Bonjour ! Joyeux Noël ! Vous êtes content ! Du Witcher sous le sapin ! Donc, du One Piece ET du Harry Potter. Une journée qui signifie double chapitre parce qu'on a Samy à côté qui publie aussi ! C'est pas merveilleux ! Sur ce, je vous souhaite une bonne journée et de très bonnes fêtes.

D'ailleurs, j'aimerais avoir votre avis. Est-ce que vous souhaitez avoir à chaque chapitre un résumé des précédents comme le fait Jaskier entre les arcs et à la reprise des suavegardes ou ce n'est pas nécessaire ? Parce qu'il va y avoir beaucoup de choses. Plus de chapitres et tout, donc, j'attends votre avis, que je sache si je dois revenir sur mes chapitres pour les rajouter ou pas.

Portgasyuwine : LES fanfics de Samy. Elles sont toutes génialissimes. Je le sais parce que j'ai des accès exclusifs :3 / Au besoin, n'hésite pas, toi ou d'autres, à demander des précisions. / J'attends ton retour pour les corrections, t'as un chapitre qui attend ton oeil expert pour l'anniversaire de mister Portgas.

Destiny : Ce n'est pas le même Harry de J.K Rowling. Ca, c'est Mandos Cerbin, donc, un Harry Potter à la sauce Witcher/Shadows of Samhain. Et c'est un autre genre d'adversaire. / Totalement. Un D. et un Potter... what could go wrong ? /Blancherive ? Je savais pas que je faisais un x-over avec Skyrim. Après... Blanchelfeur-Blancherive, c'est kiffe-kiffe... et il n'avait qu'à arriver avant le Geralt aussi. C'est pas la première fois, c'est déjà arriver dans les faubourgs de Wyzima et dans les quartiers du temple. / Je t'autorise à jouer les fangirls.

Shadows of Samhain : Qui aurait cru que laisser un flingue à un D. mènerait à ce genre de chose, hein ? / Qu'il le veuille ou non, il va les subir les lubies destructrices d'Ace.

Sur ce, bonne lecture et encore joyeux noël.

.


.

Il y a de ça quelques jours…

.


.

Les Moires étaient excitées. Ces deux jeunes qui venaient de tomber du ciel, c'était l'occasion inespérée. Cependant, elles avaient ignoré le félin moutonneux, bien trop semblable à une peluche. Et pourtant, c'est la panthère qui leur vola le cadeau pour l'un des grands noms de la Chasse Sauvage. En silence, le félin à la fourrure blanche tacheté de noir se glissa par la fenêtre de la cabane et se rapprocha des deux jeunes qu'on avait déposés sur le même lit. Il les renifla délicatement, avant de léchouiller la figure de la demoiselle à la peau pâle, les cheveux cendrées et avec une sale cicatrice sur la joue gauche. Il lui fallut un moment, mais finalement, elle se réveilla et se redressa.

- King ? Qu'est-ce que…

Elle s'interrompit en entendant les voix dehors. Son visage perdit le peu de couleur qu'il avait quand elle entendit qu'on avait l'intention de faire bouillir son compagnon pour le manger et l'offrir, elle, à Imlerith.

- Retrouve mon glaive, King. Retrouve Zireael, chuchota la demoiselle à la panthère. Je vais réveiller Luffy.

La panthère des neiges hocha la tête et sauta par la fenêtre. La fille se tourna vers l'autre adolescent qui était à peine plus vieux qu'elle. Un garçon à la peau basanée avec des cheveux noirs en pagaille sous un chapeau de paille. Elle le secoua un instant avant qu'il ne veuille bien ouvrir un œil.

- Ciri ?

- Shhh ! Il faut partir. Et vite, Luffy.

Le jeune aux grands yeux noirs hocha sérieusement la tête et en silence, les deux adolescents se glissèrent par la fenêtre. King attendait à proximité avec entre ses crocs une épée fine, solide, dans un fourreau carmin. Ciri la passa immédiatement dans son dos avant de faire signe de la main à Luffy de la suivre. Ils étaient en plein marais. Leur unique chance de s'en sortir revenait à rejoindre la forêt. Sauf si ces créatures avaient les monstres et les bêtes des environs sous leur contrôle.

- Ciri ! Il neige ! Il faut accélérer ! pointa le brun.

- Je veux bien, mais si j'use de mes dons, il va gagner sur nous ! rouspéta la demoiselle.

Luffy se baissa et attrapa la panthère sous un bras, avant de saisir sa comparse par la taille et de la jeter sur son épaule, manquant de se manger une rangers au passage.

- Gear Second !

Et bientôt, le trio disparut entre les arbres dans un nuage de vapeur.

- Grimpe dans un arbre avec le plus de feuilles possibles ! recommanda Ciri. Et garde la vitesse, on commence à distancer son cheval !

Luffy hocha sérieusement la tête en continuant de courir de toute la vitesse de ses jambes pendant que son sang circulait plus vite que jamais dans ses veines. Enfin, il nota un arbre correspondant à ce que lui avait recommandé son amie. D'un saut si rapide et haut qu'il ressemblait presque à de la téléportation, il atterrit sur une branche. Là, il mit fin à sa technique et relâcha l'adolescente. Le duo grimpa rapidement plus haut dans l'arbre avant de s'immobiliser. Le cavalier en armure sombre s'arrêta sous eux. La neige se fit plus violente, mais les deux jeunes gardèrent le silence pendant que leur poursuivant regardait partout autour de lui, avant de finalement reprendre sa course dans une direction au hasard. Ils attendirent que le bruit de ses pas s'évanouisse avant de sauter de l'arbre. Ils partirent en courant dans une autre direction, filant sans se retourner.

- Tu as une idée d'où on est ? C'est ton monde d'origine, non ? demanda Luffy alors que lui et King couraient aux côtés de la demoiselle aux cheveux de cendre.

- Ce n'est pas pour autant que je sais où nous sommes ! Demande-moi un plan détaillé de Cintra ou Kaer Morhen, je peux le faire ! Mais ça, c'est au-dessus de mes compétences ! protesta Ciri.

Cette déconcentration lui coûta parce qu'elle ne vit pas une racine dans laquelle ses lourdes chaussures de cuir se coincèrent, la faisant basculer au fond d'un grand fossé.

.


.

Retour au présent.

.


.

Eaux Troubles.

Ace avait appréhendé le retour au village tranquille, en sachant que la Rose Ardente et les Scoia'tael s'y étaient affrontés au milieu des habitations, il y a quelques années durant l'affaire de la Salamandre. Ensuite, il y avait eu la guerre. Pourtant, assez étrangement, en arrivant en lisière du patelin, tout semblait identique. Il y avait une dizaine de soldats nilfgaardiens à tout casser pour montrer que le temps passait bel et bien sur ce bout de terre. La naïade les salua de la main en les voyant passer, reconnaissant clairement les pirates pour des enfants de la mer.

- Elle n'est plus là, constata Shiva en regardant l'île au centre du lac.

Les épaules du D. s'effondrèrent en comprenant. Demander de l'aide à la Dame du Lac n'était pas une option, donc.

- Fais pas cette tête, je t'ai vu retrouver ce que tu as perdu, donc, l'option se représentera à toi, à un moment ou un autre, encouragea l'elfe noire en serrant doucement le bras de son ancien capitaine à côté de qui elle chevauchait.

- On va s'arrêter pour la nuit, Anaïs tombe de fatigue et on a un blessé qui ne peut pas rester en selle plus longtemps dans son état, yoi, annonça Marco après avoir jeté un œil par-dessus son épaule à Mandos qui chevauchait derrière lui.

- Une nuit à l'auberge ? proposa Thatch en arrangeant le fusil à son épaule.

- Sans moi. Si un mec me prend encore pour un morceau de viande, je le mords, avertit l'elfe noire.

Et on ne voulait pas de morts inexpliqués.

- Chaton ?

- L'un ou l'autre me va, répondit Ace en haussant les épaules. Pour la belle étoile, y'a bien la grotte où le groupe de Toruviel s'était réfugié y'a… trois ans déjà, je crois. On peut aussi squatter l'ancien temple en surface de Dagon. Ou alors, les ruines du manoir dans les champs. Y'a bien le coin à framboises, mais c'était infesté de spectre de midi, et j'ai vraiment pas envie de devoir les gérer dès le réveil.

Marco regarda par-dessus son épaule pour parler à Mandos qui était monté derrière lui.

- Une préférence ?

Le groupe se tourna vers le blessé qui rentra légèrement la tête dans les épaules, n'appréciant pas du tout d'être le centre de l'attention.

- … loin des morts et je serais ravi de même dormir dans un arbre. Et l'auberge … j'ai une tête à frapper … et pas en état de répondre. Alors, je rejoins Haiiro. Pas l'auberge, répondit l'elfe.

Vu qu'avec son œil masqué, il ressemblait encore plus à Iorveth, on pouvait comprendre.

- Le temple de Dagon est sur l'île. Si on y est attaqué, on sera bloqué pour une possible fuite, pointa le vampire en grattant sa cicatrice sur son visage.

- Bah alors, va pour l'ancien campement de Toruviel, décida le D. Je me demande ce qu'elle devient, d'ailleurs. Une idée ? Iro, tu pêcheras plus tard. Ne reste pas trop près du bord, un noyeur peut sortir n'importe quand.

La panthère se détourna du bord de l'eau pour rejoindre le groupe. Ace prit la tête du convoi au trot jusqu'à la grotte peu profonde entre les buissons et les arbres. Là, il regarda son époux qui fixa le ciel pensivement avant de hocher la tête.

- La nuit est claire, on n'aura pas la pluie sur la figure. On peut dormir dehors, yoi.

C'était le signal pour que les pirates mettent le pied à terre. Chacun savait ce qu'il avait à faire.

Shiva fouilla dans ses sacs de selle pour attraper quatre têtes réduites avant de s'éloigner pour les accrocher dans les arbres aux points cardinaux, mettant ainsi en place une protection magique discrète qui ne reposait pas sur sa puissance personnelle, bien qu'elle rajouta quelques inscriptions autour des arbres choisis.

Thatch ramassa rapidement du bois et commença à préparer un beau feu de camp et y mit de l'eau à bouillir dans une marmite pour le repas en humant de bonne humeur.

Quant à Ace, c'était le reste du camp qu'il installait, mettant les couchages en cercle autour du foyer. Il soupira, frustré. L'un d'eux allait devoir céder son couchage à ce Mandos qui lui foutait une trouille monumentale. Dans son état, Marco ne le laisserait pas dormir sur une branche. Le sorceleur jeta un œil aux arbres autour. Oui, il pouvait le faire, lui.

- Je prends l'arbre et le premier tour de garde, annonça le brun.

Et il retira ses glaives pour les poser contre un arbre. Marco le regarda en levant un sourcil.

- J'attire moins l'attention que toi ou Shiva, et Thatch préfère le plancher des vaches.

- Et moi ? demanda Anaïs qui ramassait des brindilles autour du campement tout en suivant Shiva pour ne pas se perdre.

- Ma sœur ?

- Tu veux dormir avec moi, Hime-chan ? proposa l'elfe sombre en accrochant la dernière tête.

- D'accord ! Dis, nii-chan, on va s'entraîner ce soir ?

- Non, pas ce soir. On verra demain, lui promit le D.

- Va chercher du bois quand tu as fini, demanda Thatch en continuant à couper ses légumes.

- Oui, chef, tout de suite chef.

Le vampire se contenta de pointer Marco avec son couteau pendant que le blond reprenait son travail sur Mandos.

- Le plus haut gradé, c'est lui, donc, c'est lui le chef. Maintenant, boucle-la et va chercher ce foutu bois.

Ace eut une esquisse de sourire. Il jeta un regard à Mandos, avant de se tourner vers Anaïs.

- On y va, Hime-chan ?

La demoiselle posa ses branchages à côté du vampire et courut rejoindre Ace qui avait sorti une machette des sacs de la selle de sa monture. Iro se joignit au duo, et bientôt, tout ce beau monde disparut dans l'obscurité. Ayant fini avec les protections, Shiva passa aux chevaux. Pendant ce temps, eh bien, Mandos avait fait de l'exploration d'un sac apparemment sans fond pour en tirer deux fioles. Si l'odeur de l'une d'elle indiqua au Phénix qu'il s'agissait de dictame, donc, un aide à la cicatrisation (et un bon point pour le jeune médecin elfique), l'autre, il n'en avait pas la moindre idée.

- Je pense que je vais apprécier cela. Je n'étais pas sûr qu'il m'en reste. Ça va aider à cicatriser et aider mes os à repousser. Et je pense que j'ai de quoi dormir. Ne vous privez pas pour moi. J'ai toujours su me contenter de peu … j'ai l'habitude de vagabonder dans la nature. Et j'évite certaines villes ou hameaux dans plusieurs régions pour des raisons évidentes.

Il venait vraiment de dire ce que Marco pensait avoir entendu ?

- Besoin que je fasse … quelque chose ? Ou besoin de quelque chose ? Il doit me rester du thé … ou du café dans mon sac.

Comme on ne frappe pas un patient, le médecin opta pour la seconde meilleure solution. Le tirage d'oreille. Alors, il ne se priva pas pour Mandos.

- Les blessés, ils se la bouclent et restent assis. Tant que tu n'es pas rétabli, tu fais ce que je te dis, ou je peux t'assurer que tu risques de découvrir pourquoi on a mis ma tête à prix quand j'avais neuf ans, yoi.

Il laissa partir l'oreille de l'elfe et se débarrassa de sa cape.

- Marco a raison, lui dit Shiva d'une voix froide. Sans parler que Taîsho a déjà décidé de te céder son couchage. Si tu veux lui faire changer d'avis, je te souhaite bonne chance.

- Quant au café, on en a encore pas mal en réserve, et si on en a plus, on a des contacts avec des marchands d'Offir qui nous font un prix plus qu'intéressant dessus, lui dit Thatch concentré sur la cuisine.

Marco se saisit de l'épaule de l'elfe et la massa avec ses plumes sur le bout de ses doigts pour aider la guérison. Pouvait-il se permettre d'attaquer maintenant ses questions ou devait-il attendre le retour d'Ace ?

- Shiva, t'as une idée de comment se débarrasser de la marque sur sa figure ? Vue que j'ai rien pu faire, je présume que c'est magique, yoi, se renseigna le premier commandant.

La brune s'assit en tailleur sur sa couche avec un livre de magie qu'elle avait pris dans ses affaires en changeant de monde et secoua la tête.

- Iie. Mes attributs n'ont rien qui me permettent de lutter contre la magie d'un démon. Si j'essayais avec ma magie seule…

Elle ne finit pas sa phrase. Ils savaient tous ce que ça pouvait avoir pour conséquence. Mandos peut-être pas, mais il valait mieux qu'il l'ignore. Marco passa au flanc, mais ses plumes ne pouvaient rien faire de plus aujourd'hui. Il fallait que la nature se mette seule au boulot après le coup de pouce qu'il avait donné. Il retourna donc à ses affaires, tirant le linge dans lequel il avait rangé le matos qu'il avait utilisé pour la transfusion dans lequel il le gardait à l'abri. Sans poser de question, certainement alerté par l'odeur du sang, Thatch pointa du pouce une marmite d'eau et d'alcool pleine qu'il avait laissée de côté.

- Merci, frangin, yoi.

Un petit sourire apparut sur le visage du cuisinier alors que le blond mettait à l'eau son matériel. Quand le repas serait servi, les objets médicaux seraient mis sur le feu pour procéder à leur stérilisation. En entendant Mandos grommeler dans son coin, il se tourna vers lui.

- Tu cherches quelque chose, yoi ?

- Rien … ma dague … Une dague de runes à laquelle je tenais … répondit le jeune elfe avant de replonger dans la lecture du livre sur ses genoux.

La dague en question apparut, pommeau vers le bas, du côté de l'œil découvert de son propriétaire. Et qui la tenait ? Ace. Thatch retint un rire. Il se souvenait que Geralt la leur avait montrée brièvement en ramenant l'elfe. Honnêtement, il ne serait pas surpris qu'elle ait changé de propriétaire parce que le D. avait fait les poches de son camarade par ennui ou en représailles d'une connerie quelconque. Mandos reprit son arme, permettant au sorceleur de déposer son tas de bois à côté du vampire, suivi d'Anaïs et même d'Iro qui en avait dans la gueule.

- Avoue que ton sixième sens pour la bouffe t'a dit que le repas était presque prêt ! ricana le vampire.

Le D. s'arrêta et regarda son frère.

- Qu'est-ce que j'ai dit ?

- Tu t'en souviens, c'est ça ? se fit confirmer le mutant.

- Oui, ça me revient, c'est un petit truc… comme toutes ces fois où tu t'endormais dans ton assiette.

Ace se détourna et alla s'asseoir au pied de son arbre, à côté de l'étui de sa guitare.

- L'un et l'autre ne sont plus d'actualité, merci Schrödinger.

Et il croisa les jambes, les mains sur ses chevilles, pour regarder le lac qu'on voyait briller sous la lune. Est-ce qu'il était trop tard pour assister au phénomène mystique qui permettait d'apercevoir ce mirage montrant la cité engloutie ? Dommage, c'était un beau spectacle. C'était paisible. Comme cette nuit. Difficile de croire que la Chasse était en mouvement.

- C'est prêt, annonça le vampire pour changer de sujet. Anaïs-chan, donne-moi ton bol. Mandos, t'as des couverts dans ton sac sans fond ?

Le jeune elfe rangea son livre et enfonça presque son bras dans son sac pour en sortir des couverts.

- … C'est un sac fourre-tout. Enchanté pour même mettre une maison complète dedans. Qu'est-ce que l'on a au menu ?

Marco esquissa un sourire amusé en voyant le corbeau magique s'enfoncer dans le sac. Généralement, c'était Iro qui faisait ça dans le sac d'Ace, se croyant assez petite pour tenir dedans.

- Goûte et je te dirai après, sourit mystérieusement le cuisinier.

Il récupéra le bol de Mandos et y mit une bonne louche, avant de la rendre à son propriétaire.

- L'Allumette, file ta jauge.

L'écuelle du sorceleur vola dans les airs jusqu'à Thatch qui la récupéra avec agilité. Dans un geste souple, il la remplit avant de la tendre au D. qui dû se lever pour la récupérer. Une fois rassis, il roula des yeux d'un air entre blasé et attendri quand Anaïs vint s'asseoir tout contre lui.

- Tu veux manger de la vraie bouffe ou tu préfères tes souris ? demanda le cuisinier avec un sourire un peu trop grand pour Shiva.

- Je peux lui enfoncer le bisentô de Oyaji dans le fion ? s'enquit la zoan avec un maigre espoir en louchant sur l'arme à côté de Marco.

- On ne l'a pas pris pour ça, et en sachant que la dernière fois qu'il y a touché, c'est pour le perdre aux cartes, je me dois de te refuser cette demande, yoi, lui refusa Marco. On t'a dit quoi sur tes mauvaises blagues, Thatch ?

- Que ça fait mon charme. C'est ce que disent toutes mes conquêtes.

Et il agita ses sourcils d'un air entendu.

- Je sais pas qui, entre toi et Jaskier, a le plus de bâtards, vu que vous semblez incapable de garder votre pantalon en haut, grommela Ace en touillant son ragoût. Ah, et pas que j'aime pas ta cuisine, mais je tuerais pour un burger. Pas toi, Shiva ?

- Personnellement, je préfèrerais un bon curry d'aubergine, répondit l'elfe en acceptant sa part. Je ne suis pas grande adepte de la viande.

- Si tu veux un burger, va chasser un catoblépas et on en reparle, rétorqua le vampire visiblement vexé. Frangin, tu me donnes ton bol ?

- Comment j'ai fait pour vous survivre toutes ces années… se lamenta le blond.

- Tu es le Saint Marco. Ta patience est légendaire sur tous les océans au point qu'elle soit sanctifiée, taquina son époux.

Marco se contenta de souffler par le nez, sans faire de commentaire.

- Nii-chan, c'est quoi un burger ? demanda Anaïs avec curiosité en regardant Ace.

- C'est un pain, souvent brioché, dans lequel on met une pièce de bœuf haché cuite avec de la tomate et de la salade. Sans oublier du fromage. J'ai un ami qui aime y mettre du bacon avec des oignons. Et je dois avouer que c'est pas mal avec des frites, répondit Mandos avant que Thatch ne puisse partir sur une tirade contre la « malbouffe ».

Il n'eut pas l'air de remarquer les regards sur lui. Le concept de « frites » ou de « bacon » n'était pas connu dans le nord. Ou alors, certainement pas sous ces noms. Quant au burger, n'en parlons pas. Alors, soit leur ami n'était pas originaire des Royaumes du Nord, soit il avait voyagé de monde en monde régulièrement. C'était un point de plus à rajouter à son mystère.

L'elfe retira son bandeau sur l'œil et les pirates notèrent bien le frisson que Shiva chercha à refouler. Il y avait de la magie dans la cicatrice de l'elfe. Une forte magie et elle était loin d'être bienveillante pour que la brune réagisse ainsi. Il y avait aussi cette ressemblance à Iorveth qui les interpellait toujours plus. Pas assez pour être son fils, mais au moins un parent proche, comme un cousin ou un neveu.

- Puis-je vous poser une question, Chat Noir ?

Ace s'arrêta avec sa cuillère au bord des lèvres et se détourna de sa surveillance lointaine de Iro qui était repartie dans ses tentatives de pêche au lac. Mandos venait vraiment de lui parler alors que plus tôt, dans la journée, leur première rencontre s'était soldée dans le sang ? Sans attendre la réponse, l'elfe enchaîna :

- Comment vous nommez-vous ?

Ah. Grande question. Pour sa fratrie et Anaïs, il n'était pas une femme, mais un homme. Mais connaissant les mentalités du nord, c'était conservé secret, raison pour laquelle, depuis que l'elfe s'était joint à eux, personne n'avait utilisé son prénom ou des termes n'étant pas neutres pour parler de lui ou s'adresser à lui. Mais maintenant…

Il resserra sa poigne sur son couvert. Quand on a mal, le mieux à faire pour le cacher, c'est grogner et montrer qu'on est prêt à attaquer. Alors, le D. répondit en présentant la réputation qu'il traînait, et ainsi, la menace qu'il représentait :

- J'sais pas d'où tu sors, gakki, mais t'es certainement pas du coin. Des sorceleuses, y'en a pas des masses, donc, je suis plutôt connue. Je suis l'inimitable Chat Noir, et le nom, la réputation et la crainte, qui vont avec, sont rumeurs dans tout le nord. Les elfes me nomment Deith Ichaer. Pour les autres, je suis l'Incendiaire de Rivia. Et le nom derrière tout ça, c'est Portgas D. Anabela. Ann pour faire plus court. Mais si tu veux me parler, ça sera Portgas et rien d'autre. Wakatta ?

Il savait que c'était le vœu de sa mère qu'il se nomme Ann s'il avait été une fille, mais… dieu qu'il haïssait ce prénom aujourd'hui.

- Merci pour la réponse. Mais, j'en aurais une dernière … pourquoi avez-vous tous peur de moi ? enchaîna Mandos.

- Pour ça, il faudra répondre à une des nôtres. C'est donnant-donnant pour les informations, intervint Shiva d'un ton cassant. Qui es-tu vraiment derrière cette façade d'elfe guérisseur et magicien ? Réponds à cette question et on te dira pourquoi on est sur nos gardes en ta présence.

Sans se retourner, Marco brandit une arbalète qu'il sortit de sa cape et épingla entre les deux yeux un noyeur qui venait de surgir devant Iro. La panthère savait très bien qu'elle était surveillée, puisqu'elle n'avait eu aucune réaction quand le monstre avait surgi des eaux et se contenta de chercher un autre endroit d'où trouver du poisson quand la bête s'effondra dans le lac.

- Ceci est une démonstration de ce qui fait qu'on est sur les nerfs, yoi, sourit d'un air amusé Marco. On te laisse réfléchir.

Et il rangea l'arbalète sous sa cape. Thatch retira la marmite vide du feu pour y mettre celle contenant le matos de son frère.

- Quand il en aura fini avec le feu, je vais en avoir besoin pour refaire des élixirs, informa Ace.

Ils étaient prêts à laisser l'affaire tomber quand Mandos défit une bande de cuir autour de sa main droite. L'œil averti de Marco nota plus que l'évidence. Ce qu'on voyait d'abord, c'était une importante cicatrice sur le dos de la main, en anglais. I must tell no lies. Mais si quelqu'un observait plus attentivement, comme le faisait Marco, il pouvait voir une trace de brûlure. Très vieille. Presque comme si Mandos avait mis sa main à plat dans une poêle quand il était gosse. Sans parler des cales qui n'appartenaient pas à un médecin, mais plus à un serviteur. Ou un esclave. Le genre de marques que ses propres mains auraient encore porté si la piraterie n'avait pas autant marqué son corps. Il jeta un œil à Thatch qui eut un petit hochement de tête. Oui, il les avait vues aussi.

- Je suis un elfe, qui a fait serment de guérir et arpenter les champs de bataille pour soigner sans distinction. On m'a forcé à être un combattant le jour même de ma naissance. J'ai traversé plusieurs sphères … et je connais les Royaumes du Nord. Et je connais un Geralt de Riv … mais pas votre Geralt de Riv.

Cela confirmait leurs soupçons sur ce point. Leur compagnon de voyage venait d'une sphère semblable à celle où ils étaient actuellement. Et s'il avait vu d'autres sphères, sa connaissance de l'anglais s'expliquait aussi. Cela intéresserait peut-être Geralt d'avoir une idée de ce qu'aurait pu être sa vie s'il avait fait des choix différents.

En prenant une profonde inspiration, le jeune elfe remit le cuir autour de sa main avant de les fixer dans les yeux. Ils connaissaient cette lueur. Celle du mal du pays. Celles qu'ils avaient quand ils songeaient au Shin Sekai.

- Je suis ce que l'on appelle, chez moi, un valet de la mort. Mais c'est plus compliqué à expliquer et je ne tiens pas à plonger là-dedans ce soir. Pour faire simple... Je suis mort. Et je suis revenu au service de ma dame, Lady Death. Ça vous va, Portgas ?

C'est tout ? C'était juste ça ? Un envoyé, un messager de la mort ? Ils s'étaient fait des cheveux blancs pour ça ?

Anaïs se rapprocha un peu plus d'Ace par appréhension mais pour les pirates, c'était tout autre chose. Marco commença avec un petit ricanement rassuré. Lui, le Phénix, percevait la vérité et elle était dans les mots de ce Mandos. Après des années à lutter pour leur vie, la Mort ne leur faisait pas peur. Ils s'étaient croisés tellement de fois qu'ils avaient plus d'une fois jouer au poker avec elle. Et un jour, elle arriverait pour leur dire qu'il était l'heure et ils l'accueilleraient avec le sourire.

C'est pour cela que le rire jaillit du reste du groupe. Fort, soulagé, rassuré.

Ce gars était puissant, c'était normal s'il servait la Mort, mais il n'était pas une menace. Ils s'étaient méfiés pour rien. Voyant l'expression de l'elfe que leur rire avait clairement vexé, Ace se leva et tourna le dos au groupe. Difficilement à cause de la chaîne de kairoseki à son poignet, il retira son armure, puis sa chemise de lin, ne conservant que sa bande de soutien pour garder un peu de pudeur. Ses vêtements au sol, il utilisa ses deux mains pour soulever la masse de dreadlocks du chignon qu'il avait dû défaire pour retirer l'armure étroite, dévoilant mieux son tatouage dorsal mais surtout, le point de sortie de la main qu'Akainu avait enfoncée dans sa poitrine ce jour fatidique. Bon, d'accord, le bandage de soutien masquait une partie de la marque, mais on voyait assez pour comprendre le reste. Et cela expliquait d'une, leur méfiance et de deux, pourquoi ils ne craignaient pas la Mort. Ceci fait, le D. se tourna de nouveau vers Mandos et, sans hésitation, avala sa fierté pour admettre son erreur. Il s'inclina comme lui avait enseigné Makino il y a de cela si longtemps et demanda pardon :

- Je suis désolé de t'avoir tiré dessus. J'ai seulement senti ta puissance et elle m'a inquiétée, parce que je t'ai imaginé comme une menace pour ceux que je veux protéger. Désolé de mon impulsivité.

- Il n'est pas une menace ? s'enquit Anaïs avec inquiétude.

- Non, rassura Shiva. Il l'a dit, il n'est pas la Mort en elle-même, mais un de ses envoyés. Et s'il avait été là pour l'un de nous, on n'aurait rien pu faire. C'est dans le cycle des choses, le cycle de la vie. On vit, on meurt. Alors, il faut profiter de chaque instant qui nous est offert afin de partir, le moment venu, avec le sourire.

- Rhabille-toi, avant de prendre froid, recommanda Marco à son époux pour ensuite revenir vers Mandos pour lui donner l'explication promise. Chez nous, on appelle ça le Kenbushoku no Haki. Le Fluide de l'Observation, yoi. C'est une compétence qui se développe surtout chez les combattants les plus expérimentés, même si on a trouvé des civils le possédant naturellement. Cela permet, à divers degrés dépendant de la sensibilité, l'entraînement et la spécialisation, de prévoir des menaces, les sentir même quand elles se cachent, yoi. Certains ont poussé le Fluide jusqu'à parvenir à prévoir le futur quelques instants à l'avance. Dans le genre, finir avant toi une conversation et prévoir ce que tu diras malgré tout. Et si tu veux rester, on peut te l'apprendre, même si ça sera une raison de plus pour nous détester, parce que l'entraînement est tout, sauf une partie de plaisir.

- Geralt peut en témoigner ! ricana le D. en se rasseyant à côté de Anaïs.

Il avait peu apprécié de l'apprendre en boxant un gravier.

- Au moins, vous n'avez pas tenté de… m'arracher les entrailles comme Philippa Eilhart lorsqu'elle a écouté mon explication de ce que j'étais avec Lambert. Un jour, je vais trouver une falaise pour cette femme et je vais la pousser.

Ace se tendit visiblement à la mention de l'ex-magicienne du Tretogor. La poussée d'une falaise ? C'était bien trop gentil. Beaucoup trop gentil. Il fallait qu'ils retrouvent Zoltan pour savoir si le nain avait réussi la petite demande qu'il lui avait faite pendant que Geralt s'était occupé de la malédiction de Sabrina de Glevissig. Il lui avait donné une procuration sur son compte à la banque Vivaldi pour qu'il puisse avoir tous les matériaux nécessaires dans ce but. Avec ça, Ace aurait la possibilité d'avoir Eilhart entre ses mains. Et de lui faire payer ce qu'elle lui avait fait subir.

- Pour en revenir à mon … statut, il diffère des autres envoyés de la mort. Je suis un peu … le juge et le bureau des pleurs. En fait, je suis celui que l'on envoie lorsque l'on tente de tromper la mort au mépris de la vie.

Alors que l'elfe se frottait les yeux, Ace entendit Anaïs étouffer un bâillement. Il se faisait tard, il serait peut-être temps d'aller au lit.

- Et ce … Haki ? … Si vous êtes capable de sentir même une présence qu'un sorceleur ne peut pas sentir... Ça aurait été pratique pour affronter Gaunter. Je ne le sentais pas. Et s'il était un démon, c'est normal. Je sens les âmes via mon statut. Là … comme je l'ai dit, je suis aveugle et sourd. Je sens le danger … par habitude. Faut dire que j'avais un vieux sénile qui, pour le plus grand bien, s'amusait à me tester depuis ma naissance. Comme pour le basilic ou les détraqueurs.

Ah, les vieux séniles qui mettent en danger les gosses… il y en a sur tous les mondes. Et malgré tout le respect que le Chat Noir avait pour Vesemir, le vieux Loup avait participé aux mutations. Ce qui était plus que de la mise en danger d'enfants.

- Il y a des choses qui ne sont pas à notre portée, les divinités, telles que Dagon ou la Dame du Lac, sont au-delà de nous, précisa Ace en refermant définitivement son armure. Et pour mettre les choses au clair, j'ai pas triché avec elle. Je suis là, je sais pas pourquoi, alors que je devrais être mort. J'ai rien fait. Ou alors, pas consciemment.

Dans les faits, si ça n'avait pas été pour sa mère, il n'aurait jamais dû voir le jour.

- Il commence à se faire tard. Tu as une autre question avant qu'on ne se couche ? s'enquit Marco en retirant son kiseru géant de son dos pour l'allumer.

Et il se mit à fumer quand Mandos secoua la tête.

- Nan, aucune, à part que je ne vais pas me réveiller avec une arme plantée entre les yeux, non ? Et, Portgas … Tricher avec la mort est utiliser des aberrations de la nature pour survivre. Et si tu as survécu, c'est que my Lady a très certainement été agacée car ce n'était pas ton heure mais quelqu'un avait poussé pour que cela le soit. Et si tu étais un fuyard de la mort, Hugin t'aurait bouffé l'âme au moment même où tu m'as tiré dessus. Puisque je suis scellé, mon familier prendra alors son rôle très à cœur de détecteur de fuyard. À part vouloir manger le contenu de ton bol, je ne pense pas que tu doives t'en faire.

Et il leur offrit un sourire qui ne présageait rien de bon en remettant le bandeau sur sa tête. Sans trop savoir pourquoi, Ace lui répondit avec le sien. Celui du D. Celui qu'il n'avait adressé qu'à Luffy et ses hommes parce que ceux qui avaient connu Roger n'avait de cesse de dire qu'il ressemblait à son père quand il souriait ainsi.

- Je te le dis les yeux dans les yeux. Un, le jour où je te voudrais mort, désormais, je te le dirais en face. De deux, si ton familier essaie de bouffer mon bol, je le fais griller en casse-croûte pour Iro. Sur ce, la petite demoiselle doit se coucher. Et on ne proteste pas, jeune fille.

Anaïs avait ouvert la bouche pour dire qu'elle voulait rester debout, jusqu'à recevoir le regard sévère du D. Alors, elle la referma et en boudant, s'enroula dans la cape de voyage de l'adulte pour aller rejoindre Shiva afin de dormir. Ainsi, le sorceleur pu escalader agilement l'arbre pour s'installer afin de monter le premier tour de garde.

C'était une longue journée qui touchait à sa fin.

- Ah… Mandos. C'était bon ? demanda Thatch avant que l'elfe ne s'endorme.

- Oui.

- C'est du ragoût d'anguille aux raisins. Bonne nuit.

Et avec un sourire amusé, le vampire s'allongea à son tour.

.


.

Pendant ce temps, Geralt… prenait un bain. Il avait à peine eu le temps d'échapper à la Chasse Sauvage qui les avait poursuivis pendant le trajet à Wyzima, qu'il avait ensuite été séparé de Yennefer à peine le seuil franchi du palais. Par le passé, ils s'étaient croisés, aimés et séparés de nombreuses fois. Pourtant, ces deux années de séparation avaient été plus difficiles à supporter que le reste.

Il jeta un œil aux servantes qui l'aidaient dans son bain. Elles riaient comme des adolescentes en lui frottant la peau avec du savon. Cela ressemblait un peu trop à ce qu'Ace lui avait raconté de sa rencontre avec Emhyr. Jusqu'au chambellan qui correspondait trait pour trait à celui qu'il lui avait décrit. L'homme venait d'entrer dans la pièce après avoir fait porter des mannequins avec des costumes dans la pièce adjacente. D'un geste de la main, le chambellan fit comprendre que les dames devaient partir, le laissant seul avec Geralt et un aide. Le vieux s'approcha, passa un doigt sur l'épaule du Loup Blanc toujours assis au fond de la baignoire de cuivre. Il examina attentivement son index, avant de hocher la tête.

- C'est acceptable.

Heureusement que c'était acceptable, avec ce qu'il avait subi ces dernières décennies qui l'avait amené à avoir une hygiène corporelle plus poussée ! Les premières années qu'il avait passées à Kaer Morhen, Ace leur avait bien fait comprendre ce qu'il pensait de leur manque d'hygiène en leur balançant des baquets d'eau savonneuse sur la figure en leur disant d'arrêter d'empester le zheugl et de se prendre un bain. Vesemir y avait peut-être échappé (le D. avait été tenté, ça se voyait), mais que ce soit Lambert, Eskel ou Geralt, ils avaient dû s'y plier. C'était devenu une habitude de se prendre régulièrement un bain, histoire de ne pas affronter l'attaque nettoyante d'un Chat grognon. Habitude que Lambert avait adopté le plus vite… avec ce qu'il savait aujourd'hui, il soupçonnait que Shiva soit derrière tout ça. Cela serait amusant quand le Chat Noir serait au courant de la relation entre les deux.

L'aide s'avança et tendit une serviette de bain grande ouverte à l'attention de Geralt.

« Il va te falloir une serviette plus grande, mon salaud. » songea le Loup Blanc avec un semblant d'amusement en se levant.

Il laissa le tissu être enroulé autour de sa taille en demandant si on pensait vraiment qu'Emhyr en avait quelque chose à faire de sa propreté. Il jeta d'ailleurs un regard froid au portrait de celui-ci qu'on avait accroché aux boiseries de la pièce.

- Monsieur est prié de se référer à Sa Majesté Impériale par son titre complet… ou de s'abstenir, lui dit le Chambellan. Si monsieur veut bien s'asseoir sur la bergère.

Et l'homme s'éloigna de quelques pas pour se rapprocher de la seule chaise du coin qui portait d'étranges marques sur son dossier, comme si des serres l'avait abîmée. Et vu la taille, ce ne devait pas être un petit oiseau. Il avait vu des marques semblables au bord de la baignoire et sur le paravent en bois à proximité. Quelque chose lui disait que ce devait être les traces de Marco. Donc, il était en plus de tout, dans la même salle où on avait décidé de faire prendre un bain au Chat Noir. Pas de marque de sang, aucune odeur de mort. Eh bien, le D. aurait-il courbé l'échine ? Mais cela n'expliquait pas ce qu'on lui demandait. Pour lui, une bergère, c'était la fille d'un paysan local qu'il doit aller chercher quand elle a perdu ses moutons dans la forêt avant qu'elle ne se fasse bouffer par un loup-garou. Certainement pas un lieu pour s'asseoir.

- De quoi vous parlez ? s'enquit le sorceleur.

- Je parle de cette…chaise, lui dit un air pincé le chambellan en montrant l'objet en question.

Traversant la peau d'ours qui le séparait du siège, Geralt alla donc s'asseoir comme on le lui demandait.

- Cledwyn, veuillez raser monsieur. Pas plus d'un demi-pouce de favoris.

L'aide hocha la tête et se dirigea vers la table à proximité qui contenait le nécessaire pour le rasage. Le mutant adressa un regard blasé au chambellan. Maintenant, on devait le raser ? C'était quoi ça ?

- Qu'est-ce qui ne va pas avec ma barbe ? Je pensais qu'elle me donnait un air digne.

- Certainement, mais c'est au prix de votre élégance, répondit le chambellan. Sans compter qu'au Nilfgaard, les barbes sont peu appréciées. Surtout quand elles sont pleines de parasites.

Chose qu'il n'avait pas, merci bien. Il y prenait garde. Comment voulez-vous vous battre contre un ekimme quand vous devez vous gratter la barbe ou les cheveux toutes les deux secondes ?

- Cela fait un moment que je suis sur la route, mais je peux vous assurer que j'apprécie aussi peu que vous les parasites. D'où le pourquoi je fais ce qu'il faut pour ne pas en avoir.

Ses sens arrivaient à les voir dans le crâne du premier pecnot venu, donc, il pouvait tout aussi bien éviter de les chopper en ne côtoyant aucune fille de joie qui était susceptible d'en avoir. Cependant, ce n'était pas une bataille valant la peine d'être menée. Une barbe, ça repousse.

- Allez-y, faites ce que vous voulez. Si vous pouviez en profiter pour mieux me raser le bas du crâne, cela serait appréciable.

- Sa Majesté Impériale devrait apprécier grandement que vous ayez adopté la queue de Cintra pour honorer son épouse.

Les poings de Geralt se serrèrent imperceptiblement sur ses cuisses. L'épouse d'Emhyr était une des raisons qui faisait qu'il haïssait cet homme. L'empereur du Nilfgaard le répugnait. Et si le Destin ne les avait pas liés ce soir-là quand il avait énoncé le Droit de Surprise, c'est avec un grand soulagement qu'il n'aurait pas eu à supporter cet individu. Quoiqu'il soit fort probable qu'Emhyr n'aurait pas survécu à cette soirée non-plus.

- Veuillez pencher votre tête vers l'avant, s'il vous plaît. Et ne bougez pas, exigea l'aide.

La mousse à raser fut rapidement étalée sur l'arrière du crâne du mutant et sur ses joues alors que le chambellan faisait les cent pas en regardant la scène. Le blandin avait fermé les yeux pour patienter, mais en sentant quelqu'un arriver, il les rouvrit pour les braquer sur le nouveau venu qui passait tout juste la porte.

- Nous allons en profiter pour vous poser quelques questions.

C'était la même scène qu'avait vécue Ace. Mais à la différence de son camarade, il resta sagement assis sur la bergère, et le chambellan ainsi que son aide restèrent dans la pièce pendant qu'on lui posait des questions. Après tout, les hommes devenaient honnêtes quand ils avaient une lame sous la gorge.

Un autre homme suivit. Un scribe. Apparemment, quelqu'un avait toujours mal à la main. Trop pour écrire en tout cas.

- C'est qui, lui ? Un autre barbier ? se renseigna le sorceleur en feignant l'ignorance.

- Non, je suis Morvran Voorhis, commandant de la Division Alba, se présenta le général. Voyez-vous, c'étaient mes hommes qui devaient vous escorter, vous et la magicienne Yennefer. Et j'ai bien dit c'étaient, au passé donc. Parce qu'aucun d'entre eux n'est rentré à Wyzima. Vous savez certainement pourquoi, sorceleur. Je vous écoute, et n'oubliez pas que vous avez un rasoir sous la gorge. Après cela, et avant que vous ne puissiez rencontrer l'empereur, sorceleur, il y a quelques informations que je vérifierais. Des formalités, mais elles sont nécessaires.

Et le soldat alla s'asseoir sur un coffre tout proche, fixant Geralt avec intensité.

- Bien entendu, maugréa Geralt. L'administration, la paperasse, tout ça… c'est très important.

L'aide se pencha sur lui comme pour examiner sa joue de plus près et Geralt lui adressa un regard froid.

- Bien, commençons donc par mes hommes. Qu'est-ce qu'il est advenu d'eux ?

Il pouvait dire ce qu'il s'était passé en gardant sous silence le plus incroyable, ou alors, parler honnêtement. Curieux de voir la réaction du nilfgaardien, il parla pendant qu'on se concentrait sur l'arrière de son crâne :

- La Chasse Sauvage les a tués.

Dubitatif était un euphémisme pour décrire l'expression de l'humain.

- Des cavaliers fantomatiques surgissant des ténèbres… dit lentement le soldat. Et vous pensez vraiment que je vais croire ce genre de superstition paysanne ?

- Franchement, c'est le cadet de mes soucis.

Et le blandin se pencha en arrière pour laisser Cledwyn s'attaquer à sa barbe.

- Aaah… les nordiens. On aura beau vous laver, vous raser et vous habiller, on ne vous apprendra jamais les bonnes manières, grinça le soldat en se massant d'un air absent la main droite.

- Tout le plaisir est pour moi. Ce sera tout ? Ou vous voulez savoir ce que j'ai fait l'an passé, comme vous l'avez demandé à Portgas ?

- Vous êtes proche de votre maîtresse, à ce que je vois.

- Ce n'est pas parce qu'on se supporte suffisamment pour bosser ensemble et que nous sommes tous les deux des mutants, qu'on couche ensemble pour autant. Pendant qu'elle me donnait un coup de pouce avec le griffon, j'ai cru comprendre qu'elle avait déjà eu droit à vos questions et à une rencontre avec l'empereur.

- Je vois… nota Morvran.

- J'ai fini, intervint Cladwyn. Dois-je le raser une seconde fois à contre-poil ?

Le général se leva.

- Non, il est déjà suffisamment à contre-poil comme ça. Adieu sorceleur, puisque mes questions n'ont plus aucune raison d'être posées. Ou plutôt, à très bientôt.

Et l'homme s'en alla en faisant signe au scribe qui le suivit. On essuya le reste de la mousse sur les joues du mutant. On aurait voulu confirmer la version de l'un et de l'autre. Dommage pour eux mais Geralt ne les aiderait pas dans ce sens. Le chambellan eut un geste pour le mutant, l'invitant à le suivre dans la pièce d'à côté avec les mannequins. Et en voyant les tenues qu'on lui proposait, une remarque vint aux lèvres du sorceleur :

- J'ai l'impression de me préparer pour un mariage.

- Si tel était le cas, j'aurais préparé une queue-de-pie ou un veston de cérémonie pour monsieur. En l'occurrence, monsieur va devoir choisir parmi ces vêtements.

Et on lui montra les mannequins.

Un à un, le blandin les regarda.

- Noir, noir… ou noir, c'est ça ?

- A Nilfgaard, nous n'apprécions guère les couleurs criardes. Je reste à la disposition de monsieur, qu'il me prévienne quand il aura choisi sa tenue.

Et le mutant soupira profondément. Bon. Quand faut y aller, il faut y aller.

Il s'habilla, puis il eut droit à la leçon sur la révérence. Enfin, il était temps de rencontrer Emhyr var Emreis.

La dernière fois qu'ils s'étaient vus, Emhyr avait cherché à les tuer, lui et Yennefer.

Cette fois, ce fut dans l'ancien bureau de Foltest qu'ils se rencontrèrent. Il s'en souvenait comme si c'était hier, parce que c'était ici-même que l'homme lui avait demandé de désenchanter une seconde fois sa fille aînée et en finir avec la Salamandre. Aujourd'hui, il affrontait le père de son Enfant Surprise.

La haine et le dégoût qu'il avait pour l'empereur étaient réciproques s'il en croyait le regard que le souverain lui jeta depuis son siège, en dépit de son visage de marbre. Ce sentiment partagé est ce qui fit que le sorceleur ne bougea pas d'un poil et ne dit pas un mot quand on lui souffla de s'incliner. D'un geste de la main, Emhyr fit comprendre que le reste serait sans témoin, et bientôt, il n'eut plus que le sorceleur et l'empereur dans la même pièce.

- Tous ces mois passés à la cour de Foltest, et comme votre chère amie Anabela, vous ne semblez toujours pas maîtriser les rudiments de l'étiquette, commenta froidement Emhyr quand Geralt s'avança jusqu'au bureau.

- Vous connaissez le dicton… ce n'est pas à un vieux loup qu'on apprend à faire la grimace, répondit froidement le mutant.

Emhyr se leva lentement. Il était à peine plus grand que Geralt, mais ce n'est pas pour autant que celui-ci se sentait intimidé.

- On va passer le préambule, et je sais très bien que ce n'est pas pour parler du bon vieux temps que je suis ici. Portgas m'a dit que vous l'avez embauchée pour retrouver Ciri. Ce qui est stupide parce que…

- Silence, coupa froidement l'empereur en contournant le bureau.

Il s'arrêta devant le portrait de la princesse boudeuse. Pendant un instant, histoire d'attaquer Emhyr sur un des points qu'il détestait à son sujet, Geralt fut tenté de lui demander si c'était le portrait de sa fille ou de son épouse actuelle.

- Ma fille Cirilla… est bel et bien revenue. Et elle est en danger. La Chasse Sauvage est à ses trousses.

Emhyr se détourna du portrait et revint vers le sorceleur.

- Deux personnes pour la retrouver seront plus efficaces qu'une seule. Sans compter que vous semblez bien travailler ensemble. Alors, retrouvez-la, et ramenez-la moi.

- Ciri est partie il y a longtemps et très, très loin d'ici.

- Vous pensez vraiment que je perdrais mon temps à faire venir jusqu'ici deux sorceleurs sur la base d'une simple rumeur ?

- Même un empereur peut se tromper.

Emhyr se rapprocha un peu plus de Geralt, leurs deux nez se frôlant presque.

- J'avais oublié votre insolence, siffla avec froideur l'empereur.

Et il se détourna.

- Je n'ai pas le temps pour chercher à vous convaincre. Ni l'envie, d'ailleurs. Yennefer s'en chargera après l'audience.

- Combien d'hommes compte votre armée ? Vingt mille ? Trente mille ? Pourquoi faire appel à moi ? Surtout quand vous avez déjà embauché Portgas.

- Vous le savez très bien. Parce qu'elle vous fait confiance.

Elle lui faisait confiance parce que Geralt avait fait plus pour elle pour mériter le titre de père qu'Emhyr ne pourrait accomplir… surtout en prenant en compte ce qu'il avait fait à sa fille pour assouvir ses ambitions politiques.

- Justement, elle me fait confiance, c'est un fait… alors, dîtes-moi pourquoi tenez-vous tant à la retrouver ? Ce n'est certainement pas pour rattraper le temps perdu, j'imagine.

Le nilfgaardien retourna s'asseoir en lui répondant quelque chose qu'il aurait presque pu deviner seul :

- Pour raison d'Etat, comme toujours.

Le mutant ouvrit la bouche mais on lui coupa la parole :

- Ne perdons pas notre temps. Vous allez accepter de toute façon. Ne serait-ce que pour l'or que vous rapportera cette mission. Bien plus que le tarif habituel d'un de vos contrats, soyez-en sûr.

Quand il croyait qu'il ne pouvait pas détester plus Emhyr, il découvrait une raison de plus pour le faire. L'homme lui demandait de vendre celle que le Loup Blanc voyait quasiment comme sa fille ? Bon sang ! Emhyr parlait de sa chaire et de son sang ! Du fruit de ses entrailles ! De la fille que Pavetta lui avait donnée parce qu'elle était naïvement tombée amoureuse de lui (sans prendre en compte un Droit de Surprise qui avait encore foutu son nez dans une affaire pour compliquer les choses).

- Je me fiche de l'argent. Gardez votre générosité pour les villages que votre armée a rasés. Si je dois la retrouver, c'est dans son intérêt, pas dans le vôtre.

- Vos motivations ne m'intéressent pas, seul le résultat compte. Yennefer vous dira le reste.

Et d'une voix forte, on lui annonça que l'audience était levée. Le chambellan fut rappelé et ordonné de le conduire à la magicienne. Et ce ne fut pas un trajet agréable dans les couloirs du château, parce que le serviteur en profita pour se plaindre et dire au mutant que son comportement aurait des répercussions sur lui, qui serait puni, parce que Geralt n'avait pas fait de révérence et accordé le respect qui était dû à l'empereur. Comment pouvait-on accorder du respect à un homme qui avait cherché à vous tuer ?

Ils passèrent la salle du trône où, en plus des bannières, on commençait déjà à refaire de la décoration à coup de burin. Les courtisans qu'il dépassa se posaient clairement des questions sur la présence d'un sorceleur entre leurs murs. Même si les connaissances en Langage Ancien de Geralt étaient de bas niveau, il comprit néanmoins l'attaque sournoise à l'adresse du défunt Foltest. Des striges pleins les caves, puisque le souverain était très libidineux... Il serait curieux de les voir dire cela en la présence de Adda la Blanche.

Point positif, quand il s'arrêta devant les appartements qu'occupait Yennefer, le chambellan lui dit qu'on lui remettrait ses affaires quand il en aurait fini. Ainsi, il entra dans la pièce et remarqua la magicienne dans un coin, consultant des livres avec une certaine frénésie. Elle releva le nez en voyant son amant. Une lueur apparut dans son regard et un petit sourire appréciateur se dessina sur ses lèvres.

- Tu es renversant dans cette tunique.

- Et je meurs d'envie de la retirer.

- Et dans de différentes conditions, je considérerais ça comme une proposition intéressante… une dans laquelle je t'accompagnerais volontiers. Mais malheureusement, on a des affaires pressantes.

Et elle fixa avec inquiétude un parchemin au milieu des livres.

- Tu comprends maintenant pourquoi j'ai accepté l'offre de rejoindre la cour d'Emhyr ?

- Mhmh. Et j'ai l'impression qu'on est dans le même bateau à présent. Portgas m'a déjà dit que l'empereur l'a embauché pour retrouver Ciri, mais elle comme moi, on a dû mal à y croire. Ciri est vraiment de retour ? Il n'y a pas d'erreur ? Ce ne serait pas la première fois qu'on ait affaire à un sosie.

- Cette Portgas, elle t'a montré le portrait ?

- Oui. Donc…

- Oui, c'est bien elle.

Yennefer prit un parchemin sur lequel on avait dessiné un portrait de Ciri et le regarda avec un petit sourire empli d'émotion qu'elle cherchait à canaliser.

- Notre petite sorceleuse est devenue une belle jeune femme.

Tellement. Elle ne ressemblait plus tant que ça à la petite diablesse de Vesemir. Elle avait l'air si déterminée, si mature, si belle… bon sang, le temps avait tellement passé depuis la dernière fois qu'il l'avait vue.

- Effectivement… c'est fou ce qu'elle a grandi, souffla Geralt.

- Oui, tant d'années ont passé depuis Kaer Morhen. Et bien des choses ont changé.

- Tu n'as pas changé, toi, pointa Geralt à la magicienne.

Celle-ci esquissa un sourire.

- Tes compliments maladroits m'ont manqué, tu sais.

Dur d'ignorer l'étranglement de la voix de la femme par l'émotion

- Mais concentrons-nous sur la situation. Ciri m'a déjà parlé de cette Portgas. C'était quand elle m'avait demandé si je connaissais un sort qui permettrait d'apprendre une langue si on connaissait déjà quelques mots et expressions de celle-ci. Je dois admettre que les termes en question n'étaient pas à mettre dans la bouche d'une petite princesse…

Yennefer eut un maigre rire.

- … mais certaines de ces expressions étaient très bien trouvées. Et imagées. Ceci dit, on peut lui faire confiance ? Je connais la réputation des Chats aussi bien que toi, Geralt, mais je ne connais pas le personnage.

- Non seulement elle a déjà eu affaire à la Chasse Sauvage, mais en plus de ça, elle tient à Ciri. C'est tout juste si elle ne m'a pas reproché de l'avoir oubliée durant mon amnésie. Elle la défendra bec et ongles. Cependant, si on arrive à retrouver Ciri, je peux t'assurer qu'Emhyr ne le saura jamais.

- Peu m'importe, du moment que notre petite sorceleuse s'en sort.

- Donc, la Chasse Sauvage est après elle, c'est ça ? Si ça n'avait pas été pour ce qu'il s'est passé cette nuit, j'aurais eu du mal à l'admettre. Comment est-ce qu'ils nous ont retrouvés ?

La brune soupira et se prit dans ses bras.

- Je pense que c'est de ma faute. Je cherche Ciri depuis des mois, tu comprends ? Sorts de localisation, divination, géomancie, j'ai tout essayé. J'étais tentée de me rapprocher des Scoia'tael pour pouvoir m'entretenir avec Yn Toredig pour avoir une piste. Je savais que je risquais d'attirer l'attention de la Chasse Sauvage, mais… je pensais être plus maligne qu'eux.

- Tu avais tort on dirait.

- Oui. Je sens leur présence depuis un moment déjà. Sans toi et sans les soldats d'Emhyr, je ne serais plus là à l'heure actuelle. Je ne peux pas continuer à utiliser la magie, c'est un fait, le risque est trop grand. Il est temps d'avoir recours à des méthodes plus traditionnelles. Et au meilleur pisteur que je connaisse. Je t'en prie, Geralt. Retrouve-la. Retrouve-la avant la Chasse Sauvage.

- Tu sais pourquoi la Chasse en a après Ciri ?

- Aucune idée, Geralt. J'ai bien pensé à leur écrire pour leur poser la question, mais je n'ai pas leur adresse.

Bon, d'accord, ce n'était peut-être pas la question la plus intelligente, mais l'espoir fait vivre, comme on dit.

- Je n'en sais rien, lui dit Yennefer en redevenant sérieuse. C'est sans doute en rapport avec son sang et son… talent. Quant à savoir ce que la Chasse compte faire avec… Honnêtement, je préfère ne pas y penser. Je devrais définitivement m'adresser à cette Yn Toredig.

- Je lui demanderai.

Yennefer le regarda en levant un sourcil surpris.

- Tu serais surprise de savoir qu'à Blanchefleur, tu n'étais qu'à quelques dizaines de mètres d'elle. Je l'ai rencontrée l'an dernier, à Vergen, pour la revoir en arrivant en ville… hier ? Oui, hier. La question serait plus de savoir comment toi, tu la connais. Vue la façon dont Philippa Eilhart parlait d'elle, Shiva n'a pas l'air d'être haut dans l'estime des magiciennes.

- On est toutes passées par Aretuza, pour subir une éducation stricte, douloureuse et une stérilisation forcée, afin d'apprendre la magie. De ce point de vue, on ressent toutes la même chose pour cette elfe que pour n'importe quelle sorcière de village qui a appris la magie sur le tas mais qui n'a pas eu à subir ce qu'on a vécu. Mais je ne suis pas Ida ou Philippa. Même si c'est un savoir parcellaire et une magie bridée, elle sait et voit des choses hors de mes compétences. En ça, on est nombreuses à l'envier. La première fois que j'ai entendu parler d'elle, c'est quand Findabair m'a invitée à me joindre à la Loge. Apparemment, elle voulait que Shiva fasse partie du nombre, pour s'être vue imposée un chantage qui n'était pas dans son intérêt.

- Qui était ?

- Permettre aux Scoia'tael de pouvoir revenir en Dol Blathanna.

- Ah.

Oui, Shiva avait clairement l'intérêt des Ecureuils en tête… après trouver un moyen de revenir dans son monde d'origine avec son groupe, maintenant qu'ils avaient retrouvé Ace.

- Sinon, tu as une piste ? Emhyr n'a rien dit à Portgas, outre de se démerder toute seule.

- Je sais, je l'ai vue. De ce que je sais, elle aurait été aperçue à Velen et Novigrad. Avec ce garçon.

De sous sa pile, elle tendit un autre portrait montrant un garçon sortant à peine de l'adolescence. Il avait de grands yeux et des cheveux fous.

- On ne sait rien de lui, sauf qu'il l'accompagne. Velen est la piste la plus prometteuse, je te recommande d'ailleurs de commencer par-là. Rends-toi à l'auberge de la Croisée des Chemins et demande un certain Hendrik. C'est un homme de l'empereur.

- Quoi ? C'est tout ? Pas de mot de passe, de poignée de main secrète ?

- Rien de tout ça. Désolée de briser tes rêves d'enfant, mais la vie d'espion n'a rien de trépidant.

- Et Novigrad ?

- Seulement des rumeurs, rien de concret. Mais tu pourras compter sur l'aide de notre amie commune.

Ils se regardèrent en silence pendant un instant.

Quelque chose commençait à sentir mauvais pour sa peau de mutant. Et le nom tomba :

- Triss Merigold de Maribor. Apparemment, elle s'est achetée une petite maison sur la grande place de la ville.

- Oh oui, elle va être ravie de nous voir. Elle et Portgas, c'est une grande histoire d'amour. Portgas a encore le souvenir de la claque sur sa joue de la fois où elle lui a dit, avec son tact inexistant, ce qu'elle pensait d'elle. Je crois que ce jour-là, Triss a fini avec un coquard.

- Je l'aime de plus en plus, sourit Yennefer avec amusement.

- Et toi, que vas-tu faire ?

- Je vais mettre les voiles pour Skellige. Une explosion magique a eu lieu là-bas, récemment, qui a détruit la moitié de la forêt. Et je suis certaine que Ciri est impliquée. Si tu me cherches, je serais à Kaer Trolde.

Le Loup Blanc hocha la tête.

- Très bien. Mais avant tout ça, je voudrais savoir pourquoi tu ne m'as pas contacté avant. Tu ne voulais pas me voir ?

Il était temps de percer l'abcès et aborder les sujets qui fâchent.

L'aigreur et la jalousie étaient claires dans la voix de Yennefer quand elle croisa les bras en regardant ailleurs, sauf Geralt :

- J'ai cru comprendre que tu étais heureux avec Triss. Je ne voulais pas gâcher la fête. Sans parler des rumeurs…

- Portgas et moi sommes des camarades. Rien de plus, rien de moins. Elle est mariée et trop amoureuse pour songer un seul instant à tromper son époux. Je ne sais pas d'où sort cette rumeur, mais elle est fausse.

- Ceci dit, tu ne peux pas nier que tu as couché avec ma meilleure amie.

Et elle le regarda avec des yeux plissés.

- Yen, j'avais perdu la mémoire.

- Vraiment, c'est ça ton excuse ?

On sentait qu'elle refoulait un sanglot.

- Et pour Auckes de l'Ecole de la Vipère, c'est quoi ton excuse ? attaqua à son tour le Loup Blanc.

La magicienne se raidit imperceptiblement, puis soupira. Il marquait un point.

- On laisse ça derrière et on essaye d'aller de l'avant ? proposa sagement le sorceleur.

- Cela me va.

Elle se rapprocha de l'immense cheminée de la pièce et regarda le feu dedans.

- On va devoir encore se séparer, si je comprends bien, nota Geralt en la rejoignant. Ça ne me plaît pas, mais le temps presse.

- En effet. Le mieux serait que je te téléporte à Velen, proposa la brune. Qu'en dis-tu ?

- Pas question. Je vais faire le voyage à cheval… dès que je me serais changé. Sans parler que Portgas m'attend à Eaux Troubles pour qu'on puisse prendre la route ensemble.

- Comme tu voudras. Cela dit… le velours noir te va à ravir, tu sais.

Il la regarda et reconnut le sourire qu'elle lui adressait. Un sourire qui lui faisait chaud au cœur.

- Vraiment ? Je devrais peut-être en porter par-dessus mon armure, alors. Bonne chance, Yen.

- Bonne chance à toi aussi. Ah et… je sais que c'est la guerre, mais… ne joue pas les héros, d'accord ? Fais ce que tu as à faire et rejoins-moi. En un seul morceau.

Et avant qu'il ne puisse réagir, elle s'accrocha à ses épaules pour l'embrasser. Il commença à approfondir l'échange, profitant un peu plus de sa présence, quand doucement, elle le repoussa. Ils avaient à faire.

- Je t'attendrai, lui promit-elle.

Et c'était une promesse qui valait le monde de la part de la fugace et indépendante magicienne.

.


.

Geralt avait retrouvé Yennefer et le sourire. Mais un événement capital avait attendu le sorceleur à Wyzima : il avait appris que Cirilla, sa pupille, était de retour de son long périple. Et qu'elle courait un grand danger. Il était donc normal qu'il se lance à sa recherche avec son meilleur partenaire… sur ordre de l'empereur et l'injonction de Yennefer.

.


.

Shiva avait pris le dernier quart et observait le soleil se lever à l'horizon. Ace et Marco s'étaient absentés il y a peu, essayant de redémarrer leur vie sexuelle plus ou moins au point mort depuis Vergen. Elle remarqua Mandos se lever. Il lui adressa tout juste un regard, clairement grognon au saut du lit. Il fouilla dans ses affaires et en sortit une tente qu'il monta avec la magie. Elle perçut clairement l'expression de douleur de l'elfe quand il en fit usage, mais ne put s'y attarder puisqu'il disparut rapidement dedans.

Elle s'en désintéressa.

S'il voulait faire le con avec sa vie, c'était son choix, elle, elle n'en avait strictement rien à foutre.

L'elfe baissa les yeux vers Anaïs qui dormait la tête appuyée contre le flanc de Iro. Les enfants… si innocents. Si pleins de promesses et d'avenir. De potentiel pour un monde meilleur.

Ace et Marco revinrent rapidement. Pas besoin de voir l'expression sombre et triste de son commandant pour savoir que c'était un nouvel échec. Shiva savait très bien que s'ils s'y mettaient vraiment, on les aurait entendus. Et pas revus pour un long moment. Marco embrassa Ace sur le crâne, comme pour le rassurer, avant d'aller réveiller Thatch.

- Qui a monté la tente ? s'enquit Ace.

- Cerbin, répondit Shiva.

- S'il a rouvert ses blessures… commença Marco.

- Il l'a fait avec sa magie. Je pense qu'à une certaine dose, elle lui est douloureuse.

- Entre toi qui risque de devenir un danger public et lui qui se torture en l'utilisant… on est mal barré, soupira le D. en secouant du pied Thatch. Allez, la sangsue, à la douche.

En grognant, le vampire se leva et attrapa son sac avec ses affaires de toilette pour s'éloigner à la recherche d'un coin abrité du lac pour se laver.

- Tu réveilles Anaïs pendant que je fais signe à Mandos qu'on est levé. On n'a plus qu'à attendre Geralt pour savoir si notre elfe perdu veut rester avec nous ou suivre la route, demanda Shiva à son capitaine.

Sachant qu'Ace allait s'occuper de son Enfant Surprise, l'elfe se leva et passa dans la tente. Elle haussa des sourcils en voyant qu'au lieu d'une simple tente, c'était littéralement un loft qui était aménagé, avec une cuisine bien fournie qui plairait grandement à Thatch. L'endroit avait des vrais murs et des portes, donc, certainement une chambre et une salle de bain. Ils étaient des pirates, dormir à même le sol ne leur posait pas de soucis, mais une douche… Dieu, que ça leur manquait.

- Tu sais, si Thatch découvre que tu ne l'as pas attendu pour prendre ton petit déjeuner, tu vas le vexer royalement, dit-elle, faisant sursauter le jeune elfe qui ne l'avait apparemment pas remarquée.

Dieu qu'elle aimait faire ça. Combien de fois Patrick ou Chris avaient voulu l'étrangler pour cette raison ? Mandos rattrapa de justesse le plat dans ses mains qui avait manqué de tomber sous la surprise.

- Et me donner un arrêt cardiaque ? Et non, je n'ai pas encore pu manger, je terminais de préparer. J'ai pu faire cicatriser par magie les plaies. Elles tirent mais ne se rouvriront plus.

Marco serait content.

Il pointa alors une porte du pouce.

- La salle de bain est au fond et l'eau est chaude.

Il jeta des sorts avec sa baguette pour que le nettoyage se fasse avant de revenir à Shiva. De l'eau chaude… bon sang, il venait de lui vendre du rêve.

- Et pour notre ami cuisinier, rien ne l'empêche d'emprunter ma cuisine … J'ai bien aimé le plat d'hier. Il devrait mettre la recette sur un papier que je puisse la faire une prochaine fois

- Vois ça quand il reviendra de sa toilette dans le lac. Je te recommande de sortir avant que Marco ne veuille venir te chercher.

Elle ressortit pour prendre ses affaires de toilette, adressa un sourire moqueur à Ace qui la regarda sans comprendre et offrit une main à Anaïs.

- Viens, Hime-chan, je fais te faire découvrir la beauté de l'eau courante.

Sans comprendre, la demoiselle suivit l'elfe dans la tente, laissant le couple seul avec Iro qui faisait sa toilette.

- Comment diable a-t-elle trouvé de l'eau courante dans une tente ? demanda Ace.

- J'ai vu bien trop de choses bizarres pour chercher à m'étonner, répondit Marco en se laissant aller contre un arbre, en face de son époux.

Ace soupira et enroula ses bras autour de ses jambes.

- Ecoute, je…

- T'excuse pas, tu n'as pas à le faire, yoi.

- Mais…

- Ace.

Le D. connaissait ce ton. Il soupira et cacha son nez dans ses jambes.

- Prends ta médication, va.

Sans un mot, le D. se déroula et attrapa son sac pour sortir sa boîte en bois avec sa médication. Avec Shiva capable de la brasser, ils avaient l'esprit plus tranquille. Peu de risques qu'ils se retrouvent à court.

C'est à cet instant que Mandos sortit de sa tente avec de quoi manger.

- Yo. Si ça vous intéresse, j'ai commencé à préparer un petit déj et j'ai une salle de bain avec de l'eau chaude. Enfin, si ça vous tente. Pour l'instant, il semblerait que Haiiro ait pris position pour l'occuper avec… Anaïs…

- Bonjour à toi aussi, salua calmement Marco. C'est gentil de proposer, mais nous avons déjà pris notre bain d'eau froide, yoi. Et si Shiva est sous la douche avec Anaïs, c'est tout aussi bien que Thatch soit au lac.

- Geralt arrive, marmonna le D. en avalant cul sec sa fiole.

Il inspira profondément, les yeux fermés, pour essayer d'ignorer les brûlures de sa médication qui se répandait dans ses veines, avant de soupirer quand la douleur passa. Il referma la fiole et la rangea à sa place parmi les autres.

Comme prévu, Geralt apparut rapidement sur Ablette. Il descendit de selle et salua le groupe avant de s'arrêter sur Mandos.

- Miraculeux que tu sois encore en vie. Je m'attendais à ce que Portgas décide de t'achever.

- La Mort est une vieille amie. Si vous voulez entrer, l'eau est chaude pour le thé et j'ai commencé le petit-déjeuner.

Geralt observa la tente. Ils n'allaient pas pouvoir tenir tous à l'intérieur, il ne fallait pas rêver. Déjà, Mandos s'infiltrait dedans après avoir récupéré son arc. Marco se leva et offrit une main à son époux pour le remettre debout, avant d'appeler Thatch pour lui dire de se dépêcher.

- Mmmmh… agrumes et clous de girofle, de Riv ? nota Ace avec un petit sourire amusé en passant à côté de son compagnon dont le pourpoint clouté était clairement passé chez le blanchisseur.

- Tais-toi, Portgas, ronchonna le Loup Blanc.

Le D. embarqua son rire dans la tente où il mourut. Devant lui, c'était une cuisine moderne qui s'offrait à ses yeux. Tout le confort qu'un habitant lambda d'une île un minimum avancée pouvait avoir. Plus de quarante ans qu'il n'avait pas vu ça. Geralt suivit et resta clairement interdit devant ces objets étranges et inconnus.

- Dis-moi que t'as de l'eau courante, et je fais une demande de divorce pour t'épouser sur le champ… ça fait plus de quarante ans que j' ai pas vu une simple gazinière, ou même un frigo

Et sans attendre de réponse, le D. marcha vers le réfrigérateur et l'enlaça de son mieux en retenant ses larmes d'émotion. Marco arriva en suivant, ne cligna même pas des yeux. Il se contenta de tapoter le dos de Geralt.

- Avec de la chance, tes mutations te permettront de vivre assez vieux pour voir ça, yoi. Mandos, comment se porte tes blessures ce matin ?

- J'ai usé d'un sort pour fermer les plaies. Elles ne se rouvriront plus. Je garderai un œil si je développe une infection mais la plaie était propre. Et, Portgas ? Il y a l'eau courante mais je suis fiancé et plutôt fidèle. Sinon, sers-toi dans le frigo. J'ai des scones chauds si ça tente. Moi, je me sers.

Sans attendre personne, il s'assit et se servit à manger.

- Sinon, votre camarade Thatch… il prendra quoi au menu ou il tentera de m'exécuter sur place pour avoir pris l'initiative de faire le repas ?

- Ce que tu as de servi, voire du café si tu en as, répondit le Phénix. De nous tous, seules Shiva et Anaïs prennent du thé, avec peut-être Geralt… à moins que tu aies pris quelque chose en quittant Wyzima.

- Je n'ai pas l'esprit à manger, pour l'instant, répondit le Loup Blanc.

- Quant à Thatch, il ne te tuera pas pour ça. Derrière la carrure, c'est une trop bonne poire, yoi. Il va bouder comme un gosse jusqu'à midi où il cherchera à te prouver, preuve à l'appui, qu'il est meilleur cuisinier que toi, et basta.

- Sinon, sa majesté monsieur-je-veux-prouver-que-Brenna-c'était-un-coup-de-chance t'a confié la même mission ? se renseigna Ace à son collègue en s'asseyant à la table.

Le Loup Blanc ne répondit pas. Il regarda Mandos avec sérieux.

- Tu es avec eux pour longtemps ou tu prends ta route pour rejoindre ta famille sous peu ? Iorveth doit peut-être se faire du souci.

Marco et Ace échangèrent un regard. Il aurait peut-être mieux valu avertir Geralt avant qu'il ne mette les pieds dans le plat sans savoir, parce que le pauvre Mandos s'étouffa à moitié, au point que Marco craignit qu'il ne doive intervenir.

- Je risque de rester … pendant un petit temps. Et … je ne suis pas sûr que Iorveth me cherche. Enfin … C'est assez compliqué en fait, Gwynbleidd. Et j'aurais dû mal à expliquer toute l'histoire.

- Pousse pas, ou tu vas le tuer, Gwynbleidd, demanda Shiva en arrivant. Salutations.

- Geralt ! s'exclama Anaïs en courant vers le Loup Blanc.

- Alors, cette douche ? s'enquit Ace avec amusement.

Le geste de la main sur les lèvres de l'elfe sombre voulait tout dire. Après des décennies dans un monde loin de la modernité qui avait fait leur quotidien, ce ne pouvait être qu'un régal. Thatch choisit cet instant pour débarquer. Et au lieu de remarquer l'environnement, il se mit à chouiner comme un gamin parce qu'on ne l'avait pas attendu pour faire à manger.

- Arrête de geindre et assis-toi, réclama le D. en s'asseyant à côté de son époux qui commençait à dérouler une carte sur la table pour la coincer sous les tasses pour la garder à plat. Bon, on est tous là, Geralt. Dis-nous tout. Ciri est bien de retour ?

- Oui. Et avec la Chasse Sauvage à ses trousses.

Les pirates se rembrunirent à cette mention. Quant à Anaïs, elle s'accrocha à un des bras d'Ace avec inquiétude.

- Tu ne vas pas les laisser te reprendre ? s'inquiéta la princesse.

- Ils devront nous passer sur le corps, lui dit Shiva avec froideur. D'ailleurs, la Banane, si tu arrêtais de te plaindre et regarder un peu par là. Ça te rappelle pas quelque chose ?

Du pouce, l'elfe brune pointa le coin cuisine. Thatch arrêta de bougonner et alla voir tout ça.

- Ciri a été vu à Velen et à Novigrad. Apparemment, la piste de Velen serait la plus prometteuse, informa Geralt en montrant les deux endroits sur la carte. Yen est partie pour Skellige. Elle pense qu'un phénomène magique, qui y serait survenu, n'est pas étranger au retour de Ciri.

- Je n'aime pas Velen, souffla Shiva en se serrant dans ses bras. Cette terre est tellement souillée que j'ai envie de vomir à chaque fois que je m'aventure dans les marais.

- Parce que le sang trace ses sillons dans les marais. Et c'est à cause de …

Mandos s'arrêta sans finir sa phrase, plaquant une main contre son œil masqué par son bandeau, clairement en souffrance. Shiva se raidit. Elle sentait la magie, elle la voyait, comme des chaînes ornées d'épines qui sortaient du sceau sur l'œil. Il leva néanmoins une main tremblante pour leur dire que ça allait, avant de reprendre la parole.

- Si tu as un moyen de camoufler ce que tu es, je te conseille de le faire.

Le seul moyen, c'était du kairoseki, et ils n'avaient que la chaîne au poignet d'Ace. Entre ça, et le voir faire une crise, elle préférait servir d'appât pour les trois horreurs qui hantaient les marais.

La malédiction s'activa de nouveau, avant de s'apaiser. Pour essayer de retrouver sa contenance, le jeunot attrapa l'une des pâtisseries sur la table et mordit dedans avant de tourner son attention vers Anaïs et Ace.

- Je … Deux choses, Chat Noir, la chasse est une plaie à laquelle je peux compatir. Et dans les marais, ne quitte jamais Anais des yeux. Jamais.

Il serra ses mains quand la malédiction se réactiva.

Anaïs se leva sur sa chaise avec sérieux.

- J'ai promis à mon grand-frère et à ma mère que tant que je serais avec nii-chan, j'écouterai ses consignes, je resterai toujours dans ses pas et ferai attention à ce qu'elle dit. La seule fois où j'ai voulu papillonner, j'ai failli me faire attaquer par une guenaude. Hors de question que je récidive.

- Thaler m'en voudrait si je perdais sa petite princesse… et je ne me le pardonnerai certainement pas, assura Ace en faisant signe à la demoiselle de se rasseoir.

- Et ne t'en fais pas pour les marais, on y est déjà passé et on a déjà eu quelques… mots, avec les soi-disant divinités locales, cracha Shiva.

Elle toussa quand elle eut une remontée de venin qui lui brûla la gorge.

- Je peux te prendre un verre de lait ? demanda-t-elle à Mandos.

Le jeune elfe lui donna ce qu'elle désirait, lui permettant d'en avaler assez pour apaiser sa gorge.

- Si tu le permets et si tu te sens capable, j'aimerais essayer quelque chose, jeune elfe, lui dit Marco. Dis un mensonge sur ce que tu sais de Velen, yoi.

Mandos grimaça avant de regarder sa main sous la bande de cuir. Outre la marque gravée dans la chair, il semblerait qu'il y ait de la magie dessous, sinon, il ne se serait pas focalisé sur ça.

- Je ne peux dire de mensonge … tant que j'ai cette marque. Mais je vois ce que tu veux dire. Et ça pourrait fonctionner. À la différence de la malédiction, ceci est un serment de sang qui m'a été imposé. Ce qui veut dire que si on se débarrasse de cela, je pourrais mentir. Enfin, en théorie. Qui aurait un brasier ? J'aurais assez de matériel pour soigner une armée. Vous venez ? On va scalper ma main.

L'invitation était clairement pour le médecin du groupe et le blond y répondit avec une certaine indifférence.

- Ça me va. J'ai juste besoin d'un bistouri, yoi, lui dit Marco en se levant. Et d'anti-douleur pour toi. J'ai ce qu'il faut pour effacer ça sur moi.

Et pour l'expliciter, il produisit une belle gerbe de flammes bleutées dans sa main qui éclairèrent son visage d'une lueur froide. Ace eut un sourire plein d'amertume. Son mec était sexy à en mourir, mais Eilhart l'avait tellement brisé qu'il n'était plus capable de lui montrer ce qu'il ressentait.

- Tu veux que je fasse le topo pour toi à Gwynbleidd ? proposa Shiva à Mandos. Histoire d'éviter de te répéter ?

- Oui. Cela serait sympathique. Et il évitera de paniquer lorsqu'on passera près d'un cimetière avec des âmes en peine dedans, remercia Mandos.

- Hey, frangin, avant que tu ne te transformes en boucher, pourquoi j'ai l'impression que ces plaques sont trop petites, s'enquit Thatch en interpellant Marco qui disparaissait dans une pièce avec Mandos.

- Parce que tu te rappelles enfin des cuisines du Moby Dick, yoi.

- YES ! Ma mémoire revient réellement !

Et le vampire partit dans une danse de la joie dans son coin, sans s'attarder sur le fait qu'il soit ridicule, alors que la porte se refermait sur les deux médecins. Marco regarda autour de lui et refoula une vague de nostalgie. Même si la disposition n'était pas la même, l'odeur de propreté stérile qui venait de s'engouffrer dans son nez lui rappelait bien trop la baie médicale du navire.

- Il a des soucis avec ses souvenirs ? Étrange pour un vampire. Ils ont pourtant un esprit bien plus puissant que certains, s'enquit Mandos.

Alors comme ça, sans qu'ils ne disent rien, il avait deviné que Thatch n'était pas un humain mais un vampire ? Cet elfe avait du potentiel. A savoir s'il découvrirait seul sur quel échelon de l'évolution/puissance leur compagnon à crocs se trouvait.

- L'histoire de Thatch est un trou noir sur bien des sujets, yoi. Et pourtant, je le connais depuis qu'il a trois ans. On s'y met ?

Le Phénix s'empara d'un bistouri qu'il passa par habitude dans ses flammes pour le stériliser avant de se rapprocher de Mandos qui s'était assis sur une chaise.

- J'espère que tu as pris de quoi lutter contre la douleur, sinon, ça va être un régal.

- Donnez-moi votre pire, doc.

Avec expertise, le pirate commença à découper et peler la peau, couche après couche pour trouver une zone encore saine. Après avoir fait disparaître des marques au fer rouge de la peau de bon nombre de personnes, il était passé expert dans le domaine. Il ne put retenir un claquement de langue tout de même maintenant qu'il avait une plus ample vue sur les vieilles marques sur la main de Mandos. Qui que soient les salopards coupables d'avoir infligé ça à un enfant, il espérait qu'ils soient déjà morts, parce que s'il mettait la main sur eux, ils allaient mourir dans d'atroces souffrances. Même Jacob s'en était mieux tiré que ce qu'il prévoyait pour ces connards. Il écouta le jeune elfe qui racontait tout et n'importe quoi, certainement pour se détourner de la douleur. C'était une méthode comme une autre.

- En espérant que cela fonctionne. Jusqu'à ce que l'on trouve une nouvelle solution pour libérer au moins l'une des deux malédictions. Quant à votre camarade, il a… je dirais une présence familière. C'est-ce qui m'a donné son statut de vampire. Au besoin, j'ai aussi des potions de sang dans un coin. Un de mes amis en est la moitié d'un.

- Si je te dis que Thatch a passé quarante ans de sa vie sans consommer de sang, tu en déduis quoi ? Je pense que tu es déjà bien familier avec la douleur, mais serre les dents, yoi. On va effacer ça par le feu.

Et il serra fermement la main dans les siennes, laissant ses flammes devenir mordantes afin d'effacer la trace sur le muscle. Il s'arrêta après quelques instants pour voir le résultat. La brûlure effaçait totalement la marque. Il activa cette fois sa régénération, avec pour objectif d'aider à la cicatrisation. Et quand il retira de nouveau ses mains, une légère couche de peau fine et fragile avait réussi à se former sur la grosse marque de brûlure.

- Je te laisse prendre la suite, je vais me laver les mains. Après, on pourra faire un test, si tu te sens d'attaque.

Il se dirigea vers un lavabo tout proche et se lava minutieusement les mains. Il entendit le guérisseur s'agiter, certainement pour protéger la plaie ou mettre des potions dessus (dont de la dictame, l'odeur était bien reconnaissable après tout). Et sans qu'il ne s'y attende, Mandos se mit à parler :

- Je vous ai vu regarder mes cicatrices… C'était ceux qui m'avaient recueilli lorsque mes parents sont morts qui me les ont faites. Ils n'ont pas arrêté de tenter de sortir mes dons de mon corps. Et ça se disait des membres de ma famille. Imaginez la surprise d'apprendre que votre mère n'était pas du monde où vous avez vécu toute votre enfance et que les personnes que vous croyez être de la famille ne le sont pas. Pas un mal. Et oui, Iorveth est mon oncle. Ce qui est drôle, c'est qu'il l'a compris dès qu'il m'a vu la première fois. Amusant non ?

Les mains de Marco se serrèrent sur le lavabo, au point que l'émail émit un gémissement sous la pression, avant qu'il n'inspire profondément et ne se retourne vers l'elfe.

- Tu sais, je n'ai posé aucune question. Rien ne t'oblige à me raconter ça. Tu dévoiles souvent ce genre de détails de ta vie à des gens que tu viens de rencontrer, yoi ?

Il franchit la distance pour se pencher vers le jeune homme et le regarder dans les yeux.

- Mais pour une telle confidence, je peux bien t'en faire une à mon tour. C'est donnant-donnant, après tout, alors, tu m'as donné quelque chose, je peux bien en faire de même, yoi. Mon géniteur, et je dis bien, géniteur, parce que j'ai une autre personne dans ma vie qui mérite mille fois plus que lui le titre de père… Eh bien, ce salopard m'a fait un très beau cadeau d'anniversaire quand j'avais trois ans… Il m'a vendu en esclave à un individu pourri gâté qui avait grandi en croyant avoir tous les droits et pouvoirs. Et qu'on laissait faire. Et si je te dis qu'il n'avait quasiment que des gosses en dessous de dix ans à son service, tu peux imaginer la suite seul, même si ça sera toujours que la pointe de l'iceberg par rapport aux évènements abjects que j'ai vus et vécus pendant ces années.

Le blond se redressa.

- Allons rejoindre les autres, j'ai besoin d'un café.

Il ne voulait pas continuer. Si Mandos n'avait pas fait cet aveu, il ne se serait pas senti obligé de lui parler de ça… mais… il s'était senti obligé, justement. C'était peu, mais ça faisait beaucoup.

- Je vous l'ai dit car je sens que je peux vous faire confiance. Mais, gardez cela pour vous. Et non. Je crois que vous êtes le premier à qui je déballe cela en à peine quelques heures. Même à mon parrain, je n'ai rien dit. Iorveth et Vernon sont les seuls qui savent l'étendue de mes premières années.

Marco l'entendit appeler son corbeau avant de conclure :

- Allons-y avant que cela ne se transforme en psychanalyse. Je pense que ni vous, ni moi, sommes de très bons praticiens de la santé mentale.

- T'as pas idée, nota amèrement le blond en ouvrant la porte pour rejoindre le reste du groupe.

Si ça avait été le cas, il pourrait aider Ace en cas de crise, trouver un moyen de lui permettre de garder pieds même dans une grave attaque psychotique. Mais il n'était qu'un homme impuissant. Sans rien dire, il s'assit à côté de son époux qui le regardait d'un air inquiet. Ah. Il avait entendu la conversation. Marco l'embrassa sur la tempe pour le rassurer avant de se tourner vers Mandos qui s'asseyait à son tour. Shiva prit les choses en mains pour la suite pendant qu'on ignorait Geralt qui s'avalait une fiole de Mouette Immaculée comme s'il cherchait à s'infliger une gueule de bois pour encaisser l'histoire qu'on lui avait sorti au sujet de leur nouveau compagnon.

- Je te propose de procéder étape par étape. D'abord, un mensonge, tout ce qu'il a de plus bateau, pour voir si le serment est annulé ou pas. Ensuite, on verra avec une autre question si ce système peut être appliqué pour avoir des informations afin de nous aider à trouver cette demoiselle, annonça Shiva.

- Et tes dons ne peuvent pas aider ? s'enquit Geralt.

- Je vois tellement de possibilités que c'est à en donner le vertige. Avec lui, on peut confirmer quelques points qui permettraient de réduire les futurs possibles pour savoir vers lequel on se dirige. Et c'est sans compter que j'ai très rarement du contrôle sur mes visions. Aujourd'hui encore, une transe est susceptible de me clouer au lit pour tout résultat.

- Essayons de faire ça à l'ancienne, demanda Ace. Si Yennefer a attiré la Chasse en cherchant magiquement Ciri, il y a des chances que provoquer des visions à Shiva mène au même résultat.

- Point à l'allumette. Sans compter qu'on sait pas combien de temps d'avance elle a, la gamine, renchérit Thatch.

On se tourna vers Mandos.

- Allez, sort-nous le plus gros bobard que t'aies jamais utilisé, encourage Ace.

Il attrapa Iro quand la panthère voulut sauter sur la table et lui fit les gros yeux avant de la reposer par terre. On attendait l'elfe. Celui-ci prit le temps de réfléchir avant de finalement, se lancer :

- Je suis en telle adoration pour les sorcières de la loge que je voudrais déclarer ma flamme éternelle à chacune d'elles. Et j'aime porter du rose avec de la dentelle pour embrasser les soldats du Feu Eternel en me travestissant en femme. Et j'adore les cours d'étiquettes. Et je jure avoir vu Iorveth et Vernon Roche s'entretenir dans un des placards de Wyzima… ça va comme mensonge ?

- Parfait, quoique je vais garder le dernier pour la raconter à Isengrim, nota Shiva avec un fin sourire.

Qu'elle perdît quand Thatch se pencha vers elle, les mains jointes contre une de ses joues, imitant clairement quelqu'un fou d'amour :

- Aaaah ! Yn Toredig, c'est si intelligent, c'est si drôle, c'est si profond ! Votre humour n'a d'égale que votre beauté et votre sagesse !

Le vampire eut un plus grand sourire et s'adressa au reste de la table.

- Je vois ça d'ici. Isengrim sautera sur l'occasion pour essayer de la courtiser.

- Malgré tout mon respect, commandant, je vais vous mordre si vous continuez, menaça Shiva.

Elle ouvrit assez grand la bouche pour qu'on puisse voir ses crocs de serpent. Marco se leva en soupirant et attrapa le vampire par l'oreille pour le faire s'asseoir.

- Arrête de faire le pitre, yoi.

Geralt se tourna vers Ace qui brandit deux fioles de Mouettes Immaculées. Le Loup Blanc en saisit une et ils trinquèrent ensemble avant de la vider d'un même mouvement.

- Si vous avez fini, on peut passer à l'étape suivante, rappela à l'ordre Shiva. Dis-nous un mensonge sur ce que tu sais de notre situation actuelle, s'il te plaît, Mandos.

Le jeune elfe hésita clairement avant de se lancer :

- Vous ne trouverez aucune piste pour votre amie à Velen. Et ce lieu est sans aucun risque pour les enfants y vivant. Ils y sont en parfaite sécurité.

Shiva perçut la malédiction réagir, mais faiblement. Le démon derrière ça était intelligent. Ils avaient trouvé une maigre brèche, mais elle serait vite comblée, après tout le sceau avait réagi partiellement.

- Je pense que cela fonctionne. Pour l'instant. Le mensonge fonctionne en partie. Je ne ressens que de l'inconfort. Mais, je me doute qu'il continuera de me surveiller et me faire taire lorsque j'aurais une information capitale. Il faudra que je trouve des informations sur les deux qui me touchent. L'une et l'autre vont me tuer sur le long terme. Shiva, tu l'as senti, n'est-ce pas ?

Elle hocha la tête.

- Tu sais que je suis enchaîné. Et tu en sais les tenants. Mais, je pense que le plus important est que la Chasse ne touche pas à Zireael. Vous ne voulez vraiment pas savoir ce qu'ils ont prévu pour elle. Et je ne pourrais le dire.

- La même chose que tout le monde, je présume, maugréa Ace qui savait bien ce qu'on l'on cherchait généralement en voulant mettre la main sur une fille de Sang Ancien. Shiva, une idée pour le sortir de cette situation ?

- Je crois…

La zoan pencha la tête sur le côté, et ferma les yeux, certainement pour consulter une partie du savoir de Quetzalcóatl. Puis, elle hocha la tête et posa un doigt sur Velen.

- Je dois trouver un esprit là-bas. C'est un coup de poker, un pacte avec le diable dans l'opinion de certains. Mais si j'obtiens ce que je cherche, ça sera un grand pas en avant pour retirer aux Moires leur pouvoir sur les marais.

Elle déplaça ensuite son doigt sur les îles Skelliges.

- Je vais devoir m'adresser aux druides aussi. Tout ça pour accomplir un sabbat digne de ce nom. Un rituel de purification qui libérera assez de magie pour faire sauter un sceau qui n'a pas lieu d'être.

Ace leva un sourcil entendu à l'adresse de sa camarade qui secoua la tête à la question silencieuse. Elle était née ainsi. Son zoan l'aidait un peu, mais rien ne pourrait changer les choses. Elle n'était pas scellée, uniquement défectueuse, et elle ne pouvait que travailler sur ça.

Marco revint à la carte et fit le chemin du doigt de Eaux Troubles à Velen, puis de Velen à Novigrad.

- D'ici à Velen, c'est cinq jours de cheval. Après, on peut facilement accéder de là aux cités de Novigrad et Oxenfurt, yoi. Sans parler qu'il y a un gros port, donc, une possibilité de trouver un navire pour rejoindre Skellige. La difficulté, minime, vient qu'il faut montrer patte blanche pour entrer en ville. Et que tous les Chats sont recherchés par Radovid, vu que Henselt n'est plus en état de continuer la traque, yoi.

- J'ai rien contre tes joujoux, Shiva, mais fais comprendre à l'Allumette de cacher la tête réduite de ce con de roi qui est accroché à son fourreau, demanda Thatch.

Ace se contenta de lui tirer la langue.

- Cependant, on a deux points pour nous. Shani m'avait transmis un laissé-passé avant la fermeture de l'académie, donc, je peux entrer dans la ville. Second point… Surin et le Roi des Mendiants me doivent un bon paquet de services, yoi. Bien assez pour me fournir d'autres documents pour le reste du groupe.

En réponse, le D. l'attrapa par les joues et l'embrassa goulûment, avant de se détacher.

- /Tu m'excites quand tu parles affaire !/ sourit le mutant.

Marco lui rendit le baiser en plus chaste et revint à l'affaire.

- Tu es d'accord pour cette idée, Geralt ?

- Il faut bien commencer par quelque part, accorda le blandin sans émotion.

- Une remarque, Mandos ?

L'elfe frotta son menton un instant en regardant la carte en y réfléchissant.

- J'ai quelques petites diversions utilisables dans mon sac en cas de soucis ainsi que de quoi préparer des potions ou autres. J'ai aussi des passages que je connais dans les villes en passant par les sous-sols au besoin. J'ai appris le réseau de passage souterrain pour faire passer plus d'un non-humain loin de la folie de Radovid. Et je pense bien que cela ne diffère pas d'un monde à un autre. Et au besoin, j'ai quelque chose d'assez utile pour faire entrer ceux difficiles à faire passer.

Il sortit une étrange cape de ses affaires et s'enroula dedans pour disparaître. Totalement. Même pour le Haki. Effrayant dans un sens ce qu'un simple morceau de tissu pouvait faire.

- Sinon, moi et Hugin aiderons en cas de souci, au mieux. Bien que je doive revoir ma façon de combattre. L'arc, je n'ai pas de souci, mon oncle m'a enseigné son maniement. Mais mon combat à l'arme était lié étroitement avec ma magie. Celle-ci étant difficile d'accès, je risque surtout de devenir un poids en combat rapproché pour l'instant.

- Si tu veux apprendre le Haki, le corps à corps est recommandé. C'est plus difficile avec le combat à distance de s'y éveiller, informa Ace. Vois ça comme une occasion de faire un rafraîchissement de tes compétences d'escrime. Si on a fait le tour, on peut mettre le cap pour Velen.

- Avant de partir, j'ai l'explication de pourquoi, dans le contrat que t'a confié l'empereur, il t'a demandé de tuer quiconque voyageant avec Ciri, annonça Geralt. Un jeune homme a été vu avec elle. Qui et pourquoi, c'est une question sans réponse.

Et il donna le portrait plié en deux à Ace qui le regarda, pour le refermer brutalement. Il ne dit rien. Il ne fit pas tourner le document, et n'expliqua pas son comportement. Il se contenta de le glisser entre deux attaches de son armure et de se lever.

- En route.