Bonsoir à tous ! Navrée pour la publication tardive, mais, déménagement oblige, je n'ai pas pu le faire avant.

Donc voilà. Nous y sommes, on commence la seconde partie de cette fiction. Et je pense que vous allez aimer ce que vous allez voir.

Petits rappels d'usage, parce que ça ne fait de mal à personne : One Piece est à Echiiro Oda et The Witcher de Andrzej Sapkowski. N'étant ni japonaise, ni polonaise et encore moins un homme, je ne peux prétendre être ces messieurs et donc, avoir des droits sur leurs oeuvres. C'est à eux, je ne gagne rien dessus, outre le bonheur d'avoir des retours sur ma version de l'histoire.

Sur ce, je vous lâche dans la lecture ! Bises.

PS. l'absence de traduction des mots japonais dans ce chapitre est normal. Leur signification viendra plus tard, j'ai pensé à tout.

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« En effet, rien n'est plus abjecte que ces monstres contre nature et que l'on connaît sous le nom de sorceleurs, rejetons ignobles de la sorcellerie et de diableries. Des vermines sans vertu, sans conscience ni scrupule, de véritables créatures démoniaques, dont la seule faculté est d'occire. Il ne se peut trouver de place, parmi les honnêtes gens, pour des êtres tels que ceux-là. »

Monstrum ou de la description d'un sorceleur.

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Demavend, troisième du nom, souverain d'Aedirn.

L'homme était en pleine mer à profiter de la vie qu'il avait en tant que roi. De la bonne nourriture, du vin de première qualité, et tout ce qu'il fallait pour le distraire. À sa droite, un mage stoïque observait les pitreries des bouffons en résistant tant bien que mal à l'envie de rouler des yeux. Un archer fit une démonstration de tir en éclatant de ses flèches des boules d'argile lancées par les canons vers la mer, et ce, avant que les objets ne touchent l'eau. Démonstration faite, il s'inclina sous les applaudissements et la musique reprit. Le roi salua la prestation en levant sa coupe, toujours assis dans son grand fauteuil, mais rien de plus. Retour des bouffons et de leurs pitreries pendant qu'il buvait et mangeait à s'en faire éclater la panse. Son magicien lui jeta un regard noir quand il éclata de rire mais il l'ignora. Le summum fut lorsque l'un des bouffons se mit en cavalier, les mains bien appuyées sur ses cuisses, pendant que son collègue positionnait une torche juste derrière les fesses du premier.

Prout.

Le mage se frotta le visage de désespoir devant la langue de feu qui en résulta.

Vinrent ensuite les lutteurs.

Deux hommes, bien battis, torse nu et extrêmement tatoués s'avancèrent, les poings bandés.

La musique changea, se concentrant sur des percussions bien rythmées.

Les deux hommes s'inclinèrent suite à un grand geste de la main du roi d'Aedirn, puis se firent face. Ils échangèrent un check et les percussions s'emballèrent, signant le début de leur combat aux poings.

Avec toute cette animation, c'était l'occasion rêvée pour commettre un crime envers les dieux sur ce navire même. Tout le monde était tourné vers la poupe, là où se tenait le spectacle, juste devant les quartiers du seigneur. Mais à l'avant, un bras énorme et musclé s'agrippa au bastingage avec une main gantée d'une mitaine de cuir cloutée. Agilement, silencieusement en dépit de sa carrure, un mastodonte aux yeux ambrés de chat se laissa glisser à bord pour se cacher derrière un canot de sauvetage. Il avait le crâne totalement rasé, des yeux enfoncés dans leur orbite et une étrange cicatrice sur le haut de la tête, avec une vague forme de V. A son cou, se détachant de son épaisse armure de cuir de métal et de tissu, un médaillon de métal magique en forme de serpent enroulé sur lui-même en une sorte de tresse. Dégoulinant d'eau, il porta un pouce énorme à son nez pour libérer ses narines du liquide qu'il y avait encore, avant de fermer les yeux et d'écouter l'agitation sur le navire.

Personne ne l'avait repéré.

De sa besace, il tira un long tube en verre, fermé aux deux extrémités par des bouchons de cuivre. Dedans, un liquide d'un bleu froid brillant coulait d'un bout à l'autre. Il tourna l'un des bouchons, activant la bombe, avant d'user de Quen pour se protéger d'avance, laissant une aura bleuté serpenter autour de lui. Et d'un geste vif, il lança sa bombe vers la foule.

Ce fut le mage qui la remarqua, puisqu'il n'était pas intéressé par les festivités et qu'il regardait un peu partout pour se distraire. Comme au ralenti, il vit l'objet voler au-dessus des lutteurs alors qu'il se levait.

Serait-il assez rapide pour sauver son roi ?

La bombe percuta le mât et le verre explosa. Plus de liquide qu'elle n'aurait dû en contenir à l'origine se répandit sur la totalité du navire qui n'avait encore rien remarqué.

Et ce fut l'explosion. Une vague de glace se répandit sur le bateau avec la puissance d'un tsunami, engloutissant tout le monde. Le mage invoqua rapidement un bouclier de feu qui coupa l'avancée de cette vague gelée, le mettant en sécurité lui, le roi, un archer et deux soldats. La force de l'objet se répandit sur la mer tout autour pour disparaître.

Il n'y avait plus de musique.

Un silence froid et mortel s'était abattu sur les festivités. Le mage fit disparaître son bouclier de feu et immédiatement, les deux fantassins se mirent en garde derrière leur écu, en position devant le reste du groupe, alors que le roi se levait en finissant son verre.

Ils n'étaient que cinq survivants sur un navire couvert de gel. Tous les autres passagers étaient devenus des statues de glace, figés éternellement dans leurs dernières actions. L'un des lutteurs avec son poing frappant son adversaire sous le regard des spectateurs. Plus loin, devant les musiciens, les deux bouffons s'étaient immobilisés dans leur dernière pitrerie.

Lentement, avec précaution, une flèche encochée à son arc, l'archer s'avança le premier entre les statues de glace, quittant la zone de bois sain pour celle couverte de givre.

Craac.

Une planche se brisa sous son pied.

Cela déclencha une réaction en chaîne où tout se brisa autour d'eux dans un gracieux ralenti. Que ce soit le navire ou les humains.

C'était le signal que l'intru attendait.

Il quitta sa cachette et traversa en courant le pont vers les survivants, dégainant les deux lames qu'il avait sur son pourpoint de cuir. Dans cette pluie de glace brisée, il avançait, tel le messager de la mort. Derrière lui, le mât finit par s'effondrer alors que l'archer le mettait en joue. Seulement, la flèche passa à côté de l'agresseur aux yeux brillants. Ce fut un des lutteurs congelés qui la reçut et tomba en morceau dans un bruit de cristal. L'archer commençait tout juste à armer une nouvelle flèche que l'assaillant était sur lui. Avec la vivacité d'un serpent, le mastodonte tournoya sur lui-même, esquiva le trait et refit face à l'archer. En un pas, il était sur lui, enfonçant profondément sa lame dans le ventre du solda, allant jusqu'à le traverser de part en part sous la violence et la force de son attaque, avant de la faire remonter vers le haut, et de la retirer, faisant gicler le sang partout au point de s'en éclabousser lui-même. Le corps n'était pas encore retombé que l'assassin avait trouvé une nouvelle cible. Juste derrière, les fantassins passèrent à l'assaut, mais leur assaillant était trop rapide. Il esquiva l'assaut du premier et lui trancha aisément la gorge, juste dans l'interstice qui séparait le casque du plastron de métal. Le second n'eut pas plus de chance. Pire encore, voyant que le mage préparait un sort offensif, le géant se saisit du second fantassin qu'il avait tranché et attrapa fermement la main tenant le bouclier. Si l'écu ne résista pas à l'explosion magique, le corps ne fut pas plus efficace, car bientôt, il n'y avait à la place de l'humain qu'un geyser de sang et d'entrailles.

Et l'ange de la mort continuait sa course sur le bois gelé.

Avant que le mage ne puisse lancer un nouveau sort, il eut à son tour la gorge tranchée avec violence, d'une oreille à l'autre, et son corps fut projeté au sol. Il ne restait à présent que le roi, sans arme, dans ses lourds et riches habits qui essayait en vain d'obtenir la clémence de celui qui allait le tuer. Alors qu'il essayait de fuir en escaladant le pont supérieur, son futur assassin rangea une de ses lames et avança d'un pas rapide vers sa proie. Il l'attrapa facilement par la nuque avec une de ses grosses mains et l'attira au sol, à genoux. Là encore, faisant fi de toute dignité, Demavend chercha à fuir à quatre pattes sur le navire qui coulait lentement dans la mer, mais son assaillant lui attrapa la tête, le forçant à se redresser. Un premier coup de couteau lui traversa la gorge de part en part. Il retira la lame.

Un second coup et la tête fut détachée du corps comme un trophée grotesque qu'il accrocha à sa ceinture avant de ranger son couteau.

Ainsi le roi Demavend III d'Aedirn mourut.

Son assassin sauta à l'eau et disparut.

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- Geralt… Geralt !

Il courait dans les bois sous un orage magique, épuisé, fiévreux et blessé, fuyant la Chasse Sauvage.

Il s'arrêta un instant, le souffle court, pour s'appuyer contre un arbre. Il entendait le grognement des Molosses de la Chasse. Ils étaient sur ses talons.

Luttant pour ne pas s'évanouir, Geralt repoussa l'arbre et reprit sa course.

Une main pour maintenir ses côtes cassées, il continua de fuir, jusqu'à trébucher sur une racine et tomber à genoux dans l'herbe.

Il entendait le rire du Seigneur de la Chasse.

Pendant un instant, il chercha à se relever, avant de s'étaler de tout son long.

Ses paupières étaient lourdes, mais il parvenait à voir deux silhouettes familières courir vers lui.

Geralt se réveilla en sursaut. Il était dans un lit de camp, en plein cœur de l'armée du Roi Foltest durant son siège sur le château de la baronnie de La Valette. Essayant de retrouver ses esprits, il s'assit au bord du lit, nu comme un ver, les bras appuyés sur ses genoux pendant qu'il fixait les nombreux tapis qui jonchaient le sol de la confortable tente, avant de se frotter le visage dans ses mains. Il prit une longue inspiration en regardant les murs rouges et noirs de la tente, avant de se remettre à fixer les tapis sans les voir.

Il avait encore rêvé de la Chasse.

Un léger souffle le fit se retourner à moitié.

Triss dormait de l'autre côté du lit, elle aussi nue. Oui,exact, lui et Shani avaient rompu. Leur passion avait fini par s'éteindre, mais ils étaient restés bons amis. A sa connaissance, elle était partie pour Oxenfurt. Le fait est que la nouvelle conseillère de Foltest n'avait pas attendu pour lui remettre le grappin dessus.

Geralt ne savait pas pourquoi, mais à chaque fois qu'il regardait Triss dormir, ce qu'il voyait n'était plus des cheveux brun-roux dont les frisures avaient été domptées en un double chignon. Non, il voyait de longues boucles noires d'une perfection irréelle. Pourquoi ?

Encore une fois, sa mémoire lui faisait défaut.

En soupirant silencieusement, il se rallongea dans le lit, tout contre la magicienne qui dormait sur le côté en lui tournant le dos et commença à lui caresser une fesse avec un geste léger, avant de la remonter vers le haut et la hanche puis l'épaule.

Là, la femme se réveilla réellement et se tourna vers son partenaire. Ils s'enlacèrent, prêts à plonger à bras le corps dans le désir naissant, quand un pan de leur tente fut ouvert par un soldat témérien.

- Sorceleur, vous êtes réveillé ?

Triss émit un glapissement de surprise et de panique. Les deux amants se dégagèrent et elle s'empressa de ramasser une serviette pour préserver ce qu'il lui restait de pudeur en s'asseyant de son côté du lit. En grognant, Geralt roula pour s'asseoir lui-même de son côté.

- Sa Majesté, Roi de Temeria, du Pontar, Mahakam et Sodden, Seigneur Protecteur de Brugge… récita le soldat en regardant avec fascination Triss aller s'asseoir devant sa coiffeuse … fait mander le Seigneur Geralt de Riv, termina-t-il.

- Dites-lui que j'arrive bientôt, lui dit le sorceleur en commençant à s'habiller.

- Navré pour l'irruption, Madame, mais le Roi…

- On t'a entendu, lui dit Geralt après avoir enfilé son caleçon long.

- Je vous souhaite une agréable journée, Madame, et vous aussi sorceleur, s'inclina le soldat.

Triss s'assit dans sa bergère devant sa coiffeuse (comme quoi, être magicienne avait ses avantages, puisqu'ils avaient le grand confort malgré le fait qu'ils soient en plein siège d'un château, à l'aube d'une bataille) en adressant un sourire forcé à l'homme qui mettait bien trop de temps à partir afin de la reluquer. Il allait finir transformé en limace. Geralt le fit déguerpir un peu plus vite en se mettant à grogner. Entre ses yeux ambrés lumineux et ses dents blanches mises en avant, on n'avait pas envie de se frotter à celui qu'on baptisait le Boucher de Blaviken.

Le sorceleur regarda le tissu retomber à sa place, puis fixa le tapis sous ses pieds avant de soupirer et de se lever.

- Quelle guerre stupide… Dire que cela aurait pu être une si belle matinée.

Il partit à la recherche de son pantalon.

Triss se retourna sur sa chaise pour le suivre du regard et lui dire d'une voix calme :

- Une guerre n'est jamais stupide quand elle est menée par ton roi.

D'une, Foltest n'était pas son roi, techniquement parlant, il était sous l'autorité de Henselt de Kaedwen. De deux…

- Une guerre juste, c'est contradictoire, Triss, pointa Geralt en se tournant brièvement vers elle.

Et il recommença à enfiler son pantalon.

- Eh bien, tu pourrais peut-être me dire comment dois-je conseiller notre puissant mais concupiscent monarque ? s'enquit la magicienne.

- Sire, arrêtez les amourettes, cessez de faire des bâtards à droite et à gauche et ne menez plus de guerre stupide.

Pourquoi fallait-il que les magiciennes cherchent toujours à compliquer les choses ?

- Brillant Géralt, lui répondit la magicienne en regardant son amant s'asseoir sur un tabouret pour se chausser. Tu sais, ces bâtards peuvent prétendre au trône. Dans ce cas-là, nous aurions un conflit bien plus gros et tout aussi stupide.

- Ce qui ne change pas le fait que…

- Je sais, coupa son amie. Foltest et les autres souverains nordiques ne sont pas les hommes les plus brillants ou raffinés. Mais ce sont des rois, et nous servons l'un d'eux.

Servir, servir... s'il était encore ici pour tout autre chose. Il voulait reprendre la route, trouver des réponses à sa mémoire défaillante qui lui revenait bride par bride, mais il était coincé à la cour d'un monarque. Il enfila une chemise, puis une veste matelassée de cuir, de coton et de métal en guise de protection.

- Je vais aller voir Foltest, puisqu'il m'a fait mander. Je le protégerais s'il le faut, mais une fois le château pris, je pars.

Il attrapa ses armes.

- A toi de voir si tu veux me suivre ou pas.

Triss détourna la tête.

Elle savait qu'il n'y avait rien de plus que de l'amitié avec quelques intérêts entre eux. On ne pouvait lutter contre la Destinée. Et cela lui faisait mal. Elle posa un bras sur le dossier de son siège et changea de sujet :

- As-tu encore rêvé de la Chasse Sauvage ?

Geralt cessa d'attacher ses glaives dans son dos et laissa retomber ses mains. La Chasse… il en était certain, c'était la clef pour retrouver sa mémoire.

- Hmhm…

Il attrapa ses gants.

- Un des éclaireurs jure avoir vu un dragon du côté de la rivière…

Comprenant la démarche, Triss ne commenta pas le changement de sujet, sachant qu'ils y reviendraient tôt ou tard.

- Il raconte qu'il est tombé sur une unité Scoia'tael et ça en serait resté là si le dragon n'était pas apparu. Apparemment, les elfes se seraient agenouillés devant la bête pour lui rendre hommage, ce qui a permis à l'éclaireur de fuir, continua le sorceleur.

- Un dragon ? Au beau milieu d'une zone civilisée ? S'il te plaît, Geralt… cela est aussi logique que ces racontars de phénix aperçu en Haut-Aedirn. Et puis, qu'est-ce que ça change ? Les sorceleurs ne chassent ni l'un ni l'autre. A moins que cela ait changé ?

- Ça n'a pas changé. Tu as raison, ce n'est certainement pas un dragon. C'est peut-être un foënard ou même une très grosse wyverne…

- L'éclaireur est tombé sur une troupe d'Écureuils et a pris la fuite, c'est là toute l'histoire.

- Et sinon, tu as appris quelque chose sur l'assassin durant son autopsie ?

C'était à cause de cet homme, justement, que Geralt devait faire le garde du corps de Foltest, alors, il aimerait en savoir un peu plus.

- Un vrai cauchemar, maugréa Triss en se tournant vers son miroir.

Elle attrapa sa brosse et défit un de ses chignons pour se coiffer.

- Dans le mois qui a suivi sa mort, les médecins du roi ont mis en pièces son corps comme une bande d'amateurs. Ce qui est arrivé dans le chariot…

Elle soupira et leva le nez vers sa glace pour voir le reflet de Geralt qui attendait la suite.

- Je ne pourrais même pas appeler ça un corps.

- Foltest a de gros soucis pour faire confiance. Est-ce que tu as pu au moins apprendre quelque chose ?

Triss se mâchouilla une lèvre, puis dit ce qui l'inquiétait :

- Ses pupilles suggèrent qu'il pouvait probablement voir dans le noir aussi bien que toi. Et j'étais tout à fait incapable de lui donner un âge.

En gros, cet homme était probablement un mutant, lui aussi.

Geralt n'aimait pas la tournure que cela prenait. Si c'était vraiment un sorceleur et que cela remontait plus haut, alors, ils partiraient dans une véritable annihilation de leur caste cette fois. Le roi ne s'intéresserait pas à savoir qui soit dans l'idée ou pas, ni même ce que pensaient les autres écoles. Toutes y passeraient, alors qu'elles luttaient pour ne pas disparaître dans le néant.

- Donc, nous avons un assassin qui a réussi à passer tous les gardes et a failli tuer le roi. Et maintenant, tu me dis qu'il était un sorceleur ?

- Certainement. Je dis juste ce que j'ai découvert durant l'autopsie. Je n'en ai parlé à personne pour l'instant, et je n'en ai pas l'intention. Je sais ce que cela pourrait causer si cela se savait, surtout pour toi. Tu es peut-être un héros, un sorceleur du roi à présent, mais les maîtres peuvent être aussi imprévisibles que la monture qu'ils chevauchent.

- Tu as pu faire un portrait de l'homme ? L'école du Chat est la plus susceptible d'avoir formé notre homme, Ace le reconnaîtra peut-être.

- Ah oui, Ace. L'homme d'un autre monde devenu sorceleuse.

- Triss…

- J'y ai déjà pensé, mais je voulais t'en parler avant d'entrer en contact avec cet individu.

Décidément, ce n'était toujours pas le grand amour entre les deux.

- Sinon, tu comptes me faire languir encore longtemps pour ton souci avec la Chasse qui hante tes rêves ?

Geralt hésita, puis s'assit de nouveau au bord du lit. Triss défit son second chignon et pivota sur sa chaise pour faire face à son amant, tout en continuant à se démêler les cheveux.

- J'ai… J'ai le sentiment que ce rêve est important, finit par dire le Loup Blanc. Je cours frénétiquement dans la forêt, et il y a la Chasse Sauvage… C'est la dernière chose dont je me souviens…

Il joignit ses mains en regardant le sol.

- Puis je me réveille et j'essaye de me remémorer le rêve dans l'espoir d'y trouver un indice. Quelque chose à quoi me rattacher, qui puisse m'aider à retrouver la mémoire.

- Les rêves peuvent être très puissants, dit lentement Triss. Certains disent qu'ils peuvent même modeler la réalité.

Geralt lui adressa un regard vide.

- Les gens disent beaucoup de choses, le problème est que souvent, ce sont des conneries.

- Nous le saurons le moment venu, j'en suis certaine.

- Tu sais qu'un jour ou l'autre, il faudra bien que tu me dises ce que tu me caches de mon passé.

- Et te briser quand on vient de te retrouver ? Certainement pas. Seulement en cas de force majeure !

Et elle tourna de nouveau le dos à son camarade.

Le sorceleur soupira et se leva. Il ne voulait pas recourir à la force contre Triss pour avoir ses réponses. De toute façon, il était temps d'aller à la rencontre de ce lubrique souverain et de sa guerre stupide.

Il quitta donc la tente, laissant Triss finir de se préparer. Histoire de repousser l'inévitable, Geralt perdit du temps pour glaner des infos du côté des soldats qu'il croisa en route. Et il retrouva d'ailleurs au passage d'anciennes connaissances (apparemment). Et en même pas cinq minutes, il en apprit plus sur son passé que tous ces longs mois avec Triss.

Un trio de Chasseurs de Dragons originaires de Cinfrid. Leur nouvelle recrue avait été entraînée dans un pari pour prouver la puissance d'une amulette de Melitèle qui avait été volée dans un temple.

Apparemment, Geralt et les Chasseurs de Cinfrid avaient été en compétition, quelques années auparavant, dans une course pour chasser un dragon vert. Aujourd'hui, avec leur nouvelle recrue, vu qu'ils n'avaient pas eu beaucoup de proies du côté des draconides à chasser, ils avaient décidé de participer à la guerre. Mais en poussant un peu, le mutant apprit quelque chose d'intéressant. Dans cette chasse au dragon où ils s'étaient rencontrés, ces charmants messieurs l'avaient fait prisonnier en compagnie d'une magicienne et avaient eu l'intention de la violer (elle, pas lui, avaient-ils précisé). Sauf que le dragon n'était pas seul. Avec lui, il y avait un autre, un doré, qui leur avait botté clairement le cul, pendant que le mutant et la magicienne avaient réussi à se libérer seuls.

Et c'est la description qu'on lui donna de la magicienne qui alluma son intérêt.

Brune, comme le plumage d'un corbeau.

Et son nom serait quelque chose comme Connifer.

Yennefer.

La correction se fit automatiquement dans son cerveau, comme une connexion. Il connaissait cette femme. Dès qu'il aurait du temps, il demanderait à Triss de lui parler d'elle. Toutes les magiciennes se connaissent après tout, elles passaient toutes par Aretuza pour leur formation.

Il quitta cet étrange groupe avec cette information et une amulette probablement maudite en poche. Espérons qu'elle ne lui apporte pas la poisse.

Il eut néanmoins l'occasion de confirmer que non, ce n'était pas un foënard, mais bien un dragon qui avait été vu du côté de la rivière.

La conversation n'avait pas pu durer plus parce qu'on avait sonné le rassemblement. Ainsi donc, Geralt avait quitté le campement pour rejoindre Foltest qui devait se diriger vers la tour de siège puisqu'on préparait enfin un assaut.

Et oui, il trouva en effet le roi Foltest, dans une lourde et riche armure de guerre, qui marchait entre les machines de siège avec deux autres personnes. L'une d'elle, d'après ses cheveux poivre et sel coupés courts et ses rides, était un homme assez âgé. Cependant, ce qui frappa le plus Geralt, c'était que malgré la richesse de la tenue, elle était sobre et de couleur sombre. Une fraise blanche ressortait entre son pourpoint bleu très sombre, presque noir, avec des filagrammes blancs, et un visage basané. Et tout au centre, pour éclairer la tenue, un pendentif en or qui pendait au bout d'une épaisse chaîne de la même matière. Et dans ce triangle doré, un soleil.

Nilfgaard.

Le soleil était leur emblème justement.

Il en aurait mis sa main à couper que cet homme était un émissaire de l'empire du sud.

- C'est une magnifique journée pour se battre ! N'ayez crainte, Excellence, nous sommes hors de portée de leurs balistes ! disait le souverain à ses accompagnants.

- Je dois admettre que je ne suis pas un guerrier, Sire. Je préfère les joutes verbales ou écrites, je ne suis après tout qu'un ambassadeur pacifiste, répondit le Nilfgaardien.

Pacifiste mon cul. Nilfgaard était un empire ambitieux, tous enroulés autour du petit doigt de l'Empereur Emhyr var Emreis (aussi connu sous le nom de « la Flamme Blanche qui danse sur la tombe de ses ennemis », ce qui, soyons honnête, était très pompeux et arrogant… mais à prendre au sens littéral puisque le sol de sa salle de bal était littéralement fait avec les pierres tombales de ses ennemis… et devait certainement avoir besoin d'un bon exorcisme pour le coup).

Et Foltest devait être d'accord avec les pensées de Geralt concernant les ambitions de paix de l'ambassadeur Shilard Fitz-Oesterlen. Surtout quand on savait qu'il avait été plusieurs fois accusé d'espionnage.

- Foutaises ! dit le roi. Vous êtes l'émissaire de la Flamme Blanche qui danse sur la tombe de ses ennemis ! L'Empereur de Nilfgaard ! L'homme qui a fait couler le sang à de nombreuses reprises dans ses conquêtes d'extension !

- Tout cela dans le but d'y instaurer des lois, une culture et la paix par-dessus tout !

A l'entendre, toutes les conquêtes du sud étaient faîtes sur des terres de barbares.

La discussion s'arrêta là puisqu'on remarqua le Sorceleur venant à leur rencontre.

- Enfin ! Les traîtres à la couronne paradent sur les murs du château pendant que vous prenez du bon temps avec la conseillère royale ! s'exclama le souverain de la Temeria.

- En quoi puis-je vous êtes utile, Sire ? s'enquit Geralt avec patience.

- Nous préparons un assaut et je vous veux avec moi. Allons-y, messieurs, ne faisons pas attendre ces traîtres.

L'avantage d'une guerre, c'est qu'il n'y a pas meilleur endroit ou moment pour s'entraîner. Et cela, Geralt l'avait bien appris. Les leçons d'Ace à Wyzima sur le Haki avaient été mises à bon escient, au point d'être à présent naturelles pour lui.

Voilà donc pourquoi, calmement, il se décala de deux pas en se rapprochant du roi quand il sentit la menace, et ce, bien avant que le tir de baliste ne frappe à un cheveu de là où il s'était tenu auparavant. Shilard et son assistant se refugièrent immédiatement à proximité d'un immense trébuchet pour se mettre à couvert, mais ni Geralt, ni le roi ne les suivirent.

- Sire ! Vous aviez dit que nous étions hors de leur portée ! accusa l'ambassadeur avec son lourd accent du sud.

Mais Foltest trouva qu'il n'y avait pas meilleur endroit pour faire une leçon :

- Ceci était un carreau de baliste, votre Excellence. Le bras est renforcé par des plaques de bronze et la corde est en crin de cheval. Les projectiles les plus lourds peuvent atteindre un mile. C'est une arme mortelle et très cher. Une équipe avec de l'expérience peut armer et tirer deux projectiles par minute. Cependant, il reste un défaut…

- Votre Grâce, je vous en prie, mettez-vous à couvert ! demanda l'ambassadeur.

- … le recul de l'arme est d'une telle puissance après un tir…

Geralt ne bougea pas d'un iota quand un autre tir de baliste vola vers eux, pour se planter dans le ponton qu'ils traversaient, encore plus loin que le précédent.

- … que l'arme se renverse. Il lui est donc tout bonnement impossible de tirer deux fois au même endroit.

Les deux envoyés de Nilfgaard sortirent de leur abri et le groupe se remit en marche, Geralt en fin de file pour ne pas être obligé de participer à la conversation.

- J'ignorais que Sa Majesté était aussi érudite dans l'ingénierie militaire, complimenta Shilard.

- Je ne le suis pas, réfuta le roi. J'ai offert ces balistes à la Baronne il y a deux ans, pour son anniversaire.

Et aujourd'hui, la Baronne Maria-Louisa de La Valette en faisait un très bon usage.

Ils continuèrent leur route, passant un soldat salement amoché durant une guerre, et qui était aujourd'hui borgne et défiguré, avec un bout d'oreille en moins.

Shilard fit exprès de ralentir le pas pour se retrouver à la hauteur de Geralt qui sentait d'avance qu'il allait pas du tout passer un moment en agréable compagnie.

- Maître Geralt, j'aimerais avoir l'occasion de discuter avec vous, une fois la bataille finie, lui dit le Nilfgaardien.

Allez, Geralt, soyons au minimum courtois.

- Veuillez m'excuser, votre Excellence, mais j'ai pour projet de quitter la cour royale dès que possible.

- Puis-je vous en demander la raison ?

- On me prend bien trop souvent pour ce que je ne suis pas.

Et Geralt allongea le pas pour remonter au niveau de Foltest et ainsi se débarrasser de l'encombrant ambassadeur.

Leur chemin les mena jusqu'à une baliste qui était braquée vers les murs du château qu'ils assiégeaient. Et Shilard aborda le sujet qui fâche :

- Pardonnez ma curiosité, Votre Majesté, mais je me dois de poser la question… Quel sort attend les bâtards royaux quand…

La façon dont il parla des enfants ne passa pas avec le souverain qui manqua de lui mettre un doigt lourdement ganté dans l'œil avec la violence du mouvement menaçant qu'il eut envers l'ambassadeur.

- Vous parlez de mes enfants ! Si j'entends encore une fois le mot "bâtard", quelqu'un mourra ! Et dans la souffrance !

- Mes excuses, votre Grâce, mais les lois de la succession sont très claires…

- Je chie sur les lois ! Je les changerai s'il le faut ! Mais surtout, je ne laisserai pas une bande de barons sans scrupules utiliser mes enfants comme bannière !

- Je suis certain que Sa Majesté saura faire ce qui est juste.

- Grâce à Geralt de Riv et à son camarade…

Le roi se tourna vers Geralt qui lui donna le nom qu'il cherchait :

- Ace.

- Donc, grâce à Geralt et cet Ace, ma fille Adda est vivante en plus d'être l'épouse de Radovid de Redania.

- Je comprends…

- J'en doute, Excellence. Ce microbe de roi ne fait qu'attendre ma mort pour s'approprier mes terres !

- Je suis certain que le roi Radovid de Redania souhaite à Sa Majesté une longue et belle vie.

- Ce n'est pas du tout amusant, votre Excellence. Les vieilles familles n'accepteront jamais un Redanien sur mon trône. Adda devra se contenter de la Redania.

- Je dois donc comprendre que le problème de succession reste irrésolu. Si vous le permettez, Votre Grâce, je demande l'autorisation de me retirer.

- Faites.

Et Foltest se détourna des deux envoyés de Nilfgaard qui s'en allèrent sans un mot de plus et sans voir non plus le roulement des yeux du souverain irrité.

- Des Escadrons Noirs ! Dans mon camp, juste avant une bataille ! cracha le roi une fois les deux Nilfgaardiens hors de vue. Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans ce monde ?! Tsss, rien ne me ferait plus plaisir que de renvoyer sa tête desséchée dans un sac à Emhyr ! ... Mais Triss Merigold insiste pour que je sois patient et courtois. L'ai-je été ?

L'avantage avec Foltest, c'était qu'au moins, il était direct et franc. Et ça, Geralt l'appréciait énormément.

- Pas vraiment, je crois bien que j'ai vu l'ambassadeur se mettre à transpirer de peur, mais ça restera notre secret.

- Ah. Je vois que vous avez embarqué votre sens de l'humour en me rejoignant.

« Toujours. » songea le mutant.

- Avez-vous appris quelque chose au sujet de l'assassin ?

Lui dire la vérité et essayer de faire un contrôle de dommage ou laisser quelqu'un d'autre découvrir la nature de l'assassin et tordre les faits à l'oreille de Foltest ? Autant qu'il l'apprenne de sa bouche, ça serait mieux.

- D'après l'autopsie réalisée par Triss, il serait possible que l'assassin ait été un sorceleur.

- Un sorceleur ? s'étonna Foltest. Qu'ai-je bien pu leur faire ?!

- Je l'ignore, Majesté. Il n'avait aucun médaillon, mais ça ne signifie pas grand-chose. La meilleure piste reste celle de l'Ecole du Chat. Ce sont les seuls qui ne se tiennent pas au code de conduite des sorceleurs et ils n'hésitent pas à servir couramment de tueur à gage. Triss a fait un portrait de l'homme. Une fois la bataille finie, j'essaierai d'entrer en contact avec le Chat Noir pour savoir si le visage lui dit quelque chose.

- Elle pourrait très bien couvrir ses camarades ou être dans le complot, pointa le roi.

Ah oui, c'est vrai, le vrai genre du Chat Noir n'était pas connu de tous. Autant garder les choses ainsi et sauver la réputation de son camarade.

- Aucun risque. Cela fait bien plus de quarante ans qu'elle est devenue un membre honoraire de l'École du Loup. Elle a encore quelques contacts avec ses anciens camarades, mais elle ne les couvrira certainement pas si l'un d'eux est responsable. Je vous parle de quelqu'un qui a essayé de faire en sorte que l'homme, dont elle est l'enfant-surprise, se retrouve avec sa tête mise à prix.

- Si vous le dîtes. En tout cas, beaucoup à votre place auraient gardé pour eux cette information. Après la bataille, Triss me remettra son rapport, en attendant, nous devons nous charger de ces traîtres.

Et cela commença par haranguer l'équipe à la baliste pour savoir ce qu'ils fabriquaient. Il s'avéra que dans leur ligne de mire, ils avaient le Comte Etcheverry qui faisait le paon sur la muraille alors qu'il avait pourtant juré amitié éternelle au roi il n'y a pas six mois de ça.

Et l'homme apprit la colère du souverain quand un trait de baliste vint briser la muraille sur laquelle il se tenait, provoquant sa mort sous une pluie de pierres et de bois. Puis, ils finirent par arriver enfin à la tour de siège qu'ils escaladèrent jusqu'au sommet avec le roi se confiant au sorceleur sur la situation actuelle, sur ce qui devait être fait pour qu'il pardonne sa maîtresse, surtout du fait qu'il ne voulait pas la tuer, parce que les enfants avaient besoin de leur mère. La raison de cette guerre ? Eh bien, la Baronne avait fait une demande que le roi n'avait pas pu honorer. Point.

Ouep. Guerre stupide.

Il eut néanmoins l'occasion de voir le genre de meneur d'homme était le roi en motivant ses troupes avec des mots simples et percutants.

Pas de beaux discours. Non. Court et efficace.

Et sur les remparts, le souverain tira son épée, le sorceleur juste à ses côtés en guise d'escorte.

Les joies de la bataille.

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En sortant de la tour, et après avoir écrasé la résistance de la muraille qu'ils avaient envahie, leur objectif était de trouver Aryan de La Valette, le fils de la Baronne et du vieux Baron. L'hériter du titre et des terres. Un jeune de presque une trentaine d'années qui menait les troupes avec l'intention de défendre l'honneur bafoué de sa mère.

Mais avant de l'atteindre, ils avaient un autre obstacle. Leur chemin passait par une tour qui avait été barricadée. A son sommet, des archers faisaient du tir au pigeon avec leurs assaillants.

Geralt remarqua alors les échafaudages en bois dans l'intérieur du château, menant à une petite cour. Et dans cette cour, sous la garde de quatre soldats, il y avait une baliste.

Agilement, il enjamba les créneaux pour finir sur le bois de l'échafaudage et descendre rapidement jusqu'en bas. Il esquiva aisément le moindre assaut des soldats de garde, avant de se dépêcher vers la baliste. Il n'aurait que peu de temps avant que les renforts arrivent, il devait changer l'orientation de celle-ci pour qu'elle puisse tirer dans la barricade qui leur coupait l'accès à la tour.

Cela prit du temps. Bien assez pour que des renforts viennent l'empêcher de parvenir à ses fins. Combien de fois cette initiation au Haki lui avait déjà sauvé la vie ?

Surtout quand on voyait avec quelle facilité il avait réussi à percer un bouclier en acier.

Il fallut qu'il s'y prenne à deux fois pour armer et orienter le projectile vers la barricade, entre deux assauts de défenseurs qui criaient des trucs contre Foltest en rejetant à la face de ceux dans son camp que l'homme, eh bien, il avait quand même engrossé sa sœur. A présent, il fallait remonter, mais ce n'était pas une mission si difficile.

Rapidement, il rejoignit l'autre côté de la barricade désormais détruite où on se battait déjà.

Dans le sang et les corps, Foltest s'avança un peu plus dans les défenses du château de La Valette, Geralt à ses côtés.

Jusqu'à ce qu'ils tombent sur Aryan de La Valette. Avec un groupe d'arbalétriers, il défendait une tour depuis son toit.

- RENDEZ-VOUS ! OU NOUS VOUS ABATTRONS COMME LES CHIENS ENRAGÉS QUE VOUS ÊTES !

Foltest avait froncé les sourcils.

Cela ne serait pas une tâche facile.

- RENDEZ-VOUS ARYAN ET VOUS SEREZ TRAITÉ AVEC HONNEUR !

Même avec l'héritier de la baronnie à contre-jour de son point sur le haut de la tour, impossible de ne pas voir le geste vulgaire qu'il fit à l'adresse du roi.

- VA TE FAIRE VOIR ROI !

Mais les faits étaient là : Aryan et ses hommes avaient une très bonne position, très avantageuse, que ce soit pour la défense ou pour l'attaque. Alors, désirant en finir rapidement, Geralt se proposa de trouver un moyen de contourner les défenses.

Le jeune homme n'avait peut-être pas un très bon caractère, mais il était doué avec une arme. Comme si Geralt voulait se battre pour des querelles stupides. Il ferait son possible pour faire entendre raison à Aryan. Le glaive serait la solution ultime si tout échouait.

Pour cela, il avait simplement contourné la tour sur laquelle se réfugiait Aryan pour se perdre dans les échafaudages de bois qui la longeaient, et ainsi, rejoindre le sommet. Les quelques soldats qui se mirent sur sa route finirent par faire une chute mortelle dans le vide alors qu'il continuait sa montée.

Et enfin, le sommet.

Avec Aryan qui vint directement à sa rencontre.

- Le célèbre Geralt de Riv. Tu es tombé bien bas, sorceleur, commenta le futur baron. Le bruit court que tu es le meilleur escrimeur du nord. Il est temps de mettre la légende à l'épreuve.

Et immédiatement, Aryan se mit en garde.

Mais Geralt se contenta de ranger son épée.

- Assez de massacres, demanda Geralt. Rends-toi et Foltest vous traitera, toi et tes hommes, avec honneur.

Un rictus apparut sur le visage du jeune noble.

- Et quelle garantie avons-nous qu'il ne nous abattra pas tous jusqu'au dernier ?

- Aucune, accorda Geralt.

- Foltest a humilié ma mère et maintenant, il fricote avec Nilfgaard !

- Le roi dirige une armée et toi, tu n'as qu'une poignée d'hommes braves et ton honneur. Et dans quelques instants, tu peux perdre tout cela. Réfléchis.

Mais le futur baron secoua sa tête de cheveux sombres et se tourna vers ses camarades d'armes.

- Vous entendez ça, messieurs ? Le roi envoie un sorceleur et nous sommes censés nous rendre, oubliant par la même occasion la nature véritable de l'honneur et de la fierté ! Nous devons donc choisir : la honte ou le glaive d'un sorceleur. Est-ce ainsi que vous voulez vivre ? Allez-vous courber l'échine devant Foltest ?!

Le « JAMAIS » des soldats était explicite. Sur cela, Aryan se retourna vers Geralt en écartant les bras, son arme toujours en main.

- Tu les as entendus.

- Ne sois pas stupide, c'est la vie de tes hommes qui est en jeu. Tu peux encore les sauver. Rends-toi et le roi se montrera clément.

- Ma mère a vu d'assez près la clémence du Roi ! ragea Aryan.

- Tu vas faire quoi, donc ? Te jeter sur mon glaive ? Fuir ?

Le jeune homme brandit un poing coléreux au visage du sorceleur qui n'eut pas plus de réaction.

- Il a fait de ma mère une catin, avant de la désavouer devant tout le pays !

- C'est vrai, mais aucun massacre, aucun héroïsme mal guidé n'y changera quoi que ce soit. Alors, rendez les armes.

La respiration haletante de colère résonnait sourdement dans les oreilles du mutant, tout comme son rythme cardiaque qui courait comme une troupe de cavaliers au galop. Le brun finit par prendre sa décision.

- Si… si quoi que ce soit… arrive à ma mère… je vous retrouverai et je vous tuerai, menaça le jeune baron en devenir.

Et avec toute la difficulté et la rage du monde, il jeta son épée aux pieds de Geralt. Suivant son exemple, le reste de ses hommes lâchèrent leur arme en grommelant. Le mutant hocha la tête et se rendit au bord de la tour pour faire face au Roi en contrebas. Il leva une main bien visible et l'ouvrit en grand pour expliciter le choix de Aryan.

.


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A midi, Triss (avec une tenue de tissus composée d'une chemise épaisse à capuche et d'un pantalon de cuir avec des bottes, le tout dans les tons vert forestier avec du blanc, clairement plus adaptés aux champs de bataille que ses belles robes) les avait rejoints dans leur avancée vers le cœur du château et leur objectif : retrouver les deux enfants du roi. Leur nouvel obstacle était une tour avec un pont-levis. Sauf que le pont-levis en question était relevé.

Foltest s'avança presque au bord et interpella le soldat en garde tout en haut de la tour :

- Aryan La Valette s'est rendu et avec lui, le château ! Ouvrez !

- Le jeune baron est vivant ?! demanda le soldat.

- Oui, il est vivant ! Je ne suis pas mesquin ! Ouvrez les portes, agenouillez-vous devant votre roi et je me montrerai raisonnable !

Derrière, Triss soupira en regardant la scène, les mains sur les hanches. Elle pouvait régler la situation, mais elle était au service du roi. S'il ne le lui demandait pas, elle n'allait pas intervenir. Geralt se rapprocha d'elle pour lui souffler :

- On dirait qu'on est coincé.

- En effet, et sans ordre du roi, ma magie ne sert à rien. Les troupes principales sur les navires vont arriver avant nous dans la ville.

- On retourne à la tente ? Le camp doit être calme et vide à présent et j'en ai assez eu pour aujourd'hui.

Triss regarda son amant en souriant.

- Très tentant…

Elle regarda autour et remarqua que le chemin de ronde menant à la tour, de l'autre côté du bras du fleuve qui leur coupait la route. Sur ce chemin, quelques hommes en armures légères avançaient discrètement.

- Regarde, les forces spéciales du roi !

Les deux hommes que Triss avait montrés entrèrent dans la tour, alors qu'en haut, le soldat faisait la tête de mule et voulait absolument voir le jeune baron.

Cela lui en coûta parce qu'un des hommes des forces spéciales monta discrètement dans son dos et le poussa dans le vide. Puis, on fit un signe à Foltest pour lui dire que tout était bon. Juste en suivant, le pont-levis s'abaissa. En face, un homme les attendait. Il portait un long manteau bleu très épais, voire même matelassé, clouté par endroit et avec des zones recouvertes d'une cotte de maille. Son visage était noirci par le soleil et ses yeux très enfoncés dans ses orbites. Ses cheveux, noir certainement, étaient cachés par une sorte de turban noir, une coiffe à la mode en ce moment. Au milieu de sa poitrine, il portait un médaillon en fer frappé des trois lys de Temeria. Il marcha à la rencontre de Foltest qui le rejoignit au milieu du pont. Là, le nouveau venu s'inclina.

- Sire, salua succinctement et humblement l'inconnu en bleu.

- Vernon Roche, accueillit Foltest avec un semblant de sourire. Dites-moi tout, Roche.

- Les combats ont éclaté dans la ville. Une partie de nos troupes a franchi le fleuve sur des navires de pêche et a envahi les rues, pillant, violant et pillant tout sur leur passage… Cependant, il reste une poche de résistance des hommes des La Valette près du temple.

- Et pour la Baronne ?

- Vivante et mise en sécurité.

- Vous ne lui avez fait aucun mal, j'espère.

- Comme vous l'avez ordonné, Sire. Elle va bien et sa beauté est intacte. Cependant, les enfants n'étaient pas avec elle.

- Mais vous savez où ils sont.

Ce n'était pas une question.

Et Roche n'avait pas l'intention de décevoir son souverain.

- Dans le monastère, mais nous n'avons pas encore réussi à le franchir.

C'est là que le médaillon de Geralt s'agita.

Une menace ou de la magie ?

Il regarda Triss, mais elle n'avait réagi à rien, alors il étendit ses sens et sentit ses yeux s'agrandir légèrement.

Quelle était cette puissance ?

Il leva la tête pour regarder vers le ciel à l'est et remarqua immédiatement l'immense silhouette qui plongeait vers eux d'un air menaçant.

- A couvert ! Vite ! cria Triss qui avait suivi le regard de son ami dont le comportement l'avait interpellée.

Geralt poussa son amie pour la faire courir vers la tour alors que des soldats se tournaient vers la créature en approche rapide.

- Protégez le roi ! ordonna Roche en tirant le souverain en sécurité.

Ils franchirent le pont-levis et se retournèrent juste à temps pour voir une des créatures les plus rares au monde : un dragon.

Un gros spécimen, surtout si on prenait en compte que sa couleur grise-verdâtre en faisait un dragon vert qui n'était normalement pas plus grand qu'un cheval. Là, on avait clairement le gabarit au-dessus. Dans un fracas assourdissant, il brisa le pont-levis.

Au pas de course, ils traversèrent le chemin à découvert qui les séparait de la nouvelle herse. Triss se fit d'ailleurs vertement réprimander parce qu'elle ne faisait pas grand-chose pour empêcher le dragon de détruire l'armée. Dire que normalement, les sorceleurs ne chassaient pas les dragons.

Triss lança un sort qui fit exploser la herse en puisant dans le feu qui avait pris autour d'eux. Elle força un peu trop la dose parce que les pierres de la tour commencèrent à tomber sur eux. Elle les retint avec sa magie, leur permettant de passer de l'autre côté pour traverser un pont en flammes. Les pierres tombèrent enfin, cachant la magicienne de la vue de tous.

Sauf qu'ils n'étaient pas sortis d'affaire pour autant.

A croire que c'était le rendez-vous des créatures si rares que les voir relevait du miracle.

Parce que la seule fois que Geralt avait vu l'immense créature qui fondait vers eux, c'était dans un livre.

Un oiseau.

Immense, comme un homme.

Enveloppé d'un manteau de flammes turquoises parsemés d'éclats d'or, tout comme l'étrange crinière sur sa tête et la grande queue.

Un phénix.

Avec un cri perçant, l'oiseau fondit sur eux comme une lance divine.

Impossible ! Les phénix étaient des créatures pacifiques !

Pourtant la créature qui venait vers eux avait bien l'intention d'en découdre. Geralt se plaça devant le Roi et leva son glaive d'acier. Comme si l'oiseau avait prévu son geste, il changea sa position, ne fonçant plus bec vers l'avant vers le mutant. De puissants ergots de la taille d'une main se refermèrent sur la lame et tirèrent pour essayer de lui retirer son épée des mains. Profitant de la distraction, Roche entraîna le roi avec lui pour contourner l'affrontement, sauf que l'oiseau était clairement plus astucieux qu'eux. Avec une force insoupçonnable, il infligea une torsion sur l'épée, brisant l'équilibre de Geralt qui tomba sur Roche et Foltest. Cela laissa assez de temps au dragon pour se poser sur leur route, détruisant avec ses lourdes pattes griffues une partie du pont de bois. Avant que le reptile volant ne puisse leur cracher du feu à la figure, des hommes de Roche avaient réussi à trouver une baliste qu'ils orientèrent sur le dragon pour lui tirer dessus. Ils n'eurent pas le temps de lancer trop de projectiles, parce que le phénix intervint. Il renversa de leur perchoir les deux hommes de Roche, les envoyant mourir un peu plus bas.

Mais ce fut suffisant pour que le dragon libère la voie… pour ce que ça valait.

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Ce fut dans l'après-midi que l'armée de Foltest pénétra dans la cité, se retrouvant bloquée devant la herse qui les séparait du cloître du monastère.

Dans l'ombre d'une maison, un homme dans une grande cape à capuche laissa tomber le corps sans vie d'un autre soldat Témérien. Hors de question qu'il laisse quiconque s'en prendre aux civils. Il surveilla le groupe devant les herses. Le roi avec sa couronne. Un homme en bleu qu'il devinait être Vernon Roche, il avait entendu parler de lui. L'autre était le sorceleur, parfaitement reconnaissable à ses cheveux blancs et à ses deux glaives dans le dos. Il n'entendait pas la conversation, mais il se doutait que le souverain devait savourer sa conquête. Mais elle restait incomplète. Des rebelles occupaient le chemin du monastère. Et bien entendu, les enfants étaient dedans. Quand les choses ne vont pas, les femmes et les enfants se réfugient dans les lieux saints. Une fois sur trois, c'était efficace. Parce qu'il y avait toujours des cons pour désacraliser ces endroits et s'en prendre à ceux qui cherchent protection auprès des divinités.

La silhouette observa le sorceleur qui devait sentir son regard puisqu'il fouillait les environs des yeux. Il devait être bon pour le percevoir malgré ses précautions. Bien entendu, le regard du mutant tomba sur les divers corps de soldats assassinés. Nuque brisée ou gorge tranchée. C'était une guerre, personne ne s'intéressait à des soldats morts. Sauf un pro des morts. Le tout était de savoir s'il verrait que ce n'était pas une lame qui avait tué les soldats, mais un ergot. Foltest distribua des ordres avant de rester planté devant la herse, laissant Roche et ses hommes trouver un moyen d'entrer dans le monastère. Le sorceleur reçut les mêmes ordres. Lire sur les lèvres avait ses avantages. La silhouette retourna dans l'ombre et se mit à parcourir les rues. Même s'il n'aimait aucun roi nordique, une chose était certaine concernant Foltest : ses enfants étaient la prunelle de ses yeux. Les enfants de sa maîtresse ne risquaient rien. Concernant le sorceleur… Il avait un bon pressentiment. Meilleur que concernant ce gars de la Vipère dont il avait entendu parler. Son instinct ne le trompait que rarement. Et son instinct, comme celui qui le poussait à trouver l'Incendiaire de Rivia pour il ne savait quelle raison, lui disait que ce mutant aux cheveux blancs était, si ce n'est un saint, au moins un gars bien qui ne ferait pas de mal à des enfants.

La silhouette entendit un cri de femme et accéléra le pas pour finir devant une maison au moment où une porte s'ouvrait.

- Que les dieux me viennent en aide !

Un soldat Témérien se présenta dans l'embrasure et pointa une arbalète sur la femme qui fuyait la demeure. Le carreau n'atteignit jamais sa cible. La femme continua de courir de toutes ses forces, sans se retourner, sans jamais voir la silhouette qui lui avait sauvé la vie en interceptant au vol le projectile. Lentement, de dessous sa capuche, il tourna la tête pour regarder le soldat qui le fixait avec stupéfaction. Un homme venait après tout d'intercepter un carreau d'arbalète à main nue. Ce n'était pas rien. En voyant la silhouette venir vers lui, il se dépêcha de reculer en armant de nouveau son arbalète. Le carreau suivant fut tout bonnement esquivé. Le soldat hurla, alertant son collègue qui s'en prenait à de pauvres riverains qui n'avaient rien demandé. Le second soldat se retourna donc juste à temps pour voir son collègue mourir quand le carreau intercepté lui fut enfoncé avec tant de violence dans l'œil qu'il en ressortit de l'autre côté du crâne au travers le casque. Le cadavre tomba au sol, répandant du sang sur les sandales de cuir de l'inconnu qui s'avança sans hésitation vers le second garde. Les deux hommes retenus en otage poussèrent des hurlements d'effroi, quand, suite à une intense lueur bleutée, leur assaillant tomba sans vie au sol, la gorge tranchée.

- La femme en a réchappé, mais qui peut dire pour combien de temps. Dépêchez-vous de la retrouver, leur dit l'inconnu avec un fort accent très étrange.

Le geste du pouce vers la sortie derrière son épaule ne fut presque pas nécessaire pour que les deux hommes s'en aillent. Calmement, il quitta la maison pour tomber nez à nez avec le mutant.

Le blandin était meilleur qu'il ne l'avait cru.

Sans un mot, le sorceleur tira un de ses glaives. Le reflet de la lumière du soleil et des flammes permit d'identifier lequel il avait sorti.

La lame d'argent.

Un sourire amusé apparut sur la bouche de la silhouette, seule chose visible de son visage de dessous sa capuche, outre sa barbiche blonde qui faisait élégamment le contour de sa bouche.

- Tu n'es pas un soldat des La Valette, dit le mutant avec certitude.

Le souffle par le nez de la silhouette montrait son amusement.

La lame du mutant vira pendant un bref instant au noir.

- Eeeeh omoshire…

Seulement, il avait autre chose à faire, il ne pouvait pas jouer. Un autre jour, il aurait été bien d'accord, mais pas aujourd'hui. Un léger froncement de sourcil se manifesta sur le visage de marbre du mutant. Comme quoi, si on ne savait pas regarder, on loupait beaucoup de choses.

L'homme encapuchonné détourna la tête, percevant d'autres riverains victimes des horreurs de la guerre à la lisière de ses capacités. Il regarda de nouveau le mutant qui se rapprochait lentement.

- Onigokko shio yo ?

Il fonça droit sur le sorceleur qui se mit en garde…

Sauf que l'inconnu contourna le mutant dans un tournoiement de sa cape, esquivant l'attaque. Le sorceleur se retourna mais l'inconnu prenait déjà la fuite, entraînant une poursuite dans les rues du bourg entre les murs de la forteresse.

.


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Au détour d'une rue, Geralt perdit sa proie. Pour une autre.

Un groupe de soldats qui avait séquestré des villageois dans des maisons qu'ils voulaient brûler, afin de purger la Temeria des traîtres.

De simples civils.

Comment dire que si les soldats Témériens s'en sortirent vivants, c'est parce qu'après avoir eu le cul proprement botté, ils avaient laissé partir les civils. La chose étant faite, Geralt pouvait enfin avancer dans l'enquête. Puisqu'il n'y avait aucune trace de l'étrange individu, certainement pas très humain, qu'il avait rencontré auparavant, le Loup Blanc se devait donc de revenir à sa mission première : trouver l'infâme passage qui pourrait les conduire jusqu'aux enfants.

Et pour cela, il y avait qu'une seule chose à faire : suivre les soldats de La Valette.

Ils protègeraient absolument les enfants de la Baronne. Et donc, logiquement, tout moyen d'accéder à eux. Entrer ici, le seul chemin pouvant permettre d'accéder aux enfants.

Certes, cela impliquait de passer par un tunnel à moitié immergé sous la ville, avec un ou deux noyeurs dans les environs, mais c'était la seule piste. Après, il ne fallait pas être un génie. On ne met pas des gardes en position autour d'un puits en ruine, à moins d'une excellente raison.

Il avait fini par sortir des tunnels dans une tour qui avait grand besoin de réparation, parce qu'elle avait un gros trou dans le mur. Et par ce trou, il vit une barque et elle était occupée par des elfes armés.

Des Scoiat'ael.

Etrangement, ils ne bougeaient pas de l'endroit. Comme s'ils attendaient quelque chose.

Pas le temps de s'attarder, Foltest et ses hommes attendaient.

Il grimpa les marches, passa une grille, tua trois soldats de La Valette qui montaient la garde, avant de reprendre une nouvelle volée de marches qui grimpait en colimaçon dans l'intérieur de la tour. Il arriva enfin dans un couloir qu'il parcourut à pas rapides. Pour finir, il trouva un nouveau trou dans le mur, envahi par du lierre. Cette fois, un trou en hauteur, menant sur un cimetière au bord de la falaise sur lequel on avait construit le monastère.

Avec d'autres soldats pour l'attendre.

Cela n'avait donc pas de fin ?

En fait, si. Et cette fin, elle était dans le cloître du monastère. Dernière poche de résistance rapidement balayée. Il suffisait à présent de monter la herse et Foltest faisait un pas de plus en direction de ses enfants.

Et d'après les dires du souverain, Geralt venait de devenir le Sorceleur le plus titré et le plus riche du monde. Surtout le seul, parce qu'on était plus du genre à vouloir les chasser à la fourche qu'à les récompenser. Vernon, de son côté, n'avait pas eu beaucoup de succès. Le prêtre avait passé l'arme à gauche durant l'interrogatoire. Quand il apprit la présence d'Écureuils du côté de la rivière, il voulut immédiatement savoir leur nombre, leur localisation exacte, leurs activités et s'ils portaient des couleurs particulières. Interrogatoire que le roi interrompit. Lui, il voulait ses enfants. Les elfes pouvaient attendre.

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Ils entrèrent dans une grande salle du temple, trouvant des civils en prière devant la statue de la déesse Mélitèle, alors que l'homme de foi dans sa bure de velours mauve et or à capuche les attendait. Avec lui, un autre homme. Un homme au crâne rasé avec une balafre lui traversant le visage de part en part. Vu la façon dont il regarda Geralt, il le connaissait, mais le Loup Blanc ne se rappelait certainement pas de lui.

Le nobliau balafré revint rapidement à Foltest, ne s'inclinant pas devant le souverain, allant jusqu'à croiser les bras sur sa poitrine.

- Sa Majesté le Roi Foltest de Temeria.

- Arthur Tailles, autrefois Comte de Nessvelt, reconnut le souverain. Je croyais m'être débarrassé de vous. J'ai signé votre condamnation après tout.

- C'est exact, cependant, la Baronne a jugé bon de me pardonner. Une situation très embarrassante, n'est-ce pas ? se moqua le nobliau.

- Où sont Anaïs et Bussy ? exigea le Roi.

- Aaaah, les bâtards royaux…

- N'abusez pas de ma patience, Tailles, ou je vous assurerai une mort longue et douloureuse !

- Confessez-vous, Foltest ! exigea le prêtre avec une voix qui laissait se demander s'il n'était pas en transe sous sa capuche. Devant les dieux et le peuple ! Bussy et Anaïs sont le fruit vos entrailles ! Agenouillez-vous devant les dieux et admettez la vérité !

Foltest ignora de toute sa royale indifférence le prêtre et continua avec Tailles :

- Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué Tailles, je viens de prendre cette ville.

- Avec l'aide d'assassins, d'une sorcière et d'un mutant pour qui rien n'est sacré.

En disant ça, Tailles regarda directement Geralt qui était resté tranquillement dans son coin, les bras croisés, à attendre que les choses se fassent.

- Ceci est un lieu sacré ! s'insurgea le prêtre. Vous ne pouvez pas lever la main sur un serviteur des dieux !

Bon, puisqu'ils n'avançaient pas, le sorceleur se sentit obligé d'intervenir.

- Où avez-vous cacher les enfants ? articula-t-il soigneusement.

Il décroisa les bras et exécuta rapidement la forme longue du signe Axii avec sa main droite. Ses yeux s'allumèrent un instant sous l'acte magique.

Effet immédiat.

Le prêtre leur donna la réponse avec une voix sans vie et sans la moindre opposition.

Il n'y avait pas eu d'éclat de voix, pas de violence, tout dans le calme.

Pourtant, Tailles trouva le moyen de crier au scandale :

- Qu'est-ce que cela ! Blasphème ! Ce sont des tours maléfiques de sorciers !

Tailles, par contre, ce n'était pas un serviteur des dieux. Alors, il en prit pour son grade. Geralt souffla un instant sur son poing, se retenant d'y mettre du Haki, avant de l'envoyer dans la figure du chauve qui en tomba à la renverse avec un nez cassé en prime.

- Le prêtre n'a pas de bobo et le nobliau a le nez cassé. C'est la solution la plus satisfaisante que j'ai vue depuis longtemps, approuva Roche.

- Allons-y, le soleil ne va pas tarder à se coucher, commenta Foltest.

Et il tourna les talons avec les hommes de Roche, avec l'intention d'aller chercher ses enfants. Dans sa tête, Geralt poussa un profond soupir. C'était si compliqué d'avouer la paternité des enfants de la Baronne ? Pourquoi faire un siège quand de simples mots auraient pu éviter tout ce bordel ? Ah, les rois…

En silence, il suivit le reste du groupe qui commentait l'assaut assez unique qu'ils avaient vécu. Ils avaient vu des sièges virer au désastre, mais celui-ci, avec ce dragon et ce phénix, c'était le summum.

- Ce sont des conneries ! finit par éclater Foltest alors qu'ils s'engageaient sur un pont de pierre à découvert pour rejoindre la tour où étaient les enfants. Geralt, vous devez savoir ! Est-il possible d'apprivoiser ces créatures ?

- Pas que je sache, répondit le mutant.

- Alors pourquoi ils ne s'en prennent qu'à mes hommes ?!

Peut-être la couleur ? Le Loup Blanc ne laissa pas son commentaire lui échapper. Il était sur les dernières heures de l'assaut, il fallait garder Foltest de bonne humeur s'il voulait pouvoir regagner son indépendance.

- Espérons que Merigold s'en soit sortie, commenta le roi.

- J'en suis certain que tout va bien pour elle, rassura Geralt.

Ils continuèrent leur route sur le pont de pierre.

Danger

Geralt s'arrêta et porta une main à son glaive, cherchant la source du danger imminent.

Ce fut Foltest qui la montra du doigt.

- Le dragon est de retour !

De leur droite, ils virent que la créature écailleuse contournait par les airs le château pour foncer sur eux. Roche entraina le souverain dans sa lourde et riche armure, le protégeant au mieux de sa carrure, espérant les éloigner de la trajectoire du dragon. Mais quand celui-ci ouvrit la bouche, la seule chose qui sauva tout le monde de la grillade, ce fut la vive réaction de Geralt qui plaqua le souverain au sol et balança Roche en arrière, leur faisant esquiver les flammes. L'immense créature se posa sur le pont, séparant Vernon d'eux. Le sorceleur se releva rapidement, entraînant le souverain presque en état de choc avec lui. Il le tira aussi vite que possible vers la tour, esquivant au mieux les coups de pattes et les coups de crocs du reptile qui les poursuivait sans faiblir en détruisant à moitié le pont sur son passage.

Une brève vision d'un jet de flammes le grillant lui et le roi manqua de prendre le mutant par surprise, mais comprenant ce que son Haki voulait lui dire, il tira rapidement le souverain dans un recoin légèrement à l'abri du pont, laissant les flammes les frôler sans leur faire de mal. Dès qu'il n'y eut plus de feu, le bras de Foltest toujours par-dessus ses épaules, il reprit sa marche rapide vers leur seul refuge possible. Quand l'entrée fut en vue, Geralt plongea au sol avec le roi pour échapper à un nouvel assaut de la mâchoire. Le vieux roi resta affalé face contre terre alors que le mutant se réceptionnait dans une roulade qui lui permit de se redresser accroupi, nez à nez avec le dragon, son glaive dans la main. Le dragon se dressa sur ses pattes arrière, étirant d'un air menaçant ses ailes, avant de plonger son long cou vers l'avant, la tête penchée sur le côté, seule chose capable de passer l'entrée de la tour où les deux hommes avaient trouvé refuge.

En réponse, Geralt fonça vers l'avant et lui planta son glaive d'argent dans la gueule. Le mouvement que fit la bête en se débattant tout en reculant fit tomber la herse, les mettant réellement à l'abri. Le reptile essaya de retirer avec une patte griffue le glaive de sa gueule, avant de finalement s'en aller. Cependant, juste en suivant, le phénix apparut. Sans autre solution, Geralt tira son glaive d'acier et observa l'oiseau qui venait de s'accrocher avec ses serres aux grilles de la herse, observant les ouvertures comme s'il cherchait à savoir s'il pouvait passer entre.

Puis, il leva les yeux vers le Loup Blanc.

Un regard affreusement intelligent et presque amusé.

L'oiseau poussa un trille qui semblait être un rire, avant de finalement reprendre son envol et disparaître à la suite du dragon. Le mutant se permit de souffler. Ils étaient en sécurité à présent. Il rangea son glaive d'acier et suivit Foltest qui s'était relevé.

- Vous m'avez encore une fois sauvé la vie, dit gravement le souverain en adressant un regard à Geralt.

Puis, il se détourna et s'avança vers l'escalier à proximité.

- Demandez-moi ce que vous voulez, sorceleur, et je l'accorderai. Dans la limite du raisonnable, bien entendu.

C'était une bénédiction tombée du ciel. Du pain béni, vraiment.

- Je dois quitter la cour, Majesté. Je cherche des réponses et ce n'est pas en restant ici que je les trouverai.

- Rien au sujet de Triss Merigold de Maribor ? Je pourrais la laisser partir avec vous, elle vous aime follement après tout.

- C'est son choix, pas le mien.

Surtout qu'elle s'obstinait à vouloir le garder dans le noir.

- Vous pouvez partir et rien ne vous en empêchera. Vous avez ma parole d'homme, sorceleur.

Des rires d'enfants interrompirent leur conversation et ils finirent de grimper les marches pour arriver dans la petite salle de repos monastique. Deux petits enfants jouaient dans leur coin, dans leur tenue riche de noble. En entendant les bruits de pas, les deux gamins cessèrent leurs jeux et la fillette d'à peine une dizaine d'années attrapa son petit-frère par la main et l'entraîna avec elle. Ils allèrent se cacher derrière une chaise qui était occupée par un prêtre à la carrure bien mastoc et en froc sombre, sans parler de la capuche sur sa tête et de la longue canne dans sa main droite. Quand les enfants vinrent se cacher derrière lui, il tourna vaguement la tête comme pour suivre le mouvement, avant de se tourner vers les deux nouveaux venus. Il se leva et s'avança un peu, une main en avant et la longue canne de cérémonie lui servant pour s'orienter.

- Qui va là ? demanda le prêtre avec une voix bourrue.

- Foltest. Je suis ici pour mes enfants, répondit le monarque.

De son côté, Geralt n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais quelque chose le mettait sur le qui-vive chez ce prêtre. Il ne put s'y attarder plus que le Roi mit un bras devant lui.

- Geralt, attendez ici, vous risqueriez de les effrayer.

Oui, bon, d'accord, il n'était pas l'homme le plus chaleureux du monde, mais il ne fallait pas pousser.

Le mutant se dirigea vers une alcôve proche avec une fenêtre et s'y appuya, regardant au dehors dans l'espoir d'apercevoir une trace du dragon et du phénix.

- Aaaah, que les dieux soient loués, mes prières ont été entendues, commenta le prêtre.

Les bras tendus, Foltest avança vers ses enfants.

La gamine réagit immédiatement et alla s'accrocher à la taille de son père. Ses cheveux disaient clairement qu'elle était bien de sang royal, puisqu'ils étaient clairs, loin de la tignasse noire de son frère Aryan. Des longs cheveux bouclés brun, tirant sur le roux (chose qu'était Foltest). Le père la regarda d'un air tendre et posa une main sur le dos de sa fille sanglotante pour la consoler, avant de regarder son fils et héritier toujours en retrait derrière le prêtre. Le moine recula avec prudence et posa un genou à terre pour se mettre au niveau de Bussy qui regardait le sol.

- Va Bussy, encouragea le moine.

- Ce n'est pas mon père, réfuta le gamin.

- Mais c'est ton roi, mon garçon.

Et l'enfant fut poussé fermement vers l'avant. Alors, à contrecœur, le garçonnet s'avança vers Foltest et Anaïs, toujours en fixant le sol, des larmes commençant à ruisseler sur ses joues. Doucement, le roi posa sa main sur le crâne de son fils qui continuait de regarder ses chaussures et lui caressa les cheveux. Il releva la tête pour souffler et renifler légèrement, comme pour retenir ses larmes.

Doooong !

- Des cloches, reconnut le moine aveugle.

Ils savaient ce que ça voulait dire.

- Votre triomphe est complet. La cité et la forteresse sont vôtres, Sire, continua le prêtre. Il est temps de rendre hommage aux ancêtres et à la Mère Créatrice pour cette victoire.

Geralt se pencha un peu dans l'ouverture pour voir l'origine des cloches, avant de s'intéresser de nouveau à la scène dont il était exclu.

- Un instant, l'aveugle, réclama le roi. Cela fait six mois que je n'ai pas vu mes enfants. Les dieux peuvent bien attendre quelques minutes.

Le moine eut un geste de sa tête encapuchonnée avec une certaine résignation, laissant Foltest parler à ses enfants. Anaïs se détacha de la taille de son père et noua ses mains au bras de la main qui lui tenait toujours le dos, afin de faire face à son petit-frère qui pleurait toujours. La main sur la tête de Bussy alla reposer dans le dos de l'enfant alors que le souverain se penchait vers eux :

- Ecoutez-moi. Votre mère et moi, nous nous sommes disputés, mais c'est fini. Des hommes mauvais l'ont retournée contre moi, et l'ont trompée. Ces hommes seront punis, et tout va s'arranger.

Un sanglot échappa à Bussy alors qu'Anaïs restait de marbre. Le garçonnet essuya son nez qui commençait à couler.

- Essuie tes larmes, Bussy. Un jour, tu seras roi et les rois ne pleurent pas.

L'enfant renifla en laissant retomber sa main, permettant à Foltest de regarder ses deux enfants à tour de rôle.

- Des hommes armés approchent, Sire, annonça le moine. Les enfants, allez dans le réfectoire.

Et il accompagna la demande avec un vague et grand geste du bras gauche.

Geralt les avait entendus aussi. Ce moine avait une sacrée bonne oreille, parce qu'ils étaient encore loin. Mais Foltest n'en avait pas encore fini avec son fils :

- Mes chevaliers seront bientôt là et tu dois les rencontrer, parce qu'un jour, c'est toi qui les dirigera. Va te laver le visage, Bussy, ils ne doivent pas voir que tu as pleuré.

- Il y a un seau d'eau dans la pièce d'à côté, annonça le moine.

- Anaïs, aide ton frère.

La gamine hocha la tête et prit la main de son petit-frère qui était bien content de quitter la pièce. Si lui pressait le pas pour rejoindre la salle d'à côté, Anaïs se retourna et marcha à reculons pour regarder son père aussi longtemps que possible, homme qui tendit une main vers elle avec un maigre sourire, comme pour lui dire « à tout à l'heure ». Anaïs répondit au geste avant de disparaître derrière son frère par-delà un angle de mur.

Avec un pas lourd, le moine s'avança vers Foltest et posa une main sur l'épaule de celui-ci, le tirant de sa contemplation.

- Sire, il faut prier maintenant.

Foltest roula des yeux et s'éloigna vers le coin de la pièce réservé à la prière, tournant le dos au moine.

- Ils doivent avoir l'allure des enfants royaux qu'ils sont.

- Ils ont des yeux royaux, Sire, assura l'homme de foi.

La remarqua alerta Geralt. Comment un aveugle pouvait-il le savoir ?

Le Loup Blanc se retourna pour voir le bandeau qui masquait auparavant les yeux de l'aveugle tomber comme au ralenti vers le sol, avec bientôt la canne ornée de cierges éteints. Alors, le sorceleur s'élança, le glaive à la main.

Pourquoi diable le temps allait-il si lentement ?

Mais déjà, le moine était dans le dos de Foltest, une lame à la main.

Pourquoi le Haki ne l'avait-il pas prévenu à temps ?

Entendant le hurlement de Geralt, Foltest regarda par-dessus son épaule, sans comprendre pourquoi le sorceleur avait l'air si paniqué et pourquoi il courait vers lui avec son arme au clair. Il s'arrêta et commença à se retourner pour lui demander des explications, mais pas du bon sens pour voir la menace du moine qui avait suivi le mouvement avec fluidité, laissant toujours son poignard hors de vue du souverain. Jusqu'au dernier moment.

Quand la lame entra en contact avec sa peau qu'il comprit.

Et il était déjà trop tard.

Dans un grand geste précis, la gorge du roi Foltest de Temeria fut tranchée, répandant du sang sur le sol partout autour.

Le hurlement que Geralt poussa en réponse, seuls l'assassin et Anaïs (qui était revenue sur ses pas en cachette) l'entendirent. La pauvre enfant, depuis l'angle du mur, regarda son père agonisant essayer de faire quelques pas en se tenant la gorge, avant que le moine ne prenne le souverain par les épaules pour le balancer sur le mutant, le coupant dans son assaut. Sans d'autres solutions, couvert de sang royal de la tête aux pieds, le Loup Blanc allongea le souverain mort sur le sol avant de relever la tête vers le moine qui fit tomber sa couverture.

Dessous, c'était une armure grossière en cuir et tissu, avec quelques plaques d'aciers, pour protéger un corps musclé à l'outrance et imposant. Sur le poitrail, deux poignards se croisaient juste en-dessous d'un médaillon en métal magique représentant un serpent enroulé sur lui-même en un semblant de tresse. Et tout ceci était porté par un homme au visage de marbre sans âge, le crâne rasé pour laisser apparaître une étrange cicatrice en V et deux yeux ambrés brillants dans l'obscurité de ses profonds orbites.

Un sorceleur.

Le tueur recula lentement, puis plus vite, avant de pivoter sur lui-même quand Geralt reprit l'assaut

Mais l'assassin avait de l'avance.

Il grimpa sur un tabouret, puis sur un petit secrétaire, comme si c'était des marches, avant de se jeter par la fenêtre. Geralt grimpa à sa suite mais s'arrêta dans l'encadrement de la fenêtre, le glaive toujours à la main, cherchant le tueur du regard.

Mais rien à faire, il avait disparu. Certainement dans l'eau tout en bas.

En jurant, il retourna auprès du roi et le retourna sur le dos, l'éloignant de la flaque de sang que le souverain avait laissé sur la pierre.

Il n'y avait plus rien à faire, Foltest n'était plus.

Et le Destin choisit cet instant pour se rappeler à Geralt.

Avec des hurlements de guerre, des soldats Témérien arrivèrent dans la pièce pour s'arrêter d'un coup en voyant la scène.

Foltest mort, à terre, la gorge tranchée.

Geralt sur lui, le glaive à la main, couvert de sang.

Les soldats n'étaient peut-être pas les plus brillants, mais ils savaient au moins qu'un plus un font deux. Dommage pour eux, ce n'était pas le bon « deux » qu'ils avaient sous les yeux, mais les apparences n'étaient pas en la faveur du Loup Blanc.

Ce qui expliqua pourquoi il se retrouva avec deux arbalètes braquées sur lui.

Lentement, les bras levés, Geralt s'éloigna du corps pendant que des renforts arrivaient. Avec colère, il jeta à terre son arme pour se laisser arrêter sans résistance.

Dire qu'il avait été à deux doigts de retrouver son indépendance et la liberté du vagabondage de la Voie.