Chapitre 1 : Premier rendez vous

Surrey, Hôpital psychiatrique, unité pédiatrique

Jeanne avait vu de nombreux patients. Mais des jeunes comme ce petit garçon, c'était la première fois. L'enfant n'était pas arrivé par les urgences mais par la consultation scolaire. Son professeur avait écrit à l'hôpital afin que l'enfant soit vu par un médecin. Il s'était présenté en présence d'une dame bien habillée. Sa tante s'était-elle présentée.

L'enfant avait six ans, c'était sa première année en école primaire. Nouvel établissement. Il était calme, sagement assis à côté de sa tante. Il savait tenir en place et écouter les adultes. Il était poli et avait salué en entrant comme tout enfant bien élevé. A première vue, elle n'avait pas compris la présence de ce petit. A cet âge là les enfants qui ont des troubles psychiatriques sont violents, turbulent. Ils insultent, mordent, marchent difficilement. Non. Chez lui tout allait bien.

Elle ouvrit la lettre de l'institutrice et la lu en diagonale.

« Hallucination », « mensonge à répétition », « affabulations », l'enfant avait visiblement l'habitude de raconter des histoires abracadabrantes à son entourage en espérant que cela passerait pour la vérité. Mais à 6 ans, les enfants avaient du mal à faire la part entre leur monde imaginaire intérieur, le monde du jeu et le monde réel. C'était tout à fait normal. Jusqu'à un certain niveau. Et si l'enfant venait de débarquer dans sa consultation, c'est que le niveau de normalité était dépassé. Elle passa l'heure suivante à discuter avec la tante du petit, comment cela se passait-il au domicile ? Avait-il aimé sa nouvelle école ? Rencontrait-il des difficultés ? RAS d'après l'adulte mis à part ses mensonges et ses récits fantastiques que le petit sortait comme s'il s'agissait de vérité absolues.

Il y avait quand même quelque chose de curieux chez ce bambin. Il était calme. Trop calme. Au si longtemps, assis sur sa chaise sans bouger… Il aurait déjà dû réclamer à aller jouer ! Rouspéter de cette discussion « de grandes personnes ». Et puis, son regard était étrange. Il avait de beaux yeux verts qui ne semblaient rien fixer. De temps à autres, il plissait les paupières comme s'il voyait quelque chose de particulier.

-Comment t'appelles-tu mon grand ? demanda-t-elle de sa voix douce

-Harry répondit l'enfant d'une voix hésitante en regardant sa tante.

-Harry, qu'est-ce qu'il se passe à l'école ?

-La maîtresse dit que je mens. Et que je dois arrêter de mentir.

-Et toi qu'est-ce que tu en penses ? interrogea-t-elle.

-C'est pas bien de mentir.

-Est-ce que tu as déjà menti ?

-Je crois pas mais la maitresse elle dit que je mens.

-Qu'est-ce qui te fais dire que tu ne mens pas et qu'est-ce qui fait dire à la maitresse que tu mens ? s'enquit-elle avec douceur.

-Je dis ce que je vois mais la maitresse elle voit pas donc elle dit que je mens.

-Madame Dursley, vous me disiez que Harry est arrivé chez vous vers ses un ans ? Comment était-il petit ?

-C'était compliqué, il n'arrivait pas à s'entendre avec mon fils Dudley. Un ange si vous voulez mon avis. Il lui volait ses jouets et refusait déjà de l'admettre. Nous ne les avons jamais retrouvés.

-C'est pas vrai ! s'écria Harry en se levant. Je mens pas !

-D'accord Harry. Apaisa la pédopsychiatre. Sais-tu où sont les jouets de ton cousin ?

-C'est Dudley qui les cache et qui m'accuse après. Marmonna-t-il persuadé que les grands personnes le traiteraient encore de menteur.

-Il nous sort souvent cette excuse. Se plaignit Pétunia. Je n'en peux plus. Vous pensez pouvoir le soigner docteur ?

-C'est à ce point difficile à la maison ?

- Il ne se passe pas une journée sans qu'il ne mente ou nous raconte des histoires impossibles.

-C'est pas vrai chuchota Harry au bord des larmes.

-Bien, je vais vous indiquer une psychologue spécialisé dans la prise en charge des enfants si jeunes. Elle pourra aider Harry à faire la différence entre son monde imaginaire et la réalité. Ils pourront également travailler sur ces problèmes de mensonge. En grandissant, cela devrait disparaitre, ne vous en faites pas madame.

-Vous ne pensez pas qu'il aurait besoin d'un traitement ? J'ai lu dans des revues que les hallucinations ne disparaissaient pas sans traitement.

-A cet âge là nous ne pouvons pas être certains que ce soient des hallucination et non l'imagination de votre enfant qui créent ces images. De toute façon, si le psychothérapie ne fonctionne pas nous réévalueront les difficultés de Harry. Mon garçon ? Je te revois dans 6 mois. A la moitié de l'année, d'accord ? Je veux que tu travailles beaucoup avec la psychologue elle va bien t'aider !

L'enfant hocha de la tête mais ne dit pas un mot. Elle avait l'habitude, de plus en plus de parents ne savaient pas comment gérer un petit soucis et se précipitaient chez le psychiatre, à l'inverse, dans les familles avec des pathologies sévères, l'entourage craignait tellement cette spécialité qu'ils n'arrivaient que très tard en consultation, à un stade avancé de la maladie. Ce petit n'était pas malade. C'était évident. Un peu timide, réservé et trop sage c'était certains !

NA: bonjour à tous

cette idée d'histoire m'est venue en tête après moult lectures

j'attend vos avis avec impatience afin de savoir si cette aventure vaut le coup d'être couchée sur papier ou de disparaître à jamais au fin fond des méandres de ma pensée !