Bonjour !

J'ai plusieurs choses à dire aujourd'hui. Déjà, sachez que le projet de collaboration avec l'auteure Shadow of Samhain est fini ! Pour le coup vous aurez cette fiction allant jusqu'à Witcher 3 et une autre pour l'expention Blood and Wine. Mais cela ne veut pas dire que c'est la fin des aventures des sorceleurs. J'ai des idées poser pour un sequel. Tout dépendra de si le public est au rendez-vous. Mais pour le coup, je peux à nouveau me concentrer sur mes autres séries, notamment Golden Prince et Sea New King qui sont bien avancés pour le coup.

Pour ce qui est du chapitre du jour. C'est un Bonus, un Omake. Pourquoi ? Parce que Mai96 avait des choses importantes ce mois-ci faisant que les publications auraient pu ne pas avoir lieu. Pour l'arranger, je lui ai proposé de s'occuper d'un de mes bonus qui prendraient moins de temps à corriger. Donc voilà !

Vous saurez aussi qu'en 2022, on aura un changement de couverture pour la fic ! On en aura un nouveau pour Witcher 3 aussi !

Merci à Shadow pour son commentaire (non, Ace ne peut pas regretter ce cadeau de fusil, c'est un petit morceau de chez lui après tout... même s'il en fait pas très bon usage).

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt !

.


.

Vesemir soupira en remontant le seau vide du puits. Quelque chose devait boucher l'eau. Une congère ? Une bête ? Un effondrement ? Aucune idée. Il demanderait aux garçons d'y jeter un œil quand ils arriveraient, il n'avait plus l'âge de se permettre ce genre de cabrioles. Il contempla son seau, puis la neige autour. Non, il allait descendre jusqu'à la rive du Gwenllech. Il pourrait voir si le fleuve avait totalement gelé et s'il y avait des poissons.

Il retourna dans le bastion pour prendre une canne à pêche et quelques appâts qu'il mit dans un second seau, avant de revenir dans la cour de Kaer Morhen pour prendre le reste de son chargement. Il installa le tout sur sa monture et au trot, descendit dans la vallée.

Tout était calme.

Il n'y avait que le bruit de l'équipement, les crissements de sa monture dans la neige et leurs souffles à tous les deux. Même s'il était habitué à ce silence et cette solitude, Vesemir espérait que les garçons viennent cet hiver. Après avoir vu tant de jeunes sorceleurs mourir, il chérissait toujours plus chaque génération comme si c'était ses propres enfants. Même Berengar et sa misanthropie. Même Geralt et Eskel avec leurs idées qui le rendaient quasi chèvre à chaque fois. Même Lambert et son amertume.

Il arrêta sa monture en notant une forme sombre dans la neige au milieu des ruines, à mi-chemin entre le bastion et la rivière. Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Il l'a fit repartir à une marche lente et prudente. Cela ne ressemblait pas à un noyeur ou à un berserker. Et certainement pas à un animal. Il stoppa définitivement son cheval. Il entendait une respiration faible, jeune et sifflante. Il était clair que respirer était une épreuve pour le propriétaire de ce souffle. Et cela venait de la forme noire au sol. Il descendit de sa monture, conservant une main sur ses glaives, et s'avança doucement pour ne faire aucun bruit. C'était du tissu, partiellement couvert de neige. Et sous ce tissu (et aussi sous la neige) il y avait quelqu'un. Au vu de la taille, ce devait être soit un halfelin soit un enfant. La forme serait plus mastoc s'il avait été question d'un nain. Mais que faisait un halfelin ou un enfant par ici ? C'était le coin le plus perdu du monde ! Il doutait que le roi lui-même se souvienne que Kaer Morhen était ici. Ou qu'il y ait encore des gens vivants ici après le piège qui les avait mis en froid avec les Chats et le dernier pogrom. Si c'était un halfelin, c'était peut-être un prospecteur.

D'un geste de sa main lourdement ganté, il dégagea la neige, puis souleva la cape. Sa main retomba.

Un enfant.

Il le retourna et traversa une nouvelle étape dans la perplexité et le questionnement.

Une fillette, il ne lui donnerait pas plus d'une dizaine d'années. Avec un équipement bien trop grand pour elle. Un équipement de sorceleur novice de l'école du Chat et le visage marqué d'une belle brûlure près de l'œil gauche. Elle était pâle en dépit des tâches de rousseurs, les lèvres bleuies par le froid. Il souleva une des paupières et rencontra un œil d'argent fendu comme un félin.

Une novice de l'école du Chat clairement mutée. Heureusement qu'il leur avait dit de ne pas revenir dans les environs. Est-ce qu'ils avaient envoyé cette enfant pour lui tendre un piège ? Venant d'eux, ça ne serait pas surprenant.

D'un côté, il avait envie de la laisser là. Mais de l'autre… ce n'était qu'une enfant. Malgré tout ce qu'il pensait de l'autre école, il ne pouvait pas la laisser comme ça. En soupirant, il prit sa décision. Pour l'instant, il était seul. Si c'était un piège, il n'y aurait qu'une seule victime. Les garçons étaient assez intelligents pour comprendre que quelque chose n'allait pas si les Chats décidaient de leur tendre une embuscade dans la forteresse, et ils prendraient la fuite.

Délicatement, il ramassa la fillette habillée bien trop légèrement pour la saison avec sa tunique sans manche qui lui servait d'armure.

Tac.

Le médaillon de sorceleur de la petite tomba par terre. La chaîne avait dû se casser. Il mit la gamine sur une épaule et s'accroupit pour ramasser le collier. Il n'y avait pas que la tête de chat sur la chaîne. Un anneau en or, visiblement une alliance, avait été accroché avec. Il retourna à sa monture et laissa tomber les deux bijoux dans un des seaux. Finalement, pour l'eau, il utiliserait de la neige fondue.

.


.

Le vieux loup était assis près de l'âtre, sur une chaise, regardant sa trouvaille qu'il avait allongée sur des peaux de bêtes au coin du feu. Plus il observait la gamine, plus il trouvait des points qui dérangeaient. Déjà, sa physionomie. Elle n'était clairement pas typée du coin. Même si les cheveux noirs et les tâches de rousseur étaient des traits courants dans le nord, et que les couleurs cuivrées qu'elle reprenait avec la chaleur laissaient supposer qu'elle vivait au grand air depuis de nombreuses années (certainement sa naissance si on croyait son âge), elle n'avait rien d'une gosse de la campagne. Ou même d'une noble. Elle avait une trop bonne hygiène pour ça, son absence d'odeur le confirmait. Et elle n'utilisait pas de parfum pour le masquer, c'est juste qu'elle était très propre. Même sa longue natte noire était propre et brillante, presque au point qu'on puisse percevoir des reflets dorés sans que le feu n'y soit pour quelque chose. Et que Vesemir sache, qu'il n'y avait qu'Ophir qui avait une culture semblable de la propreté, même le Nilfgaard ne poussait pas jusque-là. Pas encore du moins. Mais clairement, la petite n'était pas de là-bas. Elle avait beau avoir un bon teint bronzé, c'était clairement le résultat du soleil et du grand air, pas de la génétique (et encore, eux, ils tiraient sur un teint plus foncé, plus marron, comme les Zerrikanien). Ensuite, il y avait le tatouage sur son bras. Il ne connaissait pas cet alphabet. Mais les lettres, si ça en était bien, semblaient trop grandes pour le bras de l'enfant. Et trop précises pour avoir été fait avec les techniques actuelles ou sur le membre d'une gamine. Il suffisait de voir le symbole sur le coude pour réaliser que ça n'allait pas. Pour un adulte, cela devait s'arrêter au-dessus de l'articulation, mais sur une enfant, cela semblait déformé, trop grand.

Il jeta une bûche dans le feu et retourna à son observation de la fillette. Il y avait les muscles et les callosités, aussi. L'armure de novice était trop fine pour servir vraiment de protection. Mais c'était parfait pour voir, sans avoir à la déshabiller, qu'elle avait une très bonne musculature. Mais ce genre de muscles, on ne les avait pas aussi tôt. Alors, soit les Chats avaient changé leur méthode d'entraînement (et leur recette de mutation puisque c'était la seule explication qu'il avait pour les yeux d'argent) ou alors, la petite était vraiment plus vieille qu'il n'y paraissait. Quant aux callosités, ce n'étaient pas des mains de paysans ni de nobles. Certes, elles portaient des marques disant qu'elle avait tenue régulièrement une plume voire un pinceau en main (et donc, qu'elle était lettrée certainement, ce qui n'était pas donné à tout le monde), mais le reste des mains avaient des marques de cordes et d'armes. Comme on l'attend quand on examine les mains d'un habitant de Skellige. Il avait aussi noté une trace sur l'annulaire. Un anneau plus clair. L'alliance, qu'il lui avait remis au cou avec l'amulette de l'école, correspondait pour la largeur, mais le doigt était trop petit pour le bijou.

Il se leva de sa chaise et écarta doucement les lèvres de la petite sorceleuse. C'étaient des dents adultes. Et blanche, avec une haleine de menthe. La petite devait avoir au minimum douze ans. Trop tôt pour laisser une sorceleuse sur la Voie. Mais ce n'était pas assez vieux pour expliquer la musculature ou les marques.

Il retourna à sa chaise et prit un morceau de bois qu'il se mit à tailler avec son couteau. Trop de questions et pas assez de réponses.

Comme par exemple la présence de cette jeune inconnue ici. Le piège n'était pas à écarter, mais pour l'instant, cela n'en avait pas l'air d'en être un. Personne ne l'avait attaqué ou suivi durant le trajet et la petite n'avait pas simulé son état.

Il poussa un lourd soupir en continuant de s'acharner avec son couteau sur son morceau de bois.

Ce fut vers midi qu'elle se réveilla enfin.

Lentement, elle s'agita, marmonnant dans une langue que Vesemir n'avait jamais entendue, avant de finalement se redresser en se tenant la tête. Le vieux Loup se leva et la réaction fut immédiate : la gamine bondit de sous sa cape, qu'il avait dégrafée, et des peaux de bêtes, pour se réfugier contre le mur, son couteau en main, essayant de paraître menaçante alors qu'elle avait clairement peur.

- Du calme, petite, je ne vais pas te faire de mal, rassura Vesemir en levant ses deux mains.

Elle lui montra ses jolies dents blanches en réponse. Un vrai fauve.

- Tu me comprends quand je parle ? tenta le vieux Loup.

- … Ou-oui. Un peu.

L'accent était lourd. Rien à faire, le doyen de l'école du Loup n'avait pas la moindre idée de sa provenance.

- Je suis Vesemir, de l'École du Loup.

Un œil tiqua.

- Loup ? répéta-t-elle.

Vesemir retira son médaillon et le tendit à bout de bras vers la petite apeurée. Il n'allait pas lui faire peur en se rapprochant comme ça. La brunette hésita, avant de faire un pas en avant, sans prendre l'objet.

- Okami ka ? Aouuuh ?!

- C'est ça, confirma Vesemir en hochant. Toi, tu es un Chat.

Il pointa du doigt le médaillon qu'il avait remis au cou de son invitée. Elle hocha la tête. C'était une chose qu'elle savait, ce ne serait pas si difficile que ça.

- Les Chats sont interdits ici.

- Sumimasen. Pas savoir.

- Perdue ? Tu cherches les tiens ?

La façon dont elle secoua la tête laissait supposer qu'elle avait peut-être fui. Bon, il ferait une exception pour cette fois.

- Tu peux rester. Pour l'hiver.

- Honto ka ?

C'était une question mais clairement, il ne savait pas ce qu'elle lui demandait. Elle dut le percevoir puisqu'elle se creusa la tête pour chercher à se faire comprendre, avant de poser lentement sa question au vieux Loup :

- Moi pouvoir ici ? Vrai ?

- Jusqu'à la fin de l'hiver. Comment tu t'appelles ?

La petite se laissa tomber comme une masse assise, comme si cette question l'avait brisée. Ses yeux d'argent se remplir de larmes.

- A-nn.. articula-t-elle avec difficulté.

Puis elle fondit en larmes, sanglotant avec hystérie. Elle saisit sa tresse et la coupa court.

- Anabela janai ! pleurait-elle. Boku wa Eisu !

Sous les yeux du vieux Loup, les cheveux coupés tombèrent en poussière pour repousser sur le crâne de la petite, la cachant bientôt sous un rideau d'obscurité.

- Boku wa otoko desu ! Onna janai !

Tout ce que Vesemir pouvait faire, c'était se masser le front. Dans quoi est-ce qu'il avait mis les pieds cette fois ?