Bonjour à tous !

On se retrouve aujourd'hui pour la suite de nos aventures et je pense que si vous n'avez pas comprit l'indice de l'asile, celui-ci, vous allez pas le manquer et beaucoup vont être heureux de ce que ça promet. Ensuite, on a Thatch. Oui, je sais, il est déjà dans le coin, mais là, on profite un peu plus de notre cuisinier favoris. Et c'est sas prix.

Je sais aussi que les fan du couple Triss/Geralt vont râler, mais je reste team Yen.

Quoi d'autre ?

Ah oui ! Je veux remercier Algol D. DarkWalker pour son commentaire concernant le fait qu'Ace soit désormais armée d'une Winchester. Et juste lui dire qu'il n'a pas idée de chaos que cette arme va causer dans ce qui sera The Witcher 3 (Samy, je te vois rire, arrête).

Sur ce, je vous dis à bientôt !

.


.

Geralt se réveilla en grognant quand il réalisa que quelqu'un le secouait. Sa tête lui faisait un mal de chien. Il avait dû vraiment forcer sur l'alcool pour que ses mutations n'arrivent plus à suivre. La langue pâteuse, il s'assit… et réalisa qu'il avait juste sa culotte longue sur lui et qu'il était sur la berge, à quelques dizaines de mètres de la ville.

C'était Ace qui l'avait réveillé et vu son froncement de sourcil, il ne s'était pas levé du bon côté du lit.

- J'ai peut-être assez de matériel pour pourrir ta réputation auprès des Loups, mais la situation est grave. Donc, tu te lèves, tu vas voir Cyn, tu t'excuses pour le désagrément, puis tu vas en faire de même au bordel avant d'aller dire à la magicienne que tu es prêt pour le Kayran.

- Tu peux m'éclaircir sur ce qu'il se passe ?

- Pendant que tu essayais, avec les Stries Bleues, de prouver qu'il était possible de faire la traversée du Pontar à dos de catin, on est tombé sur un gros baril de poudre, avec Cyn.

Ace rapprocha sa tête de celle de Geralt pour lui souffler un résumé glaçant à l'oreille :

- On a deux jours. Deux jours avant que le comptoir s'embrase. Deux jours pour évacuer femmes et enfants et mettre nous-mêmes les voiles pendant que les idiots se battent entre eux.

Geralt fronça les sourcils et recula assez la tête pour voir son camarade le fixer avec sérieux.

- Qu'est-ce qui couve ?

- Une révolte, si un pogrom n'éclate pas avant.

Le Loup Blanc hocha la tête et se leva.

- Tu vas faire quoi pendant que je gère le keyran ?

- Discuter avec un troll pour lui faire arrêter le biberon.

Ace se leva et commença à s'éloigner, avant de se retourner brièvement vers le blandin dans son dos.

- Très beau le tatouage sur la gorge. Tu t'es vu dans un miroir ? Parce que c'est une magnifique femme nue que tu as là. Merigold va adorer.

Le brun tapota la zone en question sur sa propre gorge avant de s'en aller, laissant l'autre mutant toucher sa peau pour sentir une récente cicatrisation et l'odeur d'encre et d'alcool.

Qu'est-ce qu'il avait bien pu faire la nuit dernière ?

.


.

Geralt avait fait ce que tu lui avais dit Ace. Cyn et la Matrone Margot avait retenu un rire en le voyant arriver, ce qui était tout sauf de bon augure. Et quand il avait commencé à s'excuser et poser des questions, le rire était revenu en force. Et pour avoir les informations, il fallait payer.

Obligé de sortir la monnaie pour avoir le récit de sa nuit d'hier.

Néanmoins, l'argent changea de main et Margot, toujours avec un sourire moqueur, lui expliqua ce qu'il s'était passé la nuit d'avant :

- Vous êtes arrivés à cinq ici. Ou plutôt, vous avez rampé jusqu'ici.

- Je rampais ? répéta Geralt en écarquillant les yeux.

Mais qu'est-ce qu'il avait bu pour être dans un état pareil !

- Oh oui ! rit la catin. L'un des Stries Bleues a demandé des filles pour tout le monde. Vous avez eu la plus belle parce que vous avez aligné le plus.

Ce qui expliquait que sa bourse soit aussi légère.

- Et ensuite ?

- C'est la partie intéressante ! Au lieu de les tringler comme n'importe qui, vous leur êtes monté dessus et leur avait demandé de vous conduire jusqu'au port.

Ace était donc sérieux avec son histoire de traversée du Pontar ?

- J'ai pas fait ça ?

- Demandez à la femme qui était avec vous. Celle qui a un uniforme.

- Parce que Cyn était là, aussi ?

- Oui, elle a essayé de vous empêcher de faire vos conneries, mais vous étiez juste trop incontrôlable pour elle. Elle vous a regardé faire un moment, puis elle a suivi le petit brun aux yeux d'argent. Je peux la comprendre, mignon comme il est, on a bien envie de le chevaucher !

Le Loup Blanc se pinça le nez.

Il allait devoir parler à Cyn, de toute façon.

Donc, c'est toujours dans son sous-vêtement qu'il quitta le bordel, s'attirant toujours autant de regards et de rires de la part des habitants du comptoir et de la garde. Il traversa la rue pour arriver au bâtiment servant de QG aux Stries Bleues.

La blonde était nerveuse et marchait comme un loup en cage dans le bâtiment, sous le regard vaguement perplexe de ses camarades.

- Bonjour, Cyn. J'ai vu Ace et il m'a raconté des trucs sur ce qu'il s'est passé hier soir.

- A quel sujet ? Le début de la soirée ou la poudrière qu'on a trouvée ? demanda la jeune femme d'un air las. Parce que pour la seconde partie, je pense pas qu'il vaille mieux en parler ici. La magicienne Merigold sera mieux placée pour t'en parler.

Et voilà qu'on l'envoyait voir ailleurs.

- Bien, que s'est-il passé en début de soirée ? demanda patiemment Geralt.

- J'ai essayé de vous en dissuader, mais vous étiez persuadé qu'il était possible de traverser le Pontar à dos de catin. Vous avez essayé pendant un long moment, mais il n'y avait aucun moyen que vous y arriviez, toi et les gars.

- Et c'est là que…

- Non. Quand je suis tombée sur ça, vous veniez de commencer et quand je suis revenue, vous y étiez encore à patauger dans la flotte. Ce qu'il s'est passé en suivant, c'est que tu as dit que tu voulais rejoindre les Stries Bleues et tu t'es fait faire un tatouage comme les nôtres.

Et elle l'applaudit narquoisement. Le blanc soupira et se prit le front dans une main. Il avait trop forcé sur l'alcool.

- Est-ce que tu saurais où j'ai laissé mes affaires ?

- Tu les as jetés un peu partout. J'ai tout ramassé et rangé dans le coffre là-bas.

Et elle lui montra le coffre en question avec un geste du pouce.

- Merci, Cyn.

La blonde se détourna, plus du tout intéressée, préférant sortir du baraquement. Geralt se dépêcha de s'habiller et de s'équiper, avant de s'arrêter alors qu'il allait prendre sa sacoche à élixir. Il y avait un flacon inconnu dedans. Par curiosité, il le prit et le déboucha pour le sentir. Ca sentait l'osmorose. L'herbe des cavernes. Il regarda le flacon et eut envie de se mettre une gifle. Une étiquette avait été accrochée au verre avec la mention « Mangouste » dessus, inscrite dans l'écriture raide d'Ace. Et ce n'était pas le seul cadeau du brun, puisqu'en soulevant ses glaives, il trouva un piège qui servirait parfaitement pour couper une des tentacules du kayran.

Honnêtement, Geralt ne comprenait pas la démarche. S'il tenait à l'aider, Ace aurait pu venir avec lui jusqu'à affronter la bête au lieu de lui refiler le matériel. Sans autre commentaire, il quitta l'endroit et se dirigea vers l'auberge. Les chambres étaient à l'étage. Généralement, les catins les utilisaient pour leurs passes, mais quand des gens en avaient besoin, on les leur refilait et les filles devaient se débrouiller autrement. Ayant l'intention de retrouver Sheala pour en finir avec ce kayran, Geralt monta les marches. Ce fût là qu'il vit Zoltan et Triss sortir d'une des chambres, l'air grave. En voyant le mutant, ils échangèrent un regard avant que le nain ne s'en aille en tapotant au passage la cuisse de son ami. Le blanc le regarda passer en silence, sans comprendre, avant de se tourner vers Triss qui, d'un geste de la tête, lui fit comprendre qu'elle voulait le voir en privé dans sa chambre.

Qui était-il pour refuser une discussion avec une amie, surtout si on pouvait lui expliquer ce qu'il se tramait ?

.


.

Ace arriva au bord d'un pont en ruine et s'accroupit.

Là, un peu plus bas sous ses pieds, un gros troll était assis et gémissait. Le travail du troll était de maintenir et protéger le pont qui permettait de traverser la rivière qui coupait en deux la forêt. La rivière avait beau être quasiment à sec, son lit était profond, donc, les caravanes ne pouvaient pas en descendre les parois escarpées. Le problème ici : le troll récupérait le paiement sans rien faire en échange. Le mutant avait réduit en charpie moultes endrigues et nekkers sur le chemin pour arriver devant un pont bien en ruine. Donc, non, le troll ne faisait pas son boulot. Le D. fronça le nez, d'ici, il sentait une forte odeur d'alcool et d'autres liqueurs fortes. D'un côté, Loredo voulait la mort du troll, et de l'autre, les habitants voulaient un troll sobre et un pont en état. Et il n'y avait qu'un moyen de savoir quel côté il allait prendre.

Ace soupira et sauta dans les restes de la rivière. C'était à force de gérer les trolls qu'il avait fini par développer de la patience.

Le troll le remarqua immédiatement.

- Pas passer.

- Pourquoi ? s'enquit le brun.

- Pas passage. Pas vodka, pas passage, lui dit l'immense bestiole entre avec une peau entre le bleu et la boue et un ventre et une partie du visage blanc.

- Pourquoi est-ce que je devrais te payer ?

- Mon pont.

- Ce ne sont que des ruines. Je vois pas pourquoi je devrais payer pour passer un pont en ruines. Si je veux traverser, je traverse par là.

- Et moi, j'vais t'frapper !

Le poing du troll jaillit et le D. le para. Pourtant, le poing faisait la taille d'un bon gros rocher. Juste en suivant, la bête passa par-dessus la tête du mutant qui l'envoya voler plus loin dans l'eau. Merci la Dame du Lac, cette force inhumaine lui avait manqué.

- Tu as autre chose à dire ou on peut discuter tranquillement ?

Le troll se releva et revint à la charge. Le pirate sauta pour remonter sur le haut de la ruine de pont et se projeta vers le ciel pour ensuite retomber sur le troll, une jambe tendue. Le talon entra en contact avec le sommet du crâne du troll et se recouvrit d'une couche de Haki brillante, avant de se reprojeter vers l'arrière et de finir accroupi sur une des flaques. La créature poussa un hurlement de douleur et se prit le crâne entre les quatre doigts d'une de ses mains. Il la ramena à ses petits yeux pour voir du sang.

- Donc, on arrête ici, ou je passe à ça ? s'enquit le mutant en tirant son glaive d'argent.

- Stooooop… gémit le troll en posant ses mains énormes sur sa blessure.

Ace appréciait que le troll se rende parce qu'il s'était fait mal au talon avec son kakato geri. D'un côté, il savait que ces petits jobs comme gardien de pont qu'on donnait aux trolls, cela faisait du boulot en moins pour les mutants, mais de l'autre, cela faisait tout de même des trucs solides en moins à devoir se démener de tuer.

- T'es bien imbibé. Pourquoi tu bois autant ?

- Vodka bonne, lui répondit le troll avec sa voix profonde et caverneuse. Bobo à la tête. Mais pas dans la tête.

- Quand on a mal dans le crâne, c'est pour une raison.

Le glaive retourna dans son fourreau.

- Ils tuer ma femme ! pleura le troll. Elle bonne ! Elle fare bon manger ! Bonne viande !

Et la bête recommença à sangloter.

Ah. Un troll en deuil. Forcément.

- Qui l'a tué ?

- Méchants. Vampire tuer eux. Laisser corps dans vieux cimetière.

Il fallait espérer que les nekkers aient déjà fait un cas des corps, sinon, il y aurait rapidement un problème de goules.

- Moi assis sur pont. Moi rentrer maison. Pas viande. Femme sans tête. Alors, moi boire. Mais pas pouvoir entrer dans taverne, mais moi devoir boire. Moi promettre vampire si trouver meurtrier, moi arrêter boire. Lui trouver alors moi arrêter.

- Tu as arrêté quand ? s'enquit le D.

Le troll cligna ses yeux vitreux en penchant la tête sur le côté.

- Trois jours, répondit quelqu'un d'autre.

Ace releva la tête pour voir Thatch assis sur le bord de la ruine du pont.

- Notre ami est en plein sevrage, continua le vampire. Et je cherche toujours la tête de sa femme pour qu'il puisse enfin… faire ce qu'il faut avec son corps.

Le roux eut un geste de la main. Le D. comprenait. On ne savait pas grand-chose des trolls, outre leur force, leur naïveté et leur stupidité. Et leur amour pour la viande (humaine étant le must). Alors, les cérémonies mortuaires…

- D'accord. Reste assis, respire et bois de l'eau. Essaye de garder ton calme, le sevrage sera difficile, mais tu vas y arriver, encouragea Ace en tapotant le bras du troll, aussi gros qu'un jambon. Pendant ce temps, moi, je vais trouver la tête de ta femme. D'accord ?

- Ok…

Et le troll se laissa lourdement tomber au sol, provoquant presque un mini-séisme. Le mutant soupira profondément et sauta pour remonter sur le rivage, finissant juste à côté de Thatch qui se releva immédiatement.

- /Plus d'un sorceleur est venu pour ma tête, dans le temps, mais aucun n'avait ton agilité,/ commenta le vampire.

- /J'avais déjà cette agilité sur la Grand Line. Et je sais que pas mal des mutants de l'école du Chat sont tout aussi vifs et agiles que moi./

Et ils se mirent à marcher dans les bois, direction le comptoir.

- /Tu as une idée où trouver cette tête de troll./

Ce n'était pas une question, Ace avait assez de souvenirs de son camarade de crime pour savoir que celui-ci avait déjà une idée derrière le crâne.

- /C'est un trophée et il devrait bien aider un mec à soulever des jupes de paysannes. Il suffit de voir qui a une tête de troll dans sa hutte et basta. Et je sais qui est l'homme./

- /Tu es en contact avec Marco ?/

- /Du tout. Pas depuis… oooh… la mort de Demaven. Peut-être un peu après, même./

- /Il est en Aedirn, n'est-ce pas ?/

- /Tente ta chance. Ou alors, prouve-moi qui tu es et je me sentirais peut-être d'humeur à te répondre./

Le D. retint un rire.

.


.

Geralt croisa les bras, silencieux, le regard fixé sur ses bottes. Triss s'était assise sur son lit après avoir fini les réglages de son megascope qui prenait à lui tout seul un bon quart de la pièce.

- Roche n'est pas au courant, donc ? s'enquit Geralt.

- Cyn ne lui a rien dit. Même si elle n'aime pas vraiment les elfes, elle reste une femme et elle est passée par ce que ces pauvres Seidhe ont vécu. Roche lui aurait dit qu'elle aurait dû utiliser les pour piéger les Scoia'tael ou alors, qu'elle n'aurait pas dû intervenir. Et je pense qu'elle n'aurait pas supporté qu'il dise ça. Elle lui doit beaucoup, mais malheureusement, il y a des choses que seule une femme peut comprendre.

Le Loup Blanc garda le silence.

- Il faut donc trouver rapidement un moyen de garder en sécurité les civils de la révolte qui se prépare.

- Geralt… je n'ai pas besoin de m'aventurer dans son esprit pour le savoir, mais si un pogrom éclate, ton ami risque de perdre le contrôle. Et on partira sur un second Rivia. Le comptoir finira en cendres. Du moins, s'il oublie de prendre sa prescription. J'ai vu la recette. Les mutations lui ont coûté très cher pour qu'il ait besoin de ça.

- Dans l'immédiat, il faut se débarrasser du kayran. Sans ça, il n'y a aucune issue assez sûre pour mettre à l'abri des civils. Je vais pas m'amuser à guider des femmes et des enfants dans ces bois emplis de nekkers, surtout quand la Scoia'tael passe à l'attaque.

La magicienne hocha la tête.

- Tu vas remplir ta part du marché quand ? se renseigna le blandin.

- Très certainement pendant que tu lanceras l'attaque du kayran. J'attends le retour de Portgas. Il voulait voir le problème avec le troll parce qu'il a besoin d'une langue de troll justement, et qu'il cherche une bonne excuse pour en tuer un.

- D'accord. Eh bien, j'ai une lame en argent, même si ça ne vaudra pas celle que j'ai perdue dans la gueule de ce dragon, et une potion pour contrer le poison du kayran. Je vais aller voir Sheala pour lui dire que je suis prêt pour l'attaque.

- Bon courage.

- Merci Triss.

Et sans un mot de plus, Geralt quitta la pièce. La rousse soupira et passa une mèche derrière son oreille en s'asseyant sur son lit qu'elle avait changé par magie pour qu'il ne soit plus miteux mais correct et douillet.

De son côté, le Loup Blanc remonta le petit couloir donnant sur la place. Il esquiva les quelques prostituées qui vantaient leurs charmes avant de s'arrêter devant la porte derrière laquelle il sentait la sorcière Sheala. Il y toqua et bientôt, la sorcière vint lui ouvrir. Sans un mot, elle le laissa entrer. Comme Triss l'avait fait, la magicienne avait arrangé à sa sauce magique la chambre, la rendant certes, en restant dans le sobre, plus grande, plus propre, plus confortable et plus riche. Lit plus grand, plus confortable, plus riche. Plus grand bureau. Et la place de mettre un grand megascope, avec les appareils et les diamants aux bons endroits sur le long du pentacle tracé à la craie au sol. Veillant à ne pas y mettre les pieds, Geralt s'avança un peu plus dans la pièce.

- Eh bien ? demanda froidement la brune sans bonjour ni merde.

Ce n'était certainement pas pour rien la Misanthrope du Kovir.

- Je suis ici pour le kayran. J'ai découvert plusieurs points. La bête a une force et une taille prodigieuse, et elle est plus grosse que ce que nous pensions de base au point d'être capable de briser un navire en deux.

- Auriez-vous peur ? s'enquit la magicienne en croisant les bras, adossée à son bureau.

Elle adressa un sourire que Geralt n'aimait pas du tout.

- Non. Cependant, il sera impossible de combattre sous l'eau, donc, il faudra l'attirer sur la rive.

- Je vais m'en charger.

Un sourire narquois apparut brièvement sur le visage pâle et marqué du sorceleur.

- J'ai hâte d'y être, je suppose que ça vaudra le détour.

- Et comment, puisque c'est vous qui allez avoir le beau rôle.

- C'est-à-dire ?

- Eh bien, une fois sur la rive, c'est vous qui allez le tuer… ou elle… peu importe ce que c'est.

Il l'aurait parié. Après tout, c'était lui le sorceleur. Une magicienne n'allait pas se salir ainsi.

- Vous vous êtes renseignée sur la bête de votre côté ? Savoir, par exemple, d'où vient-elle ?

- Non, je n'ai pas cherché à savoir, cela ne m'intéresse pas, répondit froidement la femme en haussant les épaules.

- Donc, vous saviez déjà qu'elle avait été créée par la magie.

- Je l'avais déjà plus ou moins deviné, oui. Et donc ? Vous espérez que je me sente coupable et m'excuse à la place d'un fou ? Certainement pas. Je serais cependant curieuse de savoir comment vous avez su que c'était un mage qui était derrière tout ça.

- Je ne le savais pas. Je l'ai juste deviné.

- Je vois…

Il n'était pas qu'une paire de glaive. Lui aussi, il avait un cerveau et une intuition.

- Et Triss l'a confirmé.

- Et elle n'a pas tort. Il m'a tout l'air du résultat d'une expérimentation ratée. Il a une croissance bien trop rapide et sa mort le sera certainement d'autant plus, confirma Sheala. Ce sera tout ?

- Nous pouvons y aller. Je dois juste…

Geralt fouilla sa besace à la recherche du cœur de Mélitèle… et ne le trouva pas. D'un côté, il était inquiet, c'était un artefact de valeur et puissant. De l'autre, cela le rassurait. L'objet lui avait porté la poisse jusqu'à présent, il n'avait certainement pas envie de le prendre avec lui dans le combat.

Il serait peut-être mieux de gérer ça après.

- Nous pouvons y aller, conclut le Loup Blanc.

- Votre camarade se joint à nous ?

- Non. Il est sur une autre affaire et Triss avait besoin de son assistance pour autre chose.

- Je vois.

Le léger plissement d'yeux disait qu'il avait attisé sa curiosité. Qu'elle ne s'y aventure pas, elle risquerait d'y laisser des plumes. Ace et les magiciennes, ce n'était certainement pas l'amour fou, alors il valait mieux couper le sujet. Un simple geste de la main suffit à faire comprendre qu'il était temps d'y aller.

- Je vous retrouverai là-bas, se contenta-t-elle de répondre.

Et elle disparut dans le portail qu'elle ouvrit.

Il ne restait plus qu'à crapahuter dans les bois pour le sorceleur qui n'aimait pas les Portails.

.


.

Ace s'arrêta en entendant Thatch se détourner du chemin vers la ville. Des yeux, le mutant suivit les traces de pas dans la boue qui indiquaient où se rendait le vampire invisible. Pas bien loin, puisque les pas s'arrêtèrent à côté de la porte d'une cahute des draves. Curieux, le D. rejoignit la hutte.

- C'est un tanneur. Tu comprendras vite l'intérêt, chuchota le vampire invisible.

Le D. haussa des sourcils puis toqua à la porte. Une voix l'invita à entrer et le sorceleur ouvrit la porte. La première chose qui le frappa, ce fut une tête de troll montée sur une plaque, accrochée au mur juste en face de lui. Oui, il comprenait à présent.

Il salua l'occupant, un homme maigrelet occupé à affuter ses outils et s'approcha de la tête.

C'était une femelle. Les oreilles étaient plus petites que celles d'un mâle et le front plus large.

- J'ai entendu parler de votre travail et je dois avouer que c'est du beau boulot, bidonna le D. en allant à la rencontre de l'occupant qui le regardait faire.

- N'est-ce pas ? Les plus belles peaux et le meilleur tannage du comptoir ! Un renard par-ci, une loutre par-là, parfois même un malheureux veau. J'ai même de la fourrure d'hermine si ça vous intéresse.

- Vous chassez, parfois ?

- Oh, vous savez, on a pas le droit de chasser dans la forêt royale, même les enfants le savent. Et puis, c'est trop dangereux de s'aventurer entre les arbres, ces derniers temps. Entre les monstres et la Scoia'tael…

- S'ils se multiplient autant, c'est qu'ils doivent trouver de la nourriture en abondance, dans les environs.

- J'pense qu'une guerre se prépare et qu'ils le sentent.

Ace considéra l'option. Les royaumes du Nord n'étaient pas connus pour leur politique pacifiste. Bon, pas autant que Skellige qui cherchait la merde partout et pillait sans regret tout ce qui flotte, mais il est vrai que les terres du Nord étaient gorgées de sang et le seraient encore dans le futur.

Les Hommes.

Comment ne pas les détester ?

Les Scoia'taels n'aidaient pas non plus le problème de monstre. Les attaques et les embuscades laissaient toujours des morts. Donc, de la nourriture pour tout ce qui était nécrophage.

- Nous devons donc attendre pour des jours meilleurs et nous satisfaire des petits riens, comme nous l'enseigne le Livre du Bon.

Ouais, ben, le mutant n'était pas là pour entendre les enseignements du vieux prophète Lebioda. Il était là pour la tête de troll.

- Vous l'avez eu comment, la tête de troll ?

- Je l'ai achetée ! Et elle m'a coûté une petite fortune, mais ça valait la peine. Personne dans les draves peut se vanter d'avoir une tête de troll chez lui, sauf moi !

- Et qui vous l'a vendu ? Nan, parce que franchement, si quelqu'un s'amuse à chasser les trolls à la place des sorceleurs, je vais me retrouver sur la paille. Vous imaginez combien je dois dépenser pour mes ingrédients ? On touche pas des mille et des cents, et on a de moins en moins de boulot.

- Arrangez-vous avec Dimitri et sa bande. Qui d'autre irait chasser et piéger un troll dans son trou à rat ?

- Et je le trouve où ?

- Aucune idée ! Mais je sais que ses potes aiment se payer du bon temps à l'auberge dans la soirée… quoique ça fait trois quatre jours qu'on les a pas vus…

Ace sentit une légère pression sur son bras. L'affaire était réglée de ce côté-là, l'important était la tête, il le savait. La curiosité avait juste été trop forte. Ses doigts formèrent le signe Axii en toute discrétion.

- Vous me ferez bien cadeau de cette tête, n'est-ce pas ?

La magie s'opéra instantanément.

- Elle est à vous.

Le D la décrocha du mur et, avant que l'effet ne se dissipe, quitta la hutte pour retourner dans les bois. Heureusement qu'il ne resterait pas plus longtemps en ville, sinon, il courait droit aux ennuis. Une fois loin des remparts et de la ville, le D. s'arrêta et s'assit sur un rocher pour travailler, avec son poignard, sur la délicate mission de détacher la tête du socle sans abîmer le membre.

- Je pensais que les Chats avaient une réputation de tueur à gage et non pas de voleur. Me serais-je trompée ?

Ace releva la tête de son ouvrage pour voir Triss lever un sort d'invisibilité. En réponse, Thatch fit de même.

- Oh, bonjour. Hum… je n'imaginais pas que Iorveth pouvait avoir besoin d'une tête de troll, bafouilla la rousse.

Clairement, se retrouver nez à nez avec le vampire n'était pas au programme pour la magicienne.

- Il n'en a rien à faire du troll. C'est moi qui a eu pitié de lui et qui ai demandé un coup de main pour récupérer cette tête, intervint Thatch.

- Je reste un pirate, même après tout ce temps, donc, franchement, voler une tête empaillée, c'est pas le pire que j'aurais fait dans ma vie. Surtout avec lui. On en a fait des belles. Oyaji hésitait entre rire et nous empaler sur une pique dans ces moments-là. Sans compter l'ajout de Haruta dans l'équation. Là, Marco voulait nos têtes dans ce cas de figure, raconta le brun.

Le D. se perdit dans ses pensées avant de soupirer.

- Tu as besoin de quoi que ce soit, Merigold ? Pas que ta présence me dérange, après tout, c'est rare dans les bois de voir des femmes aussi ravissantes… bien que je pense que la couleur noisette t'allait mieux comme couleur de cheveux, sourit Thatch d'un air charmeur.

- Merci pour le compliment. Il se trouve que Sheala est partie pour la chasse au kayran et Geralt avec. Je pense donc qu'il s'agit du meilleur moment pour agir et évacuer le prisonnier.

Les deux pirates échangèrent un regard, puis rapportèrent leur attention sur Triss.

- Laisse-moi rapporter cette tête de troll et je t'accompagne. Du moins, quand j'aurais retiré le socle.

Triss s'avança et posa le bout de ses doigts sur le bois qui se changea en une multitude de pétales que le vent emporta entre les arbres immenses. Ace cligna des yeux et haussa des épaules.

- Merci.

La tête vola jusqu'à Thatch qui la récupéra au vol sans comprendre.

- C'est toi qui as fait arrêter le biberon au troll et qui a découvert, et les coupables, et la localisation de la tête. L'honneur de lui rendre ça te revient.

.


.

Sheala attendait au niveau du chemin qui devait traverser, à une époque, le magnifique pont elfique dont il ne restait désormais que d'immenses ruines se perdant dans la brume. Mais ce qui marqua le plus Geralt, c'était que pendant qu'elle l'attendait, Sheala s'était refaite une beauté. Rouge à lèvres, fard, poudre et mascara.

Ils allaient se battre contre un monstre et elle se maquillait ?

- Nous avons tous nos petites habitudes, se justifia sereinement la magicienne.

- De ce que je sais, les kayrans sont daltoniens, commenta Geralt en croisant ses bras.

- Oh assez, Geralt. Il est temps de sortir la bête de l'eau.

- Vous avez un plan ?

- Toujours. Assurez-vous juste de ne pas finir dévoré et nous finirons tous les deux en tant que héros.

- J'espère que vous avez raison. Donnez-moi juste un instant avant de sortir la bête de l'eau, je dois installer un piège.

- Aucun problème. Descendez donc dans son repaire, je vais rester ici, sur le pont, et m'assurer que la bête reste sur la terre ferme. Prenez garde, elle sera dangereuse, même hors de l'eau.

Ce n'était pas une amatrice qui allait lui apprendre son métier.

Ravalant son commentaire, le Loup Blanc se détourna et descendit le chemin escarpé pour retrouver la terre marécageuse de la bestiole qu'ils devaient tuer. Sur le chemin, en prévision pour le combat, il prit quelques élixirs. D'abord, la Mangouste que lui avait préparé Ace, puis l'Hirondelle pour s'assurer qu'il n'en mourait pas immédiatement s'il se prenait un mauvais coup et enfin, le Tonnerre, pour avoir un peu plus de mordant dans ses attaques. Ses veines le brûlèrent un instant sous la toxicité qu'il venait d'ingurgiter, mais il n'y prêta guère attention. Il avait l'habitude.

Enfin, ses pieds touchèrent la terre marécageuse du domaine du kayran qui devait être sous l'eau. Dans la légère brume, il s'avança, son glaive d'argent enduit d'huile brune dans sa main. Ayant trouvé le point idéal, il s'agenouilla et installa le piège qu'avait fait préparer Ace. Il lui toucherait deux mots en revenant. Une fois le piège en place, il leva le bras pour faire signe à Sheala qu'il était prêt. La magicienne s'avança donc sur le pont et, d'un ample geste élégant de la main, usa de sa magie pour balayer la brume qui cachait le sol, dévoilant mieux l'herbe jaunâtre et les trous d'eau. Puis elle s'éleva dans les airs, entourée d'une aura bleu électrique alors que sa magie lançait des éclairs vers le ciel, provoquant un orage magique.

Geralt fit tourner nerveusement son glaive entre ses mains, ses sens aux aguets malgré l'orage qui grondait au-dessus de sa tête. Des éclairs frappèrent l'eau plus profonde qui rejoignait la rivière, un peu plus loin devant lui. Un éclair. Deux éclairs. Une dizaine. Une vingtaine. Puis enfin, un tentacule couleur verdâtre jaillit de l'eau. Un très long tentacule. Puis un second. Et d'autres suivirent.

Le mutant se mit en garder, le glaive dans sa main droite, la lame levée au niveau de son visage pointant devant lui, le pied gauche vers l'avant. La bête monta sur la berge et souleva ses tentacules pour montrer sa gueule béante dégoulinante de poison au milieu d'une multitudes de crocs agencés sur trois rangées s'enfonçant dans ce qui devait être les profondeurs de sa bouche. Il avait entendu quelque part que les poulpes étaient comestibles, mais il était certain que le sorceleur n'avait pas envie de tester cette information avec le kayran. Bon sang, la bête était immense, presque la taille du pont qui était pourtant haut de plusieurs dizaines de mètres.

Esquive.

Écoutant la voix du Haki, Geralt fit une roulade sur le côté, évitant de justesse le tentacule qui tombait sur lui. Et qui pour le coup, fit connaissance avec le piège. Qui s'activa.

Le hurlement de la bête fut certainement perceptible à des lieues à la ronde quand elle se redressa sous la douleur, son sang visqueux jaillissant du moignon de son tentacule coupé.

- IL EST EN COLÈRE ! FAIS ATTENTION ! hurla Sheala depuis le pont.

Non, vraiment ?! Il ne l'aurait pas deviné tout seul !

Le kayran avait réussi à se dresser sur le sol en s'y maintenant via ses crocs extérieurs et ses tentacules restants frappaient de façon hystérique le sol tout autour, manquant de peu, plus d'une fois, le mutant qui sautait partout pour ne pas se faire avoir. A s'agiter, certains de ses tentacules frappèrent le dessous du pont fragilisé par le temps, faisant tomber quelques pierres dans un nuage de poussière. Il chercha à reculer vers l'eau, mais un mur tout juste visible l'en empêchait. Comme quoi, Sheala avait tenu parole sur le sujet. Le kayran revint donc à la cible la plus proche : Geralt. Sauf que le Loup Blanc n'avait pas l'intention de se faire avoir par les tentacules. Il laissait des Yrdens sur le sol, dans l'espoir que la bête y laisse tomber un de ses tentacules, mais pour l'instant, c'était sans succès. Le mutant se jeta hors du chemin quand la bête dégagea sa bouche pour recracher du venin. Rien que l'odeur lui faisait être reconnaissant d'avoir bu la potion.

- PIÈGE-LE AVEC YRDEN ! hurla Sheala.

- DESCENDS ET PIEGE-LE TOI ! rétorqua Geralt.

Enfin, un des tentacules tomba sur le signe au sol et s'y retrouva prisonnier. Le glaive du mutant vira au noir alors qu'il taillait la chair du monstre jusqu'à donner un puissant coup qui le coupa en deux.

Nouveau niveau dans la douleur et la colère pour la bête. De nouveau Geralt échappa de peu à une douche de poison et les tentacules frappèrent partout sans la moindre cohérence, fragilisant un peu plus le reste du pont.

Mais très vite, un troisième tentacule subit le même sort. Le kayran n'en aurait plus pour très longtemps. Pas avec la douleur qu'il subissait et le sang qu'il perdait.

Là, la bête tenta vraiment de prendre la fuite, mais la barrière d'énergie se fit plus présente en prenant une teinte bleue translucide.

- TU VAS QUELQUE PART, CHERI ?! rugit Sheala à la bête alors qu'elle maintenait son sort au maximum de sa puissance.

Un tentacule passa à proximité et sans vraiment y penser, le Loup Blanc se jeta dessus, s'y accrochant de toutes forces alors qu'il était ainsi traîné le long du sol du marais, puis dans les airs. Oh, il ne perdit pas de temps à rien faire, puisqu'il rangea son glaive pour planter un poignard à lame d'argent dans le tentacule sous lui pour continuer l'assaut. Chose difficile puisqu'il n'avait quand même pas envie de faire une chute mortelle ou de percuter des décombres au passage. Voyant qu'il se rapprochait un peu trop dangereusement du pont, il préféra sauter du tentacule sur le plancher des vaches, laissant les membres percuter la pierre.

Et le pont s'effondra, bloquant la bête dessous.

Geralt fonça sur le reste du pont et grimpa dessus, courant le long de la pierre pour rejoindre la tête du kayran. Mais celui-ci ne s'avoua pas vaincu pour autant, puisqu'il chercha à chasser le mutant avec ses tentacules encore mobiles. Arrivé tout au bord du morceau de pont, juste au-dessus de la tête de la bête, le sorceleur fourra une bombe dans un des plis de la peau du monstre et sauta à terre pour prendre la fuite, se réceptionnant dans une roulade.

BOUM

Le seul bruit était à présent celui de la roche qui continuait de s'effriter et des morceaux de chair qui avaient explosé et retombaient sur le sol.

Geralt se releva et regarda son chef d'œuvre. La tête était littéralement éventrée. Et il sentait le calamar grillé. En plus du poison.

Sheala se fit léviter délicatement jusqu'au sol et se posa sur la terre du marécage avec répugnance.

- Nous y voici. Beau combat, commenta la magicienne. Tout va bien ?

- Je vais bien, répondit froidement le mutant en avalant une fiole de miel blanc.

Ce fut avec un soulagement évident qu'il sentait les effets des élixirs disparaître.

- J'ai usé beaucoup de mon énergie, donc, si tu avais besoin d'aide…

- J'ai appris à m'aider moi-même, merci. Ce qui m'inquiète, pour l'instant, c'est qu'une magicienne s'inquiète pour moi. Dois-je me faire du souci ?

- Je vois que, comme tous les sorceleurs, on aime jouer les durs, nota narquoisement la brune.

Préférant changer de sujet, il se tourna vers la bête. Clairement, Ace et lui avaient sous-estimé sa taille.

- Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi gros.

- Eh bien, Triss avait raison en disant qu'il a muté à cause de la magie. Si tu le permets, je dois me mettre au travail, les ingrédients les plus précieux doivent être récupérés le plus vite possible. Même si c'est triste que la majorité de cette bête ne serve à rien. Mais peu importe, le temps m'est précieux.

Et elle se détourna pour se rapprocher de la bête avec un air de dégoût encore plus marqué sur son visage.

Geralt la laissa faire et se dirigea vers la tête, son couteau de chasse en main. Il était l'heure de la récolte. Et si elle n'était pas contente, qu'elle se bouge un peu, lui, il allait se servir comme bon lui semblait.

.


.

Ace et Triss marchaient dans la ville en direction de la barge pénitencière, sachant qu'ils étaient suivis par un vampire invisible.

- /Donc, c'est pour Ciaran aep Easgillen, le bras droit de Iorveth, qu'on va là-bas ? / se fit confirmer Ace en japonais.

Puisque Triss avait trouvé le moyen d'apprendre la langue, autant en profiter.

- /Exactement. Et j'espère qu'il a des informations sur le Tueur de Roi. /

- /D'après moi, ce gars s'est servi des Scoia'tael pour parvenir à ses fins, et Ciaran le dérangeait. / marmonna très bas Thatch en restant invisible.

Quand on est un vampire et qu'on a une tête mise à prix, c'est le mieux à faire.

Ils étaient sur le port à présent et il fallait passer la garde sur la barge. Ils s'avancèrent d'un pas rapide sur le ponton, rejoignant le quai qui s'enfonçait le plus loin vers le milieu du lit du Pontar. Et juste devant la planche pour monter à bord, les deux gardes en poste baissèrent leurs hallebardes pour leur faire comprendre que non, l'accès n'était pas autorisé.

- Qu'est-ce que vous voulez ? demanda l'un d'eux.

Triss se chargea de trouver l'excuse :

- On m'a fait part de la présence d'un prisonnier blessé à bord qui aurait besoin de soin, je suis donc là pour ça.

- Mais oui, c'est ça ! Foutez l'camp ! Y'a pas moyen que le Commandant Loredo demande à ce qu'on soigne un elfe !

- Il veut surtout éviter que l'elfe en question crève avant d'arriver à destination. Moins de prestige, plus de paperasse, je vous passe les détails, vous comprenez, n'est-ce pas ? sourit paisiblement le D. Sans compter que Vernon Roche veut l'interroger, et vous connaissez les Stries Bleues.

- J'vous crois pas. Et toi ?

- Moi non plus ! renchérit son collègue.

- Seriez-vous en train de remettre en doute les ordres de votre supérieur hiérarchique ? Ou vous souhaitez vraiment contrarier Roche ?

Ace avait posé sa question avec calme, toujours souriant, mais derrière la façade plaisante, on percevait un grognement menaçant. L'air se faisait lourd et brûlant autour de lui alors qu'il luttait pour ne pas lâcher son Haki sur deux idiots stupides comme eux.

- Non non ! Surtout pas ! Vous le trouverez sous le pont !

Et la voie leur fut libérée.

- Merci mes braves, nous y allons, conclut Triss.

Et ils se remirent en marche, toujours en compagnie du vampire invisible. Parler à Ciaran ne serait pas le plus difficile. Non, le faire évacuer, ça, se serait une toute autre partie de plaisir.

- /As-tu un mégascope dans tes quartiers, Merigold ?/ demanda Ace.

- /Bien entendu. C'est comme une brosse à dent. On le prend partout et on ne le prête jamais,/ rétorqua la rousse.

- /Le mieux serait de transporter le blessé dans votre chambre à l'auberge par un Portail, belle Merigold. De là, nous le ferons sortir du comptoir, / proposa tout bas Thatch.

Déjà, ils étaient sous le pont, dans une cale vétuste puant l'urine, les excréments, la pourriture, le sang, les infections et autres maladies. Le long des murs, quelques prisonniers, surtout des elfes, étaient entassés. Et mourraient.

Ace serra le poing.

Juste l'odeur lui disait que même en les sortant de ce trou à rat, ils ne passeraient pas la nuit pour la majorité. Et la semaine pour le reste.

Ce qui les intéressait, c'était le Scoia'tael gisant dans du sang sec, attaché à même le sol à l'autre bout de la prison flottante, clairement dans un sale état. Les gardes s'étaient fait plaisir. Délicatement, Triss s'agenouilla à côté de lui, certainement imitée par Thatch vu le léger déplacement sans justification apparente d'un peu de paille qui avait dû servir à éponger le sang.

- ~Ciaran, tout va bien, reste avec nous, on va te sortir de là~, chuchota Thatch en Langage Ancien.

L'elfe se contenta de gémir douloureusement. Impossible de savoir s'il les avait compris ou même entendu.

- ~Ils n'ont certainement pas été tendres avec lui~ commenta Triss qui avait une main au-dessus du prisonnier pour analyser la situation avec sa magie. ~Il doit avoir une douzaine de fractures. Je vais avoir besoin de ton aide, Portgas.~

- ~Que dois-je faire ?~ demanda le D.

- ~Le sort que je vais utiliser est douloureux. Et s'il bouge, ça lui sera fatal~.

Le D. se mordit un ongle, réfléchissant. Il pouvait intervenir physiquement, mais cela pouvait faire plus de mal que de bien. Il avait donc deux options : le calmer avec Axii ou le maintenir au sol avec Yrden. Quoique…

- /Oi, Thatch, ton regard est toujours aussi… hypnotique ? /

- /T'as pas idée. /

- /Hypnotise-le pour qu'il reste calme pendant que je le maintiens au sol avec Yrden./

Triss invoqua rapidement une illusion pour masquer ce qu'ils faisaient, permettant au vampire de se montrer. Il se déplaça pour mettre sa tête au niveau du visage de l'elfe et lui fit ouvrir les yeux.

- ~Regarde-moi, Ciaran. Vas-y, regarde-moi.~

Il ne fallut pas longtemps pour que l'elfe soit totalement absorbé par le regard du vampire. Triss et Ace échangèrent un regard et le D. posa une main au sol, juste sous l'elfe, faisant apparaître le sceau mauve qui immobilisa le blessé. Triss se releva et commença sa magie, enrobant l'elfe dans une lueur bleutée.

Les membres de l'elfe s'agitèrent sous quelques tremblements mais ils ne pouvaient pas bouger plus. Aucun cri ne lui échappa, il resta captivé par le regard du vampire.

- ~J'ai fait ce que j'ai pu pour le rendre transportable, mais s'il ne voit pas rapidement un spécialiste ou si je ne peux pas me pencher plus sur son cas, ça ne servira à rien,~ conclut Triss en cessant finalement sa magie.

Elle écarta avec son poignet une mèche de cheveux roux trempée de sueur qui lui collait au front. Ace cessa son signe et Thatch son hypnose. Immédiatement, Ciaran reprit un semblant de connaissance, toussant abondamment.

- ~Qu'est-ce que…~ commença-t-il. ~Où suis-je ?~

- ~On va te faire évacuer,~ rassura immédiatement Thatch. ~Loredo a foutu sa patte graisseuse pleine de fisstech sur toi. On est littéralement en train de faire ce qu'il faut pour sauver tes petites fesses de ton aller simple pour Drakenborg. Comment est-ce qu'il t'a eu ?~

- ~Je ne fais pas confiance aux dh'oines…~

Thatch se pinça le nez.

- ~Je dois me transformer pour te rappeler que je ne suis pas un dh'oine ou juste te rappeler que je suis un Scoia'tael confirmé depuis la fin de la guerre ? Le sorceleur de la Vipère, Letho, il a quelque chose à voir avec ta capture ?~

- ~Comme tous les dh'oines… il s'est révélé être un bâtard…~ haleta l'elfe blessé.

- ~Qu'est-ce qu'il s'est passé ?~

Triss et Ace restèrent silencieux. Ciaran parlait, Thatch faisait du bon boulot dans ce sens, ils n'allaient pas tout gâcher en intervenant. Surtout que la rousse était clairement occupée à faire quelque chose dans son coin avec un peu de paille, même si elle écoutait.

- ~Il nous a trahi… Il a dit qu'il avait une offre pour moi… alors on s'est rencontré là où poussent les roses de souvenances… J'aurais dû m'en douter…~

Un rire douloureux secoua l'elfe.

- ~Il a cru que je trahirais mon frère elfe dans l'objectif de prendre contrôle de l'unité… J'ai refusé… on s'est battu… Seul toi ou les tiens bougent aussi vite, Thatch… ça a été un massacre… J'ai été touché le premier, mais j'ai survécu… et j'aurais fini par saigner à mort si Loredo et ses hommes ne m'avaient pas trouvé…~

Il toussa et Thatch posa une main apaisante sur la tête brune poisseuse de sang de l'elfe.

- ~Letho va tuer Iorveth… et tout sera perdu… Tant de morts… tant de souffrance… et tout ça pour rien…~

La voix de l'elfe était prise d'un sanglot douloureux qu'il essayait de refouler de son mieux.

- ~Non, rien n'est perdu, je vais m'en assurer.~ assura Thatch. ~Pourquoi le sorceleur veut la mort de Iorveth, il l'a dit ?~

Un rictus apparut sur les lèvres tremblantes de l'elfe.

- ~Il nous a utilisé… depuis le début… il s'est servi de notre haine… mais maintenant, il n'a plus besoin de Iorveth, il le voit comme une épine dans le pied… mais je sais pas pour autant ce qu'il veut…~

- ~Letho est notre homme ?~ se fit confirmer doucement Ace.

- ~Yup. Repose-toi, Ciaran. On va te sortir de là, et moi, je vais avertir Iorveth.~

- ~J'ai fini.~ annonça Triss.

Elle se tourna vers les hommes en brandissant une vulgaire poupée grossièrement faîte avec de la paille.

- ~Avec ça, je pourrais leur faire croire qu'ils ont toujours leur prisonnier et ainsi, le libérer,~ informa Triss.

- ~Combien de temps tu pourras tenir le sort ?~demanda Ace.

- ~Puisque j'ai un objet sur lequel je peux ancrer ma magie, ça peut durer un moment. Assez pour que la poudre finisse par exploser et que le comptoir prenne feu.~

Oui, ils couraient effectivement contre le temps.

Les deux pirates se mirent au boulot sur les entraves de l'elfe, le libérant rapidement, avant que Triss n'ouvre un Portail. Comprenant le but, Thatch hissa délicatement l'elfe dans ses bras et le traversa. La magicienne ferma le passage derrière eux et déposa la poupée de paille entre les chaînes, avant de se lever. Sa magie aurait déjà attiré de l'attention très mal venue s'ils n'étaient pas cachés derrière une illusion, parce que c'était un beau show de lumière qui accompagna la métamorphose de la poupée en une copie conforme de l'elfe, avec même une illusion pour faire croire qu'il était vivant mais inconscient. Un autre tour de main lia les entraves aux membres de "l'elfe".

Ce fut comme s'ils n'étaient jamais venus.

L'illusion qui les avait dissimulés jusqu'à présent sauta et une Triss pâlotte contourna le faux Ciaran.

- /Nous pouvons partir. Je vais voir avec ton camarade vampire s'il y a un lieu de repli où Ciaran pourra recevoir des soins. Que vas-tu faire ?/

- /Je vais chercher à rencontrer Iorveth… demain je pense, ce soir, ça me paraît un peu risqué, surtout que j'ai un rendez-vous à honorer avec Geralt, à minuit./

Il connaissait la réputation de Iorveth.

C'était un Aen Seidh de pure souche. Un vieil Aen Seidh, l'un des derniers, avec Isengrim. Un elfe libre, le genre qui ne courberait pas l'échine sans se battre et qui préfèrerait mourir libre que vivre enchaîner dans un ghetto. Un combattant, pas un poète comme Yaevinn.

Et quelque chose lui disait que si Thatch se battait avec eux, c'était qu'il y avait une bonne raison. Un espoir. Pourquoi ? Certainement un meilleur monde. Du changement. Ce truc qui faisait que les elfes prenaient les armes encore aujourd'hui ?

Il n'en savait rien.

Mais il le découvrirait bien vite… et il était fort probable que son glaive se joigne à la bataille.

.


.

Geralt avait la tête dans une main alors qu'il avançait dans les rues de Flotsam. Il ignorait pourquoi, mais en chemin, des souvenirs lui étaient revenus.

Ce qu'il s'était passé après sa mort. Si on pouvait parler de mort, vraiment. Il s'était souvenu de l'île d'Avallach, une pommeraie en floraison éternelle dans la brume. Il avait passé il ne savait combien de temps là-bas, avec Yennefer. Ciri les y avait conduits, avant de partir. Yennefer lui avait dit que leur Ciri était partie dans un autre monde, et qu'elle y était heureuse. Lui-même avait enfin connu un semblant de paix là-bas, avec Yennefer.

Puis, la Chasse Sauvage avait débarqué. Il ignorait pourquoi, mais ils avaient kidnappé Yennefer. Et il était parti à leur poursuite.

- On entend tes pensées à l'autre bout de Flotsam, tu sais ?

Triss était appuyée contre la rambarde extérieure à l'étage de l'auberge, surplombant le marché et, en l'occurrence, Geralt.

- Je pense que je suis en train de commencer à comprendre ce qu'il se passe, même s'il me manque un peu de logique dans tout ça… il y a un an et demi, quand on m'a retrouvé, je fuyais la cavalcade, pourtant, dans mon souvenir, je les poursuivais… Sans compter que durant tout ce qu'il s'est passé à Wyzima, ils ont été là à chaque tournant. Je pensais que c'était pour Ace qu'ils étaient là, mais là, je sais que je suis impliqué, et que ce n'était pas qu'une simple coïncidence.

Triss regarda Geralt un long moment, avant de finir par descendre pour le rejoindre devant la porte de l'auberge, les bras croisés.

- Nous avons évacué Ciaran. Je reviens de Vergen, où il sera pris en charge par un ami apparemment. Le vampire n'a rien dit de plus et je n'ai pas envie de m'aventurer dans l'esprit d'une créature comme lui. J'ai entendu des histoires à Aretuza sur ce genre d'expérience qui me le déconseillent grandement.

- Le rapport avec mon histoire avec la Chasse Sauvage ? coupa le mutant.

- Ciaran a mentionné les Roses de Souvenances, et je les ai vues…

- Je pense avoir des choses plus importantes à faire que chercher des fleurs dans la forêt. Comme par exemple, le Tueur de Roi.

- Sauf que ces fleurs pourraient m'aider à faire ressurgir ta mémoire.

Là, Geralt était toute ouïe.

- Tu en es certaine ?

- Tout porte à le croire. Ce qui bloque ta mémoire commence clairement à perdre en puissance. Je pense pouvoir détruire les dernières résistances avec un seul pétale d'une Rose de Souvenance. Ces fleurs sont très puissantes.

- Eh bien, dans ce cas, le Tueur de Roi peut attendre jusqu'à demain.

- Tu veux que je te guide jusqu'aux roses ?

- Pourquoi pas ?

Un sourire ravi apparut sur le visage de la rousse.

- Eh bien, en route. Je les ai vues l'autre nuit, à proximité de la cascade, dans des ruines elfiques.

D'un geste de la main, Geralt lui indiqua de montrer la voie.

.


.

Ils avaient couru dans les bois en semant au mieux les bêtes au dehors, dans la nuit tombante. Toujours faire attention où on met les pieds quand on s'aventure en dehors des murs de Flotsam. Triss mena Geralt jusqu'à la cascade que les ruines surmontaient. Dans le crépuscule, l'endroit avait un aspect différent par rapport à celui qu'il avait durant la nuit d'avant. Ils contournèrent un vieux menhir à la gloire de l'été et montèrent le chemin qui menait au sommet de la cascade.

Un jardin au milieu des bois…

Les elfes aimaient faire compliqué. Clairement.

- Cédric m'a raconté une très belle légende au sujet de cet endroit, raconta Triss alors qu'ils marchaient vers le sommet.

- Les légendes sont presque tout le temps magnifiques, surtout les histoires elfiques. La réalité se laisse souvent à désirer.

- Cependant, je peux t'assurer que le site en lui-même vaut le détour. Et Portgas nous a interprété un très beau morceau de musique pour complimenter notre réunion autour du feu.

Et ils continuèrent leur ascension, grimpant sur les rochers et les restants d'escaliers aujourd'hui plus que ruines.

- Eldan et Cymoril, raconta Triss. Cedric m'a raconté que Cymoril éclipsait même la beauté de Francesca Findabair, et pourtant, Francesca est réputée pour être la femme la plus belle du monde.

- Et Cedric boit beaucoup trop.

- Il a vraiment des visions, tu sais. Il a un don. Qu'il pourrait apprendre à mieux contrôler s'il buvait moins.

- Il boit pour se débarrasser de ces visions et c'est quelque chose que je peux comprendre clairement.

Et la marche reprit.

Enfin, ils arrivèrent devant les ruines et sa porte détruite et les rosiers sauvages qui s'étaient propagés. De banales roses.

En passant le seuil de ce qu'il restait de la porte de marbre, ils trouvèrent la statue.

- Oh mon dieu… regarde ça, Geralt ! C'est encore plus magnifique sous le soleil couchant que ça l'était hier en pleine nuit à la lueur du feu ! souffla Triss sous le charme.

Deux amants elfiques, dans les bras l'un de l'autre, profitant de leur amour pour l'éternité, sur un lit de roses. Et dans ce lit, on avait un buisson de roses mauves pâles.

Geralt se contenta d'un "mhmh" laconique et diplomatique.

- Je ne comprends pas comment les elfes ont réussi à devenir aussi cruels, soupira la magicienne en se rapprochant de la statue pour mieux l'admirer. Iorveth avait tellement de haine en lui…

- Ce sont des endroits comme celui-ci qui te font réaliser combien ils ont perdu… Avant, il y avait des tas de cités elfiques, et ils pouvaient profiter des forêts comme bon leur semblait, pas pour se cacher. Les humains ont tout détruit et ils les ont poussés dans leur retranchement. Iorveth et les siens cherchent leur revanche, même si tous ne sont pas comme ça.

- J'ai pu discuter avec Ciaran pendant que je lui accordais quelques soins avant le transport. Il a laissé entendre qu'il y avait beaucoup plus en jeu.

- Comme beaucoup, il a son idéal, une certaine vision du monde, mais penses-tu qu'il y a de la place pour les humains dedans ?

- Nous ne sommes pas si différents.

Geralt soupira et secoua la tête en rejoignant la rousse.

- C'est là que tu as tout faux, Triss. On a beau avoir appris les uns des autres pendant des générations, on reste fondamentalement différent.

- Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve ça triste, soupira Triss en croisant les bras.

- Tout comme ce jardin. Beau mais triste.

Il se pencha et cueillit délicatement une des roses.

- Les Roses de Souvenances de Cymoril… souffla la magicienne. La légende dit qu'elles périssent sauf si on les nourrit avec du sang. Qu'on ne peut pas les vendre non plus. Mais si on la donne à quelqu'un qu'on aime, elle vivra éternellement.

- Merveilleux, commenta narquoisement le Loup Blanc.

La rousse soupira en mettant ses mains sur ses hanches.

- Oh, je t'en prie, Geralt. C'est seulement une vieille et stupide légende elfique ! Donne-moi cette fleur avant que tu la réduises en charpie.

Le sorceleur lui donna la fleur. Il n'en était pas certain, mais il aurait juré qu'elle était déçue.

- Ce n'est pas stupide, c'est juste…

La conversation fut coupée par la venue d'un groupe de trois humains, des brigands de toute évidence, qui étaient là pour saccager la statue et la revendre… A Loredo s'ils comprenaient bien. Cependant, Triss n'était pas de cet avis.

Donc, cela vira à la bagarre, forcément.

Triste de laisser des corps dans ces si belles roses.

Sauf qu'un des truands avait eu l'idée de se cacher dans le feuillage.

- ATTENTION ! avertit Geralt.

Triss sursauta et recula, bien que le mutant intervînt de justesse pour couper en deux l'humain. Le Haki était terrifiant. Son adversaire n'avait aucune armure, donc, les dégâts étaient plus visibles et plus… effrayants. Les jambes finirent à un endroit… et le buste à un autre.

Voir Ace le faire, c'était une chose. Le faire soi-même… c'était autre chose. Tailler les monstres était tout à fait différent par rapport à ce qu'il se passait quand on affrontait un homme, même un bandit.

Pas le temps d'y penser plus parce que le sol sous eux s'effondra.

Ils finirent dans de vieilles ruines qui abritaient un bain antique. Les murs en pierre montraient des fleurs taillées dans la roche, se fondant avec des fleurs rouges et des roses grimpantes qui s'enlaçaient et serpentaient sur les murs. Le bain en lui-même était éclairé par quelques trous dans les parois. L'eau tombait en cascade dans le bassin minutieusement carrelé, le remplissant d'une eau pure et cristalline.

Le duo se releva pour regarder autour de lui.

- C'est incroyable ce que les Aen Seidhe ont bâti avant que les navires des humains n'apparaissent sur le Pontar… souffla Triss.

La cadre était absolument romantique. Voir l'eau qui filtrait entre les rochers et les fleurs…Ces piliers de marbre recouverts de roses et ce carrelage qui prenait une teinte dorée sous la lumière du soleil…

- Les elfes ont une sensibilité que les humains ne pourront jamais espérer égaler, murmura Triss.

- Cela ne change pas les faits. Nous sommes coincés.

- Malheureusement oui, nous sommes bel et bien coincés.

Geralt se contenta de produire un "mhmh" pour toute réponse.

- Il doit bien avoir un moyen de sortir d'ici.

- Mhm.

Triss cessa d'examiner le plafond pour regarder Geralt qui la fixait sans se détourner.

- Pourquoi me regardes-tu comme ça ? Ai-je quelque chose sur le visage ?

- Non, du tout.

- Mais qu'est-ce qu'il t'arrive donc, sorceleur ?

Trop de pollen pour lui, c'est tout.

- Rien du tout, barrons-nous d'ici. Toi, tu dois préparer de quoi me rendre la mémoire, et moi, j'ai un rendez-vous à honorer avec Ace.

- Cela pourrait me prendre plusieurs jours, et nous n'avons pas assez de temps pour ça avant que Flotsam ne s'embrase. La curiosité de ton camarade est parfois mal venue, même si elle a sauvé des vies. Qu'allez-vous faire ? Parce que je suppose que tu vas t'aligner sur ses choix.

- Je n'ai pas besoin d'Ace pour prendre des décisions, assura le mutant en observant les murs à la recherche d'une sortie. Je vais rencontrer Iorveth parce que ce Letho dont tu m'as parlé, ce Tueur de Roi, est avec lui.

- Évite de te faire tuer, ce serait stupide, surtout maintenant.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Geralt cessa ses investigations pour regarder la rousse qui s'était assise sur un banc gracieux en pierre au bord du bassin.

- Tu es sur le point de retrouver ta mémoire, ce qui te donnera une toute nouvelle perspective sur les choses. On saura aussi ce qu'il est arrivé à Yennefer.

- Oui, et tu attends que je laisse tout tomber et que j'aille voir Roche en lui disant « Salut, c'était super, mais j'ai des trucs à faire, des gens à retrouver » ?

- Tu pourrais le faire ! lui dit la magicienne en se relevant d'un bond.

Elle ouvrit la bouche, la referma et soupira en passant une mèche derrière son oreille.

- Je… je veux dire, tu lui dois rien, après tout.

Non, juste sa vie, puisque sans Roche, il serait au bout d'une corde depuis un moment, condamné pour un crime qu'il n'avait pas commis.

- J'ai juste peur que tu t'embarques dans quelque chose et que tu sois incapable de t'en dépêtrer. Iorveth est un vieil elfe rusé, et il affronté les humains depuis au moins un siècle, avec un soutien d'un vampire, certes amical, mais tout aussi dangereux… et il y a ce Letho. Ce n'est pas un bandit quelconque, et je frissonne en imaginant ce qui a pu le mettre sur le sentier de la guerre. Tout ça m'a l'air d'un immense bourbier, Geralt. Et il pourrait t'avaler avant même que tu ne le réalises.

- Il est possible que ce soit déjà fait, lui pointa le mutant.

- Alors, sache que je suis prête à voyager jusqu'au bout du monde avec toi pour sauver Yennefer. Je te dois bien ça et je lui dois bien ça. Je suis prête à tout laisser tomber, la vie à la cour, la politique, le régicide… Je serais même prête à vivre à Kaer Morhen. Tu n'as qu'à me le demander.

Elle lui faisait une déclaration alors qu'elle savait que c'était juste de l'amitié avec intérêt entre eux ?

- Triss…

- Laisse-moi finir ! Je ne le dirai qu'une fois. Si tu veux partir seul ou faire équipe jusqu'au bout avec Portgas, je comprendrais… et je n'essaierai pas de te persuader du contraire.

- Ma priorité du moment, c'est le Tueur de Roi. Avec de la chance, je l'aurais rattrapé avant que tu aies fini avec tes préparations.

- Et si ça tourne mal ?

- Tu espères que je reste tout ce temps assis dans la taverne à me bourrer la gueule avec les locaux pendant que Letho prend le contrôle des Scoia'tael, sans parler qu'un pogrom va finir par éclater ?

- Non, mais qu'est-ce que tu vas faire ?! Même avec l'appui de Portgas et Thatch, que feras-tu si Iorveth ne te croit pas ? S'il dit que Letho a pris la fuite et que personne ne sait où le trouver ? Vas-tu le poursuivre ? Ou vas-tu laisser le Tueur de Roi à Roche et qu'on puisse continuer nos vies ?

- J'aimerais énormément, mais je ne peux pas. Je dois laver mon nom. Je ne suis pas comme les Chats qui se fichent de leur réputation comme de leur premier monstre. Les hommes de Foltest et les chasseurs de non-humains de toutes sortes seront après nous. Nous serons tous des fugitifs. Et ce n'est certainement pas une vie que je veux ou que je souhaite à mes amis. Sans compter que j'aurais l'impression d'abandonner alors que j'aurais pu faire quelque chose. J'aurais l'impression de fuir. Et là, aujourd'hui, on n'a pas encore perdu.

Triss hocha la tête, clairement déçue.

- C'est ta décision, et je la respecte. Vu que Flotsam ne va pas rester intact longtemps, je vais commencer ce que je peux dans mes préparations et on verra plus tard pour la suite. Cela prendra du temps.

- Je dois retrouver Ace. On verra ensemble pour le cas de Iorveth, puis on s'adressera à Zoltan. Mais crois-moi, on n'en a pas fini avec cette conversation. On en rediscutera, mais après que le cas de ce Letho soit réglé.

Il se détourna de Triss et continua son examen des murs. Il remarqua un mur faible qui laissait passer de l'air.

- Geralt !

C'était la voix de Vernon Roche et elle venait de l'autre côté du mur.

- ICI ! appela le mutant.

Un bruit sourd et une partie des briques tombèrent au pied du sorceleur, dévoilant Roche se tenant dans un passage à même la roche. Le soldat sauta dans la pièce en soupirant.

- Enfin je te trouve. Tout va bien ?

Puis il remarqua l'endroit.

- Joli coin.

Comme quoi, même un chasseur de non-humains pouvait apprécier l'architecture elfique.

- Très, approuva Triss.

- Comment nous as-tu trouvé ? s'enquit Geralt.

- Trouver ceux que je cherche est une de mes spécialités. Et j'ai eu un coup de main.

Roche se retourna à moitié pour laisser voir Ace apparaître dans le trou dans le mur, accroupi, regardant d'un air vaguement intéressé les environs.

- On dérange ? demanda le brun.

- Du tout, on cherchait la sortie, lui dit le Loup Blanc.

- Allons-nous en, les Scoia'tael peuvent débarquer à tout moment. Et on doit toujours trouver un moyen de dénicher le Tueur de Roi.

Geralt ne fit aucun commentaire et s'approcha du trou. Ace lui offrit sa main et il l'accepta. Ainsi, il se hissa dans le passage vers la sortie.

- Tu sais, tu aurais pu venir combattre le kayran avec moi au lieu de me refiler le piège et l'élixir, commenta le Loup.

- Trop de tentacules à mon goût, se justifia le D.

- Je ne vois pas le rapport.

- Et j'en suis heureux, crois-moi. Allons-y. Il nous reste deux heures avant notre rendez-vous avec Anezka.

- On se voit plus tard, Roche, salua le Loup Blanc.

Et les deux mutants disparurent dans le couloir rocheux.

.


.

La lune était à peine visible alors que minuit approchait.

Les deux mutants étaient installés sur des racines, à proximité de l'autel de Vayapotis. Des marques devant le visage grimaçant, qu'était la représentation du vieux dieu, disaient qu'on venait régulièrement ici pour accomplir des rituels.

Geralt et Ace avaient déjà tué quelques monstres pour passer le temps, mais maintenant, ils ne pouvaient qu'attendre.

Enfin, des bruits de pas percèrent le silence. Des pas discrets, effleurant tout juste le sol, comme pour ne déranger la forêt. Ils échangèrent un regard. Un Scoia'tael ?

Eh bien non, ce n'était qu'Anezka. Elle avait une besace à l'épaule et n'avait aucune lumière pour l'accompagner dans l'obscurité des bois. Quand elle disait ne craindre ni les monstres, ni la forêt, elle avait raison, et cela se voyait ce soir. C'était presque comme si elle avait appris à se fondre dans l'environnement forestier.

- Bonsoir messieurs.

- Bonsoir, salua Ace en se levant.

- Je connais peu de personnes assez braves pour s'aventurer dans la forêt. Surtout de nuit, pointa Geralt.

- Celle qui m'a enseigné la magie m'a appris comment gérer les monstres et les Écureuils n'ont aucun intérêt avec moi.

- Intéressant.

- L'endroit est plein de mystères que même les sorceleurs ne peuvent imaginer. Je le sais parce que j'ai rencontré l'un des vôtre il y a longtemps, pendant ma formation.

- Je pense que vous êtes le plus gros mystère, déclara le Loup Blanc en se levant enfin. Et si vous nous disiez pourquoi vous avez besoin de nous ? Parce que vous nous avez dit les ingrédients et le fait que vous avez besoin de nous, mais c'est tout.

Avec un étrange sourire, elle alluma un feu de camp juste dans la bouche du dieu.

- Vous le découvrirez dès que j'aurais commencé. Êtes-vous prêts ?

- Vu qu'on sait pas ce qui nous attend, on peut pas vraiment dire que c'est le cas, mais allons-y, marmonna le brun. Glaive d'acier ou d'argent ?

- L'argent vous sera plus efficace. Tenez-vous prêts. Et observez la vraie magique. Protégez-moi pendant le rituel. Je vais avoir besoin de l'amulette.

Ace la lui refila (donc, c'était lui qui l'avait piquée à Geralt ? Quand, comment et où… ça restait à savoir). L'objet en main, elle le jeta dans les flammes qui prirent brutalement en puissance. La magie venait de la nature tout autour, sauvage, indomptable, pour tournoyer autour d'Anezka qui avait ses mains tendues vers les flammes dans la bouche du dieu pendant qu'elle incantait dans une langue inconnue. Ace la regarda un instant, cherchant à comprendre où il avait déjà entendu ce langage.

- Ace, on a du boulot, rappela à l'ordre Geralt.

Le D. se retourna pour voir que des spectres venaient d'apparaître. Des spectres mécontents qui n'avaient pas l'intention de les laisser accomplir le rituel jusqu'au bout.

- Ça ira ? s'enquit le Loup.

- Ce ne sont pas les fantômes qui me dérangent, c'est le sentiment derrière. Si c'est trop fort, ça me prend à la gorge. Là, si y'a des sentiments, c'est pas assez fort pour que je le ressente.

Et pour prouver son point, il tira son glaive d'argent et l'enduisit d'huile contre les spectres tout en surveillant l'avancée des esprits et de leur faucille. Avant que les fantômes ne passent à l'assaut, les mutants intervinrent, restant dos à dos au maximum pour ne pas se faire avoir, roulant et esquivant quand ils devaient bouger. Il y avait toujours plus d'esprits qui apparaissaient, attirés par le rituel d'Anezka comme des papillons le sont par la lumière. Plus d'ennemis à détruire avant qu'ils ne touchent l'herboriste.

Le rituel dura deux heures, avant que le feu ne s'éteigne et que les spectres ne disparaissent comme par enchantement. Anezka baissa ses bras et s'accroupit avec précaution pour écarter les braises avec une petite branche qui traînait afin de récupérer le médaillon, le prenant avec son bâton par la chaîne. A cet instant, la pluie se mit à tomber. Haletant (et la respiration très sifflante pour Ace), les deux mutants la rejoignirent. Elle tendit le bijou vers eux.

- Prenez garde, il est très chaud, les avertit-elle.

- Vous avez réussi ? s'enquit Geralt.

- Oui, le Cœur de Mélitèle a récupéré son ancien pouvoir, je le sens.

- Je ne m'attendais pas à vous voir accomplir un rituel de cette ampleur.

La puissance magique dégagée pendant l'acte avait été équivalente à celle que pouvait produire une magicienne du calibre de Triss après tout.

- Vous croyez vraiment que je suis comme ces sorcières de villages qui mettent du pain et des araignées sur les blessures ? s'offusqua presque la brunette.

- Il faut admettre que c'était pas loin du niveau d'une magicienne, loin de ce qu'on attend d'une simple herboriste, pointa Ace après avoir pris une profonde inspiration.

Il resta néanmoins appuyé sur ses cuisses pour reprendre son souffle.

Là, ils l'avaient vexée. La femme croisa des bras, indifférente à la pluie.

- Les magiciennes ?! Avec leurs gros grimoires et leur école de magie, elles ne savent rien ! La Magie, avec un grand M, messieurs les mutants, c'est une affaire de cœur qui bat à la chamade et de bois humide pourrissant. Ça vous retourne les tripes, ça vous fait rire et pleurer…

La passion s'entendait clairement dans la voix de la femme alors qu'elle leur parlait. Ace se redressa pour mieux l'écouter pendant qu'elle continuait de leur expliquer sa vision de la magie :

- Quand la faux évite le nid d'une souris dans champs, quand les gens s'accouplent sous la nouvelle lune jusqu'à en avoir mal, quand le sang et le lait coulent… c'est ça, la Magie. J'ai vu tout ça, j'en ai fait l'expérience. Et je peux le contrôler. On me l'a appris. Et cela, je ne l'échangerais certainement pas pour la place d'une magicienne.

Le silence lui répondit.

C'était ce qu'on appelait de la passion. Vraiment.

- Je ne suis pas certain de vous avoir tout à fait compris, mais il est certain que je vous admire, conclut Geralt.

- Ceci est pour vous.

Et elle lui présenta le médaillon qu'elle toucha avec précaution par peur de se brûler.

- Vous le vouliez, pourtant, pointa le Loup Blanc.

- Mon maître avait prévu votre venue. Quand vous êtes arrivé, je n'étais pas tout à fait certaine que vous étiez la personne de sa vision, mais elle m'avait dit clairement que vous en auriez plus besoin que moi, et qu'à votre tour, vous le confierez à quelqu'un à qui sa bénédiction serait utile. Sans compter que vous m'avez aidée à lever sa malédiction sans rien demander en retour. La générosité est une vertu rare, de nos jours, alors, voyez ça comme un remerciement.

- Merci, souffla le sorceleur en inclinant la tête.

- Si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à venir me voir. Il vaut mieux s'adresser à un mal qu'on connait déjà.

- Je m'en rappellerai.

Geralt allait s'éloigner quand il remarqua qu'Ace regardait Anezka avec un sourire triste et nostalgique.

- Je peux vous aider ? s'enquit la femme en remarquant son attention.

- Je peux te tutoyer ? demanda Ace.

- Oui ?

- Merci. Donc, ta vision de la magie me rappelle celle d'une très bonne amie à moi.

- J'ai été en partie élevée par une devineresse, c'est elle qui m'a tout appris. Elle était internée à cette époque dans la maison de fou, avant qu'elle ne prenne feu. Mais je peux vous assurer qu'elle était aussi saine d'esprit que vous et moi.

- Une demi-elfe avec une possible ascendance zerrikanienne ? s'enquit Geralt. Si c'est elle, je suis tombé sur son dossier de patient en explorant les ruines.

- C'est ce que tout le monde dit d'elle, mais c'est ce que nous, les Nordiens, appelons une Seidh Noir. Ce sont des cousins des Aen Seidhe, sauf qu'ils étaient localisés du côté de la rivière Alba.

- Les ancêtres des Nilfgaardiens, non ? Pourtant, on les dit disparus.

- Eh bien, elle, elle est bien vivante et pas commode… et ce n'est pas la vérité.

- Comment ça ?

- Il n'y a qu'à elle que vous pouvez demander ce qu'elle est vraiment.

- Dis-moi… cette devineresse… elle se nomme comment ? s'enquit le D.

- Elle porte bien trop de noms pour les citer tous !

- Dans le tas, il n'y aurait pas Quetzalcóatl ? Kali ? Haiiro… qu'est-ce qu'elle utilisait déjà…

- On parle bien de la même personne. Vous vous connaissez, j'en déduis donc ?

- Oooh oui. Et ça explique aussi pourquoi les Scoia'tael t'ignorent. Merci en tout cas pour cette démonstration de magie. Bonne nuit.

- Bonne nuit à vous aussi.

Et elle partit devant, laissant les deux mutants derrière.

- Il semblerait que ton mari ne soit pas venu seul, si je devine bien, finit par dire Geralt. A moins qu'elle aussi fasse partie de ceux que tu pensais morts.

- Non non, Kali était vivante la dernière fois que je l'ai vue. Je… je devrais pas être surpris. Elle me l'a dit plus d'une fois, qu'elle serait prête à me suivre jusqu'en enfer.

- Ce doit être une très bonne amie.

- C'est une kuudere. Si tu la connais pas, t'as l'impression d'être devant une Lambert bis, mais une fois passé la surface, tu découvres ses qualités. Juste un conseil, si on la rencontre. Garde une distance de sécurité. Je suis pas certain que nos mutations puissent parer son venin.

- Venin ?

- Quetzalcóatl est une des nombreuses divinités de mon monde d'origine. Le Serpent à Plumes. Le nom est dérivé du quetzal, un oiseau très coloré, voire du mot quetzalli pour dire plume précieuse, et de cóatl, qui veut dire serpent. Non seulement, sa part serpentine, c'est le serpent à sonnette, mais en plus, elle aime beaucoup faire des expériences avec les poisons. Donc, te fais pas mordre.

- Je m'en souviendrai.

- Nous rentrons ? Demain sera une longue journée et on devra la commencer tôt si on veut persuader Zoltan de nous mener aux Scoia'taels. S'il ne nie pas son implication.

- Il n'y a pas de fumée sans feu. Si Zoltan a été accusé de collaboration, il doit bien il y avoir une raison, sinon, il aurait fini sur l'échafaud pour un crime stupide comme vol ou destruction.

Tout cela attendrait demain.

Parce qu'il se faisait vraiment tard et que la pluie commençait vraiment à les tremper.