux garçons :
— L'humain a raison, même s'il n'est pas hybride rien n'indique dans le règlement qu'il n'a pas le droit de tenter sa chance. Mais ce sera à ses risques et périls. Es-tu sûr d'être de taille mon garçon ?
Deku tremblait de tous ses membres de stress, seulement, il ne se laissa pas abattre :
— Je serai de taille, assura-t-il, comme s'il n'avait pas les dents qui claquaient.
Katsuki fut fier de lui, d'une certaine façon. Il faillit appuyer sa main sur son crâne pour le féliciter et le soutenir, mais se retint. Il n'était pas sous sa forme de dragon, Deku trouverait ça trop bizarre.
— Bien, très bien, puisque le problème a été réglé, avez-vous d'autres questions ?
Le coq se rassit sans rien ajouter et personne ne moufta.
— Dans ce cas, tenez-vous prêt pour l'épreuve.
Katsuki et Deku ne se battraient pas dans la même arène. Ça inquiétait le dragon de ne pas pouvoir garder un œil sur l'humain, mais ce dernier avait choisi sa route sans écouter les conseils éclairés. Katsuki ne pourrait pas toujours surveiller ses arrières. Il fallait qu'il se concentre sur son propre examen et juste espérer que ça irait pour Deku.
Comme il l'avait prévu, Katsuki éclata la tronche de tous les robots sur son chemin en gueulant « crève » ou « meurs » à chaque fois pour s'encourager. Il la jouait solo, volait les
robots des autres et marquait le plus de points. Sans même se métamorphoser. Juste en utilisant ses capacités d'hybrides. Les autres n'étaient pas de tailles face à lui.
Quand l'examen prit fin, dix minutes plus tard, Katsuki était sûr d'être pris à Yuei. Ni essoufflé ni blessé, il n'eut besoin d'aucun soin. Il avait à peine transpiré.
Alors qu'on les faisait évacuer, qu'on leur proposait un goûter avant de les renvoyer chez eux, Katsuki se rendit compte qu'il ne pensait qu'à une chose : Deku. S'en était-il sorti ou pas ? L'épreuve avait paru facile au dragon, mais pour un humain elle paraissait impossible. Comment Deku allait-il exploser les robots ? À la force de ses petits poings ? Katsuki se demandait s'il avait été blessé et si oui à quel point ? Est-ce qu'on avait dû l'évacuer ou est-ce que Deku avait réussi à trouver un moyen de se débarrasser des robots ?
Il tenta d'interroger les organisateurs sans que personne ne lui réponde. On le pria de rentrer chez lui et frustré, Katsuki partit. Quand il rentra chez lui, sa mère l'interrogea :
— Comment tu t'en es sorti ?
— J'ai géré, répondit Katsuki.
— Évidemment, sourit Mitsuki. Et Izuku ?
— J'en sais rien, on ne s'est pas battu dans la même arène.
— Oh ! Alors je vais appeler Inko pour savoir, ça m'inquiète, j'espère qu'il n'a pas été blessé.
Katsuki fit comme s'il s'en moquait en grommelant « je vais dans ma chambre, ne viens pas me déranger », et après avoir fermé sa porte à clé, enlevé tous ses vêtements, Katsuki se transforma et se dirigea droit vers la maison de Deku, en faisant attention de ne pas être aperçu. Le garçon était allongé sur son lit avec un plâtre au pied. Katsuki frappa à la fenêtre avec une griffe. Deku tourna les yeux vers lui et le dragon put le voir à travers la vitre, l'humain pleurait.
Katsuki en eut mal au cœur. Deku se leva difficilement de son lit, et sautillant sur sa bonne jambe il vint ouvrir la fenêtre. Aussitôt le dragon passa sa grosse tête et Deku l'entoura de ses bras pour se serrer contre l'animal. Katsuki le laissa faire.
— J'ai réussi à détruire un seul robot, c'est foutu, murmura Deku.
Katsuki posa une patte dans son dos pour le soutenir.
— J'ai paniqué dans l'arène, tout le monde détruisait les robots et moi je n'ai rien fait, je regardais sans savoir comment agir. J'ai été un vrai boulet.
Le dragon le garda contre lui.
— Et puis la fille rat s'est retrouvée coincée sous les décombres d'un robot, alors j'ai voulu la sauver. J'ai foncé droit devant sans penser pour détruire le robot derrière elle qui allait l'attaquer alors qu'elle se retrouvai sans défense. C'est comme ça que je me suis cassé la jambe, dit-il. Je suis un tel idiot, comment j'ai pu penser m'en sortir sans pouvoir ?
Katsuki avait de la peine pour l'humain.
— Mais là, il s'est passé un truc bizarre, ajouta soudainement Deku.
Le dragon redressa les oreilles et Deku s'expliqua.
xxx
Izuku tremblait de tout son corps alors qu'il voyait tout le monde détruire les robots. Utilisant leurs pouvoirs, leurs attributs. Un garçon à queue de singe les attrapait avec celle-ci et les envoyait valser plus loin pour les détruire. L'adolescent coq qui était intervenu dans l'amphithéâtre se servait de sa vitesse pour augmenter sa puissance et s'attaquer au robot. La fille rat qui l'avait empêché de tomber, se débrouillait bien également, vive elle paraissait pouvoir voler tellement elle bondissait haut, entraînant les robots avec elle et les relâchant pour qu'il s'éclate sur le sol. Que faisait Izuku à part regarder, trembler et admirer ? Pourquoi était-il là ?
Il lui fallait au moins un robot. Au moins un. Izuku avançait dans l'arène et ne voyait que des gens autour de lui qui détruisaient les robots, ne lui laissant que des miettes. Il allait perdre, en même temps c'était évident depuis le début, il n'était qu'un humain.
Le dernier robot, le plus gros, sortit alors de derrière un mur. Il fit fuir la plupart des hybrides, ils avaient assez de points, pas la peine de se frotter au plus fort. D'autant plus qu'on leur avait expliqué qu'il n'offrait pas beaucoup de points. Izuku allait fuir avec les autres, quand il vit la fille ratte coincée par les décombres d'un robot. Elle n'arrivait pas à se libérer et le corps d'Izuku se figea. Sans réfléchir, il fit demi-tour et courut à toute vitesse en direction de l'énorme robot, prêt à le détruire avec la force de ses propres poings. Il savait que c'était de la folie, qu'il allait sans doute se faire écrabouiller, mais il attrapa au passage le bras d'un robot qui avait été démonté et le lança de toutes ses forces sur le plus gros, pour arrêter sa course et tenter d'aider la fille ratte à se sortir des décombres. Quand elle fut sauvée, Izuku se retrouva nez à nez avec le robot. Il ne sut pas vraiment quoi faire, il allait sans doute se faire écrabouiller, et il serra juste sa main sur son cœur, là où se trouvait bien camouflée dans sa pochette l'écaille de Dragon-chan.
— S'il te plaît, donne-moi ta force, souffla-t-il sans réfléchir.
Et il se prépara à frapper le robot avec son poing, quitte à s'exploser le bras. Alors tout à coup, l'ombre d'un dragon orange vif l'entoura et Izuku se mit à voler sans savoir comment. Il ne réfléchit pas à ce qu'il était en train de se passer, il profita simplement de cet élan pour frapper de toutes ses forces le robot directement en pleine tête. Il s'attendait à souffrir, mais le dragon qui était apparu autour de lui sembla concentrer toutes ses forces sur le poing d'Izuku et ce dernier explosa le robot.
L'atterrissage fut plus difficile, il tomba droit sur l'une des jambes, la cassant. Il s'effondra. Le temps était fini. Izuku n'avait détruit qu'un seul robot et un qui ne donnait guère de points. Il fut tout de même rassuré de voir que la fille ratte allait bien. Il fut secouru de son côté par le coq qui l'avait invectivé dans l'amphithéâtre.
— Tu as donc un attribut caché, fit le coq, je suis désolé pour tout à l'heure, je t'ai mal jugé.
Izuku n'avait pas d'attribut caché, mais c'était comme si l'écaille de Dragon-chan lui avait donné du pouvoir. Néanmoins il se tut. Il ne savait pas comment expliquer ça à cet adolescent qu'il connaissait à peine. La jeune fille ratte s'approcha pour le remercier. Elle avait des cheveux courts bruns et des joues rebondis, elle était mignonne.
— Merci de m'avoir sauvé la vie. Je suis désolé pour ta jambe.
— C'est pas grave, si tu vas bien, fit Izuku gentiment sans même bafouiller.
Les secours arrivèrent vite et Izuku fut conduit à l'hôpital miniature où il fut pris en charge par des médecins. On soigna ses petites plaies, lui mit un plâtre et le renvoya chez lui. Son père vint le chercher en voiture et un silence s'installa dans l'habitacle, jusqu'à ce l'homme dise :
— Je t'avais prévenu Izuku que c'était trop dangereux. Ne sois pas trop déçu, on va te trouver un bon travail.
Izuku n'avait même pas pu expliquer à son père ce qu'il s'était passé, celui-ci avait immédiatement conclu qu'il avait perdu. Et c'était vrai, il avait perdu. Mais pas totalement non plus. Il avait pu sauver la fille rate et détruire un robot avec l'aide de l'écaille de Dragon-chan. Il resta silencieux pourtant, parce que de toute façon c'était inutile. Il n'avait détruit qu'un robot, il n'avait presque pas eu de point, il avait échoué. Et maintenant, il devrait se rendre à l'évidence. Trouver un boulot simple, comme lui conseillait son père. Qu'est-ce qu'il pourrait faire ?
Inko le serra dans ses bras, horrifiée de le voir blessé.
— Tu as fait de ton mieux mon chéri, je suis fière de toi.
Elle caressa tendrement ses cheveux.
— Je ne veux plus que tu te mettes en danger, continua-t-elle.
Izuku ouvrit la bouche pour lui raconter comment ça s'était passé, mais même si sa mère l'adorait de tout son cœur et voulait croire en lui, elle aussi finalement préférerait qu'il fasse un métier simple.
Il lui dit qu'il était fatigué et alla s'allonger dans sa chambre. Quand il entendit les coups à la fenêtre, il était en train de pleurer en silence. Il fut heureux de voir Dragon-chan et de pouvoir le serrer contre lui pour se consoler, ne se tenant que sur une jambe. Il lui expliqua tout.
Quand il le relâcha Dragon-chan se recula et le regarda de ses orbes rouges.
— Tu sais ce qu'il s'est passé ? interrogea Izuku.
L'animal fit signe que non.
— C'est comme si ton écaille m'avait donné un peu de tes pouvoirs, expliqua Izuku, tu savais que ça allait arriver ?
À nouveau Dragon-chan répondit négativement. Izuku retrouva un fin sourire :
— Dans tous les cas merci, tu m'as sans doute sauvé la vie.
Dragon-chan souffla comme soulagé.
— Et puis tu as promis, même si j'échouais, on restera amis, n'est-ce pas ?
L'animal lui montra son assentiment. Izuku se recula doucement essayant de garder l'équilibre avec son pied blessé :
— Maintenant j'ai besoin d'être un peu seul, dit-il.
Dragon-chan voulut rester quand même, mais Izuku insista :
— S'il te plaît, on se reverra sans doute bientôt. Mais pour le moment je veux être seul.
L'animal ne paraissait pas d'accord du tout, mais il finit par se rendre, Izuku était trop têtu parfois. Si Dragon-chan avait pu parler, il lui aurait sans doute promis de revenir vite. Izuku lui fit un petit signe alors que l'animal partait, il referma sa fenêtre et se rallongea sur son lit.
Les larmes se remirent à couler sur ses joues.
xxx
Katsuki était déboussolé. Il atterrit sur le sol de sa chambre et se retransforma en hybride, puis enfila une tenue. Il ne savait pas que donner une de ses écailles à Deku lui conférerait des pouvoirs, sinon il lui en aurait fait un collier complet. Comme ça il aurait gagné, détruit plein de robots et il n'aurait pas pleuré et n'aurait pas eu la jambe cassée.
Mais son écaille enlevée mettait du temps à repousser et quand il était sous forme hybride cela faisait comme une petite plaie sur son corps. Donc ça n'aurait pas été vraiment prudent de lui en donner trop. Sauf que Deku allait mal, alors merde à la prudence. Katsuki était perdu dans ses pensées quand sa mère frappa à la porte, il alla lui ouvrir grognon.
— Je te pensais de meilleure humeur, dit-elle, après tout tu es sûr d'être reçu non ?
— Oui.
— Bah alors pourquoi tu fais la tronche ? Réjouis-toi.
Katsuki balança un faux sourire à sa mère puis demanda :
— Qu'est-ce que tu veux la vieille, je suis occupé là.
— Occupé à te morfondre pour avoir réussi l'examen d'entrée de Yuei ?
— Je ne me morfonds pas je te dis.
— Il paraît qu'Izuku s'est raté et s'est cassé la jambe, fit-elle.
Katsuki resta silencieux, gardant le visage le plus neutre possible. Mitsuki dit :
— Mais je suppose que tu le savais déjà, sinon pourquoi tu ferais la gueule ?
— Je fais pas la gueule, maugréa Katsuki.
— Il t'a prévenu par SMS ? Je ne savais pas que vous communiquiez encore ! Tu devrais aller le voir, ça lui ferait plaisir, il n'est pas au meilleur de sa forme selon Inko. Il sourit devant elle, mais elle l'entend pleurer dans sa chambre.
— Je ne suis pas sûr que Deku serait ravi de me voir, fit Katsuki, je vais lui dire quoi « j'ai réussi l'examen et toi t'es qu'une merde comme je te l'ai toujours dit » ?
— Tu pourrais faire un effort, le réconforter.
— Ça ne marchera pas, grogna Katsuki.
Si Dragon-chan n'avait pas réussi à le consoler, ce n'est pas en forme hybride qu'il y arriverait.
— C'était son rêve, souffla Katsuki à l'adresse de sa mère, si j'avais échoué je serais détruit, alors imagine lui ?
Mitsuki regarda son fils et le décoiffa :
— Je savais bien que tu t'inquiétais pour lui, dit-elle en souriant.
— Oh la ferme la vieille, gronda Katsuki.
Mais elle serra son fils contre elle et il la laissa faire – même s'il grommela qu'elle était chiante.
Katsuki aurait voulu pouvoir ramener du soleil dans la vie de Deku. Il passait de temps en temps devant sa fenêtre, sous sa forme de dragon, et chaque fois le garçon paraissait de plus en plus sombre. Katsuki n'osait pas toquer à la fenêtre, il ne savait pas comment le consoler ni ce qu'il pourrait faire pour qu'il aille mieux. Pour lui, Deku avait réagi comme un héros en voulant sauver la fille ratte alors qu'il savait qu'il allait se faire démolir. Mais si on s'arrêtait aux points, alors dégommer le robot qui en donnait le moins faisait de lui un perdant.
Injustice.
Injustice.
Injustice.
C'était comme cette putain de société qui disait que sans attribut tu ne valais rien. Katsuki avait longtemps fermé les yeux là-dessus, avait joué le jeu, mais désormais, il se sentait l'esprit revanchard, il en voulait aux règles, il en voulait aux gens, parce que Deku était triste et qu'il ne pouvait rien faire pour le consoler. Il ne pouvait pas lui promettre que ça irait, parce que comment ça pourrait aller alors que son rêve avait été brisé si facilement ?
Il avait rabaissé Deku pendant des années alors il était aussi coupable que les autres. Katsuki s'en voulait. Et désespérait de ne rien pouvoir faire. Si bien que quand il reçut sa lettre de Yuei, il eut du mal à se réjouir d'apprendre qu'il avait été reçu. D'autant plus qu'il n'en était aucunement surpris. Mitsuki, elle, bondit de joie heureuse pour son fils. Ce dernier se laissa câliner par sa mère et montra les dents comme s'il souriait. Mais il ne faisait que penser à Deku. Est-ce que le petit humain avait sa réponse aussi, est-ce qu'il pleurait toutes les larmes de son corps parce qu'elle était négative ?
Qu'est-ce qu'ils feraient ensuite tous les deux ? Bien entendu Katsuki irait à Yuei. Et Deku ?
Katsuki se rendit compte qu'ils n'avaient jamais été séparés tous les deux, toujours dans les mêmes écoles, toujours dans les mêmes classes, toujours dans le même quartier. Si Katsuki s'était comporté comme un con avec Deku, ça n'empêche qu'ils avaient passé leur vie à marcher sur le même chemin. Jusqu'à aujourd'hui.
Quelle route prendrait Deku ? Lui qui voulait tant devenir policier, lui qui rêvait tant d'être un héros ?
Où parquait-on les humains non hybrides ? Comment les cachait-on aux yeux de la société ? On les enfermait dans des bureaux, on leur donnait les boulots que les hybrides ne voulaient pas. On les écrasait, on les pressurisait, peut-être même qu'on les laissait crever sans boulot, sans rien, dans la rue. Mais qui s'y intéressait ? Ce n'était que des humains banals.
Katsuki la rage au ventre s'enferma dans sa chambre, se déshabilla, ouvrit sa fenêtre et s'envola. Il fallait qu'il voie Deku, qu'il communique avec lui, au moins qu'il trouve comment le consoler.
Quand il arriva, toqua à sa fenêtre, il s'attendait à ce que l'humain lui montre toutes ses larmes et le repousse comme la dernière fois. Mais Deku ne paraissait pas déprimé, il avait juste l'air… Stupéfait.
Il vint lui ouvrir la fenêtre, regarda Katsuki dans les yeux et annonça :
— Je suis pris à Yuei.
xxx
Izuku avait déprimé, pleuré beaucoup, fait semblant de sourire devant ses parents. Son père était déjà en train de chercher un lycée où l'inscrire, un endroit où il pourrait apprendre un métier réservé aux non-hybrides.
— Tu te feras à l'idée, lui disait-il gentiment. Regarde, ta mère et moi ne sommes pas policiers, mais on s'en sort très bien dans notre travail.
Mais sa mère et son père avaient des attributs, ils étaient respectés. Leur caractère assez diplomatique leur permettait d'avoir une bonne place dans la société. Alors qu'Izuku serait rejeté peu importe où il irait.
Il sortait souvent l'écaille de Dragon-chan et la serrait contre lui. Elle lui redonnait un peu de courage, mais pas suffisamment pour qu'il cesse de déprimer. Le dragon n'était pas revenu et c'était peut-être mieux comme ça. Izuku avait gâché sa seule chance d'être pris et il se disait que cela devait décevoir Dragon-chan et tous les efforts qu'il avait faits pour l'entraîner. L'humain n'avait pas réagi assez vite, il aurait dû sauter dans la cohue et tenter de se débarrasser des robots par ses propres moyens. Peut-être que s'il avait découvert le pouvoir que lui conférait l'écaille de Dragon-chan plus tôt, il s'en serait peut-être sorti.
Il était assis sur le canapé du salon, les yeux écarquillés et un peu rouges d'avoir trop pleuré. Il essayait de donner le change devant sa mère qui s'inquiétait pour lui. Elle partit chercher le courrier et quand elle revint elle appela son fils :
— Izuku, mon chéri, tu as un courrier de la part de Yuei.
Izuku savait déjà ce que ça annonçait, mais il avait quand même une minuscule et ridicule pointe d'espoir. Et si ?
Non, inutile d'espérer, ce n'était pas possible alors que ses résultats avaient été aussi nuls ?
Il prit la lettre dans ses mains un peu tremblantes, puis alla s'enfermer dans sa chambre. Il avait besoin d'être seul. Il savait que si la réponse était négative, il s'effondrerait et il ne voulait pas inquiéter sa mère. Et que supputait-il de toute façon ? Bien entendu que c'était un refus. Il allait falloir qu'il s'y fasse. Qu'il l'accepte.
Izuku prit une grande inspiration, et ouvrit l'enveloppe doucement, pour en sortir les papiers. Il y avait tout un tas de blabla sur ses notes aux examens. Tout ce qui concernait l'écrit était au-dessus de la moyenne, il avait géré dans les matières générales. Mais il n'était pas naïf à ce point, il savait que ça ne suffirait pas. Même si c'était important d'avoir de bonnes notes en histoire, en science et tout, ce n'était pas ce qui comptait pour faire un bon policier. Il n'avait pas du tout géré dans l'arène, il avait été inutile, il n'avait abattu qu'un seul robot.
Il ferma les yeux quand il arriva à la dernière feuille. Il savait la réponse, mais il n'arrivait pas à la lire, il n'arrivait pas à s'y faire. S'il était refusé, tout était fini une bonne fois pour toutes, et c'était très très difficile à avaler. Il lui fallut plus de cinq minutes avant de trouver le courage de relever ses paupières et de faire face à la feuille.
Au-dessus, il y avait le nombre de points qu'il avait gagné pour avoir détruit un robot. Seulement un point. Il le savait. Quand d'autres en faisaient trente, voire cinquante, il avait détruit le plus minable. Voilà il y était. Avec un unique point, il ne rentrerait pas à Yuei. Il sentit les larmes lui monter aux yeux alors qu'il continuait la lecture.
Son regard tomba alors sur les mots « points bonus ». De quoi s'agissait-il ?
« Pour avoir protégé et sauvé la vie d'une personne, Izuku Midoriya obtient une centaine de points pour l'épreuve ».
Izuku ne comprenait pas bien, mais il continua de lire :
« Il obtient donc une note suffisante pour entrer à Yuei ».
Il était persuadé de se tromper et relu la feuille une deuxième fois. Une troisième fois. Une cinquantième fois. Et les mots ne changeaient pas.
Il obtient donc une note suffisante pour entrer à Yuei.
Il était reçu.
Izuku était reçu à Yuei.
C'était tellement incroyable, qu'il n'arrivait pas tout à fait à y croire, pas même après avoir lu le papier plus de cinquante fois. Pourtant c'était vrai. C'était vrai de vrai.
Quand Dragon-chan toqua à sa fenêtre, Izuku vint lui ouvrir, l'air complètement halluciné. Il fallait qu'il le dise à voix haute pour qu'il commence à y croire lui-même, pour que ça devienne vraiment vrai.
— Je suis pris à Yuei.
Il était pris à Yuei.
À suivre.
L'autatrice : et voilà ! Un nouveau départ commence pour Izuku.
