Salut tout le monde ! On se retrouve aujourd'hui pour un nouveau chapitre. Et vous allez réaliser que vous ne savez rien des conséquences des Herbes. Ou même de ce que ça peut faire sur le cerveau. J'ai laissé des indices par-ci par-là. Mais il est temps de cesser de se voiler la face.

Autre chose. Ce chapitre se termine sur une chanson. Que j'ai cherché à réadapter. De façon TRES bancal. Rien ne vaut l'original. Alors, avant de commencer le chapitre, ne serait-ce que pour avoir l'air en tête et une petite idée de ce qu'il va se passer. Et aussi parce que ça sera toujours mieux que ma réadaptation. Donc, messieurs dames, on remercie d'abord Misstykata pour son influence musicale et ensuite, on go check le titre Dead Girl Walking de la comédie musicale Heathers.

On est d'accord ? Autre chose. Je ne suis pas psychiatre. Je suis miss lambda qui a demandé à google. Si vous me dîtes en commentaire ou en commentaire que ça ne se passe pas comme ça... ok, dude, juste... c'est de la fiction. Je me doute que je suis dans le faux. J'essaie de me baser sur de la réalité, mais on a un homme/femme-feu et des mutants. La réalité marche pas vraiment. Je suis toujours prête à apprendre, mais ça changera pas grand chose.

On good, alors, on peut y aller.

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- Tu as trouvé le temps de te faire couper les cheveux ?

- Bonjour à toi aussi, salua Geralt.

Il avait été sur le point de quitter Vergen quand il était tombé sur Ace en pleine discussion avec Shiva. Le mutant passa sa main gantée sur son crâne fraîchement rasé à la mode de Cintra (queue de cheval sur le haut et le bas du crâne rasé de près) en soupirant.

- Je vais chercher un objet magique pour le poison de Saskia.

Geralt ne précisa pas que c'était une demande de Eilhart. Si son camarade s'en doutait, il ne fit aucun commentaire et se contenta de regarder l'elfe sombre qui se fit un plaisir de répondre à la question silencieuse :

- Il y a pas mal d'endroits dans les environs qui pourraient aider. On a un nœud tellurique à proximité, donc, un nombre accru de chances de trouver des objets magiques.

Elle cessa de s'appuyer contre le mur en ruine du village brûlé et eut un geste de la tête pour inviter les deux mutants à la suivre.

- T'es certaine ? demanda Ace en fronçant les sourcils.

- Si je ne pouvais pas toucher les objets magiques, ou me balader dans les lieux emplis d'énergie magique, nous ne nous serions jamais rencontrés. Sans compter que j'ai prédit la mort de trois elfes et d'un nain. Je veux voir s'ils m'ont écoutée ou s'ils ont préféré l'appât du gain.

Et sans un mot de plus, elle se mit en marche. Les deux sorceleurs se regardèrent et Geralt eut un geste de la main pour dire « après toi » à son camarade. Le Chat Noir haussa vaguement les épaules et suivit le pas de sa camarade qui avançait tranquillement, les mains dans le dos. L'elfe les conduisit en silence vers la ville. Elle grimpa les marches de pierres d'un pas rapide et traversa un pont qui surplombait l'une des deux grandes portes de la cité. Elle leur fit traverser un second campement de Scoia'tael, qui cette fois, était dans les vieux quartiers qui avaient été désertés il y a longtemps, avant de montrer d'autres marches et de se diriger vers le flanc de la montagne dans laquelle Vergen avait été taillé. Une simple porte en bois attendait là. Et c'est cette porte que Shiva leur ouvrit. Ace passa devant, suivi de Geralt et enfin, Shiva referma la porte sur eux. Ils marchèrent dans la pénombre une petite dizaine de minutes, avant d'arriver à une autre porte qui débouchait sur l'extérieur… et le Pontar.

Ils étaient à présent sur un petit chemin de terre, de roche et d'herbe, typique des zones montagneuses. Un corbeau vint se percher sur un rocher à proximité et les regarda passer avec curiosité.

Ils continuèrent leur marche jusqu'à rejoindre la rive du fleuve.

Un groupe de Scoia'tael était posté là. Et vu leur subit intérêt en les voyant débarquer, ils devaient les attendre.

- Eh bien, Iorveth sera content de savoir qu'il a perdu quatre hommes, soupira Shiva d'un air vaguement las.

Dans le groupe, on avait un nain, deux elfes mâles et une elfe femme. Tous armés et prêts à en découdre.

- Ah ! Ça y est, t'as fini par craquer ! On se met à tuer des humains, hein, sorceleur ? demanda le nain en allant à la rencontre de Geralt.

- J'ai commencé il y a longtemps déjà, lui dit froidement le Loup Blanc. C'était seulement un fait que la société refusait de reconnaître.

- Je peux t'assurer que la mort de Foltest, ça, la société l'a reconnue ! Est-ce que tu sais qu'il y a une prime pour ta tête et celle de ta maîtresse ?

- Pourquoi tout le monde pense qu'on est amants ? Si je devais me taper un autre mec que Marco, ça serait Eskel, certainement pas Geralt ! protesta Ace.

- Je te recommande vivement de retirer ce que tu viens de dire, siffla d'un air menaçant Shiva au Scoia'tael.

- Ou sinon ? s'enquit le nain.

- Sinon, ce ne sera pas par l'acier que tu mourras, mais par mon venin.

- Sans compter que peu importe la prime qu'on a mise pour nos têtes, elle sera toujours inférieure au risque encouru, pointa Geralt.

- Yn Toredig, vous savez très bien qu'on a besoin d'argent, tenta l'un des elfes. Les hav'caaren ne nous font pas de cadeaux, nous devons payer pour la nourriture, les armes et les informations… les primes permettraient…

- ASSEZ !

Les trois elfes firent un pas en arrière quand Shiva s'avança… sur une queue de serpent. Ses jambes et son pantalon avaient disparu pour laisser place à une longue queue de serpent couleur sable dont les écailles au bout de la queue étaient plus espacées. Avec colère, la brune agita sa queue, produisant un son de grelot.

- Je me fiche de ce que vous faîtes avec le Loup Blanc…

Sympathique, même si au vu de l'expression d'Ace, c'était prévisible.

- Cependant, je ne vous permettrai pas de toucher à un cheveu du Chat Noir ! Sans parler que vous perdriez des alliés importants dans cette bataille, vous n'y survivriez pas !

- Iorveth n'a pas besoin de savoir, intervint le nain.

- Je songeais à Thatch et Marco. Vous croyez que Marco va réagir comment si on lui ramène le corps de la personne qu'il a épousé ?

Gros silence.

- Je peux toujours les faire flamber, proposa Ace d'un air neutre.

- Si tu fais ça, je vais devoir rendre des comptes à Iorveth, lui pointa Shiva.

- Légitime défense ? proposa Geralt.

- Il a de bonnes idées, lui ! sourit largement le D.

Shiva les ignora pour se dresser un peu plus sur sa queue en une attitude très menaçante. Le nain leva sa hache mais la femme Scoia'tael posa une main sur son épaule. Elle secoua la tête et d'un geste du menton, invita ses camarades à s'en aller.

Le trio attendit que les Écureuils soient au loin pour reprendre leur avancée, Shiva toujours avec sa queue de serpent qui ondulait sur le sol sans un bruit.

- Tu as une prime, Ace, donc ? Outre celle que tu avais en tant que Hiken no Ace, j'entends, s'intéressa Shiva.

- Henselt a décidé d'en finir avec les Chats. Des primes des survivants les plus connus sont un peu partout dans Kaedwen. Avec ce con de l'autre côté du brouillard, il est fort probable que les primes aient suivi, soupira le Chat Noir. J'aurais vraiment préféré être le Droit de Surprise de Vesemir plutôt que Shrödinger. A la limite, si Guxart était encore dans le jeu, je dis pas, mais lui mort, c'est ce salaud qui a le contrôle et c'est une catastrophe...

Geralt ne fit aucun commentaire. La réputation des Chats disait tout.

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Ils avaient continué à marcher, s'enfonçant dans un semblant de ruines perdues dans la forêt. Mystérieusement, Iro avait réussi à les retrouver et les rejoindre, et la panthère courait partout dans les bois en sautant parfois dans les branches ou sur les promontoires de pierre. Elle les avait aussi pas mal aidés en combat. D'abord en les avertissant de la présence d'une compagnie de soldats Kaedwenniens, puis d'un gros groupe de nekkers.

En découvrant des harpies, Shiva leur avait simplement dit « on se rapproche ». Mais c'était la seule indication qu'ils avaient et qu'elle leur donna. Elle les fit grimper sur une petite côte puis sauter sur un chemin effondré pour atteindre la ruine d'une belle demeure qui servait à présent de nid. Le fait que les médaillons des mutants s'agitaient un peu plus en dépit du fait que toutes les harpies du coin étaient mortes, voulait dire qu'il y avait de la magie par ici. Ace s'était penché sur l'un des corps de harpies qu'il déplumait sous le regard perplexe de sa camarade.

- C'est une harpie célanos, informa le Chat Noir.

Donc, si on avait la variante célanos, on devait avoir des rêves dans les environs, ce qui était des objets magiques. Geralt entra donc dans la ruine à la recherche du nid pour le trouver, prenant toute la largeur de ce qui avait été un couloir à une époque. Et au centre, une pierre d'un blanc cristallin, très brillante, aux formes pointues.

- Tu trouves quelque chose dans cette grosse masse herbeuse ? demanda Ace depuis l'extérieur.

Le Loup Blanc regarda autour de lui. C'était de la pierre, ça, pas de l'herbe. On parlait bien de cette ruine ? Il se saisit du cristal et ressortit rapidement pour retrouver les deux autres.

- Masse herbeuse… tu parles de ça ? se renseigna Geralt en pointant d'un pouce par-dessus son épaule la ruine qu'il venait de quitter.

- Tu en vois d'autres ?

Même Shiva regarda étrangement le mutant aux yeux d'argents.

- Ace… c'est de la pierre. Certes, vieille et un peu moussue par endroits, mais c'est de la pierre, pas de l'herbe, lui dit son amie.

- Ah…ah. Ok…

Il eut un rire nerveux.

- Je suis pas très bien réveillé, je pense.

Pourquoi Geralt pressentait qu'il y avait quelque chose de plus dans cette histoire ?

Shiva adressa un regard scrutateur à Ace avant de se tourner vers Geralt.

- Alors ?

Le Loup Blanc brandit le cristal.

- Un rêve cristallisé. J'espère que ça sera suffisant pour le traitement de Saskia.

Shiva prit délicatement l'objet en s'asseyant sur sa queue pour être plus confortable. Elle l'examina très attentivement, avant de secouer la tête et de le rendre au mutant.

- Pas assez puissant quand on sait qu'on doit combattre le Souffre Mage et qu'il est question de Saskia. Dans l'idéal, il faudrait tomber sur un rêve d'une des magiciennes ou d'une créature magique puissante.

- Ou d'une divinité ! sourit Ace d'un air entendu.

- Oh ta gueule.

- Cependant, ça veut dire que si on a une célanos ici, on doit en avoir ailleurs. Et dans leur repaire, on aura d'autres rêves volés, certainement plus puissants, dit Geralt.

- On peut y accéder par la carrière. Le grand-père de Cecil Burdon y a fait installer une porte après l'abandon de l'exploitation, parce que des harpies y ont fait leur nid, expliqua Shiva. Cependant, Burdon refusera de l'ouvrir.

- La serrure peut se forcer ? se renseigna Ace.

- Non… mais elle peut être fondue si on atteint une très forte chaleur.

Un grand sourire se hissa sur les lèvres du brun.

- Là, tu parles ma langue.

- C'est ça ou demander à Marco de le faire chanter.

Geralt leva un sourcil mais Shiva se contenta d'agiter le cristal de roche qui emprisonnait le rêve.

- C'est le rêve de Burdon. Et Marco est dedans, il l'aide à se débarrasser d'un problème par lequel je suis passé il y a très longtemps. Et pour moi, c'était Chris qui m'a aidée.

- Ah. Oui, si ça s'apprend… surtout dans la situation actuelle, juste avant une bataille… grimaça Ace.

- De quoi vous parlez ?

Les deux pirates échangèrent un regard, avant que Shiva ne réponde :

- Le rêve montre clairement que Cecil a eu un problème d'addiction. Il fait tout pour rester sobre parce qu'il l'a promis à la mère de son neveu avant qu'elle ne meure. Mais si on laisse se répandre cette affaire, sa position sera remise en question et ça brisera le moral des troupes avant la bataille.

- Je vois. On va éviter de lui remettre ça sous le nez et allons nous charger de ces harpies.

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C'était l'intention de départ.

Ils avaient bien trouvé la porte menant au ravin qui servait de repaire aux celanos et Ace avait réussi à faire fondre la serrure pour qu'ils puissent entrer. Cependant, une fois de l'autre côté, ils rencontrèrent un problème inattendu.

Il n'y avait aucune harpie.

Pas la moindre plume.

A la place, ils avaient trouvé un grand disque de pierre avec un creux en son centre qui permettait de projeter les rêves sur la brume qui masquait les profondeurs du ravin. Il y avait encore un rêve dedans. Et celui-ci était très intéressant. La voix de Letho était parfaitement reconnaissable, tout comme la tête couronnée qu'il avait dans la main et qu'il donnait à un autre homme dont ils ne voyaient qu'une partie du corps et pas le visage. Ce rêve du Tueur de Roi laissait entendre que Sheala de Tancarville était pour quelque chose dans la mort du seigneur d'Aedirn, puisque la tête devait lui être livrée.

Le trio se regarda et Shiva récupéra le rêve.

- Les mages se réunissent à Loc Muinnes sous peu. J'irai leur déposer ce rêve, ça sera très intéressant.

- C'est plus Madame Irma que je vais te surnommer, c'est Eris, marmonna Ace.

- Je vais t'étrangler avec ma queue.

- Si on voulait bien se remettre au travail, réclama Geralt. On cherche un gros rêve. Un rêve puissant.

Ils se remirent en marche.

Pas bien longtemps parce qu'ils trouvèrent Marco au détour d'une des alcôves dans la roche. Le médecin était tranquillement assis au bord du gouffre, une jambe dans le vide, les yeux fermés, sa longue pipe fumant paresseusement dans sa main. Clairement, il prenait son temps hors de la ville pour être en tête à tête avec ses pensées. Il ouvrit un œil en les entendant arriver et se redressa quelque peu pour tirer de nouveau sur sa pipe.

- Izou serait jaloux de la taille de ce /kiseru/ ! rit Ace en allant à sa rencontre.

- Double usage. Quand j'ai besoin de souffler, je fume des herbes relaxantes, quand j'ai envie de cogner quelque chose… eh bien, bois et Haki, c'est toujours très efficace, yoi. Que faîtes-vous ici ?

- On cherche des rêves, dit Geralt. C'est un repaire de harpies célanos, mais on n'en a pas trouvé la moindre, et le seul rêve que l'on a repéré, c'est…

- Celui du Tueur de Roi. Je sais, je voulais l'envoyer à Iorveth, mais je n'ai pas eu le temps, compléta Marco. Et maintenant, ça ne sert plus à rien puisque j'ai pu lui dire de vive voix son contenu.

- Et les harpies ? se renseigna Shiva.

- J'ai peu apprécié qu'elles me volent mes rêves. Donc, je me suis vengé. Et j'ai nettoyé la zone. Navré d'avoir brisé un possible boulot pour sorceleur, yoi.

- Tu as conscience du nombre hallucinant de conneries qui passent par mon crâne pendant que tu racontes ça ? demanda Ace avec un sourire taquin.

- J'y ai déjà eu droit de la part de Thatch.

- Il est où d'ailleurs ?

- Rendez-vous avec la succube locale. Il n'a pas changé pour ça, c'est certain. Donc, vous cherchez des rêves ? Pourquoi ?

- C'est une piste pour le remède de Saskia, expliqua Shiva.

- Ah. Eh bien, je les ai tous envoyés au fond, yoi.

Gros silence.

Marco se leva et confia sa pipe à Ace.

- J'y vais.

Sans un mot, le brun récupéra l'objet et le blond se jeta dans le vide.

- Je vais l'accompagner, sinon, il va faire des allers et retours pour rien jusqu'à trouver un rêve assez puissant, soupira Shiva.

Et elle se jeta elle aussi dans le vide.

Les deux mutants observèrent les deux pirates disparaître dans la brume.

- Tu sautes pas ? s'enquit Geralt.

- Nan, pas très envie.

Le brun se contenta de s'asseoir au bord du ravin. Le Loup Blanc alla s'adosser à une des alcôves et croisa les bras, observant son camarade qui avait laissé la pipe à côté de lui avec le bisentô. Quelque chose n'allait pas. Il en avait le sentiment. Comme si le brun cachait quelque chose de son mieux. Le Loup pencha la tête sur le côté, regardant son homologue qui avait tiqué, comme si quelque chose l'agaçait.

Que mijotait donc Ace ?

Que cachait-il ?

Il avait une intuition, un soupçon, mais son camarade n'était pas débile pour tomber dans le panneau, s'il lui tendait un piège…

Après, ce n'était qu'une question simple, en rien insultante.

- Tu vas retrouver cette pipe dans les herbes ? demanda Geralt.

- D'une, c'est un /kiseru/, c'est pas la même chose. De deux, l'herbe n'est pas si haute que ça, exagère pas, rétorqua le D. en lui adressant un regard lui demandant clairement s'il était stupide.

Il venait de tomber dans le panneau. Aussi facilement que ça.

- Ace, il n'y a pas d'herbe autour de nous. Pas plus qu'il n'y en avait sur la ruine de tout à l'heure.

Les yeux du D. s'arrondirent sous le choc avant de se plisser de colère. Il se leva et alla se planter devant le Loup Blanc qui ne se dégagea pas de son appui.

- Tu es en pleine hallucination, n'est-ce pas ? Tu as pris ta médication ?

- Oui, je l'ai prise. Et je voudrais que tu t'occupes de ton cul pour une fois !

- Tu es un ami, Ace. C'est normal que je me fasse du souci.

- Mais je vais bien ! Je vais prendre une autre dose en rentrant et ça ira ! La fiole que j'ai prise ce matin devait être mal faite.

- Tu devrais lui en parler.

Le plus vieux fit un vague geste de la tête pour désigner le brouillard qui masquait le bas du ravin. Et donc le médecin.

- Marco a beaucoup de casquettes et de talents, mais il ne fait pas dans la psychiatrie. Je vais bien, alors, t'avise pas de parler de ça à tout le monde et de les inquiéter pour rien.

- Tu ne leur as pas caché ce que tu devais subir à cause de tes mutations, tout de même ?

- Non, je leur ai simplement dit que je fais une légère rechute, et que ça passerait vite puisque j'ai la médication nécessaire. Rien de grave, je veux pas qu'ils se fassent du souci.

Ace adressa un regard sérieux à son camarade.

Ambre contre argent.

- Comprends les choses, quand on s'est perdu, j'étais bon pour le cimetière. Là, après des décennies de recherches, on se retrouve. Il y a beaucoup de choses à réapprendre, et je veux pas rajouter cette légère rechute sur la pile de choses à régler.

- D'accord, mais je te garde à l'œil.

- Rassure-toi, j'ai pas l'intention de faire de cette ville un second Rivia.

Et le D. retourna se poster au bord de la corniche pour attendre le retour des deux autres.

Il fallut patienter encore trente minutes pour qu'ils remontent. D'abord le Phénix, toujours aussi grand et flamboyant. Il perça la brume de son bec doré et s'éleva au-dessus de leur tête en deux grands battements de ses ailes de feu turquoise, laissant sa queue à la teinte solaire onduler dans le courant d'air. Puis, il prit tout simplement sa forme humaine pour se laisser tomber souplement à côté d'Ace qui lui sourit avant de lui prendre tendrement le visage dans une main pour l'embrasser et enfin, lui rendre sa pipe.

Shiva apparut juste après. Ce qui la gardait en l'air, c'était deux ailes aussi grandes qu'elle qui jaillissaient de son dos. Deux ailes dont les plumes étaient d'un vert ravageur sur l'extérieur et d'un rouge sanglant dans l'intérieur, avant de se finir par une plume blanche, tout en bas, des deux côtés. Elle se posa sur sa queue sur la terre ferme, agita ses ailes un instant avec un mouvement sec, avant qu'elles ne se rétractent dans la peau de son dos avec un doux bruissement.

- Belles couleurs, complimenta Geralt.

Shiva le remercia d'un geste de la tête en caressant le foulard qui lui masquait une bonne partie du front et du haut de son crâne.

- Vous avez trouvé ? se renseigna le Loup Blanc.

- On en a trouvé plusieurs. Mais on en a gardé qu'un, expliqua Shiva.

- Pourquoi ? s'étonna Ace.

- Pas question que je la laisse mettre la main sur le rêve d'un dragon, siffla Marco. J'ai sacrifié l'un des miens.

Il montra le bloc de cristal turquoise dans les bras de l'elfe.

- De toute façon, ce n'était pas celui pour lequel je suis venu en guerre contre les harpies, à la base. Celui-ci, c'est un rêve-souvenir. Une des discussions coutumières que Thatch et moi avions à l'époque, tous les matins, pendant qu'il s'occupait du petit-déjeuner, yoi.

- Retournons à Vergen. Attrape, c'est toi qui donneras ça à Eilhart, lança Shiva.

Geralt réceptionna dans ses bras le rêve cristallisé et le groupe se mit en marche. Le mutant jeta un œil vers le ravin au fond duquel les rêves avaient été rendus inaccessibles par le médecin. Il se demandait bien pourquoi il avait préféré sacrifier son rêve plutôt que celui d'un dragon. Est-ce que c'était celui qui avait attaqué la baronnie ?

Ils prirent la route de la ville après avoir revendu à l'intermédiaire d'un collectionneur quelques plumes… sans pouvoir se départir de leur interrogation concernant une forte odeur de peinture.

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Avec rage, Ace balança sa boite de médication contre le mur, laissant les fioles se briser et se renverser sur le sol. Rien n'y faisait. Trois jours maintenant, et ça allait de pire en pire. Il avait passé la journée dans sa chambre d'auberge, à méditer, dans l'espoir que cela aide ses mutations à se calmer.

Grave erreur, apparemment, parce que l'herbe qu'il voyait partout lui arrivait aux mollets désormais.

En refoulant un sanglot, le mutant se laissa tomber au bord du lit, la tête dans les mains. Il entendait des murmures partout autour de lui, alors qu'il était certain d'être seul. Même son Haki ne pouvait pas l'aider, parce que rien ne lui disait que les informations qu'il recevait de celui-ci soient réelles.

Un rire à moitié étranglé par les larmes qu'il refoulait lui remonta la gorge. Il aurait dû réaliser que c'était trop beau pour être vrai. Le Karma, le Destin, l'Univers… peu importe le nom, s'était toujours foutu de sa gueule. Ce n'était qu'un coup de plus. On l'avait laissé profiter de ceux qu'il aimait, avant de lentement, rendre sa médication inefficace pour lui faire réaliser qu'il était forcé de s'éloigner d'eux.

Il baissa ses mains et fixa ce qui aurait dû être le mur de sa chambre à l'auberge. Un gazon luxuriant s'offrait à son regard, à la totale verticale, comme s'il avait poussé sur la pierre. De l'herbe dans la parfaite continuation de celle qu'il voyait sur le sol et sur son lit.

Un rire résonna dans la pièce. Un rire malsain qui lui fit grincer des dents.

Ce n'était pas réel. Ce n'était pas réel, il le savait.

Pourtant, il voyait, sentait et entendait tout ça. Le démon dans son crâne avait gagné. Il ne pouvait plus rester ici. Parce que bientôt, ce ne serait plus de l'herbe, mais des monstres et des démons. Et le sang coulerait en réponse.

Après Rivia, il avait erré jusqu'à revenir à Kaer Morhen et Vesemir l'avait aidé à s'en remettre. Mais là… Geralt n'hésiterait pas à conduire Marco, Shiva et Thatch jusqu'au bastion s'il y trouvait refuge. Et il ne pouvait se le permettre. Il ne pouvait pas leur montrer ce cauchemar. Ce qu'il était advenu de lui. Il ne pouvait pas les décevoir, ou les blesser.

Un vieil air qu'il avait entendu il y a longtemps dans la radio de Makino lui revint en tête. Un sourire tremblant et aigre monta à ses lèvres alors qu'il se levait. Il ne ramassa aucune de ses armes ni son paquetage alors qu'il quittait l'auberge en chantonnant sa propre interprétation de la chanson :

- The demon in my brain has decreed it:

It says from now on I'm a danger

They will have to hunt me down for safety

Stuff and mount me at the entrance of town

I'm already on dead sentence

How shall I spend the time until the end?

Il s'arrêta devant les portes, regardant la ville basse ranger ses affaires pour la nuit tombante, et lentement, se dirigea vers la sortie de Vergen, marchant dans l'herbe verte et luisante sous la lune.

I don't have to stay and watch everything go to hell

I could change my name and ride up to Offir

But I don't own a horse

Comme l'héroïne de la comédie musicale, une meilleure idée venait de germer dans son crâne. Une dernière chose à faire avant de disparaître de cet endroit et de se laisser mourir avant que ses mutations ne le poussent au pire.

Wait—here's an option that I like:

Spend these hours gettin' freakay!

Yeah!

Avec un pas énergique, pas loin de la course, il fit demi-tour et grimpa dans les hauteurs de la ville jusqu'à une destination bien précise. Pas besoin de connaître l'adresse, ses pas semblaient la connaître par instinct.

I need it hard

I'm a dead mutant walkin'

Il était à quelques pas de la porte. Tout en haut de la ville. Cela ressemblait à un monticule de terre recouvert d'herbes et de fleurs pour le mutant.

I'm in your yard

I'm a dead mutant walkin'

Before I become a danger

I'm snappin' off your lock

Got no time to knock

I'm a dead mutant walking !

Marco leva le nez de ses notes sur l'état de Saskia quand la fenêtre de sa chambre s'ouvrit de l'extérieur. Visiblement, quelqu'un avait eu l'idée suicidaire de la forcer. Seulement, avant qu'il ne puisse réagir, Ace se faufila dans l'ouverture.

- Ace ? Qu'est-ce que tu fabriques ici à cette heure-ci ?

Surtout que depuis hier après-midi et leur incursion en territoire des harpies, le D. s'était fait absent. Presque comme s'il les évitait.

En trois pas, le brun était sur lui, chevauchant ses jambes au travers la couverture, un doigt sur les lèvres du médecin et sa barbe blonde.

- Shh...

Sorry, but I really had to wake you

See, I decided I must ride you 'til I break you

'Cause my brain says I have to go

You're my last meal on death row

Shut your mouth and lose them tighty-whities!

Le mouvement de hanche contre son bassin réveilla un vieux désir que le blond pensait avoir oublié. Ace, quant à lui, se rappelait de cette sensation dans ses entrailles, ce désir dévorant qui avait mené à bien des nuits de folie.

Alors, avant de partir, il voulait le vivre une dernière fois.

Pendant toutes ces décennies, il était resté chaste. S'il devait briser son hymen, ce serait ce soir avec Marco.

- Come on ! Tonight I'm yours !

I'm your dead mutant walkin' !

Get on all four !

Kiss this dead mutant walkin'!

Let's go, you know the drill,

I'm hot and pissed and I'm sterile

Bow down to the will of a dead mutant walking!

Et avec douceur, loin de la brusquerie dont le mutant avait fait preuve jusqu'à présent, il caressa tendrement, presque en tremblant, le visage de son époux qui le regardait sans comprendre ce qu'il se passait. Ils s'embrassèrent avec tendresse, Marco réagissant plus qu'il n'agissait, avant que leurs lèvres ne se séparent. Conservant le visage allongé du blond entre ses mains, Ace eut un pauvre sourire.

And you know, you know, you know

It's 'cause you're beautiful

You say you're numb inside

But I can't agree

So the world's unfair

Keep it locked out there

In here it's beautiful…

Let's make this beautifuuuuull !

Et c'est à cet instant que le médecin se dit « fuck it ». Les explications, il les aurait demain matin. Depuis leurs retrouvailles, il rêvait de ce moment en tête à tête avec son époux. Même s'il ne comprenait pas tout, il n'avait pas l'intention de cracher sur ce qu'on lui offrait.

- Ça marche pour moi, yoi.

Il n'en fallut pas plus pour que les vêtements se mettent à voler et qu'ils s'embrassent avec plus de ferveur et de passion. La nuit serait brutale. Elle serait chaude. Et courte.

Yeah!

Full steam ahead!

Take this dead mutant walkin'

- Il faudra que tu me dises ce qu'il t'arrive, rappela le blond alors qu'il s'échinait à détacher la bande de soutien de son partenaire.

Let's break the bed

Rock this dead mutant walkin'!

Un bruit de déchirure fit jeter un œil vers le matelas. Les doigts noircis de Haki du sorceleur y avait fait une déchirure.

- Tu vas y arriver oui.

No sleep tonight for you

Better chug some Rage !

- C'est pas la Grand Line, les boissons énergétiques, y'en a pas ici !

Get your ass in gear

Make this whole town disappear!

- Ok, ok !

Slap me! Pull my hair!

Touch me

There and there and there!

Il ne fallait pas le lui demander, parce que les mains de Marco étaient loin d'être immobiles. Ses doigts exploraient la toile vivante qu'était la peau basanée de son époux, découvrant les cicatrices et les marques dont le métier de sorceleur l'avait doté, s'attardant particulièrement sur la brûlure restant du poing d'Akainu.

- And no more talkin'!

- Oui, chef.

Love this dead mutant walkin'

Marco se redressa dans le lit, renversant son partenaire.

Presque cinquante ans qu'il attendait ça.

Love this dead mutant walkin'

Ils s'enlacèrent de nouveau, les caresses devenant plus pressantes que jamais.

- Ow!

Ace venait de lui griffait le dos.

Message reçu.

Pénétration.

Il ne s'arrêta pas dans son élan jusqu'à réaliser que quelque chose venait de céder entre les cuisses du brun. Le bleu et l'argent s'affrontèrent un instant. Un sourcil noir se souleva.

Marco repartit à l'assaut.